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1744. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés.

1745. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

La réputation qu’il avoit, & qu’on croyoit usurpée, l’accueil qu’on lui faisoit, l’espèce d’empire qu’il s’étoit établi dans la littérature, révoltèrent tous les esprits, & les ramenèrent à un illustre banni dont le mérite ne causoit plus d’ombrage.

1746. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Dites que mon christianisme est erroné, si vous voulez, c’est précisément ce que les catholiques disent du vôtre ; mais ne dites pas que mon christianisme ne mérite pas un tel nom.

1747. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

La mère n’en a nullement l’expression ; l’enfant ne mérite pas mieux, tant il est maigre et sec.

1748. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Les italiens qui évitent autant qu’ils le peuvent de nous donner des sujets de vanité, peut-être parce qu’ils se croïent tous chargez du soin de notre conduite, ont rendu justice au mérite de nos poetes.

1749. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Pourquoi Bossuet eût-il nié le mérite d’un ouvrage indifférent comme Télémaque, lui qui, en pleine polémique du Quiétisme, disait impartialement de Fénelon : « Il brille d’esprit, il est tout esprit, il en a plus que moi. » L’accusation ne tient pas debout.‌

1750. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

« L’esthopsychologie, nous dit-il (p. 21), n’a pas pour but de fixer le mérite des œuvres d’art et des moyens généraux par lesquels elles sont produites ; c’est la tâche de l’esthétique pure et de la critique littéraire.

1751. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Aujourd’hui, nous avons à mettre en regard avec le premier le second mérite de Mme de Girardin et à examiner les deux volumes où la femme d’esprit apparaît avec un tel mouvement, un tel étincellement, une telle vie, qu’elle emporte tout, comme l’hirondelle « Emporta toile et tout, « Et l’animal pendant au bout ! 

1752. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Assurément, Tallemant des Réaux ne mérite pas l’honneur qu’on lui fait on ne sait pourquoi.

1753. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

X C’est criminel, en effet, gratuitement criminel, car il est toujours aisé de se tenir tranquille et de se taire, — de laisser passer, sans y répondre, une thèse vraie dans sa ferme généralité ; il est toujours aisé de vivre dans un sort honnête et obscur, ou même éclatant, si on a vraiment du mérite et si on est taillé pour la gloire, sans que l’impudence d’une révélation sinistre vienne tout à coup répandre une vile lumière autour de soi.

1754. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Il convient d’une préciosité de bourgeoisie et de province, qui méritait, dit-il, tout sur ce point : « les piquants tableaux de Molière et de Saumaise » ; mais celle-là dont l’hôtel de Rambouillet fut le berceau et le théâtre, c’est-à-dire celle des femmes de la ville et de la cour, ne mérite que l’intérêt et le respect de l’histoire.

1755. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

— mais toute cette chicane faite à l’histoire, dans les coins et recoins de ses détails, mérite-t-elle l’attention de ceux qui recherchent ces bas et petits côtés des grandes questions ?

1756. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Ce crochet est un mot heureux, car il contient un blâme, — le blâme que mérite toute tortuosité, — mais véritablement les plaisanteries d’un homme à sa maîtresse, avec qui on est toujours un peu fanfaron de vices, ne prouvent rien, et tout ce qu’on sait de la vie de Henri et de sa persistante ambition politique, appuie cette idée du crochet.

1757. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Ils ne le racontaient pas pour le raconter, et ils ne le peignaient pas pour le bonheur et le mérite stériles de le peindre.

1758. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Trente-six autres depuis, et dont pas un seul ne mérite l’énorme réputation dont tous jouissent, lui valurent d’être le roi absolu — le Re netto — de l’esprit au xixe  siècle.

1759. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

C’est là l’originalité et le mérite du livre de M. d’Héricault.

1760. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Est-ce une raison pour que l’Histoire ne la juge pas et ne la caractérise pas comme elle le mérite ?

1761. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

L’homme n’existe dans ses mérites divins que par le cœur et par l’esprit, et les lettres d’amour de Balzac devaient être publiées, parce qu’elles importent au Cœur humain comme le système de la gravitation importe à l’Esprit humain, et devrait être publié si, Newton mort, il était resté inédit.

1762. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Le regard, en effet, la pénétration, le bon sens dans son inflexible droiture, toutes les qualités aiguisées et affilées de cet esprit coupant et poli comme le verre, et ce n’est pas tout, l’habituelle pensée de l’éternité qui est en elle comme en Pascal, mais qui la trouble moins que ce poltron sublime et qui lui donne une intuition si supérieure des misères et des vanités de la vie, voilà ce qui fait l’originalité et le mérite de Madame de Créqui, et ce que Sainte-Beuve, le croirait-on ?

1763. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

À ses yeux, le mérite d’Hoffmann, la preuve de son génie, c’est ce qu’il y a d’inexprimé et d’inexprimable dans ses écrits.

1764. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

À côté de cette découverte et de cette interprétation qui nous fait voir une grande figure sous un angle oublié, nous n’avons rien trouvé dans ces trois volumes d’un mérite égal et d’un charme aussi pénétrant.

1765. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Je ne veux pas diminuer le mérite de Cousin.

1766. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Nul livre dans la littérature contemporaine n’est, sur les phénomènes magnétiques à l’ordre du jour, plus renseigné que celui-là, et nul ne mérite d’être compté davantage aux yeux de ces sortes d’hommes, sans hardiesse et sans puissance logique, qui ne veulent jamais voir que les faits seuls dans toutes les questions.

1767. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

IV Je voudrais pouvoir citer ces deux pièces pour donner une idée de la poésie de Gères quand elle atteint son point culminant, — son zénith ; je voudrais citer aussi l’Incerta et occulta, non moins belle, mais je suis arrêté par un des mérites de ces pièces la longueur, la puissance du souffle… L’Arbre devenu vieux n’a pas moins de cent dix-neuf strophes… Or, ces longues poésies sont venues et sont faites comme les roses, pour lesquelles Dieu ne s’est pas repris… Les feuilles d’une rose ne sont plus la rose ; des vers pris à des poésies bien venues n’en donnent ni le mouvement, ni l’unité, ni la vie !

1768. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

A côté de son individualité, il y a celle de son traducteur, qui — en dehors de sa traduction — a fait œuvre d’histoire pour son propre compte et à sa manière, et cette manière est telle qu’elle mérite que la Critique s’y arrête, pour la bien caractériser.

1769. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Or, la question d’une telle anomalie mérite d’être posée par la Critique ; car c’est presque là une question de pathologie littéraire.

1770. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Sainte-Beuve se dérobait à ce mérite.

1771. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Quoique toute âme mérite son coup de pinceau ou son coup de lumière, pour certaines âmes cependant il faut que le coup de pinceau soit vite donné, que le coup de lumière n’ait pas plus que la durée d’un éclair !

1772. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Voudrai-je que les biens, spirituels ou matériels, leur soient départagés en lots uniformes, ou en lots proportionnés, soit à leurs besoins, soit à leurs mérites, soit à leurs œuvres ?

1773. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Son principal mérite fut de n’avoir presque aucun des préjugés qu’on a sur le trône : c’est par là surtout qu’elle parut supérieure à son rang.

1774. (1894) Critique de combat

Fouillée n’est pas un philosophe anglais ; mais peut-être mérite t-il quand même quelque considération. […] Et pourtant je lui en veux d’avoir été déçu par son livre et, comme son talent mérite l’hommage d’une critique sérieuse et sincère, je vais tâcher de dire mes raisons. […] Vos disciples (car vous en avez eu au moins trois ou quatre) nous ont alors prêché les mérites de la foi même sans objet, de la religion même sans dogmes. […] Son livre n’en a pas moins le rare mérite de condenser en peu de pages une somme d’arguments considérable, et de finir sur des conseils très sages. […] C’est un poète qui a un nom et même qui le mérite.

1775. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Le premier en Angleterre il a proclamé le mérite du poète américain Walt Whitman, dont l’art sauvage et toute l’inspiration étaient à l’opposé du sien. […] Et ce sont ces documents qu’il a légués à Griswold, les considérant sans doute comme les meilleurs témoignages de son mérite littéraire. […] Je n’ai pas rencontré un seul Hollandais instruit qui ne fût au courant du mouvement littéraire de son pays, et qui ne pût me renseigner en détail sur l’œuvre et le mérite de tel ou tel écrivain. […] Et c’est encore un des mérites du livre de M.  […] Mais aucune ne mérite même d’être prise au sérieux.

1776. (1910) Rousseau contre Molière

L’homme imprudent, pour qui votre cœur sollicite, Dans son revers fâcheux n’a que ce qu’il mérite. […] Notez encore que s’il vous naît un fils, il se peut qu’il soit d’un sang à vous couvrir de gloire par sa bravoure et son mérite. […] Tel est Molière, — C’est précisément ce que je lui reproche, dira Rousseau. — Soit ; mais comme auteur dramatique il a ses excuses et en soi il ne mérite pas le mépris ni même la colère. […] Il est vrai que le bon Arnolphe n’a aucun mérite intellectuel ni aucun talent propre à éblouir. […] Si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe ; son mérite est dans sa puissance ; il plaît par cela seul qu’il est fort.

1777. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Joaquin Rubio y Ors, mais avec un mérite fort inégal, s’était distingué, plutôt comme styliste que comme chercheur et comme critique, un écrivain madrilène digne d’estime, M.  […] Castelar, murmurent quelques-uns, — et pour amener semblable entente, en dépit des divergences politiques et religieuses, il faut bien que le mérite soit rare. […] La poésie ecclésiastique, quel qu’en soit le mérite et a valeur, œuvre multiple, où le poète parle, non en son nom personnel, mais au nom de la foule, n’a pas davantage le caractère mystique. […] je ne te demande rien, pourtant, car je ne mérite que la mort ! […] Nous sommes ainsi faits, nous autres Français, qu’il faut que le mérite aveugle les yeux pour nous décider à l’apercevoir.

1778. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

C’est un des côtés par où elle diffère le plus des littératures précédentes ; c’est une des raisons pour lesquelles elle mérite le plus le blâme et la flétrissure. […] Je dis ici tout haut ce que, depuis longtemps déjà, disaient tout bas beaucoup d’honnêtes gens ; à l’appui de mon dire j’apporte les preuves, je produis les textes ; voilà toute la nouveauté, voilà tout le mérite de ce livre, si mérite il y a. […] D’ériger cet amour, si profond et si désintéressé qu’il soit, en mérite, en vertu, voilà ce qu’il est étrange, inouï d’avoir imaginé ! […] on lui fait préconiser l’amour humain, et placer le mérite dans ses excès mêmes et ses déportements, quand c’est l’amour divin qu’elle enseigne et dont elle veut montrer l’excellence et le prix inestimable devant la miséricorde suprême. […] Quand toutes deux sont aux prises avec la vie, pensez-vous que celle-là mérite plus de gloire qui a eu moins de peine174 ? 

1779. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Et c’est aussi le mérite que les étrangers sont le moins capables d’apprécier. […] J’ai voulu prouver que nous savions avouer nos faiblesses, apprécier les mérites de nos voisins et en profiter dans la mesure de nos forces. […] Il collaborait à un Dictionnaire de Médecine, il traduisait de l’anglais l’Histoire de Grèce de Stanyan et l’Essai sur le mérite et la vertu de Shaftesbury. […] La foule considéra le livre de l’Allemagne comme un roman, comme un livre d’imagination qui exagérait à dessein les mérites germaniques. […] Bouchardy n’était cependant pas sans mérite.

1780. (1888) Études sur le XIXe siècle

Comme une éponge dans un baquet, Victor Hugo a absorbé tout ce qui l’entourait, et son mérite est d’avoir rendu à larges flots ce qu’il avait aspiré goutte à goutte. […] Jusqu’à présent, le premier volume de la série a seul paru, mais il constitue une œuvre qui mérite l’attention. […] Tronconi publia, sous le titre intraduisible de Caro Fuoco, une histoire d’amour très douce et très passionnante, d’un mérite artistique supérieur à celui des précédents ouvrages. […] Car, de même qu’il aime la nature en pleine lumière, M. de Amicis l’aime en plein repos, et il l’avoue dans son sonnet à la mer, qui, à ce point de vue, mérite d’être cité : « Salut, ô grande mer ! […] Loin d’être “chef de l’école” par priorité ou par mérite, je puis à peine me reconnaître comme y appartenant, si le style du peu que j’ai fait en peinture venait à être comparé avec les ouvrages des autres peintres nommés préraphaélites.

1781. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Car contrefaire et dissimuler, c’est mettre sur soi l’apparence de quelque mérite. […] Pendant dix pages, l’idée déborde en une seule phrase continue du même tour, sans crainte de l’entassement et de la monotonie, en dépit de toutes les règles, tant le cœur et l’imagination sont comblés et contents d’apporter et d’amasser toute la nature comme une seule offrande « devant celui qui, par ses nobles fins et sa façon obligeante de donner, surpasse ses dons eux-mêmes et les augmente de beaucoup ; qui, sans être contraint par aucune nécessité, ni tenu par aucune loi ou par aucun contrat préalable, ni conduit par des raisons extérieures, ni engagé par nos mérites, ni fatigué par nos importunités, ni poussé par les passions importunes de la pitié, de la honte et de la crainte, comme nous avons coutume de l’être ; ni flatté par des promesses de récompense, ni séduit par l’attente de quelque avantage qui pourrait lui revenir ; mais étant maître absolu de ses propres actions, seul législateur et conseiller de lui-même, se suffisant, et incapable de recevoir un accroissement quelconque de son parfait bonheur, tout volontairement et librement, par pure bonté et générosité, se fait notre ami et notre bienfaiteur ; prévient non-seulement nos désirs, mais encore nos idées, surpasse non-seulement nos mérites, mais nos désirs et même nos imaginations, par un épanchement de bienfaits que nul prix ne peut égaler, que nulle reconnaissance ne peut payer ; n’ayant d’autre objet en nous les conférant que notre bien effectif et notre félicité, notre profit et notre avantage, notre plaisir et notre contentement833. » La force du zèle et le manque de goût : tels sont les traits communs à toute cette éloquence. […] Par quelle magie la noblesse peut-elle ainsi changer le vice en vertu, je ne le sais pas, et je ne souhaite pas le savoir ; mais en tout autre sujet que la politique, et parmi toutes autres personnes que des lords de la chambre à coucher, un tel exemple de la plus grossière perfidie serait flétri, comme il le mérite, par l’infamie et l’exécration866. […] Pauvre, inconnu, ayant dépensé sa jeunesse à compiler pour les libraires, il était parvenu, à force de travail et de mérite, avec une réputation pure et une conscience intacte, sans que les épreuves de sa vie obscure ou les séductions de sa vie brillante eussent entamé son indépendance ou terni la fleur de sa loyauté.

1782. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

VIII Le principal mérite de ces Essais russes de Tourgueneff est de nous faire connaître, classe par classe, homme par homme, les mœurs encore peu connues de l’immense population de l’empire. […] — Marlinski est certainement un écrivain de mérite, répliqua Boris. […] Mais tu ne mérites pas le pain que tu manges ! […] Dieu seul sait ce que je vaux et si je ne mérite pas le pain qu’il me donne. […] Cet homme, dont le principal mérite consistait à porter des bottes à semelles fines, et à tâter délicatement le pouls de sa noble cliente, dormait quatorze heures sur vingt-quatre, soupirait le reste du temps, et administrait sans cesse à la baruinia des gouttes de laurier-rose.

1783. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Cependant, pour fixer les idées, et sans attacher à une date plus d’importance qu’elle n’en mérite, on peut dire que la crise où nous sommes est devenue publique, intéressante pour tous, et a saisi l’opinion à peu près avec les premiers ouvrages de deux brillants esprits, M.  […] Quant à la nature de la cause première, s’il y a une philosophie qui mérite l’accusation de réaliser des abstractions et d’invoquer des qualités occultes, c’est celle qui attribue à la nature un instinct, qui lui prête des facultés poétiques, qui demande comme un postulat nécessaire « la tendance au progrès », c’est la philosophie de M.  […] Si l’école de Locke, de Condillac, de Destutt de Tracy, de Mill, a un mérite, c’est l’horreur des abstractions réalisées. […] Plus la science est élevée et sérieuse, moins elle est accessible à la foule ; mais si le mérite philosophique consiste dans la recherche sévère, abstraite, entièrement désintéressée des principes et des causes, si le philosophe doit étudier les questions en elles-mêmes et ne s’élever à la solution que par un lent et laborieux enfantement, si, évitant de parler aux passions, ne cherchant pas le succès, ne songeant ni à plaire ni à déplaire, il n’a d’autre ambition que de se satisfaire soi-même (au risque de ne pas satisfaire tout le monde), si ce sont là les rares qualités du métaphysicien, on ne saurait contester ce titre à un philosophe dont nous ne partageons pas toutes les doctrines, mais qui mérite plus qu’aucun autre le respect et l’examen, M. 

1784. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Je n’exile pas le sens, lequel, d’ailleurs, reviendrait au galop ; je lui laisse tout son mérite propre, sa fonction normale, qui doit être — ne croyez-vous pas ? […] M. l’abbé H B vient de reprendre cette idée valéryenne… il établit… que la poésie est sans rapport (direct et nécessaire) avec le sens intellectuel du poème, qu’elle ne l’exclue pas, « bien entendu », mais qu’elle existe en dehors de lui… ce n’est pas son sens qui fait le mérite d’un vers royal comme : la fille de Minos et de Pasiphaé …et comme tant de vers sonores du père Hugo, qui ne contiennent rigoureusement que des noms propres…et la poésie populaire. […] qui coronando merita, coronas dona tua : en couronnant, seigneur, nos mérites, ce sont vos propres dons que vous couronnez. […] Barthélemy, p. 254.) savourez encore ces passages : ne nous est-il pas compté comme un mérite, comme une preuve de ce que nous appelons une « nature poétique », le fait de reconnaître que tout objet a « une divine beauté en lui » ; que tout objet est encore véritablement « une fenêtre à travers laquelle nous pouvons plonger dans l’infinitude elle-même. » (les héros, trad. […] « le chant doit produire de l’enchantement. » il faut pour qu’un spectacle soit beau, qu’on croie imaginer ce qu’on y entend, ce qu’on y voit, et que tout nous y semble un beau songe. les arts ont pour mérite unique, et tous doivent avoir pour but, de faire imaginer des âmes par le moyen des corps.

1785. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

En tête d’un fragment traduit de la Théogonie d’Hésiode (la bataille des Dieux et des Titans) il se livre à des réflexions approfondies et vives sur le mérite propre de cette poésie d’Hésiode, surtout dans les Travaux et les Jours ; il la met presque au-dessus de celle d’Homère pour une certaine sincérité et ingénuité incomparable (schiettezza), il incline fort à la croire du moins supérieure en âge, et à ce propos il s’étend sur les conditions diverses qu’exige la traduction des poëtes anciens. […] L’éclair de désir passionné qui se reflète si vivement dans la pièce à Aspasie ne mérite pas le nom d’amour. […] Ç’a été par suite de ce même courage, qu’étant amené par mes recherches à une philosophie désespérante, je n’ai pas hésité à l’embrasser tout entière, tandis que, de l’autre côté, ce n’a été que par effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés du mérite de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières, et que l’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement.

1786. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Pénétrés de la conscience de leur propre mérite, ils n’ont garde de se confiner tout entiers dans l’étroitesse de leur rôle de gueux, de fripons ou de débauchés. […] Si celui qui pense ainsi, qui agit ainsi, qui s’efforce de mettre tout cela en pratique, mérite qu’on l’appelle nigaud ; je m’en rapporte à Vos Grandeurs, excellents Duc et Duchesse240 !  […] En effet, dans un État qui mérite ce nom, tout est sous l’empire des lois et des coutumes, tes droits par lesquels la liberté est fixée et régularisée d’une manière générale et abstraite sont indépendants de la volonté individuelle, et du hasard des circonstances particulières.

1787. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

On le charge d’injures : « Hors d’ici, —  au cachot, —  il le mérite. —  Couronnons toutes nos portes de lauriers, —  qu’on prenne un bœuf aux cornes dorées, avec des guirlandes, et qu’on le mène sur-le-champ au Capitole, —  et qu’on le sacrifie à Jupiter pour le salut de César. —  Qu’on efface les titres du traître. —  Jetez à bas ses images et ses statues. —  Liberté, liberté, liberté ! […] Votre mérite, seigneur. […] Déshériter un fils si brave, d’un si grand mérite !

1788. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

II Au commencement, un cri de reconnaissance et d’admiration s’éleva unanimement à la gloire de Macpherson, l’inventeur patient et laborieux de ce nouveau monde, le Christophe Colomb de cette terre des découvertes ; nul n’osait contester à cet homme extraordinaire l’authenticité et le mérite de son invention ; comment un seul homme aurait-il recomposé un monde évanoui, des paysages, des histoires, des mœurs, des héros, des chanteurs lyriques ou épiques, des sentiments et des tristesses inconnus jusqu’alors du genre humain et fait par une misérable supercherie ce qu’un Dieu seul pouvait faire, la résurrection d’un monde inconnu ? […] Macpherson ne répondit que par le dépôt des manuscrits ; Césarotti, intéressé plus que personne à vérifier les titres de sa gloire, publia en 1807, ses discours critiques sur l’authenticité des chants d’Ossian : « Un poëte, dit-il, qui sous le nom d’Ossian, a su se rendre célèbre et immortel comme un homme de génie, n’aurait-il pas d’abord donné dans sa langue usuelle des essais éclatants de son mérite poétique ? […] Dès 1762, l’année même de la publication des premières poésies d’Ossian, traduites par Macpherson, le savant et judicieux docteur Blair en soutint, dans une dissertation publique, le mérite extraordinaire et l’authenticité.

1789. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Aussi, par beaucoup de raisons, quoique ces sortes de succès soient de ceux qu’on puisse le moins prédire et provoquer, je ne sais me dérober à l’idée que Jocelyn en mérite un semblable et y atteindra. […] Dans son dernier recueil, Wordsworth, comme Lamartine, se montre accessible aux progrès futurs de l’humanité ; et, à son âge, et poëte comme il l’est de la poésie des bois, des lacs, de la poésie volontiers solitaire, son mérite d’acceptation est grand.

1790. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

J’ai nommé Victorin Fabre, et cet écrivain honorable, qui s’annonçait avec tant de promesses, que tant de bons juges désignaient sans hésiter à la gloire, et qui s’est éteint tout entier oublié, mérite bien un mot de moi. […] Ces Portraits, dans lesquels je cherchais surtout la ressemblance et la fidélité par la mesure des dons naturels et du mérite, par le juste rapport des tons et des couleurs, étaient souvent une surprise pour le modèle lui-même qui avait posé sans s’en douter.

1791. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur. […] On trouverait d’ailleurs dans ce même volume d’Odes, d’Olivier de Magny, au livre IV, quelques pièces, d’un tout autre ton, ardentes, respectueuses, où il se dit amoureux d’une Loyse (page 131, 143) ; dans une ode à Du Bellay (page 133), il décrit les grâces et perfections d’une maîtresse qui, entre autres mérites, a celui de faire des vers aussi bien que Saint-Gelais, ce qui ne saurait s’appliquer qu’à un petit nombre ; il parle, en une chanson (page 137), d’une beauté qui unit dans ses regards Mars à Vénus, ce qui peut s’entendre de notre guerrière ; enfin, dans une pièce à Maurice Sève, où il se représente comme ayant quitté Lyon et absent de s’amie depuis un mois, il s’écrie (page 149) : Rivages, monts, arbres et plaines, Rivières, rochers et fontaines, Antres, forêts, herbes et prez, Voisins du séjour de la belle, Et vous petits jardins secrets, Je me meurs pour l’absence d’Elle, Et vous vous égayez auprez !

1792. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Cette oasis d’été enfouie derrière les montagnes qui encadrent le bassin de la Saône, du Charolais jusqu’aux Alpes, mérite en été un coup de crayon d’un paysagiste. […] Que Dieu lui conserve tous ces bonheurs : il les mérite par son caractère, de la même trempe que son génie ; car, au milieu de cette cohue de talents sceptiques, railleurs, ironiques, oiseaux siffleurs qui profanent depuis dix ans la poésie par des indécences ou des persiflages, et qui font descendre comme Heine le feu du ciel pour allumer leur cigare, Laprade, lui, conserve son honnêteté à la haute littérature.

1793. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Il voulait qu’au lieu de tirer au sort les députés qu’on enverrait à Vespasien pour lui décerner l’empire, on lui envoyât des députés choisis au mérite et aux opinions, parmi les hommes les plus vertueux du sénat, afin, disait-il, que ce choix indiquât à ce prince ceux qu’il devait estimer, ceux qu’il devait éloigner, car, ajoutait-il, il n’y a pas de meilleurs instruments d’un bon gouvernement que des hommes de bien. » XXIX Tacite, après une longue et splendide digression sur la guerre de Civilis en Germanie, revient à Rome. […] Le mot est malheureux ; mais le spirituel rédacteur ne nous condamne pas à mort, et cette erreur de fait de sa part n’enlève rien de l’estime et de la reconnaissance que nous portons à la rédaction d’un journal libéral partout ailleurs qu’en Italie, pierre d’attente de la liberté, et qui mérite que la liberté l’attende à son tour.

1794. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Un mérite de George Sand, et qui tient à sa facilité même, c’est qu’elle n’emprisonne pas ses caractères dans des formules : elle les laisse ondoyants, inachevés, capables de se compléter et de se compliquer ; en sorte que, par la négligence de sa composition, elle imite plus exactement le perpétuel devenir de la vie. […] Il regarde dans le secret des âmes comment se forme la disposition d’où sortent tous les effets qui donnent à la société contemporaine sa physionomie : il trouve que la Révolution a établi l’égalité entre tous les Français, et, supprimant tous les privilèges, a proportionné les droits au mérite.

1795. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Son mérite le fit successivement abbé de Bellosanne, professeur de l’université de Bourges, précepteur des fils de Henri II, aumônier de Charles IX, grand aumônier de France, et évêque d’Auxerre. […] La traduction d’Amyot mérite l’admiration qu’elle inspirait à d’excellents esprits du xviie  siècle, à Vaugelas, à Huet, à Pellisson et à d’autres, lesquels, plus rapprochés de son époque, distinguaient plus nettement et sentaient avec plus de vivacité tout ce qu’il y a de créations dans cette langue dont l’usage a rendu certaines beautés vulgaires, et en a ôté insensiblement la gloire à l’inventeur.

