Il n’appartenait qu’à un auteur de l’école de Molière de produire Gil Blas, qui n’est, en effet, qu’une comédie de forme différente. C’est la peinture du cœur humain, sous l’aspect du vice et du ridicule ; mais Lesage, comme Molière, savait approfondir l’homme sans le disséquer. […] Ce n’était plus la peinture naïve et profonde du cœur humain, où Molière avait excellé, où Dancourt et Lesage l’avaient imité. […] Une scène de Molière est une représentation de la nature ; une scène de Marivaux est un commentaire sur la nature. […] Collin d’Harleville la ramena, non pas au temps de Molière, mais à celui de Destouches ou de La Chaussée.
Si l’on veut s’en convaincre, on peut comparer la médisance française telle que Molière l’a représentée dans le Misanthrope, et la médisance anglaise telle que Shéridan l’a représentée en imitant Molière et le Misanthrope. […] Les ministres donnèrent, dit-il, le commandement à lord Galway, vétéran expérimenté, qui était dans la guerre ce que les docteurs de Molière étaient en médecine, qui trouvait beaucoup plus honorable d’échouer en suivant les règles que de réussir par des innovations, et qui aurait été très-honteux de lui-même s’il avait pris Montjouy par les moyens singuliers que Peterborough employa.
Le lendemain, il écrivait des comédies maladroites qui témoignaient d’une étude aussi patiente que stérile du dialogue et du style de Molière. […] Dumas fils, dans d’autres qu’il a lu Molière et les anciens auteurs comiques, dans la plupart que sa mémoire est hantée par les souvenirs dramatiques du boulevard. […] Si nous n’avons ni un Corneille ni un Molière, il ne faut pas s’en prendre à tel dramaturge et à tel vaudevilliste ; vraiment ils n’y peuvent rien. […] N’attendez pas qu’il naisse un Shakespeare pour enseigner au public les règles du drame, ni un Molière pour lui enseigner les lois du rire. […] Cela est vrai, mais la comédie de Molière n’est pas celle de M.
Encore et même dans ces zones tempérées arrivait-il qu’on encourût les sévérités de la Théologie intransigeante : qu’on se rappelle comment Bossuet parle de Molière ! […] J’ai déjà dit que, les mythes qu’ils empruntaient aux littératures antiques, Corneille, Racine et Molière les christianisaient : ils les francisaient aussi. […] Le point de vue est du psychologue héroïque, si c’est Corneille qui parle, du psychologue passionnel, si c’est Racine, du psychologue moraliste, si c’est Molière. […] La vie, chez Molière, n’est pas l’union de l’âme et du corps ; pour lui le corps n’est à l’âme qu’un facultatif compagnon, que Sganarelle garde, qu’Alceste quitte. […] Musset déteste Voltaire et Rousseau, mais il en a hérité, et il a lu Marivaux qui a lu Molière. — Or, tous les deux, ils sont des enfants.
Les biographies de la reine de Navarre ou de Scarron, de Molière, de Bernardin de Saint-Pierre ou de l’abbé Prévost gagnent en agrément à être contées par Anatole France plutôt que par un faiseur de manuels. […] Joannidès a donné le nombre de représentations obtenues jusqu’à nos jours, à la Comédie-Française, par les pièces de Molière, de Corneille, de Racine. […] On ne trouve dans le reste des œuvres de Boileau rien qui corresponde aux éloges décernés nommément à Molière et à Racine, rien qui tende à placer La Fontaine sur le même rang. […] Rousseau contre Molière établit abondamment qu’il n’est pas tout à fait exact de voir dans le poète comique, comme l’a fait Brunetière, un philosophe de la loi naturelle, ou qu’en tout cas il ne comprenait pas du tout la nature de la même façon que Jean-Jacques : Molière était éminemment social, et c’est ce que l’autre ne lui pardonne pas. […] Un de ces vieux poètes, Abou Salik, a trouvé sept ou huit cents ans avant Molière ce trait : « Avec les cils de tes yeux tu m’as volé mon cœur ; tu me voles avec tes cils et tu prétends me faire condamner avec tes lèvres.
Ajoutez comme fond du tableau la cour de Louis XIV, telle qu’elle se dessinait à cette heure aux yeux d’un chrétien, Mme de La Vallière pâlissante, mais non encore éclipsée, à côté de Mme de Montespan déjà radieuse ; Molière, au comble de sa faveur et de son art, et se permettant toutes les hardiesses, pourvu qu’il amusât.
À merveille, mon cher confrère, lui écrivait le vieux Cailhava, partisan déclaré de Molière et de l’ancienne comédie, et qui ne parlait qu’avec sourire de ce qu’il nommait la nouvelle école, devenue bien vieille pour nous aujourd’hui ; — à merveille !