On l’a vu dans Shéhérazade, pareil à un petit animal voluptueux, roulant des gestes ronds et gras, un sourire de sensualité ingénue lui découvrant les dents jusqu’aux gencives, ne pouvant croire à son bonheur… On l’a vu dans les Orientales ; et tout le mystère divin du Cambodge et de l’Inde, ondulait singulièrement en lui.
Et cela depuis si longtemps que nous avions perdu jusqu’au souvenir de la terre ferme, ayant tant changé nous-mêmes… Notre promiscuité continuelle avec les poissons nous avait nous-mêmes changés en des sortes de mollusques, en d’étranges animaux marins, rampant dans leur barque et conversant dans une langue à eux. » Il y avait à bord une femme, une seule femme, la femme du patron.
La vie du travailleur, avec la variété des formes du travail et du danger qui les accompagne, les migrations de ce travailleur, ses rapports avec ses patrons, ses surveillants et ses compagnons, avec les hommes d’autres religions et d’autres nationalités, ses luttes avec la nature et le monde animal, ses occupations dans la forêt, dans le steppe, dans les champs, dans les jardins, ses relations avec sa femme et ses enfants, ses plaisirs et ses peines, tout cela, pour nous qui ignorons ces diverses émotions et qui n’avons plus aucune conception religieuse (?)
» Ou encore cet autre exemple pris dans un Sermonnaire : « Mes très chers frères, je voudrais, en traitant ce magnifique sujet, chanter un hymne à la gloire du Créateur, vous faire bien comprendre comme est belle et grande cette royauté qu’il nous a donnée sur tout ce qui nous entoure… Ne parlons plus du corps humain, de ce port noble et majestueux donné à l’homme, de cette tête élevée, de ces yeux appelés à contempler le ciel… Non, je ne veux plus revenir sur ces bras, sur ces mains, instruments de tout progrès, donnant au corps de l’homme une supériorité incomparable sur celui des autres animaux.
Notice Albert Thibaudet ne se dissimulait pas, mais s’exagérait plutôt, les difficultés et la part d’arbitraire, que comporte un classement par générations : d’où vient, sans doute, qu’il n’a pas écrit moins de trois à quatre fois certains chapitres de cette Histoire ; tantôt faisant varier la durée des générations de base, tantôt essayant, d’une génération à l’autre, de nouveaux recoupements ; et dans tous les cas, laissant mêlés dans ses papiers et confondus page à page les divers états d’un même chapitre. La Génération de 1914 a seule échappé à ces remaniements. Elle est aussi la partie la plus brève de l’ouvrage. « Je me sens gêné, nous disait Thibaudet, devant la période actuelle. C’est de la littérature non triée, la perspective change du tout au tout. Je vais me borner à un simple schéma. » Il a fallu démêler le reste.
Fata canit, foliisque notas et nomina mandat ; ………… Illa manent immota locis……… Virgil., Æn., lib. iii. Avertissement sur cette seconde édition Les feuilletons de Geoffroy avaient obtenu un succès si prodigieux, et avaient même exercé une telle influence sur la littérature, qu’il eût été dommage de les laisser tomber dans l’oubli : c’eût été une véritable perte ; car ils contiennent ce qu’il y a de mieux pensé sur notre théâtre, et présentent en même temps un livre aussi agréable qu’instructif. Quelques personnes, qui, dans le temps, les avaient lus avec la légèreté que l’on met à parcourir un journal, ont pu croire qu’ils n’avaient que cet intérêt du moment que l’on trouve ordinairement dans les feuilles périodiques ; elles se sont trompées : Geoffroy, devenu journaliste, écrivait chaque jour et semblait écrire à la hâte ; mais ses études étaient faites d’avance, et il disait avec facilité, et dans l’instant commandé, ce qu’il savait depuis longtemps et ce qui avait fait l’objet principal de ses méditations littéraires.
les étranges animaux à conduire que des comédiens !