1796. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Les tragédies de Ponsard ont le mérite artistique d’un camée antique — moderne. […] Et il récapitule tous ces morts de mérite, auxquels le xixe  siècle n’a donné que l’hôpital ou la Morgue : son ami Gérard de Nerval qui s’est pendu, Tony Johannot qui, après avoir perdu dans le Paul et Virginie de Curmer, les 20 000 francs qu’il avait gagnés pendant toute sa vie, a été un peu enterré avec l’aide de ses amis, etc., « Oui, je sais bien, dit-il, si j’avais été raisonnable, j’aurais vécu dans une petite chambre, j’aurais dépensé quinze sous par jour, et maintenant, j’aurais quelque chose devant moi, c’est ma faute ! 

1797. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Pour le moment, ce qu’il y a de certain, c’est que ce sont des vers très agréables, et un couplet qui mérite de sauver le poème du Quinquina de l’oubli. […] Les Grecs n’ont, après tout, rien fait qui le mérite.

1798. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Vous verrez qu’à propos de ce commentaire sur Pindare, écrit par un homme dont le seul mérite net et vrai fut de savoir bien le latin dans son temps, il est des gens qui parleront encore longtemps de la gloire de collège de Villemain ; et ils auront raison, car cette gloire a fait son heureuse position dans les lettres, et tous les livres qu’il a écrits depuis n’y ont pas beaucoup ajouté. […] On peut le dire, à présent que le temps de la Satire et de l’Épigramme est passé, qu’on ne vise plus le vieil Archer contre l’Empire et qu’on ne lui renvoie plus ses flèches retournées, la célébrité de Villemain, qui a duré cinquante ans, dépassait de beaucoup la mesure de son esprit et son mérite d’orateur et d’écrivain, qui furent deux rhéteurs en un seul.

1799. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Le seul mérite de cette nouvelle philosophie de l’histoire, c’est qu’elle ne balbutie pas quand il s’agit de se nommer. […] VII En effet, nous avions déjà insisté sur le relief du talent qui distingue les Révolutions d’Italie, mais on n’en saurait trop signaler les mérites variés et les nuances.

1800. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il les a bien ramassés, il les a bien ouverts tout grands, ces fruits cruels, ces fruits funestes, pour qu’on vît mieux l’immonde poussière qui emplit la bouche qui y mord… C’est là le mérite de ce livre d’une immoralité inconsciente, ou Dieu elle devoir n’apparaissent une seule fois dans la pensée de personne, et qui, par là, n’est plus qu’un daguerréotype, l’exact daguerréotype, peut-être, de la triste société de l’auteur, Maîtrisé par son sujet beaucoup plus qu’il ne le maîtrise, l’auteur de Fanny a de la force et beaucoup de talent quand il est dans son sujet, mais il n’en a point quand il faudrait être au-dessus. […] Rien ne lui a manqué, rien, si ce n’est la proportion avec le véritable mérite et du livre et de l’écrivain.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Goethe l’a vu et l’a exprimé avec sa supériorité de critique et de naturaliste : « Lorsqu’une famille s’est fait remarquer, dit-il, durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit les défauts et les qualités de tous ses ancêtres, en sorte qu’il représente à lui seul sa famille entière.

1802. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Dans un ouvrage composé il y a quelques années, j’avais rassemblé les diverses remarques que j’avais été à même de faire sur le grand écrivain, sur son talent prodigieux et son caractère singulier : lorsque ce livre parut, il choqua quelques admirateurs de M. de Chateaubriand, comme si j’avais voulu nuire à cette admiration dans la partie où elle mérite de persister et de survivre.

1803. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Serions-nous devenus des rhétoriciensou des byzantins pour disputer ainsi à perte de vue sur ce qui n’est beau et ce qui ne mérite de vivre que par le sentiment qui en est l’âme ?

1804. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Je le polirai, je l’ennoblirai ; il deviendra net et fleuri ; ce sera un grand mérite de difficulté vaincue”, et l’estimable traducteur s’est mis à l’œuvre incontinent.

1805. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Bien qu’il y ait eu peut-être quelque mérite à elle de donner le signal et de sonner la charge dans la mêlée, il ne convient pas qu’elle en parle comme ce bedeau si fier du beau sermon qu’il avait sonné.

1806. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Lefèvre est, sous ce point de vue du style, un des plus instructifs exemples à consulter ; les défauts, les taches continuelles, qui s’y allient sans remède a une inspiration toujours réelle et sincère, font bien nettement comprendre le mérite du facile et du simple les beaux vers purs, qui se détachent çà et là isolés, entretiennent ce sentiment de regret.

1807. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

En faut-il conclure, avec plusieurs personnes de mérite consultées par M. 

1808. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin, faire valoir, comme elle le mérite, cette révision patiente et vive qui témoigne d’un grand respect pour le public et d’un noble souci de l’avenir.

1809. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

La déclaration de 1776, tout éclatante qu’elle est et glorieuse pour sa mémoire, ne surpasse pas, à mon gré, le mérite de celle restauration difficile des vrais principes qui fait époque dans l’histoire de la République américaine.

1810. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Ce n’est pas un rêve que de croire qu’il serait utile de voir se produire quelquefois de beaux essais de ce que j’appelle une littérature d’État, c’est-à-dire d’une littérature affectionnée, qui ne soit pas servile, mais qui ose relever les vrais principes, honorer les hommes par leur côté principal et solide, rappeler derrière les jeux brillants et souvent trompeurs de la scène les mérites de ceux qui, à toutes les époques, ont servi le monde en le rendant habitable d’abord, en le conservant ensuite, en le replaçant, quand il veut se dissoudre, en des cadres fixes, et en luttant contre les immenses difficultés cachées.

1811. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Ce n’est pas l’invention poétique qui fait le mérite de cet ouvrage ; le sujet est presque entièrement tiré de la Genèse ; ce que l’auteur y a ajouté d’allégorique en quelques endroits, est réprouvé par le goût.

1812. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Mais qui connaîtra la force de cc mot la jeunesse, qui saura les entraînements et les passions de cet âge, celui-là seul pourra juger le mérite du renoncement.

1813. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Qu’on prenne sa complainte du comte de Nevers, ou sa complainte d’outre-mer, qu’on prenne le dit des Jacobins ou le dit de la Vie du monde, la phrase se détache, s’étale, c’est le ton d’un orateur, et le plus incontestable mérite de cette poésie est l’éloquence.

1814. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il mérite de nous arrêter un moment, car il offre un cas fort singulier et qui suffirait à le tirer de pair.

1815. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Car, comprendre sans affectation, sourire sans faire mal, aussi, bien que ce soit de moindre prix, lire les poètes latins et italiens, voilà des mérites, assurez-vous-en, qui n’ornent pas seulement l’évêque d’Assise.

1816. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Le second exemple mérite également d’être médité.

1817. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Méprisant la terre, convaincu que le monde présent ne mérite pas qu’on s’en soucie, il se réfugiait dans son royaume idéal ; il fondait cette grande doctrine du dédain transcendant 353, vraie doctrine de la liberté des âmes, qui seule donne la paix.

1818. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Des femmes, le cœur plein de larmes et disposées par leurs fautes aux sentiments d’humilité, étaient plus près de son royaume que les natures médiocres, lesquelles ont souvent peu de mérite à n’avoir point failli.

1819. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Mais les appréciations de l’histoire générale ne doivent pas se renfermer dans des considérations de mérite personnel.

1820. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Il mérite l’épitaphe que Dioscoride lui dédia plus tard : — « C’est ici, moi, Thespis.

1821. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Le Dr Bazin, qui avait du mérite, aurait rougi de ne pas appeler un cor, tylosis 32.

1822. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Parfois même la présence du laid, dans une œuvre d’art dont nous avons à rendre compte, nous réjouit comme celle du beau, mais d’une tout autre manière, à cause de ce mérite qu’elle nous procure de la signaler. « Oh !

1823. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Trousseau (qui entre autres mérites a celui de citer des faits saillants, et, comme dirait Bacon, prorogatifs), il y en a un qui à toutes les questions répondait : « N’y a pas de danger » ; quelque temps après, il disait encore : « N’y a pas de doute » ; enfin, il fit un nouveau progrès, et disait de temps à autre : « Tout de même. » Il en est resté là53. — Un autre disait : « Coucici », et, quand on l’irritait : « Saccon. » Tels sont les cas d’aphasie simple, extrêmement rares, comme nous l’avons dit.

1824. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

D’ailleurs ce poëte ajoute en plaisantant, qu’il y a du mérite à couper la poularde et le liévre avec un geste varié et propre à chaque operation.

1825. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Si, chez une nation, la satire de tout mérite personnel est une des règles du théâtre, l’ostracisme doit être un des articles de la législation, et les hommes qui se plaisent à voir outrager Euripide, parce qu’il est trop grand, sont les mêmes qui exilent Aristide, parce qu’il est trop juste.

1826. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Ceci mérite toute notre attention.

1827. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Mme la Mise de Blocqueville16 I D’habitude, je ne vais pas volontiers, de ma propre impulsion, aux livres des femmes… Je suis si profondément convaincu de l’impossibilité absolue où elles sont de toucher à un grand nombre de sujets, qu’il faut, de deux choses l’une, pour que ma critique s’en occupe : qu’elles aient, à tort ou à raison, leur place, comme les pauvres enfants de Pascal, au soleil de la littérature, ou l’un de ces mérites qui tranchent tout et classent haut… Mme la marquise de Blocqueville, l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins, est-elle dans cette alternative ?

1828. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

pour cela, il mérite tout !

1829. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Les abbés Trublet sont des capacités honnêtes, quoique Voltaire, qui ne l’était pas, s’en soit moqué dans des vers charmants comme ce serpent d’homme savait en siffler ; mais, pour que la compilation mérite le petit salut de la critique en passant, il ne faut pas qu’elle ressemble au pêle-mêle des numéros d’un sac de loto qu’un enfant viderait sur une table.

1830. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

» Tocqueville, qui veut arracher les mérites de la centralisation administrative à la Révolution, qui l’outra, et à l’Empereur Napoléon, qui l’organisa, est-il, oui ou non, pour l’ancien Régime ?

1831. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Pour qui sait les annales du genre humain et qui a la tête assez forte pour y lire sans être aveuglé, il n’y a qu’une civilisation qui mérite ce nom de civilisation, si c’est un si grand honneur que de le porter, et c’est celle-là qui est sortie de l’Évangile et du Christianisme pratiqué.

1832. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Elles deviendront indifférentes au service rendu, à la fonction exercée, au mérite obscur, au dévouement d’autant plus sublime qu’il est plus caché.

1833. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Il y en a quelques-uns d’heureux ; mais vouloir brasser et jauger dans un chapitre ce torrent d’ouvrages et de mérites divers que Barot précipite devant nous, ce serait faire ici ce que nous lui avons reproché.

1834. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Une critique savante et profonde, enrichie de toutes les découvertes historiques de notre époque, une critique qui, après avoir fait la part du génie grec, ôte avec un tact souverain l’imagination des Allemands de leurs travaux pour s’appuyer sur ce que ces travaux ont de plus solide, voilà ce qui donne au livre de Lerminier un mérite et un poids qu’aucun ouvrage sur la Grèce ne pouvait avoir plus tôt.

1835. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Mais nous disons que cette partie de son travail mérite de fixer l’attention des hommes compétents.

1836. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Camille Rousset est un de ces assassins, du plus grand mérite, qui nous tuent d’ennui, et j’admirais avec quelle peine, quel labeur, quelle conscience, quelle correction et quelle perfection, il avait obtenu celui de son livre, qui véritablement est de première qualité.

1837. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Wallon, et telle la première critique qu’on est tenté de faire de son livre ; mais cette critique va au fond et emporte tout l’ouvrage dans le seul cinglement de ce reproche, quels qu’en soient les mérites, d’ailleurs, naturels ou voulus.

1838. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Μ. de Girardin en a tiré un bon prix, cette règle suprême du mérite de tout dans ses idées, le prix !

1839. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Ce qui fait parfois l’unique mérite d’Auguste Vacquerie, c’est la contradiction, esprit qui risque tout et gagne parfois, comme tous les risque-tout de la terre.

1840. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Mais, enfin, quels que soient ses mérites, — et ce chapitre dira s’ils sont grands, — il n’est pourtant pas un de ces hommes qui, comme de Maistre, par exemple, ont trouvé dans l’histoire une place irréductible et cette gloire lente à venir, mais toujours grandissant une fois qu’elle est venue ; car la vraie gloire grandit dans l’éloignement, tandis que tout, ce qui n’est pas elle diminue.

1841. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud a un mérite que les philosophes doivent singulièrement apprécier, et qui ne tient ni à ses idées ni à la force de son génie.

1842. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus !

1843. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

C’est un peintre, en effet, avant tout, que Buffon, et son grand mérite, qui est énorme et que nous ne voulons pas plus diminuer que ne le veut M. 

1844. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Pour ma part, il m’est impossible d’admettre comme un livre, dans le sens véritablement littéraire du mot, les Conférences de Notre-Dame, improvisées, on nous l’a dit assez, en insistant sur ce mérite, et si remaniées depuis, à main et à tête reposées, en vue de la publication.

1845. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Ce qui est nouveau, ce qui donne un mérite de hardiesse et d’initiative à M. 

1846. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Du reste, quels que soient les défauts de cet ouvrage, qui a la vigueur d’un acte et le mérite d’une vertu, ce n’en est pas moins une œuvre exceptionnelle, de la polémique la plus redoutable et de la plus écrasante discussion.

1847. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Il en a eu un autre, qui passera comme les idées politiques par lesquelles on pourrait l’expliquer, mais l’empire qu’il tient de sa connaissance du cœur de l’homme ne passera point ; il restera son vrai mérite et sa vraie gloire.

1848. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Locke, sorti de Bacon, est le créateur de cette étroite philosophie de la sensation, qui a créé à son tour le sensualisme corrompu et corrupteur du xviiie  siècle, et Bacon, lui, le créateur de l’expérimentalisme, a créé encore, par-dessus la tête de Locke, ce Darwin qui a remplacé la métaphysique par de l’histoire naturelle, Darwin qui, en philosophie, a le même mérite que de Luynes, l’éleveur de pies-grièches, en politique.

1849. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Le mérite et la faculté des grands et vrais poètes, c’est l’assimilation rapide, c’est, avec un rien, l’éveil du génie.

1850. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

IV Mais elle souffre, et c’est son mérite moral, s’il lui en reste encore, et dans tous les cas, c’est son talent.

1851. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Après le livre d’Édouard Gourdon, nous voulons en examiner un qui n’a rien de littéraire, et qui n’en mérite pas moins, comme beaucoup de livres qui ne sont pas les moins précieux parmi les livres, d’arrêter un instant le regard d’une Critique qui voit la chose humaine bien avant la chose littéraire.

1852. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Il peut avoir son originalité propre et ses mérites particuliers dans le détail, l’expression des passions et le tour d’observation de son œuvre ; il peut être comme observateur et comme écrivain très différent de la manière de Balzac ; mais, de conception, il est timbré de cet homme qui a mis son cachet — sa griffe de lion — sur tous les esprits de notre temps.

1853. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Voilà incontestablement le mérite de l’auteur de Maître Pierre.

1854. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

c’est de ne pas les avoir qui est un mérite.

1855. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Arthur de Gravillon36 I Arthur de Gravillon, parfaitement inconnu encore, aime et cultive les lettres, et il a du mérite à les cultiver, car il pourrait très bien se passer d’elles.

1856. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Son plus grand mérite est d’avoir eu la connaissance des hommes.

1857. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Capus ; car ce mérite est surtout dans le détail. […] Le mérite de M.  […] Je fais plutôt un mérite à M.  […] … » Un des mérites de M.  […] Non, je veux le sauver, car il le mérite.

1858. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Et cependant certains faits paraissent prouver que le régime démocratique n’est pas définitivement brouillé avec le mérite personnel. […] Mais dites-moi, est-ce que le ministre qui préside à nos relations extérieures, n’est pas un historien de premier mérite ? […] Nul « écho » boulevardier n’a signalé leur mérite aux salons où l’on bavarde sur des sujets littéraires. […] Je crois pourtant que cette belle œuvre mérite mieux que l’estime des spécialistes. […] C’est un savant français, Montfaucon, qui a eu le mérite de prévoir, le premier, que des fouilles habilement dirigées aboutiraient à la résurrection du temple de Zeus.

1859. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

On lui a fait un grand mérite de ce que ses dialogues donnent absolument l’impression d’une conversation. […] Il est l’homme, ce qui à certains égards et tout respect gardé, est un mérite appréciable, qui ressemble le moins à Kant. […] Proportionnant ainsi les honneurs au mérite, elle donne les plus grands à ceux qui ont plus de vertu et les moindres à ceux qui ont moins de vertu et d’éducation. […] On croit rendre à cette âme l’honneur qu’elle mérite ; mais en vérité presque personne ne le fait. […] C’est en vérité « vendre pour un peu d’or ce que l’âme a de plus précieux ; car tout l’or qui est sur la terre et dans la terre ne mérite pas d’être mis en balance avec la vertu ».

1860. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Mais la musique accompagnant le texte ne m’a paru avoir d’autre mérite que sa discrétion, et quand elle cesse d’être discrète, à savoir au V, pendant la scène de folie d’Oreste, elle m’a bien agacé. […] Armande mérite-t-elle une telle rebuffade parce que Trissotin est un coquin ? […] Le Bidois, un critique de premier mérite, que je montrais cette franchise brutale. […] Crouslé et tel autre de beaucoup moindre mérite. […] Ce mérite, ce très grand mérite de la Cousine Bette, j’entends au seul point de vue de la composition, les auteurs de la Cousine Bette au théâtre ont très bien su le conserver.

1861. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il mérite une longue étude et que, certes, j’écrirai un jour. […] Le mérite littéraire de cette pièce est donc extrême ei son mérite proprement dramatique n’est pas mince. […] Armand Bour, directeur des Bouffes, qui seul avait démêlé le mérite extraordinaire de ce poème. […] Un seul but : amuser ; un seul mérite : plaire. […] Il est très durement puni, comme il le mérite.

1862. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Nous ne nous entendons pas sur le mérite comparé de l’œuvre que nous jugeons avec un autre. […] L’art romantique, au contraire préféré de nos jours, tire tout son mérite de sa diversité, de sa richesse. […] Il faut accorder ce nom à tout ce qui mérite de le porter : Rodrigue ne le mérite pas plus que Faust. […] Le réalisme mérite-t-il réellement le nom d’art ? […] Pour qu’un acte mérite ce nom, il faut qu’il passe par ces cinq moments.

1863. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Si Sainte-Beuve a comparé Salammbô aux Martyrs, son opinion mérite d’être pesée, et elle est en effet de poids. […] Son agréable talent mérite beaucoup moins. […] Vodoz a au moins le mérite d’être très hugolienne. […] Daudet l’étude impartiale et attentive qu’il mérite, il faudra voir s’il ne s’expliquerait pas un peu comme un type d’écrivain porphyrogénète. […] Mais les comparaisons, quand elles deviennent œuvres d’art, s’appellent des images, et les romantiques ont eu ce mérite de tremper la critique dans un bain d’images.

1864. (1929) Amiel ou la part du rêve

Le peintre ne revendique que le mérite de la sympathie (sympathie critique, bien entendu) avec son modèle, ses modèles. Il aimerait qu’en outre ce livre attirât des lecteurs au seul ouvrage d’Amiel qui en mérite de nombreux : le Journal intime, dont l’édition nécessaire est celle de M.  […] Et Amiel, qui écrit cela, ajoute : « Voilà bien l’heureux du siècle, titre que je mérite si peu, quoiqu’on me l’ait donné. » Qu’en eût dit Monnier ? […] La faveur est fortuite, et veut l’être ; car le mérite l’inquiète et l’indignité du favori la flatte, en glorifiant sa toute-puissance… C’est parce qu’il est averti que l’homme est magnanime. […] C’est sur plus d’un plan que Genève mérite le nom de cité des mécontents que lui donne Machiavel.

1865. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Nos larmes, qui sont des prières, et notre foi, qui est un mérite, nous donneront le droit d’y pénétrer pour les y revoir. […] Alexandre Bonneau ait le retentissement qu’il mérite, et pour que la civilisation l’emporte de nos jours sur la barbarie. […] Croit-on que dans ce vaste empire tout ce qui mérite le nom de peuple ne nourrit pas une profonde haine contre les bourreaux, une profonde sympathie pour les victimes ? […] Tout ce qui sent, tout ce qui pense, tout ce qui, en Russie, mérite le nom d’homme, pleure des larmes de sang sur la Pologne. […] Je l’ai dit, je ne ferai pas ici une appréciation du mérite littéraire de M. de Latouche.

1866. (1881) Le roman expérimental

Je passe, cela ne mérite pas de réponse. […] Sans doute, au point de vue littéraire, le mérite est nul ; mais la besogne considérable du feuilletoniste explique son gain, d’autant plus que cette besogne enrichit des journaux. […] Il faut partir de ce point que tout travail mérite salaire. […] C’est pourquoi je veux insister sur ces nouvelles, pour qu’on les lise et qu’on en sente avec moi tout le haut mérite. […] Mais je n’admets pas qu’il y ait plus de mérite à laisser un chef-d’œuvre sur le peuple qu’un chef-d’œuvre sur l’aristocratie.

1867. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Ceux même qui continuent de prendre l’humanité par le côté ouvert et généreux, qui embrassent avec chaleur une philosophie de progrès, et persistent avec mérite et vertu dans des espérances toujours ajournées et d’autant plus élargies, ceux-là (et je ne cite aucun nom, de peur d’en choquer quelqu’un, tant ils sont divers, en les rapprochant), ceux-là ont des formules auprès desquelles le programme de La Fayette, la déclaration des droits, n’est plus qu’une préface très-générale et très-élémentaire, ou même ils vont à contredire et à biffer sur quelques points ce programme. […] Mais il y a, ce semble, plus de liberté et plus de mérite à rester fixe dans des mesures plus modérées, ou si c’est un simple effet du caractère, c’est un témoignage de force non moins rare et dont la proportion constante a sa beauté. […] Rayonnant de gloire, plus imposant par son caractère que par sa moralité, doué de qualités éminentes, vanté par les jacobins lorsqu’ils croyaient le moins à son retour, il offrait à d’autres le mérite d’avoir préféré la république à la liberté, Mahomet à Jésus-Christ, l’Institut au généralat ; on lui savait gré ailleurs de ses égards pour le pape, le clergé et les nobles, d’un certain ton de prince et de ces goûts de cour dont on n’avait pas encore mesuré la portée. […] Ce nouvel extrême, indiqué par Fox dans son ouvrage posthume, a le mérite de fournir à la philosophie de belles généralités, à la littérature des rapprochements brillants, à la médiocrité une merveilleuse consolation.

1868. (1927) André Gide pp. 8-126

Alors ils ont imaginé de se faire un mérite de leur infirmité. […] Pierre Benoit, sans grand mérite littéraire, soit du moins divertissant et récréatif ; mais nous connaissons un éminent philosophe qui, ayant essayé à plusieurs reprises de lire des romans de M.  […] Je n’y ai, au surplus, aucun mérite, et la partialité en ces matières me serait presque physiquement impossible. […] Il a d’autres mérites, que je me permets de trouver plus précieux.

1869. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Tel est le mérite des raisonnements de Swift ; ce sont de bons outils, tranchants et maniables, ni élégants ni brillants, mais qui prouvent leur valeur par leur effet. […] C’est que j’ai cru utile pour diverses raisons que le monde fût informé aussitôt que possible des mérites de Son Excellence. […] À ses yeux, « l’ignorance, la paresse et le vice sont les mérites et les marques distinctives du législateur. […] Je le traduis presque tout entier ; il le mérite.

1870. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Après avoir étudié à Paris, il apprit que son père s’était remarié ; il aspira à se placer seul par le mérite transcendant que ses études heureuses avaient manifesté en lui ; il avait vingt ans. […] Un homme de cette trempe devait apprécier le mérite de M. de Saint-Pierre. […] Souvent il avait reproché au général son indifférence pour le jeune Français ; mais ces reproches n’avaient fait que blesser plus profondément l’orgueil d’un homme pour qui rien n’était évident que son propre mérite. […] Des manières pleines de dignité, une physionomie froide mais imposante, l’air supérieur que donne l’habitude du commandement n’ôtaient rien à la cordialité de son accueil, et semblaient même donner du prix à la manière flatteuse dont il savait encourager le mérite.

1871. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Son père doit friser la soixante-dizaine, et Yan-Bras (Jean le Grand), comme on dit ici, mérite joliment encore son surnom. […] Zola n’enlève que peu au mérite très réel de l’observation, Le Roman d’un maître d’école, par M.  […] Rabusson qui a eu le mérite de la découvrir. […] Cim s’entend à camper en pied des figures de grotesques et de déclassés qui ne laissent pas que d’avoir leur mérite ; — M.  […] Sichler a écrit une Histoire de la littérature russe qui a quelque mérite dans sa partie mythique et légendaire.

1872. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Ils ont ce mérite d’être monosyllabiques. […] MA COUSINE, J’aime beaucoup la conversation des médecins, et surtout des chirurgiens, quand ils sont gens de mérite. […] très enfant malgré sa précoce affectation de blague, d’être sensible à un genre de mérite qui ne se sent bien qu’à la réflexion et qui suppose une dépense d’énergie toute silencieuse et toute intérieure. […] J’arrive de Bruxelles, où je crois avoir vu un homme heureux, et qui mérite de l’être. […] Et ces joies, il les mérite, car nul bénédictin n’a plus travaillé que lui.

1873. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Un René, moins les forêts d’Amérique, la vie sauvage, les batailles ; la mort à braver ; un Eudore, moins le martyre à rechercher et à subir ; une âme ardente et inquiète, trop haute pour se satisfaire des communs amusements de la vanité ou de l’ambition ; cherchant une grande cause à servir, croyant parfois la trouver, s’en dégoûtant par le sentiment de l’insignifiance du résultat ou de la vanité de l’effort ; souffrant constamment de la disproportion entre la grandeur de ses rêves et la médiocrité du réel, jusqu’à en devenir injuste envers la réalité, et à méconnaître ou dédaigner ce qu’elle a de bon et de bien ; sophiste alors contre lui-même pour mieux prouver à son orgueil qu’il a raison de ne se prendre à rien, et à son désir qu’il a raison de se croire à jamais déçu ; trouvant l’ennui insupportable et aimant son ennui comme une glorieuse misère ; malheureux, et aimant son malheur parce que « ceux qui croient avoir du mérite se font un honneur d’être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu’ils sont dignes d’être en butte à la fortune10 » ; se reposant enfin dans les « sombres plaisirs d’un cœur mélancolique », c’est-à-dire dans une contemplation superbe et calme des illusions ruinées, des rêves échoués, des grandeurs qui s’effacent, comme dans le spectacle d’un beau désastre, qui n’est pas sans charme pour l’artiste, et où l’orgueil trouve encore son compte. […] En matière d’art ils étaient descriptifs, mais entendez qu’ils se plaisaient à décrire n’importe quoi, l’ingénieux du travail et la dextérité de l’ouvrier comptant pour tout, et même le mérite étant d’autant plus grand que la matière était plus infime. […] Ce qui lui a manqué, ce n’est pas un mérite de ne point l’avoir eu, mais c’est presque une distinction de ne pas l’avoir cherché. […] Il est vrai que M. de Banville affirme que c’en est le mérite. […] Où serait le mérite à retrouver sa route Si l’homme voyant clair, roi de sa volonté, Avait la certitude ayant la liberté ?

