La situation apparut dans toute son extravagance, et les trois amis furent brutalement tirés de leur rêve par les rires des badauds. […] Telle apparaît la Confession d’un enfant du siècle, à présent que tous les voiles sont levés.
Il semble que Thalie ait à fouiller dans un mouvant chaos, où s’enfantent des êtres informes, variant sans cesse leurs couleurs et leurs attitudes : les uns se dégageant de la fange originelle, à demi manants encore, s’éveillent barons et ministres ; les autres, secouant la soutane, lui apparaissent en commissaires de censure et de police : elle croit saisir un moine ; elle attrape un brigadier ; elle envisage un légiste imberbe qui lui échappe en aide-de-camp ; un commis qui se dérobe en ambassadeur ; un académicien lui avorte sous la main en folliculaire ; un grave magistrat en intendant des menus-plaisirs ; elle ne sait plus à qui se prendre, tant les apparences sont fugitives. […] L’allusion continue, et devient d’instant en instant plus frappante, quand la déesse des combats apparaît tenant un mortier, et demandant au Tumulte personnifié des pilons qui désignent allégoriquement Brasidas, Cléon, et Alcibiade, que leur ambition rendit les fléaux de Sparte et d’Athènes. […] Si tous les membres de la société conformaient leurs mœurs leur langage, leur maintien, les uns aux autres, tellement qu’ils fussent tous pareils, s’ils adoptaient également les mêmes coutumes, il n’y aurait plus de ridicule sensible entre eux : ce qu’ils pourraient avoir d’étrange n’apparaîtrait qu’aux yeux d’une nation voisine, que ses lois et ses mœurs auraient diversement modifiée. […] La société fournissant au ridicule un fonds inépuisable, c’est en elle qu’il faut l’envisager perpétuellement : les hommes qui la composent ne sont semblables qu’au premier abord ; leurs différences apparaissent aussitôt qu’on les examine, et l’on en découvre en eux d’autant plus qu’on les étudie d’un œil plus fin et plus exercé. […] Si le but moral de celle-ci n’apparaît pas au premier regard, néanmoins on le saisit en le cherchant bien.
Les hommes doués du génie le plus puissant, ces astres rares tels que Dante ou Raphaël, par exemple, n’apparaissent même jamais sans être précédés et accompagnés de précurseurs et de satellites lumineux. […] Le nom de David apparaît déjà à l’occasion de la séance de l’Assemblée législative du 14 janvier 1791.
C’est un fait incontestable que, dans l’infinie variété des objets extérieurs et des actes humains, il en est qui ne nous apparaissent pas seulement comme utiles ou nuisibles, comme justes ou injustes, mais comme beaux ou laids. […] Tout comme les forces bienfaisantes de la nature ne nous apparaissent d’abord que mêlées à des phénomènes effrayants ou désastreux qui les cachent à nos regards, et comme la justice et la vertu ne sont que des éclairs fugitifs dans le chaos de la société primitive ; de même, dans le monde des formes, la beauté ne se laisse apercevoir que d’une manière qui, en nous la montrant, la voile et quelquefois la défigure. […] Aussitôt qu’un phénomène nous apparaît, nous sommes faits de telle sorte que nous ne pouvons pas ne pas supposer une cause qui le fasse paraître, et à laquelle nous le rapportons34. […] La raison en nous n’est donc pas purement individuelle, puisqu’elle nous apparaît comme la loi de tous les individus.
Né, élevé, grandi isolément dans une atmosphère supérieure au dix-huitième siècle, même à celle de Voltaire ; dédaigneux et dédaigné par tous nos philosophes, excepté Jean-Jacques Rousseau ; n’ayant de maître que la nature ; méprisant nos controverses religieuses ou philosophiques, et qui était apparu tout à coup, comme une comète excentrique, Paul et Virginie à la main, homme bien supérieur à Chateaubriand, capable d’écrire mieux que le Génie du christianisme, le Génie du cœur humain.
Avant de les faire apparaître à la lumière, il avait pensé aux moyens de les faire vivre. […] La foi, le caractère de celui que nous pleurons apparaissent avec une si vive clarté dans ces quelques vers, dans cet extrait de ses dernières volontés, que je ne me crois pas permis de ne pas les faire connaître à ceux qui, en lui, aimaient l’ami ou vénéraient le maître.
En faisant la part de ce qui pourrait être concessions et en y cherchant les seules convictions, celles-ci apparaissent assez à nu : on y saisit au vif ce que Daunou est bien radicalement, à savoir, le disciple de Sieyès et de Condorcet, le secta- séctateur et l’organe des méthodes dernières qu’avait produites le xviiie siècle, et dont ce siècle, soi-disant sans foi, était finalement idolâtre, pour ne pas dire esclave.