Le but dernier de la connaissance est l’adaptation, et nous appelons vérité l’adaptation précise. […] Lewes admire vivement ce philosophe, qu’il appelle « le plus grand des métaphysiciens modernes. » Il lui sait gré surtout d’avoir mis à nu le néant de l’ontologie, d’avoir montré avec plus de netteté et de rigueur qu’aucun autre avant lui, que la connaissance humaine est relative ; mais sur le point qui nous occupe, sur la nature des lois ou formes de la pensée, il s’en sépare. […] Ainsi l’œil distingue une masse complexe que nous appelons fleur ; mais il ne distingue rien de ce dont la fleur est composée. […] Lewes, citant plus loin, p. 648, une expression analogue de Vogt, manifeste peu de goût pour ces phrases à effet, visant à terrifier et qu’il appelle « des coups de pistolet. » 232.
Schiller s’appelait idéaliste parce que son point de départ était une idée abstraite et qu’il chargeait cette idée de créer les personnages de ses drames ; Goethe se disait réaliste parce que son point de départ était la réalité, la nature, la vie, observées dans leurs phénomènes innombrables. […] On comprendrait à la rigueur une fiction romanesque introduite avec art dans ce cadre terrible ; nous voyons dans le récit de Polybe qu’Hamilcar avait une fille, et qu’un jeune Numide appelé Naravase ayant quitté l’armée de Spendius pour se joindre aux Carthaginois, Hamilcar fut si heureux de cette conquête qu’il lui promit sa fille en mariage. […] Gesenius, l’illustre orientaliste, me parle d’une déesse à laquelle sont dédiées plusieurs des inscriptions votives de Carthage ; elle s’appelait, dit-il, Tholath, et paraît correspondre à la Junon des Hellènes. […] Immobile, éperdu, il contemple l’apparition merveilleuse, et quand Salammbô s’éveille, quand l’horreur succède chez la mystique vierge au premier éblouissement que lui a causé le voile divin, quand elle repousse Mâtho, quand elle appelle au secours, quand les esclaves accourent armés de leurs casse-tête, Mâtho, accompagné de Spendius, s’élance de nouveau par la ville, et au milieu d’une population folle de rage, à travers les imprécations impuissantes et les flèches mal lancées, il arrive triomphant aux portes des remparts, car le voile de Tanit le protège.
* * * — Les croque-morts ont vingt sous par papillote : ainsi on appelle les cercueils d’enfants. […] Juillet Passé la barrière de l’École-Militaire, des rez-de-chaussée jouant des devantures de boutiques à rideaux blancs, et surmontés d’un étage avec un gros numéro au-dessus de la porte d’entrée. — Le gros 9. — Une grande salle, éclairée par le haut d’un jour blafard, où il y a un comptoir chargé de liqueurs, des tables de bois blanc, des chaises de paille. — Là-dedans sont attablés des lignards, des zouaves, des hommes en blouse avec des chapeaux gris, tous des filles assises sur leurs genoux. — Les filles sont en chemises blanches ou en chemises de couleur avec une jupe sombre : toutes jeunes, quelques-unes presque jolies, et les mains soignées, et coquettement coiffées et attifées, dans leurs cheveux relevés, de petits agréments. — Elles se promènent deux par deux dans l’allée entre les tables, jouant à se pousser et fumant des cigarettes ; — De temps en temps, un chanteur récite quelque ordure d’une voix de basse-taille. — Les garçons ont de longues moustaches. — Le maître de l’établissement est appelé par les filles : le vieux marquis. […] Et les choses prenant un rôle plus grand que les êtres, — et l’amour, l’amour déjà un peu amoindri dans l’Œuvre de Balzac par l’argent, — l’amour cédant sa place à d’autres sources d’intérêt ; enfin le roman de l’avenir appelé à faire plus l’histoire des choses qui se passent dans la cervelle de l’humanité que des choses qui se passent dans son cœur. […] Il nous confie le titre d’une série qui s’appellera : « le Mérite des hommes ».
Pour savoir, non plus ce qui est, mais ce qui est désirable, c’est aux suggestions de l’inconscient qu’il faut recourir, de quelque nom qu’on l’appelle, sentiment, instinct, poussée vitale, etc. […] Si elle ne peut nous guider dans la détermination des fins supérieures, elle n’est pas moins impuissante quand il s’agit de ces fins secondaires et subordonnées que l’on appelle des moyens. […] Dirons-nous que la santé, consistant dans un heureux développement des forces vitales, se reconnaît à la parfaite adaptation de l’organisme avec son milieu, et appellerons-nous, au contraire, maladie tout ce qui trouble cette adaptation ? […] Nous appellerons normaux les faits qui présentent les formes les plus générales et nous donnerons aux autres le nom de morbides ou de pathologiques.
Nous avons bien cette affirmation : « J’ai appelé naturalisme le large mouvement analytique et expérimental qui est parti du xviiie siècle et qui s’élargit si magnifiquement dans le nôtre »6. […] Il appelle « déterminisme » la cause qui détermine l’apparition des phénomènes. […] Il est impossible actuellement de ne pas posséder une notion singulièrement plus large du déterminisme vital et cosmique, conception qui est appelée à devenir la synthèse supérieure des deux termes anciens, si longtemps opposés l’un à l’autre : déterminisme, liberté. […] Mais je crois que leur voix ne sera vraiment prophétique que si, dépassant le cercle étroit du matérialisme et du document, ils en appellent à cette large vérité toujours trahie, à ce panthéisme ardemment pressenti, au sein desquels doivent grandir l’art et la pensée.
Il est donc probable que, d’après le nom que cet auteur avait adopté, on a appliqué la dénomination de sottie aux pièces de théâtre que le ton satirique distinguait des autres, comme on appelle, dans la conversation ordinaire, des pasquinades les plaisanteries épigrammatiques et mordantes, semblables à celles qu’on affiche à Rome sur la statue de Pasquin.
Monsieur, en vous associant à la recherche et à la publication des monuments inédits relatifs à l’Histoire de France, j’ai appelé d’abord votre attention sur ce qui concerne l’histoire politique et civile ; mais les monuments qui se rapportent aux divers développements de l’intelligence humaine dans notre patrie, sont nombreux aussi et dignes de notre intérêt ; c’est vers les monuments de ce genre, vers les travaux et les manuscrits relatifs aux sciences, à la philosophie, à la littérature et aux arts, que je viens aujourd’hui diriger particulièrement votre zèle. […] Littérature En ce qui concerne la littérature, monsieur, j’appellerai d’abord particulièrement votre attention sur ce qui pourrait éclairer les origines de notre langue, et la culture qui s’est développée dans les divers genres de composition, à partir du xie siècle jusqu’au xvie , durant cette période qui comprend la naissance, le premier emploi et le premier éclat de notre langue vulgaire, jusqu’à l’époque tout à fait moderne.