À toutes les époques il y a eu des traités destinés à former l’Honnête Homme, l’Homme comme il faut, le Courtisan quand on ne vivait que pour les cours, le Cavalier accompli. […] Il confesse qu’à une époque d’inexpérience, il donna dans l’excès du vin et dans d’autres excès auxquels il n’était pas d’ailleurs naturellement porté, mais il tirait vanité de s’entendre appeler un homme de plaisir. […] Jeté avec éclat dans l’opposition, surtout depuis 1732, époque où il eut à se démettre de ses charges de cour, lord Chesterfield travailla de tous ses efforts pendant dix ans à la chute de ce ministère Walpole, qui ne tomba qu’en 1742. […] Parmi les auteurs, ceux que Chesterfield recommande surtout à cette époque, et qui reviennent le plus habituellement dans ses conseils, sont La Rochefoucauld et La Bruyère : « Si vous lisez le matin quelques maximes de La Rochefoucauld, considérez-les, examinez-les bien, et comparez-les avec les originaux que vous trouvez les soirs. […] Lord Chesterfield, à cette époque, vivait tout à fait séquestré du monde par ses infirmités, dont la plus pénible pour lui était une surdité complète.
Théodore Leclercq a eu ce singulier bonheur pour un écrivain moraliste et dramatique, d’avoir rattaché son observation et sa fine moquerie à une époque distincte et à un moment de l’histoire : tellement que, pour faire bien comprendre ce que l’historien ne dit qu’en courant et ce qu’il ne peut que noter sans le peindre, il n’y a rien de mieux que de renvoyer à quelques-uns de ses jolis proverbes comme pièces à l’appui. Ces proverbes sans doute pourront eux-mêmes avoir besoin, sur quelques points, de commentaire, mais surtout ils seront eux-mêmes un commentaire vivant et une explication animée des prétentions et des travers d’une époque : c’est là ce que j’appelle les vignettes amusantes et vraies de l’histoire. […] C’est là, c’est dans le club de Clichy, à cette époque de réaction et aux environs du 18 Fructidor, qu’il rencontra pour la première fois M. […] Pour que cela prît du corps et de la portée, pour que l’aiguille devînt une flèche ou un aiguillon, il fallait pourtant qu’un peu de passion s’y mêlât, et elle vint précisément s’y mêler dès cette époque que j’ai notée et à partir de 1820, quand les excès du parti ultra et de la Congrégation piquèrent au jeu les esprits sensés et indépendants. […] Les sept premiers se rapportent surtout à l’époque que nous indiquons et qui, jusqu’en Juillet 1830, doit être regardée comme le moment de vogue de l’auteur.
Michaud à l’époque de sa mort, qui l’ont célébré à l’Académie française et ailleurs, l’aient fait dignement, il m’a semblé qu’il y avait moyen de revenir sur lui dans nos libres esquisses. […] Déjà compromis à l’époque du 10 août par sa collaboration dans des feuilles royalistes, il eut à se dérober aux dangers qui le menaçaient, et, dans les années qui suivirent, il plia la tête sous la nécessité. […] si jamais des rois et de la tyrannie Mon front républicain subit le joug impie, La tombe me rendra mes droits, ma liberté… Si l’on se reporte au ton de l’époque et à l’âge de l’auteur, on n’attachera pas à ces cocardes d’un jour plus d’importance qu’il ne faut. […] Deux brochures qu’il publia en 1800, sous le titre d’Adieux à Bonaparte, montrent combien il eut peine à entrer dans l’esprit et le génie de l’époque consulaire. […] Il y a eu pourtant plus d’une époque à La Quotidienne.
