Mémoires du comte d’Alton-Shée164 L’article que nous allons reproduire, et qui est resté inachevé, sur les Mémoires de M. le comte d’Allon-Shée, est le dernier auquel ait travaillé M. […] Il était seulement indécis sur le choix du lieu où il insérerait cet article, ne pouvant, pour des raisons que l’on comprendra en le lisant, le destiner au Temps. […] J’avais dessein de dire quelques mots de ces Mémoires avant les dernières élections : et avant tout le bruit qui s’est fait autour du nom de l’auteur165 ; je voudrais faire aujourd’hui l’article que je projetais auparavant : je ne pourrai m’empêcher toutefois d’accentuer davantage quelques traits. […] C’est que, sans avoir à discuter l’opportunité de sa démarche ni les articles de son programme politique, ce programme n’a rien en soi qui me répugne absolument et que je lui crois de l’avenir167 ; c’est aussi, je l’avoue, que si j’ai avec M. d’Alton-Shée sur de certains points un cousinage d’esprit, j’en ai un autre encore par le sang et les souvenirs domestiques ; c’est que sa famille par tout un côté se lie à la mienne ; c’est que ses grands parents, tous ses oncles et tantes, ont été l’habitude, l’entretien et une des douceurs de mon enfance.
A l’occasion de cet article, nous croyons utile de reproduire une lettre ancienne de M. de Tocqueville, bien qu’elle ait été déjà publiée par M. […] Sainte-Beuve l’avait fait précéder, et qui se rapporte à l’article même qu’on va lire. […] « Je viens de lire, Monsieur, dans le journal le Temps d’hier, un article de vous dont il me tarde de vous remercier. Les choses flatteuses que vous avez bien voulu dire sur mon ouvrage m’auraient causé beaucoup d’orgueil et de joie, de quelque part qu’elles vinssent ; mais le nom de l’auteur de l’article ajoute encore à mes yeux un nouveau prix à ce que contient d’aimable l’aracle même.
Il faut être juste : le discours de M. de Montalembert (voir séance de la Chambre), à propos de l’article qui exige l’affirmation qu’on n’est pas d’une congrégation non autorisée, etc., pour être apte à enseigner, a été bien et a eu des accents de vérité, de générosité et d’élévation remarquables. […] Mais on aurait pu répondre sans déclamation que cet article était une précaution de haute prudence, qu’il faut tenir compte dans un pays des antécédents historiques, que les Jésuites d’aujourd’hui payent et payeront longtemps encore pour ceux d’autrefois, que la religion tout entière et son libre et paisible exercice pourraient être compromis, troublés, si on ne prenait cette mesure, et qu’enfin il est à désirer que vienne un temps où tout vestige de cette interrogation de conscience puisse disparaître : mais on ne pourrait supprimer à présent la garantie sans de graves inconvénients pour la chose sacrée qui doit être le plus chère à M. de Montalembert, et sans compromettre le gouvernement lui-même.
Avez-vous vu une feuille du Courrier du Commerce (c’était l’article de M. […] Cet article sur M. […] Ampère, de laquelle je parle trop peu ici, il faut voir l’article que j’ai consacré à M. […] Barchou, dans l’article qu’il a consacré à M. […] Ce fut l’article de début de M. de Feletz ; on peut le trouver recueilli dans ses Jugements historiques et littéraires (1840).
— Par cet article sur l’Histoire de sainte Élisabeth, on voit (ce qui surprendra peut-être bien des gens) que j’ai été l’un des parrains littéraires de M. de Montalembert. […] A mon retour en France, et lorsque j’entamai ma série des Lundis, l’un des premiers articles (5 novembre 1849) fut consacré à M. de Montalembert, orateur. J’essayai, sans le flatter, de le dépeindre par les meilleurs côtés, et les plus acceptables, de sa brillante et militante éloquence : si l’on veut lion se reporter au moment et songer que c’était dans le Constitutionnel que paraissait cet article à son sujet, on y verra doublement le désir de lui ètre agréable. […] L’article lui agréa en effet, et il voulut bien me le témoigner de la manière la plus délicate en associant à son remerciement la personne qui avait le droit d’être la plus difficile et la plus exigeante à son sujet. […] « Monsieur, « Me permettrez-vous de ne point résister au désir que j’éprouve de vous dire ma très-vive jouissance et ma sincère reconnaissance du charmant article que je viens de lire avec tant de bonheur dans le Constitutionnel ?
Quelques années après pourtant, La Harpe, converti et gardant beaucoup de ses défauts, fit du moins sur cet article de sa naissance un acte d’humilité qui, de sa part, a du prix. […] Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les plaignants et les blessés appelaient cela des satires pleines de fiel, et si on le lui reprochait, comme l’honnête Dorat le fit un jour, il répondait naïvement : « Je ne puis m’en empêcher, cela est plus fort que moi. » Voilà le critique, celui à qui Voltaire n’avait pas besoin de crier Macte animo , comme il fit tant de fois, celui dont il a eu tort de dire que « son courage était égal à son génie », mais égal, et même supérieur à son goût, c’est ce qu’il eût fallu dire. […] Condorcet (car il paraît que c’est bien lui), avec cette acrimonie réfléchie qui était un de ses talents, fit insérer dans le Journal de Paris une lettre, dans laquelle l’article était dénoncé à la vindicte des frères et amis et que signa le marquis de Villevieille. […] Il justifiait ce joli mot de l’abbé de Boismont, son confrère à l’Académie : « Nous aimons tous infiniment M. de La Harpe notre confrère, mais on souffre en vérité de le voir arriver toujours l’oreille déchirée. » L’abbé Maury écrirait cette année même (9 décembre 1778), dans une lettre à Dureau de La Malle, la page suivante sur La Harpe ; elle en dit plus que toutes nos réflexions ; il est impossible de peindre d’une manière plus expressive le décri qui le poursuivait en ce moment, et l’injustice publique soulevée par de pures imprudences, mais dont il faillit demeurer victime : Il n’est pas vrai, écrit l’abbé Maury, qu’on ait ôté à La Harpe le Mercure ; il n’est plus chargé de la rédaction de ce journal, et on a réduit ses honoraires à mille écus, en bornant son travail à un article de littérature et à la partie des spectacles. […] Je dirai ici, comme je l’ai dit précédemment à propos du cardinal de Retz : ce n’est là qu’une esquisse et comme un premier article, qui en demanderait un second pour fixer bien des particularités et pour y développer mes jugements.
Il avoit, sans doute des droits à un Article, comme tant d’Ecrivains médiocres qu’on nous a fait, d’autre part, un crime d’avoir ramenés sur la scene. […] Il en étoit enfin dont les Articles fournissoient matiere à des réflexions intéressantes, à des critiques utiles, à des réfutations indispensables.