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1081. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiraud, Alexandre (1788-1847) »

OPINIONS.

1082. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Holmès, Augusta (1847-1903) »

OPINIONS.

1083. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jouy, Jules (1855-1897) »

OPINIONS.

1084. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Braz, Anatole (1859-1926) »

OPINION.

1085. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Liégeard, Stéphen (1830-1925) »

OPINIONS.

1086. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Murger, Henry (1822-1861) »

OPINIONS.

1087. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nolhac, Pierre de (1859-1936) »

OPINIONS.

1088. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Privas, Xavier (1863-1927) »

OPINIONS.

1089. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raymond, Louis (1869-1928) »

OPINION.

1090. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jacques (1880-....) »

OPINION.

1091. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valade, Léon (1841-1884) »

OPINIONS.

1092. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

L’opinion ne s’égare jamais tout à fait. […] Cet effet d’édification, cette valeur apologétique, c’était au contraire l’opinion de M.  […] Despois lui-même avait soutenu jadis cette opinion, mais depuis lors il en était judicieusement revenu. […] Mais je crois que l’opinion commune se trompe et qu’il convient d’en appeler du jugement consacré. […] Pour dominer, pour maîtriser, pour diriger l’opinion, dans quel sens fallait-il agir ?

1093. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

J’avais pourtant bien le droit d’émettre une opinion sur un poète français. […] Cette opinion, encore une fois, ne me paraît ni extravagante ni injuste. […] Mon opinion s est modifiée, à mesure que je l’ai mieux connu et que j’ai mieux lu ses livres. […] L’opinion d’Heredia sur Flaubert était l’impartialité même. […] Mon opinion depuis vingt ans n’a pas varié.

1094. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ajalbert, Jean (1863-1947) »

OPINIONS.

1095. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fournier, Édouard (1819-1880) »

OPINION.

1096. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girardin, Delphine de (1804-1855) »

OPINIONS.

1097. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gide, André (1869-1951) »

OPINIONS.

1098. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Grandmougin, Charles (1850-1930) »

OPINIONS.

1099. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Joncières, Léonce de »

OPINIONS.

1100. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lafenestre, Georges (1837-1919) »

OPINIONS.

1101. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Du Plessys, Maurice (1864-1924) »

OPINIONS.

1102. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboul, Jean (1796-1864) »

OPINIONS.

1103. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

OPINIONS.

1104. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tellier, Jules (1863-1889) »

OPINIONS.

1105. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

OPINIONS.

1106. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

personne n’y est moins résigné que moi, car je sens peser tous les jours sur nous le joug de la domination latine ; mais je crois que s’il est bon d’avoir le courage de ses opinions, il est bon aussi d’avoir le courage de ne point avoir d’opinion sur les sujets qu’on n’a pas étudiés. […] Le stagiaire de 1811 a reçu les félicitations et les compliments de ses confrères de toute opinion, de M.  […] Renan n’a fait qu’une leçon : s’il eût paru renier ses opinions bien connues, on peut affirmer que même cette première leçon n’aurait pu s’achever. […] Il a non seulement le courage de ses opinions, mais encore celui de son ignorance, et il est franchement et orgueilleusement rétrograde. […] La justice, sachez-le bien, a généralement mauvaise opinion des gens qui ont eu affaire à elle, même sans raison.

1107. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Changez le théâtre et le sujet ; à des sectes religieuses, à des opinions de théologie, substituez des partis politiques et des questions de gouvernement ; les uns vous apprendront à démêler les autres. […] Justifié d’ailleurs par la tolérance de l’Eglise, qui, dans les choses douteuses ou indifférentes, avait pour maxime de laisser aux esprits la liberté d’opinion, il s’était attaché de préférence aux écrits des saints solitaires. […] A la différence de Bossuet, qui est plus latin que grec, Fénelon est plus grec que latin ; et, parmi les auteurs grecs, il goûtait surtout Platon, dans les écrits duquel il n’est pas malaisé de trouver tous les excès des opinions idéalistes, et même le quiétisme, que Bayle y a découvert presque sans paradoxe. […] L’opinion de Leibniz sur la querelle entre Bossuet et Fénelon est le jugement même de la postérité : il n’y a rien à y changer. […] Je reconnais là les formes qu’affecte le sens propre, et je les note dans Fénelon, parce qu’elles sont communes à toutes les opinions particulières.

1108. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Les partis ne cherchent pas la vertu, mais les services dans ceux qui se mettent à leur tête ; il fut certainement alors une des causes de la chute de la monarchie des Bourbons en 1830 ; il avait juré de se venger, sa vengeance porta plus loin que sur les ministres, elle porta sur le trône ; elle embarrassa le roi et désaffectionna l’opinion qu’il avait le premier fanatisée pour les Bourbons en 1814. […] Pouvait-il se figurer que, dans un pays où la main est si près de la tête, l’opinion excitée et armée d’une multitude pouvait combattre sans danger la raison froide et calme de la raison publique ; ou bien pouvait-il livrer de gaieté de cœur sa patrie à l’éternelle agression d’une majorité désordonnée, parlant ou écrivant réunie sur un seul point de l’empire, sans contrôle et sans modération, contre une société sans cesse attaquée, quoique sans cesse victorieuse ? […] Non ; nous ne disons pas qu’un tel homme soit coupable, mais nous pensons qu’il est légitimement suspect d’avoir changé par des motifs humains des opinions qui doivent être surhumaines, à moins d’être simulées. […] Chateaubriand profita de cette détente des opinions pour se réconcilier avec le roi nouveau et avec sa fortune évanouie.

1109. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

A propos des Anregungen fur Kunst, Leben und Wissenschaft de Richard Pohl, il s’écrie : « En exaltant les dernières œuvres de Beethoven, aberrations d’un génie qui s’éteint et les monstrueuses combinaisons de Tannhaeuser et de Lohengrin, monuments d’impuissance à » créer dans le domaine de la noble et belle musique, les rédacteurs des Anregungen ont contribué à faire naître le doute et l’anarchie actuelle d’opinions, qui font descendre aujourd’hui » la nation allemande de la position élevée où l’avaient placée les Bach, Haendel, Gluck, Haydn, le divin Mozart et Beethoven dans sa belle époque. » Cet exemple édifiant suffit à faire apprécier le caractère spécial d’un genre de critique dont notre pays n’était pas seul, d’ailleurs, à montrer les effets. […] Sauf l’Indépendance qui reflétait l’opinion de Féti père, tous les organes de la presse bruxelloise se montrèrent pleinement élogieux, manifestèrent la plus vive admiration, souhaitant de juger prochainement les œuvres de Wagner au théâtre. […] Jullien déclare qu’il veut « raconter la vie de Wagner, juger ses actes et ses œuvres … » Ainsi ce livre, qui eût pu être un précieux et unique recueil de documents, devient un exposé d’opinions personnelles. […] Fétis attaque Wagner tant pour ses opinions politiques que pour ses positions esthétiques.

1110. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

On doit surtout un salut à Mme Rachilde qui me paraît souvent se tromper mais qui dit avec bravoure et malice des opinions sincères. […] Trolliet consent aux opinions admises et adresse aux poètes consacrés des louanges et des reproches que nous connaissons. […] Aussi volontiers que des vers pastichés, il écrit des opinions critiques, pourvu qu’elles ne soient pas compromettantes. […] Visitons au hasard deux de ces écrivains qui essaient, parmi d’autres tentatives, d’exprimer des opinions critiques ou quelque chose qui y ressemble : un juré honnête, Camille Mauclair ; un juré aussi canaille et cynique qu’un juge (ça se rencontre quelquefois) le petit Fernand Gregh.

1111. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIV » pp. 58-60

Mais enfin, cela ne s’étant pas fait, et après plus d’un mois, il n’y avait plus qu’à dresser un bilan définitif, à réagir un peu contre tout ce qui s’était dit de trop, et l’article satisfait généralement à ces conditions d’un rapport et d’un résumé final dans la situation très-complexe où se trouvait le critique, engagé qu’il était déjà par les antécédents de la Revue et par ses propres opinions.

1112. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — III. Un dernier mot sur M. de Talleyrand »

La préoccupation du maître était déjà tournée sur le personnage, et il m’a dit une fois que le sujet l’avait bien des fois tenté, sans qu’il eût jamais eu occasion d’écrire sur lui : « Mais il y a, ajoutait-il, un portrait à faire. » La lettre qu’on va lire, antérieure de près de deux ans à la publication des articles qui ont paru dans le Temps, me semble être le fruit et le résumé d’une opinion qui n’a pas changé : « Ce 9 février 1867.

1113. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Borel, Petrus (1809-1859) »

OPINIONS.

1114. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

OPINIONS.

1115. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lacroix, Jules (1809-1887) »

OPINIONS.

1116. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemoyne, André (1822-1907) »

OPINIONS.

1117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Vavasseur, Gustave (1819-1896) »

OPINIONS.

1118. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

OPINIONS.

1119. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rameau, Jean (1859-1942) »

OPINIONS.

1120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tiercelin, Louis (1849-1915) »

OPINIONS.

1121. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trimouillat, Pierre (1858-1929) »

OPINIONS.

1122. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

La tolérance qu’avaient aisément les anciens pour les diverses opinions et croyances religieuses, tolérance que Gibbon s’attache si fort à démontrer, était plus que compensée par le mépris si habituel qu’on avait alors pour la vie des hommes. […] En un mot, s’il nous a très bien démontré et expliqué le genre de tolérance d’un Cicéron, d’un Trajan, d’un Pline, cette disposition humaine sans doute, née toutefois ou accompagnée d’une indifférence profonde et d’un secret mépris pour les objets d’un culte qui, chez les anciens, était une affaire de coutume et de forme extérieure, non d’opinion ni de croyance, il n’a pas également compris le sentiment nouveau qui combattait et affrontait cette tolérance, et qui devait, vers la fin, la lasser. […] À défaut de ce honneur impossible, Mme Necker essayait quelquefois de lui indiquer d’autres sources de consolation et le souverain remède contre l’isolement du cœur ; elle lui avait fait promettre de lire l’ouvrage de son mari sur L’Importance des opinions religieuses, et elle avait, à l’occasion, sur ce sujet de christianisme et de monde invisible, des paroles amies et délicates, que Gibbon du moins ne repoussait pas.

1123. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il dut faire quelques sacrifices au ton du jour et entrer plus ou moins en composition avec le libéralisme, bientôt général et dominant : il sut pourtant se soustraire et résister à l’espèce d’oppression morale que cette opinion d’alors, en tant que celle d’un parti, exerçait sur les esprits les plus distingués ; il sut être indépendant, penser en tout et marcher de lui-même. […] Il nous reproche d’aimer dans les arts à recevoir les opinions toutes faites, les recettes commodes, et à les garder longtemps même après que l’utilité d’un jour en est passée76. […] Tous les deux, ils ont cela de commun de dire aux Parisiens bien des duretés, ou même des impertinences, et de songer beaucoup à l’opinion de Paris.

1124. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Ainsi, sur l’opinion d’une autre vie : Tout homme qui y croit, écrit-il à Frédéric (30 novembre 1781), qu’il soit dans l’erreur ou non, a certainement un motif de plus pour être un citoyen honnête. […] Frédéric vit le bon côté, le côté sérieux de ce succès de son frère dans l’opinion : Le public en France, lui écrivait-il (13 septembre 1784), suit ce droit bon sens naturel qui voit les objets sans déguisement ; mais les ministres ont bien d’autres réflexions à faire, dont la principale roule sur leur conservation… Mais j’ose me flatter que votre séjour disposera les esprits en notre faveur, et que si la France voit enfin qu’elle est obligée de revirer de système, elle nous choisira comme son pis-aller. […] Louis XVI avait de l’éloignement pour Frédéric, et il disait : « Frédéric a la plus mauvaise opinion des hommes. » II ne trouvait pas à faire le même reproche au prince Henri, qui avait une couleur de bienveillance et d’optimisme, et à qui une teinte de Greuze ne manquait pas.

1125. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

C’est son refrain perpétuel dans ses préfaces qui, à mesure qu’il avance en âge, ne sont plus qu’une longue lamentation : « Il ne suffit pas toujours, disait-il, de faire un bel ouvrage pour en acquérir de la réputation à son auteur, il lui faut encore des amis affectionnés et puissants en crédit pour l’établir dans l’opinion du monde : le peuple n’est pas capable de lui-même d’en connaître le mérite. » Marolles s’estime ainsi victime du mauvais vouloir ou de l’indifférence, à son égard, des principaux oracles de l’opinion ; il croit volontiers à la conspiration du silence. […] Il a beau se plaindre et gémir, regardez ses portraits, toujours un sourire de satisfaction flotte et surnage et repousse tout soupçon d’amertume : cet homme, quoi qu’il fasse et quoi qu’on fasse, est content de lui, il a bonne opinion de lui, et il augure bien du succès définitif de ses vers, et par une très bonne raison qu’il va nous dire : « Parce que je les aime, et que je suis persuadé de n’avoir jamais rien fait de mieux. » Marolles eut pour adversaire en son temps, et pour juge inexorable un homme auquel il fait allusion fréquemment comme étant alors l’arbitre des réputations et le dispensateur suprême des louanges, Chapelain, si déchu et si rabaissé aujourd’hui.

1126. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Nous l’avons vu dans les assemblées du Parlement être l’oracle des opinions ; s’est-il agi de rédiger les avis, prendre la plume et, au milieu de cent cinquante personnes, aussi recueilli que dans son cabinet, nous lire des résumés qui ont été adoptés unanimement : aussi est-il la passion du Parlement, et il les a bien servis, et peut-être trop bien, lorsqu’il les a fait revenir de leur exil (1754) sans aucunes conditions qui auraient peut-être été nécessaires pour le maintien de l’autorité royale. […] Je trouve que l’opinion générale de tous ceux qui se croient le mieux informés est qu’une résolution sera prise en votre faveur, et que cette résolution probablement aura son effet. […] L’opinion d’une personne du monde, sage et de bon esprit, Mme de Verdelin, s’accordait en ceci avec le conseil de Hume.

1127. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Les hommes qui veulent faire recevoir leurs vices et leurs bassesses comme des grâces de plus, dont la prétention à l’esprit est telle qu’ils se vanteraient presque à vous-même de vous avoir habilement trahi, s’ils n’espéraient pas que vous le saurez un jour, ces hommes qui veulent cacher leur incapacité par leur scélératesse, se flattant que l’on ne découvrira jamais qu’un esprit si fort contre la morale universelle est si faible dans ses conceptions politiques, ces caractères si indépendants de l’opinion des hommes honnêtes, et si tremblants devant celle des hommes puissants, ces charlatans de vices, ces frondeurs de principes élevés, ces moqueurs des âmes sensibles, c’est eux qu’il faut vouer au ridicule qu’ils préparent, les dépouiller comme des êtres misérables, et les abandonner à la risée des enfants. […] Il en est ainsi de l’opinion qu’un François a de lui-même. […] Ce ne sont pas des maximes de morale, c’est le développement des caractères et la combinaison des événements naturels qui produisent un semblable effet au théâtre ; et c’est en prenant cette opinion pour guide, qu’on pourrait juger quelles sont les pièces étrangères dont nous pouvons nous enrichir.

1128. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Il a été de mode de revendiquer la souveraineté de l’opinion individuelle. […] — Prendrons-nous alors pour guide l’opinion des nations étrangères  ? […] Les générations successives, en révisant tour à tour les sentences de celle qui a fait le triage primitif donnent une force de plus en plus grande aux opinions qu’elles confirment.

1129. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Cette méthode est telle, par le détail des preuves, par la nature et l’abondance des documents, qu’elle permet au lecteur de se former une opinion propre, qui peut, sur certains points, différer de celle même de l’historien et la contredire, ou du moins la contrôler. […] Les goûts changent, l’opinion a ses flux et ses reflux, même par rapport aux renommées toutes faites. […] En nous rendant tout à l’heure l’opinion de Napoléon sur Tacite, je ne serais pas étonné que l’éminent historien ne nous eût donné à pressentir la sienne propre.

1130. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il commençait déjà à exercer de l’ascendant par la netteté de ses opinions et par la vigueur de sa parole. […] Il confesse que l’amour de la popularité fut longtemps son faible et son idole, et que, s’il dévia un moment de la droiture de sa ligne, ce fut pour la ressaisir quand il la vit près de s’échapper : Dès qu’un homme faible, a-t-il remarqué, sent échapper la popularité, il fait mille efforts pour la retenir, et, pour l’ordinaire, ce moment est celui où on manque le plus à son opinion, et où l’on peut se laisser entraîner aux plus folles et aux plus funestes extravagances. — Pour un homme de caractère, l’abus contraire serait plutôt à craindre, et, tout comme l’autre y eût mis de la lâcheté, il serait enclin à y mettre du dépit. […] Nous recommandons la lecture de ces pages à ceux qui entrent loyalement dans la carrière publique, et qui ne veulent ni flatter l’idole de l’opinion régnante, ni (ce qui est un autre travers) se faire un rôle de la braver.

1131. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il en fit là où un homme de son opinion le pouvait avec le plus de liberté et de sincérité, il entra à La Quotidienne sous M.  […] Il est permis de croire que, quand il s’adressait à l’époque assez peu étudiée de Louis XIII, avec le dessein de la poursuivre jusque sous la Fronde et de ne s’arrêter qu’à la mort de Mazarin, il était un peu conduit par le désir de contredire les idées communes, de faire justice de certaines préventions et de retourner du tout au tout certaines opinions consacrées. […] Il aime à ne penser en rien comme le vulgaire, et son travers serait peut-être, quand il rencontre une opinion communément établie, de se jeter dans la contradiction.

1132. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

De bons esprits, qui étaient dignes de voir les choses avec justesse, se laissèrent entraîner, à la suite de 1815, à des opinions passionnées. […] Fiévée était un des esprits les plus distingués de son temps, sensé jusque dans la passion, ferme jusque dans les versatilités, romancier fin, spirituel et presque délicat, publiciste clairvoyant, habile, et presque homme d’État : il touchait par son esprit à bien des choses élevées ; il avait fait de bonne heure le tour de toutes les opinions. […] Dans un de ses meilleurs proverbes, Le Jury, il n’a pas craint de railler la nature humaine jusqu’au cœur d’une des institutions les plus chères à l’opinion libérale.

1133. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Pour montrer le degré de rigueur et d’absolu de la vérité qui se mesure à l’étendue même des lumières et de la certitude, il a pu écrire : « L’homme le plus éclairé sera l’homme le moins indifférent ou le moins tolérant ; et l’Être souverainement intelligent doit être, par une nécessité de sa nature, souverainement intolérant des opinions 56. » Voilà Dieu compromis, dans la bouche d’un homme pieux, par une expression malheureuse. […] Nous ne nous sommes jamais vus ; mais je le regarde comme un de nos plus beaux génies, et m’honore de l’amitié qu’il m’accordait, et de la conformité de nos opinions. […] Bientôt, et après le passage de Chateaubriand au ministère, dans les luttes de 1826-1827, les discussions sur la liberté de la presse amenèrent entre lui et Bonald une rupture ouverte, dans laquelle le vieil athlète porta au brillant transfuge des coups acérés, directs, et qui auraient paru des blessures profondes si on y avait pris garde : mais dès lors le bruit et le triomphe de l’opinion couvraient tout.

1134. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

L’opinion que les deux historiens expriment sur Retz est par là même aussi opposée que possible. […] Bazin nous mène à ne voir en lui que le plus spirituel, le plus personnel et le plus fanfaron des intrigants, M. de Sainte-Aulaire cherche à la conduite de Retz, et à travers toutes les infractions de détail, une ligne qui ne soit pas celle uniquement d’une ambition frivole et factieuse : Bien qu’en écrivant son livre, dit M. de Sainte-Aulaire, il n’ait pas échappé aux influences que je viens de signaler (les influences régnantes et les changements introduits dans l’opinion depuis l’établissement de Louis XIV), on y trouve cependant la preuve qu’il avait tout vu, tout compris ; qu’il mesurait les dangers auxquels le despotisme allait exposer la monarchie, et qu’il cherchait à les prévenir. […] Condé et Retz se séparent, chacun dans son opinion, mais avec estime ; l’un pour la Cour et se décidant, tout bien pesé, à la défendre ; l’autre, restant coadjuteur et, avant tout, défenseur de Paris.

1135. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Quoi qu’il en soit, au point de vue même du sens commun, l’opinion que nous adoptons semble comprendre une partie de la vérité. […] Guyau (Prob. de l’esth. contemp) passe fort près de cette opinion. […] Il ne nous semble pas que cette opinion résiste à l’analyse.

1136. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Selon les uns, les systèmes sont des opinions arbitraires et de fantaisie, nées dans l’imagination des philosophes, comme les épopées et les drames dans l’imagination des poètes : ils n’ont aucune valeur objective. […] Rien de plus juste, je dirai même rien de plus évident qu’une telle opinion ; mais ce que l’on appelle synthèse n’est précisément que cet éclectisme idéal dont nous parlons, et dont nous venons de faire voir les difficultés. […] Le bon sens, ainsi entendu, ne se confondra pas avec les opinions vulgaires ; il pénétrera même aussi avant que possible dans les profondeurs de la pensée, pourvu qu’il soit guidé par les hommes de génie, supérieur à eux en ce qu’il les comprend tous, tandis qu’ils ne se comprennent pas entre eux.

1137. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Tant de motifs, le silence de Quintilien, comme celui d’Horace, ou plutôt le silence de toute l’antiquité, hormis Suidas, ne confirment-ils pas l’opinion si vraisemblable que le génie dorien de Pindare ne fut pas appelé à cette gloire nouvelle du théâtre, ouverte dans Athènes, et qu’il trouva plus près de lui, à Delphes, à Olympie, la seule inspiration qui, sur des tons variés, domina son génie ? […] La cause ancienne de cette opinion tenait sans doute à une sorte de rudesse des hommes de la Béotie, n’ayant pas eu, comme ceux d’Athènes, l’activité du commerce et des arts, vivant d’une vie plus simple, laboureurs et bergers, et ne pratiquant pas, comme les Spartiates, leurs voisins, cette forte discipline, cette vertueuse et austère pauvreté qui, seule aux yeux des Grecs, soutenait le parallèle avec la magnificence et le bon goût d’Athènes. […] Cette opinion devait être celle de la critique française au dix-huitième siècle, époque où les lettres grecques, cette grande source du génie, de la philosophie sublime et de la belle poésie, n’étaient étudiées, pour le fond des choses et pour la pensée, que de Montesquieu et de Rousseau, qui s’en trouvèrent bien.

1138. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

J’avoue qu’a priori cette dernière opinion me répugne ; et, sans être de ceux qui croient à la suffisance absolue de l’instinct en poésie, je crois bien moins encore à l’efficacité de vingt années de veilles, quand il s’agit d’une fable ou d’un conte, dût la fable être celle de la Laitière et du Pot au lait, et le conte celui de la Courtisane amoureuse. […] La Fontaine, qui se laissait dire beaucoup de choses aisément, avait pour lors adopté sur Ronsard l’opinion courante, et un peu oublié ce qu’autrefois le vieux Colletet lui avait dû en raconter.

1139. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Sir Walter Scott a parfaitement compris que l’histoire de Napoléon ne commence pas, comme celle d’un individu obscur, le jour même de sa naissance, et qu’avant de l’introduire sur la scène du monde, il importe de décrire cette scène, destinée à le recevoir, ce XVIIIe siècle, dont il partagea les opinions, cette Révolution française dont il suspendit les effets. […] Sous ce rapport ils dépassèrent bientôt toutes les bornes, et manifestèrent, jusque dans le salon de leurs patrons, un fanatisme d’opinion, une hauteur dogmatique, et un langage qui obligea le vieux Fontenelle lui-même à confesser qu’il était épouvanté de cet excès de suffisance que l’on remarquait partout dans la société. » L’auteur a bien raison de dire le vieux Fontenelle : car aux sombres couleurs qu’il emploie, nous, nous pensions déjà à la fin du XVIIIe siècle, et la longévité de Fontenelle aurait peine à y atteindre.

1140. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Notre législature ne représente pas plus l’opinion vivante et active, que l’Académie française ne représente la littérature féconde. […] Carrel compte dans l’opinion universelle pour le triomphe plus ou moins prochain de certaines idées, dont une portion est déjà populaire.

1141. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Admirable journal d’ailleurs, à l’affût de tout ce qui surgit un moment sur l’horizon de Paris ; le journal-barnum, le mieux informé des journaux, c’est-à-dire rempli jusqu’aux bords de choses superflues ; souple et accommodant comme l’aimable valet de comédie dont il porte le nom ; étalant en première page les opinions politiques du comte Almaviva et entr’ouvrant la quatrième aux menues industries du mari de Rosine. […] Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie.

1142. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

En demandant aux écrivains du nouveau, on les invite à prendre le contre-pied des opinions reçues. […] Quand Marivaux nous parle d’une femme qui se fait à elle-même des « reproches honoraires dont sa faiblesse s’augmente », ou de gens « qui ont l’haleine courte en demandant des grâces aux puissants du monde, parce qu’ils ont le cœur bien placé », ou d’un « maudit visage qui vient chercher noise à la bonne opinion qu’on a du sien », sont-ce des problèmes à résoudre ou des énigmes à deviner ?

1143. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

La critique porte sur les opinions singulières & ridicules où l’a conduit la fureur de dire des choses nouvelles, de se distinguer par sa manière d’écrire, comme il se distingua toujours par celle de s’habiller, de se présenter & de parler. […] Ils appellèrent de l’opinion qu’on vouloit en donner aux vers faits à sa louange, pour être mis au bas de son portrait, où il est représenté en lapon applattissant les pôles de la terre.

1144. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Nous inclinons donc à nous ranger à l’opinion de M.  […] Mais chacun de ces savants ayant une opinion particulière sur la question, exposons chacune d’elles séparément.

1145. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Aujourd’hui que les grands fondateurs et organisateurs de cette philosophie ont disparu, que de nombreuses écoles se sont élevées en dehors d’elle, que l’opinion est partagée à son égard, il n’est pas sans opportunité de s’interroger sur son état présent et sa destinée dans l’avenir. […] Est-il possible, au contraire, de s’affranchir, de s’émanciper, d’ouvrir son intelligence à de nouvelles lumières, de transformer et de développer ses idées et ses opinions, sans paraître mettre en question le fond des croyances que l’on soumet ainsi à un examen sans cesse renaissant ?

1146. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Non, Messieurs, je n’attristerai point vos souvenirs, en leur offrant de pareils tableaux, et je me bornerai à énoncer cette opinion, que personne ne contestera sans doute : c’est que le théâtre de ces temps malheureux pourrait aussi en être l’histoire. […] » La France entière le répéterait avec toi ; tu serais l’interprète de tes contemporains, et tu devancerais l’opinion des siècles à venir.

1147. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Fabre d’Olivet est-il parvenu à asseoir une opinion aussi extraordinaire sur des bases incontestables ? Pour expliquer comment il a pu prétendre à établir une telle opinion, comment il est arrivé à un tel résultat, il faudrait discuter ses idées sur les langues en général, sur la langue sacrée des Égyptiens en particulier, sur le génie hiérographique contenu, selon lui, dans l’hébreu ; et je n’ai point assez de science, ni assez d’espace.

1148. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Mais voici que, de nos jours, de nos tristes jours, Théophile Gautier, ce Turc de Théophile Gautier, qui devait avoir des opinions turques sur les femmes, reproche à Molière ses Femmes savantes, et lui dit la plus grosse injure que lui, Théophile Gautier, en sa qualité de Théophile Gautier, pût dire à Molière, en l’intitulant : un bourgeois ! Voici que le droit des femmes devient, même pour les hommes d’État, une sérieuse opinion politique ; que le club jadis fondé par Mme Olympe Audouard, de rose mémoire, qui ne pensait peut-être pas en tête-à-tête avec un homme ce qu’elle disait devant des hommes réunis, voici que ce club haché si longtemps par la plaisanterie rejoint ses tronçons et ressuscite avec d’autres Olympe Audouard, aussi affreusement rouges qu’elle était, elle, délicieusement rose… Voici que les Tricoteuses de la Révolution, si elles revenaient dans notre monde, ne voudraient plus tricoter devant la tribune, mais entendraient bien y monter !

1149. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

II Et si j’avais besoin d’une preuve et d’un exemple de plus, pour étayer cette opinion que les femmes trouvent probablement oppressive, je prendrais Mme Bader elle-même. […] On peut lui reprocher sur le compte de quelques Académiciens, pris individuellement, des opinions dans lesquelles il y a un peu trop d’encens.

1150. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Deux opinions, comme on le voit, assez dissemblables et hostiles, qui s’entrechoquent comme des sœurs ennemies depuis qu’on s’occupe de la Chine, et que le livre de Pauthier et Bazin ne pacifiera pas en nous montrant ce qu’il nous faut définitivement penser de ce pays, à fantasmagorie et à mirages, qui nous applique, depuis deux siècles, la moralité de la fable des Bâtons flottants, jouée par lui avec ses bambous ! […] Les détails qu’ils empilent dans leur histoire, toutes leurs manières de voir, leur admiration incessamment trahie, appuieront, sans beaucoup la soutenir, il est vrai, l’opinion qui fait du peuple chinois l’un des plus grands peuples du monde.

1151. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

… À la nécessité d’un abri où les individualités évitent la bataille et où les opinions morcelées et contraires se taisent ou s’asseoient, s’ajoute, pour faire colossale cette idolâtrie du théâtre dont chaque jour marque le progrès, l’intérêt de l’imagination, des sens et de la vanité. […] là où il n’y aurait ni acteurs ni actrices parmi ces gens du monde en train de cabotiner quelque peu, le théâtre de société manquerait d’éclat comme art et comme luxe ; il serait inférieur et peu compté dans l’opinion.

1152. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

… Quand les grandes préoccupations d’échafaud cessèrent, — sous le Directoire, par exemple, — la politique fut une cause nouvelle de duels, et depuis ce temps-là elle le fut toujours et elle l’est encore ; mais ce n’est pas pour la politique qu’on se battait, en ces duels soi-disant d’opinion, c’était pour l’injure qui s’adressait à la personne, et dont la politique n’avait été que l’occasion. […] Mais l’opinion et les mœurs, dans ce temps-là, auraient effacé l’infamie du soufflet et de la main qui l’aurait donné, et on l’eût porté sur sa joue comme une glorieuse balafre.

1153. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

L’amour effréné de l’argent a toujours été mis au ban de tous les mépris dans l’Histoire, et même dans l’opinion des nations robustes qui savaient le mieux le gagner. […] voilà une grandeur de mérite dont, malgré la bonne opinion qu’elles peuvent avoir d’elles, ne se doutent pas les gracieuses personnes qui visent, dans tout pays, à un mariage d’intérêt, et font la traite innocente de leur propre chair, comme si elles avaient des lettres de naturalité américaine dans leur poche !

1154. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Et celle-ci est soumise naturellement aux conditions de sa nature ; les glaces n’ont pas d’opinion et les miroirs sont impassibles. Mais quand on voit si clair, mais quand on représente si clair en Histoire, on a donné son opinion sans l’exprimer, et on la voit à travers cette clarté.

1155. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Mais il avait, plus tard, condamné cette opinion, comme tous les évêques d’Afrique, qui la repoussèrent et qui reconnurent avec lui que tous les princes chrétiens doivent servir par leurs lois Jésus-Christ et punir qui le combat ou qui l’abandonne. Telle aussi avait été l’opinion de saint Ambroise, lequel conseilla intrépidement à Théodose la proscription absolue de l’Hérésie et du Paganisme.

1156. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Si, en effet, il est resté, lui, jusqu’à la fin, tout ce que, malheureusement, il a voulu être, l’opinion des hommes que le prestige de son talent entraîna n’est déjà plus ce que, de son temps, elle était. Elle a marché, comme on dit, cette opinion, — c’est-à-dire qu’elle est descendue encore plus bas que la pente sur laquelle il l’avait poussée.

1157. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Adam, qui représente la sagesse, la vérité et l’opinion de Μ. de Girardin tout le long de la pièce, « ne sont pas faits comme les autres hommes (textuel) ; ils sont les centaures de ce temps-ci : ils ont une tête de savant sur un corps de soldat », ce qui est la manière progressive d’être centaure au xixe  siècle. […] Elle y serait aidée encore par les opinions du jeune marquis, qui veut se faire médecin et qui est l’homme de ce temps de transition, l’homme crépusculaire, s’il n’aimait pas une de ses cousines germaines, sans fortune.

1158. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Crétineau piqua l’opinion, qui le lui rendit. […] Son poinçon est une plume, émoussée par l’usage et par cette méticulosité qui est le caractère de beaucoup de prêtres, dans ce triste temps où tous ceux qui sont le plus faits pour se mettre au-dessus de l’opinion se mettent le plus au-dessous.

1159. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle », je sais ce que j’écris : je ne veux pas engager l’avenir. […] En réalité, je n’affirmerais pas qu’il le fût avec la sécurité que j’ai, par exemple, quand j’affirme que Bonaparte est le premier, lui, dans l’ordre politique et militaire, et Byron dans l’ordre poétique ; mais il ne s’agit pas ici de réalité, il s’agit de l’opinion et de l’empire qu’un nom a sur elle.

1160. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud, le théologien de contrebande, qui part du pied gauche aujourd’hui pour demander, — comme le pieux et pur Saint Bonnet, que la théologie se relève dans l’opinion et les études du dix-neuvième siècle, ne rit pas et ne nous fait pas rire, mais il pourrait bien nous tromper ! […] Assurément on doit espérer que de si dégradantes conséquences, une fois seulement indiquées, diminueront un peu, dans l’opinion, l’importance que le parti philosophique anti-chrétien veut créer au livre de M. 

1161. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Ce sont ceux-là en effet qui sont dangereux ; ce sont ceux-là qui pourraient faire croire, si on les laissait faire, au génie d’un écrivain qui n’en avait pas, même mêlé à de la folie, et par conséquent pourraient donner à ses idées un ascendant que l’idée de génie donne toujours, dans ce pays-ci, aux opinions d’un homme. […] Et si vous y joignez cette autre variété florissante, les jugeurs, les solennels, les hommes-tribunaux, les Perrins-Dandins, presque aussi communs que les Georges, pris assez subtilement à la petite trappe de l’impartialité, vous avez l’opinion tout entière, ou au moins ses forces les plus vives, et c’est le cas présent pour M. 

1162. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle » je sais ce que j’écris, je ne veux pas engager l’avenir. […] En réalité, je n’affirmerais pas qu’il le fût avec la sécurité que j’ai, par exemple, quand j’affirme que Bonaparte est le premier, lui, dans l’ordre politique et militaire, et Byron dans l’ordre poétique, mais il ne s’agit pas ici de réalité, il s’agit de l’opinion et de l’empire qu’un nom a sur elle.

1163. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Les Conférences qui les composent, et qui contiennent dix années d’enseignement du haut de la chaire sacrée, ont été bien des fois signalées et exaltées dans les journaux ; car, en France, quelle que soit l’opinion religieuse qu’on professe, on résiste peu à l’éloquence. […] Je ne partage pas cette opinion.

1164. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Le xviie  siècle, fils de Richelieu et de Malherbe, le siècle de la Règle en tout, et le xviiie , le siècle, en tout, du Dérèglement, ne pouvaient avoir de mémoire au service de ce protestant fanatique, qui, après la mort de Henri IV, ne s’était pas rendu et s’en était allé guerroyer en Suisse, chef d’opinion religieuse et tellement protestant qu’il n’en était même plus Français ! […] je ne suis pas de ceux-là qui prétendent que la langue française commence aux Provinciales, — opinion ridicule de Villemain, cet eunuque littéraire opéré par le Goût, — quand, avant Pascal, on avait Rabelais d’abord, ce mastodonte, émergé radieusement du chaos dans le bleu d’un monde naissant, puis, après Rabelais, — qui suffisait seul, — Ronsard, Régnier, Racan et d’Aubigné lui-même.

1165. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Lorsque les Champis triomphent sur toute la ligne, lorsque des paysans et des ouvriers de fantaisie, aussi faux que ceux de Watteau et moins jolis, ont, grâce à une plume qui n’est pas pourtant une baguette de fée, le privilège de tourner la tête à l’Opinion superstitieuse, le moment n’est pas mal choisi, ce nous semble, pour nous rappeler à la réalité de cette nature populaire qu’il n’est pas besoin de flatter pour qu’elle intéresse, et pour nous la montrer éloquemment et simplement, dans tous les plis de sa forte étoffe, ample et sincère, — parlant français et non faux patois ! […] Brucker, le Diderot chrétien, n’a ni l’éclat, de la vie de Diderot l’athée, ni son influence sur l’opinion.

