Les chapitres principaux de ce livre, qui n’est qu’une première partie, roulent sur les problèmes naturels, c’est-à-dire sur les questions inévitables et troublantes que se posent à eux-mêmes les hommes, à la différence des autres animaux ; questions instinctives, opiniâtres, toujours renaissantes, qu’on ne saurait éluder ni supprimer : la négation n’en est pas possible, quoique l’école positiviste, du moins une certaine branche de cette école, la proclame et l’établisse au point de départ et qu’elle interdise à l’esprit de vaquer inutilement de ce côté. […] Pourquoi et comment l’animal terrestre, l’habitant des airs, la faune première ? […] Un pauvre animal écorché atteste une curiosité physiologique qu’on a satisfaite ; des taches de sang souillent encore le plancher.

Et que sont ces pauvres petits plaisirs intellectuels auprès des grandes joies animales de la vie physique ! […] Il jouit de la variété inépuisable des aspects de la terre, et plus encore peut-être de tout l’imprévu de l’animal humain. […] Et c’est aussi l’amour noir et, certains jours, les danses hurlantes des corps d’ébène déchaînés par la Vénus animale.

Il nous montre l’homme, le seul de tous les animaux, jeté nu sur la terre nue, signalant son entrée dans le monde par des pleurs, ignorant le rire avant le quarantième jour ; et il s’attache, en toute rencontre, à nous faire voir, par une sorte de privilège fatal, ce maître de la terre malheureux, débile, toujours en échec, et, jusque dans l’éclair du plaisir, toujours prêt à se repentir de la vie. […] Pline passe de là à l’examen des autres animaux, et on pense bien que je ne m’y embarquerai point avec lui. […] Quand, des animaux, il en vient aux productions de la terre, aux arbres et autres végétaux, Pline expose les usages qu’en ont tirés les arts et l’industrie aux diverses époques.

Or, le même argument démontre que les animaux qui naissent ont déjà vécu. […] Pourquoi tel animal a-t-il la force, la vigilance, l’agilité, l’intelligence, lorsque son voisin est faible, lourd, paresseux et idiot ? […] La vie animale surabondait en lui. […] C’est un seul animal dont les événements sont les fonctions et dont les êtres sont les membres. […] Au-dessus des Prêtas sont les animaux.

On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine. […] Plusieurs ont défini l’homme « un animal qui sait rire ». Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire, car si quelque autre animal y parvient, ou quelque objet inanimé, c’est par une ressemblance avec l’homme, par la marque que l’homme y imprime ou par l’usage que l’homme en fait. […] Ne trouvez-vous pas quelque chose du même genre dans ce couplet de Figaro (quoiqu’on cherche peut-être ici à suggérer l’image d’un animal plutôt que celle d’une chose) : « Quel homme est-ce ?

L’animal est greffé sur un végétal qui lui préexiste, l’homme est greffé sur un animal né avant lui. […] Ceci ne s’applique guère qu’aux animaux. […] Aucun animal n’est méchant. Aucun animal ne fait souffrir pour faire souffrir. […] Aucun animal n’est méchant.

— Une autre question est celle des animaux. La Tétralogie regorge d’animaux en chair ou en carton : et c’est un effroyable danger. […] Certains animaux ont, dans la Tétralogie, un rôle profond, psychologique, indispensable : Fafner, qui est sublime, Alberich, qui est voulu comique, l’oiseau de la forêt, les corbeaux. […] Wagner a toujours aimé profondément les animaux et détesté la chasse.