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472. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Je me suis trouvé l’âme d’un homme libre dans la contrée qu’on appelle des esclaves, et l’âme d’un esclave dans la contrée qu’on appelle des hommes libres. […] J’en dis autant des disputes sur la nature de l’âme. […] Marque-t-elle une âme faible, ou une âme forte ? […] Son âme avait-elle été brisée par la longueur et la dureté de son exil ? […] ce dernier entretien, si capable de déchirer une âme, vous vous le rappelez.

473. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Pourtant l’émotion religieuse que ces grands spectacles excitent en son âme ne la fait jamais se fondre en prière sous le poids de l’infini. […] Il ne lui arrive jamais, aux heures de rêverie, de voir, dans les étoiles, des fleurs divines qui jonchent les parvis du saint lieu, des âmes heureuses qui respirent un air plus pur, et qui parlent, durant les nuits, un mystérieux langage aux âmes humaines. […] La campagne, le silence, la solitude et tout ce qui ramène plus aisément l’âme à elle-même et à Dieu, font place, en ses vers, au fracas des rues de Paris, à l’odeur des tavernes et des cuisines, aux allées infectes des plus misérables taudis. […] Ses émotions rapides, qui toutes sont diverses, et toutes furent vraies un moment, rident tour à tour la surface de son âme, mais sans la bouleverser, sans lancer les vagues au ciel et montrer à nu le sable du fond. […] Comme la douleur alors percera avant dans son âme et en armera toutes les puissances !

474. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Paul Féval « racheter l’âme de notre patrie » ! Que pourrait-on donc faire de plus pour la trahir, cette âme ? […] Je voudrais voir se dresser sur la hauteur, le temple qui serait pour l’âme française ce que l’Abbaye de Westminster est pour l’âme anglaise, je veux dire son sanctuaire. […] Comprend-on quel lien peut constituer dans les âmes ce culte grandiose, et que c’est précisément ce lien qui manque à nos êtres épars et dissociés ? […] Une communion auguste avec l’âme du passé la remplirait de force.

475. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Ce goût pour l’abstraction a persuadé à M. de Biran de transformer en substances les forces, simples qualités ou rapports abstraits, de considérer la volonté comme l’âme, de changer l’étendue en une apparence, et de ressusciter les monades de Leibnitz. […] Maine de Biran mettait partout des forces spirituelles, et le public souhaitait devoir la matière détruite au profit de l’âme. […] Mon âme m’échappe malgré moi, et je ne puis consentir à garder les bienséances que m’inspire ma faiblesse, au point d’oublier que je suis Français. […] La sympathie, ignorée de Hume, a révélé les changements de l’âme, et Michelet, Thierry, Sainte-Beuve et tant d’autres ont écrit la psychologie des races, des individus, des siècles et des nations. […] Si l’on excepte les élèves qui croient sur parole, les professeurs qui croient par état, et les inventeurs qui croient à titre d’inventeurs, on trouve que sur la foule, savants, jeunes gens et gens du monde, cette philosophie n’a plus de prise, Ceux-ci admettent comme l’école Dieu, l’âme, le devoir ; mais l’obligation en est au catéchisme et à l’opinion plus qu’à l’école.

476. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ces lettres de la jeunesse de Mme Swetchine nous révèlent une âme ardente, impétueuse, que la difficulté, l’âpreté même de l’effort moral tente et convie, et qui ne s’est jetée vers Dieu avec tant de passion que de peur de se laisser prendre trop vivement aux choses de la terre. […] croyez-vous à la réunion éternelle des âmes qui se seront entendues ici-bas ? […] Je sais ce qu’une âme pieuse peut espérer des délices de sa réunion avec le Grand Être ; mais cependant le Ciel nous paraîtrait-il bien le Ciel, si nous ne pouvions joindre à cette idée sublime de notre destination future quelques idées sensibles ? […] Jamais on ne me fera croire que je n’éprouverai rien de plus en rencontrant l’âme de mon père que celledu Chinois avec lequel je ferai peut-être le grand voyage. […] Si j’osais, en quoi que ce soit, me livrer à l’espérance, ne fatiguerait-elle pas trop mon âme ?

477. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Augmente-t-il la force de leur âme ? […] Enfin il recherche de préférence, dans ce règne aimable, les plantes qui par leurs accidents, leurs goûts, leurs mœurs, entretiennent des intelligences secrètes avec son âme. […] Mon âme se dissoudra-t-elle avec le reste de ma poussière ? […] Ce fut sans doute l’Amitié en pleurs sur un monument qui imagina le dogme de l’immortalité de l’âme et la religion des tombeaux. […] D’une autre part, quelques génies favorisés du ciel, quelques âmes sensibles aux attraits de la nature, un Orphée, un Homère, augmentèrent les habitants de l’immortel séjour.

478. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Il débrouille et développe les fils de l’humanité noués et roulés en écheveau dans son âme ; il ne les casse pas. […] L’âme d’Alceste laisse échapper de toutes parts l’éclair des « haines vigoureuses ». […] C’est un nourrisseur d’âmes. […] Une âme osque, une âme grecque et une âme latine. […] Pas de poëte sans cette activité d’âme qui est la résultante de la conscience.

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