Pindare n’aurait pas eu plus grand précurseur, s’ils n’étaient tous deux contemporains ; et, dans l’époque qui les réunit, Pindare n’a pas eu d’autre rival. […] « Au temps, est-il dit, où parurent à Marathon et à Salait mine les Perses homicides et Datis à la voix sauvage, alors même vivait Pindare, pendant qu’Eschyle florissait dans Athènes. » Belle manière de noter une époque par le synchronisme de deux victoires et de deux grands poëtes ! […] Cette prédominance exclusive du théâtre d’Athènes, à l’époque même où le drame ressemblait le plus au dithyrambe, explique assez comment Pindare, contemporain d’Eschyle, dut chercher une autre voie et s’abstenir du théâtre, malgré l’erreur du compilateur Suidas, qui, en dénombrant ses ouvrages, lui attribue dix-sept tragédies. […] « Bœotum in crasso jurares aere natum109 » Elle se conserve, elle se répète par-delà l’époque où elle était si fort démentie par le savoir et l’inventive sagacité de Plutarque, dans le déclin de l’esprit grec. […] Cette opinion devait être celle de la critique française au dix-huitième siècle, époque où les lettres grecques, cette grande source du génie, de la philosophie sublime et de la belle poésie, n’étaient étudiées, pour le fond des choses et pour la pensée, que de Montesquieu et de Rousseau, qui s’en trouvèrent bien.
C’est à cette époque qu’il écrivit son premier ouvrage pour la scène, les Brigands. […] C’est à cette époque, et pendant les années qui suivirent 1789, que Goethe et Schiller, désormais amis, entretinrent cette correspondance intime qui les dévoile tous les deux. […] Notre vie commune était belle ; c’était l’époque à laquelle je commençais à avoir la conscience de moi-même. […] Ce phénomène d’une stérilité relative après des époques de merveilleuse fécondité n’est pas seulement spécial à l’Allemagne après la clôture du dix-huitième siècle, il est remarquable dans toute l’Europe. […] Cette grande époque des Goethe, des Klopstock, des Schiller, est-elle l’apogée de la grande littérature allemande ?
Le suffrage universel suppose deux choses : 1° que tous sont compétents pour juger les questions gouvernementales ; 2° qu’il n’y a pas, à l’époque où il est établi, de dogme absolu ; que l’humanité, à ce moment, est sans foi et dans cet état que M. […] Ces époques sont des époques de libéralisme et de tolérance. […] Aux époques de scepticisme, quand les vœux aspirent à une nouvelle forme qui n’est pas encore éclose, personne n’ayant le mot de la situation, ne possédant la vraie religion, il serait abominable que tel ou tel, de son autorité individuelle, vint imposer sa croyance aux autres. […] S’il y avait une religion qui fût réellement vivante, qui correspondît aux besoins de l’époque, soyez sûr qu’elle saurait se faire sa place et que la nation ne marchanderait pas avec elle. […] À ces époques, il n’y a plus que des opinions.
Qu’il y a eu, avant ce déluge général ou même partiel, attesté par toutes les traditions orientales, une époque de civilisation supérieure à ce qui fut après ce cataclysme de l’humanité ; que cette époque de civilisation antédiluvienne touchait de plus près elle-même à une autre époque encore supérieure en innocence, en science, en facultés, en félicités de l’homme ici-bas avant cette grande et mystérieuse déchéance, tradition universelle aussi, qui chassa l’humanité primitive de ce demi-ciel appelé l’Éden ou le jardin ; que des traditions de cette philosophie de l’Éden ou du jardin avaient survécu dans l’humanité déchue, et qu’enfin, après le second naufrage de l’humanité antédiluvienne, quelques grandes vérités et quelques grandes philosophies, restées dans la mémoire de quelques sages ou prophètes échappés à l’inondation universelle ou partielle, avaient surnagé, et inspiraient encore de temps en temps l’esprit de l’homme dans l’Orient, scène encore humide de la grande catastrophe. […] Et cette idée, elle n’est pas en moi d’aujourd’hui, car voici ce que j’écrivais sur Job à une autre époque et dans une étude moins approfondie que celle-ci. […] On dit qu’à l’époque où l’homme s’exprimait ainsi le monde était dans son enfance ; cependant tout indique, dans cette épopée de l’âme, dans ce drame de pensées, dans cette philosophie lyrique, dans ce gémissement élégiaque, la sagesse et la mélancolie des jours avancés. […] Il condense les eaux dans les nuées, et les nuées soutiennent leur propre poids, etc. » Puis, comme se repentant aussi d’avoir trop dégradé l’homme, il entonne l’hymne de ses grandeurs, il les énumère dans ses innombrables industries, dont l’énumération à cette époque atteste que le travail humain avait déjà transformé le globe. […] C’est une page déchirée de quelque poème surhumain, écrite par quelque géant de la pensée à l’époque où tout était gigantesque dans le monde.