La conscience reprend ses droits ; c’est un des crimes historiques les plus fortement burinés par un écrivain contre un maître du monde. […] Le sujet emporte l’écrivain, si ennemi de la vaine imagination, jusqu’à la poésie. […] Thiers était éminemment propre, on pourrait dire prédestiné, à ce grand ouvrage de sa vie d’écrivain. […] À ce drame universel il fallait un écrivain universel. […] Or qu’est-ce qu’une histoire où l’écrivain manque ?
L’œuvre du jeune écrivain, empreinte de ce sentiment profond, remuait fortement les esprits, et avait été accueillie avec une faveur marquée par l’homme qui alors dispensait toutes les gloires. Si elle ne décelait pas le goût pur, la foi simple et solide des écrivains du siècle de Louis XIV, elle peignait avec charme les vieilles mœurs religieuses qui n’étaient plus. […] Quel danger n’y a-t-il pas dans de telles théories sous la plume d’un écrivain séduisant d’audace d’esprit, au milieu d’une nation en oscillation perpétuelle de pouvoirs ? […] Le style en est aussi défectueux et aussi vulgaire que les circonstances en sont altérées et décolorées ; l’âme et le talent ont failli à la fois à l’écrivain dans ces pages. […] Il rentre ici dans son domaine : écrivain lumineux, mais non pathétique.
Racine eut le premier la science du mot propre, sans lequel il n’y a point d’écrivain. […] Car telle est la marche constante des préjugés : on se venge du talent qu’a signalé un écrivain, en lui refusant celui qu’il n’a pas encore essayé. […] Mais la blessure que vous avez faite au coeur de l’écrivain sensible n’en est pas moins douloureuse ; la trace en est profonde et sanglante. […] Il jeta quelquefois du ridicule sur les écrivains qu’on lui opposait ; mais s’il les combattait avec des plaisanteries, il leur laissait les cabales et les intrigues. […] Pourquoi enfin aujourd’hui existe-t-il une secte de littérateurs qui font profession de regarder Racine comme un écrivain élégant, mais non pas comme un homme de génie ?
La critique d’un écrivain sous notre plume court toujours risque de devenir une légère dissection anatomique, et, à l’égard des vivants de notre connaissance, quand ce n’est pas avec un extrême plaisir que nous abordons le portrait, c’est certainement à regret que nous nous y mettons. […] Et ce n’était pas l’esprit politique, la passion agressive de Carrel qui l’attirait, c’était l’excellence de l’écrivain, le bon sens qui persistait si juste et si sain au fond de l’humeur belliqueuse et à travers cette noble bile (splendida, mascula bilis) : en fait de bon sens, celui de M. […] Nisard une pensée gratuite ; ç’a été son dessein délibéré, nous le croyons ; il l’a embrassé dans son étendue, il le poursuit, non pas seulement par accès d’humeur judicieuse, comme le très-bon écrivain M. […] A l’appui de son livre sur les poëtes latins, qui n’a pas été assez lu dans le sens juste où il l’avait écrit, et comme démonstration accessoire, il a exprimé directement sa pensée sur toute une classe d’écrivains modernes par son manifeste contre ce qu’il a appelé la littérature facile. […] L’écrivain original se formera en dehors de vos préceptes, et il est probable qu’il commencera par les violer.
Ce n’est certes pas de nos jours que Voltaire aurait droit de dire : « La France fourmille d’historiens et manque d’écrivains72. » Car, si la France n’a jamais été plus fertile en historiens dignes de ce nom par la science et par la pensée, plusieurs se trouvent être à la fois des écrivains éminents. […] Cet ouvrage, qui, avec celui de M rthur Beugnot, partagea le prix de l’Académie, et qui parut l’année suivante (1822) dans une forme plus développée et sous ce titre : De la Féodalité, des Institutions de saint Louis et de l’Influence de la Législation de ce prince, indiquait déjà tout l’avenir qu’on pouvait attendre de M ignet comme historien philosophe et comme écrivain. […] Dès 1821, on offrait au jeune écrivain de faire une Histoire de la Révolution française ; on lui proposait aussi de donner un cours à l’Athénée de Paris, et il y professa une année sur la Réformation et le xvie siècle, une autre année sur la Révolution et la Restauration d’Angleterre. […] Tant de hautes qualités, que nous avons eu à reconnaître dans la manière de l’historien et de l’écrivain, sont achetées au prix de quelques défauts, et notre profonde estime même nous autorisera à les indiquer. […] On peut dire que l’écrivain, par endroits, marque trop les articulations de l’histoire.
Les écrivains distingués, en se livrant seulement à l’impulsion de leur talent, découvriraient ce qu’il y a de plus héroïque dans le dévouement, de plus touchant dans les sacrifices. […] Chaque fois qu’appelé à choisir entre différentes expressions, l’écrivain ou l’orateur se détermine pour celle qui rappelle l’idée la plus délicate, son esprit choisit entre ces expressions, comme son âme devrait se décider dans les actions de la vie ; et cette première habitude peut conduire à l’autre. […] Les tableaux du vice laissent un souvenir ineffaçable, alors qu’ils sont l’ouvrage d’un écrivain profondément observateur. […] Mais comment pouvez-vous rien fonder dans l’opinion, sans le secours des écrivains distingués ? […] Que de consolations nous sont données par les écrivains d’un talent supérieur et d’une âme élevée !
Les Mémoires : le cardinal de Retz, l’homme et l’écrivain. — 3. […] À cette fécondité contribuent trois ou quatre générations d’écrivains : et l’on aperçoit parmi les jeunes génies qui surgissent des esprits mûrs, lentement formés et fortifiés dans les troubles efforts de l’âge précédent. […] N’ayant pas, au reste, la vanité professionnelle de l’écrivain, il n’en a pas les scrupules d’art, et il copie indifféremment les documents qu’il a sous les yeux, journaux ou pamphlets, autant que cela sert à son dessein. […] Retz est un grand écrivain, mais il date de Louis XIII plutôt que de Louis XIV. […] Dans ce grand nombre de correspondances, je choisirai celles qui, n’émanant pas des écrivains, éclairent le mieux l’histoire littéraire, ou l’enrichissent le plus.