1166. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IV » pp. 16-18

 » — Théophile Gautier a répondu à Bocage, qui lui demandait son sentiment : « Je n’ai pas dormi. » — Le sculpteur Auguste Préault, qui assistait aussi à celte lecture, a résumé son opinion de la manière suivante : « S'il y avait des prix de Rome pour la tragédie, l’auteur partirait demain pour la Ville éternelle. » 9.

1167. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

— Le livre de M. de Custine sur la Russie est plus qu’un livre agréable : au milieu de beaucoup de répétitions, de bel esprit, d’afféterie même et de prétention à étaler ses propres sentiments qu’on ne lui demande pas, l’auteur a observé avec sagacité, avec profondeur ; il dévoile (et c’est la première fois qu’on le fait) les plaies et les lèpres de cette société russe, de cette civilisation plaquée ; il révèle sur le prince, sur les grands, sur tous, d’affreuses vérités : ce livre porte coup (c’est l’opinion de bons juges, non suspects de faveur).

1168. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

OPINIONS.

1169. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boschot, Adolphe (1871-1955) »

OPINIONS.

1170. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

OPINIONS.

1171. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Châtillon, Auguste de (1808-1881) »

OPINIONS.

1172. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chênedollé, Charles-Julien Lioult de (1769-1833) »

OPINIONS.

1173. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

OPINIONS.

1174. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

OPINIONS.

1175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Désaugiers, Marc-Antoine-Madeleine (1772-1827) »

OPINIONS.

1176. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Du Camp, Maxime (1822-1894) »

OPINIONS.

1177. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fuster, Charles (1866-1929) »

OPINIONS.

1178. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghéon, Henri (1875-1944) »

OPINIONS.

1179. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Philippe (1831-1901) »

OPINIONS.

1180. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

OPINIONS.

1181. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lorrain, Jean (1855-1906) »

OPINIONS.

1182. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

OPINIONS.

1183. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Margueritte, Victor (1866-1942) »

OPINIONS.

1184. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mauclair, Camille (1872-1945) »

OPINIONS.

1185. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Ménard, Louis (1822-1901) »

OPINIONS.

1186. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mockel, Albert (1866-1945) »

OPINIONS.

1187. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Popelin, Claudius (1825-1892) »

OPINIONS.

1188. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Renaud, Armand (1836-1895) »

OPINIONS.

1189. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

OPINIONS.

1190. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sardou, Victorien (1831-1908) »

OPINION.

1191. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trarieux, Gabriel (1870-1940) »

OPINIONS.

1192. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veuillot, Louis (1813-1883) »

OPINIONS.

1193. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 184-186

Il n’avoit, soit dans ses Ecrits, soit dans ses mœurs, d’autres regles que ses propres opinions ; &, selon le génie des esprits sans principes & sans frein, il traitoit de fables les dogmes de la Religion, & d’entraves ridicules les loix de la probité.

1194. (1890) Dramaturges et romanciers

L’optimisme est essentiellement l’opinion de M.  […] Feuillet, a-t-on imprimé, c’est que pour faire un beau mariage et se pousser dans un certain monde, il est nécessaire de faire d’abord le sacrifice de ses opinions. […] Ces intolérances n’étonnent personne, et l’on voudrait que la foi catholique de Sibylle n’eût pas autant de droit qu’une opinion sur la forme de gouvernement ou la tragédie classique ! […] Oui, l’union de Sibylle et de Raoul serait possible, si Raoul, quelles que fussent ses opinions particulières, était chrétien d’esprit et de cœur. […] Nulle floraison générale, nul renouveau de l’intelligence ne les ont engendrés, nul courant commun de doctrine, nul souffle de l’opinion ne les ont apportés.

1195. (1774) Correspondance générale

Quelle force n’ajouterait point à ce raisonnement l’opinion qui vous est commune avec Locke : que la pensée pourrait bien être une modification de la matière ! […] Il faut défendre ses opinions par ses mœurs ; et moins les opinions sont populaires, plus il importe que les mœurs soient irrépréhensibles. […] Je lui communiquerais aussi quelques endroits des lettres de l’abbé Galiani dont il n’aurait rien de mieux à faire que de justifier la bonne opinion. […] Bientôt vous serez à même de vous former une opinion sur ces points : votre opinion sera d’accord avec la mienne pour lui rendre justice ; mais elle lui fera certainement beaucoup plus d’honneur. […] Il eut un succès de larmes et d’opinion.

1196. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

À peine sommes-nous sortis des écoles, où l’on reçoit une éducation insuffisante, tout à fait anachronique, que nous sentons la nécessité de nous construire une opinion et de donner à notre âme, à nos croyances, une certaine stabilité ! […] Quand on lit Zola, c’est toujours avec une opinion préconçue. […] Les pires dangers ne lui ont pas interdit de crier son opinion. […] Ses moindres avis, ses opinions et ses boutades, les plus futiles de ses propos étaient écoutés comme des décrets. […] À quel moment avez-vous protesté contre l’abominable instruction secrète, contre les huis-clos en matière de délits d’opinion, contre l’existence illogique et scandaleuse des conseils de guerre en temps de paix dans un pays où chaque citoyen est soldat, contre l’immonde police des mœurs, contre la distribution automatique des mois de prison qui a lieu tous les jours à la Correctionnelle !

1197. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Je commence à répondre que c’est bien singulier, qu’à une table où on admet la discussion de toute chose au monde, je n’aie pas le droit de dire mon opinion sur Homère. […] Alors je me mets à crier et à m’emporter plus fort que lui, avec tout le soulèvement des nerfs que je commence à éprouver pour cet homme de talent, mais sans opinion à lui, et toujours l’humble serviteur d’une opinion consacrée, et dont la voix baisse et dont la colère prend des tons pleurards, quand il rencontre un caractère qui montre les dents. […] * * * — Autrefois la province ne lisait pas, et n’avait nulle opinion sur les faiseurs de livres et sur les livres. Aujourd’hui elle ne lit pas plus, mais elle a des opinions littéraires, prises dans le bas des petits journaux. […] Car où est l’opinion faite de la vérité vraie ?

1198. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVIII » pp. 313-315

Berryer est le seul orateur qui ait ouvertement plaidé pour la liberté des congrégations religieuses ; il l’a fait avec éclat, avec cette ampleur d’éloquence que lui seul possède et qui le fait écouter et presque applaudir dans les questions même où ses opinions ont le moins de faveur.

1199. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Amiel, Henri Frédéric (1821-1881) »

OPINIONS.

1200. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

OPINIONS.

1201. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brizeux, Auguste (1803-1858) »

OPINIONS.

1202. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

OPINIONS.

1203. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

OPINIONS.

1204. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) »

OPINIONS.

1205. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

OPINIONS.

1206. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fabié, François (1846-1928) »

OPINIONS.

1207. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

OPINIONS.

1208. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

OPINIONS.

1209. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

OPINIONS.

1210. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monselet, Charles (1825-1888) »

OPINIONS.

1211. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pichat, Laurent = Laurent-Pichat, Léon (1823-1886) »

OPINIONS.

1212. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

OPINIONS.

1213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

OPINIONS.

1214. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

OPINIONS.

1215. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs L’autre mois, le défenseur d’un de nos amis, expliquant aux assises de la Seine quelle variété d’opinion politique professait son client, le présentait comme un anarchiste littéraire ; ce littéraire venu à l’anarchie ne s’y sentait point dépaysé, retrouvant des confrères de notoriété, des camarades de talent.

1216. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

On a vu l’Auteur d’Emile s’appuyer de quelques-uns de ses passages, pour étayer ses opinions contre le Christianisme.

1217. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 380-382

Toujours intrépide lorsqu’il s’agissoit de défendre les anciennes opinions, il s’acharna à réhabiliter les atomes d’Epicure, sans cependant nier, comme lui, l’existence d’une premier Cause, indépendante de toutes les autres.

1218. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

La tragédie de cette mort, que Bossuet raconte avec des éclats de tonnerre, madame de La Fayette nous la dit avec cette émotion contenue de grande dame de son temps, où le cœur ne rompait pas le busc, et où la Convenance, sœur de l’Opinion et reine comme elle, n’empêchait pas les larmes de naître, mais les empêchait de tomber.

1219. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Crétineau-Joly (1re partie) I Quelle que soit l’opinion qu’on se fasse du principe divin ou humain de l’autorité spirituelle ou temporelle de la papauté en Europe, il est impossible de nier que les papes soient des souverains, soit en vertu d’un mandat de Dieu, soit en vertu d’une antique tradition humaine ; qu’en vertu du titre surhumain, leur autorité, sous le rapport spirituel, soit sacrée ; et qu’en vertu du titre de possession humaine et traditionnelle, leur gouvernement soit respectable. […] Ce jour est arrivé ; un homme que je ne connais pas personnellement, et dont les opinions ne sont, dit-on, pas les miennes sur beaucoup de choses, M.  […] « Le Saint-Père daigna ajouter ici quelques paroles sur l’opinion que sa bonté, et non mon mérite, lui faisait augurer de moi sous le rapport des études, paroles que la connaissance que je possède de moi-même ne me permet pas de transcrire. […] Tous partageaient cette opinion ; elle était donc générale. […] Il déclara qu’il acceptait donc, et qu’il remerciait en même temps les cardinaux de l’opinion qu’ils avaient eue de lui, sans aucun mérite de sa part.

1220. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il ne s’agissait plus de loisir et de plaisir, mais d’opinions et de combats dans les ouvrages d’esprit. […] Villemain, pindarique sur les ailes neuves et dans les régions inexplorées avec Victor Hugo, élégiaque avec moi, oratoire avec Royer-Collard, de Serre, Foy, Lainé, Berryer naissant, et leurs émules de tribune, néo-grecque avec Vigny, romanesque avec Balzac, humoristique avec Charles Nodier, satirique avec Méry, Barthélemy, Barbier, intime avec Sainte-Beuve, guerroyante et universelle avec cette légion de journalistes survivants au jour, avant-postes des idées ou des passions libres de leurs partis qui, de Genoude à Carrel, de Lourdoueix à Marrast, de Girardin à Thiers, combattaient aux applaudissements de la foule entre les dix camps de l’opinion lettrée. […] Enfin il faut reconnaître qu’il y a dans ces éternels enjouements, dans cette folle ironie des choses graves : amour, beauté, religion, chasteté des mœurs, dévouement à ses opinions, quelque chose qui fait une impression pénible même à l’imagination. […] Mille tribunes se sont élevées, et tu n’es montée à aucune pour défendre ou réfuter des opinions. Des opinions ?

1221. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Opinions, comme on le voit, assez insolentes ; il n’est pas nécessaire de les taxer d’excessives : assez de bons esprits les trouveront monstrueuses, car les bons esprits s’éloignent peu des idées communes. […] Le danger des opinions extrêmes c’est que sorties du cerveau qui les engendra, comme d’une fleur où elles étaient gracieuses, elles s’en vont, germes insensés, se décomposer dans les terrains les plus revêches à produire de la grâce et des fleurs. […] Obéir à des mots, c’est en somme obéir au vouloir confus et obscur que l’opinion humaine profère et impose à la manière des antiques oracles. […] Sans doute, mais la vérité trop franchement dite prend un ton de paradoxe ; une simplification si extrême me fait peur et je préfère me promener dans la forêt des opinions, contradictoires. […] Observateurs désintéressés, sans croyances sans opinions sociales, ils vont dans la vie, la poitrine bravement tournée vers la lame, et ils notent après le choc, leur sensation.

1222. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Délivrés ou débarrassés des protestants, du jansénisme, et de Louis XIV, les « Libertins » ne cessent de gagner du terrain et deviennent les guides et les maîtres de l’opinion. […] Et c’était l’opinion d’Auguste Comte ; et c’est celle où s’est rangé Taine dans son Ancien régime. […] Dix ou douze ans lui ont suffi pour égaler Voltaire même dans l’estime de son temps ; et l’opinion ne s’est trompée ni dans l’estime qu’elle en a fait, ni dans les raisons de cette estime. […] Mais, une fois encore, l’odieuse procédure d’Abbeville et le supplice du chevalier de la Barre mettent l’opinion du côté des philosophes. […] Marmontel dans ses Mémoires, et P. de Ségur, Le Royaume de la rue Saint-Honoré, Paris, 1897]. — Sa situation unique dans le monde littéraire ; — et dans l’opinion européenne de son temps.

1223. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ils se conforment d’ailleurs, en parlant ainsi, à l’opinion collective, qui s’est modifiée avec l’universel développement de l’industrie. […] Voici maintenant l’opinion que M.  […] Opinion de M.  […] Je puis avoir mes opinions, mais je trouve bon qu’on les discute et qu’on en professe d’autres, ne réclamant pour moi que cette liberté de pensée et de discussion que j’accorde à tout le monde. […] Voir dans l’Appendice l’opinion de Paul Souday (Le Temps, 28 janvier 1928).

1224. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Son opinion est la seule opinion qu’il considère et qui soit digne de considération. […] Il expose des opinions très connues comme des découvertes qu’il vient de faire et qui attendaient sa venue au monde pour y paraître elles-mêmes. […] Nous ne savons rien et sommes, ce me semble, destinés à ne savoir jamais rien des opinions personnelles de Molière sur la religion. […] Le procès de tendances consiste à poursuivre des personnes, pour opinions, d’abord, et ensuite pour des opinions qu’elles n’ont pas, mais qu’il ne serait pas impossible qu’elles eussent si elles en avaient d’autres que celles qu’elles ont. […] Elle participe [est-ce assez vrai à considérer l’état de l’opinion de 1815 à 1830 ?]

1225. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

OPINIONS.

1226. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Docquois, Georges (1863-1927) »

OPINION.

1227. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

OPINIONS.

1228. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

OPINIONS.

1229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

OPINIONS.

1230. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

OPINIONS.

1231. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

OPINIONS.

1232. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

OPINIONS.

1233. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

OPINIONS.

1234. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

OPINIONS.

1235. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Redonnel, Paul (1860-1935) »

OPINIONS.

1236. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Croix, Camille de (1859-1915) »

OPINIONS.

1237. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schuré, Édouard (1841-1929) »

OPINIONS.

1238. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

OPINIONS.

1239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

OPINIONS.

1240. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

OPINIONS.

1241. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Z — Zola, Émile (1840-1902) »

OPINIONS.

1242. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Qu’on pardonne à l’Homme l’incertitude de ses vues, la témérité de ses opinions, l’Ecrivain paroîtra toujours supérieur ; & la France, en condamnant ses erreurs, est en droit de s’enorgueillir de ses talens.

1243. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

On attribuoit adroitement, à toute la Société, des opinions extravagantes de quelques Jésuites Espagnols & Flamands.

1244. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Paulet, & l’on sait que ce n’est jamais par les armes de la raison & de l’honnêteté que ces Messieurs répondent aux Ouvrages qui contredisent leurs opinions.

1245. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Dans ce livre, bien petit cependant en présence d’objets si grands, il y a tous les contraires, le doute et le dogme, le jour et la nuit, le coin sombre et le point lumineux, comme dans tout ce que nous voyons, comme dans tout ce que nous pensons en ce siècle ; comme dans nos théories politiques, comme dans nos opinions religieuses, comme dans notre existence domestique ; comme dans l’histoire qu’on nous fait, comme dans la vie que nous nous faisons.

1246. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Chacun expose son opinion, en donne les motifs et les soutient.

1247. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Argument » pp. 1-4

Réfutation des opinions que l’on s’est formées jusqu’ici sur les commencements de la civilisation.

1248. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

Dans ses recherches philosophiques sur la sagesse poétique, on a vu ses opinions sur l’âge des dieux et sur celui des héros.

1249. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Contrairement à l’opinion générale, les Grecs et les Romains en avaient fort peu. […] M. de Gobineau ne le dit pas non plus, et je ne crois pas que ce soit son opinion. […] Aussitôt l’opinion se retourne contre eux. […] Il faut croire que ces opinions historiques et littéraires n’ont pas de lien nécessaire avec telles ou telles opinions politiques. […] Au risque de ruiner définitivement cet auteur dans l’opinion de M. 

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

L’opinion du monde de Paris lui était fort contraire ; on n’en était pas encore avec lui à ce degré d’admiration où l’on ne raisonne plus, quand l’amour-propre de tous se met de la partie et se sent intéressé à louer l’objet de l’idolâtrie universelle. […] Cet ouvrage lui fait honneur en ce qu’il représente le côté modéré et le plus pratique de ses opinions politiques. […] [NdA] Son opinion sur Mme de Maintenon, d’après une lecture des mémoires et lettres donnés par La Beaumelle (1756), vient encore à l’appui du reste.

1251. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Il en était venu, après Fructidor, à être le correspondant de Louis XVIII, un de ceux qui étaient censés devoir l’éclairer sur l’état vrai de l’opinion en France. « Quand cela me fui proposé, me disait-il un jour, j’hésitai d’abord, je savais bien qu’il y allait, comme on disait alors, de la plaine de Grenelle ; et puis ce n’étaient pas tout à fait mes opinions, j’en prenais et j’en laissais. […] Il faut reconnaître ici non l’inconséquence, mais la variation, plus sensible chez un esprit altier et dogmatique qui avait l’habitude dans chaque cas de généraliser et de « proposer son opinion sous forme de théorie. » Oui, M. 

1252. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Il est colère autant qu’un jeune homme peut l’être, et obstiné dans ses opinions… Son précepteur s’attache uniquement à lui expliquer les Offices de Cicéron afin de modérer l’impétuosité de son caractère ; mais don Carlos ne veut presque toujours parler que des choses de la guerre et lire que des ouvrages qui s’y rapportent. […] Par suite d’une aussi longue maladie, mais plus encore de celle dont il a été atteint en dernier lieu, et dont, selon l’opinion commune, il a été délivré miraculeusement, il est demeuré extrêmement faible et languissant, outre que, de sa nature, il n’a pas beaucoup de santé ni de vigueur… Lorsqu’il est passé de l’enfance à la puberté, on ne l’a vu prendre plaisir ni à l’étude, ni aux armes, ni à l’équitation, ni à d’autres choses vertueuses, honnêtes et plaisantes, mais seulement à faire mal à autrui. […] Il est ferme, obstiné même, dans ses opinions.

1253. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

La même raison psychologique explique peut-être encore ce fait que les divergences d’opinion en matière économique n’émeuvent pas autant les âmes et ne divisent pas aussi profondément les hommes que les querelles religieuses ou morales. […] Aujourd’hui du moins l’argent confère à quelques privilégiés une enviable indépendance à l’égard de l’opinion. […] Chaque individu a ou peut avoir son opinion sur le confort, son idéal particulier du bien-être.

1254. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Baju fut si décrié qu’il me semble bon d’insister et d’opposer à ses détracteurs l’opinion de Paul Verlaine. […] Ils se frayaient un passage à travers l’opinion à coups de massue et à coups de gueule. […] On sentait dans ces attaques, dont l’outrance soulignait l’enfantillage, un besoin de piquer au vif l’opinion ; Cabrion se plaît à scandaliser Pipelet.

1255. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Il n’y aura donc, en tout ce qui va suivre, que des opinions. […] Elles proclamaient des opinions et répandaient des idées. […] Peu à peu l’opinion se forma, parmi les jeunes écrivains d’il y a quinze ans, qu’on pourrait peut-être bien se délivrer de cette servitude, que le vers, après tout, n’est qu’une conséquence et qu’un résultat, qu’il doit naître à mesure, se subordonner et se proportionner à ce qu’il veut dire ou suggérer, qu’il n’est rien en lui-même et ne doit être que ce qu’on le fait.

1256. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

D’ailleurs, les opinions que j’ai énoncées récemment dans la Revue Wagnérienne ont été à ce point attaquées que je dois donner aux lecteurs qui me suivent depuis deux ans et demi une explication positive. Peut-être que tel illustre personnage disposant, à force d’argent, de la publicité du Figaro ou de quelque autre journal à grand tirage, affectera de suspecter la valeur des opinions émises par la Revue Wagnérienne… S’il y a pour de l’orgueil à revendiquer l’importance de la Revue Wagnérienne, ce péché d’orgueil, je l’admets ; et, dans cette première et (je l’espère) unique occasion, je demande la permission de réclamer tous les droits que je crois dûs à la Revue. […] Ce peu d’autorité qu’a pu acquérir la Revue, le droit qu’après ces deux ans et demi on m’accordera d’avoir et d’exprimer une opinion, la confiance personnelle que mes amis veulent bien me montrer, je demande aujourd’hui, en une très grave circonstance, d’y faire appel.

1257. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Nous, avons tous, presque tous, autrefois professé pour Béranger plus que de l’admiration, c’était un culte ; ce culte, il nous le rendait en quelque sorte, puisque lui-même il était idolâtre de l’opinion et de la popularité. […] Il n’a pas obtenu ce succès non plus sans faire quelques sacrifices à l’opinion, et des sacrifices qui ont coûté au bon goût ; mais ce ne sont pas les seuls que je tienne à relever ici, et il y en a eu de sa part de plus graves. […] D’autres chants très élevés du recueil de 1833, tels que Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond, Jacques, Jeanne la Rousse, ont une forte teinte de ce socialisme qui a succédé, dans l’opinion du dehors, au libéralisme de la Restauration : Béranger est fort sensible et fort attentif à ces courants de l’atmosphère.

1258. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ses premiers discours, ses opinions exprimées à la Chambre des pairs, appartiennent sans réserve à la nuance de gauche. […] le temps de ces exagérations est déjà passé pour les Français ; nous osons le prédire, il y a, dans le bon sens général, tel que les controverses qui s’agitent depuis quinze ou vingt ans l’ont développé et préparé, un obstacle invincible à ce que ces adorations individuelles gagnent jamais du terrain, et deviennent des opinions communes et des doctrines reçues. […] Son opinion pesa pour beaucoup dans la décision du siège d’Anvers.

1259. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

C’est bien lui encore qui, même revenu à une sorte de résipiscence dans son Vieux Cordelier, dira : « Je mourrai avec cette opinion, que pour rendre la France républicaine, heureuse et florissante, il eût suffi d’un peu d’encre et d’une seule guillotine ?  […] Il chauffe l’opinion, la passion, dans le sens où elle veut être chauffée, et il se vante d’être toujours de six mois, ou même de dix-huit mois, en avance. […] Il dit agréablement de Brissot : « Je m’en veux d’avoir reconnu si tard que Brissot était le mur mitoyen entre Orléans et La Fayette, mur comme celui de Pyrame et Thisbé, entre les fentes duquel les deux partis n’ont cessé de correspondre. » C’est avec ces gentillesses qui seraient à peine à leur place dans un feuilleton de théâtre, que l’insensé Camille aidait de plus en plus à dépraver l’opinion et à chasser les victimes sous le couteau.

1260. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Parlant des dîners d’Helvétius et de d’Holbach, Marmontel pousse bien loin l’indulgence du souvenir quand il avance « qu’il est des objets révérés et inviolables qui jamais n’y étaient soumis au débat des opinions. […] Sa morale, il nous l’avoue, se ressentit à l’instant de sa position nouvelle, de ses intérêts nouveaux ; sans devenir rigide, elle cessa aussitôt d’être relâchée : L’opinion, dit-il, l’exemple, les séductions de la vanité, et surtout l’attrait du plaisir, altèrent dans de jeunes âmes la rectitude du sens intime. […] Quoique je ne fusse pas de son avis, ajoute Bailly, j’admirai sa fermeté qui lui fit honneur à cet égard ; mais le mécontentement sur le fond de son opinion me fit préjuger qu’il ne serait pas député. » Bailly a-t-il bien eu lieu de se féliciter de l’être ?

1261. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

 » Ce simple mot devint le signal de l’applaudissement universel, et, à partir de là, tout le discours de Marmontel fut pris comme un persiflage, et tourné contre le nouvel élu : « L’homme de lettres que vous remplacez, — pacifique, — indulgent, — modeste, — ou du moins attentif à ne pas rendre pénible aux autres l’opinion qu’il avait de lui-même, — s’était annoncé par des talents heureux… » À chacun de ces mots flatteurs pour le défunt, on interrompait Marmontel, qui devenait malin à son tour, plus malin encore sans doute qu’il n’avait pensé l’être, et qui, par ses pauses marquées, se laissait très bien interrompre. […] De telles disgrâces n’arrivent jamais aux guides supérieurs de l’opinion ; dans les circonstances décisives ils retrouvent tous leurs alliés, et ils ont le public de leur bord. […] Son Cours de littérature est rempli de violentes diatribes contre des hommes dont les opinions avaient longtemps été les siennes.

1262. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Berger cherche à y faire la double part en Volney, celle du mérite réel et celle des opinions erronées. […] Volney, qu’on nous représente, à Angers comme à Ancenis, solitaire, taciturne, ne prenant aucune part aux amusements de son âge et ne se liant intimement avec aucun de ses camarades, s’adonna à la médecine et se tourna dès lors vers l’étude des langues orientales : sa pensée était qu’il fallait demander à l’étude directe de ces langues la rectification de quantité d’opinions reçues et accréditées à la faveur de traductions infidèles. […] La partie de Jérusalem et de la Palestine est singulièrement écourtée chez Volney, qui ne voulait point, à l’époque où parut son Voyage, se faire de querelles, et qui se contentait de laisser percer ses opinions méprisantes.

1263. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Il s’exprimait ainsi dans une lettre à Mertroud : « Toutes les parties d’un corps vivant sont liées, elles ne peuvent agir qu’autant qu’elles agissent toutes ensemble ; vouloir en séparer une de la masse, c’est la reporter dans l’ordre des substances mortes, c’est en changer complètement l’essence. » Ce n’est pas là, chez Cuvier, une opinion de circonstance et de fantaisie, une boutade émise en passant dans une lettre à un ami : c’est un principe important de sa philosophie scientifique, car il l’a reproduit et développé dans la Préface du règne animal, morceau mémorable qui contient les grands principes de sa philosophie zoologique. […] Il faut bien distinguer deux opinions : l’une veut que les phénomènes vitaux ne soient que des cas particuliers des phénomènes physico-chimiques, l’autre que les phénomènes physico-chimiques soient la condition sine qua non des phénomènes vitaux. […] C’est ce que disait Leibniz : « L’opinion des formes substantielles (ou forces ) a quelque chose de solide ; mais ces formes ne changent rien dans ces phénomènes, et ne doivent pas être employées pour expliquer les effets particuliers. » (Correspondance de Leibniz et d’Arnaud, lett.

1264. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Alors ne risquons-nous pas de nous perdre dans la diversité même de leurs théories, et, en suivant le fil des idées qui leur sont propres, de rencontrer, en lieu et place de l’unanimité cherchée, la variété dies opinions individuelles ? […] Ainsi dans les sociétés, les modes d’actions généralement pratiquées seront les signes, les plus expressifs du tour des opinions généralement reçues : consolidées, objectivées ou non, inscrites dans les choses ou seulement dans les âmes, les habitudes collectives, — c’est-à-dire celles que chaque individu se sent tenu d’observer, — manifestent les idées acceptées par la masse des individus ; les transformations des autres ne peuvent manquer de s’exprimer par les transformations des autres. […] On sait que les Stoïciens régnèrent en même temps que les Empereurs, et avec assez d’éclat pour émouvoir l’opinion.

1265. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Dans le monde scientifique anglais, les opinions sont partagées ; dans le nôtre, l’opinion est unanime. […] Il défendra ses opinions jusqu’au bout. […] Nous voilà loin de l’opinion répandue par les vulgarisateurs du darwinisme : l’homme descend du singe. […] Il est un argument pour la philosophie individualiste et pour la liberté des opinions. […] Une opinion n’est choquante que lorsqu’elle est une conviction.

1266. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Pour peu qu’elles soient importantes, & qu’elles aient trait à l’administration publique, chacun est en l’air, & s’escrime à dessein de soutenir son opinion. […] C’est bien la moindre chose qu’il ait son opinion, puisqu’il paie, dit une marchande de bouquets qui vint à passer. […] J’étois déjà parti quand un abbé me sépara de ma compagnie, pour me parler du livre qui roule sut l’importance des opinions religieuses. […] L’abbé se rapprocha de moi dans quelque chose, & je le priai de ne point me citer, mon opinion ne comptant pour rien. […] Mais qui vous dira qu’elles ne rendront point le gouvernement despotique, par l’influence qu’il aura sur leurs opinions….

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

Il contient des détails très curieux ; mais je ne puis partager entièrement ses opinions sur le prétendu amour de Robert, et surtout sur l’influence qu’il aurait exercée sur son talent et sur ses ouvrages.

1268. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

Un des inconvénients de ces collaborations dans des feuilles d’opinions tranchées et de parti est d’assujettir insensiblement la pensée à une manière de voir qui s’impose même en littérature et qui exclut l’entière impartialité.

1269. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Molé paraît indiqué dans l’opinion comme le plus convenablement placé pour hériter de ce fauteuil, qui a gardé un je ne sais quoi imposant.

1270. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

OPINIONS.

1271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arène, Paul (1843-1896) »

OPINIONS.

1272. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chateaubriand, François René de (1768-1848) »

OPINION.

1273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »

OPINIONS.

1274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

OPINIONS.

1275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

OPINIONS.

1276. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

OPINIONS.

1277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

OPINIONS.

1278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rebell, Hugues (1867-1905) »

OPINIONS.

1279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

OPINIONS.

1280. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

OPINIONS.

1281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

Ce qui fortifie cette opinion, est sa Traduction des Harangues choisies de quelques Auteurs Latins, où il est toujours le même, quoique ses originaux soient pleins de chaleur & de vie.

1282. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Or le plaisir est une chose d’opinion, qui varie selon les temps, les mœurs et les peuples, et qui ne peut être le beau, puisque le beau est un, et existe absolument.

1283. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Albert Gaudry pour bien apprécier la justesse de ses opinions. […] C’est aussi l’opinion d’un poète érudit, de M.  […] Chacun d’eux exprime son opinion sur la conduite à tenir dans l’intérêt de la paix européenne ; tous, plus généreux peut-être, que nature, donnent leur opinion. […] Quant au retour au temps passé pour faire du nouveau, je crois qu’il est parfaitement condamné par cette opinion de M.  […] À l’appui de son opinion, M. 

1284. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Aussi avait-il soin dans ses ouvrages d’effacer complètement toutes les différences essentielles d’opinions sur lesquelles les hommes entiers et sincères ne peuvent pas transiger sans cesser d’être eux-mêmes. […] Il eût été très difficile de dire, à cette époque, quelle était sa véritable opinion, et s’il en avait une en dehors de son amour-propre. […] Il ne connaissait ni jalousie ni politesse, là où d’autres opinions le blessaient, pourvu qu’elles fussent guidées par le désir d’arriver à la vraie science. […] à l’occasion d’une supposition fondée sur ses relations personnelles, qui lui attribuait une opinion qui lui était étrangère, avec Arago faire une pénible expérience.

1285. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Directeur de L’Opinion Vous trouvez que nos contemporains vont trop au théâtre ? […] Une des séductions du théâtre est, en outre, qu’il permet à chaque spectateur d’émettre « publiquement » son opinion, par l’applaudissement ou le silence, sur l’auteur et les interprètes. […] Mais c’est bien l’opinion unanime des gens qui savent ce que c’est qu’un livre et qu’une œuvre d’art. […] Et René Boylesve semble partager entièrement cette opinion, de même que Ch.

1286. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il avait pu se persuader que les mœurs de la cour, les mœurs générales, ne pouvaient pas avoir tort, et que la dissolution, grand péché contre la religion, n’était qu’un tort d’opinion à l’égard de la société : cette opinion irréfléchie était pardonnable à un jeune homme qui n’était pas et ne pouvait encore être un grand moraliste. […] Il faut se persuader que la satire du poète répondait au goût et aux opinions de madame de Rambouillet, loin d’effleurer sa personne ; à moins qu’on n’aime mieux croire nos biographes doués de plus de discernement et de tact qu’elle n’en avait sur ce qui la concernait elle-même. […] Quoique le secret d’ennuyer soit celui de tout dire , et que j’aie déjà dit beaucoup plus qu’il n’était nécessaire pour détourner de l’hôtel Rambouillet l’application des Précieuses ridicules, je ne puis m’empêcher de revenir sur l’opinion des écrivains qui donnent pour une adroite précaution contre les plaintes des personnes de cette société la préface où Molière déclare que sa pièce regarde uniquement les mauvais singes , les ridicules copies des illustres précieuses.

1287. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Madame Gay, liée d’antécédents et d’opinion avec les royalistes, conduisit sa fille dans les salons de cour de madame la duchesse de Duras et de quelques autres femmes supérieures du temps ; les salons, longtemps fermés ou muets sous l’Empire, se vengeaient de leur silence par un culte passionné pour les talents qui promettaient un nouveau siècle de Louis XIV aux Bourbons. […] M. de Girardin avait créé un grand organe politique, la Presse, puissance d’opinion qui comptait avec les puissances de fait. […] Le fond de l’opinion de madame de Girardin, c’était le beau ; elle était du parti du beau en toute chose. […] Ce gouvernement de Périclès défendu par l’unanimité de la nation, conseillé par les talents de toutes les opinions réconciliées dans l’amour de la patrie commune, et présidé fortement par un des meilleurs citoyens, régulateur temporaire de la république, lui souriait.

1288. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Quant à toutes les autres classifications proposées, il suffira d’observer que les différentes discussions élevées à ce sujet ont eu pour résultat définitif de montrer dans chacune des vices fondamentaux, tellement qu’aucune n’a pu obtenir un assentiment unanime, et qu’il existe à cet égard presque autant d’opinions que d’individus. […] Bien loin de mettre en évidence la véritable histoire de la science, il tendrait à en faire concevoir une opinion très fausse. […] Car, quelque opinion qu’on adopte relativement aux affinités chimiques, et, quand même on ne verrait en elles, ainsi qu’on peut le concevoir, que des modifications de la gravitation générale produites par la figure et par la disposition mutuelle des atomes, il demeurerait incontestable que la nécessité d’avoir continuellement égard à ces conditions spéciales ne permettrait point de traiter la chimie comme un simple appendice de la physique. […] (6) En résultat de cette discussion, la philosophie positive se trouve donc naturellement partagée en cinq sciences fondamentales, dont la succession est déterminée par une subordination nécessaire et invariable, fondée, indépendamment de toute opinion hypothétique, sur la simple comparaison approfondie des phénomènes correspondants ; c’est l’astronomie, la physique, la chimie, la physiologie et enfin la physique sociale.

1289. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je vous étonnerais bien si je vous disais que Voltaire n’a eu qu’une opinion sur La Fontaine ; car je crois qu’il n’y a pas un objet de méditation sur lequel Voltaire n’ait eu qu’une opinion. […] Et Voltaire qui, pour ce qui était querelles littéraires, n’y tenait pas beaucoup, qui ne tenait pas beaucoup, dans ce genre de discussions, à son opinion, Voltaire sourit, félicite Chamfort et s’excuse auprès de lui d’avoir dit souvent, presque trop souvent, du mal de La Fontaine. […] Car romantiques et réalistes, croyez-m’en, ou plutôt réfléchissez là-dessus  c’est une opinion que je vous soumets et non pas que je vous impose  car les romantiques aussi bien que les réalistes sont des exagéreurs, et c’est leur définition.

1290. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Faire son devoir, le faire avec distinction sans se mêler des partis, voilà le vrai patriote, l’homme estimable ; et voilà bien pourquoi je ne me soucie guère d’une grande charge où l’on est entraîné dans les partis, ou du moins l’on est entraîné à des liaisons qui décident souvent de votre sort, avec des gens qui ne peuvent exister sans troubler l’État par des opinions exclusives. […] [NdA] Voir la lettre de Napoléon au Directoire, du 14 août 1796, dans laquelle il donne son opinion sur chacun des divisionnaires.

1291. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Un autre normalien, tout voltairien d’esprit et de style, conteur exquis et charmant causeur, d’intelligence plus agile que forte, et plus en surface qu’en profondeur, impertinent, tapageur et gamin, Edmond About843, fut un indépendant agréable à l’empire, qui le protégea, le décora : il y avait un point pourtant sur lequel About ne transigeait pas, c’était la question religieuse ; il représentait l’opinion anticléricale dans le parti bonapartiste, et il combattit toujours vivement le gouvernement lorsqu’il voulut se servir de l’Église ou parut la servir. […] Il écrivit au Figaro, au Moniteur, à l’Opinion Nationale, au Gaulois.

