Qu’on mesure seulement d’un coup d’œil le développement irrésistible des Trade-Unions en Angleterre, des Gewerk-Vereine en Allemagne, des Syndicats en France, et l’on se rendra compte que la multiplication des groupements est un des traits caractéristiques de notre âge.
Il avait vécu ; il avait sucé, de ses fortes lèvres rouges, tous les fruits de l’Arbre fatidique ; il avait été un homme à l’âge où les autres hommes sortent de l’enfance ; il était vieux à l’âge où les autres hommes sont mûrs… Il relut Sagesse, sourit, se laissa oindre d’huiles consacrées, puis, ramenant le drap par-dessus sa tête, il s’en alla rassasié de tout, dans la nuit sans étoiles. […] Et comme c’est une fin d’été, comme un premier baiser de l’automne frôla l’épiderme de la terre, çà et là des teintes d’or roux annoncent la royale défaillance des végétaux… Évocation de l’âge mûr, suprême hymne de force avant le sommeil vers les renouveaux… C’est parce que j’ai trouvé ces choses dans ta peinture que je t’aime, Ami. […] À l’âge de vingt ans, après de fortes études, il entre à l’école d’artillerie de Pétersbourg. […] Il serait pourtant d’une intellectualité plus élevée d’admettre que l’œuvre d’un producteur, quel que soit l’âge de celui-ci, quel que soit aussi le moyen d’expression choisi par lui pour s’affirmer, relève du jugement de tous et de chacun. […] Couvrant d’un large pardon nos erreurs, nos chutes et nos querelles, plusieurs diront : « Tout meurtris encore du combat que se livrèrent en eux les fantômes de la Foi et les jeunes forces ardentes de la Science, ravis par l’aube qui remplissait lentement de merveilles leurs yeux qu’effaroucha la nuit sans étoiles, ces morts parvinrent enfin à découvrir que leur âme unanime échappait aux mensonges des vieux âges pour avoir conçu, malgré les leçons des rhéteurs, la réalité splendide de l’univers. » Aujourd’hui, confiants dans notre force, sûrs que notre labeur fut probe, nous devons, plus que jamais, nous bander contre la médiocrité ambiante, mettre notre orgueil à repousser les avances des vieilles prostituées qui nous invitent à remplir avec elles ce tonneau sans fond : l’opinion publique et répondre à leurs caresses par des coups de fouet.
Il nous dit qu’il aurait pu, déjà à un âge respectable, briguer les couronnes de Nanterre. […] Ce qui importe bien plus, c’est de révéler à l’âge présent et aux siècles futurs les faits jusqu’ici ignorés ou seulement à moitié connus du public. […] Alors, de même qu’en son jeune âge, ils lui ont porté bonheur. […] Quant à Mlle Fourchambault, c’est une petite péronnelle de vingt ans, d’agréable plumage et de gentil ramage, mais elle en sait et en dit beaucoup pour son âge. […] À un certain âge, on est plus sceptique ; ne le fût-on pas, on craint, en se passionnant pour la morale offensée, de ressembler à M.
Pantagruel est presque aussi difficile à lire que Berthe aux grands Pieds ; mais la critique commençait, servie par l’imprimerie, et la popularité de Rabelais, attestée par d’innombrables éditions9, devint, grâce aux jugements de ses contemporains, récrits d’âge en âge, de la gloire. […] Or le sentiment diminue avec l’âge, ou du moins, les facultés de sympathie n’étant pas indéfiniment extensibles, il arrive un moment où la production littéraire des nouveaux venus, si elle nous intéresse encore, ne nous passionne plus. […] Presque toutes les questions effleurées avec une sagacité sans pareille dans le Dialogue de Tristan et d’un ami sont de celles qui intéressent encore les philosophes et les critiques. « Je comprends, dit Tristan, et j’embrasse la philosophie profonde des journaux, lesquels, en tuant toute autre littérature, toute autre étude, trop sérieuse et trop peu divertissante, sont les maîtres et la lumière de l’âge moderne. » Déjà, de son temps, les flatteurs du populaire disaient, comme les socialistes d’aujourd’hui : « Les individus ont disparu devant les masses. » Déjà, la bêtise grave affirmait : « Nous vivons dans une époque de transition », comme si, reprend Tristan, toutes les époques et tous les siècles n’étaient pas une transition vers l’avenir ! […] En attendant cet âge d’or il faut nous contenter de la permission « d’écrire neu, seur, veu, au lieu de nœud, sœur, vœu ». […] Et pourtant l’orthographe enfant s’est maintenue jusqu’à nos jours, véritable fossile, témoin des âges disparus. » M.
Les personnes d’âge n’ont vraiment qu’un moyen d’obtenir l’indulgence de ces jeunes gens, c’est de se montrer elles-mêmes indulgentes à la jeunesse. […] Il ne se sentait du reste pas en sympathie avec les enfants de son âge. […] « De 1780 à 1830, écrivait-il dans son étude sur Carlyle, l’Allemagne a produit toutes les idées de notre âge historique, et, pendant un demi-siècle encore, pendant un siècle peut-être, notre grande affaire sera de les repenser. » Et il ajoutait que toutes ces idées se réduisent à une seule, celle du « développement » (Entwickelung). […] Survivant des âges disparus, héraut des vérités méconnues, il pouvait à son aise enfler la voix et jeter l’anathème aux hommes d’aujourd’hui. […] Le fait est que les images polissonnes hantaient son cerveau, que le goût de la grivoiserie va chez lui grandissant avec l’âge et que la manie érotique est le trait permanent et foncier de son imagination.
Les rudes fatigues et la guerre de l’émigration, qui lui avaient infligé leurs traces et qui l’avaient courbé en deux avant l’âge, n’enlevaient rien, non plus que la modicité de ses ressources, à la bonté, à l’enjouement, à la grâce de son humeur. […] Tant pis, car je ne te sauverais plus toi-même, quand tu es plus aveuglé par la folie jalouse des spéculateurs que les enfants par la faiblesse de leur âge
La génération qui atteignit l’âge d’homme vers 1860 se prit d’enthousiasme pour sa méthode. […] Qu’ils sont vrais, ses paysans de tout âge et de toute condition, propriétaires, fermiers et valets ! […] Une nuit, dans les mers d’Islande, un horizon sans point de repère ni âge géologique le fait songer à « l’éternité des choses qui sont et ne peuvent se dispenser d’être ». […] lui sont-ils restés dans l’oreille, ces douze coups d’horloge qui, une nuit de juin, lui ont signifié qu’il vouait d’atteindre cette « force de l’âge », ce « point culminant » d’où il faut descendre ! […] Aussi n’eût-il point, à vrai dire, de jeunesse de cœur : « À l’âge où d’autres commencent à songer à leur cousine, il se trouva que j’avais tant rêvé, que le rêve avait comme usé mon âme.