Jules Barbey d’Aurevilly C’est un poète ému, sincère, d’une nuance charmante — et puisque la poésie est l’intensité — intense à la manière des poètes de nuance, dont l’intensité, à l’ordre inverse des poètes de relief et d’énergie, est la transparence et la morbidesse.
Paul Mariéton Une âme charmante, ingénieuse aussi, palpite dans les vers pleins de franchise et de simplicité qui composent ce livre (Au bord de la vie) portant un titre donné à l’auteur par Joséphin Soulary, dont le nom est inscrit au premier feuillet comme une invocation tutélaire au fronton d’un petit temple grec.
Sa gloire se composait de toute une partie affectueuse et charmante, qui a dû périr avec lui et avec ceux de son âge. […] Le monde le choya, les femmes l’adorèrent ; ce fut, pour tout ce qui le connut, un jouet charmant et une idole. […] Ainsi Delille, enfant naturel, élevé par charité, n’en sera pas moins, dès son premier pas dans le monde, et au rebours de l’aigre La Harpe ou de l’âcre Chamfort, le petit abbé le plus espiègle et le bel esprit le plus charmant. […] Dans cette société de M. de Vaudreuil, de M. de Choiseul-Gouffier, du prince de Ligne, du duc de Bragance, des Bouflers, des Narbonne, des Ségur, au milieu de ces conversations charmantes où nul plus que lui n’étincelait, Delille croyait aimer la campagne et ne rêvait qu’à la peindre. […] Les serins chantent dans les cages, a dit l’autre Chénier de Delille ; du moins ce serin charmant, qu’on trouva dans le palais fumant du sang des maîtres, et qu’on aurait voulu faire chanter, le serin, disons-le à son honneur, fut triste et ne chanta pas36.
Tout à côté, la dispute du chevrier et du berger, Comatas et Lacon, a comme trait dominant la note aigre, stridente, que racheté aussitôt après la charmante mélodie des deux jeunes bouviers adolescents, Damœtas et Daphnis, qui semblent chanter à l’unisson. […] La huitième idylle, entre les deux enfants, Daphnis et Ménalcas, est peut-être la plus caractéristique du genre pastoral pur, la plus véritablement charmante, la plus simple et la plus innocente aussi, placée aux limites de l’enfance et de l’adolescence. […] » Pour ceux maintenant qui s’empresseraient de conclure que Théocrite n’est un poëte supérieur que quand il est aimable et riant, et qu’il excelle surtout à mettre en scène de charmants petits bergers, il est temps d’en venir à la plus riche et à la plus opulente de ses pièces, à la reine des Églogues, aux Thalysies. […] On reconnaît dans ce charmant couplet de Théocrite la note première du Quem tu Melpomene semel d’Horace. […] … O belle aux yeux charmants, toute de pierre !
On pressent les périls, les malheurs et la honte de Marguerite, sans doute confondue dans ces groupes timides et charmants. […] Wagner s’étonne ; Faust soupçonne à demi un esprit déguisé sous la forme caressante de ce charmant animal. […] Il faut que tu me procures cette charmante jeune fille. […] Méphistophélès et Faust paraissent sur le pas de la porte ; c’est là une des plus charmantes scènes inventées par le génie divin ou satanique de l’amour, et dont on ne trouve de trace ni dans le drame antique ni dans le moderne. […] Ce charmant babillage de jeune fille, qui paraît oiseux peut-être ici au lecteur, a un triple but caché dans l’esprit de l’auteur, qui prépare ainsi son pathétique dans le drame.
Le duc créait alors ces charmants jardins pittoresques dont son palais de campagne, près de Stuttgart, était enveloppé. […] Il s’éprit d’une veuve charmante et légère, à laquelle il donna dans ses poésies lyriques le nom de Laure : Pétrarque allemand dont l’amour s’évaporait en métaphysique. […] Il considérait, en patriarche de Canaan ou en brahmine de l’Inde, la femme comme une créature inférieure en force et en dignité à l’homme ; elle n’était à ses yeux que la plus charmante décoration de la nature, un appât à la perpétuation de l’espèce humaine, une source de plaisir sacré, et surtout une esclave chargée de régner sur son maître par ses charmes supérieurs à ses droits, une servante antique de la tente arabe ou du gynécée grec, dont les fonctions consistaient à gouverner dans un bel ordre intérieur les autres agents inférieurs de la domesticité. […] Il épousa légalement plus tard la jeune et charmante compagne qu’il s’était donnée, et il l’épousa dans des circonstances qui donnent un grand prix d’honnêteté et de désintéressement à son amour. […] L’enfant se sépare fièrement de la jeune fille ; il se précipite avec impétuosité dans le courant de la vie ; il parcourt le monde avec le bâton de voyage et rentre étranger au foyer paternel, et il voit devant lui la jeune fille charmante dans l’éclat de sa fraîcheur, avec son regard pudique.
Cette suite de malheurs qui forment sa vie, un père assassiné une mère charmante morte de douleur, une captivité de vingt-cinq ans dans les donjons de l’Angleterre, un double veuvage en neuf ans, par la mort de deux femmes qu’il aimait, tant de sujets de deuil n’ont pu tirer de son âme un couplet touchant. […] Ne nous effarouchons pas de l’étrange berceau d’où sort notre poésie ; d’autres viendront, qui feront de cette fille du peuple la muse charmante et sévère du dix-septième siècle. […] Sa ballade sur les Dames du temps jadis en est un modèle charmant : Dictes-môy où, n’en quel pays, Est Flora, la belle Romaine ? […] Entre la froide remarque que rime lourdement le poëte royal, et cette charmante évocation que fait l’enfant du peuple de tant de beautés célèbres, presque toutes françaises (n’oublions pas ce trait), il y a la différence d’un agréable bel esprit à un poète. […] Je ne sache pas d’image plus charmante de cette fuite insensible du temps, qui emporte nos jours sans nous rien laisser de solide.