1292. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

OPINION. […] Mais l’opinion finale sera de le mettre enfin au premier rang, où régnent Lamartine et Victor Hugo, qu’on cite toujours en l’omettant.

1293. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

OPINIONS. […] Il n’agrée point maintenant de discuter et de faire en de telles opinions le départ entre la mauvaise foi et la sottise, qui, d’ailleurs, ne sont pas incompatibles et s’épanouissent volontiers dans les mêmes cervelles.

1294. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

La discipline de l’opinion, des mœurs, des idées, de la sociabilité est plus douce, plus généralement applicable et plus efficacement appliquée pour détruire l’originalité que les moyens violents, que leur violence même rend d’un emploi difficile et exceptionnel. […] « À part les doctrines particulières des penseurs (Comte) qui visent à établir un despotisme de la société sur l’individu, il y a aussi dans le monde une forte et croissante inclination à étendre d’une manière outrée le pouvoir de la société sur l’individu et par la force de l’opinion, et par celle de la législation.

1295. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Quoique Jésus attachât dès lors peu de valeur au pèlerinage, il s’y prêtait pour ne pas blesser l’opinion juive, avec laquelle il n’avait pas encore rompu. […] 598 Son spiritualisme absolu et son opinion arrêtée que la figure du vieux monde allait passer ne lui laissaient de goût que pour les choses du cœur.

1296. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

« La psychologie, dit-il, a pour but les uniformités de succession ; les lois soit primitives, soit dérivées, d’après lesquelles un état mental succède à un autre, est la cause d’un autre, ou du moins la cause de l’arrivée de l’autre. » C’est une opinion commune que les pensées, sentiments et actions des êtres sensibles ne peuvent être l’objet d’une science, dans le même sens que les êtres et phénomènes du monde extérieur. Cette opinion repose sur une confusion : on confond toute science avec la science exacte.

1297. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Si donc, laissant de côté les opinions personnelles et les solutions discutées, nous mettons en lumière les points sur lesquels ils s’accordent, ce sera donner le résumé des travaux et des résultats de l’Ecole expérimentale, en psychologie. […] Sa méthode est double : elle étudie les phénomènes psychologiques, subjectivement, au moyen de la conscience, de la mémoire et du raisonnement ; objectivement, au moyen des faits, signes, opinions et actions qui les traduisent.

1298. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Entre ces deux opinions exclusives et diamétralement contraires, il nous a semblé qu’il y avait place pour une opinion conciliatrice.

1299. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Ce sera pour préciser notre opinion. […] Et cette opinion, de plus en plus admise, s’est confirmée en nous, que tout, dans l’univers, est vibration, combinaisons de vibrations, formes de mouvement, nombre et séries, associations de rythmes ; que le monde entier n’est qu’une vaste orchestration de rythmes ; que nous-mêmes sommes un rythme dans le rythme intégral ou accomplissement universel, et que le rythme inhérent au verbe humain, le rythme, dans l’œuvre du poète, est le mouvement même de l’inspiration.

1300. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Comme mon opinion est nouvelle dans le republique des lettres, je ne dois rien omettre pour montrer que du moins je n’ai point grand tort de la soûtenir. […] Ainsi je ne puis appuïer sur trop de preuves, mon opinion nouvelle concernant la melopée tragique et la melodie tragique, comme je ne pourrai trop appuïer mon sentiment concernant la saltation antique, lorsque je viendrai à traiter de la musique hypocritique ; il est aussi un sentiment nouveau.

1301. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Cependant, il est bon de le remarquer, ce que je dis est moins une opinion que l’expression d’un sentiment de malaise assez général pour que je doive m’y associer en quelque sorte, puisque je me rends l’historien de cette époque, et que je me suis imposé la tâche d’en saisir tous les caractères. […] En général, on sait bien qu’il s’est opéré un changement considérable dans les opinions ; mais on ne sait pas assez combien ce changement est intime et profond.

1302. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Dans l’état de la pensée et des connaissances contemporaines, il faudrait élever contre les anciennes préventions un de ces livres péremptoires, éclairés également par la réflexion et par la science, et qui gardent, en littérature, la solidité d’un édifice, après avoir fait le bruit d’un renversement En d’autres termes, un chef-d’œuvre ne serait pas de trop pour purifier d’une seule fois tous les courants où l’Opinion, cette brebis qui n’est pas sans tache, se désaltère avec moins d’innocence que l’agneau de la Fable, et pour rasseoir dans une limpidité profonde ce cristal de l’Histoire que tous les genres de passion ont remué par la plume de tant d’écrivains et en particulier par celle de Voltaire. […] Et de fait, quand on s’attaque à cette race molle et têtue d’intelligences qui ont la patience de la répétition sous le démenti et qui se recouchent éternellement dans l’ornière d’où on les a chassés, besoin est, pour innocenter la Ligue, cette grande audacieuse, qui paraît presqu’une grande coupable aux honnêtes esprits que l’audace a toujours troublés, oui, besoin est de quelque chose de plus que de cette phrase dont la vérité trop banale ne saurait entamer la carapace de préjugés sous laquelle l’opinion traîne sa vie.

1303. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il n’entra pas d’une volée, comme il aurait dû y entrer, dans l’opinion littéraire de ce temps. […] Fustel de Coulanges, ce robuste, nous frappe deux ou trois livres avec cette force qu’il a montrée dans son premier, il faudra bien que la Critique et l’opinion littéraire s’occupent de ce premier livre, où une méthode nouvelle et un talent neuf se révèlent.

1304. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Paul de Saint-Victor a cet avantage pour le public d’avoir sur Goethe les opinions admises en Europe, et son livre est plus qu’un jugement littéraire sur le talent ou le génie de Goethe. […] C’est, par le fait, l’expression la plus glorifiante de cette opinion européenne que Goethe (j’en demande bien pardon à Shakespeare !)

1305. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

L’auteur, dont nous pressentons les opinions à certains accents qui passent à travers les surveillances de sa pensée, l’auteur nie à Saint-Martin et au mysticisme la vérité philosophique et religieuse, — ces deux vérités qui pour nous n’en font qu’une, mais que les rationalistes croient très habiles de séparer ; — et il a raison, s’il ne s’agit ici que de Saint-Martin, « le philosophe inconnu du xviiie  siècle », et du mysticisme hors l’orthodoxie, du mysticisme de l’hérésie ou de l’erreur. […] Le chef influent de cette secte était le fameux Nicolaï, le libraire prussien, assez oublié à présent, qui tenait l’opinion, la critique et la littérature sous la triple fourche de la Gazette littéraire d’Iéna, du Journal de Berlin et du Muséum Allemand.

1306. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Eh bien, au cas où la question contre les jésuites, qui n’est que la question contre Rome, et la question contre Rome, qui n’est que la question contre les gouvernements, serait encore une fois posée par les éternels ennemis des gouvernements et de Rome, ces derniers, dont nous connaissons la tactique, ne manqueraient point certainement, soit pour prévenir l’Opinion, soit pour persuader la Faiblesse, soit pour couper court aux hésitations, de s’appuyer sur le livre du P.  […] Nous avons tant de pente à croire un prêtre, à admettre que nous nous trompons quand il affirme le contraire de notre pensée, qu’il faut nous y reprendre à deux fois lorsqu’il s’agit de repousser les preuves qu’il nous donne dans son histoire à l’appui de son opinion.

1307. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

L’absolue mesquinerie de notre esthétique provient de cette étrange opinion que l’art est une chose de luxe, alors que l’art est essentiellement vital, nécessaire à la vie, inséparable a elle. […] Étrange opinion !

1308. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Le ciel était pour les Perses le temple de Jupiter, et leurs rois, imbus de cette opinion, détruisaient les temples construits par les Grecs. — Les Égyptiens confondaient aussi Jupiter et le ciel, sous le rapport de l’influence qu’il avait sur les choses sublunaires et des moyens qu’il donnait de connaître l’avenir ; de nos jours encore ils conservent une divination vulgaire. — Même opinion chez les Grecs qui tiraient du ciel des θεωρήματα et des μαθήματα, en les contemplant des yeux du corps, et en les observant, c’est-à-dire, en leur obéissant comme aux lois de Jupiter.

1309. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Gautier ou tout autre ambassadeur bousingot. » On voit à quel point il y avait méprise ; la singularité du costume donnait le change sur la nature des opinions : Auguste Le Prévost méconnaissait le jeune France ; il appelait bousingot ce qu’il y avait de plus opposé à cette catégorie de politiques tapageurs et communs.

1310. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Je ne réponds pas de la rigoureuse exactitude philosophique de cette manière de voir et de dire ; je ne parlais là qu’en littérateur et d’après l’opinion spécieuse généralement reçue.

1311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

OPINIONS.

1312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

OPINIONS.

1313. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

OPINIONS.

1314. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

OPINIONS.

1315. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

OPINIONS.

1316. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

OPINIONS.

1317. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

OPINIONS.

1318. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

OPINIONS.

1319. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

OPINIONS.

1320. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Payen, Louis (1875-1927) »

OPINIONS.

1321. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

OPINIONS.

1322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Il étoit logé chez un, il recevoit une pension modique de quelques autres, & avoit assez bonne opinion d’eux pour ne pas les en remercier.

1323. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

En donnant de nouvelles bases à la morale, l’Évangile a modifié le caractère des nations, et créé en Europe des hommes tout différents des anciens par les opinions, les gouvernements, les coutumes, les usages, les sciences et les arts.

1324. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Allegrain » p. 322

Comme on avait une assez mince opinion du savoir faire de l’artiste, on ne lui laissa pas le choix du bloc, et le ciseau d’où le chef-d’œuvre devait sortir fut employé sur un marbre taché.

1325. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Et le côté par où cette théorie semble froisser l’opinion commune passait alors au premier plan : nous aurions à nous appesantir sur les « paradoxes » de la théorie de la Relativité, sur les Temps multiples qui coulent plus ou moins vite, sur les simultanéités qui deviennent des successions et les successions des simultanéités quand on change de point de vue.

1326. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Madame Récamier avait été toute sa vie une grande enchanteresse des yeux et des cœurs ; à cette époque elle fut un grand diplomate, le Talleyrand des femmes, dominant au fond toutes les opinions par une supériorité d’esprit qui ne donnait à chacune de ces opinions que sa valeur, les respectant toutes, n’en partageant aucune que dans la juste mesure de raison qu’elle contenait, et marchant libre, fière et souriante, entre tous les partis, comme une déesse de la Paix qui fait de son salon une terre neutre où l’on ne se rencontre que désarmé. […] On accusait alors madame Récamier d’indiquer impérieusement à l’opinion les candidats à l’Académie française. […] Je suis allé hier dîner à Saint-Cloud avec madame de Chateaubriand et Hyacinthe (son secrétaire) ; je me suis un peu promené dans ces grands bois où j’ai perdu il y a longtemps bien des années : je ne les y ai pas retrouvées… ; sans vous je m’en voudrais d’avoir traînassé si longtemps sous le soleil. » Il retrouvait cependant un peu de déclamation et de faux enthousiasme en parlant dans quelques billets de ce Napoléon qu’il avait jadis écrasé vivant d’invectives dans ses brochures et qu’il déifiait aujourd’hui d’apothéoses : c’était le ton du jour ; il fallait, pour être de mode, affecter de confondre l’idolâtrie du despotisme militaire avec le fanatisme de la liberté : mêlée menteuse d’opinions et de principes, de morts et de vivants, où Dieu reconnaîtra les siens, comme dit le proverbe. […] Madame Récamier ne laissa jamais fléchir sa justice de femme sous ces théories de convention ; elle n’était point femme de parti ; elle n’aimait ni le napoléonisme, ni l’orléanisme : la Restauration, légitime par son antiquité et moderne par ses institutions, était le régime de son esprit tempéré et juste ; c’est à cause de cette conformité d’opinion qu’elle avait pour moi quelque préférence.

1327. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Paul Desjardins a une opinion sur Bonaparte ou sur la Révolution, que les travaux de M.  […] et comment il se fait qu’en matière d’art ou de littérature, les opinions soient si diverses ? […] Il n’est pas vrai que les opinions soient si diverses, ni les divisions si profondes. […] Et c’est pourquoi, sur quelques points que nous puissions différer d’opinion avec M.  […] S’ils n’ont pas de talent, votre opinion vaut la leur : elle vaut même davantage, étant toujours plus désintéressée.

1328. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Alors il voulait l’épée, rien que l’épée, comme seule digne d’un gentilhomme ; bien longtemps après, à cinquante ans d’intervalle, et un an avant sa mort, il écrivait à l’un de ses amis de Provence : « Je suis toujours bien d’avis que l’épée est la vraie profession du gentilhomme ; mais que la robe fasse préjudice à la noblesse, je ne vois pas que cette opinion soit si universelle comme elle l’a été par le passé. […] Ce n’est pas un poète dont les beautés soient communes ; elles ne vieillissent point, et ses formes hautaines n’ont cessé de séduire les esprits délicats. » C’est là l’opinion, très bien exprimée, d’un romantique de 1830, mais, il est vrai, d’un romantique normand126. […] Mais combien de fois, contre l’opinion commune, ai-je dit avec ma franchise accoutumée, que je ne les trouvais que fort médiocres ; et que s’ils avaient de la probité, ils n’avaient du tout point de suffisance ; ou s’ils avaient de la suffisance, ils n’avaient du tout point de probité141 ! […] Ne savez-vous pas que la diversité des opinions est aussi naturelle que la différence des visages, et que vouloir que ce qui nous plaît ou déplaît plaise ou déplaise à tout le monde, c’est passer des limites où il semble que Dieu même ait commandé à sa toute-puissance de s’arrêter ? […] Enfin nous avons reconnu en tout genre et en toute matière te vérité de ce que lui écrivait Racan : « Je sais que votre jugement est si généralement approuvé, que c’est renoncer au sens commun que d’avoir des opinions contraires aux vôtres. » Ce ne serait pas être juste envers Malherbe que de ne voir que ce qu’il fit, et de ne pas tenir compte de ce qu’il a fait faire.

1329. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La librairie Hachette m’avait envoyé, avant le siège, pour en rendre compte dans un journal, la traduction de ses Œuvres complètes, et, entre deux gardes, je les étudiais, revenant, pour les affermir ou pour les jeter bas en moi, à des opinions que j’avais déjà exprimées, çà et là, avec des formes trop rapides et trop brèves, sur cet homme qui vaut bien qu’on s’arrête pour lui porter des coups plus droits, 1 plus plongeants, plus à fond… Eh bien, le croirez-vous ? […] Chapitre II : le théâtre Et d’ailleurs, quelle qu’ait pu être l’opinion particulière de Gœthe sur son théâtre, le théâtre a été mis en premier dans ses Œuvres par l’opinion générale de l’Europe, comme, parmi les pièces qui le composent, la plus admirée, la plus retentissante, a été Faust. […] Mais les opinions de l’Allemagne nous sont indifférentes. […] Ainsi, malgré l’opinion allemande de l’Allemagne, le Goetz de Berlichingen n’est pas la première en mérite des œuvres de Gœthe. […] Moi qui ne suis pas un savant, je n’ai pas d’opinion à exprimer sur le plus ou moins de fausseté des idées de Gœthe contre la théorie inébranlée, sinon inébranlable, de Newton ; mais ce que je puis et même ce que je dois constater, c’est l’outrecuidance d’orgueil, la fureur d’entêtement, le radotage enragé de cette incroyable prétention.

1330. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Sainte-Beuve pour penser qu’il n’a point hasardé de telles opinions, et que s’il les attribue à Manzoni en des termes si explicites et si formels, c’est qu’il a eu entre les mains des témoignages aussi authentiques qu’on le peut désirer.

1331. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Pour ceux qui connaissent son caractère de droiture, d’énergie et de franchise, ou qui ont apprécié la haute portée de son talent, c’était un besoin de manifester les sentiments d’estime et d’affection qu’ils lui portent : ceux qui partagent ses principes politiques ont dû lui savoir gré de cette généreuse ardeur toujours prompte à relever les provocations ou à venger les injures qui s’adressent à la cause de Juillet ; les hommes de cœur, enfin, qui, sans être attirés vers lui par une communauté d’opinion aussi étroite, ont pris en dégoût les honteuses palinodies qui font le scandale de notre temps, n’ont pu refuser quelque marque de sympathie à un écrivain dont la foi politique, éclairée et persévérante, va jusqu’au sacrifice de la vie.

1332. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

OPINION.

1333. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

OPINIONS.

1334. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

OPINIONS.

1335. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

OPINIONS.

1336. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

OPINIONS.

1337. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

OPINIONS.

1338. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pioch, Georges (1874-1953) »

OPINIONS.

1339. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Linguet dans une note ; je ne l’ai jamais vu ; je n’ai jamais eu avec lui de liaison d’aucune espece, & n’en aurai jamais vraisemblablement ; mais javoue que, sur la dénonciation authentique qui a été faite à l’Europe de ses opinions & de son Livre, j’ai été long-temps, comme beaucoup de ses ennemis sans doute, à le croire, sans l’avoir lu, un homme & un Ecrivain détestable.

1340. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 56-59

Recherché, chéri, révéré de tous ceux qui le connoissent ; bienfaisant sans ostentation, religieux sans fanatisme, indulgent pour les opinions d’autrui, zélé pour ses amis, affable pour tout le monde, inviolablement attaché à tous ses devoirs ; on peut dire que ses titres Littéraires ne sont, aux yeux de ceux qui jouissent de sa société, que la plus foible partie de son mérite.

1341. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Dutems se propose d’y démontrer que les plus célebres Philosophes du dernier temps, & les Philosophes actuels, doivent aux Anciens la plus grande partie de leurs opinions, de leurs systêmes, & de leurs prétendues inventions.

1342. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Préface »

Dans notre travail sur la Liberté de penser, nous avons essayé de réfuter l’opinion qui confond à priori cette liberté avec l’esprit de négation et de scepticisme.

1343. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

L’opinion de ces Messieurs sur le chant ou la danse se manifestait très haut et provoquait bien des chut ! […] Il appartient par ses opinions au parti républicain, quoiqu’en général les écrivains ne se mêlent que fort peu à la politique. […] Je supposai qu’elle avait 38 ans, et mon cicérone me confirma dans cette opinion. […] Casimir Delavigne passe ici pour un de ces honorables caractères qui font reporter sur l’homme, toute l’estime que certaines opinions littéraires refusent à son talent. […] Il a produit beaucoup de livres que nous ne connaissons pas, et qui, du reste, ne sont pas très haut placés dans l’opinion.

1344. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

OPINIONS.

1345. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

OPINIONS.

1346. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

OPINIONS.

1347. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Louÿs, Pierre (1870-1925) »

OPINIONS.

1348. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

OPINIONS.

1349. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

OPINIONS.

1350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

OPINIONS.

1351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

OPINIONS.

1352. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Celui-ci ne put lui pardonner d’avoir choisi parmi ses opinions celles qui prêtoient le plus à la satire, pour le rendre ridicule aux yeux de la plus grande partie du Public.

1353. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième cours d’études. Une classe de perspective et de dessin. » pp. 495-496

« Nous ne le suivrons pas davantage dans les détails où il entre sur les trois facultés de médecine, de jurisprudence et de théologie, et qui, s’appliquant à des professions particulières, n’ont point assez de rapport aux idées générales de l’éducation, pour que ce soit ici le lieu d’exposer et de discuter les opinions plus ou moins justes, les réflexions plus ou moins piquantes de l’auteur sur ces différents sujets.

1354. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La fausseté tombe plus sur les faits ; l’erreur sur les opinions. […] L’esprit foible reçoit les impressions sans les combattre, embrasse les opinions sans examen, s’effraye sans cause, tombe naturellement dans la superstition. […] L’orgueilleux étale l’excès de la bonne opinion qu’il a de lui-même. Le glorieux est plus rempli de vanité ; il cherche plus à s’établir dans l’opinion des hommes ; il veut réparer par les dehors ce qui lui manque en effet. […] Un auteur grave est celui dont les opinions sont suivies dans les matieres contentieuses.

1355. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Cette tendance intérieure de la littérature à se rendre plutôt l’interprète des « idées communes » ou générales que des opinions particulières, et qu’on a déjà vue poindre chez quelques écrivains de l’âge précédent, ce sont nos précieuses qui l’ont développée, fortifiée et consolidée. […] « Aucun livre de dévotion, a-t-on dit, n’eut plus de suites », ne fut plus lu, plus discuté, même par les femmes, et ainsi ne contribua davantage, sans enlever aux précieuses la direction de l’opinion littéraire, à les détourner elles-mêmes des questions simplement agréables vers des questions plus sérieuses. […] Mais ils se rendaient bien compte que, dans une société tout aristocratique, ni leur talent, ni leur génie n’auraient suffi pour leur permettre d’accomplir librement leur œuvre ; pour les imposer à la considération de leurs adversaires ; pour triompher des résistances des coteries et de l’opinion. […] Et enfin et surtout, parce qu’avec cette sorte d’ingénuité qui le caractérise, Bossuet a trop imprudemment suivi ses adversaires sur un terrain où l’opinion laïque, perdant pied, ne s’est plus sentie juge des coups ni seulement partie dans la bataille. […] Willems, Étude sur la 1re édition des Maximes, 1864]. — Si cette manière d’éprouver l’opinion était aussi fréquente qu’on l’a quelquefois prétendu ?

1356. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

d’ailleurs l’homme de lettres saurait-il s’astreindre à mesurer ses opinions sur les intérêts d’une politique journalière ? […] Quelle marche prendre pour se concilier les opinions ? […] Elles ont emprunté des traits analogues aux opinions, aux espérances et aux craintes de chaque peuple. […] Je me rends à son opinion en ce dernier point ; et mes raisons vont me servir à développer les qualités que doit avoir le merveilleux. […] Lebrun, autre ami de mes jeunes années, très rigoureux et très éclairé, fut de l’opinion de Delille ; je gardai donc ma fable et je n’en refondis que la versification.

1357. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Mais, dès qu’au lieu de répéter les leçons apprises, et pour se faire une opinion personnelle, on essaye d’y regarder plus attentivement, on est tout étonné de s’apercevoir que ce sont les hommes qui passent pour avoir représenté dans ce grand siècle toute l’inflexible autorité de la règle qui sont les irréguliers, et les prétendus irréguliers, au contraire, ou, comme on les a nommés, les victimes de Boileau, qui sont les vrais serviteurs de l’opinion, les vrais esclaves de la mode. […] Je ne veux certes pas dire par là que la probabilité des opinions dépende uniquement du talent de ceux qui les soutiennent : elle n’en dépend que dans une certaine mesure. […] N’aurons-nous donc jamais jusqu’au bout le courage de notre opinion ? […] Et par là se trouvent conciliées, je crois, les deux opinions contradictoires : l’une qui fut, comme on l’a vu, l’opinion du xviiie  siècle, où tous les philosophes à l’envi célébrèrent la « tolérance » de Massillon ; l’autre, qui s’est accréditée de notre temps, où tous les critiques, presque sans exception, ont parlé de la « rigidité » de l’évêque de Clermont. […] Mais ce qu’il importe ici de signaler, c’est que l’opinion de Malesherbes (qu’il n’est pas besoin de lire, comme on dit, entre les lignes pour discerner clairement) était alors partagée de presque tout le monde en France.

1358. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

DE HALLER réfuta de nouveau l’opinion de Coschwiz sur le prétendu conduit salivaire décrit par cet anatomiste ; il fit voir, comme. […] L’expérience suivante rend très probable l’opinion que la substance est éliminée par cette voie à l’état d’iodure de fer. […] On a émis à ce sujet des opinions différentes. […] Nous aurons plus tard à vous donner les expériences qui se sont faites dans un sens et dans l’autre, et à vous faire la critique des opinions émises à ce sujet. […] Ce sont des circonstances de ce genre qui ont été cause de la diversité des opinions des auteurs.

1359. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

OPINIONS.

1360. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

OPINIONS.

1361. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

OPINIONS.

1362. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

OPINIONS.

1363. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

OPINIONS.

1364. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

OPINIONS.

1365. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

OPINIONS.

1366. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

La multiplicité des Loix, leurs Commentateurs, souvent divisés d'opinions & d'intérêts, des prétentions opposées, multiplient à l'infini les difficultés dans l'étude du Droit public & de la constitution de cette partie de l'Europe : dans votre Ouvrage, tout rentre à sa place ; l'ordre qui en facilite les recherches, soulage la mémoire en fixant des époques, & prévient le dégoût presque inséparable de ces sortes d'études.

1367. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Ce que je dis ici n’est que l’explication de l’opinion generale, qui a toujours attribué aux differentes qualitez de l’air, la difference qui se remarque entre les peuples.

1368. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

C’est stupide, ignorant et anarchique qu’une telle idée ; mais cela n’est plus ridicule par la raison que cela tend à devenir une croyance et une opinion universelle.

1369. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

On ne traitait qu’avec les cours ; on traite maintenant, dans une certaine proportion, avec l’opinion. L’élément nouveau appelé l’opinion, force morale, s’est mêlé aux autres éléments de force matérielle que les négociations et les traités avaient pour objet de concilier et d’asseoir. […] … La fédération italienne ou le trône piémontais unique en Italie, ce n’est qu’une opinion ; mais le salut de la France est un devoir. Qu’est-ce qu’une opinion devant la patrie ?

1370. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Cette époque fut la véritable crise de ses croyances religieuses, de ses opinions politiques et de son génie. […] Retiré à Twickenam, dans le voisinage de Londres, aux bords arcadiens de la Tamise, ce grand poëte, lié avec toute l’aristocratie politique et lettrée de son temps, rappelait Horace à Tibur ; comme Horace, il entendait de là le bruit de la Rome britannique ; favori de la cour, consulté par les orateurs du Parlement, oracle des hommes de génie dans ses Épîtres, fléau des médiocrités littéraires dans ses Satires, philosophe dans l’Essai sur l’homme, distrait par le badinage classique dans la Boucle de cheveux enlevée, Pope, centre d’une société d’hommes de lettres secondaires mais excellents, fut évidemment le modèle d’élégance attique sur lequel Voltaire aurait voulu mouler sa vie, si la France eût été libre dans ses opinions comme l’était l’Angleterre. […] C’est une profession de dédain contre les opinions populaires en matière de divinité. […] Dans la plus anti-chrétienne de ses poésies philosophiques : l’Épître à Uranie, il semble caractériser lui-même les opinions religieuses que nous lui attribuons ici ; il va même au-delà, et il touche au christianisme par une admiration pieuse des vertus de son fondateur.

1371. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

La lutte même pour se débarrasser d’opinions en partie peu rationnelles avait ses avantages. […] Je ne veux pas qu’on me croie plus dupe que je ne le suis en réalité ; j’aurais horreur de bénéficier de mes opinions ; je redoute surtout de me faire à moi-même l’effet d’un placeur de faux billets de banque. […] Sous ce rapport, je suis resté prêtre, et cela est d’autant plus absurde que je n’en retire aucun bénéfice ni pour moi, ni pour mes opinions. […] Je ne m’exprime librement qu’avec les gens que je sais dégagés de toute opinion et placés au point de vue d’une bienveillante ironie universelle.

1372. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Dans toute œuvre d’art il y a donc deux parties, l’une toujours vivante, impérissable, parce qu’elle reproduit ce qu’il y a d’éternellement vrai dans la nature et dans le cœur humain ; l’autre sujette à l’instabilité des goûts et de la mode, parce qu’elle s’appuie sur des mœurs et des opinions qui se renouvellent sans cesse. […] La foule triomphe de retrouver ses opinions sous une plume ingénieuse. […] C’est un charme de voir ce chaos d’opinions s’arranger sous cette main patiente qui semblait d’abord désespérer elle-même de l’éclaircir. […] Jeunes et pleins de confiance, ils négligèrent l’opinion des penseurs : ils dédaignèrent d’écouter ce qu’on avait dit en Allemagne et peut-être ce qu’on disait en France à leurs côtés.

1373. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Introduction Ivanne Rialland L’un des éléments les plus remarquables de ce numéro est la place prise par l’art nègre, par le biais des « Opinions sur l’art nègre », de la nouvelle africaine de Jean Marville et des photographies de masques africains. […] L’opinion qui est aussi une névrose collective ne s’était pas cristallisée sur des éléments éparpillés. […] Le nom de Dazet (l’esprit du bien) a été remplacé successivement par : Poulpe au regard de soie — Rhinolophe, toi dont le nez est surmonté d’une crête en forme de fer à cheval — Les quatre pattes nageoises de l’Ours marin de l’Océan boréal — Crapaud, gros crapaud, infortuné crapaud — Monarque des étangs et des marécages — L’Acarus sarcopte qui produit la gale — Cette dernière variante retourne la conclusion du premier chant, qui était « … Car tu as un ami dans le Vampire malgré ton opinion contraire. […] Grâce à Liluli, a Llop’ils (l’opinion) et à toute une panoplie de drilles et de drillesses dont les modèles nous sont connus, Romain Rolland explique comment on fait battre les peuples, comment on les fait s’entre-occire à grand tumulte et comment les rapaces et les imbéciles s’arrangent pour tirer profit de ces aventures. — Liluli, c’est de l’Histoire —.

1374. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il l’y montre avec toutes ses grâces dans l’esprit et dans la personne, avec sa douceur charmante dans l’humeur et son soin continuel de plaire, en un mot, le plus aimable des hommes, et tel qu’on voit le Conti de Saint-Simon ; puis il ajoute d’une manière neuve et très judicieusement, au moins selon toute vraisemblance : Mais je suis persuadé qu’il est à la place du monde qui lui convient le mieux, et, s’il en occupe quelque jour une plus considérable, il perdra de sa réputation et diminuera l’opinion qu’on a de lui ; car il est bien éloigné d’avoir les qualités nécessaires pour commander une armée ou pour gouverner un État : il ne connaît ni les hommes ni les affaires, et n’en juge jamais par lui-même ; il n’a point d’opinion qui lui soit propre… ; il ne saisit point la vérité52 ; on lui ôte ses sentiments et ses pensées, et souvent il n’a que celles qu’on lui a données, qu’il s’approprie si bien et qu’il explique avec tant de grâce et de netteté qu’il n’y a que les gens qui ont de bons yeux et qui l’approfondissent avec soin qui n’y soient pas trompés : on peut même dire qu’il les embellit. […] [NdA] Je suis l’opinion commune, en attribuant à M. de Lassay père la construction de l’hôtel Lassay.

1375. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Mathieu Marais, dans les jugements qu’il porte de lui-même ou qu’il répète sur les ouvrages de la jeunesse de Voltaire, nous représente très bien la moyenne de l’opinion d’alors sur ce brillant et téméraire esprit, dont le souverain bon sens échappait et se dérobait trop souvent à travers de bruyants écarts de conduite. […] Le dernier mot de Marais sur Voltaire, le sentiment qu’il partage avec le président Bouhier et qui était, à cette date, l’opinion presque universelle, c’est que « le talent de l’homme est merveilleux, mais que le jugement n’y répond point. » La faculté judicieuse et la raison de Voltaire ne commencèrent à se dégager et à se dessiner nettement à tous les yeux que dans la seconde moitié de sa carrière et depuis sa retraite à Ferney ou aux Délices. […] Un autre vieux classique de ce temps-là, M. de La Rivière, le gendre de Bussy-Rabutin, a jugé non moins sévèrement que Marais le salon de Mme de Lambert et son monde, quoiqu’il fût l’ami particulier de cette femme distinguée, sur laquelle nous nous permettons de différer d’opinion avec lui ; mais tous ces jugements et contre-jugements sont curieux, en ce qu’ils nous aident à comprendre le mouvement et les divisions de la société d’alors.

1376. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Ce fut vers ce temps, et d’après l’expérience qu’il acquit à cette nouvelle école, que quelques-unes de ses opinions antérieures en vinrent à se modifier : il avait cru jusque-là avec le monde entier que Napoléon était le seul obstacle à la paix, il commença à entrevoir que cette paix, eût-elle été sincèrement voulue par lui, n’aurait pas été si facile à obtenir en présence d’une telle coalition de haines. […] Monnard, « l’opinion de ce prince s’était fortifiée encore dans des entretiens avec un Vaudois, toujours patriote loin de sa patrie, son aide de camp, le baron de Jomini dont il appréciait non seulement le génie militaire, mais aussi la haute intelligence politique et le franc-parler. » — Nous avons eu, de ce franc-parler, assez de preuves en toute rencontre pour n’en pas douter. […] Entre les pièces officielles émanées d’en haut que nous possédons et la réalité du détail, il s’est passé plus de choses que n’en laisse à soupçonner l’histoire s c’est à la biographie, toutes les fois qu’il y a jour, de les recueillir et de les noter. — Et pour revenir à l’histoire, l’opinion résumée de Jomini sur Ney, qu’il connaissait si bien par son fort et par son faible, est à rechercher.

1377. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Du choc des opinions en telle matière, je ne crois pas que la lumière puisse jaillir, quoi qu’on dise ; on n’en retirait certainement ici que doute et obscurcissement, peu de satisfaction et beaucoup de satiété. […] On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté. […] Je ne dis point cela pour réfuter M ’abbé Flottes, mais pour lui montrer qu’il n’y a pas contradiction ni inconséquence dans une opinion qu’il met en cause.

1378. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Lui et M hiers, d’ailleurs, ils arrivaient à Paris avec une pensée arrêtée en politique, avec une opinion déjà faite, qui aidait beaucoup à la résolution de leur marche et qui simplifiait leur conduite. […] Cette opinion chez eux, non pas de pur instinct et de passion comme chez plusieurs, mais très-raisonnée, très-suivie76 et beaucoup plus arrêtée que chez leurs jeunes amis libéraux du monde, donna du premier jour à leur attaque toute sa portée et imprima à l’ensemble de leur direction intellectuelle une singulière précision. […] Les résultats essentiels qui se tirent de ce mâle et simple récit sont passés dans le fond de leurs opinions et presque de leurs dogmes : cela fait partie de cet héritage commun sur lequel on vit et qu’on ne discute plus, et je doute fort qu’à mesure qu’on ira plus avant dans les voies modernes, et que par conséquent on trouvera plus simple et plus nécessaire ce qui s’est accompli, on en vienne jamais à remettre en cause les articles, même rigides, de ce jugement historique et à les casser.

1379. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Et voici tout aussitôt le contre-coup littéraire des opinions qui ont cours dans ce monde quintessencié. […] Chez toutes sans exception persistent une liberté d’opinions et une franchise de style qui distinguèrent ce qu’on appela, dans l’entourage du jeune roi Louis XIV, l’ancienne cour ; il n’est pas jusqu’à la délicate aventure de la Princesse de Clèves où l’on ne retrouve quelque chose de Cornélien. […] C’est un fait qui éclate aux yeux dans notre siècle qui aurait pu prendre pour devise ce vers de Musset : C’est mon opinion de gâter les enfants.

1380. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

tout cela, en effet, aurait été fort déplacé à Versailles ; mais Mme de Pompadour aurait voulu les y voir pourtant, et que la liaison se fît à quelque degré dans l’opinion entre le monarque et les hommes qui étaient l’honneur de son règne. […] Pourtant le caractère de Louis XV étant donné, c’est encore ce qui pourrait peut-être arriver de, mieux à ce roi que de tomber aux mains d’une femme « née sincère, qui l’aimait pour lui-même, et qui avait de la justesse dans l’esprit et de la justice dans le cœur : cela ne se rencontre pas tous les jours. » Telle est, du moins, l’opinion de Voltaire, jugeant Mme de Pompadour après sa mort. […] Il n’en était pas ainsi des personnes qui avaient su gagner les bonnes grâces de Louis XIV… » Malgré tout, elle fut bien la maîtresse qui convenait à ce règne, la seule qui pût venir à bout d’en tirer parti dans le sens de l’opinion, la seule qui pût diminuer le désaccord criant entre le moins littéraire des rois et la plus littéraire des époques.

