Bussy-Rabutin avait eu des succès très brillants comme général ; il tombe tout à coup en disgrâce ; on le met à la réforme, et on l’envoie passer sa vie dans son château de Bussy-Rabutin, dans son manoir de Bourgogne, où il se rêvait général de génie, comme Molière à Pézenas se rêvait grand poète ; Bussy-Rabutin était tout irrité, tout désespéré, à tel point qu’il ne pouvait se donner un coup d’épée en Flandre, sur le Rhin, ou en Italie, que ce coup d’épée n’eût l’air d’être donné à travers son cœur ; la fortune ne pouvait pas laisser tomber sur qui que ce fût une de ses faveurs, on ne pouvait pas accorder un cordon, un bâton de Maréchal, sans que cette faveur ne retombât sur l’orgueil de Bussy-Rabutin, pour le faire rebondir. […] Il suit cette marche des passions comme les médecins et les savants suivraient une maladie à travers les siècles ; il voit les derniers excès auxquels elles peuvent atteindre ; il rassemble tout cela sur une seule tête : celle d’un individu, qui devient alors typique et mythique, et la vérité même de la passion. […] Il peut d’abord observer et reproduire le monde extérieur en le résumant ; il peut ensuite regarder dans son âme elle-même, et mêler ses propres passions à l’observation du monde extérieur, et transformer ce qu’il en observe en les y mêlant ; mais il peut aller bien au-delà de ce que lui fournit le spectacle des hommes agissant sous ses yeux ou des passions s’agitant dans son âme, il peut voir d’un don de seconde vue, et faire au moral ce que ferait au physique un homme qui verrait à travers les murs et les corps opaques ; un homme de génie, pénétrant bien au-delà de l’activité immédiate de l’âme et de celle de l’histoire, peut voir une passion jusqu’à des extrémités où nous la rencontrons rarement dans la vie, un vice agissant dans l’histoire bien au-delà du temps où il vit et qu’il contemple lui-même. […] Ce comique, vous le sentiriez, si, au lieu d’une représentation théâtrale qui frappe vos yeux, vous le voyiez dans un récit écrit, si vous le voyiez, cet homme qui vit à travers les tortures de la maladie, dans l’histoire, loin de vous, dans quelque personnage qui ne vous intéresse pas autant qu’un personnage qu’on mettrait devant vous sur la scène.
J’ai trop le respect et le goût de la guerre pour croire qu’il faille et que l’on puisse faire la guerre à tort et à travers, pour me résoudre à faire une offense fratricide, une guerre impie. […] Traversant, censément, se faisant sentir à travers les plus authentiques semelles des lourds godillots. […] À travers le cuir et malgré les gros clous réglementaires. Comme à travers les clous mêmes. […] Ce qu’elle est elle-même en elle-même précisément sous ces transformations, à travers ces déplacements.
Pocquelin accompagne Louis XIII à Paris, à Narbonne, dans les camps ; partout il voit l’intérêt prendre les masques variés du courtisan ; son œil philosophique perce à travers, et ce qu’il aperçoit, ou ce qu’il devine, loin de lui faire perdre le goût de la comédie, sert à le ranimer journellement. […] Molière, en faisant dire à Isabelle : Et m’a, droit dans ma chambre, une boîte jetée Qui renferme une lettre en poulet cachetée, n’a certainement pas voulu que ce fût la boîte ; car, comment Isabelle aurait-elle pu voir à travers jusqu’à la forme du billet ? […] Le dénouement. — De toute beauté, si nous le démêlons à travers le récit du roman dont nous venons de parler, et les lazzis de maître Jacques ; si nous voulons enfin ne voir le véritable dénouement que dans le sacrifice de l’Avare renonçant à son amour pour revoir sa chère cassette. […] la fourrure de l’hiver percera certainement à travers le surtout du printemps, et ces deux vers, du Roi de Cocagne, s’offriront naturellement à la mémoire : Pour me plaire il faisait tout ce qu’il pouvait faire, Mais tout ce qu’il pouvait n’avait pas de quoi plaire.
Trois histoires successives, Laurette, la Veillée de Vincennes et le Capitaine Renaud, nous amènent, à travers un savant labyrinthe concentrique et par de délicieux méandres, à un but philosophique et social élevé.
Dans ses soins et ses conseils autour des gracieuses ardeurs de la princesse de Clèves et de M. de Nemours, M. de La Rochefoucauld songeait sans doute à cette fleur de jeunesse moissonnée, et il retrouvait à son tour à travers une larme quelque chose du portrait non imaginaire.
Tous les soirs, elle voulait la voir ; quand elle l’apercevait à travers les vitres, c’étaient des cris de plaisir ; quand elle marchait, il lui semblait que la lune marchait aussi, et, pour elle, cette découverte était charmante ; Comme la lune apparaissait selon les heures à divers endroits, tantôt devant la maison, tantôt par derrière, elle criait : « Encore une lune, une autre lune !
A chaque instant ici on aperçoit l’un à travers l’autre.