1874. (1887) George Sand

Nous ne la suivrons pas longuement dans cette voie nouvelle, dans laquelle l’auteur ne rencontrera jamais un succès égal à son mérite, à son effort, à son visible désir de bien faire. […] Ceci est un dogme de la plus pure philosophie ; c’est un dogme religieux aussi, car la religion nous dit que la grâce ne se refuse pas à qui la mérite par l’effort. […] C’est là une fausse et dégradante résignation ; la véritable procède de la conception de l’ordre universel, au prix duquel les souffrances individuelles, sans cesser d’être une occasion de mérite, cessent d’être un droit à la révolte. […] Tout ce qui est grâce aisée, création élégante, rêverie enchantée, sincérité de la passion, fantaisie merveilleuse, charme du style, tout cela ne mérite-t-il pas de vivre ? […] Notre climat est plus clair et plus chaud que celui des environs de Paris ; Le pays n’est pas beau généralement chez nous : terrain calcaire, très frumental, mais peu propre au développement des grands arbres ; des lignes douces et harmonieuses ; beaucoup d’arbres, mais petits ; un grand air de solitude, voilà tout son mérite.

1875. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Les Productions qu’elle fait naître ont le mérite du Peintre qui imite la nature. […] Son succès vient plus du scandale qu’on a fait à propos de certaines scènes que du véritable mérite de l’ouvrage. […] Le monde, tel que le réaliste voudrait le façonner et le façonne en effet, est un jardin bien ordonné où tout profite, où tout mérite sa place, et d’où est exclu ce qui ne porte pas de fruits. […] Un tableau de bonhomie se présente un jour, intitulé les Demoiselles de village, n’ayant, du reste, pas d’autre mérite. […] Les Espagnols aussi, quel est leur mérite principal ?

1876. (1901) Figures et caractères

Le mérite littéraire des lettres de Hugo n’a rien de révélateur. […] Le mérite en est si nécessaire et si varié qu’à lui seul il suffit à beaucoup et que beaucoup se bornent à ses seules ressources. […] Kipling me paraissait, après cette lecture, un poète patriotique et pittoresque, non sans mérite du reste. […] Cette Angleterre mérite notre admiration et elle a ses admirateurs. […] Le réel mérite des poètes parnassiens lui fut moins visible que leurs défauts.

1877. (1897) Aspects pp. -215

Mais comme toute peine mérite salaire, vous travaillerez pour nous et vous nous paierez de nos soins. » Et les fils de Dèmos travaillent et ils paient. […] Ce mérite suffit. […] À force de mérite et d’actions parlantes, voulez-vous aller plus loin ? […] Plusieurs agissent ainsi, et ce n’est pas là leur moindre mérite. […] Gregh ne méritait pas l’approbation du cuistre, il mérite la nôtre.

1878. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Rien de plus sage que ce début, qui, outre le mérite incontestable de la brièveté, se conformait au conseil de Boileau, étant simple et n’ayant rien d’affecté. […] À la vérité, il ajoute tout aussitôt qu’il ne s’en fait pas un mérite. […] Je rends justice également à un mérite très réel, celui de toujours bien faire comprendre ce que l’on veut dire. […] Daudet est exactement dépeint, mérite banal. […] Un instant son cœur a battu pour un honnête garçon qui a plus de mérite que de fortune ; sa mère a mis bien vite le holà.

1879. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Les voici tels qu’ils sont venus au monde, avec toutes les souillures baptismales : leur date de naissance est leur unique mérite et ma seule excuse. […] Les éloges qu’il mérite pour ses teintes délicates se trouvent par là un peu balancés.

1880. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Sa veuve (Mlle de Bastard), qui exerça une grande influence sur l’éducation de ses filles, était une femme de mérite, d’un esprit original, gai, piquant et très-sensé. […] Pasquier, lequel, à beaucoup d’égards, nous paraîtrait d’hier, tant les facultés aimables, que la société exerce, accompagnent sans peine jusqu’au bout les mérites solides.

1881. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

La naissance de l’auteur, sa richesse, ses relations de famille avec les principaux représentants des différentes branches de la science dans les pays de l’ancien continent, et un certain appareil scientifique propre à appuyer auprès du vulgaire les pompes fastueuses de son style pour simuler le génie absent, en faisaient et en font encore tout le mérite. […] Il n’avait qu’un vrai mérite, il étudiait consciencieusement ce que les autres avaient découvert ; il savait, dans le sens borné du mot science, et il préparait dans l’ombre le procès-verbal à peu près complet de tout ce que le monde savait ou croyait savoir de son temps pour écrire un jour son Cosmos.

1882. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Au moins, lui, il est ce qu’il est : l’esprit règne en lui, et si les autres entravent par faiblesse ou brutalité leurs calculs intéressés, ce n’est pas vertu plus grande, mais moindre mérite. […] Il a bien vu, avant Bossuet, au moment même où le monde féodal s’écroule et où naît la royauté absolue, il a eu le grand mérite de voir que l’unique frein et contrepoids de cet absolu pouvoir, l’unique garantie contre les accidents de l’individualité dans la personne royale, était le sentiment religieux, amour de Dieu, ou peur de l’enfer137.

1883. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel, de quoi instruire et charmer les jeunes Chinoises (ce qui n’est point un mérite si méprisable ni si accessible), et de quoi faire réfléchir les vieux mandarins. […] Deschanel d’avoir si bien commenté ce qu’elle dit, d’avoir si bien senti et loué comme il le mérite ce théâtre si vrai, si triste et si harmonieux.

1884. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Bref, il a machiné un mensonge tout à fait indifférent et qui ne pouvait avoir d’autre mérite, à ses yeux, que de n’être pas la vérité. […] La directrice, Mme Lagut, personne de grand mérite, avait un salon très fréquenté, où Sainte-Beuve, déjà célèbre, était reçu familièrement.

1885. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

La même justice qui a donné à Corneille le nom de grand a dit le tendre Racine, non pour le réduire au mérite d’avoir bien exprimé la tendresse, mais parce que c’est sa qualité dominante. […] La critique peut parler sévèrement des tragédies médiocres, en les comparant à l’idéal ; mais dans sa sévérité pour l’œuvre, elle doit faire sentir son estime pour l’ouvrier, et ne jamais perdre de vue ce qu’il faut de mérite même pour ne pas réussir, et tout ce qui sépare le talent de produire du talent de juger.

1886. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

» — Vous valez cent fois mieux ; Mais que vous sert votre mérite ? […] La poésie narrative, la poésie descriptive, qu’il faut appeler la poésie pittoresque pour lui donner un nom honorable, et elle le mérite chez lui, la poésie dramatique, la poésie élégiaque, la poésie philosophique, il a touché à tout cela avec infiniment de talent dans chaque genre.

1887. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Une telle hypothèse ne mérite pas même d’être examinée. […] Enfin il y a des langues transpositives et des langues analogues : cette différence mérite peu d’attention, quoiqu’elle soit si considérable : on sent trop bien que les inversions ne sont que facultatives, et tiennent à la même loi que les désinences.

1888. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

On ne se plaint pas de d’Aubigné s’il en agit ainsi assez souvent ; le caractère et le mérite de son Histoire est précisément de sentir sa source et d’avoir sa saveur originale.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Sa verbosité déclamatoire et sentimentale est relevée, à mainte reprise, par M. de Viel-Castel et qualifiée comme elle le mérite.

1890. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Cet homme de modestie et de mérite a fait de sa vie deux parts : il livre l’une à la nécessité, au travail ; il réserve l’autre, inviolable et secrète.

1891. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Comme philosophe, son mérite est bien moins dans la nature et la démonstration des doctrines que dans le renouvellement qu’il fit subir à ce genre d’étude.

1892. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Au reste, quelque temps après, Rancé pris pour juge reçut la Relation manuscrite de son ami ; il la lut sans dégoût, et il lui en écrivit agréablement et assez au long, non sans y insinuer quelques conseils qui ont probablement été suivis : « J’ai lu avec plaisir, disait-il, les marques de votre estime et de votre amitié ; vous m’y faites, à la vérité, jouer un personnage que je ne mérite point, et on auroit peine à m’y reconnoître.

1893. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

C’est là qu’on le voit aussi fort lié avec un homme du plus grand mérite, M. l’abbé de Voisenon.

1894. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

C’est d’après la réunion plus ou moins complète de ces moyens d’influer sur le sentiment, l’imagination ou le jugement, que nous pouvons apprécier le mérite des différents auteurs.

1895. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Aujourd’hui, je ne succombe pas, mais je chancelle sous le poids de beaucoup de choses plus lourdes que les années : je suis pauvre des besoins d’autrui ; sous ma fausse apparence de bien-être je ne suis pas heureux ; je n’éblouis personne de tous mes prestiges éteints ou éclipsés ; je dispute des proches, des amis, des clients, un berceau, un sépulcre, à l’encan des revendeurs de tombes ; je suis désarmé, je veux l’être ; il n’y a ni mérite, ni force, ni gloire à m’outrager ; il y en aurait à m’aider dans mon travail si l’on avait un autre cœur !

1896. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Aux anciens, à quelques modernes, comme Racan ou Corneille, Malherbe ou Voiture ; mais, aussi, et d’une façon particulièrement significative, à quelques auteurs nouveaux, de mérite encore contesté ou obscur, et dont surtout on ne s’avisait pas encore qu’ils fussent si différents des autres : un comédien poète qui venait de la province, un jeune tragique encore à ses débuts, un poète négligé qui, n’étant plus jeune, n’avait pas fait grand’chose encore : l’auteur de l’École des femmes, l’auteur d’Alexandre, et l’auteur de Joconde.

1897. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Rien n’y maintenait plus certains mérites de style que la présence d’un pouvoir fort, dont il fallait tromper la sévérité ou humilier la brutalité.

1898. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

On remarquait malignement que Larroumet avait beaucoup cité les critiques vivants, des journalistes souvent sans autorité ni mérite littéraires.

1899. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Nous n’avons pas grand mérite, en France, nous autres historiens de la littérature, à maintenir le principe de la liberté scientifique.

1900. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle a le malheur de n’être pas chrétien, il aurait pu, du moins, s’abstenir d’un titre (Dies iræ) qui rappelle à toutes les mémoires la plus sublime, la plus terrible de nos prières funèbres ; il aurait pu se souvenir que la poésie a mieux à faire qu’à enlever à la vie la croyance et l’espérance de la mort : ceci soit dit sans rien ôter au mérite de cette pièce où se traduit, d’une façon vraiment saisissante, non plus le désabusement humain dont parlait M. 

1901. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

. — C’est comme correctif à cette inégalité des forces du libre arbitre chez les différents individus, que la théologie catholique admet la doctrine de la réversibilité des mérites, de la solidarité universelle des âmes.

1902. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Son portrait à trente ans prouvait qu’elle avait été belle et mérite l’apostrophe de Germain Nouveau : Femme de militaire et mère de poète, Il vous restait un bruit de bataille et de vers.

1903. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Si des critiques soutiennent un jour que la Revue des Deux Mondes et Le journal des Débats me gâtèrent en m’apprenant à écrire, c’est-à-dire à me borner, à émousser sans cesse ma pensée, à surveiller mes défauts, ils aimeront peut-être ces pages, pour lesquelles on ne réclame qu’un mérite, celui de montrer, dans son naturel, atteint d’une forte encéphalite, un jeune homme vivant uniquement dans sa tête et croyant frénétiquement à la vérité.

1904. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Je sais bien que, suivant l’usage, on a poussé jusqu’à l’excès des investigations qui avaient le mérite de la nouveauté.

1905. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

L’un des principaux mérites de l’auteur de l’Analysis, c’est d’avoir vu la nécessité d’étudier le développement du pouvoir volontaire59.

1906. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

« Herbart, dit-il, eut le mérite, durant la longue période où l’Allemagne était perdue dans les rêves de l’idéalisme, de maintenir toutes ses spéculations sur une base réelle, et de ne jamais noyer les faits de conscience dans les phrases et formes purement dialectiques.

1907. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin sur la jeunesse a été réelle, et elle mérite d’être notée.

1908. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Edmond Guiraud, Pierre Soulaine mérite qu’on s’y arrête.

1909. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Ces bourses seront mises au concours public ou accordées à un mérite constaté par un examen rigoureux.

1910. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Le beau mérite de subjuguer celles qui ne résistent pas… qui aiment et qui obéissent !

1911. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Travail serré comme un faisceau entre ces deux dates et dont nous aimons à louer les excellentes intentions et sur bien des points la justesse, le talent, la valeur réfléchie ; travail utile, mais non décisif et définitif, sur cette grande, chose controversée : la Ligue, et par conséquent, malgré ses mérites, insuffisant.

1912. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il a traité l’Histoire écrite par les modernes avec le mépris qu’elle mérite.

1913. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

En cela, il a été plus préoccupé d’influence et d’action sur ses contemporains que du double mérite des livres bien faits, c’est-à-dire de la beauté ou de la vérité désintéressée de l’œuvre littéraire. — Cet utilitaire se sera dit que le profit du livre serait bon après le profit de la Conférence, et il a publié son fallacieux Innocent III.

1914. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Il est vrai qu’ils sont en Amérique, — ce qui diminue le mérite d’en avoir, — dans le pays qui pare sa jeunesse avec les oripeaux tombés de la tête branlante de la vieille Europe.

1915. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Nous avons lu avec l’attention qu’il mérite le livre de M. 

1916. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Louvet n’a jamais rien observé que ce qui fait baisser les yeux à un honnête homme, et le nom qu’il mérite ne peut s’écrire en littérature, tandis que Monselet, qui a sans doute pour Louvet l’indulgence d’un biographe de Rétif de la Bretonne, ne manque point d’observation réfléchie, et « la bonne humeur » dont il nous parle aussi dans sa préface et dont nous aurions souhaité qu’il eût voilé quelques éclats, est de cette bonne humeur à la façon des satiriques, qui ont une manière de rire à eux, comme rirent, de leur temps, Johnstone et Le Sage… Monselet s’est calomnié gratuitement en se comparant au plat et indécent auteur de Faublas.

1917. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Quand des talents sont parvenus à un certain degré de célébrité, on peut bien s’avilir en les persécutant ; mais il n’y a plus de mérite à les protéger.

1918. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Voilà pourquoi Homère se trouve le premier de tous les poètes du genre héroïque, le plus sublime de tous, dans l’ordre du mérite comme dans celui du temps.

1919. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Le bonheur y est proportionné aux mérites de chacun. […] Ces mots inférieurs, Mistral les a employés probablement parce qu’il n’en existe pas de plus relevés, ou tout simplement parce qu’ils ont le mérite d’être très vieux. […] La façon dont je fis la connaissance de Maupassant vers 1890 mérite d’être raconté, parce qu’elle montre le côté généreux d’un caractère que l’on a trop souvent accusé d’égoïsme. […] Ce mérite fut méconnu et le bon Brunières, sans croire me désobliger, finit par se persuader qu’on pourrait faire de moi un excellent reporter. […] En voici une, néammoins, qui mérite d’être reproduite comme un curieux échantillon d’originalité macabre.

1920. (1888) Impressions de théâtre. Première série

On a trouvé que le roi de Castille, en nommant don Diègue « chevalier » de la Légion d’honneur, ne faisait que rendre justice au mérite ; qu’il récompensait par là de bons et loyaux services, une tenue excellente, une diction honnête et habile à la fois, toute une vie consacrée au culte austère de la tragédie. […] Et cela sans doute nous enseigne la vanité de la gloire littéraire ; cela nous apprend que nous ne devons point nous attribuer le mérite de ce qui s’élabore en nous de passable ; et c’est là une excellente leçon ; mais en même temps l’incertitude continuelle sur le résultat de ce travail intérieur est pleine d’angoisse et de souffrance. […] Cette grâce est le premier mérite de la fantaisie d’Offenbach et de MM.  […] Un autre mérite, c’est le piquant de cette parodie. […] Mêlez-les ensemble et entrelacez-les, fût-ce avec l’art le plus consommé : il semble que cette opération ne leur puisse rien enlever de leur mérite ; et cependant il y a des chances pour que, réunis et combinés, vos deux chefs-d’œuvre ne vaillent plus tout à fait ce qu’ils valaient isolément.

1921. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Dans ces grandes luttes, on revoit les traits distinctifs des empires ou des républiques qui eurent des vertus pour fondement constitutionnel : ceux-là conservent encore des mœurs tendantes à leur régénération ou à leur perfectionnement : en cela leur destin intéresse, et mérite la mémoire que lui assure la poésie qui le consacre. […] Cette prévention que la manière de l’auteur fait naître est malheureusement justifiée, et c’est elle qui altère la confiance que mérite la vérité de son récit. […] Naguère j’ai juré que je ne l’emploierais pas à louer en vil flatteur la puissance au lieu du mérite ; je l’ai juré sous peine d’encourir votre disgrâce. […] Mais si je n’ajoutais aux louanges que j’ai trop succinctement données au mérite de ce grand poète, ne risquerais-je pas de paraître injuste, après avoir reçu les clartés que vient de répandre M. de Souza, sur sa vie et sur ses ouvrages ? […] M. de Souza laisse éclater à ce sujet sa juste indignation contre les cours et les princes qui, en humiliant le mérite, en lui refusant le prix de ses œuvres, en dédaignant l’honneur qu’ils en reçoivent, se déshonorent eux-mêmes de leur vivant, et dans l’avenir.

1922. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Pierre Quentin-Bauchart ne devenait pas un historien de premier mérite. […] Pierre Quentin-Bauchart a le mérite d’avoir mieux que personne mis en lumière. […] Elle mérite de prendre place dans le cortège des ombres chères. […] Ils s’exagèrent notre mérite. […] Et certainement j’aimerais mieux la demi-page de La Bruyère, mais le portrait en profil perdu a aussi son mérite.

1923. (1927) Approximations. Deuxième série

. — Le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil. […] Nous citions en commençant la parole de Delacroix : « Le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil ». […] D’ailleurs c’est strictement au sujet de Browning en France que je voudrais m’acquitter d’une tâche précise d’informateur ; aussi, avant de souhaiter à ce Cahier Vert toute la diffusion qu’il mérite, dois-je réparer un oubli — involontaire j’en suis sûr — de Mme Duclaux en rappelant les antécédents de l’étude de Browning en France. […] Un père au déclin, mais non au terme de sa vie, écrit une longue lettre à son fils pour lui parler « de ce qui est inactuel et lointain, mais qui seul vaut qu’on s’y attardeet », pour remettre entre ses mains « ce peu qui mérite en effet d’être conservéeu ». […] Il y a ici bien autre chose encore que le mérite (qu’en aucun cas d’ailleurs on n’a le droit de décompter) d’avoir été le premier à parler.

1924. (1923) Nouvelles études et autres figures

Alceste voudrait savoir « sur quel fonds de mérite » Célimène appuie son estime de Clitandre. […] Au mérite éclatant de sa perruque blonde ? […] Ce sera un des grands mérites de Louis Bertrand, en ce qui concerne l’Algérie, d’avoir rompu le cercle d’indifférence ou d’hostilité que l’artiste avait tracé autour de lui. […] De ce long, sinueux et habile plaidoyer, dont la France allait être intoxiquée pendant plus d’un siècle, la seule partie consacrée à la littérature allemande mérite pleinement l’admiration. […] Le mérite de cette nouveauté ne compense pas le mal qu’elle nous a fait.

1925. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

René Perrout mérite le nom d’impressionniste : son amour de la vérité l’empêche de la composer. […] L’auteur n’eût pas refusé de lui donner les deux mérites ; ayant un sacrifice à consentir, il n’hésitera guère : son œuvre est à la fois trouble et vivante. […] Il se contenterait de notre indifférence ; ou bien il mérite notre bonne foi scrupuleuse, attentive. […] Jérôme et Jean Tharaud ne s’y sont pas trompés : c’est l’un des mérites, l’un des agréments de leur ouvrage. […] L’un des mérites de cet art : une clarté perpétuelle.

1926. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

car je veux bien te parler un moment, non pas avec l’indignation que tu mérites, mais avec la pitié que tu mérites si peu. […] Ne savons-nous pas que Catulus, ce citoyen si éminent dans tous les genres de mérite, qui ne demandait à son ancien collègue Marius que l’exil pour toute grâce, fut réduit à la nécessité de s’ôter la vie ?

1927. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola en emprunta le langage, sut faire parler à son héros la langue brûlante qu’avaient connue Jean Gersen et les fanatiques du moyen âge : c’est un mérite bien plus qu’un plagiat  On sait toute l’importance qu’il attache aux détails précis, à la description exacte de tout ce qui fait ses héros. […] Chabrillat, qui reprenait l’Ambigu et qui ne demandait qu’à donner du relief à ce vieux réceptacle du mélo, se chargea bravement de cette téméraire entreprise ; il eut le mérite de croire au succès, et de ne reculer devant aucun sacrifice pour l’assurer. […] Pas celui de Coupeau, il est vrai, et c’est là le grand mérite de la pièce ; les auteurs l’ont aussi bien suivi dans les lentes péripéties de sa chute qu’il était matériellement possible de le faire.

1928. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Mais si c’est pour faire une énumération vide de sens, de laquelle ne doit se dégager aucune impression véritable, si c’est le fastidieux plaisir de voir pour voir, non pour comprendre et sentir, mieux vaut laisser dans l’ombre ce qui ne mérite pas d’en être tiré ou peut-être ce qu’on n’a pas su en faire sortir. Car, au fond, la justification du réalisme, c’est que tout parle et que tout mérite d’être entendu : le difficile est de savoir entendre. […] Quant au réalisme, son mérite est, en recherchant l’intensité dans la réalité, de donner une impression de réalité plus grande, par cela même de vie et de sincérité.

1929. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Quant au style poétique et proprement esthétique, qui mérite une étude particulière, il est d’abord une éloquence réduite au cœur et à la moelle, débarrassée de toutes les conventions que réclame le milieu oratoire, ramenée à l’image, au rythme et à l’accent, choses relativement intemporelles et qui varient le moins dans les milieux les plus divers. […] Certes, quand la rime est l’occasion de pareilles trouvailles, elle mérite des adorations ; malheureusement, ce qui est difficile à trouver, ce ne sont pas les rimes riches, c’est la poésie capable de remplir l’intervalle entre l’une et l’autre282. […] Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures ; ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton ; car l’ouvrier mérite sa nourriture285.

1930. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La parole intérieure morale Mais il est une troisième variété qui mérite une place à part dans notre analyse : c’est la parole intérieure morale. […] Ceci mérite peut-être une démonstration méthodique : 1° D’une part, si l’on croit aux esprits, il est normal qu’un pur esprit se manifeste par des sons, le son étant, de toutes nos sensations, la moins engagée dans l’idée de matière. […] Ordres et défenses, quand le devoir est clair, simple permission dans le cas contraire, sentiment dramatisé du démérite, aucun phénomène moral ne manque au tableau, si ce n’est peut-être le moins moral de tous, le sentiment du mérite, la satisfaction du devoir accompli ; encore peut-on le voir dissimulé sous une forme discrète, la seule qu’admette une conscience scrupuleuse, dans la promesse du secours de Dieu et dans l’annonce du succès final.

1931. (1888) Poètes et romanciers

Il ne peut entrer dans notre dessein de faire une étude complète des chansons, des occasions diverses d’où elles sont nées et de leur mérite poétique. […] Toutes les pièces qui composent l’œuvre politique de Béranger sont loin d’avoir la même portée et un mérite égal. […] Une œuvre ne mérite de durer qu’à la condition de se fonder sur une idée élevée ou sur un intérêt sérieux. […] Pourquoi donc, malgré tant d’efforts et de mérites, le succès est-il resté douteux ? […] Au contraire, comme pour redoubler le mérite de la difficulté vaincue, il s’est enfermé dans les bornes les plus étroites, dans une sorte de prison cellulaire.

1932. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Tolstoï discute son mérite, mais en essayant de cacher ses sentiments personnels, avec une froideur au moins apparente, en algébriste. […] Chacune mérite au moins un rapide crayon. […] » Saintré ne mérite pas ces injures : il est affectueux, il est constant, il est sincère, il est courageux. […] C’est cette indépendance absolue qui mérite au sens strict le nom de Naturalisme. […] Il cherche : c’est son mérite et sa force ; il est séduit par toute doctrine nouvelle : c’est sa faiblesse.

1933. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ce premier mérite est extrême, incomparable, met Stendhal tout à fait à part, à côté des La Bruyère et des Saint-Simon, dont, à tous les autres égards, il est si loin. […] Un libéral de 1830 qui n’emploie jamais le mot liberté mérite qu’on lui demande la permission de l’embrasser. […] Toute philosophie idéaliste est une ivresse lourde ou un manège suspect ; toute religion mérite des qualifications beaucoup plus dures. […] Il était timide, signe certain de l’orgueil, comme la modestie l’est du mérite. […] Chacun a ses mérites, et la combinaison de ces expédients divers est un expédient encore qui a son mérite aussi.

1934. (1864) Le roman contemporain

Cette brièveté générale de la vie des romans donne, à défaut d’autre mérite, quelque prix à ce tableau du roman contemporain. […] Ce qu’il y a d’abord de bien certain, c’est que MM. le duc de Broglie, Molé, Guizot, malgré leur incontestable mérite, n’ont pas réussi à défendre la société, puisqu’elle est tombée. […] Sainte-Beuve, modestement enseveli dans le feuilleton du Constitutionnel, caresse ses amis, fustige ses adversaires, développe quatre fois par mois les mérites de la littérature réaliste et sceptique, exalte MM.  […] Paul Féval, ce n’est pas à coup sûr en rangeant les noms par ordre de mérite. […] Sans nier le mérite réel de M. 