1381. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il montre une foule de gens irréfléchis, passionnés, obéissant à leur fougue, à leurs intérêts de parti, au mot d’ordre des habiles ; semant des rumeurs vagues ou des imputations atroces ; inquiétant l’opinion, la fatiguant dans une « stagnante anarchie », et troublant les législateurs eux-mêmes dans l’œuvre des « nouveaux établissements » politiques. […] Dans tous les cas, si l’on a des ennemis au-dehors, si l’on en a aussi au-dedans, il faut de l’union pour les combattre et en triompher, et ce qui s’oppose le plus à cette union, c’est ce malheureux penchant aux soupçons, au tumulte, aux insurrections, qui est fomenté en France, et qui l’est surtout par une foule d’orateurs et d’écrivains : « Tout ce qui s’est fait de bien et de mal dans cette révolution est dû à des écrits », dit André Chénier ; et il s’en prend hardiment à ceux qui sont les auteurs du mal, à « ces hommes qui fatiguent sans cesse l’esprit public, qui le font flotter d’opinions vagues en opinions vagues, d’excès en excès, sans lui donner le temps de s’affermir ; qui usent et épuisent l’enthousiasme national contre des fantômes, au point qu’il n’aura peut-être plus de force s’il se présente un véritable combat ».

1382. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Mobile à l’excès, il passe sans rougir par toutes les contradictions, et se laisse emporter au flux et au reflux de l’opinion. […] Toutes les opinions se font jour dans leur sein : il y a rapport et contre-rapport, discussion, arrêt motivé ; et cet arrêt n’est jamais définitif ; on peut toujours l’attaquer, ce qui fait qu’on le respecte. […] Quel magnifique spectacle que de voir cette patrie universelle des intelligences s’étendre sans limites dans l’espace et le temps, embrasser dans son sein l’ancien et le nouveau monde, établir partout le règne de l’opinion, adoucir les horreurs de la guerre et faire respecter même dans les combats les saintes lois de l’humanité3.

1383. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Le lieutenant Lanrezac s’est élevé contre cette opinion dans son Essai de folklore au Soudan. […] C’est en souvenir de ce démenti donné à ma première opinion que je n’avance que sous réserves les convictions que je me suis formées en matière de folklore, préférant n’être formel qu’en cas de certitude absolue. […] Le conte-charade de Bérenger-Féraud : « L’homme à la poule » ne semble pas contredire cette opinion, malgré les apparences.

1384. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Ce n’était pas même un de ces familiers comme un Brossette ou un Boswell, devant lesquels on cause sans se gêner de toutes sortes d’opinions et d’affaires, sans compter que Bossuet n’était pas un homme de lettres, parlant ainsi à tout propos de ce qui l’occupait, et qu’il avait la discrétion grave du vrai docteur et du prélat. […] Bossuet, en toute sa vie, marche à visage découvert, et rien de lui, rien de ses actions ni de sa pensée n’est dans l’ombre ; il fut en tout le contraire des opinions et des méthodes particulières ; il fut l’homme public des grandes institutions et de l’ordre établi, tantôt l’organe, tantôt l’inspirateur, tantôt le censeur accepté de tous, ou le conciliateur et l’arbitre.

1385. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Scherer, de dire tout ce qu’il y a d’agitation dans notre cœur lorsque nous commençons à reconnaître que notre Église et notre système n’ont pas le monopole du bien et du vrai, lorsque nous rencontrons des hommes également éminents et sincères qui professent les opinions les plus opposées…, lorsque nous découvrons qu’il n’y a point d’erreur qui n’ait un mélange de vérité, point de vérité qui ne soit partielle, étroite, incomplète, entachée d’erreur, lorsque ainsi le relatif nous apparaît comme la forme de l’absolu sur la terre, l’absolu comme un but éternellement poursuivi mais éternellement inaccessible, et la vérité comme un miroir brisé en mille fragments qui tous réfléchissent le ciel et dont aucun ne le réfléchit tout entier. […] Dès qu’on n’est pas de l’avis de Lamennais, de l’opinion et du système qu’il tient pour vrai dans le moment, il vous insulte et vous injurie ; il vous appelle imbécile, idiot, et vous loge aux petites maisons ; c’est sa formule invariable : Le sentiment que fait éprouver la lecture de l’Essai sur l’indifférence, dit M. 

1386. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Oui, en France, dans ce qu’on déprime ou ce qu’on arbore en public, on ne pense guère le plus souvent au fond des choses ; on pense à l’effet, à l’honneur qu’on se fera en défendant telle ou telle opinion, en prononçant tel ou tel jugement. […] Le vent tourna, l’opinion revint, Parny fut maintenu avec honneur à son rang sur la liste de nos autorités poétiques, et c’est M. de Montahmbert qui en est cause.

1387. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Je reviendrai bientôt sur ce moment de 1831 à 1837 qui fut une des phases mémorables de l’opinion religieuse en France dans notre XIXe siècle. […] Il érige volontiers l’absence de toute critique en précepte et en dogme ; il dira par exemple à un jeune homme qui, selon lui, lit trop, et qui s’adresse à des auteurs de tout bord et de toute opinion, comme il sied à un estomac viril et à tout esprit émancipé : « Je n’ai pas grand plaisir à vous voir lire des livres tels que ceux dont vous me parlez.

1388. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Je n’appris son arrivée qu’après son départ, et je fus très-affligé d’entendre dire à plusieurs personnes qu’il étoit parti avec l’opinion que j’avois évité à dessein de lui parler et de le voir. […] Ce qui paraîtra plus digne d’un homme, c’est cette réflexion si juste, que la moitié du monde vaut bien l’autre , et que ce qu’on perd dans l’opinion sur une rive de l’Escaut, on le regagne en estime sur l’autre rive.

1389. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses. […] Jouffroy, reprenant dans une dernière leçon l’opinion qu’il avait émise sur l’avenir de l’humanité, l’a de nouveau exposée et développée avec une admirable largeur de talent.

1390. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Taine (1828-1893), né à Vouziers, entre à l’École Normale en 1848, professe peu de temps, étant très suspect pour ses opinions philosophiques. Outre les ouvrages que je nomme ci-dessous, il a écrit son Voyage aux Pyrénées (1855), ses études sur les Philosophes français du xixe siècle (1855-56), sa Vie et opinions de Thomas Graindorge (1863-65), ses Notes sur l’Angleterre (1872).Éditions : Hachette, in-18 : De l’lntelligence, 2 vol ; Littérature anglaise, 5 vol. ; Philosophie de l’art, 2 vol. ; Essais de critique et d’histoire, 1 vol. ; Nouveaux Essais, 1 vol. ; Derniers Essais, recueil posthume, 1894, 1 vol. ; Origines de la France contemporaine, 7 vol. in-8 (Ancien Régime, 1 vol ; Révolution, 3 vol. ; Empire, 2 vol.)

1391. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Or le dandy entreprend de modifier du tout au tout cette opinion si profondément enfoncée chez les hommes par une philosophie traditionnelle et banale et de bouleverser la hiérarchie des mérites. […] Comme il fait quelque chose avec le néant, comme ses inventions consistent en des riens parfaitement superflus et qui ne valent que par l’opinion qu’il en a su donner, il nous apprend que les choses n’ont de prix que celui que nous leur attachons, et que « l’idéalisme est le vrai ».

1392. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Peut-être était-ce là une opinion tardive, produite vers la fin du premier siècle par l’âge avancé où Jean semble être parvenu, cet âge ayant donné occasion de croire que Dieu voulait le garder indéfiniment jusqu’au grand jour, afin de réaliser la parole de Jésus. […] C’est aussi l’opinion de saint Paul : I Cor., XV, 23 et suiv. ; I Thess., IV, 12 et suiv.

1393. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Expliquons-nous pourtant, non pas avec la police à laquelle, moi, honnête homme, je défends de parler de ces matières, mais avec le petit nombre de personnes respectables et consciencieuses qui, sur des ouï — dire ou après avoir mal entrevu la représentation, se sont laissé entrainer à partager cette opinion, pour laquelle peut-être le nom seul du poëte inculpé aurait dû être une suffisante réfutation. […] Il compte sur le concours de tous, sur l’appui franc et cordial de la presse, sur la justice de l’opinion, sur l’équité des tribunaux.

1394. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Ce n’est pas non plus uniquement le Mazarin des Mazarinades, quoique Amédée Renée nous l’y montre davantage, parce qu’il est toujours actuel d’opposer les peintures stupidement spirituelles de l’opinion et des partis aux peintures justes et définitives de l’Histoire. […] Le moraliste du xixe  siècle met sa gravité à l’abri derrière l’éventail de cette commère charmante, à qui l’opinion a pardonné d’être naïvement la plus immorale des créatures.

1395. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Alors les opinions s’établissent comme les modes, et on loue avec transport aujourd’hui ce qu’on oubliera demain. Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement.

1396. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Une partie de ce poëme avait pour objet la vérité, τὰ πρὸς ἀλήθειαν ; une autre, ce qui se rapporte à l’opinion, il la croyance, τὰ πρὸς δόξαν. […] Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore.

1397. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Quoi qu’il en soit de tant d’opinions diverses, et sur cette affaire en particulier, et sur la vie entière de Marie-Antoinette, on ne pourra du moins refuser des vertus à cette princesse qui montra tant d’affabilité sur le trône et de dignité dans le malheur.

1398. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

OPINIONS.

1399. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

OPINIONS.

1400. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

OPINIONS.

1401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

OPINIONS.

1402. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

OPINIONS.

1403. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

OPINIONS.

1404. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

OPINIONS.

1405. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

OPINIONS.

1406. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

OPINIONS.

1407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

OPINIONS.

1408. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

OPINIONS.

1409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

OPINIONS.

1410. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

OPINIONS.

1411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

« J'ai vu, dit-il dans l'Exorde, que les Philosophes s'enorgueillissoient sur-tout de la prétendue supériorité de leurs talens ; qu'en accréditant cette opinion, ils se servoient du moyen le plus sûr pour grossir leur Secte, & tendoient le piége le plus dangereux à la crédule ignorance.

1412. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

Il seroit superflu d’avertir ici qu’en lisant une piece de théatre, on admet comme veritables les suppositions fausses qui étoient reçûës au tems où l’action est arrivée ; tout le monde sçait bien qu’il faut se prêter aux opinions qui ont été celles des acteurs.

1413. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

En réunissant toutes ces observations, recueillies pour la plupart dans l’Odyssée, ouvrage de la vieillesse d’Homère au sentiment de Longin, nous partageons l’opinion de ceux qui placent l’âge d’Homère longtemps après la guerre de Troie, à une distance de quatre siècles et demi, et nous le croyons contemporain de Numa.

1414. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

S’aperçoit-il seulement qu’il se contredit soi-même dans cette sorte de scène qu’il imagine pour rendre son opinion piquante ? […] Je ne faisais qu’exprimer vos opinions en expliquant les miennes ; et la conformité de mes maximes et des vôtres m’a valu votre assentiment. […] Mais le poids des opinions de ceux qui le vantèrent l’emporte de beaucoup sur la valeur de ceux qui le déprécièrent. […] Comment préciser les opinions avec justesse, si l’on ignore de quelles règles chaque espèce de comédie est comptable ? […] Au surplus, il n’eût rien changé à ce développement de ses premières opinions exprimées en vers inimitables par Clitandre.

1415. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Ces raisons sont grotesques, selon l’opinion de M.  […] Et pour étayer cette opinion, vous citez tout ce qu’Alceste dit de lui-même, tout ce que disent de lui ses amis. […] C’est dire que lorsque j’arrivai à vos citations et à vos arguments défendant votre opinion, je vous admirai beaucoup, en m’admirant. […] Maurice Albert et à l’histoire de l’opinion parisienne par le théâtre. […] Le théâtre qui, parce qu’il a le flair du succès, a l’intuition de l’opinion populaire, a été droit à cette conception-là.

1416. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Dans les innombrables pages qu’il a écrites, l’insouciance de l’opinion du vulgaire est infiniment sensible. […] Enfin c’est le feu d’artifice d’opinions que M.  […] Ils n’ont pas propagé des vérités, mais des opinions, et ils n’en avaient pas le droit. […] Parfois l’énigme se complique des volte-face singulières que l’opinion accomplit à l’égard de ses favoris. […] Qu’il ait des opinions, une conduite, des chapeaux et des gants comme le public, cela regarde le public.

1417. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Ceux qui aiment à développer leurs opinions trouveraient là belle matière à un parallèle entre M.  […] Après ces quelques lignes qui résument les opinions de M.  […] les bonnes et sages paroles ne servent de rien et il n’est pas, en matière de littérature, une seule opinion qu’on ne combatte aisément par l’opinion contraire. […] Mais allez donc raisonner avec les passions politiques qui travestissent l’Histoire et pervertissent l’opinion ! […] Évidemment il sondait l’opinion, attendant, provoquant même des réponses qu’il espérait être satisfaisantes.

1418. (1905) Promenades philosophiques. Première série

On peut ouvrir ses livres avec la certitude d’y trouver un argument quelconque pour n’importe quelle opinion. […] L’homme supérieur se moque, après tout, de l’opinion des hommes, quand elle n’est qu’une opinion, c’est-à-dire un fait sans conséquences pratiques. […] Cette opinion semblera empreinte d’un aristocratisme cruel. […] Jamais l’opinion ne fut moins qu’aujourd’hui favorable à un bouleversement de l’orthographe. […] Opinion de certains philosophes rapportée par Aristote, Derniers Analytiques, I, ch. 3.

1419. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Mérimée ont été approuvés par l’opinion.

1420. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Il n’est pas un seul instant sorti de son sujet, et a su marquer au passage son opinion tout en satisfaisant aux conditions académiques et en parant aux dangers de son vis-à-vis.— On peut dire que si sa louange a été extérieure, sa critique a été intestine.

1421. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

OPINIONS.

1422. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

OPINIONS.

1423. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

OPINIONS.

1424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

OPINIONS.

1425. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

OPINIONS.

1426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

OPINIONS.

1427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

OPINIONS.

1428. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

OPINIONS.

1429. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

OPINIONS.

1430. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

OPINIONS.

1431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

OPINIONS.

1432. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Le mot n’a, contrairement à l’opinion populaire, aucun rapport avec moine (du latin monachus).

1433. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Il faut enfin que, dans ces temps livrés à la lutte furieuse des opinions, au milieu des attractions violentes que sa raison devra subir sans dévier, il ait sans cesse présent à l’esprit ce but sévère : être de tous les partis par leur côté généreux, n’être d’aucun par leur côté mauvais.

1434. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Pour que deux hommes soient parfaits amis, ils doivent s’attirer et se repousser sans cesse, par quelque endroit ; il faut qu’ils aient des génies d’une même force, mais d’une différente espèce ; des opinions opposées, des principes semblables ; des haines et des amours diverses, mais au fond la même sensibilité ; des humeurs tranchantes, et pourtant des goûts pareils ; en un mot, de grands contrastes de caractère et de grandes harmonies du cœur.

1435. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Le Français n’a jamais ployé servilement sous le joug ; il s’est toujours dédommagé, par l’indépendance de son opinion, de la contrainte que les formes monarchiques lui imposaient.

1436. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Cette opinion me paroît insoutenable.

1437. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Cochut cite, comme une opinion qu’il épouse, les paroles de Gautier sur Law dans l’Encyclopédie du Droit : « La conception de Law, malgré les vices originaires qui rendaient le succès impossible, malgré la témérité aveugle et les fautes graves qui rendirent sa chute si soudaine et si terrible, n’en atteste pas moins chez son auteur, outre un génie puissant et inventif, la perception distincte des trois sources les plus fécondes et jusque-là les plus ignorées de la grandeur des nations : le commerce maritime, le crédit et l’esprit d’association. » On a droit de s’inscrire en faux contre un tel jugement.

1438. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Les chronologistes ont donc pris un soin puéril en le plaçant trente ans avant Homère, tandis qu’il dut venir après les Pisistratides.On pourrait cependant attaquer cette opinion en considérant Hésiode comme un de ces poètes cycliques, qui chantèrent toute l’histoire fabuleuse des Grecs, depuis l’origine de leur théogonie jusqu’au retour d’Ulysse à Itaque, et en les plaçant dans la même classe que les rapsodes homériques.

1439. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ici encore il n’y a pas un jugement nouveau à porter, avec tous les risques attachés aux opinions nouvelles ; c’est le jugement de deux siècles dont il faut donner les motifs. […] Je sais qu’une certaine opinion veut ôter au règne de Louis XIV l’honneur d’avoir vu naître les hommes de génie qui l’ont rendu fameux, à la gloire personnelle du roi l’honneur de les avoir inspirés. […] Les lettres, qui sont pleines de condescendance pour tout ce qui est de l’homme, et surtout pour les faiblesses des grandes âmes exprimèrent, sous mille formes cette faveur de l’opinion. […] Le mépris de la vie, quand elle est en balance avec le devoir, la passion ou seulement quelque bien d’opinion, est le fond des mœurs de cette époque. […] Ses admirateurs trouvèrent la récompense bien au-dessous de si éminents services rendus au roi et à l’Église, et quand l’archevêché de Paris devint vacant, le choix de l’opinion l’y désigna.

1440. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Cette vieille opinion que la littérature reflète l’état des mœurs étant admise, il est certain qu’on serait autorisé à croire que la nôtre, qui pose en principe que le vulgaire est seul réel, est la logique expression d’une dégradation de la conscience, de l’esprit et conséquemment du goût. […] Jusqu’ici, les faits corroborent cette opinion. […] Là, les impressions se succèdent, les théories et les opinions s’évincent, les jugements se modifient, se transforment, se corrigent où se pervertissent. […] Il ne nous est donc pas permis de rester indifférents à la nature des écrits et des publications à la mode, non pas que nous prétendions porter atteinte à la liberté de parler et d’écrire, ce qui est loin de notre pensée, mais seulement pour éclairer le public en le mettant en demeure de discuter ses opinions et de nous rendre compte de ses engouements et de ses enthousiasmes parfois inexplicables. […] Zola est plongé dans une telle ivresse qu’il se croit en droit d’imposer des opinions comme des arrêts, et cela solennellement.

1441. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Je révère l’opinion de Poe : nul vestige d’une philosophie, l’éthique ou la métaphysique, ne transparaîtra ; j’ajoute qu’il la faut, incluse et latente. […] Poe, qu’il n’existe pas de long poème, que ces mots “un long poème” sont tout simplement contradictoires dans les termes. » Revenant sur cette pensée, il la précise : « La dose d’émotion nécessaire à un poème pour justifier ce titre ne saurait se soutenir dans une composition de longue haleine : au bout d’une demi-heure au plus, elle baisse, tombe, une révulsion s’opère et dès lors le poème, de fait, cesse d’être un poème. » Nous pouvons nous souvenir, pour corroborer l’opinion de Poe par l’histoire, que l’Iliade et l’Odyssée datent d’une époque postérieure à celle de leur composition, quant à la forme arbitraire selon laquelle ces deux œuvres nous sont présentées : forme arbitraire, étrangère, ou peu s’en faut, à la pensée du ou des poètes primitifs. […] C’est affaire ici d’opinion, de sentiment. […] Mais supposons qu’une telle opinion soit erronée, acceptons cette distinction des époques de grandeur et des époques de décadence de l’art. — Eh bien, nous dit-on, elle n’est donc pas immuable, la notion d’art et de beauté, puisqu’elle subit cette variation de progrès et de regrès. […] Or, il faut le constater, cette exaltation de l’égoïste souci de soi dans un but, non pas de développement spirituel et moral, mais de satisfaction immédiate, est accompagnée d’un grand fait qui l’explique : la ruine des religions précises… — J’entends ne blesser ici aucune conviction : sur le présent j’exprime une opinion ; sur l’avenir, des désirs.

1442. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Il est difficile d’imaginer des conditions de vie plus identiques que de profondes cavernes calcaires sous un climat presque semblable ; de sorte que, d’après l’opinion commune que les animaux aveugles qui les habitent ont été spécialement créés pour les cavernes soit d’Amérique, soit d’Europe, on devrait s’attendre à trouver entre eux d’étroites affinités et de grandes ressemblances d’organisation. […] Sprengel a émis l’opinion que les fleurons de la circonférence servent à attirer les insectes dont l’intervention est avantageuse à la fécondation des plantes de ces deux ordres. […] Comme cette répétition végétative, dirai-je, pour employer les propres termes du professeur Owen, semble être un signe d’infériorité organique, l’observation précédente semble d’accord avec l’opinion généralement adoptée par les naturalistes, que les êtres placés très bas dans l’échelle naturelle sont plus variables que ceux qui sont plus élevés. […] J’ai recueilli une longue liste de cas semblables ; mais ici, comme autre part, j’ai le désavantage de ne pouvoir la donner à l’appui de mes opinions. […] On a dit qu’elles sont encore plus apparentes chez l’ânon, et, d’après mes renseignements personnels, je dois tenir cette opinion pour bien fondée.

1443. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Au contraire, l’estime des autres est un supplément à l’opinion peu favorable que nous avons de nous-mêmes, c’est un roseau dont l’amour-propre cherche à s’étayer. […] C’est pour cette raison que plus la valeur d’un ouvrage est intrinsèque et indépendante de l’opinion, moins on s’empresse de lui concilier le suffrage d’autrui ; de là vient cette satisfaction intérieure si pure et si complète que procure l’étude de la géométrie ; les progrès qu’on fait dans cette science, le degré auquel on y excelle, tout cela se toise, pour ainsi dire, à la rigueur, comme les objets dont elle s’occupe. […] J’ai osé d’avance appeler préjugé l’opinion qui suppose que les grands ont eu une meilleure éducation, et qu’ils doivent par conséquent, toutes choses égales, être des connaisseurs plus éclairés. […] L’opinion et l’usage établi ont certainement beaucoup de part à une préférence si arbitraire. […] Pour se convaincre de ce que j’avance sur l’opinion peu relevée qu’on se forme communément dans le monde de l’état des gens de lettres, il suffira de faire attention à l’espèce d’accueil qu’ils y reçoivent pour l’ordinaire.

1444. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Ce sont des discours publics, des opuscules, où il établit séparément les opinions diverses qu’il devait plus tard réunir dans son grand système. […] c’est que chaque tribu retrouvait en lui son caractère, c’est que la Grèce s’y reconnaissait, c’est qu’elle était elle-même Homère. — Pourquoi des opinions si diverses sur le temps où il vécut ? […] Pour ne point juger cette partie du système avec une injuste sévérité, il faut se rappeler qu’au temps de Vico, la science mythologique était encore frappée de stérilité par l’opinion ancienne qui ne voyait que des démons dans les dieux du paganisme, ou renfermée dans le système presque aussi infécond de l’apothéose. […] On y trouve l’opinion reproduite depuis par Monti, que l’auteur de la Divine Comédie est plus admirable encore dans le purgatoire et le paradis que dans cet enfer si exclusivement admiré. — 1730. […] Défense historique des lois grecques venues à Rome contre l’opinion moderne de M. 

1445. (1903) Le problème de l’avenir latin

Soyons donc reconnaissants à l’Empire de nous avoir faits réellement ce que nous sommes… Telle est l’opinion courante. […] Opinion traditionnelle et pieusement conservée d’ailleurs, chez les peuples latins, qui ont toujours inscrit, en tête de leur credo, le dogme de leur permanente, inscrutable et indélébile supériorité. […] Mme de Staël, dans son étude sur l’Allemagne, écrit avec une inconsciente ironie : « La bonne opinion que les Français ont d’eux-mêmes a toujours beaucoup contribué à leur ascendant sur l’Europe. » Sans doute, dirons-nous : dans les limites du temps et de l’espace où cette « bonne opinion » peut se justifier. […] Ce n’est pas au chauvinisme vulgaire des masses que j’emprunte cette opinion, mais aux esprits d’élite les plus authentiques, aux chefs intellectuels de la nation, en lesquels se retrouve identique, vivace et triomphant à l’égal d’un dogme, le même préjugé : les Hugo, les Michelet, les Zola… A quelle profondeur les idées latines ont-elles dû corrompre les cerveaux et les consciences pour que de telles opinions puissent être soutenues par d’aussi larges et puissants esprits ! […] Mais il n’en resterait pas moins en état d’agitation permanente, fomentant l’émeute, entretenant un courant d’opinion hostile à l’Etat.

1446. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Joignez à cela que nous sommes obligés de nous faire nos opinions. […] On ne pense plus à résister au roi ; on n’a point à résister au peuple, on n’a point à défendre ni à combattre le clergé ; on n’a point à conquérir son opinion ni son rang. […] Guizot, à chaque grande affaire, tourne ses regards vers le public, et, les documents à la main, montre les vicissitudes de l’opinion. […] Il donne son opinion d’une voix imposante, en élève de Gorgias, et gouverne la discussion à son caprice, comme s’il était le maître de son interlocuteur. […] Saint-Simon fut élevé dans ces enseignements ; ses premières opinions furent contraires aux opinions utiles et courantes ; le mécontentement était un de ses héritages ; il sortit de chez lui frondeur.

1447. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Au fond de la plupart de ses raisonnements, il y a cette opinion, fausse sans doute, que la fortune ne s’acquiert qu’en exploitant les autres et en pressurant les pauvres. […] Une telle conception d’économie politique est devenue très arriérée, mais le cercle des opinions humaines y ramènera peut-être un jour. […] Alors s’établit en moi une lutte ou plutôt une dualité qui a été le secret de toutes mes opinions. […] Là est l’explication de cette singularité que, ayant eu quelquefois à émettre des conseils pratiques dans l’intérêt de mon pays, ces conseils ont été au rebours de mes opinions d’artiste.

1448. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Voilà donc la question capitale d’où dépend l’opinion qu’il faut se former de leur crédibilité. […] Les formules « selon Matthieu », « selon Marc », « selon Luc », « selon Jean », n’impliquent pas que, dans la plus vieille opinion, ces récits eussent été écrits d’un bout à l’autre par Matthieu, par Marc, par Luc, par Jean 15 ; elles signifient seulement que c’étaient là les traditions provenant de chacun de ces apôtres et se couvrant de leur autorité. […] J’ajoute que, dans mon opinion, cette école savait mieux les circonstances extérieures de la vie du fondateur que le groupe dont les souvenirs ont constitué les évangiles synoptiques. […] Ainsi, le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type du caractère de Marthe répondant au [Greek : diêchonei] de Jean (XII, 2), le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, une notion obscure des voyages de Jésus à Jérusalem, l’idée qu’il a comparu à la Passion devant trois autorités, l’opinion où est l’auteur que quelques disciples assistaient au crucifiement, la connaissance qu’il a du rôle d’Anne à côté de Caïphe, l’apparition de l’ange dans l’agonie (comp.

1449. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Si nos études nous ont donné un peu de justice, et quelquefois un peu de regret pour le passé, nous croyons que nous avons montré dans nos livres historiques assez d’indépendance pour mécontenter toutes les opinions ; et nous avons cette conscience que nos romans se sont assez intéressés aux misères populaires du présent, et aux larmes des pauvres. […] Il nous reste à faire un appel à l’opinion, à cette grande majorité de spectateurs qui a applaudi Henriette Maréchal, à tout ce monde d’hommes et de femmes du Paris intelligent et lettré qui ne veut pas que la tyrannie de la politique ou l’exagération de la morale touche à ses plaisirs, à ses goûts, à ses sympathies. […] C’est avec ce mot de cabale que les amis satisfont la politesse, que les auteurs consolent leur génie, et qu’enfin on fouette le dos des innocents assez niais, pour oser exprimer une opinion qui était la leur, en face d’une salle qui, ce soir-là, était toute aux soins empressés de l’amitié, aux benoîtes ferveurs de la sainte claque. […] Opinion nationale, 12 décembre 1865.

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

L’ouvrage de Ramond où elles se trouvent, ces Observations sur les Pyrénées parurent en 1789, c’est-à-dire au moment de la Révolution, et n’eurent pas le temps d’avoir leur succès ; venues quelques années plus tôt, elles auraient sans doute obtenu la vogue, elles auraient peut-être même déterminé un courant de l’opinion et entraîné des flots d’élégants visiteurs par-delà Campan et Bagnères, du côté des hautes vallées des Pyrénées, comme cela s’était vu dans les vallées de la Suisse et des Alpes. […] On hésite toujours à se mettre en avant quand l’opinion de la foule ne nous a pas frayé le chemin : il faut même, pour cela, une espèce particulière de courage, ce que j’appelle le courage du jugement.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Joubert, d’ailleurs, apporta dans les conséquences de ce coup d’État, contrecoup du nôtre, la modération qui était dans son caractère et qui servait utilement de correctif à la chaleur de ses opinions. […] Une conformité sympathique d’opinions et d’idées avec Joubert, qui venait d’y prendre le commandement à la place de Brune, me portait à y rester pour attendre les événements qui se préparaient.

1452. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il parle de vérité ; mais est-ce qu’il se figure que parce que nous sommes polis et que nous nous exprimons sur certains grands sujets d’un air de doute et de défiance pour nos propres opinions, nous ne croyons pas aussi à la vérité ? […] Est-il possible de venir afficher à tout instant comme modèle, de proposer pour remède, ses recettes morales, ses pratiques dévotieuses, le secret des confessionnaux et des oratoires, devant des esprits, sensés d’ailleurs, quoique très-divers d’opinions, qui trouvent cela au moins de mauvais goût, ou qui se révoltent de la prétention et s’en irritent ?

1453. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

. — Je dis qu’il est commode, car du haut de la religion, de cette idée inexpugnable et infaillible, on est à l’aise pour courir sus à toutes les opinions et à tous les partis, au siècle tout entier. […] Il est en diligence avec deux de ces Messieurs catholiques ou néo-catholiques, qui sont bien décidés à se moquer des progrès du siècle en sa personne ; il s'aperçoit qu’ils ne sont pas du même bord que lui : « Vous êtes comme cela, dit-il, je suis autrement ; chacun ses goûts, chacun ses opinions. » Mais ce bourgeois est plus tolérant que vous, qui n’êtes occupés qu’à le draper, à le mépriser.

1454. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

On a, au sujet des opinions exprimées par Gœthe sur les jeunes poëtes français de 1830, insinué contre lui une singulière accusation : comme le jugement qu’il porte sur Victor Hugo n’est pas complètement d’accord avec celui que professent les éditeurs des Entretiens et beaucoup d’autres avec eux, on l’a tout simplement soupçonné d’envie. Mais qu’on veuille y réfléchir : je le demande, Gœthe étant ce qu’il était par sa nature, par ses tendances, par la région élevée où habitait sa pensée, pouvait-il avoir une autre opinion sur le jeune et brillant poëte, dont il reconnaît d’ailleurs en maint endroit le grand talent d’imagination et la puissance ?

1455. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

À ne répéter point ce qui fut écrit, et Mendès est si près de tout écrire, quand il veut écrire, faute aussi de pouvoir déjà expliquer historiquement Heredia, dont les origines me sont confuses, je n’ai guère que quelques redressements à proposer de l’opinion qu’on se fait communément de Heredia et des Trophées, opinion en moyenne assez juste et raisonnable.

1456. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

L’autre est un système d’idées, de sentiments, d’habitudes, qui expriment en nous, non pas notre personnalité, mais le groupe ou les groupes différents dont nous faisons partie ; telles sont les croyances religieuses, les croyances et les pratiques morales, les traditions nationales ou professionnelles, les opinions collectives de toute sorte. […] Le pouvoir de l’opinion et les sanctions diffuses se substitueront de plus en plus aux pénalités violentes ; mais l’antinomie n’en subsistera pas moins pour cela entre le conformisme et l’aspiration à l’indépendance individuelle, entre la société et l’individu.

1457. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Les opinions auxquelles les savants tendent à revenir sur la constitution de la matière ne sont pas sans analogie avec les vues profondes des premiers alchimistes. » Une élite se prépare à la tâche. […] C’est là que Naundorff l’aurait connu et reçu ses confidences, ce qui expliquerait qu’il fut en possession de certaines particularités et détails concernant l’évasion et l’arrestation de Varennes dont il se servait pour s’accréditer dans l’opinion et s’imposer à ses interlocuteurs.

1458. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Il s’agit, présentement, non de réparer une longue injustice — car depuis beaucoup d’années, l’opinion des connaisseurs est faite sur ce point — mais d’accélérer une heureuse réaction, en ce qui concerne l’œuvre d’un grand musicien moderne, d’un maître, César Franck. […] César Franck a un opéra en portefeuille, Hulda ; par malheur, je n’en connais que des fragments, d’ailleurs superbes, trop courts pour permettre d’établir une opinion raisonnée, assez longs pour qu’on puisse placer cet ouvrage, sans crainte de se tromper, fort au-dessus de presque tous ceux qui se jouent quotidiennement à Paris.

1459. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Telle fut, on s’en souvient, l’opinion de Herbart. […] Il y a dans cette opinion une part de vérité qui ressort de notre analyse précédente.

1460. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

L’académie Françoise le comptoit parmi ses premiers membres, & brigua l’honneur de le posséder ; mais, ce qui prouve la grande opinion qu’on avoit de lui, c’est le stratagême qu’employa le cardinal de Richelieu pour accréditer un de ses ouvrages. […] Mais Despréaux suivit l’opinion commune, & parla des saints nouveaux, mis dans le Calendrier de Bussi.

1461. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Au reste, l’opinion qui attribue à l’homme plus de cerveau qu’à la femme est très ancienne, et on la trouve, dit-on, dans Aristote ; mais tous les physiologistes n’ont pas été de cet avis. […] Parchappe, au contraire, affirme « que l’encéphale de la femme est plus petit que celui de l’homme, sans être sensiblement plus grand par rapport à la masse du corps : il ne compense donc pas son infériorité absolue par une supériorité relative. » Enfin Gratiolet n’a pas d’opinion particulière sur ce sujet ; seulement il hésite à se prononcer sur la question d’inégalité intellectuelle, et pour lui la diversité des fonctions n’entraîne pas nécessairement l’idée d’une infériorité absolue.

1462. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Partout ses opinions ne sont pas les miennes. […] Tout cela, du reste, n’est que différence de détails dans des opinions isolées ; mais le grand courant intellectuel n’en demeure pas moins entre nous.

1463. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Craint-il qu’on n’en découvre encore des traces dans ses opinions présentes ? […] Peu à peu il éprouvera de l’horreur pour ses anciennes opinions ; quand il relira ses propres livres, il ne voudra pas les reconnaître, il ne pourra se persuader qu’il ait professé une philosophie si « détestable. » Il supprimera sans le dire une phrase décisive ; il interprétera les autres comme il pourra ; il se réfugiera derrière l’obscurité des termes ; il fera croire au public qu’entre ses deux philosophies, il n’y a qu’une différence de style.

1464. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

De là on prostitue moins l’éloge : ceux même qui pourraient être corrompus et lâches, sont arrêtés par l’opinion ; et la peur de la honte les sauve au moins de la bassesse. […] Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ?

1465. (1903) Propos de théâtre. Première série

Cette opinion est erronée et rend inintelligible le développement de notre poésie dramatique. […] Voilà les deux opinions. […] Gaucherie énorme, dans le monde il dit son opinion sincère sur un ouvrage dont il ignore l’auteur ! […] Brunetière, on ne peut avoir qu’une opinion, d’abord sur son talent, et ensuite sur son caractère. […] L’opinion de M. 

1466. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il faut penser cependant que ce jour n’est pas venu, puisque l’opinion, qui s’est occupée du livre de M.  […] Victor Giraud d’avoir, dans son livre sur Taine, jugé « irrecevable » l’opinion de M.  […] Mais l’opinion des critiques importe moins en cette matière que celle des disciples. […] Du jour où un poète a chanté devant des hommes, les hommes ont manifesté leur opinion sur lui. […] Et l’opinion ne lui a pas donné tort.

1467. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

Quant à moi, quelques modifications que le temps ait pu apporter à mes opinions, ce seront toujours à mes yeux des jours néfastes.

1468. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Mérimée, qui semble désigné par l’opinion.

1469. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

A parler sérieusement, il n’est qu’un cas où le personnage vivant ait plein droit d’invoquer avec éclat et franchise l’attention publique sur l’intimité de ses pensées et de sa vie ; c’est quand ce personnage est public lui-même, que ses actes extérieurs sont dévolus à l’opinion, et qu’il les discute par-devant elle : ses mémoires ne sont rien alors qu’un plaidoyer qu’il lance dans les débats, et le procès se poursuit jusqu’à ce que vienne l’histoire.

1470. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Delmida et Charles sont des êtres indécis, tombés des nues, égarés dans un vague d’opinions qui déconcerte le lecteur.

1471. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Victor Hugo venait plaider devant le monarque, avec la franchise de son âge, de ses opinions, et un sentiment profondément respectueux de son devoir, comme sujet.

1472. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Il existe, je crois, un point juste entre ces deux opinions.

1473. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

OPINIONS.

1474. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

OPINIONS.

1475. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

OPINIONS.

1476. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

OPINIONS.

1477. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

OPINIONS.

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

OPINIONS.

1479. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

. — Opinion de l’hôtel de Rambouillet sur Le Cid.

