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392. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Mais il continuait néanmoins le métier de son père, et il est vraisemblable que ces scènes de carnage d’une boucherie anglaise inspirent quelquefois à l’enfant des exclamations tragiques adressées aux cadavres des taureaux et des moutons immolés par sa main. […] Cela continua ainsi jusqu’au moment suprême où la Providence sépara le maître et l’élève et fit tomber, chargé d’années, le vieux tronc à côté du fruit vert. […] Aimé Martin raconte ses scandales et son égoïsme ; Molière en avait pitié, mais continuait par habitude à l’aimer. […] Il ne tiendra qu’à vous qu’avec le même zèle Nous ne continuions cet office fidèle, Et ne prenions grand soin de nous dire, entre nous, Ce que nous entendrons, vous de moi, moi de vous. […] Continuez cependant à faire vos efforts ; ils feront leur effet lorsque vous y penserez le moins.

393. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Ce fait, méconnu par la plupart des psychologues, est un des éléments les plus importants de notre existence : il accompagne la presque totalité de nos actes ; la série des mots intérieurs forme une succession presque continue, parallèle à la succession des autres faits psychiques ; à elle seule, elle retient donc une partie considérable de la conscience de chacun de nous. […] Et nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les heures du sommeil, pendant lesquelles nous continuons à parler presque toujours intérieurement, sauf à attribuer une grande part de nos paroles à des compagnons imaginaires. […] Deux inexactitudes subsistent pourtant dans les vues de Bonald sur la place qu’occupe dans la succession psychique la parole intérieure ; il n’a pas vu que la parole intérieure est, en fait, chez l’adulte, absolument constante et continue ; il n’a pas vu davantage que, chez l’adulte aussi, les images visuelles sont, en fait, toujours reléguées au second plan par la parole intérieure [ch. VI], qu’elles ne forment pas des séries continues, et qu’elles ne sauraient à aucun titre entrer en parallèle avec la série des sons intérieurs. […] En réalité, de même que les images visuelles ou autres, qui sont analogues aux choses, c’est-à-dire constitutives de nos conceptions peuvent s’affaiblir indéfiniment et se discontinuer comme états distincts sans détriment pour la pensée, pourvu que la parole intérieure, série homogène, continue, toujours distincte, persiste dans la conscience [ch.

394. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Les troupes légères une fois lancées cependant, et qui n’étaient pas de ce souper, continuèrent d’escarmoucher encore jusqu’en 1718 et au-delà. […] Son livre est plus complet de la sorte et très riche de faits, de textes, de quantité de remarques ingénieuses ; mais peut-être a-t-il des lenteurs et de la plénitude, une densité trop continue, et en tout cas il se dessine moins nettement dans l’esprit après qu’on en a terminé la lecturei.

395. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je veux qu’un jour chacun de nos bons paysans continue à être bon sur une tombe, et qu’il aille se délasser de ses travaux par une délicieuse causerie avec les âmes. […] Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités.

396. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

… Voici aujourd’hui le Mot de l’énigme, et cela va continuer. […] Mais le coryza de l’attendrissement n’était pas épuisé dans ces puissants cerveaux, et ils continuèrent de mouiller de leurs larmes la plupart des livres que Mme Craven écrivait.

397. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Elle peut continuer de s’appeler l’auteur de Robert Emmet tant qu’il lui plaira ! […] Lord Byron qui, comme quelques-uns de ses héros, est resté par bien des côtés un mystère, après ce livre, continuera d’en être un… Il semblait cependant qu’une femme, une nature de femme, ne devait pas être entièrement incapable de comprendre quelque chose à cette âme de lord Byron, à cette âme violente et douce, égoïste et magnanime, contradictoire comme toutes les femmes de la terre, et qui avait les deux sexes comme Tirésias.

398. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations. […] … N’est-ce pas assez de se soutenir au niveau de soi-même, et de continuer l’auteur du Prêtre et de La Femme dans Les Femmes de la Révolution ?

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