1935. (1908) Après le naturalisme

Rendons à ce plus petit rôle la place qu’il mérite : la plus grande. […] Et tant de mérite leur en revient, qu’elles n’ont pas à s’en excuser. […] Son rôle cependant mérite d’être mieux défini. […] La splendeur de vivre mérite d’être exaltée.

1936. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

carcer, prison, se dit en latin d’un home qui mérite la prison. […] Les idées accessoires sont d’un grand usage dans l’ironie : le ton de la voix, et plus encore la conoissance du mérite ou du démérite personel de quelqu’un, et de la façon de penser de celui qui parle, servent plus à faire conoitre l’ironie, que les paroles dont on se sert. […] carcer, prison, se dit aussi par métonymie, de celui qui mérite la prison. (…) ? […] On doit éviter les jeux de mots qui sont vides de sens : mais quand le sens subsiste indépendament du jeu de mots, ils ne perdent rien de leur mérite. […] Il y a eu un tems où les ouvrages d’esprit tiroient leur principal mérite de la peine qu’il y avoit à les produire, et souvent la montagne étoit récompensée de n’enfanter qu’une souris, pourvu qu’elle eut été long-tems en travail.

1937. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il est certain que le poète de Joseph Delorme et des Consolations n’a pas été mis à son rang de mérite par ses contemporains et qu’il en a souffert ; certain aussi que Volupté n’a pas connu le succès de vogue des premiers romans de Balzac, et que l’auteur en a été peiné. […] Henry Bordeaux a fait de main d’ouvrier, outre les Roquevillard, plus d’un ouvrage qui mérite cet éloge. […] La destinée ne lui a pas permis de remplir tout son mérite. […] Léon Daudet au dix-neuvième siècle mérite d’être suivi de très près par tous les bons Français à qui six changements de régime et quatre invasions durant ces cent années laissent une inquiétude sur le prochain avenir. […] Il aura eu ce mérite, ce siècle dont Guizot disait déjà qu’il était « fécond en avortements », d’avoir beaucoup entrepris, beaucoup travaillé.

1938. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Un homme de mérite, occupé de l’histoire comme d’une science, habitant dans le voisinage de Saint-Cyr, et à la source des meilleurs mémoires, M.  […] Elle est la décente amie de M. de Nivernais ; car en ce pays aucune intimité n’est permise que sous le voile de l’amitié. » Le duc a son mérite ; comme écrivain, il est « au sommet du médiocre », et Horace Walpole cite à ce propos le mot de Mme Geoffrin, qu’il corrige légèrement, puis il ajoute : Il serait disposé à penser avec liberté, s’il n’avait l’ambition de devenir gouverneur du dauphin (Louis XVI), et de plus il craint sa femme et sa fille qui sont des fagots d’Église.

1939. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

C’est un homme qui a plus de bonheur à admirer les autres qu’à être admiré lui-même ; qui demande pardon de son mérite à ceux qui en ont souvent moins que de prétention, et qui, ne briguant aucun renom pour lui, forme ce milieu anonyme, atmosphère vivante de ceux qui parlent ou écrivent, la galerie qui applaudit, la critique, le parterre des lettres, sans lequel il n’y aurait point de lettres dans un pays, le nom collectif, un des noms de ce public d’élite enfin qui n’affecte aucune gloire, mais qui la donne à une nation, dont la première gloire est d’aimer ceux qui d’une part de leurs noms lui font un surnom national et immortel. […] Il les méritait l’une et l’autre, la première par son bonheur, la seconde par son mérite.

1940. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Et que de fois encore du milieu de toutes ces thèses si animées, de tout ce déplacement soudain de raison virile et d’éloquence, je l’avais vue passer vivement à des intérêts privés, les faire valoir avec le même feu, donner à quelque mérite modeste ou disgracié un appui décisif, par ces paroles d’une séduction impérative ou d’une bonté touchante, comme elle en savait dire aux hommes politiques le plus à l’abri de l’émotion ! « Que de fois, par cette ardeur conciliante qui lui était un lien avec les meilleurs représentants de tous les partis, et par ce droit légitime de son esprit qui ne lui donnait guère moins de pouvoir sur M. de Blacas ou sur M. de Montmorency, que sur M. de Lafayette ou sur le baron Louis, je l’ai vue dans la même soirée, faire admettre dans la maison du roi un homme de mérite aussi indépendant que malheureux, réintégrer dans leurs emplois quelques agents impériaux et dévoués, mais avec honneur, au pouvoir qu’elle avait combattu, et servir de son crédit des hommes de lettres qui, pendant son exil, avaient eu le malheur de nier son talent.

1941. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo est l’histoire de livres éphémères, greffés sur des lieux communs du jour ou imités d’ouvrages analogues, où le mérite de l’invention n’appartient pas à M.  […] Le nom intervint, en effet, dans les quelques paroles qui s’échangeaient entre mon auguste interlocuteur (Napoléon III) et moi : « Comprenez-vous, me dit l’Empereur, d’un air à la fois grave et légèrement railleur, qu’un homme de ce mérite fasse des vers comme ceux-ci :                                                   … J’en suis émerveillé Comme l’eau qu’il secoue aveugle un chien mouillé » ?

1942. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Par un malheur, ce n’est pas au Salon de Peinture qu’ils peuvent chercher l’art wagnérien ni même un art d’aucune sorte : par un malheur, certes, mais qui ne mérite point d’habituelles indignations. […] Mais il a gardé un caractère spécial, le mérite manifeste de la sincérité.

1943. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Des artistes d’un très réel mérite, des œuvres très intéressantes ne trouveront point leur place, — et je le regrette, — dans cette sorte de vue perspective qu’il m’a paru intéressant d’ébaucher sous la forme d’un résumé rapide et synthétique. […] Boylesve a comme principal mérite une sobriété relevée d’exactitude.

1944. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Quelques écrivains récents n’ont pas accordé, je crois, à la stérilité très générale des hybrides toute la valeur qu’un tel fait mérite. […] La faible variabilité des hybrides nés d’un premier croisement, ou à la première génération, en opposition avec leur extrême variabilité pendant les générations suivantes, est un fait extrêmement curieux qui mérite d’arrêter notre attention.

1945. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

A côté des fondateurs du dadaisme, les seuls qui soient logiques avec eux-mêmes et dont le cas mérite attention, sont venues se ranger toutes les victimes de la société bourgeoise intellectuelle. […] Son cas mérite qu’on l’étudié avec attention comme faisant partie de tout ce qui se produit dans l’ensemble, où déjà dans la pourriture du cadavre pousse quelque chose solidement charpenté, quelque chose qui demain apparaîtra bien vivant sur le double plan matériel et spirituel, quelque chose qui n’est ni moderne ni classique, mais bel et bien dans la tradition humaine.

1946. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Mais écrire une histoire approfondie des Guise, de ces héros d’un monde fini et condamné, c’est du recul, de l’archaïsme, du déluge, et malgré tout le mérite qu’on peut avoir, on n’est ni lu, ni discuté… Les Ducs de Guise et leur époque ! […] Et le mérite de l’historien, toujours ordinairement un peu dupe de son histoire, c’est d’avoir résisté à ces charmeurs héroïques qui, un moment, ensorcelèrent la France.

1947. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

C’en est assez sur le mérite de Villeroi, mais il était peut-être nécessaire de l’approfondir ainsi pour mieux faire ressortir celui du président Jeannin.

1948. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il faut bien s’y résigner ; il y a des noms qu’on ne connaissait pas hier et qu’il faut se mettre à apprendre aujourd’hui ; il y a, en dehors de ceux qu’on cite tous les jours, des mérites et des talents réels qui font tôt ou tard leur entrée et leur avènement dans notre monde.

1949. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

C’est au chapite « Du mérite personnel » ; le malin portrait se glissa dans la cinquième édition des Caractères, qui fut donnée en 1690 : Je connais Mopse d’une visite qu’il m’a rendue sans me connaître.

1950. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

En nous tenant strictement ici à ce qui concerne le fondateur de la Revue des Deux Mondes (et cette fondation est le vrai titre d’honneur de M.Buloz), nous pourrions bien lui affirmer que ce n’est point tant à cause des inconvénients, des imperfections et des défauts que toute œuvre collective et tout homme de publicité apportent presque inévitablement jusqu’au sein de leurs qualités et de leurs mérites, qu’il est attaqué et injurié avec cette violence en ce moment, mais c’est précisément à cause de ses qualités mêmes (qu’il le sache bien et qu’il en redouble de courage, s’il en avait besoin), c’est pour sa fermeté à repousser de mauvaises doctrines, de mauvaises pratiques littéraires, et pour l’espèce de digue qu’il est parvenu à élever contre elles et dont s’irritent les vanités déchaînées par les intérêts.

1951. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Vous perfectionnez par les nuances ; mais celui qui a pu s’emparer avant tous les autres des couleurs primitives, conserve un mérite d’invention, donne à ses tableaux un éclat que ses successeurs ne peuvent atteindre.

1952. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Dans les situations communes de la vie, on se fait illusion sur son propre mérite ; mais un sentiment actif fait découvrir à l’ambitieux la mesure de ses moyens, et sa passion l’éclaire sur lui-même, non comme la raison qui détache, mais comme le désir qui s’inquiète ; alors, il n’est plus occupé qu’à tromper les autres, et pour y parvenir, il ne se perd pas de vue ; l’oubli d’un instant lui serait fatal, il faut qu’il arrange avec art ce qu’il sait, et ce qu’il pense, que tout ce qu’il dit ne soit destiné qu’à indiquer ce qu’il est censé cacher : il faut qu’il cherche des instruments habiles, qui le secondent, sans trahir ce qui lui manque, et des supérieurs pleins d’ignorance et de vanité, qu’on puisse détourner du jugement par la louange ; il doit faire illusion à ceux qui dépendent de lui par de la réserve, et tromper ceux dont il espère par de l’exagération.

1953. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

En effet, quand l’amour-propre est arrivé à un certain excès, il se suffit assez à lui-même pour ne pas s’inquiéter, pour ne pas douter de l’opinion des autres ; c’est presque une ressource qu’on trouve en soi, et cette crédulité dans son propre mérite a bien quelques-uns des avantages de tous les cultes, fondés sur une ferme croyance.

1954. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Au reste, c’est l’honneur singulier, c’est l’immortel mérite des classiques, que, si élevée que soit leur œuvre au-dessus de la médiocre réalité, vous ne vous y sentirez jamais tout à fait dépaysé.

1955. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

On met dans la conclusion ce qui n’est pas dans le principe ; car cette égalité réelle ne peut être la conséquence logique et nécessaire de l’égalité essentielle de tous les hommes que si celle-ci implique l’égalité de bonté, d’intelligence, de travail, de mérite : ce qui n’est pas.

1956. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Manque une idée directrice : la connaissance nette du mérite essentiel par où valent les œuvres antiques.

1957. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Car justement ce qui fait qu’une poésie devient populaire, est insérée dans les recueils de morceaux choisis, dans les Abeilles ou les Corbeilles de l’enfance, ce sont bien sans doute des mérites réels, mais c’est aussi une certaine banalité dans le sentiment, la composition ou le style.

1958. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Mais ce sujet trop beau, c’est aussi le mérite de M. 

1959. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Charles Baudelaire Gautier, c’est l’amour exclusif du Beau, avec toutes ses subdivisions, exprimé dans le langage le mieux approprié… Or, par son amour du Beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni (mettez, par exemple, en parallèle les derniers feuilletons sur Pétersbourg et la Néva avec Italia ou Tra les montes), Théophile Gautier est un écrivain d’un mérite à la fois nouveau et unique.

1960. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Où est l’instant ou son esprit actif a pû retomber sur lui-même, il a parcouru l’Univers & a déposé dans sa mémoire une suite magnifique de tableaux qui se reproduiront à son imagination, lorsque l’homme oisif & importun venant le tyranniser prendra son silence méditatif, pour la preuve non équivoque d’une attention qu’il ne mérite point.

1961. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Chrisoforo, comme Epidicus, est récompensé, au lieu d’être puni suivant ses mérites.

1962. (1890) L’avenir de la science « XXI »

» La seule portion de l’humanité qui mérite d’être prise en considération, c’est la partie active et vivante, c’est-à-dire celle qui ne se trouve pas à l’aise.

1963. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

[Greek : Metathronos], c’est-à-dire partageant le trône de Dieu ; sorte de secrétaire divin, tenant le registre des mérites et des démérites : Bereschith Rabba, V, 6 c ; Talm. de Bab., Sanhédr., 38 b ; Chagiga, 15 a ; Targum de Jonathan, Gen., V, 24.

1964. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

VI Terminons ici, et sans nous arrêter à quelques chapitres où l’auteur complète sa morale, mais n’y ajoute rien d’essentiel, résumons les mérites et les lacunes de cet important traité de Psychologie.

1965. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Madame Scarron avait pris Gobelin pour directeur, comme beaucoup de gens d’esprit prennent pour conseil des personnes qui leur sont fort inférieures en mérite.

1966. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Je le réprimandai à haute voix, et d’autant plus sévèrement que c’était un officier de mérite, ce qui rendait la leçon plus frappante.

1967. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

C’est là son tort. » C’est là son mérite.

1968. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Leuret reconnaît aussi qu’il y a là un fait qui mérite d’être pris en grande considération, et il est très vrai que tous les animaux dont le cervelet est recouvert par le cerveau sont des animaux intelligents, et que beaucoup d’autres, où il est découvert, sont plus ou moins stupides.

1969. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Enfin, une doctrine très-répandue assigne à la faculté du langage articulé un siège spécial dans le cerveau ; mais cette dernière question mérite par son importance une étude particulière.

1970. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Parce que nous n’avons pas mission de dire avec ascendant le grand mot religieux qui convient sur les mérites extraordinaires de la sœur Emmerich, est-ce une raison pour ne pas risquer notre humble mot de critique littéraire sur ce quelque chose qui, en fin de compte, s’est résolu en elle par ce qu’on est bien obligé d’appeler du talent, et du talent jusqu’au génie… ?

1971. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

ceci constituait pour nous un mérite absolu.

1972. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Non seulement Stendhal a un de ces mérites positifs qui forcent la main de la Critique, mais il a, de plus, une fascination singulière, qui a obligé à le regarder.

1973. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Non-seulement Stendhal a un de ces mérites positifs qui forcent la main à la Critique, mais il a, de plus, une fascination singulière qui oblige à le regarder.

1974. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Si cette conception possède un mérite, c’est bien celui d’être dénuée de toute complication.

1975. (1915) La philosophie française « I »

Si l’on peut contester sur certains points l’œuvre sociologique du maître, il n’en a pas moins eu le mérite de tracer à la sociologie son programme et de commencer à le remplir.

1976. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Il nous renvoie à leurs livres, il ramène la philosophie à l’art d’écrire, et, à force de se rapprocher d’eux, mérite presque d’être rangé à côté d’eux.

1977. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Il en donne des raisons bien singulières : « le vers libéré, dit-il, n’a qu’un mérite, celui d’avoir rénové les mètres impairs.

1978. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il vient me faire des reproches, d’autant plus sensibles que je les mérite un peu. […] Il mérite cela. […] que quand on le discute, ce n’est qu’un mérite de plus au critique que de n’avoir pas eu une peur puérile de la vérité ! […] En cela il l’est excellemment, et, non pas le plus grand mérite, mais le mérite éclatant de Racine, le mérite particulier et unique de Racine, est d’avoir dans une mesure juste et avec un sentiment infiniment sûr des nécessités du genre, fait entrer le style poétique dans l’œuvre de théâtre. […] « Faire quelque chose de rien » est pour lui le vrai mérite du poète.

1979. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Laurette seule mérite ce qu’en dit M.  […] C’est ce qui s’ajoutera aux autres mérites de M.  […] Si c’est un mérite à un portrait que d’être ressemblant, qui ne sait que c’en est le moindre ? […] Bourget s’efforçait de le disculper, — on serait tout proche aujourd’hui de lui en faire au contraire un mérite. […] Tout art a ses virtuoses, dont il faut savoir reconnaître et louer le mérite.

1980. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Joignez à cela un caractère fier, si fier, que plus tard, dans le monde, parmi les grands, « la crainte de tout ce qui pouvait approcher de la bassesse et de la servilité rendait ses façons presque tranchantes et rudes. » Ajoutez enfin la conscience de son mérite. « Pauvre inconnu que j’étais, j’avais une opinion presque aussi haute de moi-même et de mes ouvrages que je l’ai à présent que le public a décidé en leur faveur1148. » Rien d’étonnant si l’on trouve à chaque pas dans sa poésie les réclamations amères d’un plébéien opprimé et révolté. […] Pauvre bête, il faut qu’elle vive1168. » Même les anciens condamnés, les grands malfaiteurs, Satan et sa bande, on n’a plus envie de les maudire ; comme les sacripants de taverne et les mendiants qu’on a vus tout à l’heure, ils ont leurs mérites, et peut-être après tout ne sont-ils pas si méchants qu’on le dit. […] Le propre de l’âge où nous vivons et qu’il ouvre, c’est d’effacer les distinctions rigides de classe, de catéchisme et de style ; académiques, morales ou sociales, les conventions tombent, et nous réclamons l’empire dans la société pour le mérite personnel, dans la morale pour la générosité native, dans la littérature pour le sentiment vrai. […] Comme il a la plus riche provision de costumes et le plus inépuisable talent de mise en scène, il fait manœuvrer très-agréablement tout son monde, et compose des pièces qui, à la vérité, n’ont guère qu’un mérite de mode, mais cependant pourront bien durer cent ans.

1981. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Sa carrière a été trop entravée pour s’égaler à son mérite. […] Ils ont pu remplir leur mérite, aller jusqu’au bout de leur destinée et assister aussi, hélas ! […] Les palmes académiques et le ruban vert du Mérite agricole lui sont très utiles pour ramener au bercail les égarés et les révoltés. […] Et c’est peut-être lorsqu’on monte vers les hauts échelons de la hiérarchie cléricale que l’on voit diminuer le mérite de l’esprit et les qualités du cœur. […] L’envie égalitaire est presque désarmée : il y a beaucoup de places pour les petites ambitions et les mérites moyens, et il n’y a presque aucune place pour les grandes ambitions, les grands mérites.

1982. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Tel est le résumé de ce livre qui mérite infiniment mieux que le succès qu’il aura auprès de certains lecteurs à la recherche de romans égrillards. […] Paul Staffer, à qui l’on doit d’excellents ouvrages de critique, vient d’en accroître le nombre d’un volume intitulé : Des réputations littéraires, essais de morale et d’histoire, Un des grands mérites de la critique de M.  […] Ni la gaîté, ni l’esprit n’y manquent, le nom de l’auteur le dit assez, mais c’est surtout la pointe d’observation qui y perce partout, qui en est pour moi le grand mérite. […] Ils doivent craindre que les déshérités à qui ils ont promis la richesse de la bourgeoisie, dont ils ne disposent pas, deviennent plus exigeants chaque jour et, constatant leur impuissance, leur infligent le châtiment que mérite l’imposture. […] Un des grands mérites de cette dernière œuvre de M. 

1983. (1900) Molière pp. -283

Oui, dit-il, goûtez à votre aise et justement en celle-là tant de fins mérites et de solides vertus ; mais, en songeant à son avenir de femme (comme à celui des filles que vous voulez former sur ce modèle), n’applaudissez pas trop à ce qui entre de maturité précoce et de virilité d’esprit dans cet idéal créé par le poète ; et, telle qu’elle est, ne vous promettez pas pour elle, aussi sûrement que vous le faites, un bonheur, un particulier lot de bonheur, dans le mariage, qui ferait exception au mélancolique arrêt prononcé par l’auteur des Maximes : « Il y a de bons mariages ; il n’y en a pas de délicieux7 ». […] C’est pour les Lyonnais qu’il a composé sa première pièce de quelque mérite, L’Étourdi ; on était en 1657. […] Pour moi, ses œuvres en main, ayant devant les yeux les types qu’il a créés, je vois Molière qui s’en va solliciter humblement madame la Baillive ou madame l’Élue, ou madame l’Intendante du Roi, pour obtenir la permission de jouer dans leur petite ville ; je le vois qui rencontre pour juge de son mérite M.  […] Ainsi, la justesse du langage est complète ; et Molière y a d’autant plus de mérite, c’est d’autant plus un fait de génie, que le langage que lui a donné la nature, et que son temps lui donne aussi, n’est pas encore bien débrouillé ni assoupli. […] Il manque beaucoup aux gens d’esprit, et ils n’ignorent pas ce qui leur manque ; aussi, n’ayant ni le mérite accompli, ni la confiance suprême des sots qui en tient lieu, ils n’arrivent presque jamais à rien.

1984. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Sachons gré à Louis XIV d’avoir laissé jouer Tartuffe, mais ne lui en accordons pas trop le mérite. […] Rohaut, je suis le plus malheureux de tous les hommes, ajouta Molière, et je n’ai que ce que je mérite. […] Je ne sais si le reproche est bien grave pour le mérite de Molière. […] Le regret que le plus grand des rois a fait paraître de sa mort est une marque incontestable de son mérite. […] J’eus à peine achevé de parler du mérite de cet auteur, qu’une Personne de la Compagnie tira quelques pièces de vers qui regardaient cet illustre défunt.

1985. (1902) Le critique mort jeune

Remy de Gourmont et les libres intelligences qui partagent ses idées n’ont pas le mérite d’avoir rien inventé : ils n’y prétendent point d’ailleurs. […] La justice absolue, le principe du mérite personnel seraient vainement invoqués contre les lois de la « physique sociale » : car l’expérience montre que toute infraction à ces sortes de lois se résout en malheurs et en crimes. 2° Une morale fondée sur la seule « conscience », ou sur des principes abstraits (Droit, Justice, etc…), une « morale indépendante » en un mot, est incapable de produire le bien, comme fait toute morale appuyée sur une religion positive. […] C’est son seul mérite, ou, pour mieux parler, sa capacité qui lui a valu cette ascension rapide, immédiate : et c’est elle, précisément, dont Monneron se glorifie, qui doit lui nuire. […] Son mérite est certain ; ses aptitudes réelles. […] Ce cavalier, de bonne mine et de bonne maison, qui eut aux armées du Roi une conduite signalée, ne réussit pourtant pas à obtenir les honneurs pour lesquels le désignaient ses mérites.

1986. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Les livres suivants ont grand mérite encore et intérêt, comme nous le devons dire ; mais on s’y enfonce dans le terroir, et ce n’est pas notre affaire, à nous lecteurs toujours pressés et légers. […] Les livres suivants du Presbytère, qui, à cause de leur spécialité et de leur dimension, ne sauraient s’adresser au gros des lecteurs d’ici, ne gardent pas moins, pour nous autres critiques, un intérêt prolongé et un mérite d’art auquel M.

1987. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Pour apprécier autant qu’il convient le mérite naturel et touchant des élégies de Parny, il suffit de lire celles qu’a essayées Le Brun, si sèches, si fatiguées et si voulues. […] C’est assez dire d’ailleurs combien il n’eût rien entendu, selon toute probabilité, aux mérites sérieux, aux qualités d’élévation et de haute harmonie qui sont l’honneur de cette lyre moderne.

1988. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Le ramassis de quolibets, de calembours, de vulgarités saugrenues de cette partie carrée qui occupe un tiers de volume dans les Misérables, ne mérite pas qu’on s’y arrête. — Une seule remarque encore, c’est que ces huit convives, mâles et femelles (car on ne peut pas les appeler hommes et femmes), ont tous les huit des vices incarnés dans la débauche et dans l’égoïsme le plus révoltant. […] parce que le mot est digne, noble, mémorable, parce qu’il exprime héroïquement, quoique simplement, le qu’il mourût de Corneille, parce qu’il mérite d’être inscrit en lettres d’or sur les étendards de la patrie, Victor Hugo, qui croit avoir trouvé mieux dans la langue canaille du peuple, substitue à cette belle langue militaire un mot de faubourg, un mot plus abject, et plus qu’un mot de faubourg, un mot de latrines qui répond par une brutalité laconique, par une bestiale réplique, à une proposition généreuse faite en bons termes à ces braves mourants, et il en fait le plus beau mot (textuel) qu’un Français ait jamais dit, et il s’extasie sur le génie populaire de ce mot.

1989. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

La victoire, quand elle est selon le progrès, mérite l’applaudissement des peuples ; mais une défaite héroïque mérite leur attendrissement.

1990. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Ensuite un corps de musique, huit membres du clergé de Berlin et, devant le char funèbre, trois gentilshommes de la chambre, le comte de Fürstenberg-Stammheim, le comte de Dœnnhoff, le baron de Zedlitz ; ils étaient assistés d’un quatrième qui portait, sur un coussin de velours rouge, les insignes de l’ordre de l’Aigle noir, de l’ordre du Mérite et des autres ordres nombreux dont Humboldt était décoré. […] « La composition d’un tel ouvrage, s’il aspire à réunir au mérite du fond scientifique celui de la forme littéraire, présente de grandes difficultés.

1991. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

J’avoue qu’à l’âge où je suis arrivé, je ne connaissais Montesquieu que de nom, et que je serais mort sur la prévention de son mérite transcendant, si je n’avais eu enfin, dans ces derniers temps, le loisir de l’étudier à fond et la volonté de m’en faire une idée juste. […] Il n’a qu’un mérite : il n’a pas rêvé.

1992. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Ainsi s’explique la renommée dont il jouit en son temps ; et, si elle dépasse son mérite, elle fait honneur au goût de ceux qui la lui ont donnée429. […] Mais son tempérament de juriste a besoin de justice : le dogme de la Providence corrige l’immoralité de la réalité, et rend à chacun selon son mérite.

1993. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ce sont comme deux fragments, le terme et le début, d’une immense épopée spiritualiste sur la destinée humaine ; la huitième vision de la Chute d’un ange nous explique la conception du poète : l’homme fait sa destinée, monte ou descend par son propre mérite, supprime le mal en s’élevant à Dieu, raison de l’être, et terme de l’aspiration de toute créature. […] En un sens même (poésie à part, et idées, et style), la chanson de Béranger est populaire par le même mérite qui a fait la popularité de La Fontaine : parce qu’elle est toute action.

1994. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Il n’en a que plus de mérite à avoir relevé la pensée poétique d’Horace, par un sentiment chrétien, bien supérieur au développement descriptif du poète. […] Mais le mérite particulier de Froissart, le trait auquel s’est reconnu l’esprit français, c’est d’avoir peint des couleurs les plus vraies, ou plutôt des seules couleurs qui y convinssent, une époque caractéristique de la société française.

1995. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

La Révolution et l’Empire n’ont produit aucun poème qui mérite d’être nommé ; ils ont fait bien mieux. […] L’Inde seule mérite à quelques égards d’être prise au sérieux et comme fournissant des documents positifs à la science.

