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1289. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Il y écrivit les premiers chants de son poëme. […] Une jeune femme de la cour, plus éprise de la gloire personnelle que du rang, la marquise du Châtelet, s’était attachée à lui comme à son maître dans l’art de penser et d’écrire. […] Il écrivait à peine, l’histoire seule l’occupait encore ; ce fut le temps où il rédigea son premier livre historique, la vie du roi de Suède Charles XII. […] Il écrivit plusieurs manifestes sous leur dictée. […] Mais à peine avait-il écrit ces lignes impies qu’il rougissait de les avoir écrites et qu’il s’en vengeait en écrivant d’une main plus ferme les pages les plus solides de pensée et les plus magnifiques d’expression sur l’existence de Dieu dans ses œuvres, sur la conscience, ce code vivant de la morale une et éternelle, sur la moralité ou sur l’immoralité des actes humains, moralité ou immoralité qui suppose une peine ou une rémunération finale, et par conséquent une immortalité.

1290. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Puis, si cela ne vous importune pas, le vous écrirai plus assidûment. […] En Bretagne, j’aurais écrit comme Rollin. […] Dans mes écrits, j’ai été d’une sincérité absolue. […] Écrire une lettre est pour moi une torture. […] » Plus tard, lors de la publication de mes premiers écrits, il triompha.

1291. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

De toutes ses pièces, les mieux écrites ou les plus finies sont peut-être celles où l’amour n’a point ou presque point de part. […] S’il est touchant dans ses pièces, elles sont bien foiblement écrites. […] Question agitée dans tous les temps, & sur laquelle on écrit encore pour & contre. […] En 1756, un avocat, ou soit disant tel, a écrit contr’eux ; & quelles raisons a-t-il de les condamner ? […] Mais passons sur tous ces écrits polémiques.

1292. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Déjà, plus jeune, il s’était amusé souvent, par pur instinct de controverse, à présenter des objections qu’il tirait de Rousseau ou même du Dictionnaire philosophique, et il voulait quelquefois qu’on lui répondît par écrit. […] Dès 1807, nous voyons paraître de lui une traduction exquise du Guide spirituel, petit livre ascétique du bienheureux Louis de Blois ; la préface, aussi parfaite de style que tout ce que l’auteur a écrit plus tard, respire un parfum de grâce céleste, une ravissante fraîcheur de spiritualité. […] Il écrivait à un ami, au sujet d’un des premiers mensonges de la Restauration : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne sur la liberté de la presse ; cela passe tout ce qu’on a jamais vu. […] Je trouve dans son livre des Progrès de la Révolution ces lignes écrites en 1829, et dont il est piquant de se souvenir : « Les ministres, depuis quatorze ans, n’ont eu à tâche que de fixer ce qui existait, quel qu’il fût, en résistant aux exigences des libéraux et des royalistes. […] L’imagination de l’abbé de La Mennais est restée ardente jusqu’à quarante ans : il eût aimé s’en laisser conduire dans le choix et la forme de ses écrits.

1293. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il n’a obéi à d’autre nécessité qu’à son goût personnel d’observer et d’écrire ; jusque dans ses productions les moins flatteuses on sent de l’aisance. […] Sue ne visait d’abord qu’à une exactitude suffisante ; il écrivait avant tout pour Paris ; son ambition était moins de remplir le Havre que de remonter la Seine. Ce n’est jamais pour les vrais bergers qu’on écrit les idylles. […] L’espèce très-exacte, et avec ses variétés, si elle se perdait un jour, se retrouverait en ses écrits ; et voilà comment je dis qu’il représente à mon gré la moyenne du roman en France. […] Ce bon goût que sans doute il a pu, comme nous tous, choquer plus d’une fois dans bien des pages écrites, il l’a eu (mérite plus rare) dans l’ensemble de sa conduite littéraire.

1294. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

La Bruyère écrivait juste un siècle avant 1789607 : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et remuent avec une opiniâtreté invincible. […] En 1739, d’Argenson écrit dans son journal611 : « La disette vient d’occasionner trois soulèvements dans les provinces, à Ruffec, à Caen et à Chinon. […] En 1740612, Massillon, évêque de Clermont-Ferrand, écrit à Fleury : « Le peuple de nos campagnes vit dans une misère affreuse, sans lits, sans meubles ; la plupart même, la moitié de l’année, manquent du pain d’orge et d’avoine qui fait leur unique nourriture et qu’ils sont obligés d’arracher de leur bouche et de celle de leurs enfants pour payer les impositions. […] L’intendant de Poitiers écrit que, « dès que les ateliers de charité sont ouverts, il s’y précipite un nombre prodigieux de pauvres, quelque soin qu’on ait pris pour réduire les prix et n’admettre à ce travail que les plus nécessiteux ». […] » — Que sera-ce donc dans les contrées où la terre est mauvaise   « Des Ormes (près de Châtellerault) jusqu’à Poitiers, écrit une dame646, il y a beaucoup de terrain qui ne rapporte rien, et, depuis Poitiers jusque chez moi (en Limousin), il y a vingt-cinq mille arpents de terrain qui ne sont que de la brande et des joncs marins.

1295. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Elle condamnera aussi les ouvrages de théologie que David de Dinant, disciple d’Amaury de Rêne, écrivit en langue vulgaire. […] C’étaient les clercs qui avaient introduit l’allégorie dans les écrits en langue française. […] Michel, les 4 669 premiers ont été composés dans le premier tiers du xiie  siècle par Guillaume de Lorris ; le reste a été écrit environ quarante ans plus tard par Jean de Meung (vers 1277). […] Il se désole et… Et maître Guillaume de Lorris n’eut pas le temps d’en écrire davantage. […] Sur 18 000 vers qu’il a écrits, on en a pu rendre 12 000 à ses auteurs, dont 2 000 au seul Ovide.

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