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117. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Il serait peut-être curieux de chercher comment l’éloquence, perdue depuis tant de siècles, après avoir régné à Athènes, à Rome et dans Byzance, reparut au bout de douze cents ans chez les descendants des Celtes, et dans un pays où il n’y avait ni liberté à venger, ni intérêts d’état à défendre. […] Il semble le plus souvent qu’il n’y a que la terminaison des mots de français, et que l’usage qu’il en fait appartient à la langue d’Athènes ou de Rome. […] D’ailleurs, l’étude même des anciens, et notre première admiration pour Athènes et pour Rome, dans un temps où notre goût n’était pas encore formé, purent nous égarer. […] Les premiers hommes de l’État qui devaient un jour commander les armées et gouverner les provinces, étaient à Rome les orateurs qui plaidaient les causes, et défendaient les citoyens.  […] Peut-être même ces grands mouvements de l’éloquence, qu’on admirait à Rome, nous conviendraient peu.

118. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

C’est ainsi que l’engouement pour Rome et la Grèce ne pouvait donner à des Français du xviii e siècle, produits d’une longue hérédité chrétienne, les sentiments et les conceptions d’un Grec ou d’un Romain. […] De même les tribuns et les consuls n’eurent de commun que le nom avec ceux de la Rome républicaine. […] « L’idée que l’on s’est faite de la Grèce et de Rome, a-t-il écrit, a souvent troublé nos générations. […] L’Italie, qui avait précédé la France dans la découverte et dans l’imitation de l’antique, lui présenta, à côté des modèles de l’Attique et de Rome, des modèles italiens, des œuvres déjà parfaites en quelques ordres, dans la peinture notamment et dans la sculpture.

119. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Le docte éditeur lut plus tard le travail manuscrit de Leopardi et en tint compte dans l’édition de Rome. […] En quittant Rome, il le recommanda vivement à M. […] Pendant son séjour à Rome. […] Le poëte était retourné de Rome à Recanati, à l’abborrito e inabitabile Recanati, comme il l’appelle. […] Il ne se trouve pas cette année à Rome de philologues étrangers de réputation.

120. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

A Rome, elle était le lot et la charge des petits, soit esclaves, soit assujettis ; elle n’émancipait pas ou n’émancipait qu’imparfaitement ; il y avait barrière entre ceux qui possédaient et ceux qui travaillaient : « Et non-seulement, fait observer M. Troplong, la richesse, concentrée dans une seule classe, restait presque inaccessible aux autres classes, mais il y avait encore à Rome cette circonstance particulière et remarquable, que les riches attiraient à eux, par le prêt à usure, toute la substance des petits. » La conséquence est que « le luxe et la richesse, qui sont dans la société moderne un élément de fécondité, furent dans les sociétés anciennes un véritable embarras », une cause de ruine, et qu’à Rome particulièrement l’excès de prospérité, quand la paix intérieure eut immobilisé l’univers, aboutit à une sorte d’engloutissement de tout par quelques-uns et à une orgie que de loin on exagère sans doute quand on se la figure en permanence. […] L’amour du pouvoir (potentiæ cupido) suffit à lui seul pour expliquer toutes les révolutions de Rome, les dissensions des patriciens et des plébéiens, la turbulence des tribuns, la prépotence de consuls, le farouche Marius sorti des rangs du bas peuple (e plebe infima), Sylla le plus cruel des nobles, Pompée plus hypocrite qu’eux deux, et non pas meilleur ; enfin César, Antoine, Auguste, et tout le sang romain versé dans les champs de Pharsale et de Philippes. […] Troplong s’est appliqué à rassembler les notions les plus précises pour faire voir où était, après tout, le salut et l’homme nécessaire de Rome à cette fin de la République.

121. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Minerve, dépouillée des vertus guerrières et des grands traits héroïques qui caractérisent Pallas-Athéné, reparaît à Rome sous la figure pédantesque d’une déesse scolaire. […] Rome n’eut jamais l’imagination ouverte aux merveilles et aux mirages de la mer, et son froid Neptune copie Poséidon sans lui ressembler. […] Transplantés à Rome, les jeunes dieux de l’Hellade s’immobilisent et se glacent : avec la sève de la terre natale, toute poésie vivante s’est retirée d’eux.

122. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 11, des ouvrages convenables aux gens de génie et de ceux qui contrefont la maniere des autres » pp. 122-127

Peu de temps avant la derniere année sainte, on voulut faire racommoder le plafond du salon de ce palais, qu’on appelle à Rome, le petit farnese. […] Carle Maratte aïant été choisi comme le premier peintre de Rome pour mettre la main au plafond dont je parle, et sur lequel Raphaël a représenté l’histoire de Psyché, ce galant homme n’y voulut rien retoucher qu’au pastel, afin, dit-il, que s’il se trouve un jour quelqu’un plus digne que moi d’associer son pinceau avec celui de Raphaël, il puisse effacer mon ouvrage pour y substituer le sien. […] Muret a bien pû faire prendre six vers qu’il avoit composez lui-même pour six vers de Trabea, poëte comique latin, qui vêquit six cens ans après la fondation de Rome.

123. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

En 1829, il avait déjà visité Rome six fois. Nommé, après juillet 1830, consul à Trieste d’abord, puis, sur le refus de l’exequatur par l’Autriche, consul à Civitavecchia, il était devenu dans les dernières années un habitant de Rome. […] Tous ceux qui sont allés à Rome dans les années où il était consul à Civitavecchia ont pu connaître Beyle, et la plupart ont eu à profiter de ses indications et de ses lumières ; ce narquois et ce railleur armé d’ironie était le plus obligeant des hommes. […] Il l’accompagnait à Rome et devenait volontiers un cicerone en personne. […] Vers 1785, il n’y avait peut-être pas un amateur à Rome qui ne trouvât ridicules les ouvrages de Canova, etc.

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