1996. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Matthieu mérite évidemment une confiance hors ligne pour les discours ; là sont les Logia, les notes mêmes prises sur le souvenir vif et net de l’enseignement de Jésus. […] Au moment où ces pages s’impriment, paraît un livre que je n’hésite pas à joindre aux précédents, quoique je n’aie pu le lire avec l’attention qu’il mérite : Les Évangiles, par M. 

1997. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Car pour nous autres, le brouillard slave a quelque chose de bon… il a le mérite de nous dérober à la logique de nos idées, à la poursuite extrême de la déduction… Chez nous, voyez-vous, on nous dit, lorsque vous vous trouvez dans un chasse-neige : “Ne pensez pas au froid ou vous mourrez ! […] » Gambetta reprend : « Et cependant, ç’a été comme une réunion de constellations favorables… D’abord un homme de mérite (Thiers), venant à nous, apportant son autorité pour fonder notre chose… puis les malheurs de la Patrie amenant la discipline entre les anciens et les nouveaux républicains… enfin la concurrence de trois prétendants se détruisant l’un par l’autre ».

1998. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

M. de Chézy était érudit, je n’étais que poète ; il y a plus de mérite à émouvoir la science que l’imagination. […] Arrosons donc aussi celles qui ont déjà donné leurs fleurs ; nos soins désintéressés ainsi pour elles n’en auront que plus de mérite aux yeux des dieux.

1999. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Cette seule habitude d’honneur et de vaillance chevaleresque, cette loyauté du duel guerrier, est une moralité relative qui mérite déjà la victoire.

2000. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Mais en même temps et en attendant que cette épopée encore à naître fut venue, Ramond, vers 1807, savait fort bien déterminer le caractère littéraire d’un siècle qui était le sien et qui a aussi sa force et son originalité : On le dépréciera tant qu’on voudra ce siècle, disait-il, mais il faut le suivre ; et, après tout, il a bien aussi ses titres de gloire : il présentera moins souvent peut-être l’application des bonnes études à des ouvrages de pure imagination, mais on verra plus souvent des travaux importants, enrichis du mérite littéraire… Nos plus savants hommes marchent au rang de nos meilleurs écrivains, et si le caractère de ce siècle tant calomnié est d’avoir consacré plus particulièrement aux sciences d’observation la force et l’agrément que l’expression de la pensée reçoit d’un bon style, on conviendra sans peine qu’une alliance aussi heureuse de l’agréable et de l’utile nous assure une place assez distinguée dans les fastes de la bonne littérature.

2001. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

On ne trouva pas son mérite digne de sa réputation : son premier discours, qui était contre les libertins, et qu’il avait, dit M. de Meaux, assez mal amené à l’évangile du jour, parut faible : on loua sa piété et sa modestie, sa voix douce, son geste réglé, jusqu’à lui accorder, contre l’avis de quelques-uns, la grâce de l’élocution : on trouva de la politesse dans son discours, des termes choisis et de l’onction : il fut très bien écouté, et le roi et la Cour en furent édifiés.

2002. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

parce qu’un homme de bon esprit, étudiant les sciences, méditant sur les faits naturels, sur les lois qui les régissent, sur les origines mystérieuses et les transformations qui s’y opèrent, ne peut arriver à concevoir l’idée de Création proprement dite, et qu’il accepte plus volontiers l’idée d’une succession continue, avant comme après, pendant un temps infini, — cet homme qui, en raison de cette conception qui lui paraît la plus probable, ne peut avoir les mêmes idées que vous sur la Genèse et l’origine du monde ; — vous qui n’avez nulle idée des sciences proprement dites ni de leurs méthodes, ni de leurs résultats, ni de leur progrès continuel et croissant, vous l’insulterez pour ce fait seul, — lui qui est d’ailleurs un savant de mérite, un honnête homme, un sage !

2003. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Le résultat final des soins et des peines infinies qu’auront pris, cette fois, tant d’hommes de mérite autour d’elle et autour de ses Lettres, sera donc de nous offrir non seulement un écrivain plus naturel, mais une personne plus originale et plus semblable à la vraie, une Sévigné plus Sévigné qu’elle ne l’avait jamais été jusqu’ici.

2004. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

De toutes ces négations et de ces mérites, on a déjà conclu que Boileau, si bon esprit, si juste, si sensé, si agréable, si considérable, si oracle à bon droit dans sa sphère, ne prévalait et ne régnait que dans une sphère circonscrite et fermée.

2005. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.

2006. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Je ne pèse pas les mérites, je noie les moments.

2007. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, en se justifiant en bonne partie des inculpations de l’abbé de Pradt, n’a jamais mieux répondu que par ce mot qui qualifie et marque l’ensemble du procédé : « Quand le caractère d’un homme s’est décelé par de certains traits, il n’est plus possible de compter pour rien son jugement. » Ce mot mérite de rester définitivement attaché à tout portrait de l’abbé de Pradt.

2008. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Le succès, dans ses caprices, va quelquefois au pur mérite, au talent modeste et caché ; il va même au talent absent et disparu qui, vivant, s’ignorait en partie ou qui avait aimé à ne pas se faire connaître.

2009. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

L’Ajax français ne s’en relèvera pas : ce maréchal, de plus de montre que de mérite, demeure criblé sous cette grêle d’épigrammes.

2010. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

« L’envie, qui rarement avoue un mérite complet, a répondu qu’Amène manquait de cette force qui brise les difficultés nécessaires pour triompher des obstacles semés sur la route de quiconque agit pour le bien public.

2011. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

ils ne feront pas mal peut-être, mais ce ne sera jamais bien complet, ni bien distingué, ce sera manqué par quelque endroit, tandis que, dans leurs vers de tous les jours, dans ces pièces sans prétention qu’ils jettent au gré de leur secrète fantaisie, il peut arriver qu’à tel moment ils atteignent à une note exquise, à quelque chose de pénétrant, à quelque chose de tout à fait bien, et qui mérite de vivre.

2012. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Suivant une expression de mademoiselle Bertin, elle aussi, elle est arrivée à la onzième heure de poésie ; j’espère que de même elle aura sa part (et elle la mérite) à côté de plus d’un qui a devancé.

2013. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Geoffroy remarque avec raison que Titus serait sifflé, s’il agissait ainsi au théâtre, « et Rousseau, ajoute-t-il, mérite de l’être pour avoir consigné cette opinion dans un livre de philosophie. » Tout se tient en morale : c’est pour n’avoir pas senti cette délicatesse particulière, cette religion de dignité et d’honneur qui enchaîne Titus, que Jean-Jacques a gâté certaines de ses plus belles pages par je ne sais quoi de choquant et de vulgaire qui se retrouve dans sa vie, et que l’amant de madame de Warens, le mari de Thérèse, n’a pas résisté à nous retracer complaisamment des situations dignes d’oubli.

2014. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Une des plus jolies idylles de Léonard est celle des Deux Ruisseaux, bien connue sans doute, mais qui mérite d’être citée encore, éclairée comme elle l’est ici par la connaissance que nous avons de son secret douloureux : Daphnis privé de son amante Conta cette fable touchante A ceux qui blâmaient ses douleurs : Deux Ruisseaux confondaient leur onde, Et sur un pré semé de fleurs Coulaient dans une paix profonde.

2015. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

J’ai vu, pendant mon séjour en Angleterre, un homme du plus rare mérite, uni depuis vingt-cinq ans à une femme digne de lui : un jour, en nous promenant ensemble nous rencontrâmes, ce qu’on appelle en anglais, des Gipsies, des Bohémiens, errants souvent au milieu des bois, dans la situation la plus déplorable ; je les plaignais de réunir ainsi tous les maux physiques de la nature.

2016. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Puis, l’érudit a ce mérite de n’écrire que pour quelques centaines d’érudits, comme le poète écrit pour une cinquantaine de poètes.

2017. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Restent les revues, seules sauvegardes des lettres françaises, seuls lieux courtois où l’écrivain soit traité à son mérite, avec de la place pour exposer ses idées, un public sérieux et capable de relire ; mais s’il est aisé de parler tout à son gré d’un auteur, dans les revues, il n’est pas moins vrai de constater que la critique littéraire y est également réduite au minimum.

2018. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Dans la vie il verra triompher une tout autre échelle des valeurs que celle du mérite.

2019. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

On a beau vouloir s’endormir sur l’oreiller d’une molle tranquillité, le doute revient plus angoissant que jamais, et quiconque a essayé de se réfugier dans l’indifférence, s’il mérite le nom d’homme, se surprend à murmurer avec Musset : « Je ne puis…, malgré moi l’infini me tourmente. » * *   * C’est pour retrouver la sécurité et l’équilibre perdu que tes esprits s’agitent.

2020. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Alors le livre déchu n’est plus jugé qu’au poids du talent et du mérite.

2021. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Après tant d’essais et d’expériences en tous sens, après avoir tenté d’aimer tant de choses pour savoir quelle est la seule et suprême qui mérite d’être aimée, c’est-à-dire la vérité simple et à la fois revêtue de beauté, il n’est pas étonnant qu’au moment où l’on revient à celle-ci et où on la reconnaît, on se trouve en sa présence moins vif et plus lassé qu’on ne l’était en présence des idoles.

2022. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Ce qui me paraît plus sûr et plus souhaitable pour cette touchante mémoire de Marie-Antoinette, c’est qu’il puisse se dégager, de la multitude d’écrits et de témoignages dont elle a été l’objet, une figure belle, noble, gracieuse, avec ses faiblesses, ses frivolités, ses fragilités peut-être, mais avec les qualités essentielles, conservées et retrouvées dans leur intégrité, de femme, de mère et par instants de reine, avec la bonté de tout temps généreuse, et finalement avec les mérites de résignation, de courage et de douceur qui couronnent les grandes infortunes.

2023. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Faugère a le mérite de l’avoir exécuté en 1844.

2024. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Daunou en 1840 comme secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions, et en cette qualité il a fait plusieurs notices et éloges où l’on retrouve ses mérites habituels : il en est même (tel que l’Éloge de M. 

2025. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Si, après tout, le moi individuel de demain, si le moi incertain de l’avenir est lui-même une « conception symbolique », un prolongement idéal de ma personne dans le temps, et si cependant il mérite bien d’être appelé moi en vertu de son lien avec le moi actuel, je puis aussi appeler moi la conception symbolique de ma personne en tant que prolongée dans autrui et fondue avec un ensemble de volontés qui poursuivent la même fin.

2026. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il mérite de compter entre Charles Demailly et la Faustin.

2027. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Cette question mérite d’être examinée en elle-même et non comme un épisode.

2028. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Bersot : « Notre langue est bien française… elle mérite bien qu’on la recommande à ceux qui la parlent pour qu’ils l’aiment, la respectent et en soient fiers devant l’étranger… Elle est ce que l’écrivain la fait, ou plutôt elle est ce qu’il est, s’empreint de son génie et de sa passion ; elle est à la fois langue de Racine et de Corneille, de La Rochefoucauld et de La Fontaine, de Voltaire, de Rousseau, de Sévigné, de Fénelon, de Pascal, de Bossuet, ne résistant qu’à ceux qui risquent d’altérer sa clarté ou qui prétendent forcer son incomparable justesse.

2029. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Cependant, et il n’est pas inutile de le remarquer, des pensées, à quel point qu’elles puissent être le résultat de méditations isolées, sont toujours un ordre de faits qui mérite aussi quelque attention.

2030. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Quoiqu’il soit en effet trop tard pour tirer de telles recherches le fruit que nous eussions pu en tirer à une autre époque, néanmoins elles ne seront pas bornées au seul mérite de remplir une lacune importante dans l’histoire littéraire du moyen âge ; elles serviront encore à lier les unes aux autres les traditions des langues.

2031. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Serrer sa pensée autour des faits, qui est le grand mérite de l’historien, n’était pas possible à cette femme dont le moi a des pieds d’éléphant, qui se fourrent partout et qui écrasent tout… D’ailleurs l’Italie des Italiens n’était pas qu’un livre d’histoire ; c’était aussi un voyage où l’auteur avait le droit de parler de soi, et vous pensez si elle allait s’en servir, de ce droit, parfois insupportable !

2032. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Il y a là un phénomène que nous constaterions aussi dans la littérature allemande et qui mérite une attention particulière ; il s’agit d’un conflit entre l’évolution nationale et l’évolution de l’humanité pensante en général.

2033. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Notre psychologie va se réduire à deux théories : nous croyons à la liberté, parce que, si on la supprime, on supprime le mérite et le démérite, ce qui est immoral ; nous croyons à la raison, parce qu’on relève l’homme en lui attribuant une faculté distincte capable d’atteindre Dieu, et parce que, si on nie la raison, on compromet les preuves de l’existence de Dieu, ce qui est immoral ; nous allons donc défendre la raison et la liberté.

2034. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Mais on distinguera néanmoins facilement l’homme sain de celui qui mérite la désignation de mystique. […] Si, outre cela, le sujet, l’« anecdote » du tableau fait de l’effet sur le spectateur, ce n’est plus le mérite du peintre comme tel, mais celui de l’intelligence non exclusivement picturale, qui a choisi le sujet et l’a livré, pour être représenté, aux facultés picturales proprement dites. […] Un poème mérite une analyse plus étendue, parce qu’il contient incontestablement en germe le futur « symbolisme » et constitue un exemple instructif de cette forme du mysticisme. […] Ils réunissaient à la fois tous les signes caractéristiques des dégénérés et des faibles d’esprit : la vanité sans bornes et l’opinion exagérée de leur propre mérite, la forte émotivité, la pensée confuse et incohérente, le caquetage (la « logorrhoée » de la psychiatrie), l’inaptitude complète au travail sérieux et soutenu. […] Rares ceux qui savent profondément de quoi ils traitent, ceux qui ne cherchent pas à faire étalage et parade d’un parler sans autre mérite qu’une vanité de syllabes100 ».

2035. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

La plûpart de nos grammairiens françois qui n’ont eu que le mérite d’appliquer comme ils ont pû la grammaire latine à notre langue, ont copié presque tous ces défauts. […] Ellipse), pour y mettre le mérite de la brieveté. […] Ceci mérite d’être développé. […] III. artic. 7.) mais quand le sens subsiste indépendamment des jeux de mots, ils ne perdent rien de leur mérite ». […] Nous préférons dans ces phrases le mérite de la briéveté à une locution pleine, qui sans avoir plus de clarté, auroit le désagrément inséparable des longueurs superflues.

2036. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

— J’ai d’abord, pour les symbolistes, l’estime que mérite leur attitude d’exceptionnelle piété envers l’art. […] Et, laissez-moi vous le dire en finissant, si, parmi la foule de nos adversaires, il y en a un qui mérite qu’on l’estime pour son talent comme pour son étonnant cerveau de penseur, c’est Joseph Garaguel. […] Sauf Paul Adam, un garçon de mérite, fourvoyé je ne sais pourquoi dans cette plaisanterie, les autres n’ont jamais rien fait, qu’un peu de bruit, mais pas d’œuvre. […] Rosny qui mérite une épithète à part, spécifiant tout ce qu’il apporte de neuf et d’humain. […] Au moins le Parnasse a ce mérite de n’avoir pas renié ses auteurs… — Selon vous, Maître, vers où s’oriente la littérature ?

2037. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Comme élève du Conservatoire, il mérite son accessit, voilà tout. […] Ce « mais » mérite de rester comme un monument, soit de l’inadvertance grammaticale, soit de l’effroyable astuce d’un poète lyrique. […] Je n’ai pas besoin de vous dire que ces divers mérites et agréments se trouvent dans la Revue de MM.  […] Elles ont du moins ce mérite d’être inoffensives ; et puis, que voulez-vous ? […] Chevreul y est également, parce qu’il a cent ans ; cela aussi est un mérite précis, facile à contrôler, irréductible.

2038. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais les Fourberies ont un mérite singulier. […] … Et tu sais ce que j’ai toujours été pour lui, et si je mérite d’être ainsi traitée ! […] Il lui affirme que Cygneroi ne l’a jamais aimée que de la façon la plus grossière et la plus égoïste, et que, par conséquent, il ne mérite pas même un regret. […] Voyez-vous dans tout cela l’ombre d’un sacrifice ou d’un mérite ? […] Aurélien Scholl a un mérite.

2039. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Mais il a eu cette sagesse et ce mérite, tout en traçant un système, de savoir en sortir, et, tout en posant sa borne, de savoir très bien, à un moment donné, monter dessus, non certes pour appeler à la révolte, mais tout simplement pour voir plus loin. […] Au-delà, ce qui lui doit être compté pour un mérite extraordinaire, c’est de sentir ce qui manque à son temps, de signaler une lacune, et d’aspirer à un élargissement de l’art. […] Nous avons des œuvres de très grand mérite qui ont leur source première dans un défaut de ce genre, défaut assez précieux, sans aucun doute, qui constitue bien une originalité, puisqu’il a singularisé entre les hommes le personnage, doué de talent du reste, qui en était honoré et affligé. […] Ce n’est point un mince mérite au délicat et charmant causeur de l’avoir esquissé. […] Il a moins de mérite que nous à être de son opinion ; mais il en est, et cela suffit.

2040. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

A de pareilles prétentions, appuyées de pareils dires, on n’a à opposer que le judicieux dédain de Jean-Baptiste Rousseau qui, dans sa correspondance avec d’Olivet et Brossette, a d’ailleurs le mérite d’avoir fort bien apprécié Molière ; la lettre du poëte a M.  […] Or, maintenant, entre ces deux points extrêmes du Malade imaginaire ou de Pourceaugnac et du Barbouillé, du Cocu imaginaire, par exemple, qu’on place successivement la charmante naïveté (expression de Boileau) de l’École des Femmes, de l’École des Maris, l’excellent et profond caractère de l’Avare, tant de personnages vrais, réels, ressemblant à beaucoup, et non copiés pourtant, mais trouvés, le sens docte, grave et mordant du Misanthrope, le Tartufe qui réunit tous les mérites par la gravité du ton encore, par l’importance du vice attaqué et le pressant des situations, les Femmes savantes enfin, le plus parfait style de comédie en vers, le troisième et dernier coup porté par Molière aux critiques de l’École des Femmes, à cette race des prudes et précieuses ; qu’on marque ces divers points, et l’on aura toute l’échelle comique imaginable. […] Je la considérai comme une personne de qui tout le mérite étoit dans l’innocence, et qui par cette raison n’en conservoit plus depuis son infidélité.

2041. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je pourrais citer un grand prince, fort instruit d’ailleurs, et que l’on devrait croire parfaitement à l’abri des illusions de la sensibilité ; ce roi ne peut souffrir dans son conseil la présence d’un homme de mérite, si cet homme porte des cheveux sans poudre. […] Du jour que les rois n’ont plus été regardés comme des êtres envoyés d’en haut, tels que Philippe II et Louis XIV ; du jour qu’un insolent a prouvé qu’ils étaient utiles, leur mérite a été sujet à discussion, et la comédie a dû abandonner pour toujours les plaisanteries sur les courtisans. […] D’où je conclus que les d… auront beaucoup de mérite à l’avenir, et en même temps toute l’hilarité d’un lord anglais.

2042. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Si cet homme est sourd de naissance, la langue n’étant pour lui qu’une simple peinture, il verra passer tour à tour les hiéroglyphes ou les images des choses sur lesquelles il méditera28. » Les mêmes idées et presque les mêmes termes se retrouvent dans les ouvrages de de Bonald, chez qui la parole intérieure devient la clef de voûte d’un système complet de philosophie théorique et pratique, ou, comme il dit, « l’explication du mystère de l’être intelligent. » A ce titre, cette doctrine mérite de nous arrêter quelque temps ; il est important de constater que la plus extrême des philosophies qui proclament la nécessité du langage repose sur une description inexacte et sur une interprétation fautive du phénomène de la parole intérieure. […] — Cardaillac a le mérite d’avoir rattaché la parole intérieure à la mémoire, dont elle n’est, selon lui, qu’un cas particulier, et à l’habitude, aux lois de laquelle il la soumet. […] Là était la solution du problème, que Cardaillac a d’ailleurs le mérite d’avoir nettement posé.

2043. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ma biographie J’ai fait beaucoup de biographies et je n’en ai fait aucune sans y mettre le soin qu’elle mérite, c’est-à-dire sans interroger et m’informer. […] Il avait le mérite dès lors de concevoir l’idée de cette Revue élevée et forte qu’il a réalisée depuis.

2044. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

. — Mais tout ceci mérite d’être repris avec détail. […] Ballanche est chrétien, ceci mérite pourtant quelques mots.

2045. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Clerc, professeur de mathématiques, qui s’était mis tard à cette science, et qui n’avait qu’entamé les parties transcendantes, mais homme de candeur et de mérite, devint le collaborateur de M.  […] Daignez me secourir pour qu’une vie passée dans la douleur me mérite une bonne mort dont je me suis rendu indigne.

2046. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

A la mort du chevalier, il ne se ressouvint plus que de ses mérites dans un article nécrologique détaillé et touchant. […] Ce livre des Questions de Littérature légale, fort augmenté depuis l’édition de 1812, et qui, sous son titre à la Bartole, contient une quantité de particularités et d’aménités littéraires des plus curieuses relativement au plagiat, à l’imitation, aux pastiches, etc., etc., est d’une lecture fort agréable, fort diverse, et représente à merveille le genre de mérite et de piquant qui recommande tout ce côté considérable des travaux de Nodier.

2047. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

à moi qui ne suis que le fils d’un affranchi, et que tous dénigrent parce que j’ai aujourd’hui la gloire de m’asseoir dans votre familiarité, à votre table, oubliant qu’autrefois tribun des soldats (colonel) je commandais une légion romaine… Quel bonheur pour moi d’avoir pu vous plaire, à vous qui savez si bien discerner l’honnête homme du vil coquin, et qui mesurez le mérite non sur le vain prestige de la naissance, mais sur la noblesse des sentiments. […] Le père d’Horace ne comptait pas ce que lui coûtait le mérite futur de son fils ; il voulait à tout prix l’élever par tous les noviciats au niveau de l’aristocratie lettrée de Rome.

2048. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Mais Cicéron, à la dernière page, distingue, en législateur et en sage, ce qui touche à la piété de ce qui touche à la superstition ; cette page mérite d’être conservée. […] Il énumère les trois formes principales de gouvernement des peuples : la monarchie pure, l’aristocratie souveraine, la démocratie ou la souveraineté du peuple ; il admet les mérites spéciaux de chacune de ces formes de gouvernement ; il trouve la monarchie plus stable, l’aristocratie plus intelligente, la démocratie plus juste ; mais il trouve la monarchie plus tyrannique, l’aristocratie plus égoïste, la démocratie plus versatile, plus passionnée et plus ingrate.

2049. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

En m’y refusant, je dois le dire, je n’ai pas eu le mérite de faire un sacrifice. […] Je lui ai refusé ce plaisir vraiment raffiné ; c’est le seul mérite que j’aie eu dans la longue lutte qu’il a établie entre sa toute-puissance et ma faiblesse.

2050. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il serait, je le sais, peu conforme à la vérité d’en dire autant de celui de l’Académie Nationale de Musique, et cependant, il vient d’accueillir favorablement Sigurd, fait qui mérite bien une mention. […] Ceci ne nous empêche nullement de reconnaître que Sigurd a déjà parcouru une brillante carrière, et nous admettons même volontiers que c’est là un ouvrage de réel mérite.

2051. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tandis que la France et, récemment la Russie se sont partagés le mérite de composer les grands romans réalistes de notre temps, Dickens a continué à représenter, seul et probablement le dernier, la tradition des conteurs anglais du XVIIIe siècle. […] Il doit faire vrai ; la moitié de son mérite — et chez Daumier cela touche au génie — consiste dans la justesse de l’observation, l’exactitude de la silhouette, la précision de la satire, la vie surprise par le dessin sommaire, de façon que le spectateur ne puisse douter un instant qu’on lui montre un être réel, observé dans son aspect, analysé dans son caractère.

2052. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

« Enfin, est-ce que la sagesse et la bonté divines auraient voulu donner à l’homme le mérite et la gloire d’achever, pour ainsi dire, sa propre création par l’exercice douloureux et méritoire de sa liberté morale, en l’assujettissant ici-bas à des épreuves pénibles et mystérieuses qui, bien ou mal subies pendant cette courte vie, le ramèneraient vaincu à de nouvelles épreuves, vainqueur à la conquête de sa propre félicité ? […] L’homme alors, pénétré d’une justice sublime et d’une abnégation qui s’élève jusqu’à l’immolation de soi-même, refuse d’entrer dans le séjour de la félicité divine, si son chien, compagnon de ses peines et de ses mérites, n’y entre pas avec lui.

2053. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Leur mérite et leur sainteté répandaient leur bonne odeur jusque dans les familles pieuses de la Ferté-Milon. […] La lettre de la tante au neveu mérite d’être citée ici.

2054. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Du mérite éclatant cette reine jalouse Hait surtout Josabeth, votre fidèle épouse. […] Ils ne s’assurent point en leurs propres mérites, Mais en ton nom sur eux invoqué tant de fois, En tes serments, jurés au plus saint de leurs rois, En ce temple où tu fais ta demeure sacrée, Et qui doit du soleil égaler la durée !

2055. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet de dire toutes ces choses, et peut-être même ne les a-t-il jamais sues qu’à peu près : car, homme de mérite et d’un talent supérieur, il a la faculté, ce me semble, de ne voir qu’imparfaitement tout ce qui ne se passe pas en plein sous son regard ; ce qui aide fort à la sérénité.

2056. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Le mérite du style lui-même est d’être si coulant, si facile, qu’on peut dire en quelque sorte qu’il n’existe pas.

2057. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Je voudrais qu’un esprit aussi fin que le sien eût senti qu’il n’y a pas un si grand mérite à donner du joli et du neuf sur de pareilles matières, et que tout homme qui les traite avec quelque liberté peut s’y montrer spirituel à peu de frais ; non que, parmi les choses sur lesquelles il se donne un peu carrière, il n’y en ait d’excellentes en tous sens, et que même celles où il se joue le plus ne puissent recevoir une interprétation utile ; car enfin, dans tout cela, je ne vois qu’un homme d’esprit qui badine, mais qui ne songe pas assez qu’en se jouant il engage quelquefois un peu trop la gravité respectable de ces matières : il faut là-dessus ménager l’esprit de l’homme, qui tient faiblement à ses devoirs, et ne les croit presque plus nécessaires dès qu’on les lui présente d’une façon peu sérieuse.

