Au mois de septembre 1794, sur un rapport de Lakanal, où il est dit que « le Contrat social semble avoir été fait pour être prononcé en présence du genre humain, et pour lui apprendre ce qu’il a été et ce qu’il a perdu », la Convention décrétait l’apothéose de J. […] Car qu’est-ce qu’un enfant qui ne sait s’il fait mal ou bien, qui ignore l’obéissance et ne cède qu’à la force ; que son précepteur ne mène pas à l’église ; qui commande sans tempérer le commandement par aucune parole respectueuse pour ceux que leur condition lui subordonne ; qui n’apprend pas à donner, par la plus touchante de toutes les manières de donner, par l’aumône ; de qui l’on éloigne les livres pour qu’il ne perde pas une heure de plaisir, et qu’il resserre, comme dit Rousseau, son existence en lui-même ; que sera-ce qu’un tel enfant, sinon la bête de l’espèce la plus dangereuse ? […] Quand il sera touché de ce goût du vrai que le païen Cicéron regardait comme la plus noble prérogative de l’homme ; quand, averti par son instinct, il soupçonnera que la connaissance du monde où il vit est nécessaire à son bonheur, ces premiers indices qui prouvent que l’âme est adulte, même dans les plus jeunes enfants, ne hâteront pas d’une heure le moment où Rousseau se résignera enfin à lui apprendre à lire. […] Un vrai repentir lui eût appris à les voir avec tristesse et à n’en montrer aux autres que ce qui pouvait les édifier. […] Beaucoup d’esprit suffit pour nous faire connaître l’homme en général, et Rousseau a beaucoup d’esprit ; notre caractère seul nous apprend les hommes tels qu’ils sont.
Dans ses écrits, comme dans ses drames, Wagner est l’auteur du monde qu’on peut le moins apprendre à connaître par des fragments ; tout se tient à tel point cher lui, tout est si organique, et si peu artificiel dans la disposition, que des fragments ne peuvent jamais enseigner sa pensée et peuvent souvent le faire dire le contraire. […] Ils feront des choses utiles lorsqu’ils auront appris à distinguer plus nettement entre la théorie abstraite et l’intuition, et lorsqu’ils se seront résignés à croire qu’on ne peut disséquer chaque inspiration d’un génie au microtome, pour le mesurer au micromètre. […] Lamoureux apprenne enfin à pratiquer cette grande maxime wagnérienne, le Renoncement. […] Un vœu pour finir : que, cette Revue morte, qui exigea certes un travail dévoué, — notre but à tous Wagnériens soit d’apprendre à admirer bien, et à être dignes de notre admiration. […] Jullien aime les petits faits, je puis lui apprendre que lorsque parut la biographie de M.
Mardi 6 février Charles Robin se penche vers moi, et me dit : « On devrait apprendre à chacun les qualités merveilleuses de la matière, de la matière portée au summum de son utilisation. […] Et il ajoute que Judith s’est créé, qu’elle s’est faite toute seule, qu’elle a été élevée comme un petit chien qu’on laisse courir sur la table, que personne, pour ainsi dire, ne lui a appris à écrire. […] Il veut apprendre les premiers éléments de la peinture à l’huile, qu’il n’avait point encore attaquée. […] En sortant, nous tombons sur Aubryet, qui nous apprend que Saint-Victor est de l’inauguration. « Eh bien, je n’irai pas à Vendôme, me dit Flaubert, non vraiment, la sensibilité est arrivée chez moi à un état maladif tel… je suis entamé au point que l’idée d’avoir la figure d’un monsieur désagréable, en chemin de fer, devant moi… ça m’est odieux, insupportable. […] En m’en allant, la belle-fille de Théo, qui fait route avec moi, m’apprend que son beau-père a eu, la veille, une paralysie de la langue, qui a duré trois quarts d’heure.
