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890. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause première de notre décadence générale, Encore ne faudrait-il point nous abuser sur les mots. […] « Après 1870, Flaubert attribuait notre décadence au même vice, déjà ; il appelait cette confusion “fausseté” et il en voyait la cause dans un reste de romantisme, à savoir : « “La prédominance de l’inspiration sur la règle.” […] Où donc aurait-il pris le droit d’émettre un avis d’une valeur générale, réduit qu’il était à noter des impressions incertaines, changeantes, dépendant de mille causes variables, du caprice de son humeur et de l’air du temps ?

891. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Quand les langues dérivées se forment, le hazard, la condition des organes de ceux qui les composent, laquelle est differente suivant l’air et la temperature de chaque contrée, la maniere dont se fait le mêlange de la langue qu’ils parloient auparavant avec celle qui entre dans la composition de la nouvelle langue, enfin le genie qui préside à sa naissance, sont cause qu’on altere la prononciation de la plûpart des mots imitatifs. […] Les syllabes finales des mots qui se font mieux sentir que les autres à cause du repos dont elles sont ordinairement suivies, sont generalement parlant plus sonores et plus variées en latin qu’en françois. […] Il est vrai que les regles de la poësie latine sont en bien plus grand nombre que les regles de la poësie françoise, à cause qu’elles entrent plus dans le détail de la versification que les regles de la poesie françoise ; mais comme ces regles se dessignent, pour ainsi dire, comme on en fait la figure, en se servant des caracteres differents qui marquent la quantité des syllabes, elles sont aisées à comprendre et faciles à retenir.

892. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Maintenant que dans la société tout change continuellement et avec une rapidité vraiment nouvelle, et que les sources de l’imitation sont, pour ainsi dire, taries ; maintenant les esprits contemplatifs n’ont pas le temps de saisir et de s’approprier les inspirations de la société : telle est la cause de la difficulté qu’ils éprouvent à se mettre en harmonie avec ce qui est, car ce qui est aujourd’hui n’était pas encore hier. […] Le poète domine de haut l’époque où il vit, et l’inonde de lumière : l’avenir est aussi dans sa pensée ; il embrasse, dans un seul point de vue, toutes les générations humaines, et la cause intime des événements dans les secrets de la Providence. […] « L’absence du merveilleux, dit Thucydide, sera cause peut-être que les événements que je décris plairont moins à la lecture. » Le même écrivain dit encore : « Les anciens historiens ont plus songé à plaire à la lecture, qu’ils n’ont songé à dire la vérité. » Ces deux phrases sont remarquables en ce qu’elles indiquent bien les deux genres d’altérations que les premiers historiens ont apportées dans leurs rédactions en prose, altérations dont on leur a su gré, et qui ont cependant conduit à l’arbitraire.

893. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Pour ne parler encore que du sens de la vue, disons qu’à côté des sensations visuelles dont la source est interne il en est qui ont une cause extérieure. […] Celle-ci, détachée de sa cause, n’était plus qu’une vague sensation de fatigue, attribuable à un effort. […] La rapidité de déroulement de certains rêves me paraît être un autre effet de la même cause.

894. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Elle repose tout entière sur ce grand principe qui domine toute science : Il n’y a pas de fait sans cause. […] Il déclare de sa propre autorité que « la cause est entendue ». […] De quels effets est-il la cause ? […] Il a au plus haut degré l’imagination scientifique, j’entends celle qui se représente la liaison des effets et des causes. […] Bourget s’explique en partie par des causes accidentelles.

895. (1911) Études pp. 9-261

Donc toute chose a besoin de toutes les autres pour exister ; elle n’a point une cause particulière, mais des causes. Elle a pour causes tout l’univers coexistant. Car la cause « … n’est point positive, elle n’est point incluse au sujet. […] Elle a toujours pour cause le crime d’un homme qui usurpe la place de Dieu. […] Elle ne vient plus à cause de ce qui la précède, mais seulement à cause d’elle-même.

896. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Le moi, déclaré naguère « haïssable », et subordonné comme tel à autre chose, redevenait souverain, retrouvait en lui de nouveau son objet, sa raison suffisante, et sa cause finale. […] C’est bien sa cause, à elle, que Mme de Staël a plaidée dans sa Delphine, comme dans sa Corinne ; et ce n’est pas seulement René, c’est Chactas aussi, c’est Eudore qui, dans la vie réelle, se sont appelés Chateaubriand. […] C’est donc aussi précisément pourquoi, de tous les caractères du romantisme, il n’y en a pas qui lui soit plus essentiel : j’entends par là qui explique mieux les causes de sa grandeur ; celles de sa décadence ; et la nature de la réaction qu’il devait provoquer. […] Aussi l’a-t-il hardiment déclaré : « Pour atteindre à la connaissance des causes permanentes et génératrices, l’homme a deux voies : la première, qui est la science, par laquelle dégageant ces causes et ces lois fondamentales il les exprime en formules exactes et en termes abstraits ; la seconde, qui est l’art, par laquelle il manifeste ces causes d’une façon sensible, en s’adressant non seulement à la raison, mais au cœur et aux sens de l’homme le plus ordinaire » [Cf.  […] , 7e Entretien] ; — de l’Inquisition [Lettres à un gentilhomme russe]. — S’il n’eût pas rendu plus de services à sa propre cause en y mettant plus de modération ?

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