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Je laisse ce point, ainsi que beaucoup d’autres, à fixer aux futurs biographes du président, car il mérite d’en avoir, et les nombreux documents qu’on possède sur son compte ne sont pas tous publiés et recueillis40.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

En attendant, j’ai sous les yeux un travail extrêmement recommandable d’un jeune homme de mérite, qui est mort depuis peu.

2060. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

… Plaignons les faiblesses de l’humanité, et respectons les moindres de ses espérances ; n’en arrachons aucune à l’âme crédule et timide : elle mérite plus que toute autre l’indulgence du philosophe et les tendres soins des âmes fortes.

2061. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Si nous nous demandons aujourd’hui, en lisant La Solitude p, ce que vaut pour nous cette ode et quel rang elle mérite dans le trésor lyrique de notre poésie, nous trouvons qu’elle a perdu.

2062. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il y a longtemps que la réputation de l’abbé de Marolles est faite, et, comme auteur, il ne vaut guère mieux que sa réputation ; et cependant il mérite un souvenir.

2063. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Genève possédait alors, comme toujours, un grand nombre d’hommes de mérite, parmi lesquels des étrangers illustres et des visiteurs de haute distinction.

2064. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Ses débuts sont faits ; il est à cette cour, sur le pied où il a su s’y mettre en vertu de son propre caractère et de son mérite.

2065. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Après cela, je ne veux pas exagérer le mérite littéraire du morceau.

2066. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Le premier de ces deux ministres, celui de l’Instruction publique, ne mérite que des éloges.

2067. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne savais pas, je l’avoue, M. de Pontmartin en si piètre état et en si mauvaise posture ; je le croyais sur un meilleur pied dans tous ses mondes ; il me semblait qu’il avait, littérairement, une réputation assez en rapport avec ses mérites, qu’il n’avait pas grand-chose à demander de plus ; et quant à l’Académie, son désir ou son regret aujourd’hui avoué, j’estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il avait chance d’y arriver à son tour, — après M. 

2068. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

« Il était venu, comme l’a remarqué Jomini, un demi-siècle trop tôt ; il avait écrit dans un temps où la vraie tactique de son héros était encore méconnue, où un nouveau César n’y avait pas encore mis le complément. » Deux écrivains militaires du plus grand mérite n’avaient pas attendu toutefois le nouveau César pour entendre et commenter Frédéric : Lloyd, un Anglais qui servit avec distinction chez diverses puissances du continent, et Tempelhof, un général prussien, un savant dans les sciences exactes.

2069. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Ce qui constitue le mérite, la vie de ce poëme, ce qui place M.

2070. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Molé a parlé avec élévation et sentiment de la conduite de M. de Quélen durant le choléra, et de son sermon à Saint-Roch pour les orphelins de ce fléau : « Serait-il vrai, messieurs, qu’il y eût pour tous les hommes dont la vie mérite qu’on la raconte, un moment, une journée, où ils arrivent au plus haut qu’il leur soit donné d’atteindre, où ils sentent, au plus intime comme au plus profond de leur âme, une sainte estime d’eux-mêmes qui ne saurait être surpassée ? 

2071. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

A le juger impartialement, on conçoit que l’abbé d’Olivet et d’autres contemporains de mérite, sous l’influence et l’illusion de l’amitié, aient pu dire, en parlant de lui, l’illustre malheureux.

2072. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Ce bonheur qu’ont certains poëtes d’atteindre, un matin, sans y viser, à quelque chose de bien venu, qui prend aussitôt place dans toutes les mémoires, mérite qu’on l’envie, et faisait dire dernièrement devant moi à l’un de nos chercheurs moins heureux : « Oh !

2073. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Des applaudissements éclatent au théâtre lorsqu’un vers fait allusion à la vertu des princes, et, un instant après, quand une tirade exalte les mérites du peuple, les princes prennent leur revanche de politesse en applaudissant à leur tour315  De toutes parts, au moment où ce monde finit, une complaisance mutuelle, une douceur affectueuse vient, comme un souffle tiède et moite d’automne, fondre ce qu’il y avait encore de dureté dans sa sécheresse, et envelopper dans un parfum de roses mourantes les élégances de ses derniers instants.

2074. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Nous savons maintenant lequel des deux est le témoignage primitif et mérite toute confiance, dans quelle mesure et avec quelle assurance on peut consulter l’autre.

2075. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

La salle à manger et les salons étaient remplis de jeunes ecclésiastiques ou aspirant à le devenir, pleins de mérite, dont quelques-uns, tels que les évêques de Perpignan et d’Orléans, n’ont pas depuis trompé les augures.

2076. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Et de là vint que son mérite et son succès ne furent pas de pure actualité : assez d’apaisement s’était déjà fait pour que la satire ne put se passer de grâce littéraire, et que cette grâce littéraire fût savourée du lecteur.

2077. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Mais la valeur des idées est loin d’être toujours adéquate au mérite littéraire.

2078. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Mais passons, car ces mérites, d’autres artistes les possèdent au même degré.

2079. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

On devine chez lui cette arrière-pensée que, pour un homme de talent, il faisait bon vivre dans ce monde du dernier siècle : le mérite personnel s’y imposait peut-être mieux, y était traité avec plus de justice que dans une société démocratique, bureaucratisée et enchinoisée à l’excès.

2080. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Au contraire, d’avoir édifié dans sa prime saison de jolies fantaisies en l’air, cela doit vous conduire, quand enfin l’on s’est tourné vers l’étude du monde réel, à négliger ce qu’il a de banal et d’insignifiant, ce qui ne mérite pas d’être noté, pour s’attacher à ce qu’il contient de particulier et d’inattendu ; car, si l’on s’adresse à lui, c’est que l’on compte qu’il vous fournira des documents plus intéressants encore que vos imaginations d’autrefois.

2081. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

» et ce dandysme qu’il exerçait avait au moins le mérite du risque.

2082. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Si vous n’aimez, ajoutait-il, que ceux qui vous aiment, quel mérite avez-vous ?

2083. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Un jour, ce petit souverain lui disait : « Je suis étonné, messer Dante, qu’un homme de votre mérite n’ait point l’art de captiver les cœurs ; tandis que le fou même de ma cour a gagné la bienveillance universelle. — Vous en seriez moins étonné, répondit le poëte, si vous saviez combien ce qu’on nomme amitié et bienveillance dépend de la sympathie et des rapports. » Les différents ouvrages qui nous restent de lui2 attestent partout la mâle hardiesse de son génie.

2084. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Là, le vrai chapitre commence, là il finit : le mérite de l’éditeur serait de marquer juste l’endroit.

2085. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Cette jeune fille royale, qui croit naturellement au droit de sa race, veut exprimer par là que la fidélité à ses rois dans le malheur est un devoir et une vertu ; mais, même quand il n’en serait pas tout à fait comme elle le pense, son expression droite et naïve ne l’a point trompée ; elle dit vrai encore : car ce qui n’était plus un devoir de fidélité peut-être, en était un pour le moins d’humanité, et quiconque a passé le seuil du Temple en ces trois années et y a paru compatissant à de telles infortunes, mérite l’estime, de même que quiconque y a passé sans être touché au cœur ni serviable, a une mauvaise marque.

2086. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

L’intérêt de ces sortes de voyages est surtout relatif au temps où ils s’exécutent, et les événements qui surviennent leur ôtent de cette nouveauté et de cet à-propos qui sont leur premier mérite.

2087. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

« Il est inutile de se fâcher contre les choses, disait Mme de Staël, car cela ne leur fait rien du tout4. » Ce que je demande ici est difficile ; le mérite vous en sera plus grand.

2088. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Tout le monde connaît le mérite du Théâtre anglais de M. de La Place.

2089. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Vous pouvez peser l’homme physique et le comparer avec les poids des autres choses matérielles, vous pouvez mesurer l’espace qu’il occupe, vous pouvez mesurer sa durée, vous pouvez sinon mesurer, du moins évaluer le mérite intellectuel ou moral des différents hommes ; mais, si vous pénétrez plus avant encore, si vous plongez jusqu’à l’être même, que trouverez-vous ?

2090. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

mon Dieu, si ce monsieur a manqué de respect aux palmes vertes, tancez-le comme il le mérite, ce sera bien fait ; et je serai le premier à rire des bons coups de batte que vous lui appliquerez sur les épaules.

2091. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Non seulement nous ne sommes pas les premiers à y avoir songé ; mais le genre de notre démonstration, qui nous a valu tant d’attaques, n’a même pas le mérite d’être nouveau.

2092. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Malgré ses mérites incontestés, je ne crois pas que La Bruyère ait eu jamais celui de lacer un corset à personne et de remettre une épingle en place, tandis que Gustave Droz, lui, au contraire, habille, déshabille et réhabille, épingle, désépingle et réépingle, avec une incomparable supériorité.

2093. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

C’est le style qui, en donnant la mesure de sa force et de sa faiblesse, fait prévoir ses mérites et ses erreurs.

2094. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Un remède qui guérit ne mérite pas cette injure. […] Gustave Lanson, dont le mérite n’est pas en cause. […] Je ne crois pas que la science française mérite un pareil reproche. […] Presque toute la jeune littérature belge, à mon avis, mérite ce reproche ; et c’est dommage. […] Il mérite la corde et gagne la timbale.

2095. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

C’est tout de même un des mérites du criticisme contemporain d’avoir insisté sur ce qu’il entre de volonté dans l’adoption d’une croyance. […] Généralement, pour la trouver, il faut la chercher laborieusement, et, bien qu’elle soit un mérite positif du rang le plus élevé, c’est moins l’esprit d’invention que l’esprit de négation qui nous permet de l’atteindre », et la remarque est intéressante. […] Ayant beaucoup lu, il a eu le grand mérite d’avoir su choisir dans des systèmes plus ou moins utopiques ce qui pouvait passer dans la pratique et le mérite plus grand encore de l’y avoir fait effectivement passer. […] De là sans doute un mérite de ligne droite, qui donne grande solidité à ce qu’il écrit. […] Le développement consiste essentiellement en une série, plus ou moins droite ou tortueuse, de petites inventions toujours semblables, au point de vue du mécanisme abstrait, à elles-mêmes et à la première, si l’on connaît celle qui mérite ce rang.

2096. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Les romantiques ont eu ce mérite de tremper la critique dans un bain d’images, ces belles images que Sainte-Beuve a gardées de son passage dans la maison des poètes, et dont une critique vivante se passerait aujourd’hui difficilement. […] Ce qui est écrit mérite souvent le terme un peu restreint par lequel nous avions désigné d’abord toute la critique d’artiste, celui de critique d’atelier. […] L’avis de Socrate seul mérite d’être considéré. […] Le grand mérite de Brunetière est peut-être d’avoir restauré, après Nisard, cette notion des genres, liée à la critique classique, et que Sainte-Beuve avait laissée dans l’ombre. […] L’homme de goût qui sait construire mérite le nom d’architecte ; mais précisément ce qui s’ajoute au goût, chez l’architecte, pour donner des œuvres, ne saurait être épuisé par le mot de construction.

2097. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Littérairement, c’est de Stendhal qu’il se rapproche le plus, sans l’égaler tout à fait, ce qui laisse place encore à des mérites séduisants et singuliers. […] Cela ne mérite pas de retenir un instant notre attention. […] Ils lui reconnaîtront le mérite d’être instructif. […] Cela n’est point moralement indifférent, car ce qui importe, c’est que le bien règne, et non pas que quelques virtuoses de la vertu acquièrent des mérites en restant moraux contre vents et marées. […] Octave Mirbeau et qu’il ait gaspillé une partie de son talent à caricaturer avec emportement des êtres dont la plate banalité ne mérite que le silence.

2098. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Don Cristoval (c’est le nom de l’heureux vaurien), devenu le père de la Croix, est le don Quichotte de l’ascétisme : il donne tout dans ce troc sublime, les mérites de ses prières, de ses macérations, de ses jeûnes, pour devenir l’acquéreur d’infirmités repoussantes. […] Certes, si quelqu’un mérite la damnation, c’est lui. […] À l’âge où l’on se défie volontiers de son jugement, on me dit un jour que ce personnage était immoral et que sa fréquentation était dangereuse ; comme cet argument mérite considération, je fis tout au monde pour me persuader qu’il était vrai. […] Nous avons été braves tel jour ; devons-nous nous attribuer le mérite de cette bravoure ? […] Lui au moins eut le mérite de mêler un repentir sincère à ses ridicules regrets.

2099. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Bourget est arrivé à la gloire et à l’Académie sans autre secours que le mérite de ses livres, et par la seule vertu de son talent. […] J’ai rapporté tous ces faits parce qu’il n’en est point parlé dans les notices, d’ailleurs sérieuses et érudites, de dom Mackey ; ils n’enlèvent rien au mérite littéraire des Controverses. […] C’est un abrégé de la vie des sœurs et des mères dont les mérites sont particulièrement dignes de mémoire et dont les vertus, « rafraîchies par la rosée d’en haut », se sont épanouies comme des fleurs dans le « printemps de la vie spirituelle ». […] Et puis on a persuadé à notre démocratie qu’il faut se défier du talent, que le mérite personnel est dangereux, que pour être quelque chose il est indispensable de n’être pas quelqu’un15. […] Les bons soldats constatèrent, avec regret, que cet officier, qui du reste n’était pas sans mérite, venait, par une parole imprudente, de « se couler » pour toujours, dans l’esprit des hommes.

2100. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Sauveur des thermidoriens, il ne comptait pas beaucoup sur leur reconnaissance, mais il entendait profiter de la frayeur où ils étaient plongés, pour obtenir d’eux quelque emploi digne de son mérite. […] Surtout, ne laissons pas à d’autres le soin de publier les mérites et de vanter les vertus de cette race fidèle. […] Cette manifestation verbale, qui avait au moins le mérite d’indiquer une obligation précise, est maintenant remplacée par des élans d’idéalisme vague, par un rite nouveau qu’on pourrait appeler la diversion humanitaire et sociale, et qui n’engage à rien. […] Bard, quelques lignes qui me semblent particulièrement dignes de mémoire : « La rue où se trouvent les légations mérite une mention spéciale. […] On compare, à voix haute, les mérites respectifs des hommes d’État japonais.

2101. (1927) Des romantiques à nous

Cette peinture d’un génie étranger, pleine de mérites, quelques vives et importantes réserves qu’elle nous impose, ne porte, au surplus, aucune intention méprisante ou déprédatrice. […] Nous peindre, comme certains le font un Sainte-Beuve capable de trahir sa pensée pour satisfaire son envie et de dénier publiquement à un poète glorieux des mérites que lui reconnaît son for intérieur, c’est une thèse plus que gratuite ; ceux qu’elle contente prouvent par là leur opacité. […] Ces formules ont un grand mérite : elles sont vraies avec poésie. […] Ses appréciations éparses sur Victor Hugo se résument, se composent en un jugement d’ensemble équilibré, pondéré, non moins attentif aux mérites qu’aux défauts, aux splendeurs qu’aux ombres. […] Notamment, je suis très net sur ce point que, dans une interprétation morale ou poétique vraie de notre héroïne et de son destin, la considération de la femme, au point de vue sensuel, ne mérite aucune part.

2102. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

A tous ces mérites qui font de M.  […] Sa littérature, quoique très volontaire, demeure toujours très personnelle ; et c’est un mérite, sans lequel tous les autres sont nuls. […] Barrès, sinon peut-être tout à fait à ses débuts, ait jamais écrit un livre, ou même une page, d’art tout à fait pur, d’un désintéressement absolu, et c’est une véritable originalité et un mérite très rare pour des écrits de circonstance (au sens élevé que Goethe donna à ce mot) qu’ils aient avec leur valeur d’idée et de propagande égoïste, une valeur littéraire égale à celle des œuvres de beauté ingénue. […] » Alfred Vallette On a beaucoup célébré les mérites des fondateurs d’ordres religieux ; on a dit leur foi en l’idéal, l’enthousiasme de leurs rêves, la persévérance de leurs gestes d’espoir vers la gloire d’avoir vécu généreusement, leur prosternement devant l’infini, leur culte de cet art suprême, la charité, leur amour des formes nouvelles de l’activité sociale, leur génie à plier à leurs désirs la paresse humaine, la peur humaine, l’avarice humaine. […] Il ne classe pas ; il déclasse. » Paroles singulièrement lumineuses et qui ont encore un autre mérite : celui de fixer nettement par quelques syllabes la tendance actuelle des meilleurs esprits.

2103. (1940) Quatre études pp. -154

Les poètes heureux De la force, du prestige ; la grande flotte, et ces vaisseaux marchands qui sillonnent toutes les mers ; la Banque ; la Constitution ; une puissance industrielle et commerciale solidement établie ; de la richesse, du luxe paisible, de l’ordre, de la dignité, de la moralité, de la décence, de la religion ; la certitude que le juste ciel sait discerner les mérites d’une nation et récompenser ses vertus ; un contentement de soi qui reste discret, mais inébranlable : c’est l’Angleterre de la très sage et très glorieuse reine Victoria. […] Avec le triomphe d’Hernani, ils se sont libérés de quelques-unes des contraintes extérieures dont la tragédie classique s’était chargée, comme pour avoir le mérite et le plaisir de les vaincre sans paraître en être gênée : mais ils n’ont pas cessé de porter sur la scène des amours exaspérées et des passions heurtées. […] Une originalité qui s’est imposée par son mérite crée une mode qui s’insinue par l’habitude. […] Sans doute, avouait-il, la poésie possède un mérite, celui de la difficulté vaincue ; mais pour ce faible mérite, doit-elle être conservée ?

2104. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Son esprit comme sa parole avait acquis je ne sais quoi de lent, de tenace et de compassé, et aussi une sorte d’aigreur ironique qui me faisait dire que « son albâtre était chagriné. » Cette ironie, d’une nature très fine, mérite peut-être d’être analysée dans quelques-uns de ses principes et de ses éléments. […] Victor Hugo pourtant croyait devoir à une ancienne amitié et à l’ordre des mérites de le porter, de le mettre en avant.

2105. (1929) Dialogues critiques

Il a tourné les têtes de certains écrivains médiocres, qui avec raison ne comptent pas sur leur mérite et leur réputation pour pénétrer à l’Académie, mais restent dans les règles de la modestie en ne se jugeant pas inférieurs à ce devancier, et qui peuvent s’y guinder tout aussi bien que lui par le comitardisme ? […] On n’y a même pas grand mérite quand cette législation respecte les droits naturels et essentiels, les droits de l’homme, ainsi que c’est le cas en France et dans toute démocratie civilisée depuis 1789.

2106. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

IV Un de ces hommes d’élite littéraire, mais trop modestes, qui font pendant toute une vie d’études le travail pour ainsi dire souterrain de la pensée de leur siècle, hommes de silence qui ne demandent rien au bruit, tout au mérite, M.  […] L’enfance de Goethe, sur laquelle il s’appesantit trop dans ses Mémoires, à l’exemple de Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions, ne mérite pas d’être regardée avant l’âge où les sensations deviennent des idées.

2107. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

.… Il y a dans le Roland furieux un mérite inconnu à toute l’antiquité, ce sont les exordes de ses chants ; chaque chant est comme un palais enchanté dont le vestibule est toujours dans un goût différent : tantôt majestueux, tantôt simple, même grotesque ; c’est de la morale, de la gaieté, de la galanterie et toujours du naturel et de la vérité. » (Ici Voltaire traduit en vers, mais traduit faiblement, quelques-uns des délicieux exordes que j’essayerai, à mon tour, de vous traduire en prose.) […] On prie le chevalier inconnu qui n’a pas eu la gloire, mais le mérite de prendre la cause de Ginevra, de se découvrir : son casque, qui tombe, laisse reconnaître Ariodant, l’amant de Ginevra ; tout en la croyant coupable, il avait voulu vaincre pour elle ou mourir pour elle.

2108. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

car je veux te parler en ce moment, non plus avec l’indignation que tu mérites, mais avec la pitié que tu mérites si peu.

2109. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Un livre qui est en même temps un secret, une intimité de l’âme, a donc deux mérites qui le rendent doublement cher à ceux qui le lisent : premièrement, il est un beau livre ; secondement, il est un secret. […] Quelques lettres où l’on retrouve un peu de l’âme de sa sœur, et un Essai intitulé le Centaure, déclamation de rhétorique qui ne mérite pas le bruit qu’on en a fait, et qui est tombée vite de ce piédestal de complaisance dans le juste oubli qui lui était dû : voilà tout, quant au prodigieux talent qu’on attribuait à ce jeune homme.

2110. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

De cette méthode, que j’ai voulu caractériser avec détail, il est peut-être résulté une chose : c’est que mes tragédies dans leur ensemble, et malgré les nombreux défauts que j’y vois, sans compter tous ceux que peut-être je n’y vois pas, ont du moins le mérite d’être, ou, si l’on veut, de paraître pour la plupart venues d’un seul jet et rattachées à un seul nœud, de telle sorte que les pensées, le style, l’action du cinquième acte s’identifient étroitement avec la disposition, le style, les pensées du quatrième, et ainsi de suite, en remontant jusqu’aux premiers vers du premier, ce qui a du moins l’avantage de provoquer, en la soutenant, l’attention de l’auditeur, et d’entretenir la chaleur de l’action. […] On y parle français : il y a quelques religieuses d’un mérite très distingué.

2111. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

J’avouerai ici que j’éprouvai alors deux mortifications bien distinctes, mais également méritées : l’une, de ce refus que j’étais allé chercher volontairement ; l’autre, de me voir forcé à m’estimer moi-même beaucoup moins que le pape, car j’avais eu la lâcheté, ou la faiblesse, ou la duplicité (ce fut, certes, dans cette occasion, une de ces trois choses qui me fît agir, si ce n’est même toutes trois) d’offrir une de mes œuvres, comme une marque de mon estime, à un homme que je regardais comme fort inférieur à moi, en fait de vrai mérite ; mais je dois également, sinon pour me justifier, au moins pour éclaircir simplement cette contradiction apparente ou réelle entre ma conduite et ma manière de penser et de sentir, je dois exposer avec candeur la seule et véritable raison qui me fit prostituer ainsi le cothurne à la tiare. […] J’y avais une fort belle vue, un air excellent et la solitude des champs. » Il s’y occupa trois ans de l’impression de toutes ses tragédies chez Didot, le prince des typographes français, et chez Beaumarchais, à Kehl, de l’impression de tous ses sonnets très peu dignes de Pétrarque, et d’une multitude de caprices d’auteur sans mérite et de traductions qu’il recueillait comme des reliques de lui-même à léguer in extenso à la très indifférente postérité.

2112. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Le seul mérite de ces deux romans, ma chère, est le millier de francs qu’ils me rapportent, mais la somme n’a été réglée qu’en billets à longues échéances ? […] Crois-moi, chère sœur, car j’ai besoin d’une croyante, je ne désespère pas d’être un jour quelque chose ; car je vois aujourd’hui que Cromwell n’avait pas même le mérite d’être un embryon ; quant à mes romans, ils ne valent pas le diable, mais ils ne sont pas si tentateurs. » XVII Il va à Bayeux chez son beau-frère.

2113. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Le mérite de ce roman, c’est la vérité vraie des sentiments et des situations, c’est, si vous voulez, la naïveté de la vie. […] C’est là le mérite singulièrement difficile de ces livres.

2114. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Quand le prêtre, au milieu d’une assemblée de croyants, prêchait la résignation et la soumission, parce qu’il ne s’agissait après tout que de souffrir quelques jours, après quoi viendrait l’éternité, où toutes ces souffrances seraient comptées pour des mérites, à la bonne heure. […] Le suffrage universel ne sera légitime que quand tous auront cette part d’intelligence sans laquelle on ne mérite pas le titre d’homme, et si, avant ce temps, il doit être conservé, c’est uniquement comme pouvant servir puissamment à l’avancer.

2115. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Un parfait honnête homme, mais avec toutes les illusions de l’honnête homme, et absolument garé des leçons sceptiques du jeu de la vie, et croyant presque les lois d’une Salente bonnes pour la France, et ne guérissant pas de cette crédulité ingénue par quatre années de législature… C’était un ancien capitaine d’artillerie, un peu sourd, brusquement cordial, appelant tout le monde mon camarade, puis encore un homme de la campagne, doué de tout le bon que la nature donne aux bons êtres, incapable de vouloir du mal à ses ennemis, et qui portait cette bonté ainsi que son courage, sans effort, presque sans mérite, comme faisant partie de son tempérament. […] Et dans la vie, incapable de discernement, incapable d’un conseil : le sens pratique des hommes et des choses lui manquant absolument, si bien qu’il s’entêta quelque temps à vouloir marier sa petite-fille avec un prétendu qu’il assurait devoir faire son bonheur, et dont il disait les mérites dans cette phrase : « Il m’a très bien expliqué le baromètre ! 

2116. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Ses votes glorieux et ses paroles éloquentes sont bien connus ; ils sont recueillis dans les annales de la réaction qui accoucha de l’empire ; mais on ignore la conduite, non moins admirable de son journal, l’Événement fondé le 30 juillet 1848, avec le concours de Vacquerie, de Théophile Gautier, et de ses fils ; elle mérite d’être signalée. […] Tout écrivain que consacre l’engouement du public, quels que soient ses mérites et démérites littéraires, acquiert par ce seul fait une haute valeur historique et devient ce que Emerson nommait un type représentatif d’une classe, d’une époque. — Il s’agit de rechercher comment Hugo parvint à conquérir l’admiration de la bourgeoisie.

