Comme nous l’avons dit plus haut, le premier écrivain qui ait tenté d’établir que l’œuvre d’art dépend de l’ensemble social dont elle est contemporaine et son auteur de l’ensemble national dont il faisait partie, est M. […] Taine s’efforce d’assimiler les artistes à leurs contemporains et à leurs compatriotes, est incontestable. […] Et de même pour les autres artistes contemporains et pour les cas analogues de l’histoire. […] Pour un aperçu du jugement porté sur son œuvre par ses contemporains, on peut se reporter notamment à Ferdinand Brunetière (« Octave Feuillet », Revue des Deux Mondes, février 1891), comme à Jules Lemaître (« Octave Feuillet », Les Contemporains, 3e série, 1887). […] Lemaître, Les Contemporains, 2e série, 1886, et, plus près de nous, J.
C’est un trait essentiel en lui et qui a frappé tous ses contemporains. […] Ce n’est pas un contemporain de Mirabeau que M. Beugnot, mais il est bien un contemporain de l’éloquence de M. […] Je faisais pourtant cette réflexion, en les lisant, que les hommes même contemporains et en rapport, même les plus clairvoyants et les plus avisés, se connaissent peu, se méconnaissent souvent. […] Sans chercher à se grandir ou à s’ennoblir, il a peint quelques-uns de ses contemporains tels qu’il les a vus ; il l’a fait avec une plume qui, au milieu de quelques défauts, a des qualités rares et des traits ineffaçables.
Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. […] C’est une question sur laquelle il y a lieu au moins de douter que celle de la compétence des étrangers à juger une littérature tout à fait contemporaine, surtout quand cette littérature est la française. […] Pour moi, j’oserai le dire, quant à ce qui est tout à fait contemporain et d’hier, et qui demande une comparaison attentive, éveillée et de détail, un étranger, quelque instruit et sensé qu’il soit, ne peut, demeurant absent, porter qu’un jugement approximatif, incomplet, relatif, et, pour parler dans le style en usage sous Louis XIV, qu’un jugement grossier, comme le ferait le plus reculé des provinciaux qui voudrait être au fait de la littérature de la capitale. […] Goethe, si sagace et si ouvert à toutes les impressions qu’il ait été, jugeait un peu de travers et d’une façon très subtile notre jeune littérature contemporaine ; il y avait manque de proportion dans ses jugements ; ce qu’il pensait et disait là-dessus au temps du Globe, pouvait être précieux pour le faire connaître, lui, mais non pour nous faire connaître, nous. […] Pour juger une littérature contemporaine, surtout quand c’est la française, il faut être là, observer les nuances, distinguer les rangs, dégager l’original de l’imitateur, séparer le délicat et le fin d’avec le déclamatoire, noter le rôle qui souvent se mêle vite à l’inspiration d’abord vraie ; il faut discerner cela non-seulement d’auteur à auteur, mais jusqu’au sein d’un même talent : de loin, il n’y a qu’à renoncer.
Si l’Académie des sciences morales et politiques n’avait pas la langue si pâteuse, elle n’aurait dit qu’un mot qui les valait tous : « Quelles sont les causes de l’anarchie contemporaine ? » Les causes de l’anarchie contemporaine, c’est toute l’histoire contemporaine. […] Né peut-être historien par le bon sens, il voit assez exactement dans son livre les faits contemporains ; mais il les voit sans les creuser, sans tirer d’eux vigoureusement ce qu’ils contiennent, et quand il faut conclure de ce qu’il voit il s’en remet à l’avenir et à une science qui n’est pas faite. […] Il faudrait ne pas orner avec les facultés qu’on a les préjugés contemporains qu’on n’a peut-être pas, — du moins d’une façon solide et résolue.
On ne doit pas omettre ces efforts simultanés, cette collaboration de contemporains secondaires. […] Ainsi dans ses romans rustiques elle a créé tout un monde d’églogue, une pastorale contemporaine. […] L’enseignement de Quinet fait partie de notre histoire contemporaine. […] Voir Sainte-Beuve, Portraits contemporains, 1869, t. […] Nos morts contemporains.
Sainte-Beuve, insérés dans Le Globe à partir de l’année 1824, nous ne faisons que réaliser un projet exprimé par lui dans la dernière édition des Portraits Contemporains, peu de mois avant sa mort (1869) : « Je me propose pourtant, dit-il, si je vis, de donne dans un volume à part la suite de mes articles au Globe ; on me dit que ce ne serait pas sans intérêt, et je me suis laissé persuadera. » Mais nous ne nous sommes pas borné seulement aux articles du Globe, qui sont le point de départ et comme la préface de cette publication, et nous avons recherché dans d’autres recueils postérieurs tout ce qui, à notre connaissance, était encore épars de l’œuvre du maître. Le National, dès l’année 1832, la Revue des Deux Mondes, le Temps de 1835 et celui de 1839, le Moniteur Universel, la Revue Contemporaine, des ouvrages pour lesquels M. […] -B, tantôt par les Pensées et Fragments, donnés par lui à la fin du tome II des Portraits Contemporains, — nous n’avons pas hésité à glaner les pages qu’il avait laissées après lui. […] Louis de Carné, qu’il avait oublié, a même été repris par lui, au passage, dans le National, dès qu’il lui a été signalé, et fait partie, depuis 1869, des Portraits Contemporains (tome II).
Qu’est-ce que la France contemporaine ? […] Dans l’organisation que la France s’est faite au commencement du siècle, toutes les lignes générales de son histoire contemporaine étaient tracées, révolutions politiques, utopies sociales, divisions des classes, rôle de l’Église, conduite de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple, développement, direction ou déviation de la philosophie, des lettres et des arts. […] Elle a tout dit sur son propre compte, sauf ce qu’elle supposait banal et familier aux contemporains, sauf ce qui lui semblait technique, ennuyeux et mesquin, sauf ce qui concernait la province, la bourgeoisie, le paysan, l’ouvrier, l’administration et le ménage. […] Avec de telles ressources, on devient presque le contemporain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles écritures, j’étais tenté de leur parler tout haut.