En réponse à l’admiration, à la bienveillance enthousiaste avec laquelle nous avons accueilli ses derniers grands hommes, l’Angleterre, en particulier, découronnée comme elle l’est aujourd’hui de ses plus beaux noms littéraires, se montre d’une sévérité singulière contre la France, qui, seule pourtant, depuis la disparition des Goethe, des Schiller, des Byron et des Scott, continue d’offrir une riche succession de poètes, et une variété renaissante de talents. […] Mais ils connaissaient la France et la bonne compagnie d’alors, autrement que pour avoir passé six mois en Touraine, comme a fait peut-être l’auteur de l’article. […] Si l’article était resté là où il a paru, c’est-à-dire hors de France, nous l’y aurions laissé à l’usage des préjugés tories et des vanités littéraires nationales qu’il caresse ; mais, puisqu’on a jugé à propos de nous le reproduire en France comme une pièce qui a quelque intérêt et quelque gravité, il nous a été naturel d’en dire notre avis. […] C’est en France encore (que les reviewers étrangers daignent le croire) que les ouvrages qu’on lui reproche de faire naître, sont le plus promptement, le plus finement critiqués raillés sinon par écrit toujours partout ailleurs, en causant, au coin d’une rue ou d’un salon, dans la moindre rencontre de gens qui à demi mot s’entendent.
Lenient La Satire en France au Moyen Âge. […] Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon. Et cependant, quand on écrit l’histoire de la Satire, fût-ce en France, fût-ce au Moyen Âge, c’est-à-dire, après tout, dans un assez chétif fragment de l’espace et du temps, on n’écrit pas moins que l’histoire de l’esprit humain, — et de l’esprit humain par son côté le plus varié, le plus profond, le plus mystérieux, car le rire est plus difficile à expliquer que les larmes, dont la source est si large en nous qu’on n’a pas besoin de la chercher ! […] Et que ce soit en France, au Moyen Âge et n’importe où, l’Histoire de la Satire ! […] c’est ce que n’a point l’histoire de la Satire en France au Moyen Âge, par M.
En France, au contraire, dans la France du xviiie siècle, et même dans la France de ces derniers jours, l’homme s’est révolté contre Dieu même. […] Voilà la France comme le mouvement révolutionnaire l’a livrée au socialisme, qui va la prendre et la ruiner, mais qui ne la corrompra pas davantage ! […] L’immoralité individuelle, née de l’incrédulité philosophique qu’on ne connaissait pas en Angleterre de 1620 à 1693, s’est ajoutée en France à l’immoralité des partis.
Léopold Ranke Histoire de France, principalement dans le xvie et le xviie siècle, traduite par J. […] Or, jamais cette impersonnalité exigée par les rhétoriques, rêvée par les niais et jouée par les sournois, ne nous a paru briller plus clairement de sa fausse lumière que dans l’Histoire de France publiée par Léopold Ranke, — le meilleur ouvrage peut-être qui ait jamais été écrit pour prouver que l’indifférence olympienne est la qualité des dieux de marbre qu’on n’invoque plus, mais qu’elle n’est jamais qu’une hypocrisie de la pensée, qui, pour sa peine, — comme on va le voir, — en reste blessée et mutilée presque toujours. […] L’ouvrage qu’il publia sous ce titre, d’une longueur allemande : Histoire de France, principalement au xvie et au xviie siècle, marque avec plus de netteté que jamais la voie qu’il a toujours suivie, et dans laquelle il a marché le front parfaitement essuyé des premières ferveurs de sa jeunesse. […] Comment le reconnaître dans cette dernière histoire, sans marquants détails personnels sur personne, et où les portraits ne sont que des lieux communs en grisaille ; dans ce livre à dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer… et des faits, qui a la fatuité de renfermer en un demi-volume toute l’Histoire de France, depuis Mérovée jusqu’à François Ier ! […] Or, comme Ranke l’historien n’a pas plus d’idées à lui qu’un historiographe, et comme il n’a établi nulle part, ni par un raisonnement, ni par une théorie, que cette idée de l’État comme on essayait de la réaliser à Berlin est le dernier progrès de la philosophie et de la politique, il résulte qu’il n’y a pas plus de vue supérieure que de faits nouveaux à chercher dans son Histoire de France, laquelle n’ajoutera pas plus à sa renommée qu’elle n’ajoutera à notre instruction.
Une chose est essentielle aujourd’hui au clergé de France, c’est l’absence de noms. […] M. de Maistre écrivait il y a bien longtemps : « Qu'on me donne la feuille des ordinations en France, et je pourrai prédire de grands événements. » Il voulait dire par là que, s’il avait vu, vers 1817, de grands noms, les enfants d’illustres familles entrer en foule dans le clergé pour réparer les brèches qu’avait faites l’impiété voltairienne de leurs pères, il aurait bien auguré de l’avenir de la religion en France. […] A toutes les causes qu’il y a dans le régime actuel pour être mal élevé, le clergé en ajoute donc une toute spéciale à son usage, et c’est ce qui explique en partie l’incroyable grossièreté de plume des feuilles ecclésiastiques en France.
Louis XIV, roi à l’âge de 5 ans, sous la régence d’Anne d’Autriche sa mère, assistée du cardinal de Mazarin, avait passé l’intervalle de 1643 à 1648, époque de sa minorité, à écouter chaque jour le récit des victoires que le prince de Condé, âgé seulement de 22 ans, remportait sur les ennemis de la France. […] Entre les éléments de cette guerre, ils auraient dû reconnaître l’esprit de galanterie corrompue, c’est-à-dire, d’incontinence, de vanité et d’intrigue, qui régnait en France et avait fait des gens de cour un assemblage d’intrigants et de brouillons ? […] Les bâtards de Henri IV, qui n’ont cessé de troubler la France, tant qu’ils ont vécu, ne faisaient que suivre la vocation naturelle des bâtards avoués qui, ne pouvant marcher les égaux des princes légitimes, ne veulent cependant point se soumettre à la condition de simples sujets. […] Le prince de Condé, qui avait été condamné à mort, se retira à la cour d’Espagne ; le roi avait recommencé la guerre contre la France.
Il est en ce païs-là une mode pour la musique, comme il en est une en France pour les habits et pour les équipages. […] en effet, la posterité de Mouton et celle de Verdelet, ont été célebres en France dans la musique jusqu’à nos jours. On observera que Loüis Guichardin, qui mourut l’année de l’avenement de notre roi Henri IV à la couronne, parle de la possession où étoient les Païs-Bas, de fournir l’Europe de musiciens ainsi que l’Italie le fait aujourd’hui concurremment avec la France, comme d’une possession qui duroit depuis long-temps. […] Mais cet Orlando Lasso, quoiqu’on le trouve dans quelques auteurs mal informez avec ses deux noms terminez à l’italienne, n’en étoit pas plus italien que le Ferdinando Ferdinandi de Scarron, et qui étoit natif de Caën en France.