« Encore quelques mois d’un pareil gouvernement, et la France, à demi conquise par l’étranger, reconquise par la contre-révolution, dévorée par l’anarchie, déchirée de ses propres mains, aurait cessé d’exister et comme république et comme nation. […] Ce supplice d’une reine et d’une étrangère au milieu du peuple qui l’avait adoptée n’eut pas même la compensation des fins tragiques : le remords et l’attendrissement d’une nation. […] Seule contre tous, innocente par son sexe, sacrée par son titre de mère, une reine inoffensive désormais est immolée sur une terre étrangère par un peuple qui ne sait pardonner ni à la jeunesse, ni à la beauté, ni au vertige de l’adoration ! […] Le prince était vêtu avec élégance et avec cette imitation du costume étranger qu’il avait affectée dès sa jeunesse.
L’étranger lui (voyez Bernard Shaw et Dostoiewsky) demande à son théâtre autant qu’au livre. […] Il s’agit de deux publics, essentiellement différents, et aussi de deux genres de littérature, également estimables, mais qui resteront toujours étrangères l’une à l’autre. […] 2º Le livre, « instrument spirituel », le livre si cher, si expressif, que nous aimons, le livre qui doit tout à lui-même et non à des éléments étrangers, à un jeu d’acteurs ou un rayon du feu de la rampe, le livre a-t-il à souffrir, dans son destin, de ces excès du théâtre ? […] Le théâtre, à Paris, est fréquenté par les étrangers, qui ne sont pas blasés sur les plaisirs faciles, par des jeunes gens, qui, n’ayant pas de famille, tuent leurs soirées dans les salles de spectacle, et par les personnes qui, ayant l’habitude de se coucher tard, se réfugient dans les endroits où il y a de la lumière et du bruit.
Mme de Staël et son école, tous ces esprits distingués qui concoururent à introduire en France de justes notions des théâtres étrangers ; qui, les premiers, nous expliquèrent ou nous traduisirent Shakespeare, Goethe, Schiller, ce sont relativement des romantiques ; en ce sens M. de Barante, M. de Sainte-Aulaire même, M. de Rémusat en seraient, et je ne crois pas que ces fins esprits eussent jamais désavoué le titre entendu de la sorte. […] Mais étendons notre vue et songeons un peu à ce qu’a été la poésie lyrique moderne, en Angleterre, de Kirke White à Keats et à Tennyson en passant par Byron et les lakistes, — en Allemagne, de Burger à Uhlandet à Ruckert en passant par Goethe, — et demandons-nous quelle figure nous ferions, nous et notre littérature, dans cette comparaison avec tant de richesses étrangères modernes, si nous n’avions pas eu notre poésie, cette même école poétique tant raillée.
Un étranger, arrivant à Paris, muni d’une lettre pour M. […] Jeune, jolie, irréprochable, la comtesse de Boigne, rentrée en France, tenait avec distinction le salon de son père, et les étrangers qui visitaient Paris vers 1809 parlaient déjà d’elle comme d’une des personnes les plus sérieuses jusque dans son amabilité.
A un certain moment de la Restauration, le goût des littératures étrangères et de ce qu’on nomma la couleur locale vint aider collatéralement pour ainsi dire et prêter son reflet à l’entière explication des beautés classiques, en ce que celles-ci avaient gardé de singulier quelquefois et d’étrange. […] Entre tant de richesses étrangères et modernes dont on est tour à tour tenté et séduit, elle seule donne au critique la vraie loi du goût, à l’écrivain les vrais secrets du style, les procédés sûrs et sévères qui servent de garantie à l’innovation même et à l’audace.
Le style des ouvrages est comme le caractère d’un homme ; ce caractère ne peut être étranger ni à ses opinions, ni à ses sentiments ; il modifie tout son être. […] On trouve, dans ce dialogue, ce que les grandes pensées ont d’autorité et d’élévation avec l’expression figurée nécessaire au développement complet de l’aperçu philosophique ; et l’on éprouve, en lisant les belles pages de Montesquieu, non l’attendrissement ou l’ivresse que l’éloquence passionnée doit faire naître, mais l’émotion que cause ce qui est admirable en tout genre, l’émotion que les étrangers ressentent lorsqu’ils entrent pour la première fois dans Saint-Pierre de Rome, et qu’ils découvrent à chaque instant une nouvelle beauté qu’absorbaient, pour ainsi dire, la perfection et l’effet imposant de l’ensemble.
Il l’avait fait de commande, comme ses autres pièces religieuses ; il ne pouvait guère être pieux que sur une invitation étrangère. […] Les étrangers ne l’aperçoivent pas, tant il est fin.