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260. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Théophile Gautier, sous le pédantisme maigre et boursouflé du grammairien et de l’archéologue, qui ont reproduit sur des types connus et glacés ce monde fantômastique du Capitaine Fracasse ; c’est cette complète disparition qui me fait repousser ce Capitaine Fracasse, que j’ai appelé une tapisserie, — une pâle et gothique tapisserie des galeries défuntes, faite avec de vieilles laines passées, et que l’avenir, — et un avenir prochain — rejettera et roulera dans le garde-meuble des curiosités inutiles !

261. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

La thèse de l’auteur, ou des auteurs du Maudit, — car des critiques plus aigus ou plus fins que moi, malgré l’unité de platitude qui règne dans ce livre de l’un à l’autre bout, ont prétendu qu’il y avait plusieurs astres en conjonction sous les trois étoiles de l’occulte abbé, qui ne serait pas un si pauvre diable alors et pourrait s’appeler Légion, — la thèse donc du Maudit, qu’on a voulu traduire en récit romanesque, sans doute pour plus vite la vulgariser, est la malédiction jetée par l’Église sur la tête du prêtre qui comprend que le vieux sacerdoce du passé croule de toutes parts, pour faire place au sacerdoce de l’avenir ! […] Le petit Julio, qui bout de génie et qui fermente déjà de la sainteté des prêtres de l’avenir, obéit intrépidement à cet archevêque, qui s’était arrangé pour s’économiser le martyre et pour le renvoyer, après sa mort, à son exécuteur testamentaire.

262. (1887) George Sand

C’est à qui lui proposera un plan nouveau, un système inédit, la philosophie, la politique, la religion de l’avenir. […] Il abdique toute son activité, tout son avenir ; il ne songe pas que l’existence a ses exigences et ses devoirs. […] Est-ce du regret pour le passé, est-ce la crainte de l’avenir ? […] Occupons-nous moins d’aimer l’humanité de l’avenir que les hommes qui sont près de nous, à la portée de notre main et de notre cœur. […] Mais, croyez-moi, ne soumettez à aucune consultation, pas même à la mienne, le talent et l’avenir de votre jeune écrivain.

263. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

C’est aussi la perpétuité de l’individualité humaine ; car c’est le fil continu qui relie entre eux le passé, le présent, l’avenir de l’homme, considéré comme unité collective. […] Il faut d’abord, pour écrire, être écrivain, non pas écrivain de génie comme Tacite, ou Machiavel, ou Thucydide, mais écrivain suffisant pour que votre pensée se transmette, sinon avec relief, couleur et vie, dans la pensée de vos lecteurs, du moins avec cette clarté, cette netteté, ce bon ordre de composition et de faits qui représentent sincèrement les hommes et les choses dont vous parlez à l’avenir. […] Thiers pour tout ce qui porte le nom, le cœur, le drapeau français, contribuera sans doute à la vogue militaire de son livre dans son temps et dans son pays ; mais cette noble faiblesse ne contribuera pas, dans l’avenir, à l’universalité d’estime que ce livre mérite et qu’il obtiendra sous d’autres rapports. […] Qu’il se comprenne lui-même, nous n’en doutons pas ; mais qu’il soit compris par l’avenir, nous en doutons. […] Nous fûmes vengés, nous Français, de ce cruel ennemi, car il put nous croire victorieux pour jamais, il put douter de l’excellence de sa politique et trembler pour l’avenir de sa patrie.

264. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Le Passé, c’était la Monarchie, et c’était la Foi, toutes deux condamnées au nom de l’Avenir et de la Raison. […] Il y a donc un droit du passé sur le présent, et il y a un droit de l’avenir. […] Je pense être utile à votre avenir en vous conseillant de jouer aux dominos, aux dames et à l’écarté… Tableau !  […] Il suit de la qu’une part du droit de propriété, dans le vaste trésor national, ressortit aux générations de l’avenir. […] Mais cela, c’est l’avenir :‌ L’Avenir dont les Grecs ont dit ce mot pieux ;‌ C’est un enfant qui dort sur les genoux des Dieux. ‌

265. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Quelle contenance tenir devant ces sombres visions de l’avenir ! […] énormément de talent et d’avenir !  […] Le roman d’aventures, prises dans le sens que je vous ai indiqué, est le roman de l’avenir. « De l’avenir ! Entendons-nous bien, il a l’avenir devant lui, parce qu’il est d’hier et de tous les temps.

266. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « au lendemain du saint-simonisme  » p. 505

Pris ainsi au dépourvu par l’événement, les novateurs se sont crus obligés de finir en toute hâte ce qu’ils avaient jusque-là essayé avec plus de lenteur ; et sur quelques fondements réels, sur quelques faits ingénieusement observés, ils ont vite échafaudé leur monde ; ils ont bâti en un clin d’œil temple, atelier, cité de l’avenir.

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