Voilà par quelles confidences d’après coup, elle nous démontre nonchalamment, qu’elle est la plus blanche des hermines, — qu’elle a la conscience sans une tache, quoiqu’elle ait écrit des livres qui en font !
Larreau, ancien marchand de robinets, devenu l’un des plus grands industriels de France, et c’est cet industriel dans lequel Droz a cubé tout l’industrialisme moderne et dont il a fait une personnalité tout à la fois odieuse, redoutable et comique, c’est ce coquin à gilet blanc qui s’est imaginé qu’un miracle, comme celui de la Salette, par exemple, si on pouvait se le procurer, poserait bien cette source dans l’opinion, et ferait colossale la fortune des établissements qu’il médite de fonder autour d’elle.
Au verger, plein de lys et d’ombelles, au verger où poussent dans l’herbe humide les agarics, les bolets roses, les panais aux thyrses longs, les fenouils, l’angélique, l’anis, la ciguë couronnée de fleurs blanches.
Cousin découvre trois manuscrits d’Abailard ; il les décrit tour à tour avec scrupule ; il juge de leur valeur ; il prouve que ce sont eux que décrivait Oudin et que citait l’Histoire littéraire ; il entre dans l’intérieur du manuscrit, marque les différents traités qu’il comprend, les lacunes plus ou moins longues, les feuillets blancs, les feuillets noirs, les différentes encres, et je ne sais combien d’autres choses encore.
Prenez même Armand Silvestre : vous découvrirez, dans ses grands vers mélodieux, monotones et tout blancs, un panthéisme bouddhique et le désir et la terreur du par-delà. […] L’homme à qui son pain blanc, maudit des populaces, Pèse comme un remords des misères d’autrui, A l’inégal banquet où se serrent les places N’élargira jamais la sienne autour de lui ! […] C’est au premier coup d’œil une morne étendue Sans couleur ; çà et là quelque maison perdue, Murs frêles, pignons blancs en tuiles recouverts ; Une haie à l’entour en buissons jadis verts ; De grands tas aux rebords des carrières de plâtre, etc. […] Je ne veux point donner d’exemples, car tout y passerait, tout : l’ouvrière malade qui « dans l’inaction du lit reprend des mains de femme, allongées, blanches, aux ongles repoussés…, sa seule manière à elle de devenir une dame… » ; les « heures blanches » où les jeunes filles « dorment dans de la neige » ; « les petits rires d’enfants qui craquent comme s’ils ouvraient chaque fois un peu plus une intelligence » ; et l’insomnie, « ce grelot que la berceuse promène et ramène, roule, fixe, éteint dans la cervelle sonore des petits enfants » ; et « l’envers du sourire…, la remise en place, inconsciente et rapide, de deux lèvres menteuses » ; et, dans la vieillesse, « les yeux qui reculent dans la pensée, la bouche qui rentre, retirée de bien des tendresses ». […] Elle aime Louis XIV comme une petite pensionnaire ; elle souffre pendant vingt ans de ses infidélités comme une petite bourgeoise malheureuse en ménage : toujours blanche, toujours innocente et toujours amoureuse ; reine et brebis.
Il n’est tel, pour se faire faire place dans la rue, qu’un maçon qui revient, tout blanc de plâtre, de son ouvrage. […] En ce cas, il est grand temps ; déjà vos cheveux tirent du gris au blanc, et votre voix chevrotte aux fins des phrases. […] Maisle plus grand régal pour nous est le pain blanc ? du pain blanc, un vrai pain blanc. » Expressions naïves d’honnête sensualité, auxquelles on peut mesurer les privations dont il avait souffert ! […] A la suite d’une expérience sur la quantité de sucre que contenait la lie d’un verre de vin blanc, il avait invité deux chimistes éminents, Balard et Wurtz, à venir à son laboratoire constater les résultats de son analyse.
Quel garçon ne les convoiterait, les voyant cheminer avec leurs mollets arrondis, leur fines chevilles, leurs hanches en saillie, leur buste enflant le corselet, leur gorge apparaissant sous le fichu ouvert à l’entre-deux, et leur bonnet dont les coins « envolés semblent des ailes blanches » ? […] « La neige, qui n’est vraiment blanche qu’au crépuscule et dans la nuit, se colore de teintes aussi changeantes que les flots de la mer la plus nuancée. […] Arlequin, « nègre par son masque » et madré « serpent par ses vives couleurs » son « souffre-douleurs » Cassandre, le blanc Pierrot, qui bat « de l’aile avec sa manche, comme un pingouin sur un écueil », le docteur bolonais qui « rabâche », Scaramouche, qui, d’un coup d’épaule, écarte Trivelin et, d’une main preste, tend à Colombine « son éventail et son gant » et, traversant cette musique, l’inconnue en domino noir ! […] Peut-être même, à regarder trop attentivement et à respirer de trop près ce bouquet blanc de fiancée, finirait-on par s’aviser d’y découvrir quelque nuance de fadeur. […] La notion du monde extérieur subsiste à peine : de lugubres « sifflets » qui vont et viennent, de vagues « angélus » ouïs du « fond d’un trou » et, entre de « grands murs blancs », des essaims de « rêves épouvantés », des redites sans fin de sanglots « fous ou dolents ».