… C’est lui… il m’a parlé d’une pièce pour moi… il l’avait sur lui… je l’ai fait monter dans ma voiture… Bref, il m’a lu son premier acte en chemin… il y a bien eu à travers la lecture, quelques cahots… Tenez, le voilà qui m’attend pour me lire le second acte, en me reconduisant aux Variétés. » Et elle disparaît en pouffant de rire. […] je voudrais en avoir fini de ces trois derniers livres… Après l’Argent, oui, viendra la Guerre, mais ce ne sera pas un roman, ce sera la promenade d’un monsieur à travers le Siège et la Commune… Au fond le livre qui me parle, qui a un charme pour moi, c’est le dernier, où je mettrai en scène un savant… Ce savant, je serais assez tenté de le faire d’après Claude Bernard, avec la communication de ses papiers, de ses lettres… Ce sera amusant… je ferai un savant marié avec une femme rétrograde, bigote, qui détruira ses travaux, à mesure qu’il travaille. […] Samedi 3 mai Je ne connais rien de bête, comme ces reconstitutions d’un monument historique dans un lieu autre, que celui où il a été élevé jadis, et cette Tour du Temple, refaite au bas de Passy, pour la grande Exposition de l’année dernière, jette un complet désarroi dans ma cervelle d’historien de la Révolution, quand un peu somnolent, je l’aperçois à travers la buée de la vitre du fiacre qui me ramène, le soir, chez moi. […] D’abord une promenade dans le musée, à travers des manuscrits de Flaubert, sur lesquels est penchée une députation de collégiens, puis enfin l’inauguration du monument pour de vrai. […] Dimanche 21 décembre Duret contait aujourd’hui au Grenier, qu’il avait assisté au Japon à une représentation des Fidèles Ronins, où les quarante-cinq ronins, tout couverts de sang, traversaient la salle dans toute sa longueur, sur un petit praticable établi au-dessus des Japonais assis à terre, et que le passage à travers la salle de ces guerriers ensanglantés, était d’un effet terrible.
Le second volume, qui se replie sur Vendémiaire pour s’arrêter au 18 Fructidor, le prodrome éclatant de Brumaire, contient l’échange de Madame Royale, la conspiration de Babeuf, la sordide trahison de Pichegru, et l’histoire, à travers tous les faits, de cette anarchie entre des pouvoirs rivaux que nous avons vue exister depuis dans des gouvernements détruits parce qu’ils étaient impossibles. […] Au milieu de ce labyrinthe d’intrigues, de ce mauvais air d’antichambre, de police et de sales manèges, qui est comme le fond de ces deux volumes, on sent battre le cœur du pays à travers la frontière, on entrevoit quelque chose de vengeur, quelque chose de dessouillant, comme disait Napoléon, qui va venir et qui s’approche, et l’écrivain, qui est très habile, prépare admirablement le coup d’État final de son héros. […] Très peu connu, quoique très célèbre, parce que les partis qu’il a blessés, et souvent jusqu’au cœur, en les combattant, avaient un intérêt de passé et d’avenir à calomnier un ennemi aussi redoutable, on n’a guères vu Cassagnac qu’à travers leur injure. […] Encore une fois, l’idée donnée du livre de Cassagnac, j’ai presque tout dit ; car ces dialectes à travers lesquels il circule, ces grammaires qu’il habite, feraient peut-être, si j’en détachais quelque chose pour le citer ici, le même effet qu’à moi. […] Cette grande langue pure du xviie siècle revenait à travers les formes haletantes du journalisme pour les étendre et les élever, et ce qui n’était, jusque-là, que de la puissance, devenait alors de la beauté !
Et tandis que le président annonçait le jugement à travers son binocle d’or trémulant sur son nez de chèvre, le Malin n’époussetait-il pas du bout de sa queue de vache le crâne étincelant du digne ma-a-gis-te-rat ! […] C’est moi qui fume cette cigarette… et qui regarde les danseuses tourner, et pourtant c’est moi-même que je vois à travers la fumée de la cigarette. […] Le lendemain matin, nous errions à travers la ville ; le soleil brillait au-dessus de nos têtes. […] Des pommes de terre cuites à l’eau accompagnaient cette substantielle nourriture, brûlantes à travers leurs pelures. […] C’est un superbe, parfois terrible torrent, c’est le cours majestueux d’un fleuve serpentant à travers les prés et les fleurs, un ruisseau rêveur qui murmure ou gazouille gaiement.
