Il y a rarement chez nous cette noblesse de déclin, cette race de la vieillesse, cette beauté de Franklin et de grand seigneur, sous la couronne d’un reste de cheveux blancs, et ces yeux heureux, et cette belle bouche, et ces beaux regards humains ; enfin ce type d’une vie toute droite et bien remplie, d’une conscience satisfaite, d’une âme limpide.
C’était tout ignoré et tout nouveau en nous, cette appréciation de la belle ligne d’une plante, de la qualité distinguée de sa feuille, de son aristocratie, pour ainsi dire ; car la nature a, comme l’humanité, ses êtres préférés, caressés, auxquels elle donne une beauté spéciale et supérieure.
Moi, resté si longtemps indifférent à la nature, si peu soucieux de ses beautés, il arrive qu’une année, je me toque d’arbustes, que je plante, que je fais tout mon bonheur et ma passion d’un petit coin de verdure idéal, eh bien, cette année il faut qu’il gèle, comme il n’a pas gelé depuis cent ans, et tout ce que j’ai planté, tout ce que j’aimais des arbres plantés par mon prédécesseur, tout cela « est gelé, est mort », comme le disait maître Theulier.
» Et le voilà, tirant lentement de sa boîte, son bibelot, le faisant tourner et retourner sous les yeux de son ami, lui en détaillant les beautés.
Les Diderot, les Voltaire, les Rousseau, les D’Alemberte et les Condillac du xviiie siècle l’avaient trop fait penser pour qu’elle ne désirât se reposer et goûter sans cassements de tête une douce philosophie et une sentimentale poésie, qui ne devaient plus mettre en jeu l’intelligence, mais amuser le lecteur, le transporter dans les nuages et le pays des rêves, et charmer ses yeux par la beauté et la hardiesse des images, et ses oreilles par la pompe et l’harmonie des périodes.
Ce n’est pas qu’il déteste les femmes ; au contraire, ce peintre, dont je ferai tout à l’heure ressortir la profonde impartialité, s’il a eu des indulgences et des faiblesses, il les a eues de ce côté ; il pardonne, il concède tout aux femmes, il leur permet tout dans son théâtre, pourvu qu’elles soient jeunes et dans l’éclat de la beauté. […] Car c’est ici le grand titre d’honneur de quelques-uns de nos grands comiques, et de Molière plus que tout autre, d’avoir eu constamment sous les yeux, en flétrissant les dégradations de notre nature, un idéal supérieur de beauté humaine et de sentiments humains, et d’avoir souffert des petitesses ou des bassesses qui nous tiennent éloignés de lui. […] ——— Il ne vaut guère mieux charmer une jeune fille par la beauté du visage, par l’esprit que l’on montre ou par de grandes actions, que de l’éblouir par l’éclat du rang et de la fortune ; car c’est toujours sa vanité qui est séduite.
Elles personnifient la force de perdition qui réside dans la beauté de la femme. […] Mais c’est là qu’on en arrive ; et l’aphorisme reste juste : « Malheur aux productions de l’art dont toute la beauté n’est que pour les artistes ! […] De même que, s’il est vrai que rien n’est beau et rien n’est laid au regard du savant, il ne s’ensuit pas que la laideur et la beauté n’existent pas pour l’artiste. […] — Il y a deux voitures de maître. » Ce mot est d’une incontestable beauté.