Le présent de l’animal est un présent inquiet, qui ne se suffit pas, qui aspire à la suite. […] S’il est vrai que l’acte réflexe, défini comme un phénomène de pure mécanique, soit vraiment l’origine de toutes les fonctions nerveuses et mentales, montrez-nous donc ce type manifesté de plus en plus clairement à mesure qu’on descend dans l’échelle animale. […] L’étude des animaux les plus inférieurs la confirme encore : ces animaux, en effet, manifestent tous de vrais appétits, fort simples d’ailleurs ; faim, soif, besoin de reproduction, etc., avec des mouvements appropriés ; les réflexes purement mécaniques, au contraire, que l’on prétend primitifs, sont presque absents chez les animaux primitifs. […] Cela est si vrai que chaque cellule agit comme un animal élémentaire, faisant partie d’une société ou colonie de cellules. Chez les animaux supérieurs, la division et la spécialité croissantes des fonctions vitales, sous la croissante suprématie du cerveau, donnent aux réflexes de la moelle et des centres inférieurs l’apparence superficielle de mouvements tout mécaniques.
Chapitre III Le cerveau chez l’homme Si maintenant, au lieu de suivre la série animale en général, nous nous renfermons dans l’espèce humaine, nous trouverons encore, comme tout à l’heure, un certain nombre de faits qui accusent une corrélation incontestable entre le cerveau et la pensée, mais aussi beaucoup de faits contradictoires et embarrassants. […] On trouve en effet que l’animal qui a le plus d’intelligence, à savoir le singe, est précisément celui qui se rapproche le plus de l’homme par la forme du cerveau. […] C’est en comparant le singe aux races inférieures de l’humanité, en montrant que l’intelligence va en se dégradant toujours dans les diverses races humaines, et qu’aux plus bas degrés elle est à peine supérieure à celle du singe ou de quelque autre animal. Je ne voudrais pas être obligé d’aborder incidemment une question des plus difficiles et des plus complexes, celle des différences de l’homme et de l’animal. […] On objectera que nous commençons à nous indigner, même des mauvais traitements infligés aux animaux : exemple, la loi Grammont ; oui, sans doute, nous nous indignons des cruautés, mais non de l’esclavage, ce qui est bien différent.
La Fontaine fait mieux parler les animaux qu’il ne parle lui-même. […] Dans la fable des animaux, dans celle de l’alouette et de ses petits, dans celle du rat retiré du monde, ce n’est pas une ombre douteuse et confuse que le lecteur entrevoit, c’est la chose même. […] Quel besoin a-t-il de faire fortune, lui et ces deux animaux ? […] Mais alors, pourquoi prendre le renard, le plus fin des animaux ? […] C’est qu’il fallait de l’esprit pour faire la réponse que fait l’animal mangé des mouches ; et sous ce rapport, le renard a paru mieux convenir.
Buffon, quand il décrit les animaux en termes d’une noblesse impeccable, est tenté de sacrifier un détail d’apparence grossière à l’élégance d’une phrase académique. […] La botanique et la zoologie apprennent à classer les plantes et les animaux dans un ordre indiqué par leur structure même, et voilà des parentés inattendues qui se révèlent, une échelle des êtres qui s’ébauche, une série régulière de formes qui va de l’infiniment petit jusqu’à l’homme. […] Pour redescendre sur la terre, les êtres que nous y rencontrons, animaux, plantes, rochers même, ne sont pas non plus pour nous ce qu’ils étaient pour nos ancêtres. […] Molière, par exemple, se moque des précieuses qui font profession de mépriser en l’humanité la partie animale Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale. […] Chacun sait comment Cuvier, au moyen de quelques ossements fossiles, a pu reconstruire le corps entier d’un animal dont l’espèce a disparu.
Dans le règne végétal ou chez des animaux inférieurs ou vivant à l’état sauvage, ordre, traduction, exécution sont simultanés, l’instinct se manifeste libre de toute contrainte. Chez les animaux domestiqués et chez l’Homme empêtré dans des notions, cette simultanéité ne se produit jamais à ce que j’appellerais l’état de veille. […] Désormais, nous ne pûmes plus entendre les lamentations lugubres de l’EccIésiaste qui mettait en doute la supériorité de l’homme sur l’animal, ni l’exclamation d’horreur du rapsode grec, nous représentant l’homme comme le plus lamentable des animaux. […] Les animaux et leurs Hommes. […] L’édition originale des Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux, parue au Sans pareil en 1920, comporte cinq dessins d’André Lhote.
Il y en a autant qu’il y a d’individus vivants dans toutes les espèces animales. […] Elle sert aux personnes simples à différencier du premier coup l’homme des animaux : les animaux ont l’instinct ; l’homme a l’intelligence. […] Aux animaux puissants, elle a donné des griffes et des cornes ; aux animaux plus faibles, la légèreté des pieds. […] Ni les puissants lions, ni les agiles félins ne sont des animaux actifs. […] Il l’eût été pour un animal pesant ; pour la fourmi il n’existait pas.
La peste est venue, il faut qu’un animal se dévoue. […] Il réclame contre cet abus en théoricien spiritualiste : la grosseur et l’étalage ne font pas le mérite ; l’animal raisonnable ne vaut point « par la place qu’il occupe », mais par l’esprit qu’il a. Il est clair que ce philosophe de grenier est un disciple anticipé de Jean-Jacques, et médite un traité sur les droits du rat et l’égalité animale. […] Leur vie animale les réduit le plus souvent aux instincts de l’animal. […] Le roi des animaux se mit un jour en tête De giboyer ; il célébrait sa fête.