Et le mathématicien qui connaîtrait la position des molécules ou atomes d’un organisme humain à un moment donné, ainsi que la position et le mouvement de tous les atomes de l’univers capables de l’influencer, calculerait avec une précision infaillible les actions passées, présentes et futures de la personne à qui cet organisme appartient, comme on prédit un phénomène astronomique 28. […] Bref, pour prévoir l’état d’un système déterminé à un moment déterminé, il faut de toute nécessité que quelque chose s’y conserve en quantité constante à travers une série de combinaisons ; mais il appartient à l’expérience de prononcer sur la nature de cette chose, et surtout de nous faire savoir si on la retrouve dans tous les systèmes possibles, si tous les systèmes possibles, en d’autres termes, se prêtent à nos calculs. […] D’autres la sentiront différemment. — C’est toujours la même odeur, direz-vous, mais associée à des idées différentes. — Je veux bien que vous vous exprimiez ainsi ; mais n’oubliez pas que vous avez d’abord éliminé, des impressions diverses que la rose fait sur chacun de nous, ce qu’elles ont de personnel ; vous n’en avez conservé que l’aspect objectif, ce qui, dans l’odeur de rose, appartient au domaine commun et, pour tout dire, à l’espace.
Il appartient au temps où la statuaire n’exprimait que des types surhumains et des pensées éternelles. […] A partir de ce moment, la reine lui appartenait corps et âme. […] Comme Oreste aux Furies, il appartint dès lors aux Démons. […] Chacun de ses membres appartient à un dignitaire investi sur lui d’un droit exclusif. Sa jambe droite appartient à un courtisan et sa jambe gauche à un autre.
Le bateau dans lequel Stephen passe les pratiques de son ami le pêcheur, appartient à l’auteur de Geneviève, et si vous aviez vécu avec lui, vous reconnaîtriez bien vite les portraits cachés sous le masque du roman. […] Ém. de Girardin, il nous raconta une anecdote sur son père, pour montrer à quelle forte race il appartenait. […] Nous en eût-il dit davantage, nous n’abuserions certes pas de ses confidences ; le génie d’un grand écrivain appartient à tout le monde, mais son cœur est à lui. […] Désormais le théâtre appartient aux habiletés secondaires, aux photographies du réalisme, aux sophismes des systèmes ; la poésie en est chassée, à moins que l’avenir ne tienne en réserve quelque Shakespeare inconnu, ce que nous souhaitons de tout notre cœur. […] Les types de Gavarni lui appartiennent plus en propre, mais il n’a pas cette souplesse de Johannot à traduire la pensée des autres.
Les Trachiniennes z, ou Hercule mourant, appartiennent encore au système de son prédécesseur, par le choix d’un héros divin : mais les acteurs qui figurent autour de lui, tenant plus à l’humanité, signalent déjà la correction et le goût de leur auteur. […] La distinction en est aisée : tous ceux dont la fable merveilleuse comprend les actions, les mœurs, et la présence des immortels, sont hors de la tragédie moderne : tous ceux qui comportent les faits et les passions des hommes lui appartiennent aussi bien que les portraits des héros de l’histoire. […] Ayant aidé lui-même à briser le colosse de la puissance des Perses, témoin et coopérateur des triomphes d’une libre peuplade sur un vaste empire d’esclaves envieux de l’anéantir, il apprit de bonne heure que la guerre n’est juste que pour se défendre, que cette seule nécessité rend ses attaques légitimes, que la victoire appartient au courage, et que le nombre cède facilement à la constance et à l’habileté. […] Son temps devait n’appartenir qu’à l’honorable ministère qu’il s’était créé de défendre mémorablement la cause, toujours en débat, de la justice, de la libre raison, et de l’humanité ; car Voltaire fut ardemment humain et indépendant : ces deux passions éclatèrent à sa gloire dans les rôles admirables de Zopire, des deux Brutus, et d’Alvarès. […] Si le fait est peu connu, sa disposition appartient à la volonté de l’auteur, qui n’a plus à craindre le péril de heurter les opinions adoptées, puisqu’on ne s’en est fait presque aucune, et qu’on ne reçoit que de lui tout ce qu’il présente sur la scène.
Cinna nous appartient : c’est un genre de tragédie qu’on peut appeler national, et dont les Grecs n’offrent aucun modèle ; c’est la véritable tragédie française dans toute sa force et toute sa majesté. […] A quel genre appartient cet ouvrage ? […] César est plus galant qu’il n’appartient à un Romain ; Corneille le fait parler comme les héros de la Fronde parlaient de son temps. […] De ces deux personnages, l’un appartient à l’histoire : César était réellement ce qu’il paraît dans la tragédie ; l’autre appartient à Corneille. […] Il ne faut pas tant mépriser le sentiment de l’admiration ; il n’appartient qu’aux vrais héros de l’exciter, tandis que le premier malheureux peut produire la pitié, et le dernier des scélérats la terreur.
Loin d’admettre donc que les méditations nuageuses soient de nos jours, nous prétendons qu’elles leur appartiennent moins qu’à tout autre temps et non seulement nous avouons n’avoir jamais rencontré d’homme semblable à Octave, mais nous soutenons qu’il n’y en a point et l’auteur des Confessions d’un Enfant du Siècle a presque reconnu cette vérité, aussi bien que tous les écrivains de son école ; car l’objet principal de leur satire, c’est l’activité du monde au milieu duquel leurs créations se montrent dépaysées et, à franchement parler, impossibles. […] Non, on pourrait croire qu’une fois monté sur son hippogriffe, il n’a plus douté de sa valeur, et nous regrettons d’autant plus vivement cet aveuglement singulier, que le poète dont il s’agit ici n’appartient pas à la famille des écrivains enthousiastes de leur propre talent, auxquels l’adoration personnelle tient les yeux clos ; M. […] Ce sont là des costumes grecs, mais sur des corps vivants ; quant à cette inerte enluminure de Fortunio, elle n’appartient guère aux plus nobles travaux de l’esprit que les prospectus de M. […] Heine seul appartient de nous satisfaire, en octroyant le plus tôt possible une édition française du Conte d’hiver, digne de servir de pendant à son Allemagne et à ses Récits de voyages.
À côté de lui, ce petit homme qui appartient aux critiques complaisants autant qu’aux poètes novateurs, c’est M. de Sainte-Beuve ; il subit M. […] Ils se sont fait de ce foyer leur salon, où ils se retrouvent ; ils ont leurs entrées à l’Opéra parce qu’ils appartiennent au haut journalisme, ou bien parce qu’ils ont une influence marquée sur la haute société qui fait la fortune de ce théâtre. […] Il appartient par ses opinions au parti républicain, quoiqu’en général les écrivains ne se mêlent que fort peu à la politique. […] Mme Valmore, qu’un voyage à Paris m’a rendu assez heureux pour y rencontrer, appartenait anciennement au théâtre ; mais, ce qui est surprenant, à mon avis, c’est qu’elle y était fort médiocre. […] M. de Latouche appartenait anciennement à la rédaction de ce Figaro-Bohain qui possédait parmi ses collaborateurs les écrivains les plus spirituels de France : M. de Latouche est de ceux-là.