« Le naturel », disait Condillac, « n’est que l’art tourné en habitude. » Peu importe la dureté de l’apprentissage. […] Là même où domine l’idée, où la vérité plus que la beauté a été l’objet de l’écrivain, l’impression et l’interprétation personnelle sont à leur place : tout le monde ne voit pas tout ; les œuvres fortes ne se livrent qu’aux forts esprits ; et l’on se propose précisément, par l’exercice dont nous parlons, de former chez les jeunes gens une habitude d’aller au-delà du sens grossier que nul ne manque d’apercevoir, et un art de rassembler — dirai-je de mobiliser   rapidement toutes leurs facultés, pour arracher au texte le plus possible de son secret. […] Par l’explication, on s’habitue à se mettre dans une certaine attitude d’esprit, dans un certain état d’activité en face des textes ; on acquiert l’art de les interroger rapidement, de les presser, d’en voir et résoudre les difficultés, d’en saisir et d’en suivre les suggestions, de leur faire rendre tout ce qu’il nous est possible de leur arracher de leur contenu. […] Peu à peu, tous les problèmes de la langue, tous ceux de l’art littéraire, tous ceux de l’histoire des idées et de la sensibilité se posent, à propos des textes, en termes concrets devant nous ; et les données, les faits, les enchaînements s’inscrivent nettement dans notre mémoire. […] L’Art d’écrire de Condillac est tout plein de passages expliqués, où l’auteur démontre par des analyses minutieuses à quoi tient la force ou la faiblesse d’un style.

M. de Lamartine — ceci ne l’offensera pas — est lui-même un Racine ; c’est un spiritualiste de l’art ; c’est un poète platonique ; la chair, la réalité ; le fait lui répugnent. […] Au centre de ce ravissant mélange de cantiques et d’élégies rassemblés, le Lac, argenté par la lune, se dessinait dans son contour harmonieux, site unique entre tous ceux du monde poétique, chef-d’œuvre d’art et de cœur qui ne sera jamais surpassé. […] Il semblait que l’art, pour la première fois, se passât d’artifice. […] Et enfin, et surtout, ce que l’on reconnaît, c’est que d’autres poètes ont eu peut-être d’autres qualités, plus d’art et de métier, par exemple, ou plus de passion ; ils ont encore été, ceux-ci, des inventeurs plus originaux ou plus puissants, et ceux-là, des âmes plus singulières ; mais nul, assurément, n’a été plus poète, si, dans la mesure on ce mot de poésie exprime ce qu’il y a de pins élevé dans l’idéal de l’humanité, nul ne l’a réalisé plus pleinement, ou n’en a plus approché, sans effort et sans application, naturellement, naïvement, par le seul effet de son instinct ou de la loi de son être, comme un grand fleuve coule scion sa pente. […] Loin d’avoir changé de manière, Lamartine y réalise toute la perfection que son art pouvait promettre.

Péladan tient pour l’art suprême. […] D’où vient donc la misère présente de cet art jadis glorieux ? […] Louis Roche signale le silence de l’Art poétique. […] « L’art est le recours suprême de l’ordre contre l’anarchie. […] L’art aussi, bien qu’il soit le contraire de la science.

Il a écrit sur la Marine, sur diverses parties de l’Agriculture, sur plusieurs branches de Commerce, sur les Arts mécaniques, & peut être regardé, dans tous ces Ouvrages, comme un Auteur élémentaire. Les recherches profondes, les discussions savantes, les observations justes & lumineuses, l’exposition de quantité d’expériences curieuses, les instructions méthodiques, répandues dans ses Ecrits, font juger combien le Recueil en seroit préférable à l’Encyclopédie, si, pour la partie des Sciences & des Arts qu’il n’a point traités, il eût trouvé des Coopérateurs aussi zélés, aussi intelligens, aussi laborieux que lui.

Il faut comparer cet art à l’art grossier d’un Zola, pour bien apprécier dans Ragotte, par exemple, des pages pleines d’une pitié à laquelle on peut s’abandonner sans déchoir. […] Anatole France, et je n’essaierai pas non plus d’en définir l’art incomparable. […] En tout cas, ni l’art ni l’amour ne gagnent beaucoup à ces jeux compliqués. […] Lucien Corpechot a écrit un bon chapitre de la philosophie de l’art en France. […] Elle n’a pas de prolongement en nous ; elle ne réalise pas ce merveilleux équilibre de précision psychologique et d’harmonie indéfinissable qui constitue l’art suprême, l’art de Racine.

N’a-t-il pas l’art de distribuer également bien la louange et le ridicule ? […] Il exerce une profession qui lui plaît et un art dont il sait ce qu’il en faut savoir. […] N’est-ce pas cette même discipline d’une âme noble et scrupuleuse, cette même probité d’art et de pensée que l’on retrouve dans tout ce qu’il écrit ? […] De par cet enracinement, l’art de M.  […] Au lieu de prendre le pont des Saints-Pères, il faudrait passer le pont des Arts.

« Il y a dans l’art un point de perfection comme de beauté et de maturité dans la nature. […] Il a donné des règles excellentes de l’art d’écrire. […] Ce grand art de la parole improvisée est devenu, pour nos voisins, un juste sujet d’envie et d’étonnement. […] L’art avant tout, pour les hommes athéniens, et quand enfin les devoirs et les droits de l’art étaient sauvés, venait la leçon qui n’était que plus profitable pour être assaisonnée de gaieté, de bienveillance, de grâce, d’enjouement. […] D’art et de goût, de vérité et même de décence, il en est à peine question.