1480. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Poètes satiriques l’un et l’autre, il leur importait d’être défendus contre les ennemis qu’ils se faisaient, et protégés, non par le pouvoir royal, mais par l’approbation d’un prince dont le règne brillant dominait l’opinion générale, et faisait une mode de tout ce qui était de son goût.

1481. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Il est facile de reconnoître, dans ses Ecrits de Controverse, un esprit lumineux, une mémoire heureuse, un discernement sûr, qui le mettent à portée de combiner les systêmes, de rapprocher les objets, d’exposer les opinions, & de réfuter les erreurs.

1482. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

L’historien romain, après avoir raconté que Thrasylle avait prédit l’empire à Tibère, ajoute : « D’après ces faits, et quelques autres, je ne sais si les choses de la vie sont… assujetties aux lois d’une immuable nécessité, ou si elles ne dépendent que du hasard180. » Suivent les opinions des philosophes que Tacite rapporte gravement, donnant assez à entendre qu’il croit aux prédictions des astrologues.

1483. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Cependant, s’il existe une science des sociétés, il faut bien s’attendre à ce qu’elle ne consiste pas dans une simple paraphrase des préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses autrement qu’elles n’apparaissent au vulgaire ; car l’objet de toute science est de faire des découvertes et toute découverte déconcerte plus ou moins les opinions reçues.

1484. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

C’est devant de tels hommes, méconnus longtemps par l’opinion, qu’une critique juste doit marcher pour leur faire place et ranger l’estime ou l’admiration autour d’eux.

1485. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Respectant tous les usages anciens, tous les droits des anciennes mœurs, il laissait même au sénat et au barreau une grande liberté d’opinion et de langage. […] Dans cette crise des opinions humaines, les talents étaient une conquête que les deux partis en présence se disputaient et cherchaient mutuellement à se ravir. […] Plus tard, elle menaça presque la vieille renommée de notre théâtre ; et aujourd’hui elle la partage, dans l’opinion de beaucoup de juges éclairés. […] Ce dernier jugement est plus que douteux ; et, sous aucun rapport, il ne peut devenir l’opinion des étrangers. […] Sa femme, née dans une famille attachée au roi, le quitta par haine de ses opinions.

1486. (1898) La cité antique

Peut-on retrouver ce qui est si insaisissable et si fugitif, des croyances et des opinions ? […] Opinion grossière assurément, mais qui est l’enfance de la notion de la vie future. […] Lucien nous dit quelle est l’opinion qui a engendré tous ces usages. […] Dans l’opinion de ces générations anciennes, la femme ne transmettait ni l’existence ni le culte. […] L’homme ne s’affranchit pas aisément des opinions qui ont une fois pris l’empire sur lui.

1487. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il a eu le courage de ses opinions, mais non pas de ses sentiments. […] Il s’enhardit avec eux jusqu’au point d’oser leur exprimer ses opinions sur la politique. […] Cuvillier-Fleury avait des opinions beaucoup plus libérales. […] Il préféra la destitution, la prison, l’exil au sacrifice de ses opinions. […] C’est aussi l’opinion de M. 

1488. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

XVII) ne nous donne ni une opinion très-avantageuse, ni une idée très-défavorable de Méla. […] » Assurément, le déshonneur est dans l’opinion des hommes, l’innocence est en nous. […] Néron leur accorde quelques instants après ses repas : comme ils étaient d’opinions diverses, il s’amuse à les mettre aux prises. […] Si telle est l’opinion des grands et du peuple, on ne saurait penser ni plus dignement de la philosophie, ni plus bassement de toutes les autres sortes d’illustration. […] Quel est celui qui, sans être un sot, ne s’est jamais trompé dans la bonne ou mauvaise opinion qu’il avait conçue des hommes ?

1489. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Lisez les appréciations de ceux qui font l’opinion dans le monde des lettres. […] Le public depuis trente ans est loin d’avoir ratifié ses opinions. […] La postérité seule classe le mérite et dégage les opinions. […] J’aborde ici, je le sais, une question brûlante qui divise les opinions littéraires et qui est peut-être irréductible. […] Les divergences d’opinion ont tourné en négations injurieuses.

1490. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Croyez-vous enfin que l’opinion que j’ai de moi-même dépende beaucoup de celle que l’on aura de moi à la cour ? […] Il revoit sa famille, ses tantes et ses cousines, qui le traitent comme un très-jeune homme sans conséquence ; il les laisse dire et les raille ; il raille les Lausannois comme il a fait les Brunswickois ; il ne ménage pas à la rencontre les émigrés français qu’il trouve installés partout comme chez eux : aucun de leurs ridicules ne lui échappe, et il n’a pas de peine à se garantir de leurs opinions. […] J’aime mieux y noter une sorte de sincérité relative, un accord incontestable entre les opinions qu’il y professe et celles qu’il nourrissait depuis quelques années. […] Dans ce qui suit, on devra aussi reconnaître la prédisposition opposante de Benjamin Constant, ses opinions libérales Préexistantes, ses instincts de justice politique, le tout exprimé, il est vrai, avec une parfaite irrévérence et avec cette pointe finale d’impiété qui caractérise en lui sa période voltairienne. […] La jolie lettre que nous avons donnée précédemment, à l’appui de ses opinions anti-religieuses d’alors, et où il parle d’un chevalier de Revel qu’il a vu à La Haye, se rapporte aux premiers temps de cette reprise (4 juin 1790) 174.

1491. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il est très exact que Victor Hugo a célébré avec la même ferveur les opinions les plus différentes. […] Victor Hugo n’a pas changé d’opinion, pour une raison excellente : c’est qu’il n’en a jamais eu. Les opinions qu’il a traduites n’étaient pas à lui : elles étaient en lui. […] Si ses opinions n’étaient pas toujours les mêmes, ce n’était pas la faute de Victor Hugo : ce n’est pas lui, c’est le siècle qui avait changé. […] Puis, voici que l’opinion se passionne pour ce petit peuple grec qui secoue la domination du Turc.

1492. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Homme de sens, sans supériorité d’ailleurs, il avait tant lu de choses qu’il savait que tout a été dit et pensé, et il en concluait que toute opinion a sa probabilité à certain moment, que la diversité des goûts et des jugements est infinie. […] M. de La Mothe, en esprit solide, le sentait : « Ce n’est pas, disait-il, que je veuille établir ici l’opinion de quelques philosophes, qui se sont déclarés ennemis capitaux du beau langage. […] Il continua toute sa vie de balancer les opinions des Anciens, de les équilibrer les unes par les autres, de dire : « Ceci est juste, cela ne l’est pas ; il y a un milieu ; dans le doute il est bon de s’y tenir. » — Mais ce n’est point avec ces balancements et ces alternatives qu’on agit sur le public et qu’on entre dans les esprits, surtout quand le style est aussi neutre et aussi peu tranchant que la pensée.

1493. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

La dignité de cardinal n’offre pas moins de tranquillité que de grandeur, d’où il arrive que l’on se livre à une sorte de négligence ; on croit avoir tout fait quand on s’est élevé à ce poste éminent et que l’on n’a plus rien à faire pour s’y maintenir, opinion aussi funeste à la vertu qu’à la véritable grandeur, et dont vous devez avoir grand soin de vous garantir ; sur ce point, il vaut mieux pécher par trop de défiance que de tomber dans l’excès contraire. […] Quant à vos opinions dans le consistoire, je crois qu’il sera plus convenable et plus louable de vous en rapporter, dans toutes les circonstances, aux sentiments et à l’avis de Sa Sainteté, alléguant votre jeunesse et votre inexpérience, qui a besoin d’être guidée par sa prudence et sa profonde sagesse. […] Il exprimait d’une manière très-positive son opinion sur ce point : « Celui, disait-il, qui n’a pas l’espoir d’une autre vie est mort même dès celle-ci. » XIV Un autre religieux d’un caractère enthousiaste, fanatique et populaire à la fois, véritable Masaniello du cloître, Savonarole, avait conquis en ce temps-là l’oreille de Florence.

1494. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXIX Comme je finissais de les écrire, on m’amena des visiteurs que je connaissais à peine, mais que j’aimais déjà sans tenir compte des opinions politiques qui devaient bientôt après nous réunir, puis nous séparer, pour nous réunir encore. […] Lainé, comme hommage, non aux opinions, mais au génie. […] Était-il vrai de vanter la révolution dans ses opinions et dans ses tendances aujourd’hui et de brûler ensuite ce livre pour qu’il ne se levât pas contre lui dans une carrière nouvelle, pour que ses amis ne pussent pas lui reprocher l’ombre d’une apostasie ?

1495. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Ce sont là des opinions aussi respectables que les opinions contraires. […] Vous y recherchez la vérité, vous y vivez pour le triomphe de l’idéal avec une passion que nos confrères ni leur « prince » n’ont connue ; avec une érudition qui humilie même les ignorants et avec ce vrai Bon Sens qui se défend d’être l’opinion moyenne, car il appartient aussi aux poètes !

1496. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Nous aurions donc laissé trop probablement les décadents tranquilles dans leur petite église transformée en mauvais lieu si nous n’avions eu à considérer que leurs opinions. […] Les essais que font ces poètes sur la langue sont plus nouveaux en notre pays que leurs sentiments et leurs opinions. […] Vous ferez peu de cas, sans doute, de l’opinion d’un barbare.

1497. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Mais entre le cynisme et la franchise courageuse, c’est surtout l’opinion de leur juge qui établit la différence. […] C’est l’ironie de ceux qui ne veulent pas prendre la peine d’entrer dans les opinions et les sentiments d’autrui ou qui ne peuvent y parvenir, mais qui les dédaignent ostensiblement, en ayant l’air d’en avoir reconnu de toute éternité le peu de valeur. […] Il n’est pas mauvais que nous nous en apercevions quelquefois et que nous n’ayons point trop la prétention d’ériger en dogme éternel et immortel, nos opinions et nos goûts qui sont toujours affaire de temps, de lieu, de circonstances et qui relèvent même de notre fantaisie.

1498. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Pendant les onze années suivantes, et jusqu’à la fin de la Restauration (1819-1830), M. de Latouche se montre comme appartenant décidément à l’école poétique qu’on qualifiait alors de romantique, en même temps qu’il tenait par ses opinions très prononcées au parti libéral, qui ne songeait pas alors à s’intituler démocratique. […] Après 1830, M. de Latouche ne sut point s’arrêter ni se modérer : la violence de son humeur et son irritabilité littéraire, transportée dans la politique, l’entraînèrent au-delà, on peut l’affirmer, de ses opinions véritables. […] Il est fâcheux pour Béranger qu’il ait persisté publiquement dans une opinion aussi contraire, je ne dis pas seulement aux faits, mais au goût et à la saine critique, que de croire Latouche coauteur des Poésies d’André Chénier et de l’en déclarer capable.

1499. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Je lance une idée, longuement méditée, et j’attends désormais les opinions de la critique, avant d’en dire davantage. […] Toutefois, dans son ensemble, et précisément parce qu’elle est pratiquée par de nombreux esprits d’espèces fort diverses, la littérature déconcerte souvent par sa richesse et sa variété ; la valeur relative et la valeur absolue se confondent, les goûts se contredisent, les idées heurtent des opinions personnelles, et, dans l’enchevêtrement des causes, des effets, des précurseurs, des attardés, des formes traditionnelles, des formes neuves et sincères, il est presque aussi malaisé de dégager la ligne essentielle qu’il est difficile de définir « la vie ». […] Malgré la vanité toujours latente, il en est beaucoup parmi nous qui ne voient aucune honte à changer d’opinion, à se rendre à l’évidence, à céder devant la force d’une date, devant la logique d’un raisonnement ; entre honnêtes gens de cette sorte, la discussion sera toujours féconde, même si elle ne menait pas à une entente parfaite ; et, quoi qu’en pensent les positivistes et les amateurs d’inédit, il sera toujours plus utile de discuter sur la mission de l’humanité que de savoir quel fut le premier amant de Mlle de Lespinasse.

1500. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Qui a pu établir si exclusivement en France l’opinion de la Féerie ? […] la même cause qui a fait éclore ailleurs tant d’autres opinions ridicules. […] Son opinion doit être d’un grand poids & ne peut guere être combattue.

1501. (1910) Rousseau contre Molière

Or que devient dès lors l’opinion que Molière n’attaque que les travers et ménage les vices, n’incrimine que les burlesques et fait grâce aux criminels ? […] On regrettera toujours que Rousseau n’ait pas laissé son opinion, s’il en avait une, sur le Convive de pierre. […] L’auteur est-il responsable des opinions de son public et de l’interprétation que, conformément à ces opinions, le public fait de son œuvre ? […] Il y a aussi une certaine originalité et excentricité d’opinions — très relatives — qui ne se retrouvent plus dans les dernières. […] Reste que Julie ne suit pas les opinions religieuses de son mari et qu’au contraire c’est elle qui finit par le convertir aux siennes.

1502. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

En dehors des sciences positives, toutes les opinions sont indéfiniment livrées à la controverse. […] Une autre nouveauté, plus affligeante, c’est la déplorable opinion de M.  […] Élémir Bourges a décidément une triste opinion du genre humain. […] Cela prouve qu’il avait des opinions très arrêtées en littérature. […] Quant à l’opinion de la majorité, elle est extrêmement respectable.

1503. (1881) Le roman expérimental

Cette opinion se trouve dans l’Introduction. […] Mon opinion personnelle est que le naturalisme date de la première ligne qu’un homme a écrite. […] Cette opinion persiste encore en province et dans certains milieux académiques. […] Telle est l’opinion que j’ai soutenue autrefois, et les échos du Palais de Justice me donnent raison. […] Armand Silvestre prétend appuyer son opinion sur les faits.

1504. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

L'article de M. de Rémusat a de très-belles pages sur les jeunes chefs de file d’opinions sous la Restauration (ainsi à la fin de la page 435 : Élevés loin de Paris, etc.

1505. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

OPINIONS.

1506. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

OPINIONS.

1507. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

OPINIONS.

1508. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

OPINIONS.

1509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

OPINIONS.

1510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

OPINIONS.

1511. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

Que peut bien faire mon opinion à M. 

1512. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Les Lettres ne rougiront-elles pas un jour d’avoir vu subsister, parmi elles, une Inquisition plus redoutable & plus odieuse que celle que la Philosophie reproche si amérement à certains pays qu’elle appelle Barbares ; une Inquisition que les Philosophes eux-mêmes exercent envers les Littérateurs qui ont assez de bon sens pour ne pas adopter leurs opinions, assez de droiture & de vigueur pour les réfuter ?

1513. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

Opinions à répandre. : Contre l’Enseignement classique. — Le Figaro, 25 février 1898.

1514. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Et qui doute qu’elles ne servent souvent à faire découvrir la vérité ; qu’il ne résulte de grandes lumières du choc des sentimens sur le même sujet ; que les efforts de chaque écrivain, pour défendre son opinion & pour combattre celle de son adversaire, les raisonnemens, les preuves, les autorités, l’art, employés de part & d’autre, ne répandent un plus grand jour sur les matières.

1515. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

L’affaire bien discutée, Jupiter prend l’avis des dieux, & prononce ainsi : « Pour la difficulté & importance de vos différends & diversité d’opinions, Nous avons remis votre affaire d’ici à trois fois sept fois neuf siècles.

1516. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Mais, quoique cette protestation soit spirituelle et fondée, quoiqu’elle réduise assez plaisamment à néant les prétentions et les interprétations de Barbier, qui nous fait l’effet d’un érudit… à côté ; quoique, enfin, Techener s’associe au travail de Briquet, cependant il ne résulte pas pour nous de ce travail que madame de la Fayette soit étrangère, dans l’opinion de Techener, au livre qu’il publie.

1517. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Chaque sens commun est un mélange de vérités précieuses et de préjugés ; car le bon sens et la mode se partagent, en proportions variables selon les temps et les circonstances, le domaine de l’opinion courante ; et chaque pensée individuelle, se formant à l’image de la pensée collective qui est, par l’intermédiaire du langage, son milieu nourricier, acquiert des préjugés plus ou moins tenaces, en même temps qu’elle s’enrichit du bon sens de nos ancêtres. […] Dans toutes les sociétés, ces qualités sont naturellement peu répandues [§ 9], et surtout elles sont inégalement encouragées dans leur développement par les institutions et par l’opinion ; trop souvent, le sens commun, inquiet pour le sort du bon sens, se défend par la force et maintient les préjugés contre les entreprises de la réflexion. […] De là l’opinion nominaliste et condillacienne que « les idées abstraites et générales ne sont que des dénominations » et que nous pensons par le seul langage, — opinion très bien discutée par de Cardaillac (t. […] [Voir Descartes, Discours de la méthode, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, 2e partie, p. 44 : « La seule résolution de se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues auparavant en sa créance n’est pas un exemple que chacun doive suivre ; et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auquels il ne convient aucunement. […] Puis de ceux, qui, ayant assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux, que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures. »] 38.

1518. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Lorsque Geoffroy ne craignit pas d’émettre de telles opinions sur la musique, il arma contre lui tous les faiseurs de fugue ; les pédants en contrepoint lui déclarèrent une guerre assez vive. […] Le fier prélat porta son despotisme dans la littérature ; il prétendait dominer l’opinion, asservir les gens de lettres, tyranniser le goût. […] Ils n’osaient pas manifester cette opinion à la face du public ; mais elle est consignée très clairement dans leur correspondance intime. […] L’opinion sur Auguste est une affaire de calcul : il a fait pendant trente ans le bonheur du monde ; il a épargné infiniment plus de sang qu’il n’en a répandu. […] Et qu’importe à Corneille que l’opinion de ce ridicule pédant lui soit favorable ?

1519. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Ce n’est qu’une opinion. […] L’opinion vira. […] Les opinions de MM.  […] » Voilà une opinion distinguée. […] Voilà encore une opinion distinguée.

1520. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Nous tenons à son opinion. […] Il a contristé de braves gens, tout à fait inoffensifs, et dont l’opinion ne tirait pas à conséquence. […] Par bonheur, l’opinion des politiciens, en pareilles matières, est chose négligeable. […] S’il est admis, et aujourd’hui personne n’en doute, que toute opinion soit fausse justement en tant qu’elle ne fait pas acception de son contraire, avons-nous le droit « d’être de notre opinion » ? […] En ce temps-là le jeune Lavisse avait des opinions de jeune homme.

1521. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Puis il y a, pour toute opinion, fût-elle vaillante, les adoucissements que lui apporte la crainte de l’erreur. […] Mais voilà, sans doute, l’opinion de Fabrecé ; est-ce, en outre, celle de l’auteur ? […] Descharmes et Dumesnil ont cherché, dans les journaux de l’époque et dans les correspondances, l’opinion de 1857. […] S’il a eu soin, comme l’auteur des Études napoléoniennes, de déclarer loyalement ses opinions, il reste au lecteur d’adopter ses opinions et de juger à leur mesure les événements, ou bien d’avoir une autre doctrine et d’aboutir à d’autres conclusions. […] Il affectait d’énoncer les opinions les plus nettement opposées à la doctrine habituelle ; il tâchait de déplaire et d’irriter : il y parvint.

1522. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Toutefois, indépendamment des accents de vive sensibilité qui recommandent certaines pages, il convient de remarquer, comme un délinéament d’avenir, l’opinion que le jeune auteur exprimait au sujet des chartres, ainsi qu’on disait alors. […] Mais si l’on regrette fréquemment que cette application à des conjonctures trop spéciales préoccupe l’auteur, s’il se détourne à tout moment pour s’inquiéter des opinions trop particulières d’alors, s’il se retranche une foule de précieux développements, de peur que l’ouvrage ne soit hors de proportion avec le but, le caractère général l’emporte suffisamment, et la doctrine philosophique y obtient une belle part. […] Ballanche n’a été conduit là, au moins à ce qu’il me semble, que par suite d’une erreur de goût qui l’a porté à convertir et à traduire en poésie une opinion créée par la réflexion et l’analyse. » Nous croyons qu’il ressort de la biographie psychologique de M. […] Je m’étais, pour le moment, transporté avec lui dans son monde, dans les régions d’idées ou d’opinions qu’il avait traversées, et je m’étais comme transformé en lui.

1523. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Plus nous louons ce travail unique sur les événements de notre temps par l’écrivain qui semble avoir été aussi providentiellement prédestiné à les écrire que Bonaparte fut prédestiné à les accomplir, plus nous devons prémunir avec sollicitude l’opinion contre les défauts de sens et contre les défauts de sensibilité qui font tache, et qui pourraient faire loi un jour dans ce magnifique fonds d’histoire ; vicier l’esprit, c’est une faute de logique ; mais endurcir le cœur, c’est pire qu’une faute chez un historien. […] Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies ! […] Ici cependant l’inconséquence du grand historien étonne l’esprit ; il fait une magnifique analyse de l’état de l’opinion en France après le meurtre du duc d’Enghien ; il flatte ou il raille les impulsions révolutionnaires qui ont poussé la France jusqu’à la République de 1793 ; il se déclare, avec une grande fermeté d’esprit, homme monarchique dans un pays dont tout le passé est monarchique, et qui se gouverne par ses habitudes plus que par sa raison. […] Écoutons-le, mais ne cherchons pas à le comprendre, ou plutôt comprenons qu’il n’ose pas dire ici toute sa pensée, et que, voulant ménager en sa personne le renom d’écrivain révolutionnaire et le renom d’homme d’État monarchique, il accorde un peu aux républicains, un peu aux royalistes, pour conserver dans les deux partis la popularité de ses jeunes opinions et la popularité de ses idées mûres dans son âge plus avancé.

1524. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Ils essaient donc de modeler la réalité sur leur idéal ; leurs écrits sont des actes qui poussent dans le sens de leurs désirs et de leurs opinions. […] Quand on va plus loin, quand on célèbre le culte de la déesse Raison, quand on supprime les noms des saints, quand on remplace la semaine par la décade, ce sont les opinions de Diderot, de d’Holbach qui mènent le branle. […] Elle avait un double tort ; elle aimait la liberté ; elle avait en littérature des opinions qui ne portaient pas l’estampille officielle. […] Mais elle implique, pour tous les citoyens ou du moins pour une partie privilégiée d’entre eux, le droit et l’habitude d’exprimer leur opinion sur les objets d’intérêt général, et par suite des conflits, une lutte entre les différentes convictions.

1525. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et, théoricien, Richard Wagner jugea, librement, sans peurs, sans soucis des opinions reçues, les artistes qui l’avaient précédé. — Qu’on lise donc les nombreux écrits de Wagner — les pages où il nie être révolutionnaire, ne voulant être que rénovateur, — les pages sur Bach, qu’a, justement, réunies M.  […] Les journaux anversois l’Escaut(29 avril) et l’Opinion(30 avril) constatent un complet succès : succès musical et succès d’interprétation. […] Bien sûr, les opinions de Wagner sur Bach comme sur Mozart ne se limitent pas, loin de là, à ces seules citations tirées de leur contexte. […] Sur cette grave question, comme sur ses opinions concernant les autres compositeurs, il faut se reporter au Dictionnaire encyclopédique Wagner.

1526. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Michelet, ont paru déjà depuis quelque temps, et si nous n’en avons pas parlé plus tôt, c’est que ces deux volumes n’accusent aucun changement dans les opinions de l’auteur et dans sa manière d’exposer les faits, de les interpréter et de les traduire. […] C’est sans nul doute à ces reines de l’opinion, à ces belles affligées, veuves de sa parole, qu’il a dédié l’ouvrage intitulé : les Femmes de la Révolution. […] Voilà l’opinion de M.  […] Michelet se rencontre avec l’opinion de saint Paul.

1527. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tels qu’ils sont, ces récits en vers du Renart, ouvrage de divers auteurs, la plupart anonymes, plaisent, amusent, rebutent et dégoûtent quelquefois, mais instruisent toujours sur les mœurs et les opinions de nos pères. […] On ne sait trop d’abord où il en veut venir ; il rappelle certains orateurs cauteleux dont nous tairons les noms ; il a l’art d’irriter les opinions qu’il effleure.

1528. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

L’Institut est un corps de l’État : les pensées, les opinions de chacun de ses membres sont diverses et libres ; mais chaque président, chaque secrétaire perpétuel, portant la parole dans les séances publiques au nom de la compagnie qu’il représente, ne parle plus en son nom propre, et s’il lui arrive de froisser à dessein les opinions et les vues paisibles de beaucoup de ses collègues, il est dans le cas d’être redressé par l’un d’eux.

1529. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

La nation espagnole est plus compacte dans ses opinions, dans ses préjugés, dans son égoïsme national, qu’aucune autre de l’Europe… (Octobre 1810.) Aujourd’hui l’opinion est bouleversée ici, on ne sait que devenir ; on voyait un port en moi, on n’y voit plus aujourd’hui qu’un jouet de l’orage qui n’est bon à rien… Jamais je ne consentirai aux traitements horribles que lui font éprouver (à la nation espagnole) les gouvernements militaires ; jamais mes mains ne déchireront ses entrailles et ne démembreront ses provinces, et je mourrai digne du trône en le quittant lorsqu’il sera bien démontré que je ne puis pas y remplir les devoirs d’un roi… (Novembre 1810.)

1530. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il me le disait encore tout récemment à l’occasion des Mémoires de M. de Candolles : il ne comprenait pas qu’on occupât ainsi le public de soi ; je ne donne pas cette opinion comme juste, mais comme sienne. […] Biot avait bien des opinions personnelles en contradiction avec celles de ses contemporains, et il est possible que cette idée d’être en contradiction avec eux y entrât pour quelque chose.

1531. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Les élèves de David se partageaient en divers groupes fort distincts : dans l’un, les vieux camarades restés un peu révolutionnaires ou jacobins, au langage du temps, et communs ; dans un autre, les nouveaux.venus et qui tenaient plus, ou moins à l’ancien régime par la naissance, par les opinions ou le ton, Forbin, Saint-Aignan, Granet ; plus loin et toujours ensemble, deux jeunes Lyonnais fort réservés et qu’on disait religieux, Révoil et Richard Fleury ; un beau jeune homme faisant secte à part, Maurice Quaï, un ami de Nodier, mort jeune, noble penseur, véritable type olympien ; et quelques autres encore dans l’intervalle. […] Mais tu es un bavard, tu as des opinions, toi !

1532. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Dans la seconde édition de la Lettre à Segrais, imprimée à part en 1678, il en arrive, en effet, à modifier tellement son opinion qu’elle ne ressemble plus du tout à la-première ; et par exemple, au lieu de commencer comme on vient de le voir, en disant : Je fais à peu près le même jugement des Pastorales de Longus que des romans précédents… il dit, en retournant sa phrase : Je ne fais pas tout à fait le même jugement. […] le premier jugement avait couru et court encore ; c’est le seul qu’on ait réimprimé et qui se lise en tête de toutes les éditions de Bayle qui, dans son Dictionnaire, s’autorise, sans la contrôler, de l’opinion de Huet, ne songe qu’à renchérir, à son tour, sur l’article des mœurs ; non qu’il en prenne la défense et qu’il fasse le rigoriste, mais en érudit qui ne se trouve pas souvent à pareille fête, il badine à sa façon derrière du latin et du grec, il se gaudit des légèretés du roman en y cherchant le graveleux et sans y soupçonner la délicatesse.

1533. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Mais ces allusions ne sont qu’accessoires et incidentes, et l’opinion qui irait à soutenir, comme on l’a fait, que Cervantes a voulu dans son ouvrage ridiculiser Charles-Quint ou même le ministre duc de Lerme, ne mériterait pas l’examen. […] Et toutes ces opinions ainsi énumérées et passées en revue, je ne puis m’empêcher d’ajouter encore : Une des plus grandes vanités de la gloire, même de la gloire littéraire, qui de toutes semble pourtant la plus authentique, c’est qu’un de ses premiers effets consiste, si elle vous saisit une fois, à vous changer plus ou moins et à vous défigurer.

1534. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Indépendamment de l’examen direct des œuvres, ce qui nous a surtout confirmé dans notre opinion, c’est le silence de Racine et la disposition d’esprit qu’il marqua durant les longues années de sa retraite. […] Quoi qu’il en soit, il énonçait à coup sûr, dans cette lettre à l’Académie, l’opinion de plus d’un esprit délicat, de plus d’un académicien de son temps, et Racine lui-même se serait probablement entendu avec lui pour critiquer sur beaucoup de points la diction de Molière.

1535. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Son existence littéraire, comme on voit, ne laissait pas de devenir considérable : il était membre de l’Académie des Inscriptions ; l’opinion le désignait pour l’Académie française, comme héritier présomptif de Boileau. […] Notre opinion sur Jean-Baptiste est dure, mais sincère ; nous la préciserons davantage encore.

1536. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

On dirait qu’il ne songeait point à ses lecteurs, et que partant de points convenus avec sa propre pensée, il croyait inutile de se déclarer à lui-même ses opinions. […] Leurs opinions sont, dans le fond, assez opposées à tous les genres d’autorité auxquels ils sont soumis ; mais cet esprit d’opposition n’a de force que ce qu’il faut pour pouvoir mépriser ceux qui les commandent.

1537. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

La gloire épique de Ronsard réside dans l’opinion qui précéda, qui attendit son œuvre, et non dans l’œuvre même, qui, somme toute, fit un médiocre bruit. […] Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie  siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.

1538. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

L’Hôpital, Du Vair, si modérés, si graves, ne craignirent pas d’agiter l’opinion par d’éloquents et forts libelles225. […] Le livre profitait du mouvement qui entraîne toujours l’opinion vers le vainqueur au lendemain de la victoire.

1539. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Diderot veilla à tout : il maintint l’unité générale de l’intention philosophique à travers la diversité des sujets particuliers, l’incohérence des opinions individuelles. […] Elle fournit d’opinions, de solutions, de plans, d’espérances sur tous les objets de la pensée, sur toutes les parties de la société, les hommes qui adhéraient seulement à ce principe général, que la raison est toute-puissante et doit être souveraine.

1540. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Il ne prêchait pas ses opinions, il se prêchait lui-même. […] Leur persuasion que Dieu est en elles et s’occupe perpétuellement d’elles est si forte qu’elles ne craignent nullement de s’imposer aux autres ; notre réserve, notre respect de l’opinion d’autrui, qui est une partie de notre impuissance, ne saurait être leur fait.

1541. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Royer-Collard, M. de Rémusat disait : « S’il tient de nos classiques la pureté du goût, la propriété des termes, la variété des tours, le soin attentif d’assortir l’expression et la pensée, il ne doit qu’à lui-même le caractère qu’il donne à tout cela. » On voit qu’ici la part faite aux qualités classiques semble plutôt tenir à l’assortiment et à la nuance, au genre orné et tempéré : c’est là aussi l’opinion la plus générale. […] On a fort discuté au sujet des opinions de Byron sur Pope, et on a cherché à expliquer cette espèce de contradiction par laquelle le chantre de Don Juan et de Childe-Harold exaltait l’école purement classique et la déclarait la seule bonne, tout en procédant lui-même si différemment.

1543. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

II) une opinion analogue, que M.  […] Nous pensons que c’est une opinion moyenne de ce genre qu’il faut adopter.

1544. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Il serait étrange que ces messieurs eussent le droit de blâmer mes opinions et qu’on me refusât le droit d’en avoir qui leur déplaisent. […] Opinion toute personnelle et qui risque de ne pas suffire à me convaincre.

1545. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Tel est le mérite des Lettres sur l’histoire primitive de la Grèce, adressées à Bailly, qu’unissait dès lors à l’auteur une sympathie d’opinions et de vertus, présage d’une communauté prochaine de gloire et de malheurs.

1546. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

OPINIONS.

1547. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

OPINIONS.

1548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

OPINIONS.

1549. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment.

1550. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée.

1551. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

En même temps que les personnes, les doctrines, les opinions étaient là, coude à coude, et trouvaient à cette table un foyer accueillant.‌

1552. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Barrès, tandis que je l’interrogeais, me regardait d’un air abruti. » Bien que nous n’ayons pas les mêmes opinions sur la question du Panama, mon confrère aurait pu dire, par exemple : « M. 

1553. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

II L’opinion selon laquelle l’union de l’homme et de la femme sans mariage solennel serait innocente, est accusée d’erreur par les usages de toutes les nations.

1554. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Ses convictions religieuses n’étaient pas moins flottantes que ses opinions politiques. […] Les opinions d’abord très démocratiques de M.  […] Le poète se sentait attiré du côté du Rhin par les souvenirs du moyen âge qui convenaient à ses opinions d’abord légitimistes. […] Telles étaient les difficultés puériles contre lesquelles le Romantisme avait à lutter avant de réussir à s’imposer à l’opinion. […] Voici, pour tenir compte de toutes les opinions, le tableau piquant qu’un romancier satyrique, M. 

1555. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Et cela ne signifie pas que nous approuvions toutes ses opinions ! […] Ses opinions politiques, religieuses, philosophiques ont quelque chose de l’inconstance des opinions populaires, irraisonnées, presque instinctives, extrêmes surtout comme elles. […] Le naturalisme contemporain s’est chargé de faire lui-même l’opinion sur son propre compte. […] Si on ne le croyait pas, on soulèverait contre soi l’opinion. […] Sans doute, ne livrant de lui-même que son esprit à ses amis, il n’aura cru devoir que ses opinions au public.

1556. (1914) Une année de critique

J’avais le tort, sans doute, de généraliser une opinion personnelle. […] Je sais bien que c’est là une opinion très répandue, et que les anciens du « boulevard » la propagent à envi ; mais ils sont orfèvres. […] C’est là, dans ces rencontres familières, que l’opinion de demain, celle qui sera unanime et impérieuse, s’essaye et prend sa source. […] Contre l’opinion courante, c’est l’homme qui est frivole, c’est l’enfant qui est grave. […] Le démon qui incite quelquefois M. de Gourmont à émettre des opinions inquiétantes fut toujours sans prise sur ses facultés d’écrivain.

1557. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Avec de tels moyens il se croyait un Orphée, et il l’emportait sur tous les artistes musiciens par la haute opinion qu’il avait de son talent. […] Titus serait sifflé s’il agissait ainsi au théâtre, et Rousseau mérite de l’être pour avoir consigné cette opinion dans un livre de philosophie. […] Le temps casse les arrêts de l’opinion et confirme les jugements de la nature. […] Bientôt il trouva l’occasion de réaliser ses idées, de confirmer son opinion par le fait : il composa ce rôle de Phèdre, le plus étonnant de ses ouvrages profanes, et où il semble avoir épuisé tous les secrets de l’art et toutes les richesses de la poésie. […] On veut aussi que le Veau perdu et retrouvé soit de Champmêlé, parce que ce fut lui qui présenta la pièce aux comédiens ; mais l’opinion la plus commune et la plus probable, est qu’elle appartient à La Fontaine.

1558. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

La Harpe n’avait probablement établi ce principe que pour appuyer son opinion sur Zaïre, qu’il assurait être la plus touchante de toutes les tragédies. […] La liante opinion qu’on se formait de l’original pouvait nuire à la gloire de la copie. […] Le fait est vrai ; mais pourquoi Montesquieu ne s’élève-t-il pas avec chaleur contre cette opinion barbare, source de malheurs et de crimes ? […] Son opinion est spécieuse, et cependant je pense le contraire, et crois avoir pour moi la vérité : je me fonde sur ce principe d’éternelle justice, qu’un petit bien n’est rien en comparaison d’un grand mal. […] Sa sottise est d’autant plus grande, que les railleurs qu’il pourrait craindre se réduisent, dans la pièce, à deux écervelés fort méprisables, dont l’opinion doit être fort indifférente pour lui.

1559. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Athènes lui fit élever, aux frais du trésor public, un tombeau dans la place même où il avait succombé, et rendit à sa mémoire les plus grands honneurs. » « Solon ayant ainsi trompé tout à fait l’opinion de Crésus en insistant avec autant de détails sur le bonheur de Tellus, le roi lui demanda quel était, après Tellus, celui qu’il placerait au second rang, espérant l’obtenir au moins pour lui. « Je le donnerais, repartit Solon, à Cléobis et à Biton. […] Quelle opinion vont prendre de moi mes concitoyens ? […] Cependant, donnez-moi encore votre opinion sur un autre sujet, et, après y avoir mûrement réfléchi, dites quelles mesures il faut prendre pour garantir dans l’avenir la stabilité de ma maison, et en même temps votre propre sûreté ?  […] Il discute les opinions sur les sources du fleuve comme nous le faisons encore aujourd’hui. […] C’est donc, ô roi, une lâche très-pénible pour moi d’avoir à dire encore des vérités qui blessent votre opinion ; cependant, veuillez m’entendre.

