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319. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Dans le monde des dernières années qu’il passa à Paris, on le comparait au duc de Richelieu, dont il a laissé un impitoyable portrait, en deux à trois touches. […] Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir. […] Lui qui sortait de l’Angleterre, que, par parenthèse, il n’aima jamais qu’à Paris, pour se débarbouiller de la politique, du spleen et du cant, il fut presque attrapé, ce dandy ! de retrouver à Paris les discussions et Richardson : « Je nous croyais déchus, — écrit-il, — mais les Français le sont cent fois plus que nous. […] Charles Townsend, à lui seul, a plus de sel volatil que toute cette nation. » Et il ajoutait, plus galamment pour lui que pour nous : « Si j’ai la goutte l’année prochaine et si elle me met tout à fait à bas, j’irai à Paris pour me trouver à leur niveau. » Les hommes lui paraissaient inférieurs même aux femmes.

320. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il arrivait cependant des jours, où il lui venait l’idée de faire un dîner, comme dans un restaurant de Paris. […] À Paris, chez Nicolas Le Gras, au Palais, dans la Grand’Salle, au troisième pilier à l’L couronné. […] Rodolphe Lothar, qui me propose, avant que je trouve à faire représenter La Faustin à Paris, de la faire jouer à Vienne, par une actrice ayant un grand talent. […] Jamais aussi, le Paris de ma jeunesse, le Paris de mon âge mûr, ne m’a paru aussi miséreux que le Paris, de ce soir. […] Guillaume, le directeur de l’École de Rome, de retour depuis trois jours de Paris, avant le départ de Zola, voulait improviser un dîner.

321. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Il ignorait absolument, que tout le lilas blanc qui se vend l’hiver à Paris, fleurit dans les caves. […] Le soir, chez Zola, que je trouve triste, morose, agité du désir de quitter Paris, « dont il a plein le dos ». […] Et le feuilletage de ce Paris du passé, dans le crépuscule, et dans le contact de nos trois tristesses, rassemblées autour du vieux carton, a cependant quelque chose de doux. […] Je rêvais, que venant de je ne sais où, et me rendant à Paris, je m’arrêtais à Nancy, pour voir la plaque, récemment mise dans la maison, où je suis né. […] Elle parlait de son retour à Paris, et de sa marche de la gare du Nord au boulevard Haussmann, sans pouvoir trouver de voiture.

322. (1927) Approximations. Deuxième série

Claude Pichois, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1984, p. 974. […] Michel Le Guern, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2000, p. 608. […] Maxime Leroy, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1953, p. 414. […] Michel le Guern, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 1998, p. 75. […] Stéphane Schmitt, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2007, p. 426.

323. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Carrière et Geffroy me parlent du projet de faire ensemble un Paris, par de petits morceaux amenés sous le coup de la vision, sans l’ambition de le faire tout entier : un Paris fragmentaire, où se mêleraient les dessins du peintre à la prose photographique de l’écrivain. […] Il a assourdi Paris, sous la criée des camelots, pendant plusieurs jours, et un premier tirage de 300 000 épuisé, La Lanterne a dû le faire retirer. […] Malgré une petite pluie fine, une population grouillante autour de la mairie de Passy, comme un jour d’émeute… C’est effrayant le monde dans la salle, c’est tout le monde politique, tout le monde littéraire, tout le monde élégant, enfin tous les mondes de Paris. […] Un jour que Dumas l’avait fait appeler, se croyant souffrant, et qu’il était au lit, on introduisait un pauvre journaliste nécessiteux de Marseille, qui venait lui demander des recommandations pour des journaux de Paris. […] Une femme me disait ce soir, qu’elle croyait qu’un grand chagrin pouvait mourir dans la paix, le calme, l’isolement de la campagne, mais qu’à Paris, l’enfièvrement de la vie ambiante autour de ce chagrin, ne pouvait que l’exaspérer.

324. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

madame, c’est que Paris est une ville dans laquelle il est bien plus aisé d’avoir des femmes que des abbayes. » Le mot, répété à Louis XV par la favorite, aurait valu à l’abbé de Périgord son premier bénéfice. […] On en a une singulière preuve dans la lettre qu’il écrivit aux journaux (8 février 1791), lorsqu’après avoir déclaré qu’il n’avait aucune prétention à l’évêché de Paris devenu vacant, il crut devoir se justifier ou s’excuser d’avoir gagné de grosses sommes au jeu : « Maintenant, disait-il, que la crainte de me voir élever à la dignité d’évêque de Paris est dissipée, on me croira sans doute. […] L’Assemblée une fois séparée et ceux qui en avaient été membres se voyant exclus de toute action législative, Talleyrand ne jugea point à propos de rester dans l’atmosphère agitée de Paris : il partit pour Londres avec son ami Biron, ambassadeur, en janvier 1792. […] Dumont, qui fit avec lui le voyage de retour en France, nous a dit combien il était délicieux « dans le petit espace carré d’une voiture. » Revenu à Paris et ne trouvant plus son ami Narbonne dans le ministère, Talleyrand, qui n’en était pas à une liaison près, s’arrangea avec la Gironde, avec Dumouriez, et il retourna de nouveau à Londres, toujours chargé d’une mission, à côté de Chauvelin, ambassadeur, et comme pour le seconder (mai 1792). […] Talleyrand, rappelé à Paris avant le 10 août, en repartit encore pour Londres vers le milieu de septembre, avec un passe-port de Danton ; en quelle qualité et dans quelles vues ?

325. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Je n’ai jamais écrit pour un intérêt de parti, mais j’aurais voulu faire plus…  «… Si les circonstances m’avaient été favorables et que, par impossible, j’eusse pourtant habité Paris, il est une fantaisie que j’aurais aimé à satisfaire. […] Faudrait-il donc vivre à Paris ? […] « Dès le commencement j’ai désiré être fixé, non pas pour ne plus voir Paris où j’avais alors mes parents, mais pour avoir un point fixe, des habitudes constantes, des connaissances ou peut-être des amis pour toujours.  […] « Préférerai-je la proximité de Paris, les facilités de tout genre qui en résultent, et l’avantage d’avoir ses premières connaissances auprès de soi ? […] ou bien parviendrai-je à oublier près des boues de Paris, en jasant intimement, cette nature imposante et facile qui m’était nécessaire ? 

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