Sindolt, le guerrier choisi, était échanson, Hûnolt, camérier ; ils étaient dignes de remplir les emplois les plus élevés. […] « Quoiqu’on en vit un grand nombre sollicitant son amour, Kriemhilt ne pouvait se résoudre dans son cœur à choisir l’un d’eux pour ami. […] « Nous voulons, sœur chérie, porter de bons vêtements ; que votre blanche main nous aide à les choisir. […] L’inquiétude des Burgondes devint grande : « Par mes armes, s’écria Hagene, quelle amante a choisie le roi ! […] « Hagene choisit mille guerriers.
Comme il a choisi lui-même les fils, le musicien les tient entre ses mains ; ils ne se dévident que dirigés par lui. […] Alors il serait permis de lui décerner des éloges…, tout au moins de choisir, pour qualifier ses livres, des épithètes irrévocables. — Mais non. […] Il ignore même comment on choisit : trop de désirs simultanés le rend inhabile à la préférence. […] Car alors on se sentirait distinct d’eux, comme un pianiste qui choisit ses touches voit bien qu’il en est séparé. […] Et quand elle découvre enfin où se poser, quand vient le temps de se rendre fidèle, c’est de toute sa force qu’elle s’abat sur l’objet choisi.
Les premiers documents qu’on a publiés sur Leopardi, c’est-à-dire sa correspondance avec ses amis et sa famille, étaient choisis avec un évident souci d’éviter les révélations trop précises. […] Que le moule qu’il choisit soit ou non reconnu par ce qu’on appelait jadis la théorie des genres, il ne s’en inquiète guère. […] Il choisit de très petits sujets attendrissants, puis il les divise méthodiquement en très petits chapitres, et il les traite avec un luxe inouï de détails sur un ton de perpétuelle émotion. […] Et, comme il s’était épris d’elle en travaillant à la sauver et en méditant des ouvrages spéciaux sur la folie, — d’ailleurs singulièrement choisis, — il l’épouse dès qu’elle est rentrée en possession d’elle-même. […] Là, en effet, il est libre, il peut choisir un thème selon son goût et le développer comme il lui convient ; sa manière même de comprendre l’art d’écrire, son habitude de chercher dans la littérature un plaisir immédiat, l’empêchent de réagir contre les suggestions de son tempérament ; aussi choisit-il presque toujours de tout petits sujets sur lesquels il exerce impitoyablement la minutie de son analyse.
Ballanche vit aussi M. de La Harpe, alors exilé à Corbeil par ordre du Consul, et lui proposa de donner ses soins à une édition choisie et purifiée de Voltaire : la mort de La Harpe, qui survint l’année suivante, coupa court à cette pensée. […] Il y a chez lui un grand effort de tout dire à la fois, un embarras de choisir et comme un bégayement entre des pensées qui sont toutes pour lui coexistantes et contemporaines, ou plutôt qui ne sont qu’une seule et indivisible pensée. […] Pour rendre le voyage moins ennuyeux, elles emportaient une petite bibliothèque choisie par M. […] Son élocution était lente ; toutes ses idées pures, choisies et nobles ; son goût exquis.
Vers l’année 1665, comme je conjecture, et comme je l’expliquerai plus bas, elle avait choisi hors de ce tourbillon pour ami de cœur M. de La Rochefoucauld, âgé déjà de cinquante-deux ans105. […] Il y a des jours plus sérieux et non moins délicieux, où, à Saint-Maur, dans cette maison que M. le Prince avait prêtée à Gourville, et dont Mme de La Fayette jouissait volontiers, on entendait en compagnie choisie la Poétique de Despréaux qu’on trouvait un chef-d’œuvre. […] Nous l’avons été autrefois pour des bagatelles112. »Et dans les Mémoires de Mme de La Fayette sur les années 1688 et 1689, à propos de la comédie d’Esther, on lit : « Elle (madame de Maintenon) ordonna au poëte de faire une comédie, mais de choisir un sujet pieux : car, à l’heure qu’il est, hors de la piété point de salut à la cour aussi bien que dans l’autre monde… La comédie représentoit, en quelque sorte, la chute de Mme de Montespan et l’élévation de Mme de Maintenon ; toute la différence fut qu’Esther étoit un peu plus jeune et moins précieuse en fait de piété. » En citant ces paroles de deux femmes illustres, je ne me plais pas à en faire ressortir l’aigreur qui gâta une longue affection. […] Elle l’avait choisi pour directeur.
