Il reprit sa langue naturelle, celle d’Anacréon, d’Horace, de Pindare et de Racine.
Si maintenant on nous allègue qu’ils ne sont pas dans la tradition de la langue, je répondrai simplement par la proposition suivante, en demandant au contradicteur de l’approfondir : le rapport qui existe entre eux et les vers de La Fontaine est sensiblement égal au rapport qui existe entre le vers régulier de notre époque et le vers de Racine.
Outre cela il regretta la décadence de la musique « qui autrefois enchantait les hommes, les bêtes, les oiseaux, les serpents, au point que leur nature même en était changée610. » Il voulut énumérer les plus grands écrivains modernes et oublia dans son catalogue, « parmi les Italiens611, Dante, Pétrarque, l’Arioste et le Tasse ; parmi les Français, Pascal, Bossuet, Molière, Corneille, Racine et Boileau ; parmi les Espagnols, Lope et Calderon ; parmi les Anglais, Chaucer, Spencer, Shakspeare et Milton » ; en revanche il y inséra Paolo Sarpi, Guevara, sir Philip Sidney, Selden, Voiture et Bussy-Rabutin, « auteur des Amours de Gaul. » Pour tout combler, il déclara authentiques et admirables les fables d’Ésope, cette pesante rédaction byzantine, et les lettres de Phalaris, cette méchante fabrication sophistique ; deux ouvrages, selon lui, « qui, étant les plus anciens dans leur genre, sont aussi les meilleurs dans leur genre. » Enfin, pour s’enferrer lui-même sans remède, il remarqua gravement que « sans doute quelques savants, du moins de ceux qui passent pour tels sous le nom de critiques, n’avaient point estimé ces lettres authentiques ; mais qu’il fallait être un bien médiocre peintre pour ne point y reconnaître une peinture originale. […] Molière, comme Racine, développe et compose.
Vielé-Griffin y trouve la syllepse auguste de Hugo, et M. de Gloussat la situe entre Racine et La Bruyère. […] Ou un hybride de La Bruyère et de Racine ?
Il se soumit à la sentence, mais seulement pour la tragédie ; il comprit qu’il devait renoncer à marcher sur les traces de Corneille et de Racine, qu’il admirait alors sous bénéfice d’inventaire, car jamais génies ne furent plus contraires au sien.
Ainsi Racine, Shakespeare, voient leurs personnages à la minute précise où ils expirent, tuent ou aiment, pour la notation spéciale d’une passion, la psychologie d’un sentiment.
Le poète Henri Heine cherchait naguère combien de quintaux de gloire appartenaient à Racine dans le bronze de la place Vendôme ; c’est-à-dire quelle part lui revenait dans les victoires de la République et de l’Empire. […] Ce qui est certain, c’est que les œuvres de la musique moderne sont encore plus familières à nos contemporains que les œuvres de Racine et de Corneille ne l’étaient à nos pères. […] Les héros de Corneille, de Racine, de Mme de La Fayette, sont nobles ; les bourgeois de Molière sont des imbéciles.