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37. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Il lui parlait machine à dessaler l’eau pour les besoins de la colonie, et cela ne la dessala pas, cela ne la dégrisa pas de son amour ! […] Mais je sais combien les hommes bons, et même les meilleurs dans l’habitude ordinaire de la vie, en amour peuvent être atroces. […] Mais ce fut peut-être par amour. […] Madame de Sabran vit tellement dans son amour qu’elle ne voit rien que son pauvre cœur, dans lequel toujours elle regarde. […] C’est un temps trop athée à l’amour pour admirer cette dévote à l’amour d’un homme, et d’un homme qui ne méritait certes !

38. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

La conception de l’amour. […] L’amour est le désir du bien, donc, réglé sur la connaissance du bien. Une idée de la raison, donc, va gouverner l’amour. […] Si l’estime en effet détermine l’amour, il faut agir, non pour l’amour, mais pour l’honneur, pour le devoir, dont la perte ou dont la violation ne laisserait pas subsister l’estime. Et ainsi on ne mérite l’amour qu’en ne faisant rien pour lui.

39. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Carle Vanloo » pp. 183-186

On voit dans l’un Les Grâces enchaînées par l’Amour ; dans l’autre L’Aîné des Amours qui fait faire l’exercice ses cadets. […] quel Amour ! […] La posture de l’Amour est désagréable. […] Cependant cet Amour qui commande à ses cadets, est peint à merveille. […] Ajoutez à cela, si vous voulez, que cet Amour placé sur le devant et qui se chausse, est isolé et mal dessiné.

40. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Je tressaillis, elle tressaillit ; j’avançai la tête de nouveau, et la douce apparition revint aussi vite, avec des regards de sympathie et d’amour. […] Avec des regards pleins d’amour, et dans un tendre abandon, elle se penche, embrassant à demi notre premier père. […] « Dans tous les autres poèmes, dit Voltaire, l’amour est regardé comme une faiblesse ; dans Milton seul il est une vertu. […] Il ne s’élève pas au-dessus de la nature humaine, mais au-dessus de la nature humaine corrompue ; et comme il n’y a pas d’exemple d’un pareil amour, il n’y en a point d’une pareille poésie16. » Si l’on compare les amours d’Ulysse et de Pénélope à celles d’Adam et d’Ève, on trouve que la simplicité d’Homère est plus ingénue, celle de Milton plus magnifique. […] Au reste, les amours de Pénélope et d’Ulysse sont pures et sévères, comme doivent l’être celles de deux époux.

41. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

— Et si hardis même, que la Critique, obligée d’être plus pudique que la femme qui s’est faite, sans peur et sans honte, l’historienne de tous les amours de sa vie, ne sait comment s’y prendre pour décemment y toucher. […] Mais bas-bleu de bonne heure, élevée sans mère dont elle ne parle pas et par un père qui pour tuer en elle le sentiment religieux et la prédisposer à la philosophie, lui faisait lire la correspondance de Voltaire et du Roi de Prusse, cette Prudence, sans prudence, ne fit, en vivant, que foncer son indigo davantage ; et ses amours, même les plus jeunes, et qui auraient dû être si roses, ne furent que de vaniteux amours de bas-bleu. […] Et quoique les amours qui suivirent celui-là et se succédèrent les uns aux autres avec une précision et une rapidité presque militaires, fussent des amours plus passionnés, il ne faut jamais perdre de vue qu’ils étaient toujours plus ou moins des amours de bas-bleu, dans lesquels le galimatias philosophique et littéraire se mêlait sans cesse au galimatias involontaire de la passion. […] Il est impossible de le présenter mieux au public comme une chose à soi, de mieux raconter cette liaison tout entière avec un homme qui tombe du haut de sa fierté et de son génie dans le plus bête de tous les amours ! […] Mais une femme de l’ancienne société française qui se vante après l’amour, comme les lâches après la guerre !

42. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Mais le caractère de cet amour funeste était une immense platitude et une infatigable mendicité. Il quêtait bassement à la porte de cette jupe une miette de quelque chose, amour, amitié, pitié, n’importe quoi ! Et, dans la rage de l’amour exaspéré auquel cette Image accomplie de femme ne donnait rien, le mendiant ne devint pas voleur, quand l’honneur d’un pareil amour et d’un pareil désespoir était peut-être de le devenir ! […] Les femmes valent-elles par l’âme, de la part d’une autre âme, cet effacement, cet anéantissement dans l’amour ? […] Mais, dans l’amoureux qui sait parler l’amour, il y a de plus le penseur qui sait analyser le sien.

43. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

L’Amour enferme ce cœur sous clef. […] Qui peut réussir en amour sans le secours de Bel-Accueil ? […] demande le dieu d’Amour. […] L’empire de l’Amour est au complet : Amour et Vénus en sont les souverains. […] C’est avec eux que l’Amour a subjugué le monde.

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