2117. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Les créations infinies et de dates immémoriales de Dieu dans les profondeurs sans mesure de ces espaces qu’il remplit de lui seul par ses œuvres ; les firmaments déroulés sous les firmaments ; les étoiles, soleils avancés d’autres cieux, dont on n’aperçoit que les bords, ces caps d’autres continents célestes, éclairés par des phares entrevus à des distances énormes ; cette poussière de globes lumineux ou crépusculaires où se reflétaient de l’un à l’autre les splendeurs empruntées à des soleils ; leurs évolutions dans des orbites tracées par le doigt divin ; leur apparition à l’œil de l’astronomie, comme si le ciel les avait enfantés pendant la nuit et comme s’il y avait aussi là-haut des fécondités de sexes entre les astres et des enfantements de mondes ; leur disparition après des siècles, comme si la mort atteignait également là-haut ; le vide que ces globes disparus comme une lettre de l’alphabet laissent dans la page des cieux ; la vie sous d’autres formes que celles qui nous sont connues, et avec d’autres organes que les nôtres, animant vraisemblablement ces géants de flamme ; l’intelligence et l’amour, apparemment proportionnés à leur masse et à leur importance dans l’espace, leur imprimant sans doute une destination morale en harmonie avec leur nature ; le monde intellectuel aussi intelligible à l’esprit que le monde de la matière est visible aux yeux ; la sainteté de cette âme, parcelle détachée de l’essence divine pour lui renvoyer l’admiration et l’amour de chaque atome créé ; la hiérarchie de ces âmes traversant des régions ténébreuses d’abord, puis les demi-jours, puis les splendeurs, puis les éblouissements des vérités, ces soleils de l’esprit ; ces âmes montant et descendant d’échelons en échelons sans base et sans fin, subissant avec mérite ou avec déchéance des milliers d’épreuves morales dans des pérégrinations de siècles et dans des transformations d’existences sans nombre, enfers, purgatoires, paradis symbolique de la Divine Comédie des terres et des cieux ; Tout cela, dis-je, m’apparut, en une ou deux heures d’hallucination contemplative, avec autant de clarté et de palpabilité qu’il y en avait sur les échelons flamboyants de l’échelle de Jacob dans son rêve, ou qu’il y en eut pour le Dante au jour et à l’heure où, sur un sommet de l’Apennin, il écrivit le premier vers fameux de son œuvre : Nel mezzo del cammin di nostra vita , et où son esprit entra dans la forêt obscure pour en ressortir par la porte lumineuse. […] Vous me donnerez le courage de la résignation, vous me ferez trouver dans la maladie une source de mérites et de bénédictions, et ces bénédictions vous les ferez retomber sur ma femme, sur mon enfant. » XXXI Ozanam allait, à la fin de l’automne, s’embarquer pour la France.

2118. (1926) L’esprit contre la raison

Quelques mois plus tard, le voici qui défend le surréalisme, une « entreprise qui a le mérite de ne point  vouloir être exclusivement littéraire » (« Voici Marcel Arland », Les Nouvelles littéraires, 15 novembre 1924) ; ce que Marcel Arland analyse comme « le nouveau mal du siècle », un surréalisme entaché d’un vague à l’âme encore romantique, devient « Le Bien du siècle » sous la plume de Crevel dans La Révolution surréaliste n°6, 1er mars 1926. […] Mais enfin commencent à être jugées à leur prix les raisons que donnèrent pour vanter leurs taudis les gardiens de ce bric-à-brac et, déjà, nous pouvons affirmer que la crise de l’esprit ne suit point les oscillations d’une plus ou moins grande prospérité matérielle, ne désigne point l’état d’une intelligence révoltée contre le bluff d’un monde arbitrairement raisonnable mais au contraire mérite de qualifier les minutes, les années, les siècles où l’esprit croit à sa puissance parce qu’il se traîne à l’aide des béquilles réalistes.

2119. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Il est encore une observation qui mérite de prendre place ici. […] Une autre considération mérite qu’on s’y arrête : parmi des animaux et des plantes qui peuvent se propager rapidement et qui ne se meuvent pas à volonté, il y a quelque raison de soupçonner, comme nous l’avons déjà vu, que les variétés sont d’abord locales, que ces variétés locales ne se répandent que lentement et ne supplantent leur souche mère que lorsqu’elles se sont considérablement modifiées et perfectionnées.

2120. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Notez en passant ce témoignage impartial du très peu indulgent Saint-Simon sur les mérites et sur la vertu établie de Massillon.

2121. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Madame mérite qu’on s’occupe d’elle à plus d’un titre, et en particulier parce qu’ayant beaucoup écrit, son témoignage demeure et est invoqué dans bien des cas.

2122. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Le préambule motivé rend hommage à la pudeur et la sagesseg, au mérite et à la grande honnêteté de l’épousée.

2123. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Le seul épisode de la carrière publique de Maucroix, qui mérite d’être rappelé un peu plus au long, c’est le rôle qu’il remplit à Paris à la fameuse Assemblée du clergé de 1682, laquelle s’ouvrit, comme on sait, par le sermon de Bossuet Sur l’unité de l’Église, et qui aboutit à la déclaration des quatre articles de l’Église gallicane.

2124. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Mais cela n’empêche pas (et cette contradiction même ajoute à son mérite) qu’il n’y ait en lui une veine patriarcale ou pastorale bien prononcée, qui revient sans cesse au milieu de ses sentiments publics, et qui lui faisait dire un jour, avant sa gloire, parlant à un ami : Au lieu de bruire avec fracas comme un torrent éphémère, je voudrais, si jamais je parviens à être connu, que ma réputation ressemblât au ruisseau paisible, toujours clair, toujours pur, ombragé de rameaux qu’il féconde : souvent utile, toujours riant, il est le charme et les délices des campagnes qu’il arrose… Ensuite il se perd… Voilà le coin d’idylle chez Bailly.

2125. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Or, cette personne qui revient quelquefois dans ses lettres, disciple de Corinne à beaucoup d’égards, surtout par les prétentions à l’enthousiasme, et qui paraît avoir été peintre, si ce n’est poète, il ne put jamais, malgré son esprit et son mérite, parvenir à la goûter : Ma foi, mon cher, écrivait-il à un ami, malgré son amabilité (affectée bien souvent), je lui trouve si peu de naïveté, de vrai sentiment, de jugement raisonnable, qu’elle est bien loin d’aller sur ma piquée… Elle nous fait des compliments si exagérés souvent, qu’il est impossible de ne pas voir qu’ils ne sont que dans sa bouche ; et puis, enfin, on voit le caractère des gens dans leur peinture ; je trouve qu’elle n’a pas l’ombre de sentiment, pas d’expression, pas de vérité bien souvent dans la couleur ; pour le dessin, elle ne s’en doute pas : et elle veut mettre à tout cela une touche-homme… Ma foi, je la juge violemment, tu diras.

2126. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Ramond est fait pour apprécier, autant et mieux que personne, les mérites et les beautés.

2127. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.

2128. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.

2129. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

À le prendre tel qu’il fut, il eut son utilité et son mérite.

2130. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Je ne veux rien diminuer des mérites de la margrave, après m’être attaché avec tant de soin à les rassembler et à les offrir aux yeux du lecteur.

2131. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Voilà mes objections à un livre dont je prise très haut d’ailleurs les mérites, observation, style (sauf quelques taches), dessin et composition.

2132. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Mais les plus importantes de ces lettres sont adressées à des amis religieux et politiques, au comte de Senfft, diplomate autrichien, pieux et même mystique, et à sa femme ; au marquis de Coriolis, royaliste et littérateur, homme d’esprit et poète, et qui en avait les prétentions, disciple de Delille, assez singulièrement raccroché à ce tourbillon de Lamennais et ne s’en tirant pas trop mal : il a, pour nous, le mérite de donner la réplique à son célèbre interlocuteur, et de l’attaquer de questions.

2133. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Il en est un dont le recueil a paru, il y a quelques années déjà, et qui mérite un souvenir.

2134. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Je suppose qu’une ou deux de ces grandes séries aient paru, non pas arrangées, non pas triées et écourtées, mais telles quelles, par une de ces indiscrétions et de ces imprudences heureuses dont tout le monde profite ; que cette âme vive, émue, expansive, passionnée et généreuse, magnanime, pour tout dire, cette intelligence avide, empressée, ouverte de toutes parts, divinatrice et sympathique, touchant au génie, se soit montrée et comme versée devant tous dans une multitude de lettres familières, affectueuses, éloquentes, inachevées chacune, mais s’achevant l’une l’autre : les nouvelles générations auraient fait connaissance avec elle plus directement encore que par les livres ; elle ne serait pas restée une gloire aristocratique, la plus haute renommée de salon, mais s’y renfermant ; elle balancerait Chateaubriand non seulement de mérite et de nom, mais de fait ; elle serait lue et encore présente au milieu de nous ; on la discuterait.

2135. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Ces trois premiers médecins qui se succèdent sont fort inégaux en mérite.

2136. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Vauvenargues est un moraliste vrai, naturel, qui n’est pas dupe, et qui de plus a le mérite que n’ont pas les autres de donner impulsion et direction.

2137. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

C’est cette dernière forme dont la pièce : d’Adam nous ai offert un premier exemple ; j’en ai indiqué les mérites bien commençant, bien élémentaires, rudes et grossiers encore.

2138. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Pasquier, tantôt prudent et mesuré rapporteur, tantôt, et le plus souvent, improvisateur habile et sensé, qui toujours prêt, toujours à propos, toujours pratique, ayant au plus haut degré le tact des situations et le sentiment du possible, parlant utilement (rare mérite !)

2139. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Émile Deschanel, sous le titre de Physiologie des Écrivains et des Artistes , ou Essai de Critique naturelle (1 vol. in-18, librairie Hachette) ; il mérite un examen tout particulier.

2140. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

C’est un doux et pur sujet d’étude que la figure et la vie de Marie Leckzinska, et l’on comprend qu’une jeune femme de mérite s’y soit arrêtée.

2141. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

— Il n’a pas paru de livre plus important et plus intéressant depuis le grand ouvrage de Tocqueville sur la Démocratie : et Le Play a le mérite d’avoir bien plus de courage que Tocqueville, qui n’a jamais osé braver un préjugé puissant… Il faut que vous lui rendiez pleine justice, et que nous adoptions son livre comme notre programme, sans nous arrêter aux dissentiments de détail, qui pourront être assez nombreux. » 35.

2142. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

., La poésie épique, enfin, dégénérée de la perfection de Virgile, est inspirée dans la Pharsale d’un souffle tout oratoire et mérite à Lucain ce jugement de Quintilien, qu’il était plutôt un orateur qu’un poète. » C’est ingénieux et incontestable.

2143. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Ce qui est vrai jusqu’ici de presque tous nos poëtes, excepté Molière et peut-être Corneille, ce qui est vrai de Marot, de Ronsard, de Régnier, de Malherbe, de Boileau, de Racine et d’André Chénier, l’est aussi de La Fontaine : lorsqu’on a parcouru ses divers mérites, il faut ajouter que c’est encore par le style qu’il vaut le mieux.

2144. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Dans les démocraties, telles qu’était celle d’Athènes, l’étude de la philosophie et l’occupation des affaires politiques se trouvent presque aussi rarement réunies, que dans une monarchie le métier de courtisan et le mérite de penseur.

2145. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Remarques de l’Essai sur les mœurs : « On peut parler de ce peuple en théologie, mais il mérite peu de place en histoire. » — Entretiens entre A, B, C, 7 e entretien.

2146. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Négligeons toutes les élections où le mérite littéraire a été étranger, ou n’a point été prépondérant.

2147. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Heureusement il a d’autres mérites pour se faire estimer : il a la logique serrée, vigoureuse, sophistique parfois avec un air de franchise, toujours sûre et saisissant en tout sujet les arguments essentiels ou les preuves efficaces.

2148. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Ont-ils donc un sortilège en eux, un maléfice, un charme qui ne s’explique point, ou qui s’explique par autre chose encore que par des mérites littéraires ?

2149. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans Monsieur Destrémaux, encore qu’il intitule bravement cette Nouvelle « roman psychologique » ; même dans Madame André, le meilleur de ses romans pourtant, où il a le mérite de nous faire accepter une situation hardie et où la femme (sauf le sacrifice monstrueux et inutile de son enfant) a de la grâce, de la dignité, presque de la grandeur, et aime bien comme une aînée, comme une maîtresse qui est un peu une mère ; mais Lucien Ferdolle se détache trop vite, avec une soudaineté trop odieuse, et le drame douloureux du déliement progressif est esquivé.

2150. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Je suis vostre mère desollée, vostre petite ancelle, laquelle vous avez tant digné aimer et honorer de vostre seule grace, sans mes mérites.

2151. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Son cygne, je dis le sien, « est fier de sa noblesse et de sa beauté. » Il ôte au cygne de la nature le mérite de sa grâce, qui est de s’ignorer elle-même.

2152. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Malgré ses mérites, l’œuvre de M. 

2153. (1886) De la littérature comparée

Et si son livre n’est pas définitif, s’il n’est pas aussi concluant qu’il devrait l’être, il a au moins ce mérite, de montrer par à peu près comment il est possible d’appliquer à l’étude de la littérature générale une méthode rigoureusement scientifique.

2154. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Il serait temps, aujourd’hui que l’expérience a suffisamment parlé, et que les hommes de mérite qui se sont chargés par pur zèle de ces humbles lectures ont assez montré dans quel sens utile et désintéressé ils les conçoivent, que de son côté aussi le public a montré dans quel esprit de bienséance et d’attention il les vient chercher, il serait temps, je crois, de donner à cette forme d’enseignement la consistance, l’ensemble, l’organisation enfin qui peut, seule, en assurer le plein effet et la durée.

2155. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Ne suffit-il pas qu’on reconnaisse leurs mérites et qu’on soit juste envers leur mémoire ?

2156. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Sous la plume de M. de Lamartine, un tableau des grandeurs et des beautés littéraires de la Restauration doit être nécessairement incomplet, puisque lui-même y manque, puisqu’il ne peut s’y assigner la place qu’il mérite, c’est-à-dire l’une des premières, et proclamer qu’entre les influences d’alors, il a exercé la plus pénétrante assurément, la plus vive et la plus chère, la plus sympathique de toutes.

2157. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mirabeau, par exemple, avait auprès de lui un homme d’un vrai mérite, Pellenc, dont il tirait grand parti, et qui, après sa mort, passa au comte de Mercy-Argenteau, puis à M. 

2158. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Au défaut du Dictionnaire de l’Académie, Patru aida de tout son pouvoir à la confection de celui de Richelet, ce qui explique en partie les qualités et les mérites de cet ouvrage.

2159. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Que serait-ce si elle voyait encore cet infortuné même, à peine connaissable, mais moins changé et moins abattu de la longueur de sa maladie et de la dureté de sa prison que du regret d’avoir pu déplaire à Votre Majesté, et qu’il lui dît : « Sire, j’ai failli, si Votre Majesté le veut ; je mérite toute sorte de supplices ; je ne me plains point de la colère de Votre Majesté : souffrez seulement que je me plaigne de ses bontés.

2160. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Elle se couronna, en finissant, d’honneurs proportionnés à ses mérites : comme il était le premier des grands fonctionnaires civils qui mourut sous l’Empire, de magnifiques obsèques lui furent décernées, et leur solennité presque triomphale ne fit qu’égaler le sentiment profond d’estime qui, à ce moment suprême, s’exhalait unanimement de tous les cœurs.

2161. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

On verra bientôt Beaumarchais, entre deux comédies et entre deux procès, entreprendre de grandes choses, approvisionner d’armes et de munitions l’Amérique du Nord insurgée, avoir ses vaisseaux, sa marine, même un vaisseau de guerre qui se distingue dans les rencontres, et qui mérite, après le combat de la Grenade, un éloge de d’Estaing.

2162. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

L’abbé Gerbet, à ces mérites élevés que je n’ai pu que faire entrevoir, mêle une douce gaieté, un agrément naturel et fleuri, qui rappelle, jusque dans les jeux de vacances, l’enjouement des Rapin, des Bougeant et des Bouhours.

2163. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

il ne mérite pas de la posséder, et il a mérité au contraire de la perdre, non point tant encore pour avoir mis le portrait de sa maîtresse en gage que parce que, le pouvant et averti par son valet, il a refusé de le dégager et a répondu : Nous verrons !

2164. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Quand il est soutenu par des documents, comme cela est arrivé dans l’histoire de don Pèdre, il s’élève à des exposés d’ensemble qui ont un grand mérite, et ce sont certainement de beaux chapitres que ceux où il a retracé l’état général de l’Espagne vers le milieu du xive  siècle.

2165. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ce n’est point que je ne saisisse l’intérêt et le mérite des efforts tentés pour expliquer scientifiquement le vers libre.

2166. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

En fin de compte, on ne saurait contester que beaucoup de formes considérées comme des variétés par des juges hautement compétents ont si parfaitement le caractère d’espèces, qu’elles sont rangées comme telles par d’autres juges d’égal mérite.

2167. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Un grand artiste qui respecterait sa pensée ne ramasserait pas à ses pieds ces feuilles d’un jour, qui n’ont plus le mérite qu’elles pouvaient avoir quand elles furent écrites sur le sable de la circonstance, maintenant effacé.

2168. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Michelet est souvent bien chatoyant et bien éblouissant par la couleur, et c’est même son plus grand mérite, mais quand il peindrait le poisson comme Rubens dans sa Pêche miraculeuse, je ne puis croire qu’il raccommodât l’imagination avec le sujet qu’il a pris.

2169. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Quant au livre en lui-même, c’est le premier effort dont nous parlions plus haut, et il n’a guères que le mérite d’un premier effort.

2170. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il n’était jamais entré dans ces froides galeries ; il n’avait jamais porté la main sur ces reliques illustres ; c’est parce qu’il les a laissées intactes qu’il mérite une place à leurs côtés.

2171. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La médiocrité mérite-t-elle tant d’indignation ? […] Voilà de bien gros mots à propos d’une œuvre dont le grand mérite est la légèreté et l’extrême délicatesse ; car le talent de M.  […] Logiquement, et à l’inverse, c’est à toi qu’il incombe de leur parler de leur mérite ; et pour cela, il faut d’abord que tu perdes ton temps à leur en découvrir. […] Le point de départ mérite d’être rapporté. […] Descotes témoigne quelque admiration pour ce tour de force que je ne puis considérer que comme un enfantillage, mais dont l’inattendu mérite l’attention.

2172. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Lasserre lui reprocha de vouloir fonder les distinctions sociales sur le mérite personnel, trop difficile à juger et donc moins pratique que les privilèges héréditaires. […] Cette conclusion nationaliste n’empêche pas Lasserre de reconnaître les mérites de Goethe, Schopenhauer ou Nietzsche, mais c’est précisément en ce qu’ils s’éloignent de l’esprit allemand. […] Mais en vérité Mme d’Epinay, quoique riche, mérite bien que Jean Jacques Rousseau ne lui fasse pas un pareil affront. […] N’aimant Saint-Preux pour aucun mérite extérieur, Julie ne l’aime que pour « son âme ». […] Mais par l’aiguillon de sa destinée, il mérite qu’on l’appelle un malheureux, proie infiniment distinguée d’une lèpre morale sans danger pour les âmes communes.

2173. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

On l’y voit tourmentée surtout par son imagination et ne sachant pas prendre dès l’abord son parti d’une persécution qui, mesquine assurément dans son principe, aurait pu être supportée avec plus de calme et de simplicité ; mais il faut accepter les natures comme elles sont, et celle de Mme de Staël, orageuse, sentimentale et digne, rachetant quelque faiblesse par beaucoup de courage, mérite qu’on fasse pour elle toutes les exceptions. […] belle et pure et rare louange qu’il mérite ! […] L’auteur y passe en revue presque tous les orateurs qui se sont fait un nom dans nos assemblées délibérantes : il a cherché à déterminer le genre et le degré de leur mérite littéraire.

2174. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

J’ai hâte pourtant d’en venir au littérateur, à celui qui mérite d’occuper le public et que nous avons à étudier. […] Un des lecteurs du Globe fut du moins de cet avis et crut trouver « quelque disproportion entre l’extrême mérite de l’ouvrage et le jugement favorable, mais très-mesuré, que le critique en avait porté. » (N° du 18 juin 1825.) — Ampère se remit au pas dans un autre article du 9 juillet suivant. […] Pierre Leroux, intelligence supérieure, mais peu dégagée, homme de mérite, retenu à cette date au second plan dans des occupations secondaires et que l’on considérait comme la cheville ouvrière ou l’âme matérielle du Globe, M. 

2175. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Car la circonférence de l’esprit humain restait la même ; la terre et le ciel ne changeaient pas : la terre livrée à une inégalité consentie, le ciel ouvert à chacun suivant ses mérites. […] Ne vous a-t-il pas ouvert, par sa mort, la porte d’un séjour d’où la douleur sera bannie, et où tous seront rétribués suivant leur mérite et pour leurs souffrances mêmes ?  […] Heureuse, elle ne devait lui paraître qu’une occasion plus favorable de s’avancer vers la destinée éternelle par ses mérites envers ses frères ; malheureuse, il n’avait pas le droit d’en murmurer.

2176. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

et que, si c’est avoir mal reconnu le mérite éminent de Fénelon que de l’avoir installé dans le siège archiépiscopal de Cambrai, je suis bien obligé de remarquer à mon tour que, de n’avoir pas trouvé pour Bossuet d’autre siège épiscopal que celui de Meaux, lequel pouvait valoir environ 30 000 livres, c’est avoir reconnu bien plus mal un mérite, à mon avis, encore plus éminent19. […] Il serait également aisé de faire une liste de noms qui prouverait que ces censeurs étaient toujours admirablement choisis, et une autre qui démontrerait que l’on prenait plaisir à placer le mérite sous la juridiction de la sottise ou de l’incapacité. […] Marin, autre censeur illustre et, comme l’abbé Trublet, beaucoup moins par un effet de son propre mérite, que grâce aux mordantes railleries de Beaumarchais dans ses Mémoires, toucha pendant quelques années 600 livres de pension sur la feuille de Fréron. […] C’est ce qu’on appelle ordinairement le mérite, et c’est pour nous au contraire le défaut des Salons. […] Leur en faire un mérite, — et on l’a fait, — c’est d’une superstition puérile, à peu près comme si on louait l’Apollon du Belvédère d’avoir, ce dit-on, je ne sais quelle épaule plus étroite que l’autre, et des jambes inégales.

2177. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Cet Essai sur l’Astronomie, qui n’a pas été classé jusqu’ici comme il le mérite, pourrait presque sembler, par sa juste et belle austérité, une critique en exemple, une contre-partie et un contre-poids que Fontanes aurait voulu opposer aux excès et aux abus de l’école envahissante. […] Cette union, dans laquelle il devait constamment trouver tant de vertu, de dévouement et de mérite, fut presque aussitôt entourée des plus affreuses images. […] On a donc publié de lui le Vieux Château, le poëme des Pyrénées, en vue de sa biographie d’âme, sinon de leur mérite même, et quoique ce soit un peu comme si l’on publiait pour la première fois le Voyageur de Goldsmith après que Byron est venu. […] En effet, Du Perron aussi, poète d’une école finissante (de celle de Des Portes), eut le mérite et la générosité d’apprécier le chef naissant d’une école nouvelle, et, le premier, il introduisit Malherbe près de Henri IV.

2178. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

De là l’obligation de ne rechercher les éléments de leur activité qu’en eux-mêmes ; de là la responsabilité et parlant le mérite plus complets de leurs actes, mais de là aussi l’avènement de leur liberté, c’est-à-dire du développement sans limite de leur personnalisme. […] Ce groupe formé par le peintre à son chevalet est, je le reconnais de bon cœur, remarquablement peint, et il a encore un autre mérite qu’il ne faut pas passer sous silence, celui de présenter, chose rare, une belle tête aux regards du public. […] Il est bien vrai qu’en sus des énormités déjà énoncées, il nous en court encore toutes sortes d’autres par la tête, à savoir, par exemple : Que le mérite se mesurant aux dimensions des moyens qui sont à la disposition d’un homme, nous en attribuons autant au cordonnier qui gagne honorablement sa vie en battant sa semelle, qu’au général qui remporte une victoire, et à l’artiste qui fait un chef-d’œuvre même idéaliste ; ce qui revient à dire que nous n’avons pas le culte des grands hommes. […] En êtes-vous bien sûrs qu’il ne soit qu’une tricherie et qu’il mérite la réputation que vous essayez de lui faire ?

2179. (1932) Le clavecin de Diderot

Thibaudets qui a, d’ailleurs, le mérite de l’avoir inventée. […] Cravates de commandeur, robes universitaires, uniformes académiques, tous ces oripeaux dont la troisième République n’a même pas le mérite de les avoir inventés, bien que, depuis belle lurette, les mites s’y soient mises, au conformisme de la majorité des intellectuels, ils n’ont cessé de signifier un ordre, dont, ces messieurs sont les serveurs. […] On a beau se prétendre explorateur, on ne s’en cogne pas moins à des théories de mort, d’une mort hypocritement maquillée aux couleurs de la vie, et dont la sagesse est vantée, comme si un cadavre pouvait avoir quelque mérite à ne point gambiller. […] Je mérite le châtiment. » (NdE) ao.

2180. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Tel qu’il est, ce manuel, dont le succès a été très grand, mérite l’attention et même, jusqu’à un certain point, l’admiration. […] Dans ce cas, l’élément émotif disparaît presque entièrement ; le jeu ne mérite presque plus son nom. […] Cette collaboration féminine pour l’étude d’un sujet grave et « douloureux » serait déjà un motif d’attention, mais que ces deux femmes soient toutes deux médecins et toutes deux professeurs d’Université, voilà qui mérite décidément de nous retenir, d’autant plus que le livre, feuilleté, apparaît bien construit et soigneusement écrit. […] J’aime par-dessus tout cette pensée d’un inconnu : « La douleur est l’un des principaux stimulants de la vie. » George Sand, avec une grande naïveté, réserve aux femmes l’ennoblissement ou l’embellissement par la douleur : « La douleur, dit-elle, n’embellit que le cœur de la femme. » Pourquoi cet acharnement à vanter les mérites d’un mal, du plus grand mal, du seul mal, en somme, qui atteigne l’homme ? […] Cependant, prenons le personnage à un état moins avancé, au moment où il ne mérite que ce compliment banal : c’est une heureuse nature.

2181. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

« Un vrai critique, dit-il, s’arrête plutôt sur les beautés que sur les défauts ; il songe à découvrir le mérite caché d’un écrivain, et à communiquer au public les choses qui méritent de l’estime. […] Cherche-t-il un mérite dans l’exposition de détails qu’un bon versificateur manie avec facilité ? […] Le bon choix d’un fait ou d’une fable épique mérite d’autant plus l’attention du poète qu’il ne lui suffit pas de trouver une action à chanter, si cette action n’a les qualités relatives au mode de ses chants. […] Nulle parité de mérite épique ne permet d’excuser la faute de l’un par celle de l’autre ; le défaut que nous remarquons est même plus grave chez Voltaire que chez Virgile, quoiqu’il fût plus aisé de l’éviter. […] La destinée errante de cette reine du Cathay mérite-t-elle autant votre attention que le siège de Paris attaqué par tous les princes maures et sarrasins, et défendu par l’empereur Charlemagne et tous ses preux.

2182. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

D’ailleurs, il ne faut pas m’en faire un mérite, car je suis réduit aux livres qui sont dans ma bibliothèque, et Bourrienne n’y est pas. […] Mais il ne faut rien dédaigner, et de plus habiles que moi y trouveront peut-être des mérites que je n’ai pas su découvrir. […] Rabelais l’a cité dans son Pantagruel comme un bon prêcheur, et petit frère Maillard mérite cette louange. […] Ils ne nient pas tout à fait le mérite du poète. […] Il faisait bon visage à tous, distinguant, quoi qu’on ait dit, les gens de mérite.

