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521. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

La maniere de faire savoir au public par une espêce de Journal, ce qui se passe dans la République des Lettres, est une des plus belles inventions du dix-septiéme siécle. […] Les Jésuites ont été long-tems en possession d’un Journal connu sous le titre de Mémoires pour l’histoire des sciences & des beaux arts. […] Son ouvrage comprend la belle littérature, les productions agréables, telles que les histoires, les romans, les brochures, les piéces d’éloquence & de poésie, les ouvrages dramatiques, particuliérement la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, en un mot, ce qu’on entend par belles-lettres & beaux arts. […] Le Journal Encyclopédique embrasse tous les objets des sciences & des beaux arts. […] Mathon de la Cour & Sautreau, s’occupe de tout ce qui peut intéresser le beau sexe dans la littérature & dans les arts agréables.

522. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Nous lisions vos belles pages sur Jean-Jacques, lorsque votre lettre m’est venue. […] le beau pays que mon pays ! […] Le souvenir seul de son soleil vous réchaufferait jusque sur les glaces du pôle ; on l’adore, bonne mère ou marâtre ; on se ferait vingt fois tuer, dût-elle être ingrate, pourvu qu’elle fût plus belle encore ; — on a vu dans l’histoire des idiots et des scélérats la posséder ; nul n’a jamais pu ni l’humilier ni l’asservir. […] Restez, monsieur, le culte vivant de sa mémoire : les lettres ont plus que jamais besoin qu’on leur rappelle souvent de ces beaux souvenirs. […] Je ne sais si cette manière d’essayer des stradivarius en les brisant et en les rajustant est tout à fait conforme aux règles du métier ; un luthier en sait là-dessus plus long que moi ; c’est dans tous les cas une belle fable à l’Amphion.

523. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

» Gustave Rousselot, dans les siens, se dit beau, grand, fort, invincible et sublime, et hors de ses vers, dans sa préface en prose, il nous signifie « qu’il a trop d’orgueil, ou de nerfs (la chère petite femme !) […] magnifiquement beaux… Car, il faut bien en convenir, pour être beaux les vers n’ont pas toujours et nécessairement besoin d’être vrais. — Et c’est ce qui fait le danger des poètes, ces fascinateurs ! […] … Tout est bon ; tout est beau… La pauvre race humaine A force de pleurer son âme sur sa chaîne L’a dissoute au sel de ses pleurs… l’enivré d’espoir impossible qui s’écrie : C’est ainsi qu’écartant la vieillesse et l’enfance Nous referons la vie… et, grisé de jouvence, Le monde aura toujours vingt ans ! […] Cette vieille Niobé, du reste, a eu beau souffrir, elle a eu beau se tordre comme le Laocoon dans l’angoisse, la fureur et le désespoir farouche, elle n’en a pas moins gardé l’irréprochabilité de son airain et de son marbre, tandis que le poète du Poème humain, de ce jeune Bacchant ivre de l’Espérance, est bien loin de briller par la pureté du sien. […] La Critique, qu’il brave, et qui voudrait le voir sorti de ce fatras d’idées fausses dans lesquelles il galvaude un bel enthousiasme, peut lui dire avec mansuétude : Vous seriez un fameux Jocrisse si vous n’étiez pas un poète.

524. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

En effet, ces commencements ne furent pas simplement beaux, ils furent magnifiques. […] Elle était belle à faire mourir de jalousie Mme de Staël, si elle n’avait pas été morte, et si cette âme grande de Mme de Staël n’avait pas admiré sincèrement Mme Récamier ! […] Il faut dire, il est vrai, que si le Français est né vaudevilliste, il est né aussi galantin, et que là où une prétention d’homme serait châtiée par le coup de fouet de l’éclat de rire, une prétention de femme, surtout lorsque cette femme est belle, est admise toujours. […] Théophile Gautier, qui s’y connaît, a bien fait de citer, car ils sont d’une très belle image et d’un mouvement très-imposant : Mon front était si fier de sa couronne blonde ! […] Dans tout ce qu’elle écrit, il y a de la harpe, de cet instrument suranné et comédien où, quand on les avait beaux, on mettait ses bras en espalier.

525. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Mais elle n’en est pas moins la Poésie ; elle n’en est pas moins la forme irrésistible ; elle n’en est pas moins, comme ces femmes belles qui le sont encore dans la passion, le vice et le crime, toute-puissante toujours ! […] Belle leçon pour les Parnassiens, et où les Lakistes trouvent aussi leur compte ! […]            La terre par en-haut finit, Une goutte de ciel, un beau lac d’une lieue. […] C’eût été beau D’emporter un effroi de ces choses sacrées, Comme un enfant, suivant des routes égarées,            Qui passe devant un tombeau. […] Et quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité.

526. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Belle cérémonie et morale ! […] Il se travaillait pour avoir un beau style épistolaire, et se donnait le ridicule d’imiter dans ses lettres les gens d’académie et de cour. […] Beau spectacle ! […] La fête serait belle, agréable à leurs souvenirs et à leurs principes nobiliaires. […] Sous leurs efforts multipliés et par leur concert involontaire, l’idée du beau change, et par contagion les autres idées vont changer.

527. (1923) Paul Valéry

On connaît le beau poème de Lamartine qui s’appelle Les Etoiles. […] Et il finit sur le beau poids de laine de ce dernier vers. […] Le sommeil qui eût pu être le rêve, un beau rêve d’amour. […] Les hommes de 1650 s’enchantaient de la Belle Matineuse. Ceux de 1923 doivent savoir par cœur la Belle Dormeuse.

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