C’est un voyage à travers la boue, où le lecteur s’embourbe avec l’architecte. […] Un vétéran de la caserne voisine qui regardait à travers la grille disait : — Voilà le printemps au port d’armes et en grande tenue. […] « Celui-ci était un bourgeois ; le même peut-être qu’un jour Marius, à travers sa fièvre d’amour, avait entendu, près de ce même grand bassin, conseillant à son fils “d’éviter les excès”. […] Athènes et Rome ont et gardent, même à travers toute l’épaisseur nocturne des siècles, des auréoles de civilisation.
« Les comètes, qui laissent quelquefois entrevoir les étoiles à travers leur queue, semblent être un composé de matière gazeuse plus apparente que dangereuse. » Quant aux pierres tombantes ou étoiles filantes qui étonnent souvent nos yeux, Humboldt les considère comme des millions de petites planètes emportées par un mouvement de rotation autour du soleil, et qui frappent aveuglément la terre quand nous les rencontrons, comme des papillons aveugles. […] Une idée qui se révèle à travers l’histoire en étendant chaque jour son salutaire empire, une idée qui, mieux que toute autre, prouve le fait si souvent contesté, mais plus encore incompris, de la perfectibilité générale de l’espèce, c’est l’idée de l’humanité. […] Pour la description de Cicéron, elle est tellement fidèle, comme l’a remarqué récemment un observateur ingénieux, qu’aujourd’hui encore on en peut retrouver sur les lieux mêmes tous les traits… À travers les terribles orages de l’an 708, Cicéron trouva quelques adoucissements dans ses villas, se rendant tour à tour de Tusculum à Arpinum, des environs d’Antium à ceux de Cumes. […] Dans ce livre, ainsi que dans la Chaumière indienne, et même dans les Études de la nature, déparées malheureusement par des théories aventureuses et par de graves erreurs de physique, l’aspect de la mer, les nuages qui s’amoncellent, le vent qui murmure à travers les buissons de bambous, les hauts palmiers qui courbent leurs têtes, sont décrits avec une vérité inimitable.
Ainsi, dans sa comédie des Esprits, Larivey n’a vu Plaute qu’à travers Lorenzino de Médicis, et la fusion de l’Aululaire et de la Mostellaria s’est offerte à lui toute faite dans l’Aridosio du prince florentin. […] Mais elle est aussitôt réprimée par le poète, et il vaudrait la peine d’étudier avec quel art, quelle finesse de composition il fait toujours dominer l’impression comique, chargeant Sganarelle d’atténuer don Elvire, don Luis et don Juan, Dubois d’effacer le trouble pathétique du IVe acte du Misanthrope, Dorine de jeter sa belle humeur à travers les scènes pitoyables de Tartufe, Argan enfin de contrepeser l’odieux de Béline et le charme attendrissant d’Angélique. […] Il est même remarquable que Molière a si bien posé les traits caractéristiques des diverses classes de la société française, qu’à travers toutes les révolutions, les grandes lignes de ses études restent vraies : Balzac et Augier nous aideraient à le prouver. […] Sans vouloir forcer les choses, il y a dans le Misanthrope comme un germe de la fameuse antithèse de l’homme social et de l’homme naturel qui s’épanouira à travers l’œuvre de J.
Mais qui pourra retrouver la trace du monde primitif à travers cet immense réseau de complication artificielle dont se sont enveloppées quelques langues, à travers ces nombreuses couches de peuples et d’idiomes qui se sont comme superposées les unes aux autres dans certaines contrées ? […] Le second volume du Cosmos de M. de Humboldt (histoire d’un sentiment de l’humanité poursuivie dans toutes les races et à travers tous les siècles, dans ses variétés et ses nuances) peut être considéré comme un exemple de cette psychologie historique. […] La science de l’homme ne sera posée à son véritable jour que lorsqu’on se sera bien persuadé que la conscience se fait, que d’abord faible, vague, non centralisée, chez l’individu comme dans l’humanité, elle arrive à travers des phases diverses à sa plénitude.