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276. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

S’inquiète-t-on bien d’être en règle avec sa conscience, de se croire en sûreté de ce côté-là ? […] Il me semble qu’on n’en est guère là, et l’on aurait chance bien plutôt de peindre avec vérité un homme résolu à tout, déterminé à faire fortune, à se conquérir un nom, un état, une influence, une considération presque, ou du moins tout ce qui en tient lieu socialement et la représente, et cela en envoyant promener sa conscience et même le respect humain, mais en osant, en voulant fortement, en s’imposant.

277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Et si l’on recherche dans le livre du poète la raison d’un si mauvais état de conscience, et sur la face de l’acteur, pourquoi il se convulse, élève sa moustache en découvrant la bouche, cligne des yeux terribles, montre les dents et prend un air de tigre pour chanter les papillons, on voit que cette raison est la femme. […] C’est le cri de l’âme, c’est l’envolée de la conscience, c’est une mélodie extra-humaine, toute de sensation, de raffinement, qui parle aux cœurs ensevelis dans le scepticisme égoïste du siècle, et qui fait, sous sa joie aiguë, jaillir la douleur.

278. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

On entrevoit très bien qu’avec un peu plus de paresse et moins de conscience ce gentilhomme cultivé eût pu s’en tenir au plaisir honorable des études historiques par lesquelles il avait débuté. […] En cela semblable à beaucoup d’artistes, il concevait et rédigeait son œuvre sans autre souci que de satisfaire sa conscience artistique ; mais, sitôt le livre édité, il se préoccupait infiniment de l’effet produit.

279. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

On peut croire qu’il tient de la nature un dédain de l’émotion extérieure, un fonds de sérénité contemplative que sont venus renforcer l’art et le parti pris ; et il est sans doute intéressant d’étudier chez lui l’alliance surprenante de l’ataraxie orientale avec la science et la conscience inquiètes des hommes d’Occident. […] Là mieux que chez nous, il put sentir l’énormité indomptable des forces naturelles et les lourds midis endormeurs de la conscience et de la volonté. […] Le songeur qui condamne l’Être universel lui oppose son être particulier et prend davantage conscience de lui-même. « Moi seul, se dit-il, moi seul, passif, mais conscient et irréductible, contre le monde entier. » C’est par là qu’on se console, du moins dans notre Occident. […] Ajoutez-y le rêve poussé jusqu’à l’évanouissement de la conscience. […] La Cybèle orientale est dure, fixe, métallique, insensible et semble avoir moins de conscience que celle de chez nous  C’est à la Nature énorme, éblouissante et sans âme que le poète, hostile aux attendrissements, consacre, comme il devait, sa palette splendide où manquent les demi-teintes.

280. (1904) En méthode à l’œuvre

Donc, c’est d’une puissance d’Amour-procréateur, et procréateur du Mieux, dont est pénétrée et mue la Matière, puisqu’elle tend à savoir et par là à sa conscience, — d’où, au plus d’existence-harmonique. […]   Nous dirons de la « valeur individuelle en l’Évolution-collective » : — Le plus de science-acquise, soit de Conscience, — donne le plus de Droit. […] Quand, d’autre part, elle s’étend à l’idéal évoluant d’individualités qui ne sauraient que les entraves dont une évoluante Science redevenue sacrée et providentielle, et peut-être occulte, ne les délierait encore, — mais soumises, en le plus ou moins de savoir et de conscience qui est leur récompense et vers quoi toutes tendent leur entendement, aux lois éthiques déduites des lois naturelles. […] Et, toute supérieure mentalité poétique ne sera entièrement vivante et expressive qu’autant qu’elle percevra et reproduira, en même temps, toutes les images des sens associées et intermuantes qu’elle traduit en phénomènes de conscience…   Or, l’instrumentation-Verbale (au point où nous en sommes et avant de la montrer tout à l’heure unie aux émotions et aux idées), prétend, en déterminant aux mots le timbre, la hauteur, l’intensité et la direction, à la réintégration de la valeur phonétique en la langue. […] Puisqu’ainsi ma pensée osa couver l’unité en sourdeurs de cosmos, d’un Poème ému ainsi que de l’amour des mondes gravitants et des semences d’atomes, — et tel que se créèrent les Poèmes, pareils aux pans de roches sculptés et peints, des très anciens empires : qui, d’abscons et de subtils morphismes monstrueux de Vie, et de Signes lourds et sacrés, surent en eux enclore le Dogme et l’Éthique, et l’Émotion et la Conscience

281. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

La force, cette première beauté, se ramène donc à un simple état de la conscience, lié lui-même à des sentiments de toute sorte, par exemple la confiance en soi, l’assurance et le courage. […] La joie est la conscience d’une vie pleine et en harmonie avec son milieu ; or, quand il y a harmonie, il y a par cela même tendance à la sympathie. […] L’agréable se ramenant à la conscience de la vie non entravée, c’est là aussi qu’on peut trouver le vrai principe du beau. […] Rien n’est isolé en nous, et tout plaisir vraiment profond est la conscience sourde de cette harmonie générale, de cette complète solidarité qui fait la vie : l’agréable est le fond même du beau. […] Renan et M. de Hartmann ont eux-mêmes fait voir comment la conscience tend de nos jours à pénétrer tout de sa lumière.

282. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Toute conscience gauloise avait péri dès le IIe siècle de notre ère, et ce n’est que par une vue d’érudition que, de nos jours, on a retrouvé rétrospectivement l’individualité du caractère gaulois. […] La conscience instinctive qui a présidé à la confection de la carte d’Europe n’a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé. […] La religion est devenue chose individuelle ; elle regarde la conscience de chacun.

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