1560. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Tous les goûts sont dans la nature et je sais pardonner aux erreurs d’autrui ; ces divergences d’opinion n’altèrent pas les amitiés sincères. […] Je me rencontre dans cette opinion avec les femmes : mais cette rencontre, n’est-ce pas ? […] — Je partage et j’approuve entièrement l’opinion émise par mon ami, M.  […] — D’un ensemble de réponses où les opinions se manifestent si diverses, si complexes et si nuancées, il paraît hasardeux de tirer une conclusion absolue. […] Remy de Gourmont auquel nous empruntâmes notre question, et les poètes qui vinrent en si grand nombre nous donner leur opinion.

1561. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

D’ailleurs, une grande sûreté dans le commerce, une grande fidélité à ses amitiés, à ses opinions, le constant désir, le ferme propos d’être et de rester aimable jusque dans la ruine de la santé et au sein de la souffrance59, ces qualités sociales indiquaient en lui un fond de caractère plus solide que son esprit.

1562. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Pas une réflexion, pas un mot qui y décèle la complicité de madame de Genlis avec son siècle, et cette contagieuse atteinte de l’opinion à laquelle échappent si peu d’élus !

1563. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Sans moyens oratoires, c’est comme écrivain qu’il servit sa cause ; sa verve était intarissable, ses plaisanteries sanglantes, ses opinions extrêmes ; il se fît appeler le procureur général de la lanterne, surnomma Marat le divin, et Robespierre le sublime ; il dit avec orgueil qu’il a été plus que révolutionnaire, qu’il a été un brigand ; il ne le fut jamais.

1564. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

C’est une religion que sa poésie ; la poésie de Béranger est une pensée ou mieux une opinion populaire.

1565. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Il paraît qu’alors Bonaparte méditait quelque coup d’éclat, qui l’élevât encore plus haut dans l’opinion des Français à mesure que le Directoire y perdait davantage.

1566. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

A part ce que l’écrivain allemand a de plus vif dans la manière, et aussi de plus sautillant, de plus décousu, c’est bien chez lui la même espèce d’opinions démocratiques, la même curiosité active et honnête, la même promptitude à juger, quelque chose de rapide dans le discernement, et de moins profond qu’on ne désirerait.

1567. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dans la position toute particulière où il se trouve depuis quelques mois, personnage politique important, ballotté par les conjectures diverses de l’opinion, jugé avec une sévérité équitable pour avoir déserté un admirable rôle en une circonstance récente, désigné pourtant encore comme ressource prochaine et dernière d’un système qui a usé tous ses hommes, comment M. 

1568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

OPINIONS.

1569. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

OPINIONS.

1570. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

OPINIONS.

1571. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

OPINIONS.

1572. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

OPINIONS.

1573. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Et ce combat d’opinions ne cesse pas : il se renouvelle avec chaque génération ; l’histoire devient ainsi un perpétuel recommencement.

1574. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

À quelque hauteur où vous ait placé l’opinion, on veut bien descendre à lire soi-même, les gens qu’on maltraite ainsi.

1575. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

L’auteur exprime et développe dans un de ces chapitres, sur la décadence actuelle de l’architecture et sur la mort, selon lui, aujourd’hui presque inévitable de cet art-roi, une opinion malheureusement bien enracinée chez lui et bien réfléchie.

1576. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

La hauteur des opinions de Méry sur les hérésies, l’influence de l’hérésie sur les Barbares, le frappant vis-à-vis de l’apostasie d’Attila et de l’apostasie de Julien, — lequel appartient exclusivement au nouvel historien de Constantinople et qui a l’inattendu d’une révélation, — son bel épisode des Croisades, son mépris pour l’esprit des Grecs rebelles et disputeurs et pour ces protestants du xvie  siècle qui renouvelèrent, à leur manière, l’esprit grec, et forcèrent les puissances chrétiennes à se détourner de la grande guerre traditionnelle de la chrétienté contre la barbarie musulmane pour brûler Rome et s’entre-déchirer entre elles au nom de la dernière hérésie sortie de la plume de Luther, enfin son jugement, d’une si noble pureté de justice, sur les grands calomniés de l’histoire, les jésuites, — puisqu’il faut dire ce nom si magnifiquement exécré, — et dont il nous raconte l’établissement et l’héroïsme, sous Murad III, à Constantinople, toutes ces choses et toutes ces pages, qui font de l’histoire de Méry une composition d’un mouvement d’idées égal pour le moins au mouvement de faits qu’elle retrace, n’ont pu être pensées et écrites que par un catholique carré de base déjà, mais qui va s’élargir encore.

1577. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Le ciel, que les hommes avaient placé d’abord au sommet des montagnes, s’éleva peu à peu dans leur opinion.

1578. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

C’est dans ce portrait surtout qu’il faut étudier les véritables opinions de Tacite : on se caractérise par ses amitiés ; on se juge par les jugements qu’on porte sur les autres. […] Il voulait qu’au lieu de tirer au sort les députés qu’on enverrait à Vespasien pour lui décerner l’empire, on lui envoyât des députés choisis au mérite et aux opinions, parmi les hommes les plus vertueux du sénat, afin, disait-il, que ce choix indiquât à ce prince ceux qu’il devait estimer, ceux qu’il devait éloigner, car, ajoutait-il, il n’y a pas de meilleurs instruments d’un bon gouvernement que des hommes de bien. » XXIX Tacite, après une longue et splendide digression sur la guerre de Civilis en Germanie, revient à Rome. […] Un de ses rédacteurs nous accuse de palinodie pour cette opinion ; qu’il nous lise : nous n’avons jamais pensé, écrit, agi au sujet de l’Italie que dans le sens d’une confédération unifiée par une diète nationale des États unis italiens, reconnue et garantie par toute l’Europe.

1579. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Car, pour ces derniers, par quoi les apprécions-nous, si ce n’est par l’opinion de leurs nationaux, qui n’en estiment guère que les qualités indigènes et comme le cachet local ? […] Le poëte de génie, celui qui a le don de voir d’une vue claire et d’exprimer en termes durables la vérité, se voit lui-même tout d’abord et tel qu’il est ; et, soit qu’il s’approuve ou se blâme, il ne tire que de lui-même l’opinion qu’il a de ses ouvrages. […] Ainsi Ronsard ne paraît le plus souvent se connaître que par l’opinion qu’avaient de lui ses contemporains, et ne se juger que par le bruit qu’il faisait.

1580. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Lui qui attendit quarante ans avant d’avoir une opinion politique, en un mois, quinze jours, une demi-journée, il avait ses opinions sur les villes, sur leur histoire, il connaissait leurs mœurs. […] Son talent seul, qui était médiocre, sa pensée qui était celle d’un enfant — sa correspondance le prouve bien — n’eussent point suffi à l’imposer, mais la foule, comme cela a lieu dans ces tristes temps de démocratie, donna son opinion la première et y soumit les artistes.

1581. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Le public n’estime et ne reconnaît à la longue que ceux qui l’ont scandalisé tout d’abord, les apporteurs de neuf, les révolutionnaires du livre et du tableau, — les messieurs enfin, qui, dans la marche et le renouvellement incessants et universels des choses du monde, osent contrarier l’immuabilité paresseuse de ses opinions toutes faites. […] Dans la presse, en ces derniers temps, s’est produite une certaine opinion s’élevant contre l’effort d’écrire, opinion qui a amené un ébranlement dans quelques convictions mal affermies de notre petit monde.

1582. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

En second lieu, j’avance que, malgré l’opinion contraire, les Personnages d’une condition ordinaire sont plus intéressants que ceux pris entre les Princes qui tiennent moins à nous. […] La forme musicale de Lulli a évidemment inspiré le compositeur ; je ne dirai pas aujourd’hui le nom du poète, mais je voudrais connaître l’opinion de M.  […] L’étude qu’il fit sur l’aventurier Challes lui permit d’écrire ses opinions littéraires, opinions qui pour quelques amis lui ont valu beaucoup d’ennemis. […] Toussenel avait trouvé à redire à l’opinion de Fourier sur le chat, voilà M.  […] L’opinion vulgaire, qui décide si volontiers d’après des cas isolés, se taira avec indifférence sur le réaliste, parce que les actes isolés de sa vie offrent trop peu matière à l’éloge ou au blâme.

1583. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais quel blâme ne serait pas racheté et au-delà, par l’opinion de ce juge illustre disant de Molière : « Encore une fois, je le trouve grand !  […] Toujours est-il que la voix de mademoiselle de Lenclos entraîna l’assentiment général des beaux esprits et des grands seigneurs qui faisaient l’opinion. […] Voilà quelle est mon opinion, et ce doit être aussi la vôtre, mon bon Père Caffaro ! […] En ceci, il est tout à fait de l’opinion de mademoiselle Mars, qui s’y connaissait bien un peu, de son côté. […] Pas un mot qui ne porte une honte ; pas un sentiment qui ne soit une bassesse, et pas une opinion qui ne soit l’opinion d’un intrigant.

1584. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Je me demande si ce n’est pas un peu par un reste de respect pour l’opinion générale de ses compatriotes. […] Pourtant, parmi les opinions reçues, il en est deux, et assez importantes, qu’il ose bousculer. […] Qui sait si, parmi les opinions par nous reçues et dont nous nous croyons le plus assurés, il n’y a pas des inepties pitoyables ? […] Monval se dispensera fort sagement d’avoir une opinion politique. […] Sur le théâtre de son temps, l’opinion de Rousseau ne pouvait manquer d’être intéressante.

1585. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

En général, les opinions de mes professeurs ne m’inspiraient ni le désir de les partager, ni la passion de les contredire. […] Ce ne fut pas un seul instant de sa vie l’opinion du jeune Hebbel. […] Cette opinion, qui étonne quelques-uns d’entre nous, n’était point paradoxale en 1830. […] Elle ne l’était point en 1830, et elle fut, aux nuances près, l’opinion courante, même universitaire, jusque vers 1860. […] Sarcey, vers 1860, apportait au feuilleton l’opinion de l’Ecole normale, un peu rondement exprimée et sans précautions oratoires ; et cette opinion était que Racine comme auteur dramatique n’existait pas ; peu à peu, sous la pression, irrésistible pour lui, de l’opinion générale, il modifia la sienne du noir au blanc.

1586. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Car l’opinion du confrère « influence » toujours comme on dit maintenant, en un sens ou en un autre. […] L’opinion de la critique était faite. […] Le premier il a dit : la vraisemblance dramatique consiste à connaître l’opinion générale du public et à s’y conformer. […] C’est tout à fait mon opinion arrêtée, et je suis, sur ce point, tout à fait de mon avis. […] L’opinion se forma instantanément, et, comme par un mouvement électrique, elle se manifesta par de longs et nombreux applaudissements.

1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— Je me plais à recueillir l’opinion de ces hommes qui se connaissent si bien, et à les surprendre se jugeant les uns les autres. […] Un jour, à l’Académie, que dans une discussion (sur saint Augustin, je crois), Cousin avançait une opinion différente de celle que venait d’exprimer M.  […]  » Au reste, ces opinions exprimées par Thiers ne sont curieuses et ne font autorité que pour témoigner de sa propre nature. […] C’est là un art, peut-être nécessaire, pour mettre quelque ordre dans le fouillis des opinions humaines ; c’est une méthode créée pour permettre de les étudier. […] Victor Hugo qui se présente à son tour, avec une audace presque militaire, son patriotique amour pour une France libre et glorieuse, sa vive sympathie pour une jeunesse dont il est un des chefs éclatants ; mais en même temps, par ses opinions premières, par les affections de son adolescence, qu’il a consacrées dans plus d’une ode mémorable, le poète était lié au passé qui finit, et avait à le saluer d’un adieu douloureux en s’en détachant.

1588. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

La prose parfaite et le style classique ont mis à la portée des esprits les plus arriérés et les plus lourds les opinions de la littérature et les découvertes de la science. […] Joignez à cela un caractère fier, si fier, que plus tard, dans le monde, parmi les grands, « la crainte de tout ce qui pouvait approcher de la bassesse et de la servilité rendait ses façons presque tranchantes et rudes. » Ajoutez enfin la conscience de son mérite. « Pauvre inconnu que j’étais, j’avais une opinion presque aussi haute de moi-même et de mes ouvrages que je l’ai à présent que le public a décidé en leur faveur1148. » Rien d’étonnant si l’on trouve à chaque pas dans sa poésie les réclamations amères d’un plébéien opprimé et révolté. […] Tout d’un coup une secousse violente avait changé cet instinct en passion et cette opinion en fanatisme. […] Un d’entre eux, romancier, critique, historien et poëte, favori de son siècle, lu dans l’Europe entière, fut comparé et presque égalé à Shakspeare, eut plus de popularité que Voltaire, fit pleurer les modistes et les duchesses, et gagna six millions. « Je jurerais, je crois, lui écrivait son éditeur en achevant un de ses livres1205, et par tous les serments qu’on pourrait proposer, que je n’ai jamais éprouvé un plaisir aussi entier… Lord Holland me dit quand je lui demandai son opinion : Mon opinion ! […] On apprend par Wordsworth et par Byron, par le protestantisme approfondi1236 et par le scepticisme institué, que, dans cet établissement sacré que le cant protége, il y a matière à réforme ou à révolte ; qu’on peut trouver des valeurs morales autres que celles que la loi timbre et que l’opinion reçoit ; qu’en dehors des confessions officielles, il y a des vérités ; qu’en dehors des conditions respectées, il y a des grandeurs ; qu’en dehors des situations régulières, il y a des vertus ; que la grandeur est dans le cœur et dans le génie, et que tout le reste, actions et croyances, est subalterne.

1589. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Ses opinions étaient celles de la minorité royaliste. […] Elles sont pures, elles veulent l’être ; l’opinion le veut aussi. […] C’est l’intempérance des opinions, l’intrépidité des consciences, c’est l’ardeur immodérée des ambitions et des vanités de toute espèce. […] Si, malgré tous ces dehors, une femme est sage, elle peut braver l’opinion du haut de sa conscience et de sa vertu. […] L’opinion du petit page sur sa maîtresse résume admirablement notre critique.

1590. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Nous souhaitons seulement qu’il soit apprécié et jugé sur ce qu’il est réellement, et non sur une opinion trop accréditée. […] Nous ne nous arrêterons pas à cette opinion. […] Mettons cette opinion à l’épreuve des faits. […] L’opinion est notre propre conscience transportée dans le public, et là dégagée de toute complaisance et armée d’une sévérité inflexible. […] Le ridicule est la crainte de l’opinion dans les petites choses.

1591. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré a cru qu’il était lié, attaché à lui par une obligation plus forte, plus étroite, par une de ces obligations qui constituent la relation du disciple au maître ; et, le croyant ainsi, il l’a déclaré, professé et maintenu en toute rencontre, au risque de compliquer sa vie et sa propre action à lui-même, au risque de se nuire dans l’opinion de quelques-uns. […] Les convictions, dans ces âmes si fermes, si ardentes sous leur apparente froideur, ne se comportent pas comme les simples opinions dans les âmes ordinaires et communes, ou distinguées, mais tièdes ; elles ne flottent pas, elles mordent à fond ; elles sont sujettes à une entière fixité et adhérence ; une fois qu’elles prennent, elles ne cessent plus. […] Le plus convaincu et le moins empressé des hommes, loin de prétendre imposer son opinion, il ne l’expose même pas et n’en dit mot, à moins qu’on ne la lui demande ; mais alors rien au monde ne l’empêchera de vous la dire entière et sincère. […] Sa fille, se précipitant sur le corps de son père et appelant les habitants et citoyens à la vengeance, devint si menaçante pour l’ordre d’alors que les autorités la firent arrêter. — Je ne regarde point en tout ceci à la couleur des opinions du père ; je ne vois que le courage de la fille.

1592. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

C’est véritablement le petit chien qui secoue des pierreries. » Ainsi, en y regardant bien, on verrait qu’à chaque époque toutes les opinions sur les talents vivants sont représentées, exprimées. […] Notre opinion particulière sur les Jardins, si on nous la demande, est que, toutes réserves faites sur l’art et le style en poésie, nous aimons encore cet agréable poème, un des plus frais ornements de la fin du xviiie  siècle. […] Il y était dit : « Comment se flatter de ramener l’opinion sur un ouvrage qui, même avant la publicité, était dévoué à l’apothéose ?  […] L’abbé de Tressan, mal reçu d’elle un jour, ne put s’empêcher de dire à Delille : « Quand on choisit ses nièces, on les devrait mieux choisir. »  — On trouvera à la fin de cet article une note contradictoire au sujet de madame Delille : une personne respectable qui l’a beaucoup connue a cru que l’opinion était à redresser sur son compte.

1593. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Mais les événements transforment la scène ; la main se lasse, le public se rassasie, les ennemis dénigrent : qui dit public dit hasard ; le métier d’hommes de lettres n’est qu’un jeu de dé avec l’opinion. […] Les ministres et les censeurs du pouvoir public ont sans cesse recours à ce livre, les uns pour justifier leurs ordres et leurs desseins, les autres pour donner plus de force à leurs opinions. […] L’empereur est sur son trône, l’empereur est aussi grand et aussi absolu dans le temple des sciences que dans la salle du conseil ; et c’est là ce qui sauve la république des sciences de Chine des enfances de vanité, des tracasseries de jalousie, des intrigues de cupidité et du fanatisme d’opinions et de systèmes, qui causent ailleurs tant de troubles et de misères. […] Les savants qui ont composé cette Encyclopédie littéraire n’ont aucun système et ne tiennent à aucune opinion.

1594. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Un grand respect la saisit, un grand prestige la subjugue ; les phrases de l’écrivain font texte, ses opinions font loi, ses rêveries mêmes font miracle pour ses fidèles ; et voilà l’homme prophète. […] Ces fortunes attestent la vigueur des opinions aristocratiques et religieuses, solidaires depuis Chambéry jusqu’à Paris et à Pétersbourg. Les opinions ennoblissent, les orthodoxies deviennent parentés entre les petites et les grandes noblesses. […] Le vent de l’opinion l’a emporté, accompagné, favorisé plus qu’il ne m’est permis de vous le dire.

1595. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

XV Un prince philosophe, Léopold, grand-duc de Toscane, précurseur des principes de liberté de conscience, d’égalité civile et de gouvernement par l’opinion de 1789, appliqua le premier ces principes à la législation et à l’administration de ses peuples italiens. […] À Turin, les troupes divisées d’opinion tirèrent les unes sur les autres ; les soldats d’Alexandrie furent écrasés par ceux de la capitale. […] Ici nous n’en sommes pas réduits à conjecturer ; nous pouvons affirmer avec certitude l’opinion de Machiavel sur les vrais intérêts de sa patrie, car ses opinions sur la nature de la constitution fédérale qui convient à l’Italie sont toutes écrites d’avance dans les considérations lumineuses et anticipées sur la nature des choses de son temps et des temps futurs ; la politique tout expérimentale de Machiavel n’était que de la logique à longue vue ; la logique est le prophète infaillible des événements à distance : le génie est presbyte.

1596. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

L’Empire, encore plus hardi et plus encouragé par l’opinion, put méconnaître impunément certaines vérités bienfaisantes du Contrat social, sous la protection de la peur qu’inspiraient ses sophismes. […] L’habitude de tout blâmer dans la société ajoute à cette hauteur d’opinion sur lui-même ; il en vient à se croire à la fois incapable de tout ce qu’il trouve de mal, et capable de tout le bien qu’il voudrait mettre à la place. […] De même que les vertus que s’imposa Rousseau, après sa réforme, ont je ne sais quoi d’âpre et d’inquiet, qui leur donne l’air d’un engagement de vanité pris avec l’opinion, plutôt que d’un ferme propos] et d’une mâle résolution de faire le bien ; de même plus d’un tour guindé et plus d’une phrase tendue annoncent, jusque dans ses plus belles pages, que l’élévation lui coûte des efforts, et qu’il n’entre pas de plain-pied dans les pensées hautes. […] C’est une opinion que Cicéron rapporte, comme ayant été la croyance d’anciens poètes, ou de certains interprètes de la pensée divine.

1597. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

C’est le Parisien des opinions chic, l’amateur à fleur de peau, un ami de Worth citant Henri Heine. […] * * * — Un critique juge toujours un peu avec le public : il accepte l’opinion plutôt qu’il ne la donne. […] » Nous nous rallions à l’opinion de Dumas. […] Car il voudrait faire de grandes machines, et plus de ces articles « infâmes, ignobles, crie-t-il, sur un ton qui s’indigne contre lui-même, oui, les articles que je suis obligé de faire à la Tribune, au milieu de gens dont il me faut prendre l’opinion idiote… Car il faut bien le dire, ce gouvernement avec son indifférence, son ignorance du talent, de tout ce qui se produit, rejette nos misères aux journaux de l’opposition, les seuls qui nous donnent de quoi manger… Vrai, nous n’avons absolument que cela… » Puis après un silence : « C’est que j’ai tant d’ennemis… Et c’est si dur de faire parler de soi ! 

1598. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Le docteur Lowth, professeur de poésie sacrée à l’université d’Oxford, à qui nous devons deux volumes qui font autorité sur ces matières, réfute parfaitement bien l’opinion qui attribue le poème de Job à Moïse lui-même. Ces opinions sont aussi celles du savant traducteur hébreu de la Bible, M.  […] Nous prions nos lecteurs de les lire comme nous les leur donnons, c’est-à-dire comme une opinion personnelle, non à croire sur parole, mais à examiner. L’étrangeté de ces opinions, au premier abord, nous commande cette précaution oratoire ; mais, quand on aura bien lu et relu avec nous ce merveilleux poème de Job, peut-être sera-t-on plus indulgent pour l’étrangeté et pour la hardiesse de nos conjectures sur l’origine de ce livre d’un caractère notablement antédiluvien.

1599. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Cette opinion a été chaudement soutenue par beaucoup de géologues et de paléontologistes, qui, comme F. […] Je sais pourtant que deux paléontologistes, dont les opinions ont un grand poids, je veux parler de Bronn et de Woodward, ont admis en règle générale que la durée moyenne de chaque formation est deux ou trois fois aussi longue que la durée moyenne des formes spécifiques. […] Forbes, combattent cette opinion. […] De sorte que par le moyen des descriptions écrites on doit acquérir un sentiment plus profond des ressemblances et préjuger l’identité lorsqu’il y a seulement analogie, de même qu’une opinion plus tranchée des différences que l’esprit tend à élever jusqu’à la valeur d’oppositions.

1600. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Cultivant les lettres en homme qui compte sur elles et sur la gloire qu’elles apportent, quelquefois trop tard, il dirigeait plus qu’il ne maniait les affaires ; mais, s’il l’avait voulu, il aurait prouvé une fois de plus aux ignorants, dont l’opinion gouverne le monde, que l’amour de la littérature ne coupe la main à aucune aptitude, et qu’on sut brasser les affaires avec le génie d’un commis en gardant au fond de soi le dangereux amour des choses intellectuelles. […] Pas plus que le fait en lui-même de la Saint-Barthélemy, engendré par l’opinion du temps, sorti de ses entrailles, — plus que de ses entrailles : de sa conscience en colère, c’est-à-dire de ce que les hommes ont tout ensemble de plus profond et de plus violent, — Audin n’a compris les grandes personnalités de l’époque qu’il a essayé de raconter. […] Un homme dont l’opinion avait en soi quelque chose d’auguste, M. de Bonald, fut le premier à conseiller à Audin de supprimer les morceaux, plus forts que toute réflexion, où l’ennemi de l’Église se noyait dans l’écume de son injure, et Audin se conforma, dans la seconde édition du Luther, au conseil donné par une voix si imposante et si grave, agissant en cela avec une vertu plus haute que l’amour de son œuvre, mais affaiblissant en réalité sa ferme conception de l’histoire. […] Seulement, pour agir avec fruit sur l’opinion de la Grande-Bretagne, il fallait à la hideuse chronique de Henri VIII, de ce César de la décadence romaine, tombé, on ne sait comment, dans les temps modernes, ajouter cette discussion de doctrines dont l’Angleterre a plus besoin que tous les autres pays protestants, en raison du peu d’épaisseur de ce qui la sépare de la vérité.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Un document curieux existe, je l’ai sous les yeux, et j’en puis parler en toute connaissance de cause : il nous livre l’état vrai, et trop vrai, des opinions, des croyances et de l’âme de Chateaubriand à la date de 1798, quelques mois seulement avant sa conversion et avant la conception première du Génie du christianisme. […] On n’a pas eu la même susceptibilité pour ce qui touche Dieu et les idées religieuses : sur ces points l’opinion de Chateaubriand à cette date subsiste tout entière, inscrite de sa main en marge, dans des notes aggravantes et corroboratives du texte.

1602. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

On a aussi contre la personne de ce grand roi des préventions qui datent du temps de M. de Choiseul et de Voltaire, des opinions toutes faites qui se transmettent ou se renouvellent sans examen. […] Le prince Henri a du genre humain une bien meilleure opinion que Frédéric ; on n’a pas à beaucoup près toutes ses lettres, mais on en peut jusqu’à un certain point juger d’après les réponses qu’y fait son frère ; le prince Henri, qui n’est pas sans quelques-unes des idées françaises d’alors, et qui a de nos illusions à la Jean-Jacques, soutient volontiers que la vertu et le bonheur habitent dans les cabanes, et qu’il y a par le monde de vrais sages, de parfaits philosophes.

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il y a, dans une lettre du 18 décembre 1712, une phrase impossible, que l’on a peine à croire d’elle ; il s’agit des plans et dessins pour les jardins du Retiro : « Elles (Leurs Majestés catholiques) seront bien aises, auparavant que de les faire mettre à exécution, que M. le duc d’Antin les fasse voir au roi dont elles ont une grande opinion du goût » ; au lieu de : du goût duquel elles ont une grande opinion.

1604. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

La Bruyère, qui avait vu les Condé, les La Rochefoucauld, les Retz, les Rancé, tous ces convertis de la Fronde, disait en son temps : « Il ne faut pas vingtannées accomplies pour voir changer les hommes d’opinion sur les choses les plus sérieuses, comme sur celles qui leur ont paru les plus sûres et les plus vraies. » C’est l’épigraphe à mettre à la vie de Lamennais. […] Ainsi, à cette même comtesse de Senfft, après qu’il a franchi son Rubicon et qu’il a pris pied sur l’autre rivage : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères.

1605. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Quel plus touchant dédommagement et quelle revanche immortelle contre l’opinion qui la harcelait et l’insultait ! […] On essaya de nier le succès et de retourner l’opinion.

1606. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Jules Levallois, dans l’Opinion nationale, répondait avec précision, vigueur et respect à M.  […] Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées ! 

1607. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il a présenté et renouvelé sous toutes les formes son fameux argument en faveur de l’impunité, à savoir l’innocuité ; — c’est-à-dire, selon lui, que la presse ne fait qu’un mal imaginaire ; qu’il n’est que de laisser dire et contredire pour tout neutraliser, que cette puissance que s’attribue le journal n’est qu’une vanterie et un lieu commun ; que tous ces tyrans de l’opinion ne sont que des mouches du coche. […] Il en est du courant des opinions comme des vents en météorologie : la cause des vents et de leurs variations reste inconnue ; tant d’influences y concourent, qu’il a été jusqu’ici impossible de déterminer la part exacte de chacune.

1608. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Lamennais, le fougueux, le personnel, l’obstiné, celui qui croyait que la volonté de l’individu suffît à tout, ne pouvait s’empêcher à certain jour d’écrire : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères. […] Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte.

1609. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Si Marie-Antoinette avait pu faire prévaloir, dès le début, les vœux et les sollicitations politiques de sa mère, c’est pour le coup qu’elle se fût vraiment compromise en France devant l’opinion, laquelle, par raison ou par mode, était toute en faveur de Frédéric ; mais, la campagne militaire en Bohême n’ayant abouti à aucun résultat décisif, on rentra de part et d’autre dans la voie des négociations, et dès lors, en effet, la France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l’Autriche. […] Il faut rappeler de telles pages, moins connues chez nous qu’elles ne devraient l’être : « Le roi, nous dit Frédéric parlant de lui-même, avait dans la personne de l’impératrice-reine une ennemie ambitieuse et vindicative, d’autant plus dangereuse qu’elle était femme, entêtée de ses opinions et implacable.

1610. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

« Puisque l’orthographe du mot, dit-il, résulte de son étymologie, la changer, ce serait lui enlever ses titres de noblesse. » Telle cependant n’a pas été et n’est point l’opinion de beaucoup d’hommes instruits et d’esprits philosophiques depuis le xvie  siècle jusqu’à nos jours. […] On dira très bien de quelqu’un de dogmatique et de tranchant : « Il formule ses opinions en articles de loi. » Exprimer, enfin, ne remplace pas formuler dans certains cas où l’on appuie sur le sens.

1611. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

L’idée que les étrangers ont eue de Boileau, et qu’ils ont traduite chacun à sa manière, selon son génie et selon les besoins intellectuels de son pays, ils l’ont prise d’abord dans l’opinion que les compatriotes du poète avaient de lui. […] Le respect des opinions reçues, et la confiance en l’infaillibilité de la raison du siècle, font qu’on ne croit plus utile d’aller au-delà de l’idée que tout le monde se forme de la nature, jusqu’à la nature elle-même.

1612. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

La langue est molle, pâteuse, diffuse, elle se défait jusque chez les plus vigoureux orateurs ; le vocabulaire n’est pas pur, et je ne parle pas des néologismes nécessaires, des noms d’institutions ou d’opinions nouvelles, des abréviations pratiques du jargon politique : je parle de l’emploi des termes courants et communs de la langue française. […] Mais il ne trahissait pas, il ne se vendait pas : car il se fit payer pour défendre ses propres opinions, qu’il eût défendues gratuitement, et quand même.

1613. (1886) De la littérature comparée

Les écrivains, qui veulent marcher trop vite, raillent l’Université, ses travaux et ses opinions ; et l’Université qui, par la nature même de ses études, est portée à s’occuper du passé plus que du présent, nie les écrivains. […] Des écrivains, comme Villemain d’abord, puis comme Sainte-Beuve, ne se contentèrent plus de proclamer leur jugement sur les œuvres et sur les hommes, mais cherchèrent à les expliquer et s’appliquèrent à déterminer, non plus leur valeur absolue, mais leur « sens historique ». — À mesure qu’il avance dans sa carrière d’écrivain, Sainte-Beuve tend à rapprocher davantage la critique de l’histoire : ses études, dont le recueil constitue un document si précieux pour l’histoire des lettres modernes, s’écartent de plus en plus du point de vue essentiellement esthétique de ses devanciers et de ses contemporains ; ses appréciations s’entourent de notes sur les ascendants de l’auteur, qu’il examine, sur sa famille, sa ville, sa province, sa race ; puis sur son enfance, sur l’éducation qu’il a reçue, sur les influences qu’il a subies ; puis il recherche quelles ont pu être ses opinions sur les matières les plus importantes : quelles étaient ses croyances religieuses ?

1614. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau. […] Qu’on ne se figure nullement Portalis arrivant pour la première fois dans cette assemblée politique, comme un royaliste qui a son arrière-pensée de restauration monarchique, et qui s’entend avec des collègues du même bord pour ménager des chances de triomphe à son opinion.

1615. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Dans les Chroniques de Bachaumont qu’il a intitulées : Les Femmes du monde, ce sont en effet les femmes, si puissantes en France sur l’opinion, et qui, selon ce qu’elles sont, l’élèvent ou l’abaissent, ce sont les femmes qui sont en jeu, ou plutôt en représentation, dans tous les détails de leur vie mondaine ; — et dans le roman d’Octave Feuillet, ce sont les femmes encore, puisque le sujet du livre est un mariage dans le monde. […] C’est un miroir, mais un miroir qui a des opinions, et on les voit parfois discrètement réfléchies dans les rayonnements de sa glace ; car la fonction est terriblement délicate de ce chroniqueur, qui ne peut pas vouloir qu’on ferme la porte au nez de sa chronique, et qui soutient, depuis je ne sais combien de temps, cette gageure de tact et de tenue d’être un chroniqueur accepté, un chroniqueur à la journée et à la soirée, marchant sur plus pointu que la pointe des clochers : à travers les prétentions de tous les genres et tous les genres de vanité !

1616. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Souvent l’un reconduit son ami ; arrivé, celui-ci reconduit l’autre, et ainsi de suite, eux toujours causant, avec une franche amitié et de la meilleure foi du monde, sans jamais disputer, tellement que chacun prend à l’occasion l’opinion de son adversaire et lui fournit des arguments. […] Cela signifie que depuis cinq cents ans, les Français ont eu presque toujours des gouvernements presque absolus ; qu’étant vaniteux et sociables, ils ne savent pas inventer leurs opinions et leurs actions ; qu’étant théoriciens et moqueurs, ils font mal et respectent mal leurs lois ; qu’étant vifs et imprudents, ils se prennent d’enthousiasme et d’alarme trop vite, trop fort, et mal à propos, dans leurs résolutions et dans leurs révolutions.

1617. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Telle est l’opinion de Stuart Mill. […] Ces deux systèmes ne diffèrent pas d’opinion sur les lois de la logique pure. […] Mais on a plus de peine à démontrer son opinion qu’à s’en persuader. […] C’était l’opinion de Kant. […] Toutefois l’opinion dont il s’agit repose aussi sur d’autres fondements.

1618. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Une opinion presque universelle rejetait les autres dans le galimatias, sublime ou non. […] Et le public, sans y réfléchir, partage assez l’opinion de l’auteur. […] Tel, parce qu’on est de la classe ou de l’opinion de M.  […] Est-ce l’opinion qui l’effraye ? Mais Vernouillet dirigera lui-même l’opinion, s’il le veut.

1619. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

Il sait beaucoup de choses, mais superficiellement : Multa quidem scit, sed non multum. » J’ai cru qu’il n’était pas inutile, dans un temps où l’on est en train d’exagérer sur Campanella, de faire connaître cette opinion secrète de Naudé et du monde de Naudé.

1620. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

De plus, ce qui n’est pas une moindre louange, son opinion saine et droite devance celle de l’avenir, et pourtant alors, pour plusieurs de ces grands hommes, le présent était à peine venu.

1621. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moréas, Jean (1856-1910) »

OPINIONS.

1622. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

OPINIONS.

1623. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Si je n’ai pas insisté davantage sur ce point, c’est que, à vrai dire, mes opinions à cet égard sont assez connues pour que je n’eusse pas à y revenir devant un public au courant de mes travaux.

1624. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Mon opinion sur le pouvoir des sociétés choisies n’est pas fondée uniquement sur cette observation générale : elle l’est sur des faits positifs.

1625. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

., un Dictionnaire critique, ou recherches sur la vie & les opinions de plusieurs hommes célébres, tirées des Dictionnaires de M.

1626. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

J’ai la plus haute opinion de celui-là ; il peut me tromper.

1627. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Des exemples éclairciront encore mieux que des raisonnemens une opinion que je puis craindre de n’exposer jamais assez distinctement.

1628. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Le plus zelé défenseur du Tasse confesse qu’il attaque l’opinion generale, et que tout le monde a decidé pour L’Arioste, seduit par la poesie de son stile.

1629. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il n’y en pas un qui n’ait son opinion toute faite sur le mérite littéraire de Molière, de Racine, de Boileau, opinion formée en partie par leurs propres lectures, en partie par leurs discussions lorsqu’ils étaient au collège, et leurs réflexions lorsqu’ils en sont sortis, opinion que les Allemands n’ébranleront pas, que le Chevalier n’affermira pas, que je ne me soucie pas de discuter ni de connaître. […] Il cherche à connaître l’opinion des autres, fait semblant de les contredire, les écoute, se tait, et se range en apparence à leur avis. […] En l’absence du roi, parti pour la guerre de Flandre, le premier président du Parlement, Lamoignon, opposa son veto formel à une nouvelle représentation ; l’archevêque de Paris fit un mandement qui défendait « à toutes personnes de voir représenter, lire ou entendre réciter la comédie de l’Imposteur, soit publiquement, soit en particulier, sous peine d’excommunication » ; et le Tartuffe ne put être mis en liberté qu’en février 1659, à la faveur de l’apaisement des querelles religieuses, et de la réconciliation momentanée des diverses opinions de l’Église de France. […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.

