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13. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

elle conçoit ou un temps déterminé, le temps à proprement parler, ou le temps en soi, le temps absolu qui est l’éternité, comme l’espace absolu est l’immensité. […] Une analyse savante identifie entre eux tous les seconds termes ainsi que tous les premiers termes entre eux ; elle identifie d’une part l’immensité et l’éternité, la substance absolue et la cause absolue, l’absolue perfection et l’absolue unité ; et, de l’autre, le multiple, le phénoménal, le relatif, le limité, le fini, le borné, l’imparfait. […] c’est l’immensité, l’éternité, l’infini, l’absolue unité. […] Par conséquent l’erreur n’est pas une erreur totale et absolue ; car dans l’erreur totale et absolue périrait toute conscience. […] On m’objectera le sceptique absolu, celui qui nie tout.

14. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Draghicesco est intéressante en ce qu’elle représente le sociologisme poussé à l’extrême, le monisme social absolu. […] Aussi professe-t-il l’absolue mobilité intellectuelle. […] Tel est l’individualisme stirnérien ; théorie de l’absolue insociabilité intellectuelle ; négation absolue de la pensée sociale. […] L’individualisme stirnérien vaut encore par son précepte d’absolue sincérité, d’absolue probité intellectuelle, par son absolue bravoure intellectuelle ; par la résolution de voir clair dans la pensée sociale et dans sa propre pensée ; par la volonté de couler à fond sans merci toutes ses idées et toutes ses croyances. […] Par suite, dernière différence, l’individualisme stirnérien implique une antinomie absolue entre l’individu et la société, une absolue insociabilité intellectuelle.

15. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit. […] Parce que le moi est la réalité la plus immédiatement saisissable, la plus nettement déterminée (en apparence du moins), non par vanité seulement, elle s’y attache, elle s’y replie, et dans ce qui frappe ses sens, comme dans ce qu’atteint sa pensée, elle tend naturellement à chercher surtout les relations et les manifestations du moi : n’excédant guère la portée des sens ou du raisonnement, cherchant une évidence pour avoir une certitude absolue, dogmatique et pratique à la fois, objectivant ses conceptions, et les érigeant en lois pour les traduire en faits : sans imagination que celle qui convient à ce caractère, celle qui forme des enchaînements possibles ou nécessaires, l’imagination du dessin abstrait de la vie, et des vérités universelles de la science. […] La forme dégradée du type français, c’est l’esprit gaulois, fait de basse jalousie, d’insouciante polissonnerie et d’une inintelligence absolue de tous les intérêts supérieurs de la vie ; ou le bon sens bourgeois, terre à terre, indifférent à tout, hors les intérêts matériels, plus jouisseur que sensuel, et plus attaché au gain qu’au plaisir. […] Sa forme exquise, c’est cet esprit sans épithète, fine expression de rapports difficiles à démêler, qui surprend, charme, et parfois confond par l’absolue justesse, où l’expression d’abord fait goûter l’idée, où l’idée ensuite entretient la fraîcheur de l’expression.

16. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Ainsi l’être et la pensée sont exclus de l’unité absolue. […] Veut-on faire de l’unité absolue autre chose qu’un attribut d’un être absolu, ou une abstraction, une conception de l’intelligence humaine ? […] L’homme, pour communiquer avec l’être absolu, doit sortir de lui-même. […] L’être absolu possède l’unité absolue, sans aucun doute, comme il possède l’intelligence absolue ; mais, encore une fuis, l’unité absolue sans un sujet réel d’inhérence est destituée de toute réalité. […] Elle n’est point, ou elle est absolue.

17. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

De sorte que c’est toujours par hypothèse qu’on admet le principe absolu. […] Mais encore ne doit-il jamais donner une valeur absolue à ces théories. […] C’est un guide, une lumière, mais non une autorité absolue. […] Quant à moi, je pense qu’on a ce droit d’une manière entière et absolue. […] Il paraît impossible même d’éviter d’une manière absolue ces sortes d’erreurs.

18. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Qui n’a conscience de son néant devant cette infinitude de l’Être universel, qui n’a conscience de sa misère devant cette absolue perfection de la Divinité ? […] Elle est tout entière comprise dans une seule formule, l’unité absolue de l’être par la réduction au mouvement de tous les phénomènes de la vie universelle. […] Dans ce déterminisme absolu, que deviennent la liberté et la personnalité de l’être humain ? […] Seulement rien de tout cela n’est pour ce matérialisme la vérité vraie, absolue, définitive. […] C’est cette nécessité du bien que le spiritualisme appelle la liberté absolue.

19. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

« 1° Si l’on se place en dehors de la théorie de la Relativité, on conçoit un mouvement absolu et, par là même, une immobilité absolue ; il y aura dans l’univers des systèmes réellement immobiles. […] « 2° Si l’on se place en dehors de la théorie de la Relativité, on conçoit très bien un personnage Pierre absolument immobile au point A, à côté d’un canon absolument immobile ; on conçoit aussi un personnage Paul, intérieur à un boulet qui est lancé loin de Pierre, se mouvant en ligne droite d’un mouvement uniforme absolu vers le point B et revenant ensuite, en ligne droite et d’un mouvement uniforme absolu encore, au point A. Mais, du point de vue de la théorie de la Relativité, il n’y a plus de mouvement absolu, ni d’immobilité absolue. […] C’est l’accélération de M₂ qui a créé la dissymétrie : on reconnaît ici le caractère absolu de l’accélération.] […] Si véritablement le physicien était partout, ou s’il n’était nulle part, tous ces mouvements seraient des mouvements absolus, toutes ces immobilités seraient des immobilités absolues : il faudrait dire adieu à la théorie de la Relativité.

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