/ 1962
236. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Lamennais, Affaires de Rome «… Je regarde donc et je désire qu’on regarde ce court écrit comme destiné à clore la série de ceux que j’ai publiés depuis vingt-cinq ans. […] Ce rôle donc, surtout eu égard à la tournure générale des affaires en Europe et au rétablissement de l’ordre, ne pouvait durer. […] Car, que le Pape lui témoignât plus ou moins de bon vouloir, plus ou moins de gratitude pour ses services passés ou bien seulement sévérité silencieuse et sèche indifférence, c’était affaire de politesse et de manières, ce n’est pas de cela qu’il s’agissait avec lui fidèle et croyant. « Il n’existe, dit M. de La Mennais, pour chaque chose qu’un moment dans les affaires humaines, » et, selon lui, 1831 était ce moment.

237. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

La première fois qu’il le présenta à la reine après cette affaire de Casal : « Madame, lui dit-il, vous l’aimerez bien, il a l’air de Buckingham. » S’il se permit, en effet, une telle parole, il ne savait pas prédire si juste. […] La reine, incrédule et colère, le cardinal, qui n’a point peur encore, et qui sourit malignement, les complaisants, les flatteurs du lieu, Bautru et Nogent, qui bouffonnent, et chacun des assistants dans son rôle : M. de Longueville qui témoigne de la tristesse, « et il était dans une joie sensible, parce que c’était l’homme du monde qui aimait le mieux le commencement de toutes affaires » ; M. le duc d’Orléans qui fait l’empressé et le passionné en parlant à la reine, « et je ne l’ai jamais vu siffler avec plus d’indolence qu’il siffla une demi-heure en entretenant Guerchy dans la petite chambre grise » ; le maréchal de Villeroi qui fait le gai pour faire sa cour au ministre, « et il m’avouait en particulier, les larmes aux yeux, que l’État était sur le bord du précipice ». […] Il était nu dans sa robe de chambre de camelot fourrée de petit-gris, et avait son bonnet de nuit sur la tête ; il me dit : « Donnez-moi la main : je suis bien faible ; je n’en puis plus. — Votre Éminence ferait bien de s’asseoir. » Et je voulus lui porter une chaise. « Non, dit-il, non ; je suis bien aise de me promener, et j’ai affaire dans ma bibliothèque. » Je lui présentai le bras, et il s’appuya dessus. Il ne voulut point que je lui parlasse d’affaires : « Je ne suis plus, me dit-il, en état de les entendre ; parlez-en au roi, et faites ce qu’il vous dira : j’ai bien d’autres choses maintenant dans la tête. » Et revenant à sa pensée : « Voyez-vous, mon ami, ce beau tableau du Corrège, et encore cette Vénus du Titien, et cet incomparable Déluge d’Antoine Carrache, car je sais que vous aimez les tableaux et que vous vous y connaissez très bien ; ah !

238. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Heureusement, dans l’Histoire de la Restauration il a affaire, je ne dirai pas à des souvenirs plus présents, car il se souvient peu et il a la mémoire docile à son imagination, mais il a affaire à de plus honnêtes gens, à des personnages plus dignes en général de ses couleurs. […] Si j’avais affaire à un peintre hollandais en M. de Lamartine, je trouverais qu’il va trop loin, mais du moins j’aurais confiance. Ici, je sens trop que j’ai affaire à une pure luxuriance de pinceau, qui se joue et qui exagère, qui caresse toutes choses et qui les prolonge dans tous les sens.

239. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Durand, le ministre plénipotentiaire français, lui témoignait de l’estime et cherchait à tirer de lui des renseignements sur les affaires d’Amérique, il se tenait sur la réserve : « Je m’imagine, disait-il (août 1767), que cette intrigante nation ne serait pas fâchée de s’immiscer dans nos affaires, et de souffler le feu entre la Grande-Bretagne et ses colonies ; mais j’espère que nous ne lui en fournirons point l’occasion. » L’occasion était toute produite et tout ouverte dix ans après, et c’était Franklin qui venait lui-même solliciter la nation et le roi d’y prendre part et d’en profiter. […] Franklin rougissait beaucoup de ce vers, et il en rougissait avec sincérité ; il aurait bien voulu qu’on supprimât cet éloge extravagant selon lui, et qui exagérait en effet son rôle ; mais il avait affaire à une nation monarchique, qui aime avant tout que quelqu’un tout seul ait tout fait, et qui a besoin de personnifier ses admirations dans un seul nom et dans une seule gloire. […] J’ai d’affaires publiques ce qu’il en faut pour me préserver de l’ennui, et avec cela des amusements privés, tels que conversation, livres, mon jardin et le cribbage (jeu de cartes).

240. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Que peut-on faire de mieux que d’introduire dans le conseil des affaires ecclésiastiques le professeur consommé en droit canonique ? […] Cependant, comme elle m’a fait l’honneur de me le dire, le courant des affaires journalières l’emporte ; quel remède à cet inconvénient ?

241. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

On y voit l’histoire de ce qui s’est passé, pendant cette longue période, dans toutes les provinces du royaume de France ; ce qui est arrivé de considérable en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Flandre : une infinité de particularités touchant les affaires des papes de Rome et d’Avignon, touchant celles d’Espagne, de Portugal, d’Allemagne, d’Italie et quelquefois même de pays plus lointains, tels que Hongrie, Turquie, et des pays d’outre-mer. […] Ce messire Jacques d’Audelée avait donc fait depuis longtemps ce vœu tout chevaleresque que, s’il se trouvait jamais en une affaire où serait le roi d’Angleterre ou l’un de ses fils, il serait le premier assaillant et le mieux combattant de son côté, ou qu’il périrait à la peine. […] Et m’est avis que vous avez grand’raison de vous éjouir, bien que l’affaire ne soit tournée à votre gré, car vous avez aujourd’hui conquis le haut nom de prouesse et avez passé tous les mieux faisants de votre côté. […] Quand on l’aurait présenté comme le narrateur le plus varié et le plus piquant des entreprises d’armes et de toutes les chevaleries d’alors, il y aurait à se garder encore de le trop circonscrire et de lui refuser l’intelligence du reste ; car, s’il entend par excellence le fait des chevaliers et gentilshommes, il a montré dans ses récits des affaires et des troubles de Flandre qu’il n’entendait pas moins bien le tribun du peuple, le factieux de la bourgeoisie et de la commune, le chef des chaperons blancs, c’est-à-dire des bonnets rouges de ce temps-là. […] [NdA] On s’explique peu cette conduite et cette inutilité du duc d’Orléans avec son corps d’armée durant l’action ; ce qui a fait dire à quelqu’un : « C’est le Grouchy de l’affaire. » 28.

242. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Une difficulté surtout l’arrête : il ne parvient point à savoir les choses assez à son gré ; il n’est pas homme à se contenter des bruits de ville, comme l’avocat Barbier, il voudrait mieux et pouvoir remonter à la source ; mais il n’est pas dans le secret des affaires ni aux premières loges. […] Mon poète crie comme un diable, met l’épée à la main, remonte chez le duc de Sully qui trouva le fait violent et incivil, va à l’Opéra conter sa chance à Mme de Prie qui y était, et de là on court à Versailles où on attend la décision de cette affaire qui ne ressemble pas mal à un assassinat. […] On les assemble : on croyait aller trouver un arrangement pour ses affaires ; savez-vous ce qu’on trouve ? […] Mais, comme nous dit Marais, « le pauvre Fontenelle n’avait-il pas bien affaire d’être mêlé là dedans ? […] En voici un qui « depuis des années fait son capital, comme disait d’Olivet, des petites nouvelles courantes » et en parlant de Montesquieu, en concevant l’idée de se porter un moment contre lui, il paraît tout à fait ignorer de quelle grandeur vraiment nouvelle et imminente il s’agit, à quelle originalité il a affaire, à quel esprit du premier ordre.

/ 1962