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193. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Poursuivant son analyse, et ce premier principe une fois trouvé, Bonald cherche dans les conditions fondamentales de la famille les conditions fondamentales de toute la société. […] Le progrès de la Science réside dans la conformité de notre pensée aux conditions constantes des phénomènes passagers. […]  »‌ Quelles sont donc les conditions de la vigueur des familles ? […] Les conditions de santé d’une société se mesurent donc aux conditions de santé des familles. […] Le sursaut est même la condition la plus favorable à sa naissance, comme la durée, est la condition la plus favorable à sa guérison.

194. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Admis plus tard au jeu du roi, traité en pays étranger avec considération par les gouverneurs et les souverains, il est le premier à rappeler la médiocrité et plus que médiocrité de sa condition première ; il s’en souvient, ce qui fait que chacun l’oublie volontiers en lui parlant. […] Les débuts de Gourville doivent ainsi se compléter toujours par cette considération dernière qu’il s’était acquise et qui nous le montre, dans ses conditions successives, comme l’un des êtres les plus naturellement doués de l’art et de la prudence des Ulysses4. Les troubles civils, qui mêlent toutes les conditions, et qui mettent le savoir-faire et l’industrie de quelques-uns en lumière, l’aidèrent fort à se produire. […] Il y arriva extrêmement fatigué et désolé, je feignis de le consoler ; et, ayant traité de sa liberté, je convins à quarante mille livres, à condition qu’il ferait venir cette somme à Verdun, et qu’après qu’on l’aurait apportée à Damvillers, il aurait sa liberté. […] Gourville prend note volontiers de ces marques de familiarité et d’honneur dont il est l’objet ; il n’en est ni enflé ni étonné, mais il en est toujours touché comme par un retour modeste sur sa condition première.

195. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Or, la nature de l’homme est composée d’aspirations infinies que notre condition présente ne peut satisfaire : donc notre destinée présente n’est pas de les satisfaire, mais d’atteindre la seule chose qui soit en notre pouvoir, la vertu. » — « La nature d’un être indique sa destinée. Or, la nature de l’homme est composée d’aspirations infinies que notre condition présente ne peut satisfaire : donc il y a pour nous une destinée future, et une série de vies où nous pourrons les contenter. » Confusion sur confusion ; tout est brouillé et tout est perdu. […] Mais sa condition présente l’en empêche ; l’homme le coupe à six mois et le mange à trois ans. […] Or, dans la condition présente on coupe le bœuf à six mois et on le mange à trois ans : donc sa destinée présente n’est pas de satisfaire l’inclination qu’il a pour vivre quinze ans et pour se reproduire, sa destinée présente est d’accomplir la seule chose qui soit absolument en son pouvoir. […] Ne dites donc pas que la nature d’un être prédit sa destinée ; tout au plus elle l’indique, par conjectures probables, réserve faite des causes extérieures qui peuvent se jeter à la traverse et des conditions extérieures qui peuvent manquer.

196. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Ernest diffère sa vengeance, ou plutôt fait ses conditions. […] La première, la plus impérieuse condition de ce rythme héroïque, c’est la simplicité. […] Le caractère et la condition des personnages suffiraient pour absoudre M.  […] Or aucun de ces lambeaux si riches, si éclatants, ne se prête aux conditions de la peinture. […] Guizot ait négligé cette condition si importante de l’histoire.

197. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

J’ai dit autre part pourquoi ces formes de transition ne pouvaient exister actuellement, même dans les circonstances en apparence les plus favorables à leur formation et à leur conservation, c’est-à-dire dans une vaste région continue présentant des conditions de vie graduellement différentes. J’ai montré comment l’existence de chaque espèce dépend beaucoup moins du climat que de la présence d’autres formes organiques déjà bien définies, et que, par conséquent, les conditions de vie véritablement efficaces et directrices ne se graduent pas insensiblement les unes dans les autres, comme la chaleur ou l’humidité. […] Mais ma théorie n’est vraie qu’à la condition que ce nombre incalculable de variétés ait successivement vécu à la surface de la terre. […] Il faut remarquer ici que, la profondeur venant à varier, il se peut que, par l’influence même de ce changement dans les conditions de vie, les espèces se modifient dans leur structure ou leurs habitudes, et peut-être dans celles-ci par suite des modifications de celles-là. […] Quelques Ibis égyptiens étant venus à émigrer auraient donné naissance à une variété nouvelle, que la souche demeurée en Égypte sous des conditions de vie constantes n’en aurait point été altérée.

198. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

« Loin que l’éducation ait pour objet unique ou principal l’individu et ses intérêts, elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence. […] Durkheim regarde comme la condition essentielle de la vie en société. […] Fages62 l’unité morale est si peu une condition sine qua non de l’existence des sociétés, qu’en fait, cette unité n’a été réalisée nulle part, à aucune époque. […] Ce moyen d’action suppose une condition particulièrement difficile à réaliser : un personnel d’éducateurs vraiment exemplaires et possédant une supériorité morale éclatante et incontestée.

199. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

Si vous voulez, par exemple, vous petit journal, journal moins riche que la Presse, donner à vos abonnés de l’Alexandre Dumas, la Presse vous en recédera pour tant : car elle a acheté tout ce que peut faire et signer Alexandre Dumas pour douze ou quinze ans, elle en a plus qu’elle n’en peut consommer, mais c’est par elle et par ses conditions désormais que vous devez en passer. […] De loin, à nous humbles esprits, il nous semble que, malgré tout, la partie n’est point perdue pour la cause des Lettres honnêtes et sévères, et que ce drapeau si bruyamment déployé par des spéculateurs intrépides peut au contraire servir de signal à tous les esprits modérés et sains, à tous les talents restés sérieux et dignes, pour s’unir, se serrer en groupe, et pour résister à un coup de main qui tend à changer ainsi de fond en comble le régime et les conditions vraies de la littérature.

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