Surprise devant ces toiles exiguës d’un qui devina plus qu’il n’apprit — sauf de Corot peut-être — en son ermitage lyonnais, disciple de la nature seule du Dauphiné plus tard, saupoudrée par la poussière supra-terrestre de sa sensibilité de Doré. […] Plutôt ayant tout vu, senti, appris, il s’en déleste par l’oubli, qui est pareillement mémoire, et de la synthèse du complexe se refait la simplicité première (Filiger, Bernard…), uniprimauté qui contient tout, comme l’un insexué engendre tous les nombres, portraiturant de chaque objet au lieu de la vie l’être, ou synonymes : le principe de synthèse (incarné particulier), l’idée ou Dieu. […] Une préface nous apprend que le présent recueil de vers a des droits à entrer dans le cercle symboliste ; et une seconde préface, que le « symbolisme fut hiératique, fut classique, est personnel. » C’est assez juste. […] Comme on apprend que les figures géométriques, leurs lignes étant extérieurement prolongées, construisent d’autres figures de propriétés semblables et de plus grandes dimensions, l’homme s’est aperçu assez tard que ses muscles pouvaient mouvoir, par pression et non plus par traction, un squelette extérieur à lui-même et préférable locomoteur parce qu’il n’a pas besoin de l’évolution des siècles pour se transformer selon la direction du plus de force utilisée. […] faut-il apprendre, par ce temps de professionnisme naturiste, les premiers éléments d’histoire naturelle et qu’en effet les pattes principales des abeilles sont de véritables petites mains en forme de cuillers aptes à recueillir la cire ?
La Raison fut la pioche dont on lui apprit à se servir pour creuser sa niche à même ce qu’on appelait sans modestie culture, civilisation. […] Tout au long de sa moelle court le frisson des certitudes négatives et le comte Hermann Keyserlingy, aussi simplement qu’un livre d’histoire naturelle apprit à notre enfance que l’homme a deux pieds, deux mains, deux bras, deux jambes, un tronc, une tête, un cou, écrit : « Jamais durant toute ma vie je ne me suis senti identique à ma personne. […] Mais s’il fallait les malheureux accidents énumérés par Paul Valéry pour qu’une civilisation, selon ses propres termes, apprît à savoir qu’elle était mortelle, une telle civilisation, qui n’a pas mis en doute la légitimité de son orgueil raisonneur tant qu’elle a joui sans péril d’un petit bien-être quotidien, semble n’avoir été redevable de ses années paisibles qu’au défaut de la plus élémentaire clairvoyance. […] Le livre de ses songes, il le lit comme ces leçons de choses où son enfance essaya d’apprendre à connaître l’économie du monde, la marche du temps, les caprices des éléments et les mystères des trois règnes. […] Il n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence.
Nous apprîmes qu’il était professeur. […] Un bachelier d’aujourd’hui ne sait ni apprendre ni réfléchir ; un normalien le sait un peu. […] C’est sous Louis XVI que les plus aimables gens du monde nous ont appris à vivre. […] Pourquoi tant apprendre, puisque nous savons que nous ne saurons jamais rien ? […] Et il poursuivit sa route, et le sage d’Égypte lui apprit tout ce qu’il savait.
Guerrier nous apprend que les annales de la médecine sont pleines de semblables guérisons. […] qu’il est cruel pour un solitaire, malade et triste, d’avoir une imagination déréglée, et de ne rien apprendre de ce qui l’intéresse ! […] C’était encore un « bon bouffon », nous apprend-il quelque part ailleurs, « pantomime et polisson ». […] » Vous lui demanderez donc en vain ce qu’il semble pourtant que la critique d’art devrait s’efforcer de nous apprendre. […] À la vérité, si Pantophile, comme l’appelait Voltaire, ne vous apprend rien de tout cela, ni ne se soucie de vous l’apprendre, il vous enseignera d’autres choses, à son avis, sans doute, infiniment plus curieuses.