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111. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

La fatalité bien analysée, dans cette campagne de 1815, se compose de bien des éléments et de bien des incidents. Et d’abord, comme premier élément, je rappellerai cette sorte de désaccord entre le moral de l’armée et ses chefs, le soldat ayant la disposition à se croire trahi et perdu, du moment qu’il ne voyait pas Napoléon. Un autre élément très-positif de la fatalité, dans ces quatre journées glorieuses et sinistres de juin 1815, ç’a été la lenteur de rédaction et l’ambiguïté de parole du maréchal Soult comme major-général ; — ç’a été la circonspection morale des chefs, toujours braves et plus braves que jamais dans l’action, mais peu confiants désormais en la fortune, et qui, entre deux suppositions possibles, inclinaient toujours pour la plus défavorable, la plus fâcheuse et la plus timide : témoin Ney, Reille, Vandamme, d’Erlon, surtout Grouchy. « Le caractère de plusieurs généraux, a dit Napoléon, avait été détrempé par les événements de 18H ; ils avaient perdu quelque chose de cette audace, de cette résolution et de cette confiance qui leur avaient valu tant de gloire et avaient tant contribué aux succès des campagnes passées. » À tous ces éléments humains de fatalité s’ajouta, la veille du dernier jour, un orage du ciel, un obstacle matériel considérable et imprévu.

112. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

La nature contient un élément poétique, puisque l’âme est remuée, puisque notre cœur se trouble, puisque notre esprit devient songeur aux spectacles qu’elle nous offre. Mais cet élément poétique — ceci est de toute évidence — ne peut être saisi par les quelques morceaux de bois et de cuivre qui s’appellent un instrument photographique ; partant, l’instrument ne le reproduira point. Et cependant, pour que la nature nous apparaisse dans son entière vérité, son élément poétique doit nécessairement être reproduit. […] Mais cet effet mystérieux et féerique, Rodolphe Bresdin ne l’obtient pas aux dépens de l’exactitude de l’arbre : c’est au contraire parce que l’arbre est vrai, puissamment vrai, que l’élément fantastique qui y est contenu se dégage sous la lumière, — se dégage naturellement, si l’on peut s’exprimer ainsi.

113. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Les causes Résumé de l’analyse et de la synthèse esthétiques : Prévalence de l’élément mot sur l’élément idée. […] Interprétation physiologique Prédominance probable, dans l’organisme cérébral de Victor Hugo, des éléments figurés du langage et de la troisième circonvolution frontale.

114. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais parce que notre raison, armée de l’idée d’espace et de la puissance de créer des symboles, dégage ces éléments multiples du tout, il ne s’ensuit pas qu’ils y fussent contenus. […] A côté de ces termes indépendants, on trouverait des séries plus complexes, dont les éléments se pénètrent bien les uns les autres, mais qui n’arrivent jamais à se fondre parfaitement elles-mêmes dans la masse compacte du moi. […] Certes, une fois consommé l’acte final, je puis assigner à tous les antécédents leur valeur propre, et me représenter sous forme d’un conflit ou d’une composition de forces le jeu combiné de ces éléments divers. […] En vain on alléguera que, s’il n’y a pas deux états profonds de l’âme qui se ressemblent, l’analyse démêlerait au sein de ces états différents des éléments stables, susceptibles de se comparer entre eux. […] Nulle part le mécanisme n’a été poussé plus loin que dans ce système, puisque la forme même des éléments ultimes de la matière y est ramenée à un mouvement.

115. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Il rattache les événements à leurs causes les plus lointaines, il recherche leur prolongement probable dans le temps et extrait de la vie de chaque jour ses éléments substantiels et significatifs. […] L’amour entravé par les prescriptions morales éternelles, ou la passion aux prises avec les difficultés de l’existence matérielle si fréquemment hostile aux vœux du cœur, tel est le grand élément sentimental de son œuvre. […] Boylesve est un vrai classique : il l’est dans le sens français, c’est-à-dire qu’il subordonne l’émotion à la raison, mais qu’il ne dédaigne aucun des éléments d’art propres à la première de ces facultés. […] Une observation curieuse et amusée par le détail typique, une ironie un peu voilée et une sensibilité légère en sont aussi les éléments essentiels. […] Nous ressentons, à lire les romans de Gérard d’Houville (Mme de Régnier), une impression irrésistible d’art classique et simple, exempt de tout élément factice et de tout maniérisme.

116. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Aussi James Mill n’est-il que juste, quand il dit « qu’il n’y a aucun élément de la conscience qui demande plus d’attention que celui-là ; quoique jusqu’à ces derniers temps il ait été déplorablement complètement oublié. » C’est une particularité de notre constitution que quand nos sensations cessent par l’absence de leurs objets, quelque chose reste. […] Elle deviendra un des éléments de cette méthode objective et inductive qui tend à prévaloir en psychologie. […] Quel est cet élément additionnel ? […] Dans l’un et l’autre cas, la reconnaissance du souvenir, comme appartenant au passé, est une idée très complexe qui consiste en ces trois principaux éléments : 1° un état de conscience actuel que nous appelons le moi se souvenant ; 2° un état de conscience que nous appelons le moi qui a perçu ou conçu ; 3° les états de conscience successifs qui remplissent l’intervalle entre ces deux points. […] James Mill traite de mystérieuse, mais qu’il est difficile de changer contre des termes plus intelligibles), il faut qu’un ou plusieurs éléments d’une idée complexe soient séparés du reste : ce qui a reçu le nom d’Abstraction. » Ce dernier procédé, considéré comme subsidiaire par l’auteur, est défini par lui, comme par tout le monde : l’acte de séparer une partie de ce qui est contenu dans une idée complexe, pour en faire un objet qu’on considère en lui-même35, Réduite presque entièrement à un procédé de notation au moyen des mots, l’abstraction ne nous paraît pas traitée selon son importance.

117. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Cet élément ne fera éclat que dans l’âge mûr, pour aller s’aggravant sous les surexcitations de la célébrité et de la polémique. […] Il semble que les éléments organiques qui soutiennent l’unité, la solidité de la personnalité aient fléchi. […] Que l’élément résistant et fixe se laisse dissoudre dans l’élément capricieux et terrible, celui-ci perd sa violence et ce n’est plus qu’une onde molle, paresseusement épandue, sans profondeur, souillée de débris. […] L’élément satirique en est excellent. […] Hugo n’a pas, comme eût fait Balzac, emprunté à l’observation concrète les éléments de ses personnages.

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