1630. (1888) Études sur le XIXe siècle

C’était une illusion : en réalité, cet homme grave, aux opinions arrêtées, aux allures de tyranneau du xve  siècle, n’était point maître dans son ménage, et sa femme le tenait dans un état d’absolue dépendance. […] L’opinion qu’il avait de moi sembla croître à cette réponse, et il continua à me parler d’autres artistes célèbres, sans se laisser décourager par le désir que je montrais de continuer ma lecture. […] Jamais il n’a appartenu à aucun des partis qui professaient l’opinion du lendemain, qu’une fois ce lendemain sonné et commencé. […] Certainement, l’expérience et l’étude ont dissipé bien des illusions de mon jeune âge, ou modéré l’exaltation de mes sentiments et fait concevoir une grande indulgence pour les opinions différant des miennes et pour les systèmes politiques qui ne sont pas conformes à mes principes. […] À cet égard, mes opinions se sont fort modifiées, et j’avoue que je suis infiniment moins disposé à sacrifier le présent aux chances incertaines de l’avenir.

1631. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Plus récemment encore, un autre critique qui, celui-là, ne se recommande pas de la doctrine naturaliste, émettait une opinion à peu près semblable, et concluait également pour le maître à un oubli très probable, prochain et définitif. […] Dans l’opinion généralement répandue, le mystérieux fils d’Hermès et d’Aphrodite, c’est le monstre obscène enfanté par une imagination lubrique, et explicable seulement chez un peuple aux mœurs ambiguës. […] Pour qu’il ait résisté et pour qu’il ait persisté — parfois au milieu du dénuement le plus absolu et des souffrances physiques les plus épuisantes — il lui fallut évidemment une foi bien ardente dans la vérité de son idéal artistique ; il lui fallut surtout un mépris bien établi de la popularité et de l’opinion. […] Qu’eût-il pensé plus tard, le juge autorisé des Lundis, s’il avait pu lire à ce sujet l’appréciation d’un témoin intime de la vie de Flaubert, et qui professait sur la nature du grand écrivain une opinion diamétralement opposée ? […] Du reste, comme presque tous lus systèmes, fussent-ils détestables en principe, le sien a tiré bénéfice dans l’opinion générale du génie des hommes qui l’avaient pratiqué : de ce qu’il n’a pas empêché de créer des chefs-d’œuvre, on a conclu à son excellence.

1632. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Cette nouvelle m’a d’abord suffi pour prendre bonne opinion du livre de M.  […] Il est curieux de connaître sur une pareille question l’opinion d’un écrivain de logique autant que d’inspiration. […] Heureusement qu’il est des chercheurs qui n’admettent pas que les opinions toutes faites, et le livre que M.  […] En homme convaincu, il ne mâchonne pas ses opinions, et son amour pour notre belle langue française lui inspire des indignations de grande liberté d’allure. […] Émile Ollivier, des manuscrits retrouvés, des œuvres des auteurs anciens, mais complété par les opinions d’artistes érudits qui ont étudié le sculpteur de génie.

1633. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Elle y faisait en quelque sorte l’office de rapporteur ; elle exposait les deux opinions qui partageaient sa société, et à côté de grands éloges elle avait mis quelques réserves.

1634. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

 » Cependant si cette première manifestation, qui a si bien réussi et qui a généralement imprimé une direction très-heureuse à l’opinion, ne laisse aucune trace sensible, elle tombera dans l’oubli ; et dans un mois d’ici il ne sera plus question de rien.

1635. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Dans cette situation, toutefois, si l’on dépend de la fortune, on n’attend rien de l’opinion, de la volonté, des sentiments des hommes ; et sous ce rapport, comme on a plus de liberté, on devrait obtenir plus de bonheur ; néanmoins ces penchants avilissants ne valent aucune véritable jouissance ; ils livrent à un instinct grossier, et cependant exposent aux mêmes chances que des désirs plus relevés.

1636. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. » pp. 200-207

Les opinions révolutionnaires sont les plus favorables de toutes à l’éloquence.

1637. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

OPINIONS.

1638. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

OPINIONS.

1639. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Beaucoup de personnes, dont l’opinion est grave, ont dit que ses Odes n’étaient pas des odes ; soit.

1640. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Le jeune homme avoit la plus grande opinion de la poësie, & Malherbe n’en faisoit aucun cas.

1641. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

La multitude de ses négligences a confirmé cette opinion ; mais sa négligence n’était que la paresse d’un esprit aimable qui craint le travail de corriger, de changer une mauvaise rime, etc.

1642. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

De tous les intérêts sur lesquels il est besoin de fixer l’opinion des hommes, c’est, après tout, l’intérêt de nos mémoires qui importe le plus.

1643. (1896) Écrivains étrangers. Première série

« Et qu’est-ce au surplus que les opinions humaines ? […] Jamais peut-être un homme n’a traversé plus d’opinions successives que l’auteur de Zarathustra, et jamais assurément nul n’a dénigré avec plus, de mépris et de haine les diverses opinions qu’il avait traversées. […] La très haute opinion qu’il avait de lui-même le préservait de la jalousie. […] Je ne crois pas qu’il ait exprimé jamais une opinion politique. […] L’opinion des Aksakof sur les Mémoires d’un chasseur ne semble pas avoir été extrêmement favorable.

1644. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

L’homme juge ses opinions non-seulement vraies, mais sacrées. […] La force et la grandeur éclatent chez Milton, étalées dans ses opinions et dans son style, sources de sa croyance et de son talent. […] La puissance de logique et d’enthousiasme qui explique les opinions de Milton explique son génie. […] Dans son œuvre, on reconnaît deux Angleterres : l’une passionnée pour le beau, livrée aux émotions de la sensibilité effrénée et aux fantasmagories de l’imagination pure, sans autre règle que les sentiments naturels, sans autre religion que les croyances naturelles ; volontiers païenne, souvent immorale ; telle que la montrent Ben Jonson, Beaumont, Fletcher, Shakspeare, Spenser, et toute la superbe moisson de poëtes qui couvrit le sol pendant cinquante ans ; l’autre munie d’une religion pratique, dépourvue d’invention métaphysique, toute politique, ayant le culte de la règle, attachée aux opinions mesurées, sensées, utiles, étroites, louant les vertus de famille, armée et roidie par une moralité rigide, précipitée dans la prose, élevée jusqu’au plus haut degré de puissance, de richesse et de liberté. […] And long it was not after, that I was confirmed in this opinion that he who would not be frustrate of his hope to write well hereafter in laudable things ought himself to be a true poem ; that is a composition and pattern of the best and honourablest things, not presuming to sing high praises of heroic men or famous cities, unless he have in himself the experience and practice of all that which is praiseworthy.

1645. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, combien vous avez changé d’opinion sur M.  […] Écoutez l’opinion actuelle de M.  […] Buloz, me dire que mon opinion sur lui était fausse ; qu’il arrivait avec le plus profond désir d’être l’homme de la jeune littérature qui avait fait sa fortune, et que la preuve en était que le premier acte de son administration serait la reprise de Christine. Je n’en persistai pas moins dans mon opinion, et, comme vous l’avez vu dans ma dernière lettre, je n’en ai pas changé. […] Que penser de cette opinion si différente de deux journaux qui viennent de se marier, sinon que le Corsaire a épousé Satan sous le régime dotal et non sous le régime de la communauté.

1646. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il part, mais à peine a-t-il atteint le continent que de nouveaux bruits de désastres se répandent dans l’opinion, et la popularité immense du Centaure s’écroule au milieu des stupeurs et des indignations de la foule. […] Or, je crois que nous devons discuter cette opinion, non seulement parce que l’autorité de son auteur est considérable, mais surtout parce que nous sommes arrivés à un moment décisif où cette opinion, jointe à d’autres du même genre, pourrait devenir le point de départ d’un véritable mouvement de réaction littéraire, au sens strict du mot, c’est-à-dire que les poètes, au lieu de diriger leurs regards vers l’inconnu de l’avenir, se contenteraient de regretter les richesses du passé. […] Jusqu’à ce qu’il ait été répondu à cette question préjudicielle, je m’abstiendrai de me mêler au débat que vous soulevez, car j’ai maintes fois éprouvé que les disputes fondées sur une opposition de purs sentiments, sur des appréciations qui échappent à toute formule rationnelle, ne produisent de part et d’autre aucun argument profitable à la recherche de la vérité qui est impersonnelle ; ce sont de vaines querelles qui ne peuvent aboutir à la conversion d’aucun des deux adversaires aux opinions de l’autre… Veuillez agréer, Monsieur et honoré confrère, l’expression de mes sentiments tout sympathiques et dévoués. […] Enfin, puisque nous parlons de poésie, il n’est pas indifférent que le sentiment des quatre plus grands lyriques du xixe  siècle, aussi étrangers que possible l’un à l’autre, que Shelley, Goethe, Mickiewicz et Hugo, aient professé, à ce sujet, des opinions presque identiques.

1647. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Le pouvoir qu’il avait servi avec dévouement, auquel il tenait par ses opinions de famille et par ses affections, négligea toujours de le distinguer en rien, et M. de Vigny ne fit jamais rien de son côté pour se rappeler aux hommes de ce pouvoir. […] Je ris encore en pensant que j’ai passé il y a quelque temps deux heures avec vous sans vous rien dire de votre bel article sur Racine, et je venais d’en parler toute la matinée à quatre personnes de différentes opinions, à qui je disais ce que j’en pense. […] Juillet 1826. — Parlons tout à fait franchement : quoique nous nous reprochions un peu cela, nous ne nous en repentons pas positivement ; et, pour mettre en lumière tous les côtés de notre opinion, nous reproduisons dans l’Appendice du présent volume l’article du Globe dont il s’agit.

1648. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mais les excès et les ridicules de la réaction royaliste, surtout en 1815, la remirent bien vite et naturellement dans la justesse de son point de vue et dans le vrai de ses opinions. […] Sa place désormais et celle de son mari étaient dans le parti constitutionnel de la Restauration, dans cette nuance d’opinion qui formait le Centre gauche d’alors. […] Mme de Rémusat était donc, vers 1820, dans la maturité de son esprit, dans le développement de ses opinions probablement définitives, mais pourtant actives ; devenue très-simple de manières, gaie même, nous dit-on, et d’une grande aisance d’esprit et de conversation ; aimant la jeunesse et le nouveau, un peu railleuse, pieuse ou plutôt chrétienne, sans grande ferveur apparente, mais décidée et appuyée sur des points précis.

1649. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Ces opinions de l’éditeur, qui se décelaient déjà dans l’introduction mise en tête du Recueil, éclatèrent surtout dans un article critique fort rude qu’il lança peu après233 contre la Satyre Ménippée et contre la Notice qu’y avait jointe Charles Labitte. […] Auguste Bernard et l’autorité qu’il s’est acquise sur le sujet me serviront d’excuse, si je me prends directement à son opinion, qui rallierait au besoin plus d’un partisan. […] Tout atteste que l’action de l’heureux pamphlet fut immense sur l’opinion à travers la France encore soulevée.

1650. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

De l’abus même de l’instrument logique, une certaine liberté de pensée naîtra, et les opinions individuelles livreront leurs premières batailles sous l’épaisse armure du syllogisme. […] Le seigneur qui a sa « librairie » et ses lecteurs, le bourgeois, dernier client du jongleur, veulent qu’on exprime leurs passions, leurs opinions ; le présent les possède, et que l’œuvre soit vieille ou neuve, ils n’en ont cure, pourvu qu’ils y retrouvent le présent. […] Cependant on rencontre encore des traces du cas régime, des génitifs par juxtaposition, « c’est l’opinion Aristote ; le fils Priamus ».

1651. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

En même temps que les orateurs des chambres, une foule de pamphlétaires et de journalistes agitaient les mêmes questions, pour exciter et diriger l’opinion. […] Il avait l’âme inquiète, profondément personnelle, avide de plaisirs et de sensations, l’imagination ardente et mobile, l’esprit souple, vaste, actif, lucide : joueur incorrigible, amant toujours passionné et prompt à changer, causeur étincelant, homme d’État inconsistant, déroutant l’opinion par de soudaines volte-face. […] Lorsque les tendances de la monarchie se précisèrent dans la résistance égoïste, les instincts de Lamartine se déterminèrent aussi vers l’opinion démocratique : il écrivait son Histoire des Girondins (1817), si peu historique, toute chaude d’éloquence, illuminée de portraits prestigieux, et qui emplit les âmes d’un vague et puissant enthousiasme révolutionnaire.

1652. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Je serais bien heureux, mon cher ami, si cet article avait un peu d’influence sur l’esprit de celui qui va vous défendre et sur l’opinion de ceux qui seront appelés à vous juger. […] Si je m’arrête tout d’abord à ce résultat, c’est qu’en s’ajoutant à d’autres observations, elle confirme une opinion que j’ai depuis longtemps sur l’avenir de la poésie. Cette opinion, qui n’est point une simple conjecture, mais une induction tirée du développement de l’histoire, est qu’à mesure que le nombre des lecteurs augmente, à mesure que le livre imprimé, en se répandant, convertit les auditeurs impressionnables, passionnables, en lecteurs méditatifs et réfléchis, la poésie doit concentrer son essence et restreindre son développement.

1653. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Il est urgent qu’une tragédie de Shakespeare, prévienne le danger et empêche l’opinion de s’égarer soit en bien soit en mal sur le grand procès dramatique. […] Nous nous sommes expliqué franchement sur toutes les questions ; nous avons proclamé nos admirations avec une grande probité littéraire, sans aucune influence d’amitié ou d’opinion ; pourquoi ne pas apporter en littérature cette indépendance de principes, cette conscience passionnée qui seule réussit maintenant en politique ? […] Nous manifestons notre sentiment sur l’état actuel de la littérature et de la poésie en France, parce qu’il nous semble que la plus faible voix peut lancer quelques paroles utiles ; du reste, nous ne parlons que d’après notre profonde conviction, sans nous occuper du plus ou moins de succès des ouvrages que nous estimons, sans chercher à flatter l’opinion de la foule ni même à nous mettre en opposition avec elle.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Je suis d’opinion que cette qualité ne consiste qu’à résister aux tentations ; comme je n’y suis point exposée, et que je possède l’attribut de n’en point être susceptible, je ne puis tirer vanité d’un mérite inné avec moi. […] Et toute cette familiarité du « vieux frère » (comme il s’appelle) se relève d’une constante admiration pour cette sœur qu’il estime évidemment supérieure à lui par les talents et la beauté de l’intelligence, par le génie, il articule le mot : « S’il y a un être créé digne d’avoir une âme immortelle, c’est vous, sans contredit ; s’il y a un argument capable de me faire pencher vers cette opinion, c’est votre génie64. » Il est prodigue envers elle d’attentions, de petits présents ; il entre dans ses peines, il tremble pour sa vie ; il nous la fait voir avec « un je ne sais quoi de gracieux, un air de dignité tempérée par l’affabilité », que les mémoires de la margrave ne nous indiqueraient pas ; il nous intéresse, en un mot, par l’affection respectueuse qu’elle lui inspire, à cette frêle créature d’élite, à « ce corps si faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une si belle âme ».

1655. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Joignez à cela que nous sommes obligés de nous faire nos opinions. […] Taine a le bonheur d’être savant, et ce qui est mieux, d’avoir l’instrument, l’esprit scientifique joint au talent littéraire ; tout s’enchaîne dans son esprit, dans ses idées ; ses opinions se tiennent étroitement et se lient : on ne lui demande pas de supprimer la chaîne, mais de l’accuser moins, de n’en pas montrer trop à nu les anneaux, de ne pas trop les rapprocher, et, là où dans l’état actuel de l’étude il y a lacune, de ne pas les forger prématurément.

1656. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

La correspondance entre Vauvenargues et Mirabeau, dans sa nouveauté d’aujourd’hui, est donc une intéressante lecture, profitable et pleine de sens ; elle agite beaucoup d’idées, provoque bien des observations contraires, pose au naturel les deux personnages, ajoute à notre bonne opinion de l’un, et ne laisse pas du tout une mauvaise opinion de l’autre.

1657. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Ces abbés brillants et légers, qui oubliaient d’être prêtres avant 89, s’en étaient ressouvenus tout d’un coup dès qu’il avait fallu confesser la foi ou l’honneur de leur engagement dans les prisons, dans les pontons qui les déportaient ; semblables à ces gentilshommes qui savent combattre et mourir pour leur opinion dès qu’il y a péril. […] Et comment aurait-il paru, aux yeux de l’opinion, se séparer le moins du monde de ces inspirateurs funestes, lorsque lui-même, par des projets insensés tels que celui de la loi du sacrilège, venait porter un défi aux lumières et à l’humanité de l’époque ?

1658. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Necker refusa et devait refuser ; touché des avances et des instances de l’ambassadeur, il lui répondait très sensément : « L’animadversion est au comble, et je vous demanderais comme mon ami de me retenir, si le désir de me rapprocher de Leurs Majestés et de travailler au bien public me rendait faible un moment ; car je serais sans force et sans moyens si j’étais associé avec une personne malheureusement perdue dans l’opinion, et à qui l’on croit encore néanmoins le plus grand crédit. » Dès ce moment, c’est la reine qui semble tenir le gouvernail, ce n’est plus le personnage d’au-dessus dont elle parlait tout à l’heure, ce n’est plus Louis XVI, qui n’a plus pour rôle que de céder sans cesse et qui se fait prophète de malheur en cédant. […] Marie-Antoinette qui ne vient qu’en second, comme elle nous a dit, ne songe pas à en détourner Louis XVI ; elle n’est pas assez convaincue elle-même pour cela, ni assez pénétrée des nécessités de l’opinion.

1659. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Louis XV lui-même le savait ; il donne implicitement raison à ce jugement de Mme de Tencin dans les lettres qu’il écrit au maréchal de Noailles, et comme ce dernier avait allégué à l’appui de son opinion celle du comte de Saxe, lequel, tout attaché qu’il était au maréchal de Broglie, disait ne rien comprendre à sa conduite, le roi répond : « Il n’est pas étonnant que le comte de Saxe n’ait pu se persuader ce qui est ; tous ceux qui n’ont pas vu le dessous des cartes sont dans le même cas, et effectivement cela est incroyable ; pourtant l’on dit déjà qu’il (le maréchal de Broglie) a sauvé l’armée par cette belle retraite ; mais j’en dirais trop et en ferais trop, si je me laissais gagner à ma mauvaise humeur ; mais vous savez que je n’aime pas les grandes punitions, et que souvent, en punissant peu et en récompensant de peu, nous en faisons plus qu’avec les plus grandes rigueurs et les plus lucratives récompenses. » Louis XV couvre ici sa faiblesse d’une belle maxime qui n’a pas son application ; pour produire tant d’effet avec un simple remuement de sourcils, il n’avait pas encore assez fait ses preuves de roi. […] Noailles a le mérite de pousser le comte de Saxe contre lequel Louis XV faisait d’abord quelques objections, se méfiant de lui à cause de sa qualité d’étranger : « Les officiers, Sire, qui se portent vers le grand sont aujourd’hui si rares que, dans l’opinion que j’ai du comte de Saxe, je le regarde aujourd’hui comme un homme précieux pour votre État, qui mériterait des distinctions particulières s’il était né votre sujet ; qui, étant étranger, en mérite encore de plus grandes, afin de l’attacher plus étroitement à Votre Majesté.

1660. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Saint-Simon n’était fait, à aucun degré, pour être ni ministre, ni général, ni homme de finance et de budget ; il est, pour un homme d’esprit, singulièrement court, j’allais dire inepte, sur tous ces divers objets qui font les branches principales du gouvernement des États ; il n’est pas, même dans l’ordre philosophique, un esprit supérieur ; il reste soumis et astreint aux croyances les plus étroites de son temps ; s’il lui arrive de varier en religion, c’est pour passer par les préventions des sectes et des opinions particulières, plus porté dans le principe qu’il ne l’a dit pour les Jésuites et leurs adhérents, puis tournant plus tard et avec une sorte d’âpreté au Jansénisme et à l’anti-Constitutionnalisme. […] Celui-ci n’a guère vu que ses défauts, ses vices, sa jactance, ses gasconnades, son intrépidité de bonne opinion, ses pilleries à l’armée, ses mœurs de soudard jusque dans l’extrême vieillesse.

1661. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

La Bruyère a célébré une femme charmante, et il l’a fait avec d’autant plus de plaisir et de goût qu’elle était plus maltraitée par l’opinion. Moyennant ce tour indirect : Il disait…, il a l’air de donner l’opinion d’un plus autorisé que lui et plus connaisseur.

1662. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Hugo n’a pas d’idées originales : il n’en sera que plus apte à représenter pour la postérité certains courants généraux de notre opinion contemporaine. […] Ses changements d’opinions sont tout à fait légitimes : il eut le tort de vouloir les dissimuler, et de recourir à toute sorte de falsifications de ses propres écrits pour mettre après coup l’unité dans sa vie et dans ses convictions.

1663. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Nous partageons en cela l’opinion de M.  […] Delécluze a apporté, à l’appui de son opinion, plusieurs observations pleines de justesse, quoique à notre avis peu concluantes pour lui.

1664. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Mais nos opinions sur la beauté sont diverses. […] Je les reproduis sans modification, mon opinion n’ayant pas varié.

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, toujours avoir dans la tête un coin ouvert et libre, pour y donner une place aux opinions de ses amis, et les y loger en passant. […] Si, sur toutes sortes de sujets, nous voulions écrire aujourd’hui comme on écrivait du temps de Louis XIV, nous n’aurions point de vérité dans le style, car nous n’avons plus les mêmes humeurs, les mêmes opinions, les mêmes mœurs… Une femme qui voudrait écrire comme Mme de Sévigné serait ridicule, parce qu’elle n’est pas Mme de Sévigné.

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

En politique, la chaleur de mes opinions n’a jamais excédé la longueur de mon discours ou de ma brochure. » Mais alors, si tout vous est indifférent, pourquoi épouser si chaudement une cause quelconque ? […] La vraie critique à Paris se fait en causant : c’est en allant au scrutin de toutes les opinions, et en dépouillant ce scrutin avec intelligence, que le critique composerait son résultat le plus complet et le plus juste.

1667. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Quelles qu’aient pu être antérieurement les opinions par lesquelles il avait passé, Vauvenargues, à cette date de 1746 et jusqu’à sa mort, était donc et demeura dans des sentiments religieux, élevés, mais philosophiques et libres. […] Il ne pouvait certes, légitimement, être invoqué à l’appui des opinions de la propagande philosophique, celui qui a dit : « Le plus sage et le plus courageux de tous les hommes, M. de Turenne, a respecté la religion ; et une infinité d’hommes obscurs se placent au rang des génies et des âmes fortes, seulement à cause qu’ils la méprisent ! 

1668. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

qui nous rendra l’opinion régnante dans l’Ordre des avocats, alors si entier et comme investi de sa première intégrité, l’esprit général de la magistrature d’alors, si stable, si courageuse et parfois si héroïque ? […] Pasquier écrit en français ses doctes et utiles Recherches de la France ; il publie en français ses Lettres, premier recueil de ce genre qui ait paru dans notre langue, et qui sont tout un miroir des événements, des mœurs et des opinions de son temps comme de la vie de l’auteur lui-même.

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Le premier roman qu’on a d’elle, et qui date de ce temps, porte également témoignage de ses opinions et de ses couleurs. […] L’héroïne du roman, Laure, s’y félicite de partager l’antipathie de Mme de Gercourt « avec deux femmes d’un grand mérite, dont les opinions, dit-elle, ont quelque rapport avec les miennes ».

1670. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Nous avons distingué celles des opinions de Saint-Simon dont l’application est déjà possible, de celles qu’une prévision trop active n’a pu entourer de certitude, et dont la réalisation appartient à une époque beaucoup plus éloignée de nous. […] Voir dans cette rédaction de La Revue américaine une preuve de ses opinions républicaines préexistantes, c’est lui prêter une théorie rétroactive.

1671. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Inconnu, rebuté et indigent la veille, l’auteur passa en quelques jours à l’état de grand homme et de favori de l’opinion. […] Alors, m’animant à mon tour, je leur ai dit que leurs citations étaient de pédants et de gens de collège, et que, quand je serais seul de mon opinion, je la maintiendrais contre tous.

1672. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Augier jugé par les maîtres Dès que nous avons appris la mort d’Augier, nous nous sommes adressé à ses confrères de l’Académie, à des écrivains, à des interprètes de ses œuvres, pour avoir leur opinion sur l’illustre maître. […] Nos travaux, littéraires sont très opposés ; donc je ne puis émettre une opinion sur l’œuvre de M. 

1673. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

C’est là l’opinion de M.  […] L’auteur déclare qu’il professe une opinion tout opposée sur le talent de M. 

1674. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Ces lettres ne modifieront en quoi que ce soit l’opinion des vrais connaisseurs sur les puissances cérébrales et pectorales de feu Mérimée. […] Accepté par l’opinion comme un homme de talent, d’un talent volontaire, retors, efforcé et sans enthousiasme, il passait, dans cet odieux siècle pratique, pour ce qu’on appelle, en clignant de l’œil, un malin, et il avait eu l’avantage de vivre à la cour de Napoléon III sur un pied excellent pour en écrire, sans illusion, l’histoire.

1675. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Ce n’est pas seulement l’audace, c’est la faculté même de penser librement qui se trouvent amoindries par la prépondérance croissante des opinions et des forces collectives sur le génie individuel. […] C’est une sorte de prédilection pour les genres et les œuvres impopulaires ; c’est une singulière défiance des goûts, des opinions, du suffrage du plus grand nombre. […] Les grands esprits qui défendent aujourd’hui avec le plus de puissance et de ferveur les idées d’avenir sont nés au sein de l’opinion qui respectait, qui défendait le passé. […] C’est là aussi une opinion de leurs adversaires, avec cette différence que les premiers placent en Dieu cet arbitraire que les autres attribuent à l’homme. […] L’opinion la plus accréditée, c’est qu’il n’a pas existé de versifications chez les Juifs.

1676. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

L’essai fut court, il n’arriva pas même jusqu’à la fin de cette scabreuse histoire, et l’on put reconnaître, dès le début, l’impossibilité d’une alliance entre ce talent inquiétant et l’opinion qui l’avait un instant adopté. […] Nous n’avons donc à assumer ou à décliner, dans les prétendues opinions de M. de Balzac, aucune sorte de responsabilité. […] Hugo, après avoir chanté en beaux vers les souvenirs et les anniversaires royalistes, eût changé d’opinion : M.  […] Hugo est bien libre de s’arranger toujours pour être de l’opinion qu’il croit la plus favorable à ses succès. […] Comme critique, nous sommes forcé de constater avec douleur que ses anciennes opinions lui avaient inspiré de bien beaux vers, et que ses opinions nouvelles lui en inspirent de diamétralement contraires.

1677. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Elle laisse un peu trop aux journaux, c’est-à-dire aux passions, ou aux intérêts déguisés en passions, l’office de diriger l’opinion ou plutôt de la mener à grands cris vers les batailles confuses. […] C’est l’adoration du « modèle à imiter. » Du haut ou du bas, fabriquée par une cour ou élaborée par la foule, une opinion sur chaque chose se forme ; cette opinion construit un modèle de chaque action, de chaque doctrine, de chaque préjugé, de chaque démarche, de chaque attitude ; ce modèle s’impose à chaque individu, et il se croit tenu de s’y conformer exactement, en ses actes, pensées, paroles et gestes. […] La mode c’est l’opinion générale, et l’opinion générale c’est la mode, ni plus ni moins, un peu plus exigeante. […] Mais en même temps c’est un artiste ou tout au moins un dilettante très distingué ; et Cela l’a gêné et inquiété dans ses opinions politiques. Et en même temps c’est un épicurien, un voluptueux, un curieux passionné des élégants loisirs et de la haute vie délicate ; et cela aussi a fait que ses opinions politiques lui ont été quelquefois pénibles et lui ont donné de l’humeur

1678. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Mais quand même, chez lui, les idées d’ordre eussent pris davantage le dessus, ses opinions philosophiques, et un peu païennes en religion, se fussent mal prêtées, j’imagine, au Concordat, au rétablissement du culte.

1679. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

D’un naturel bienveillant, facile, agréablement enjoué ; d’un esprit avide de culture et de connaissances diverses ; s’accommodant aux mœurs dominantes et aux opinions accréditées ; d’une âme assez tempérée, autant qu’il semble ; habituellement heureux et favorisé par les conjonctures, il s’est développé sur une surface brillante et animée, atteignant sans effort à celles de ses créations qui doivent rester les plus immortelles, y assistant pour ainsi dire avec complaisance en même temps qu’elles lui échappaient, et ne gravant nulle part sur aucune d’elles ce je ne sais quoi de trop âcre et de trop intime qui trahit toujours les mystères de l’auteur.

1680. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Quelque opinion qu’on garde après la lecture du livre sur la réalité de ces divisions qu’une philosophie plus forte trouverait sans doute moyen de simplifier et de réduire, ce qu’il faut reconnaître, c’est l’agréable et instructif chemin par lequel le philosophe nous a menés ; c’est cette multitude de remarques fines, judicieuses et ingénieuses, tempérées, qu’il a semées sous nos pas ; c’est ce jour si indulgent et si doux qu’il sait jeter sur la nature humaine en y pénétrant ; c’est l’émotion honnête qu’il excite en nous, tout en nous apprenant à décomposer et à observer ; ce sont les heureuses applications morales et pratiques, le choix et l’atticisme des exemples, et les fleurs d’une littérature si délicatement cultivée à travers les recherches de la philosophie.

1681. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Si l’exactitude de la réimpression nous a coûté quelquefois, c’est quand il nous a semblé que nous avions été injuste à l’égard de quelques personnes, et passionné en quelques opinions.

1682. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé  Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile  Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social  Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue  Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion  À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.

1683. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Ils se trompent sans doute dans l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes et dans les raisons qu’ils se donnent de leurs préférences, mais non toujours dans ces préférences mêmes.

1684. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Les morts n’ont de pudeur que celle que nous leur prêtons pour donner bonne opinion de notre délicatesse.

1685. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

OPINIONS.

1686. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

OPINIONS.

1687. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

OPINIONS.

1688. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

OPINIONS.

1689. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

OPINIONS.

1690. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

OPINIONS.

1691. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

OPINIONS.

1692. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

. — Testament poétique (1901) OPINIONS.

1693. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Mon opinion est que la règle morale et légale du mariage sera changée.

1694. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Elle fut détrompée de cette opinion quand elle se vit négligée par Mazarin ; elle jugea des vues et des espérances du cardinal par son refroidissement ; c’était à ses yeux un indice certain des progrès de la séduction exercée par Marie Mancini sur le jeune monarque.

1695. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Virgile est peut-être le seul poëte qui ne se soit point égaré dans une trop bonne opinion de ses talens.

1696. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Dans cette opinion, M. de Voltaire crut devoir peindre Rousseau sous les traits d’un envieux forcené, comme on peut le voir dans le Discours sur l’envie, dans l’Epître sur la calomnie, dans le Temple du goût.

1697. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

Je dis : mathématiquement, parce que nos goûts personnels, en pareille affaire, n’ont rien encore à voir ; et on n’écrit point une Histoire de la Littérature française pour y exprimer des opinions à soi, mais, et à peu près comme on dresse la carte d’un grand pays, pour y donner une juste idée du relief, des relations, et des proportions des parties Et, — toujours afin que le livre fut plus utile, d’un secours plus efficace et plus constant, — j’ai donné à la Bibliographie une attention toute particulière.

1698. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Cette opinion s’accommode très-bien avec l’expérience.

1699. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Cette opinion ne me paraît pas si scandaleuse.

1700. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Et, en effet, qu’est-ce que cet Henri Estienne dont Feugère se fait aujourd’hui l’éditeur et le biographe, si ce n’est pas essentiellement l’homme de la Renaissance, ayant toutes les opinions, les erreurs, les passions, les amours et les haines de cette Renaissance, qui disait « Raca ! 

1701. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Il s’est dit qu’aucune dissidence d’opinion, aucune répugnance, aucune animosité, aucune hauteur de caractère ne tiendrait contre le charme d’un dîner galvanisateur, et il a eu raison.

1702. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Cette faculté de toucher et de pénétrer, qu’on appellerai le don d’intime séduction, si l’idée du mal ne rampait pas au fond de ce mot trop charmant de séduction, créa sur-le-champ, dans l’opinion des connaisseurs en cœur humain, une grande importance à Nicolas.

1703. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

C’est la vie rationnée ; chacun-se serre le ventre et attend en grognant un peu. » Quant aux petites villes, il en donne son opinion : « On s’imagine que tout est calme, heureux.

1704. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Et ses opinions littéraires n’en manquèrent pas non plus, nous le verrons tout à l’heure. […] Benda se figure-t-il que Shelley n’a pas eu d’opinions politiques ? […] Clément Vautel pour mes opinions littéraires, les dreyfusards que j’ai rencontrés ce soir-là m’ont paru atterrés. […] À en juger par ce qui en subsiste, Romain Colomb, sur qui je partage la bonne opinion de M.  […] Mais je n’ai partagé qu’un assez petit nombre de ses opinions.

1705. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Protestant il l’est devenu, parce que, quand on vous attribue avec obstination persécutrice une opinion, on finit toujours par vous la donner : « Eh bien ! […] C’est tout simplement une idée originale. — Le vrai paradoxe c’est une opinion fausse pour celui-là même qui la soutient, défendue avec vigueur et démontrée avec toutes les ressources d’une dialectique spécieuse ; en telle sorte que, pour le définir bien, le paradoxe c’est la parodie de la logique. […] C’est le merveilleux qui a fait tort au surnaturel, comme de chaque chose, institution, doctrine, opinion, métier, les parties basses ont toujours fait tort aux parties supérieures. […] Car ce docteur enflé d’une fausse opinion de la justice légale était aveuglé en la fiance de ses œuvres… C’est donc à bon droit qu’il est renvoyé à, la Loi… La somme est telle : si nous cherchons salut en nos œuvres, il nous faut garder les commandements, lesquels nous instruisent à parfaite justice. […] Si Bossuet ne l’avait pas dit, c’est Calvin qui l’aurait déclaré : « L’hérétique est celui qui a une opinion » ; et, pour mieux en parler, ils l’ont proclamé l’un et l’autre.

1706. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

André Chénier s’adresse donc principalement aux hommes lettrés ; mais l’opinion unanime de ses admirateurs voit en lui un poète du premier ordre. […] Sans partager cette opinion, nous pensons cependant que nulle part André Chénier n’a montré plus d’élégance et de souplesse, plus d’abondance et de pureté. […] L’opinion que nous exprimons ici sur les œuvres lyriques de M.  […] Aujourd’hui, le goût public a changé ; la majorité, instruite par la discussion, s’est ralliée à l’opinion de la minorité, et demande à la poésie autre chose que le plaisir des yeux. […] Reste l’opinion des hommes compétents, qui ne pouvaient hésiter à se prononcer.

1707. (1902) Le critique mort jeune

Joignez à cela que ses idées sont originales et assez éloignées des opinions reçues : autant de circonstances qui expliquent, mais ne justifient pas, le silence ou l’inattention. […] D’une opinion qui est assez générale, le plus important ouvrage de M.  […] De là part une théorie très hardie sur le pouvoir judiciaire qui ne peut être indépendant qu’en se recrutant lui-même (voir Bonald) et aussi une opinion décidée pour la séparation des Églises et de l’État. […] Pierre Louys a émis cette opinion entre d’assez vifs paradoxes. […] Veuve et maîtresse de ses destins à un âge où l’on peut encore tenter de recommencer une existence, elle sacrifie un amour d’automne à l’opinion, au monde et à sa fille.

1708. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Opinion de Boileau. — L’imitation. Opinion de Racine. —    Exemples d’imitation. — L’imitation chez les grands écrivains. — L’exemple de Lamartine. — En quoi consiste la bonne imitation. […] Mme Dacier, — Opinion de Taine. — La traduction de Leconte de Lisle. […] — Opinions sur Télémaque. […] Hugo. — Antithèses faciles. — L’antithèse vraie. — Exemples. — Opinion de Taine. — L’antithèse chez les Grecs.

1709. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Je sais bien qu’en parlant de la sorte, je renie l’opinion de beaucoup de mes maîtres, et notamment de celui qui, par une simplification sans doute admirable, fit consister tout le génie du poète en le seul essor lyrique. […] Que reste-t-il à présent de ces opinions de jadis ? […] Je me heurte ici, je le sais, à une opinion si généralement admise, qu’il ne semblait pas qu’on y pût désormais contredire. […] Ainsi une fois de plus est démontré combien il sied d’avoir peu de foi en les opinions courantes des personnes qui n’ont pas le temps de lire et qui d’ailleurs affirment n’importe quoi comme si elles avaient lu. […] Une chose pourrait m’incliner, personnellement, vers cette opinion : depuis un temps, M. 