Mais ce n’était certes pas un système propre à former des écrivains, à leur apprendre la sobriété, l’art de composer un ouvrage, de choisir leurs mots, de surveiller l’expression de leurs idées. […] Une longue expérience a prouvé qu’il préfère la correction à la verve inventive et, s’il faut choisir entre deux maux, l’excès de pondération à l’excès d’originalité. […] Celuy donc qui. voudra complaire Tant seulement au populaire, Celuy choisira les erreurs Des plus ignorants bateleurs… Et Jehan de la Taille, en tête des Corrivaux, fait cette profession de foi : « Vous y verrez non point une farce ni une moralité ; nous ne nous amusons point en chose ni si basse ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Françoys… Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaulme telles badineries et sottises… » C’était dur pour les pauvres auteurs du moyen Age. […] Il a fait une guerre acharnée à l’école précieuse ; il a criblé de railleries Chapelain, l’honnête Chapelain, dont le prestige était si grand que Colbert le choisissait pour dresser la liste des auteurs dignes de recevoir une pension.
Ce livre raconte en versets, dont chacun est un vers qui trouve son écho dans un autre vers, les pensées de Dieu, la création du monde en six grandes journées de l’ouvrier divin, qui sont peut-être des semaines de siècles ; la naissance du premier homme, son ennui solitaire dans l’isolement de son être, qui n’est qu’un morne ennui sans l’amour ; l’éclosion nocturne de la femme, qui sort, comme le plus beau des rêves, du cœur de l’homme ; les amours de ces deux créatures complétées l’une par l’autre dans ce premier couple dont le fils et les filles seront le genre humain ; leurs délices dans un jardin à demi céleste ; leur pastorale enchantée sous les bocages de l’Éden ; leur fraternité avec tous les animaux aimants qui parlaient alors ; leur liberté encore exempte de chute ; leur tentation allégorique de trop savoir le secret de la science divine, secret réservé seul au Créateur, inhérent à sa divinité ; leur faute, de curiosité légère chez la femme, de complaisance amoureuse chez l’époux ; leur tristesse après le péché, premier réveil de la conscience, cette révélation par sentiment du bien et du mal ; leur citation au tribunal divin ; les excuses de l’homme pour rejeter lâchement le crime sur sa complice, le silence de la femme, qui s’avoue coupable par les premières larmes versées dans le monde ; leur expulsion ; leur pèlerinage sur la terre devenue rebelle ; la naissance de leurs enfants dans la douleur ; le travail sous toutes les formes, premier supplice de l’humanité ; le premier meurtre faisant boire à la terre le sang de l’homme par la main d’un frère ; puis la multiplication de la race pervertie dans sa source ; puis le déluge couvrant les sommets des montagnes ; une arche sauvant un juste, sa famille, tous les animaux innocents ; puis la vie patriarcale, en familiarité avec des esprits intermédiaires appelés des anges, esprits tellement familiers qu’ils se confondent à chaque instant sur la terre avec les hommes, auxquels ils apportent les messages de Dieu ; puis un peuple choisi de la semence d’Abraham ; des épisodes naïfs et pathétiques, comme ceux de Joseph, de Tobie, de Ruth ; une captivité amère chez les Égyptiens ; un libérateur, un législateur, un révélateur, un prophète, un poète, un historien inspiré dans Moïse ; puis des annales pleines de guerres, de conquêtes, de politique, de liberté, de servitude, de larmes et de sang ; puis des prophètes moitié tribuns, moitié lyriques, gouvernant, agitant, subjuguant le peuple par l’autorité des inspirations, la majesté des images, la foudre de la langue, la divinité de la parole ; puis des grandeurs et des décadences qui montent et descendent de Salomon à Hérode ; puis l’assujettissement aux Romains ; puis un Calvaire, où un prophète plus surnaturel monte sur un autre arbre de science pour proclamer l’abolition de l’ancienne loi, et promulguer pour l’homme, sans acception de tribus, Juifs et païens, une loi plus douce scellée de son sang ; Puis une autre terre et un autre ciel pour l’univers romain devenu l’Europe. […] XIV Le malheur de la littérature française, si tardive à naître et qui date à peine d’hier (deux siècles, c’est hier pour une littérature) ; le malheur de la littérature française fut précisément cette diversité de langues ou plutôt de patois entre lesquels elle avait à choisir en naissant. Aussi (et remarquez bien ici un fait qui nous explique le peu d’originalité dont on accuse très justement la littérature française), quand il fallut choisir définitivement sa langue, au moment où, sous les Valois, la nation fut assez formée et assez policée pour avoir une littérature, que fit-elle ? Dans l’embarras de ce choix, elle rejeta tous ces patois et toutes ces ébauches de littérature romane, celtique, languedocienne, qui lui auraient donné du moins un caractère plus original, plus libre, plus propre à ses idées comme à ses mœurs, comme à son climat, et elle choisit le latin, souche commune et vieillie de tous ces idiomes, pour latiniser son mauvais français.