Jusqu’ici on n’a fait que trois choses : on l’a aimé, on l’a vanté, et on l’a plaint. […] Homme d’imagination plus savante que dévorante, il aimait les choses d’art, les belles étoffes, les armes, les camées, les urnes antiques, tout le bric-à-brac des civilisations lointaines et disparues, qui donnaient à son imagination l’élan fécond qu’elle n’avait pas naturellement. […] Ils l’ont aimé comme on aime un parent qui vous ressemble… Son originalité est de n’en avoir aucune… par lui-même, mais de réfléchir celle des autres avec des irisations, une mesure et une harmonie qui sont, à lui, son genre d’originalité. […] Gérard de Nerval, comme Edgar Poe, aimait les livres singuliers, bizarres, biscornus même à force de bizarrerie, les livres qui troublent l’entendement plus qu’ils ne l’éclairent, et qu’une raison forte laissera toujours à ses pieds.
Nulle protestation ne fut mieux placée que celle-ci contre l’Industrialisme grossier dont les livres et ceux qui les aiment sont victimes. […] Aujourd’hui, à travers l’indécent oripeau dont il a souillé sa nudité chaste, à travers les pirouettes du clown qui joue Ariel, — mais qui pouvait l’être et qui ne l’est plus, — il y a encore un faible reste de la lueur égarée qu’aimait Goethe sur le front morbide de Mignon. […] nous aimions mieux les vieux concetti ! […] Faut-il pleurer ou faut-il rire de voir un homme, qui était poète et qui l’a prouvé, se ravaler à de tels exercices de bateleur dans le maniement de cette langue poétique, qu’il aurait honorée, s’il l’avait aimée chastement, car les mots sont bien faits. […] III Assurément, s’il n’y avait en tout cela qu’un poète de moins, nous qui aimons les poètes, nous en porterions le deuil et tout serait dit ; nous n’en parlerions plus !
Que le Corneille des jeunes années eût aimé Marie Courant, comme Byron aima Marie Chaworth, et ne fût pas plus heureux que Byron, car Marie Courant épousa un je ne sais qui, comme Marie Chaworth, c’est un malheur que la jeunesse — cette belle Hercule de la jeunesse, qui porterait le ciel sur ses épaules, s’il y tombait ! — peut facilement supporter ; mais aimer quand la vieillesse est venue, quand le cœur, selon la loi vulgaire applicable aux créatures humaines, devrait être froidi et se sent jeune encore, par le fait de la loi d’exception qui s’applique aux créatures supérieures, c’est, à coup sûr, le malheur suprême, et Corneille, le sévère, le majestueux, le Romain Corneille, l’a connu ! […] dans ses amours.) — Corneille, le bonhomme de grand homme, qui avait aimé cette Marie Millet dont il avait fait sa Mélite, qui avait aimé Marie Courant et probablement mademoiselle de Lamperière, — qu’il épousa comme Byron épousa miss Milbanck, tous deux, ces téméraires poètes, donnant, comme dit Bacon, cet otage à la fortune, que la fortune, cette affreuse Communarde, égorge presque toujours !
Un homme que Feuillet connaît extrêmement et même qu’il connaît trop, car à le trop connaître et à trop l’aimer, cet enchanteur, on perd de sa propre originalité comme Feuillet a perdu de la sienne, La Fontaine, est souvent un traducteur de l’Antiquité ou de l’Italie, un repétrisseur de fables connues et de contes vulgaires. […] Pour notre compte, nous aimerions mieux, il est vrai, une origine moins connue et moins authentiquée. […] Grimm les philologues, à travers les recueils de qui ces contes ont passé, nous eussions beaucoup mieux aimé, par exemple, quelque servante, comme cette servante de Perrault dont Feuillet nous a parlé dans son livre actuel, en supposant qu’elle ait existé, en supposant que, pour s’excuser d’avoir fait des contes d’enfants, cette petite chose, dans un siècle qui n’aimait que le grand et qui l’aimait jusqu’à l’hypocrisie, cette servante en faveur de qui Perrault, bêtement honteux, a donné la démission de son génie, n’ait été de sa part qu’une invention de plus.
je ne saurais l’aimer ! […] J’aime à boire : est-ce que le bon vin n’est pas bon ? […] Telles que Shakspeare les a faites, elles ne peuvent qu’aimer, et elles doivent aimer jusqu’à mourir. […] Eux aussi, ils aiment. […] que je t’aime !
Je crois même qu’une femme qui aime son mari est encore plus heureuse qu’un mari qui aime sa femme. Il est bien plus doux d’obéir que de commander à ce qu’on aime. […] Non, je ne demande plus que cette femme m’aime. […] « Vous croyez être donc aimé d’elle ? […] Goethe aimait ses personnages, mais il les aimait en artiste, d’une affection toute paternelle, comme le sculpteur chérit sa statue.
Lui, de son côté, ne l’avait jamais si absolument aimée. […] ne l’aime-t-elle pas ? […] on aime, et vivre semble aisé. […] Elle l’aime fou, elle l’aime mort, et elle agonise sur sa bouche en l’appelant carrément : « Mon amant ! […] L’enfant guérit, mais Sabine, qui est aimée de Bernard et qui l’aime elle aussi, est installée dans la maison.