1710. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est peut-être le moment d’examiner l’état de l’opinion sur le grand artiste qui l’a tant occupée pendant soixante ans. […] Stapfer le représentant assez fidèle de l’opinion moyenne sur Hugo. […] Il a moins de mérite que nous à être de son opinion ; mais il en est, et cela suffit. […] Ce fut la création de L’Opinion nationale. […] About, familier déjà du Palais-Royal, fit entrer Sarcey à L’Opinion comme critique dramatique.

1711. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

L’opinion le croira ramolli, que lui importe l’opinion ! […] L’idée qu’il influe sur l’opinion le soutient. En réalité, il est dans la marge, illustre seulement cette opinion. […] Le difficile est d’avoir un jugement lucide et une opinion sincère. […] Ces opinions diverses nous montrent comme tout se tient dans la question sociale.

1712. (1886) Le naturalisme

J’ai, depuis, été encouragé par quelques personnes, d’opinions littéraires très diverses, à en publier une version. […] Le classicisme dominait alors, dans les sphères officielles, comme dans le goût et l’opinion de la foule, ainsi que le prouve l’anecdote du mouchoir. […] Il y a quelque chose de vrai dans des opinions si opposées. […] Dédaignant l’opinion de la foule de ses admirateurs comme de celle de ses insulteurs, il ne tient aucun compte du jugement de la multitude. […] C’est maintenant une opinion aristocratique et élégante que d’admettre la suprématie du roman anglais sur le terrain moral et sur le terrain littéraire.

1713. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Il y avait alors des partis en ligne, de grandes opinions rangées en présence ; il y avait des positions régulières à emporter, des principes légitimes à faire prévaloir, une vérité sociale en un mot, et c’est la conscience de cette vérité qui développait et doublait les jeunes talents, occupait les jeunes passions, et leur donnait tout leur emploi dans une direction à la fois utile et généreuse. […] Le but principal de cet écrit, tout de circonstance, était de donner des notes exactes et de rapporter de fraîches informations sur ces mouvements politiques auxquels l’opinion prenait alors tant d’intérêt. […] Et quand Jacques II, après avoir éloigné ses amis de toutes les opinions et de toutes les époques, se trouva isolé au milieu de la nation morne et silencieuse ; quand, éperdu, effrayé de sa solitude, ce prince qui était bon soldat, bon officier, prit la fuite, personne ne l’attaqua, ne le poursuivit, ne lui fit une offense : on le laissa fuir en le plaignant. […] Sans m’arrêter à discuter le pour ou le contre de telle ou telle opinion, de telle ou telle idée, je me suis attaché, selon mon habitude, à caractériser plutôt la qualité, la nature du fonds même où elles germent, et la manière dont elles s’y produisent.

1714. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Mais, de quelque part que soit arrivée au jeune homme la première provocation au, doute et à l’examen, et quand il en aurait reçu l’initiative dans la conversation de quelqu’un de ses amis philosophes, comme Giordani ou tout autre, il faut reconnaître que l’esprit seul de Leopardi fit les frais de cette nouvelle opinion dans laquelle il s’engagea, et qui lui devint aussitôt comme un progrès naturel et nécessaire de sa pensée, un sombre et harmonieux développement de son talent et de sa nature. […] Cette tournure décisive que prirent les opinions philosophiques de Leopardi, aussi bien que ces exhortations de réveil patriotique, eurent pour effet d’aliéner de lui son père, qu’on dit homme distingué lui-même, écrivain spirituel, mais qui ne pardonna point à son fils d’embrasser une cause contraire. […] Ç’a été par suite de ce même courage, qu’étant amené par mes recherches à une philosophie désespérante, je n’ai pas hésité à l’embrasser tout entière, tandis que, de l’autre côté, ce n’a été que par effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés du mérite de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières, et que l’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement. […] Dans la préface qu’il mit au discours de Gémiste Pleton, il conteste l’opinion de son ami Giordani qui avait parlé de ce genre d’exercice comme n’étant profitable que dans l’enfance des littératures ; pour lui il pense, dit-il, que « les livres des Anciens, Grecs ou Latins, non-seulement sur toute autre matière, mais en philosophie, en morale, et en de tels genres dans lesquels les Anciens sont réputés si inférieurs aux modernes, que ces livres, s’ils étaient, moyennant de bonnes traductions, plus généralement répandus qu’ils ne le sont et ne l’ont jamais été, pourraient améliorer beaucoup plus qu’on ne croit les habitudes, les idées, la civilisation des peuples, et à certains égards plus efficacement que les livres modernes. » — Dans la liste des écrits publiées ou inédits de Leopardi nous trouvons, en conséquence, bon nombre de traductions.

1715. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Au seul et strict point de vue de la raison, ce n’est pas afficher des rigueurs d’opinion excessives que de s’étonner hautement de voir couvrir d’or, par la multiplication infinie du sou populaire, des élucubrations insanes, qui seraient assez rémunérées au poids brut du manuscrit ! […] [Paul Adam] Monsieur, Je regrette de ne pouvoir répondre à votre bien intéressante enquête, n’ayant point d’opinion sur ce sujet, et étant plutôt porté à croire que le peuple aimera toujours les élucubrations stupides, au moins pendant des temps encore. […] C’est ce que vous me faites l’honneur de me demander, et sur quoi je vous envoie brièvement mon opinion. […] [Daniel Lesueur] Mon cher confrère, Vous me demandez mon opinion sur ce fameux problème du roman-feuilleton, qui nous occupe.

1716. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Après avoir fait refléxion sur toutes les choses que je viens d’alleguer, et sur plusieurs autres connuës generalement et qui prouvent notre proposition, on ne sçauroit s’empêcher d’être de l’opinion de Monsieur De Fontenelle, qui dit en parlant des lumieres et du tour d’esprit des orientaux : en verité, je crois toujours de plus en plus… etc. . […] Cette opinion, pour être communément reçûë, n’en est pas moins fausse. Les opinions fausses en histoires, s’établissent aussi facilement que les opinions fausses en philosophie.

1717. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Les contrastes de ses manières d’agir avec l’opinion contemporaine révèlent la profondeur de sa pensée. […] L’Histoire de la chute du roi Louis-Philippe, de la République de 1848 et du rétablissement de l’Empire, était attendue depuis longtemps par l’opinion. […] Jamais, dans les plus courageuses publications contemporaines, on n’a jaugé d’une pareille main d’Hercule, et les idées auxquelles l’opinion est demeurée si longtemps en proie, et les différents partis dont l’action bruyante, turbulente et inepte, a caché la France à la France. […] Les jugements qu’il porte sur eux, non seulement attestent cette volonté de s’abstraire de son temps qui fait la moralité d’une histoire contemporaine, mais, nous ne craignons pas de l’affirmer, ils seront, à bien peu de choses près, l’opinion de l’avenir.

1718. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] Son courage ou son manque de courage est visible dans la parole dont il se sert, dans les opinions qu’il s’est formées, non moins que dans les coups qu’il porte… Il est un et il exprime son même soi (the same self) dans toutes ses manifestations. » Eh bien, ce n’est pas l’emploi fier de cette théorie à outrance qui de deux mondes (le monde de la volonté libre et réfléchie et le monde de l’intelligence spontanée) n’en fait qu’un seul pour l’offrir à Shakespeare ; ce n’est pas cela tout à fait qu’on peut reprocher à François Hugo. […] On sait notre opinion sur ces exubérantes préfaces, inspirées par l’amour-propre d’un jeune traducteur qui veut prouver qu’il sait penser pour son propre compte et qu’il a des aperçus à son service, je ne dis pas par-dessus la tête, mais entre les jambes de son colosse… Néanmoins, dans cette introduction, où je trouve trop d’aperçus encore, il est un point de critique, posé et discuté, qui valait bien la peine de l’être, et je ne puis m’empêcher de savoir un gré infini à François-Victor Hugo de l’avoir posé et discuté. […] Il pouvait donc, purement et simplement, exciper la non-authenticité du Henri VI, qui est un drame détestable, de cette infaillibilité de Shakespeare, opinion pour lui de dogme et de foi, et il a eu l’honnêteté, comme critique, de ne point le faire.

1719. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Gil Blas est respecté non seulement comme le chef-d’œuvre du roman et le génie du roman au xviiie  siècle, mais comme un chef-d’œuvre de l’esprit humain, et une telle opinion ne m’étonne pas, venant, comme elle vient, du xviiie  siècle… Pour mon compte, cela ne m’étonne nullement que le siècle qui admira cette brillante canaille de Casanova, d’Aventuros Casanova, comme l’appelait le prince de Ligne, ait trouvé Gil Blas une œuvre charmante et sublime. […] Le livre vivant, mouvementé, pétillant de feu par toutes ses facettes, de Paul Féval, ne laissera peut-être dans l’opinion que le sillage d’un livre brillant. […] Passionné comme un homme qui a une croyance, Paul Féval a, dans une opinion opposée, une vie de talent comparable à celle de Michelet et qui le distinguera des froids historiens de ce temps, qu’on pourrait appeler les Croquemorts de l’Histoire. — Morts debout, qui écrivent sur d’autres morts couchés dans la tombe ! […] Quant à l’histoire qu’il vient d’écrire, cette heureuse infidélité aux habitudes de toute sa vie et à l’emploi de ses facultés qui lui a si bien réussi, nous avons dit notre opinion sur le talent inattendu qu’il révèle, et que le livre Jésuites !

1720. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il professait en effet cette opinion que nous ne connaissons pleinement un écrivain que lorsque nous avons lu tout ce qui est sorti de sa plume, jusqu’au moindre billet. […] Et n’est-ce point ce que veut dire Sainte-Beuve quand il assure que « devant les opinions d’aujourd’hui, Vinet n’aurait qu’à monter d’une marche » ? […] Quoi de plus frivole que d’enlever à ce jugement toute espèce de conséquences et de réalité, et de mettre dans la bouche du Créateur une sentence de poète ou une opinion de journaliste ? […] C’est un grand allégement pour l’âme que d’être débarrassée de l’opinion de son mérite. […] Et ici, comment ne pas admirer cette espèce de courant qui fait dériver incessamment vers la vérité ceux que leurs opinions en éloignent le plus !

1721. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Différent d’opinion avec elle sur un point délicat qui touche à la réputation de l’antique Lesbienne, il s’exprime avec une politesse et une galanterie inusitées chez les commentateurs : « Mlle Le Fèvre, dit-il, a eu sans doute ses raisons pour n’être pas de ce sentiment, et il faut avouer qu’elle a donné au sien toute la couleur qu’il était possible de lui donner. » Enfin, de même que deux jeunes cœurs se font des signes d’une fenêtre à l’autre ou à travers le feuillage des charmilles, Mlle Le Fèvre et M.  […] Elle en écrivait son impression à une amie de son âge en des termes qui valent mieux qu’un jugement, et qui représentent le profit qu’en ont tiré des générations entières : J’ai promis, ma bonne Henriette, de le communiquer mon opinion sur l’Odyssée : je vais répondre à ton désir.

1722. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

On avait passé, ce semble, par toutes les phases d’opinions à son sujet, on avait fait le tour : après avoir écouté les témoins directs, les contemporains les plus émus, les plus intéressés et les plus contraires, on avait vu venir avec plaisir les historiens indépendants, ayant encore la tradition, mais sachant aussi s’en détacher et envisager les hommes et les choses du point de vue de la postérité. […] C’est l’opinion du maréchal Saint-Cyr.

1723. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Pour cela, il est trop à la merci de son courant général d’opinion ; ou, quand ce courant l’abandonne, il est trop à la merci de son auteur ; il ne réagit pas contre lui, il ne lui résiste pas. […] Si j’imitais pourtant M. de Pontmartin, qui tranche dans le vif quand il s’agit de nos admirations et de nos amours, je dirais hardiment qu’il a, en littérature, des opinions de position encore plus que de conviction : quand il écrit à la Revue des Deux Mondes, par exemple, ce n’est plus le même homme que quand il écrit dans l’Union ou dans le Correspondant.

1724. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

« Cette démarche a donné une bonne opinion du Comité d’Auteuil. » Les dons civiques continuent : le 12 brumaire an II (2 novembre 1793), la citoyenne Boufflers, avec sa bru, donne 100 livres, pour repas au détachement de l’armée révolutionnaire ; le 14 du même mois de novembre, elle faisait un don d’argenterie de plus de 90 livres. […] Je fus confirmé dans mon opinion en la voyant, après que le prince lui eut parlé, faire le tour du cercle, en faire les honneurs.

1725. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Benjamin Constant lui-même n’est point sans énergie ; les élections promettent, les ultra se taisent… Oui, mais les étrangers sont là, mais le Comité européen tient ses séances à Paris… » Vous aurez remarqué ces mots : Benjamin Constant lui-même … Ce grand citoyen avait fort à faire pour se relever dans l’opinion de sa palinodie des Cent Jours. […] La maladie avait donné à son esprit une agitation, une irritabilité toute fiévreuse qui le faisait sortir de sa sagesse habituelle, qui le liait avec des hommes dont il ne partageait pas les opinions contre ceux dont il était habituellement plus rapproché.

1726. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

La Mennais a mis à peine le pied sur la grande scène, qu’il conçoit l’idée d’un rôle bien différent, d’une action publique à exercer sur l’opinion, et il essaye d’y associer son aîné. […] Ce n’est pas connaître le monde, en effet, que de vivre jusqu’à l’âge de trente-deux ans au fond d’une campagne, n’ayant qu’un seul ordre étroit et sévère de rapports et d’intérêts moraux, de n’avoir jamais observé la société moderne dans l’infinie variété de ses conditions, de ses opinions, de ne s’être pas accoutumé de bonne heure à considérer de plain-pied les hommes nos semblables dans la diversité de leurs goûts, de leurs aptitudes, de leurs talents et de leurs mérites, dans les directions multipliées de leur, zèle et de leur ardeur, dans leur indifférence même, qui serait bien souvent de la sagesse si elle était plus réfléchie.

1727. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Tout dévoués au réel, à l’effectif, au vrai, ils ne sont pas privés pour cela d’une manière de beauté et de bonheur ; beauté nue, rigide, sentencieuse, expressive sans mobilité, assez pareille au front vénérable qui réunit les traits sereins du calme et les traits profonds des souffrances ; bonheur rudement gagné, composé d’élévation et d’abstinence, inviolable à l’opinion, inaccessible aux penchants, porté longtemps comme un fardeau, pratiqué assidûment comme un devoir, et tenant presque en entier dans l’origine à cette âpre et douloureuse circoncision du cœur, dont on reste blessé pour la vie. […] Que les Parsis, les Hindous, les races d’Orient, se soient rencontrés dans certaines croyances, diversement produites, de chute et de réparation, de sacrifice et d’attente, de baptêmes, de confessions, de nativités singulières, cela lui suffit encore, mais cette fois pour rejeter ; de sorte que la conformité d’opinion de quelques sages lui  paraît une preuve déterminante en morale, et que la convergence universelle des peuples vers certaines croyances ou pratiques lui paraît une objection victorieuse contre toute religion.

1728. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Vous me dites de lui des choses qui s’accordent fort bien avec l’idée que j’en ai, et qui me confirment dans une opinion que j’ai de tous les hommes, c’est qu’il n’y a pas de confiance entière possible à réaliser : les gens qu’on estime, on les craint, et on risque d’en être abandonné et méprisé en se montrant à eux tel qu’on est ; les gens qu’on n’estime pas comprendraient mieux, mais ils trahissent. […] La seule pensée que j’y aie cherchée, c’est la confiance dans l’amour présentée comme une belle chose, et la butorderie de l’opinion comme une chose injuste et bête. — J’avais, comme vous l’avez très-bien aperçu, commencé cette histoire de Saint-Julien dans d’autres vues, et les deux corps se joignaient fort mal.

1729. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Mais c’est là une opinion très incomplète, car il y a eu de plus un son produit ; des vibrations imprimées à l’air, non-seulement par le son, mais par le mouvement des corps ; il y a eu dérangement dans la position des molécules au point de collision ; par suite, condensation et dégagement de chaleur, quelquefois même étincelle, c’est-à-dire production de lumière. […] A s’en tenir aux opinions courantes, la science est considérée comme un mode de connaissance à part, sui generis, placée dans une région presque inaccessible, ayant des procédés de recherche qui lui sont propres, totalement étrangère (sauf dans ses applications) aux raisonnements et habitudes d’esprit de la vie commune.

1730. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

lui criai-je en me retirant d’entre ses bras, comme si je redoutais de voir se vérifier son opinion, je n’aimerai que M. d’Épinay. » — « Vous en aimerez d’autres, dit-elle en me retenant, et vous ferez bien ; trouvez-en seulement d’assez aimables pour vous plaire, et… » —  « Premièrement, lui dis-je, voilà ce que je ne trouverai point. […] De grâce, ne manquez pas votre vocation : il ne tient qu’à vous d’être la plus heureuse et la plus adorable créature qu’il y ait sur la terre, pourvu que vous ne fassiez plus marcher l’opinion des autres avant la vôtre, et que vous sachiez vous suffire à vous-même.

1731. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Ainsi donc, sans prétendre garantir l’opinion de Saint-Simon sur tel ou tel personnage, et en en tenant grand compte seulement en raison de l’instinct sagace et presque animal auquel il obéissait et qui ne le trompait guère, on ne peut dire qu’en masse il ait calomnié son siècle et l’humanité ; ou, si cela est, il ne l’a calomniée que comme Alceste, et avec ce degré d’humeur qui est le stimulant des âmes fortes et la sève colorante du talent. […] Si l’on avait du temps et de l’espace pour s’égayer, il y aurait mille choses curieuses et piquantes à dire à son sujet ; on rirait de son opinion sur Voltaire, sur tout ce qui était de robe ou de plume ; on rirait de ses entichements nobiliaires.

1732. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

L’auteur, oubliant que le véritable objet d’une tragédie était d’émouvoir et de toucher, s’est trop occupé d’avoir une opinion sur un fait qui sera toujours enveloppé de ténèbres parce qu’il est impossible d’y apporter aucune lumière. […] [NdA] Voir aussi le livre intitulé : Napoléon, ses opinions et jugements, par M. 

1733. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Ce n’était pas seulement l’opinion du Journal de Trévoux ou du Journal des savants, c’est celle de Voltaire lui-même. […] c’est sa maxime quand il ne se croit pas sûr des gens : Comme il ne connaissait pas mes intentions, et qu’il jugeait de moi sur l’opinion qu’il avait de la corruption universelle du monde, il ne pouvait s’empêcher de me soupçonner de me mêler de beaucoup de choses contraires à ses intérêts.

1734. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

La réprobation qui, pendant de longues années, a pesé sur le nom du maréchal et qui a contristé son cœur, cette opinion de 1814, qui était venue se ranimer et se confirmer si fatalement en 1830, ne s’est conservée à l’état de préjugé populaire que chez ceux qui négligent tout examen : ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait encore quelque chose à faire pour porter une pleine lumière dans bien des esprits. […] On s’occupa de tout remonter, et l’opinion de l’armée me récompensa de ce succès. — Toutes ces dispositions, dit Napoléon à son tour, se firent avec tant d’intelligence par les généraux d’artillerie Gassendi et Marmont, que la marche de l’artillerie ne causa aucun retard.

1735. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il reconnaît lui-même qu’il était peu propre aux emplois et à ce qu’on appelle une profession ou un état : Ce qui m’a toujours donné une assez mauvaise opinion de moi, disait-il, c’est qu’il y a fort peu d’états dans la république auxquels j’eusse été véritablement propre. […] [NdA] Montesquieu est de la même religion que Polybe lorsque ce dernier parle si bien de la bonne influence de l’opinion religieuse sur la moralité des Romains : « C’est donc avec grande raison que les anciens ont répandu parmi le peuple qu’il y avait des dieux, etc. » 14.

1736. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Il entre cependant lui-même dans une sorte de détail de ces regles touchant les principales parties du discours, & ce qu’il dit, peut faire plaisir à ceux mêmes qui ne seroient pas de son opinion. […] Entr’autres opinions singulieres que l’on trouve rêpandues dans cet écrit, on est étonné que l’auteur y soutienne celle-ci, que les Chrétiens sages & éclairés croient qu’il vaut mieux écouter un beau & bon Sermon pour mieux pratiquer les vertus, que de demander à Dieu la grace de bien pratiquer ces vertus ; & il ose traiter ceux qui pensent différemment, d’Idolâtres, de Payens, de Quakers, & de Fanatiques ignorans.

1737. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Mais la publication qu’a faite dernièrement M. de Lescure des œuvres choisies de Rivarol, a modifié beaucoup, j’en conviens, mon opinion sur l’autre gloire qui doit revenir à Rivarol, — à cet homme qui ne fut pas seulement, après tout, qu’un improvisateur sublime, le Génie spontané et prodigieux de la causerie, et chez qui la conversation, si feu du ciel et foudre qu’elle ait été, n’a pas cependant tout dévoré de ses autres supériorités. […] À distance, et dans l’état de l’opinion sur Rivarol, l’aurait-on dit ?

1738. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

En effet, et pour ne pas toucher à la question morale qui, pourtant, double toutes autres questions littérairement, et au point de vue du talent seul, Heine a frappé et diminué le sien avec les opinions qu’il a fait régner sur sa vie. […] … Et quelle meilleure raison de le croire et de l’espérer que de le voir fouler aux pieds avec un mépris presque joyeux toutes les idées, les opinions et les passions de sa jeunesse ?

1739. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

En ces Études d’histoire religieuse, la négation dans le détail n’est ni plus imposante ni plus forte que l’affirmation dans les points de départ et les conclusions, de sorte que le livre, qui contient ces travaux construits avec tant de petites notions si laborieusement accumulées et qui se maintient avec tant de peine, entre toutes les opinions, dans un équilibre favorable à son influence, croule, pour peu qu’on le touche d’une main ferme, de tous les côtés à la fois ! […] Seulement il faut bien essayer de justifier n’importe comment ce qu’on voudrait faire accepter à l’opinion Les moyens employés à cette fin par M. 

1740. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

» Ainsi d’écho en écho retentit la question éternelle, unique matière de la religion, de la poésie et de la science, poursuivie par toutes les puissances de l’homme « qui, alarmées, demandent, invoquent la lumière, comme les lèvres du voyageur altéré appellent la source dans le désert. » Mais jamais elle ne reparaît plus impérieuse que dans des temps comme les nôtres, où les anciennes réponses niées ou combattues laissent l’âme en proie au tourment du doute, battue par le vent des opinions contraires, ébranlée et arrachée à tous ses appuis. […] Opinion de Descartes.

1741. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.

1742. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Mais c’est le seul moyen de ne pas construire à faux après avoir raisonné à vide, et je me promis que, pour moi du moins, si j’entreprenais un jour de chercher une opinion politique, ce ne serait qu’après avoir étudié la France.

1743. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Le plus triste, c’est que cette opinion des béotiens n’est pas sans avoir déteint sur la génération nouvelle.

1744. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Cette santé devint sa marque dans l’opinion commune.

1745. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline.

1746. (1890) L’avenir de la science « XX »

C’est de la littérature amusante ; ce sont des feuilletons, des romans, des pièces spirituelles où l’on flatte ses opinions, des beautés appétissantes.

1747. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Mon opinion est que sa valeur montera par suite de la rareté de la denrée.

1748. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Le prophète Malachie, dont l’opinion en ceci fut vivement relevée 562, avait annoncé avec beaucoup de force un précurseur du Messie, qui devait préparer les hommes au renouvellement final, un messager qui viendrait aplanir les voies devant l’élu de Dieu.

1749. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Dans ce conflit peu étonnant de diverses opinions, Boileau se déclare aussitôt le défenseur de la pièce, par des stances adressées à Molière : il la loue sans restriction, et en déprime tous les censeurs sans exception.

1750. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Je sais que toute fausse opinion se trouve condamnée à l’avance, qu’elle porte en elle le principe de sa corruption, que sa substance même est mortelle, qu’elle se dissipera comme une cendre aux vents.

1751. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

À vingt ans, il avait des opinions républicaines et une grande barbe, et il portait un chapeau pointu couleur feuille morte, disait : « mon parti », écrivait dans la Liberté de penser, rédigeait de terribles articles contre l’inquisition, et prêtait de l’argent au philosophe X… Tel était notre jeune cousin, Pierre-Charles, comte de Villedeuil.

1752. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il s’en faut bien que les Anglois aient toujours eu la même opinion du poëte qu’ils placent au-dessus de tous les poëtes épiques.

1753. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Leur opinion commença à prévaloir dans les esprits.

1754. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Il seroit aisé de la lui rendre, quelques rares que soient les talens supérieurs, si les avocats redoubloient de délicatesse sur l’honneur, sur les bienséances, sur l’attention à ne tourner en ridicule & à ne diffamer personne ; s’ils ne s’injurioient point, comme il est de règle, à haute voix, pendant que les juges sont aux opinions ; s’ils ne se chargeoient pas indifféremment de toutes sortes de procès*.

1755. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

On nous rendra cette justice que nous discutons nos adversaires sans haine et sans colère : nous serions plutôt disposé à leur savoir gré de nous fournir l’occasion d’étudier les choses de plus près, et de nous rendre mieux compte de nos propres opinions.

1756. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Quiconque, selon l’expression des Pères, n’eut avec son corps que le moins de commerce possible, et descendit vierge au tombeau ; celui-là, délivré de ses craintes et de ses doutes, s’envole au Lieu de vie, où il contemple à jamais ce qui est vrai, toujours le même et au-dessus de l’opinion.

1757. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Avec quel respect, avec quelle magnifique opinion, les écrivains du siècle de Louis XIV ne parlent-ils pas toujours de la France !

1758. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

… Le goût peut varier, en effet, et l’on peut changer d’opinion sur les beautés ou les défauts d’un ouvrage ; mais, quels que soient ces beautés ou ces défauts, le goût consiste et consistera toujours dans la faculté de les sentir.

1759. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Nous lui devons les plus belles études qui aient été publiées de notre temps sur les grands auteurs classiques des dix-huitième et dix-neuvième siècles, à tous les points de vue, son opinion m’était donc précieuse.‌

1760. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Renan, l’opinion s’impose qu’il ne fut jamais moins catholique que dans cette période.

1761. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Les milieux de grande culture variée où il allait se développer ne firent que fournir une riche abondance d’arguments aux opinions qu’il avait dans le sang.‌

1762. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Les monarques veulent suivre l’équité naturelle dans l’application des lois, et se conforment en cela aux opinions de la multitude.

1763. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Après les remarques diverses que nous avons faites dans ce chapitre sur tant d’expressions élégantes de l’ancienne jurisprudence romaine, au moyen desquelles les feudistes corrigent la barbarie de la langue féodale, Oldendorp et tous les autres écrivains de son opinion doivent voir si le droit féodal est sorti, comme ils le disent, des étincelles de l’incendie dans lequel les barbares détruisirent le droit romain.

1764. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

OPINIONS. […] Gustave Flaubert C’est maintenant une opinion généralement reçue dans la critique moderne que cette antithèse du corps et de l’âme qu’expose si savamment dans toutes ses œuvres le grand auteur de Notre-Dame . […] Paul Adam Mon opinion n’a point varié, je l’avais seulement dite en une forme un peu rude.

1765. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Au reste, j’en suis maintenant là que je vois, ce me semble, assez bien de quel biais on se doit prendre à faire la plupart de celles qui peuvent servir à cet effet : mais je vois aussi qu’elles sont telles, et en si grand nombre, que ni mes mains ni mon revenu, bien que j’en eusse mille fois plus que je n’en ai, ne sauraient suffire pour toutes ; en sorte que, selon que j’aurai désormais la commodité d’en faire plus ou moins, j’avancerai aussi plus ou moins en la connaissance de la nature : ce que je me promettais de faire connaître par le traité que j’avais écrit, et d’y montrer si clairement l’utilité que le public en peut recevoir, que j’obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c’est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux, et non point par faux semblant, ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu’ils ont déjà faites, qu’à m’aider en la recherche de celles qui restent à faire. […] « et de ne suivre pas moins les opinions les plus douteuses lorsque je m’y serais une fois déterminé… Ne suivre pas moins les opinions les plus douteuses lorsqu’il s’y serait une fois déterminé, … voilà qui scandalisera tout homme qui n’est pas philosophe et tout homme qui n’a pas de culture.

1766. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le lien qui rattache un auteur à ceux qui achètent ses œuvres est d’autant plus lâche qu’ils sont pour lui des inconnus et se divisent en groupes différents de goûts et d’opinions. […] A ne voir que l’apparence, la presse semble être la reine de l’opinion et par conséquent du monde contemporain. […] Il est rare aujourd’hui qu’un journal soit seulement l’organe d’une opinion, le moyen d’expression d’un groupe politique.

1767. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

— C’est une opinion généralement adoptée parmi les naturalistes que les croisements entre espèces distinctes sont frappés de stérilité en vertu d’une loi spéciale, afin d’empêcher le mélange et la confusion de toutes les formes vivantes. Au premier abord, cette opinion semble, en effet, très probable, car les espèces qui vivent dans une même contrée demeureraient bien difficilement distinctes, s’il leur était possible de croiser librement. […] D’après une opinion dont Pallas a été le promoteur, et qui a été adoptée depuis par beaucoup de naturalistes, la plupart de nos animaux domestiques descendent de deux ou plusieurs espèces sauvages mélangées par voie de croisement.

1768. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Saint-Simon fut élevé dans ces enseignements ; ses premières opinions furent contraires aux opinions utiles et courantes ; le mécontentement était un de ses héritages ; il sortit frondeur de chez lui. […] Il écrivait seul, en secret, avec la ferme résolution de n’être point lu tant qu’il vivrait, n’étant guidé ni par le respect de l’opinion, ni par le désir de la gloire viagère.

1769. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

La Rochefoucaut reclama cette opinion, qui forme toute la base de ses Pensées. […] Après bien d’autres argumens réciproques, chacun resta dans son opinion. […] Gassendi se glorifiait d’avoir rétabli l’opinion des atômes & du vuide, opinion que beaucoup de modernes se faisaient honneur d’appuyer. […] On peut, sans doute, embrasser une opinion qu’il a soutenue & que le raisonnement confirme. […] Quelquefois il résiste à l’opinion.

1770. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Ses opinions, nonobstant, ou plutôt à cause de cela, ne manquaient aucunement de netteté. […] Je n’ai qu’une opinion, moi : c’est la synthèse. […] Elle était trop conciliatrice pour être chef d’opinion. […] Du reste, c’est mon opinion générale sur elle, qu’elle nous rend d’un côté ce qu’elle nous fait perdre d’un autre. […] Lang sait ne pas douter et avoir une opinion ferme.

1771. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le silence est aussi une opinion. […] Tout cela très simplement dit, et en me remerciant de mes opinions comme de politesses. […] Quant à mes opinions, je ne les renie pas. […] Ceci n’est qu’une opinion personnelle, et je reviens à Hector Malot. […] Un seul eut alors (je parle de 1865) le courage de son opinion : ce fut M. 

1772. (1897) Aspects pp. -215

Très vite il s’aperçut du néant des revendications d’ordre politique et de la perte d’énergie qui résultait des controverses sur des nuances d’opinion. […] Ernest, leurs conversations, leurs opinions ne nous importent pas plus que celles de MM.  […] Si je suis loin de partager toutes ses opinions, je les estime toujours. […] Cela, babille, cela jabote, cela se piète — cela se permet d’avoir des opinions. […] Avez-vous davantage cure des opinions de Doumic quand il délaisse un instant tant d’hommes remarquables, pour tenter des jugements sur la littérature vivante ?

1773. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

. — Nous venons, disions-nous, remplir dans le journalisme littéraire un rôle d’une nouveauté assez originale exprimer une opinion libre et franche sur les écrivains et les œuvres de notre temps. […] Néanmoins il s’en fallut que nous fussions pleinement convaincu à l’endroit de leur génie ; nous attendîmes que le temps nous fît là-dessus une opinion. — Le temps a marché, — et il a changé bien des choses. […] Au reste, si vous teniez absolument à vous faire une opinion sur la manière de l’écrivain, je puis vous donner le secret de ce style renouvelé du plus beau temps des Précieuses, et qui semble à chaque phrase prêt à se pâmer. […] Lisez la Chanteuse des rues, Vieille histoire, les Douleurs d’un nom, je vous défie de n’être pas de mon opinion. […] Pour mon compte, je me range à l’opinion de ceux qui veulent qu’un chef-d’œuvre ne soit jamais une œuvre immorale.

1774. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

D’autre part, l’opinion généralement adoptée que la quantité de variation possible chez une espèce est strictement limitée, n’est pareillement qu’une généralisation tout à fait hypothétique. […] D’abord, j’ai recueilli un ensemble considérable de faits montrant, d’accord avec l’opinion presque universelle des éleveurs, que parmi les animaux et les plantes un croisement entre des variétés différentes ou entre des individus de la même variété, mais d’une autre lignée, rend la postérité qui en naît plus vigoureuse et plus féconde ; et que d’autre part les reproductions entre proches parents diminuent d’autant cette fécondité et cette vigueur. […] Cette opinion soulève, je le sais, quelques difficultés que je m’efforce actuellement de résoudre. […] Laissant de côté les espèces polymorphes, dont les innombrables variations ne paraissent ni avantageuses ni nuisibles aux individus chez lesquelles elles se manifestent, et qui ne sont jamais devenues fixes ; laissant de côté aussi les déviations temporaires, telles que l’albinisme, etc., j’ai l’opinion que les variétés et leurs souches mères habitent, en général, soit des stations distinctes, telles que les montagnes et les plaines, les lieux humides ou les lieux secs, soit enfin des régions séparées. […] Il ne nous appartient pas de juger ici de la valeur des expériences et des opinions de M. 

1775. (1920) Action, n° 2, mars 1920

J’ai passé la borne où le voyageur lit en lettres de feu qu’il a fait la moitié du chemin ; et pourtant il me semble que j’en sois à mes débuts, si l’on en juge au traitement que me réserve l’opinion de mon siècle. […] Arnolphe et Alceste ne sont séparés de la tragédie que par le fil de l’opinion : si l’on ne se moquait pas d’eux, ils seraient profondément tragiques. […] On affirme généralement que Han Ryner est « Individualiste » et « Anarchiste » pour, précisément, individualiser au sens péjoratif, ses opinions sociales. […] Lorsque l’auteur changera d’opinion, il remplacera mépris par n’importe quel autre mot à son gré, et le bouquin resservira, verni à neuf et amélioré. […] J’eus pourtant aimé qu’on se dispensat de me présenter les opinions de Jean Royère ou de quiconque, pour m’enseigner ce que je dois penser de la poésie André-Salmonne en elle-même, et dans son évolution.

1776. (1885) L’Art romantique

Beaucoup de gens, vous le savez, monsieur, s’étonnaient de la sagesse de ses opinions écrites et de la modération de son style, les uns regrettant, les autres approuvant. […] Il y avait même en lui quelque chose, comme style, manières et opinions, de Victor Jacquemont. […] Ai-je besoin de vous dire que le même esprit de sagesse ferme et méprisante inspirait les opinions de M.  […] De quelques opinions particulières de Chenavard. […] Quelques-uns, même parmi les écrivains, peuvent ne pas partager mon opinion.

1777. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Je tâche aussi de m’expliquer à moi-même et à mes semblables ; car je n’ai de moi une opinion ni assez mauvaise ni assez vaine pour me croire une exception morale à mon époque parmi les gens de lettres. […] La postérité est naturellement de l’école des formules sommaires et des opinions toutes faites. […] Brunetière dit, de son côté : « C’est une opinion très répandue, de nos jours, que la critique et l’histoire ne seraient qu’une perpétuelle matière de contradictions, de disputes et d’incertitudes. Cette opinion n’est pas aussi fausse, elle est beaucoup plus fausse que l’opinion contraire47. » Tour d’une concision un peu compliquée, mais dont le sens développé doit être que, l’une et l’autre opinion contenant une part d’erreur et une part de vérité, les proportions sont fort inégales dans la thèse du scepticisme et dans la thèse contraire, bien moins fausse que l’autre, sans être pourtant toujours vraie. […] Bien fou l’individu qui oserait opposer sa petite opinion personnelle au jugement unanime du genre humain !

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