2183. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Partant, jugez si je mérite d’être ainsi traité, et si je dois plus longtemps souffrir que les financiers et trésoriers me fassent mourir de faim, et qu’eux tiennent des tables friandes et bien servies… Rosny introduit, après bien des retards, dans le Conseil des finances, y trouva une conjuration et complicité tacite des autres membres qui tendaient à le déjouer et à le faire tomber en faute : Or sus, mon ami, lui avait dit le roi au moment de l’y installer, c’est à ce coup que je me suis résolu de me servir de votre personne aux plus importants Conseils de mes affaires, et surtout en celui de mes finances.

2184. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

L’un d’eux, homme de lettres peu connu aujourd’hui et même de son temps, mais d’un certain mérite et d’assez de goût, qui avait fourni à Picard plus d’un trait pour sa Petite Ville, M. de Larnac, du Languedoc, vieil ami de M. 

2185. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps !

2186. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Cette réforme, étant une des choses les plus considérables qu’on ait tentées depuis longtemps dans l’éducation de la jeunesse, et devant avoir l’influence la plus directe et la plus profonde sur l’avenir de la société, mérite d’être exposée dans son esprit, et je tâcherai de le faire en dégageant cet examen de tout ce qui pourrait le masquer ou l’embarrasser, et sans y rien mêler qui puisse paraître injuste envers personne.

2187. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Malgré son mérite réel comme officier général, et quoique ensuite, en poussant de tout son crédit au ministère de la guerre M. de Ségur, il ait travaillé indirectement à remettre sur un meilleur pied l’armée française, Besenval n’était pas un de ces militaires ardents qui le sont corps et âme et avant toute chose.

2188. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Et c’est ainsi que lorsqu’il s’est agi d’une introduction pour le présent recueil, il est allé tout droit dans sa modestie vers l’écrivain qui peut paraître, au meilleur titre, concilier en lui ces deux filiations, ce double mérite de la haute critique et de la gentillesse de parole et d’esprit ; il s’est donc adressé à M. 

2189. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si parmi les syllogismes croissent quelques pauvres fleurs, c’est la faute ou le mérite de La Fontaine : où n’en ferait-il pas naître ? 

2190. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Henri IV, averti de son mérite, lui dit qu’il le voulait à Paris.

2191. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Voici le beau passage de cette seconde partie du Journal, et qui mérite de faire pendant à celui que nous avons déjà vu au sortir du Tyrol.

2192. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Vous savez si je mérite d’avoir le poing coupé. « L’homme a deux mains », a dit Victor Hugo, et il entend que c’est pour faire le bien.

2193. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

L’affaire de Casai en Italie, la prise de possession de cette place par les troupes de Louis XIV le même jour et presque à la même heure qu’on entrait dans Strasbourg (30 septembre 1681), n’est qu’un incident de la politique pratiquée et suivie envers la Cour de Turin, et cette politique mérite un examen particulier.

2194. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

La seconde ne lui semble pas digne de quiconque a reçu de la nature une ambition véritable : « Si vous avez ce véritable orgueil indépendant des circonstances, cet élan du mérite ; si vous avez un cœur doué de sensibilité, ne souhaitez jamais cet état intermédiaire qui place entre les grands qu’il faut être attentif à ménager et les pauvres que l’on est impuissant à secourir, entre le ton protecteur qui blesse et la prière qui afflige… » J’ai noté ce passage, parce qu’il est empreint de la marque de Jean-Jacques.

2195. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

malgré la vraisemblance apparente, il en est rarement ainsi ; la réalité dément la conjecture : ces fats célèbres, ces hommes à bonnes fortunes, une fois mariés, — à commencer par ce libertin d’Ovide, — trouvent le plus souvent des femmes sages, dociles, modestes, des modèles de mérite et de vertu, qui les adorent et dont ils sont sûrs.

2196. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

J’aimerais en littérature à proportionner toujours notre méthode à notre sujet et à entourer de soins tout particuliers celui qui les appelle et qui les mérite.

2197. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

« On oublie, en voyant Thémire, qu’il puisse y avoir d’autres grandeurs, d’autres élévations que celle des sentiments ; on se laisserait presque aller à l’illusion de croire qu’il n’y a d’intervalle d’elle à nous que la supériorité de son mérite : mais un fatal réveil nous apprendrait que cette Thémire si parfaite, si aimable, c’est — la Reine.

2198. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Non pas : ne créons point un mérite imaginaire, ne déplaçons pas la question.

2199. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle ajoutait dans tout le feu de son indignation et l’ardeur profonde de son mépris : « Je ne vous charge pas de faire mon apologie ; vous connaissez depuis longtemps le fond de toute mon âme, et jamais le malheur n’y pourra faire entrer la moindre idée vile ni basse ; mais aussi ce n’est que pour la gloire du roi et de son fils que je veux me livrer en entier, car tout le reste que je vois ici m’est en horreur, et il n’y en a pas un, dans aucun parti, dans aucune classe, qui mérite qu’on fasse la moindre chose pour lui. » Voilà les accents du cœur, l’âme même qui déborde.

2200. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

On a souvent discuté sur les mérites de Mme de Grignan, et sa mère lui a fait quelque tort à nos yeux en la louant trop ; c’est un rôle embarrassant à soutenir devant les indifférents, que d’être tant aimée.

2201. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie.

2202. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Hervé, certes, aimait Christel : l’aimait-il de véritable amour, c’est-à-dire de ce qui n’est ni voulu ni motivé, de ce qui n’est ni la reconnaissance, ni la compassion, ni même l’appréciation profonde, raisonnée et sentie de tous les mérites et de toutes les grâces ?

2203. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Il faut, disait-il, que nos poètes et prosateurs français dits romantiques y pensent mûrement avant de se mettre en besogne ; car il ne s’agit de rien moins que de refaire ou de défaire la langue française ; et ce projet mérite attention.

2204. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

. ; bureaucratie qui surfait de bonne foi son importance et ses mérites).

2205. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Tandis que l’idée de la solidarité de la tribu exista, il était naturel qu’on ne songeât pas à une stricte rétribution selon les mérites de chacun.

2206. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Pour moi, la moralité que je déduirai ici sera à la moderne, tout étroite et toute positive : c’est qu’il convient que l’impression de ce grand livre où se trouve ce bel épisode, et d’autres épisodes encore, se remette en train au plus vite et s’achève, et que les contrariétés, les ennuis qui, il y a huit cents ans, sous le régime du sultan Mahmoud, ont traversé la vie et l’œuvre du poète Ferdousi, ne continuent pas aujourd’hui de le poursuivre dans la personne de son savant éditeur et traducteur, qui mérite à la fois si bien et de lui et de nous.

2207. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Germain, en présence de ce mérite qu’il n’avait jamais soupçonné, s’étonne.

2208. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

La partie positive chez Hoffman mérite toujours d’être lue.

2209. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Tout le xviiie  siècle, on peut le dire, ferait donc défaut et n’aurait, pour le représenter littérairement, que des femmes d’un mérite inégal et d’un goût mélangé, s’il n’avait à offrir Mme Du Deffand.

2210. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Et même quand il ne peut plus bouger de son fauteuil, et quand tous le jugent baissé et absent, il mérite que celle qui avait si bien senti et fait durer sa nature poétique dise encore de lui : Chateaubriand est dans une belle langueur.

2211. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Il vit Mlle d’Aubigné et eut le mérite de s’intéresser tout aussitôt à elle.

2212. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Dans des cadres si restreints et si commandés, il n’y avait guère d’espace pour déployer d’autres mérites que ceux de la concision et de l’exactitude.

2213. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il adressait aux Comédiens-Français de très judicieuses et très prudentes observations à ce sujet (9 novembre 1789) : La pièce de Charles IX, disait-il, a certainement du mérite ; elle est dans quelques scènes d’un effet terrible et déchirant, quoiqu’elle languisse dans d’autres et n’ait que peu d’action… Mais, en me recherchant sur sa moralité31, je l’ai trouvée plus que douteuse.

2214. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Le mérite original de Nicolas Boileau, étant de cette famille gaie, moqueuse et satirique, fut de joindre à la malice héréditaire le coin du bon sens, de manière à faire dire à ceux qui sortaient d’auprès de lui ce que disait l’avocat Mathieu Marais : « Il y a plaisir à entendre cet homme-là, c’est la raison incarnée. » Le dirai-je ?

2215. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Cet épisode mérite un chapitre à part ; la conséquence fut que de Brosses ne put jamais être de l’Académie française.

2216. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Les flatteries l’emportèrent jusque-là qu’il crut que toutes les louanges qu’on lui donnait étaient véritables, et que la grandeur qu’il possédait était moindre que son mérite… Il était plein de belles paroles et de promesses qu’il ne tenait pas fidèlement ; mais, lorsqu’il donnait des paroles plus absolues, c’est alors qu’on était plus assuré de n’avoir pas ce qu’il promettait ; et, lorsqu’il promettait le plus son affection, c’était lorsqu’on avait plus de sujet d’en être en doute : tant il manquait de foi sans en avoir honte, mesurant tout l’honneur à son utilité !

2217. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Elle a pourtant le mérite d’avoir présidé à de belles œuvres serrées, à de nobles tragédies ; elle suggère, par son existence, l’idée d’une étude de crise morale, sans péripéties, à beaux plis simples, brève, serrée comme la nature ; elle peut fournir au théâtre aussi bien que l’esthétique diverse et variée du drame.

2218. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Pline qui nous a parlé de la peinture encore plus méthodiquement que les autres écrivains, compte pour un grand mérite dans un artisan les expressions et les autres inventions poëtiques.

2219. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

De bonne foi, conclure que notre raison soit d’une autre trempe que celle des anciens, assurer qu’elle est superieure à la leur, parce que nous sommes plus sçavans qu’eux dans les sciences naturelles, c’est inferer que nous avons plus d’esprit qu’eux de ce que nous sçavons guérir les fievres intermittantes avec le quinquina, et de ce qu’ils ne le pouvoient pas faire, quand on sçait que tout notre mérite dans cette cure vient d’avoir appris des indiens du Perou, la vertu de cette écorce qui croît dans leur païs.

2220. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Pour y parvenir, on se crée des procédés, des artifices particuliers de diction, qui ont le double mérite d’outrager la grammaire et la raison.

2221. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Son procédé est l’imitation et son mérite une précision acquise.

2222. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il ne nous rend rien non plus pour nos mérites, quand une fois il nous les a pris.

2223. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine.

2224. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

L’unification des sociétés hâte le moment ou les individus sont tenus pour les vrais titulaires du droit et où l’opinion publique déclare qu’il faut les juger, non en vertu de lois spéciales, d’après leur rang, mais en vertu de lois uniformes, d’après leur mérite personnel.

2225. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

C’est un grand mérite ; tous les philosophes ne l’ont pas.

2226. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Pour avoir une idée du succès qui l’attendait, il faut donc, comme disent les mathématiciens, multiplier son mérite intrinsèque par son opportunité. […] Votre mémoire n’ébranle nullement mon opinion, qui se réduit à ceci : que l’empire de la coalition sur la France et la division de ce royaume seraient un des plus grands maux qui pussent arriver à l’humanité. » Celui qui a écrit ces lignes mémorables dans sa correspondance intime, lorsque le contrecoup des événements de France anéantissait sa fortune, l’éloignait de sa famille et le chassait de son pays, mérite d’être cru quand il tient le même langage dans ses Considérations sur la France, et les plus grandes sévérités de son génie doivent être accueillies comme celles d’un médecin dévoué qui, penché sur le lit d’un malade bien cher, le fait souffrir pour guérir son mal. […] La forme ne mérite pas moins l’attention que le fond. […] Des hommes d’un âge plus mûr, des hommes dans toutes les situations, ne tardèrent pas à venir juger par eux-mêmes le mérite d’un enseignement dont le retentissement n’avait pu leur échapper. […] Pendant les trois dernières années de l’empire, il a repoussé les offres obligeantes du cardinal Fesch, qui désirait s’attacher un homme de ce mérite, et il a préféré accepter une place à l’académie de Paris, que lui a fait obtenir M. de Fontanes.

2227. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Je n’insisterai pas sur le mérite du livre, il est facile à tout le monde de le constater. […] Deux romanciers de genres bien différents mettent au jour deux œuvres de haut mérite, malgré leur dissemblance. […] C’est que le grand mérite de M.  […] C’est là justement le mérite que je trouve à Joconde Berthier. […] On nous parle de la civilisation comme d’une œuvre admirable, toujours croissante, et qui mérite que chacun y collabore dans la mesure de ses forces.

2228. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il est vrai que cette facilité du roman me diminuait singulièrement nos grands hommes, et que pour conserver mon admiration à leur endroit, je me voyais forcé de ne plus asseoir leur mérite que sur des qualités de style, d’effet et de flafla que j’avais bien de la peine à ne pas considérer comme secondaires ; mais hélas ! […] Ne suffît-il pas d’admirer ce qui mérite de l’être, sans copier sans cesse les mêmes idées et les mêmes formes ? […] Ces écrivains, parmi lesquels il y en a deux ou trois remarquables, sont pour le reste de mérite à peu près égal ; mais comme ils expriment une époque littéraire, leurs œuvres sont importantes. […] nos misères, nos grandeurs, nos aspirations, nos désastres, nos conquêtes, cela ne mérite pas qu’on le chante !  […] Elle loue volontiers des pastiches faits d’après les grands maîtres, parce qu’elle y trouve l’apparence de mérites qu’on l’a habituée à reconnaître : au contraire, elle s’éloigne de tout ce qui est une interprétation nouvelle et hardie de la nature ; c’est lettre close pour elle ; il faudrait qu’elle fît un effort dont elle est incapable pour sortir de la routine. » « Si je vais me promener dans la rue avec le chapeau et les habits de Claude, cent personnes qui n’y regardent point de près me regarderont avec admiration : deux ou trois vrais amis de Claude, en voyant ma prétention, hausseront les épaules. » Les gens qui faisaient des sujets du moyen-âge lui paraissaient des mystificateurs qui s’amuseraient à faire une ruine neuve.

2229. (1899) Arabesques pp. 1-223

Pour cela, user de l’analyse la plus tranchante contre les institutions actuelles parce qu’il n’y en a pas une seule qui mérite d’être conservée1. […] Le pauvre, le misérable dupé, qui ne croit plus au paradis, veut que les mérites de chacun soient récompensés sur cette terre ; et l’éternelle vie redevient la bonne déesse, le désir et le travail sont la loi même du monde, la femme féconde rentre en honneur, l’imbécile cauchemar de l’enfer fait place à la glorieuse nature toujours en enfantement… Voici dix-huit cents ans que le christianisme entrave la marche de l’humanité vers la vérité et la justice. […] Possédés de la fièvre électorale, ils se prirent à discuter les mérites de leurs candidats respectifs. […] Ne vous laissez pas décorer, ne fondez pas d’écoles, ne fréquentez pas chez les journalistes influents, n’envoyez pas vos livres aux vieillards mous des Académies, restez les parias radieux que vous devez être, ne vous prenez pas pour des Eschyle ou des Salomon, — et je vous distribuerai, encore un de ces jours, des brins de laurier cueillis, spécialement pour vous, au bord d’un Permesse que j’ai découvert et qui a bien son mérite. […] On se ferait la guerre, on se massacrerait, on se volerait sans détours. « À moi la galette, s’écrierait chacun, et tant pis pour qui tombe. » Cette façon d’agir manquerait peut-être d’élégance, mais, en tout cas, elle aurait le mérite d’être dénuée d’artifice.

2230. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Talent très réel et très puissant et ironie pas mal féroce mais à part, l’auteur mérite tous les applaudissements des ennemis absolus (dont suis — comme on dirait en Moréas) des psychologues ennuyeux dont nous jouissons trop. […] Presque vieux quand vous presque enfant, maussade et vous gai de toute gaieté, lourd et balourd, tandis que l’esprit et l’élasticité ; la gentillesse ailée avec de la force parfois bien jeunette vous décorent et vous exaltent, me voici quasi-geignant et plaintif, n’ayant plus guère de viril que ma barbe qui grisonne et que mon cœur qui s’efforce. — Mais, c’est encore un de vos mérites, une de vos vertus, exclusives à vous, mais je vous aime et voilà mon rachat devant Dieu. […] Un des plus grands mérites peut-être, entre tant d’autres, de ces ballades d’ailleurs irréprochables comme forme classique et comme parfaite correction intrinsèque, c’est, de par les rythmes si variés choisis, mais surtout en vertu de la facture particulièrement alerte, et aussi du ton gai, direct, de l’entrain charmant, — c’est de brûler, pour ainsi parler, l’idée de poème à forme fixe ; et l’on croirait plutôt avoir affaire à des chansons au vent, à des refrains capricieux s’essorant au gré d’une pensée plaisamment vagabonde. […] Il me faut aujourd’hui la louer pour son hospitalité sans limite, son goût compréhensif, le pardon accordé à l’insuffisance la juste estime portée au mérite, même aux défauts. […] Et il ne désespère pas, si Dieu lui accorde la guérison qu’il mérite peut-être après huit années de mauvaise santé, d’encombrer la littérature française d’œuvres, alors impersonnelles, critiqué et historique.

2231. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il n’a même pas de mérite à être sincère : il ne pourrait faire autrement. […] La masse des hommes est faible, mobile parce qu’elle est faible, cherche fortune où elle peut, fait son bien sans vouloir le mal d’autrui, et mérite plus de compassion que de haine. […] Hérelle, excellent écrivain français non moins que savant italianisant, réunit tous les mérites du traducteur accompli. […] C’est en tout cas et sans contredit un écrivain des plus attachants, à qui un léger progrès vers la clarté amènerait aisément le grand succès unanime dû à son mérite si noble et si rare. […] Louis Bertrand, pour leurs mérites littéraires et pour l’agrément que tout le monde doit trouver à les lire, quoi que l’on pense, d’ailleurs, de ces questions litigieuses.

2232. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Le plébéianisme, c’est l’humanité qui a subi l’épreuve, qui mérite l’émancipation, qui s’initie, qui veut être. […] Il y a une vulgarisation de la science et du mérite, comme il y a une vulgarisation de la responsabilité, de l’imputabilité, de la personnalité sociale : — « Moins d’hommes ont des facultés immenses, parce que plus d’hommes ont des facultés dont ils peuvent user. » — L’intelligence humaine elle-même devient peuple. […] La vérité, immuable dans le sein de Dieu, parce qu’elle y est complète, est mobile et progressive dans la communication que l’homme en obtient, parce qu’il ne la reçoit que proportionnée à ses forces, comme aussi à ses mérites : « La religion faite pour l’homme dans le temps est sujette à la loi du progrès et de la succession. […] Les sceptiques diront que voilà le mérite de Ballanche ramené à avoir été le promoteur de trois égarements de l’esprit humain. […] C’est du Bossuet tout pur, avec cette différence, au désavantage de Bossuet, que le philosophe historien moderne cherche le secret de Dieu, tandis que Bossuet a la foi qu’il le connaît, ce qui ôte à Bossuet et donne à l’autre des mérites supérieurs de belle invention.

2233. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

C’est l’objet du chapitre qui suit, où j’ai tâché de faire à Bayle la place qu’il mérite et qu’il ne me semble pas qu’on lui ait faite encore dans l’histoire des idées. […] Pour exposer respectueusement « un préjugé qui mérite du respect », Bayle est incomparable, mais aussi pour « renverser l’édifice de fange » ; et si je ne craignais d’abuser de la patience du lecteur, c’est ce que je n’aurais pas de peine à montrer. […] Mais voici qui mérite encore davantage qu’on le signale. […] Mieux encore que cela : l’astronomie, la géométrie, la physique, ne suffisent déjà plus ; l’anatomie s’y joint ; et le naïf Du Verney, vantant à la duchesse du Maine les mérites de Mlle Delaunay, la loue singulièrement d’être « la fille de France, dit-il, qui connaît le mieux le corps humain ». […] Dans l’histoire de la littérature, là est le mérite et là l’honneur de Fontenelle.

2234. (1924) Critiques et romanciers

La possibilité de l’erreur fait notre mérite, au cas où nous l’aurons éludée ; autrement, nous sommes punis d’avoir cédé aux apparences. […] L’imagination et le goût sont deux mérites bien différents, que l’on ne voit pas toujours réunis : peut-être un goût très difficile entrave-t-il une imagination fougueuse et qui a plus d’entrain que de finesse attentive. […] Paul Bourget, dans la préface de ses Nouvelles pages, revendique — et il le mérite — l’honneur de n’avoir pas méconnu ce principe du citoyen, littérateur aussi : défendre la civilisation. […] Les membres de la Centurie auraient prouvé leur « mérite social », qu’une œuvre ou un acte de génie attesterait. […] Bref le peuple n’est pas moins riche de génie que les grands hommes auxquels les historiens font honneur de toute l’histoire : et le peuple mérite donc l’attention des historiens.

2235. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

., fille de beaucoup de mérite, mais peu accommodée des biens de la fortune, puis incontinent après son mariage l’abandonne lâchement. […] J’allais ajouter qu’il y a une chose à laquelle il n’a rien compris et dont il ne s’est jamais douté, pour peu qu’elle existe encore, c’est l’autre science, celle du Saint et du Divin ; et qu’il semble tout à fait se ranger à cet axiome volontiers cité par lui et emprunté des jurisconsultes : Idem judicium de iis quae non sunt et quae non apparent, Ce qu’on ne peut saisir est comme non avenu et mérite d’être jugé comme n’existant pas232.

2236. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Mais cette hospitalité », écrit le Tasse, « bien loin d’être un soulagement, n’est qu’une aggravation pour moi, car le cardinal, cette fois, et sa maison, témoignent si peu de considération pour ma personne, et un tel mépris de ma mauvaise fortune obstinée, qu’il ne m’admet point à sa table, qu’il ne me fournit ni un lit, ni une chambre, ni un service décent à mon mérite et à ses anciennes grâces pour moi !  […] Il ajouta que le poète a quelque chose de divin ; que les Grecs le nommaient d’après un attribut de la divinité, voulant dire par là que rien dans l’univers ne mérite le nom de créateur, si ce n’est Dieu et le poète.

2237. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Jamais aucune pièce de théâtre ne fut mieux jouée, je crois, que ne l’a été celle-ci, et le mérite en est grand ; car, derrière le drame écrit, il y a comme un second drame que l’écriture n’atteint pas, et que n’expriment pas les paroles. […] « C’est peut-être là le plus grand mérite de l’Honneur, d’être si puissant et toujours beau, quelle que soit sa source !

2238. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Se tournant ensuite vers Mme d’Étampes : Je n’ai jamais vu d’homme qui me soit plus agréable, et qui mérite plus d’être récompensé ! […] J’étais si content, qu’après mon dîner je fis présent de tous mes vêtements, qui étaient de fourrures fines et d’étoffes fort belles, à mes compagnons de travail : chacun d’eux eut sa part, selon son mérite ; mes domestiques, mes valets d’écurie, ne furent pas même oubliés.

2239. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il se plut à le contempler quelque temps, puis il dit : « Oui, l’artiste mérite des éloges, il n’a pas gâté ce que la nature a créé si beau. » En échange, il avait l’intention d’envoyer une épreuve de son portrait lithographié par Stieler ; et il dit qu’il avait déjà composé quatre vers, qu’il écrirait sur l’épreuve aussitôt après son rétablissement. […] Celui qui a créé ces trois figures mérite que son nom soit écrit en lettres apologétiques vivantes au frontispice de l’Allemagne.

2240. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Le mérite de l’auteur n’est pas moindre dans la suite, au long de l’œuvre, et sa version française, d’une précision si animée et d’une si exacte élégance, devrait servir de modèle à tous ceux qui entreprennent de traduire les ouvrages des écrivains étrangers. […] Parmi les solistes, MlIe Julia Haering, de Genève, mérite une mention spéciale pour son excellente interprétation du rôle d’Elsa.

2241. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Cette finesse de style, qui aurait été un défaut grave dans un poète populaire, devenait, grâce à l’esprit de parti, un mérite de plus dans Béranger. […] Roture ou noblesse ne sont ni des mérites ni des torts ; ce sont des lots que nous avons reçus en naissant, dans la loterie de la Providence.

2242. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Bernis a le mérite de sentir un peu tard tous ces néants et ces vides profonds ; mais, en les déplorant, il n’a rien à mettre pour les remplir ; il n’est pas de ceux à qui on reconnaît le droit de dire : C’est moi !

2243. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Il y a des parties plus graves et qui font penser : par exemple, l’histoire de l’évêque Guillaume de Paris, interrogé par ce maître en théologie qui a des doutes sur le sacrement de l’autel et qui en pleure de douleur, et la réponse du prélat pour le consoler, son apologue des deux châteaux, l’un à la frontière et toujours menacé, qui a le mérite de résister, et l’autre, qui est le château de Montlhéry, paisible et en sûreté, mais sans gloire, au centre du royaume, la comparaison de ces deux châteaux avec les cœurs tentés ou tranquilles ; tout cela est spirituel, élevé et de tous les temps.

2244. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il y louait fort Costar : Sans flatter ici, disait Pinchêne, le mérite de M. 

2245. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles : Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite.

2246. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Ici, nous avons encore affaire à un journal et à des confidences posthumes, mais il s’agit du journal et registre d’une belle âme, d’une haute intelligence, et le choix a été fait par un homme de mérite, digne parent par le cœur et par la pensée de celui qu’il présente et introduit.

2247. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mirabeau toujours préoccupé de l’idée que Vauvenargues n’est pas ambitieux, qu’il est philosophe par tempérament et par choix (il le juge trop sur la mine, et par le dehors), qu’il est porté à l’inaction et au rêve, le presse souvent et dans les termes d’une cordiale amitié de se proposer un plan de vie, un but, de ne plus vivre au jour la journée : « Nous avons besoin de nous joindre, mon cher ami ; vous appuieriez sur la raison, et je vous fournirais des idées. » Vauvenargues décline ce titre de philosophe auquel, dit-il, il n’a pas droit : Vous me faites trop d’honneur en cherchant à me soutenir par le nom de philosophe dont vous couvrez mes singularités ; c’est un nom que je n’ai pas pris ; on me l’a jeté à la tête, je ne le mérite point ; je l’ai reçu sans en prendre les charges ; le poids en est trop fort pour moi.

2248. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Non, encore une fois, dirons-nous à ces fils obstinés, qu’une idée honorable et malheureuse oppresse et possède, vous ne sauriez remettre en bonne odeur une mémoire sanglante ou souillée ; c’est une erreur, à vous, d’y prétendre et de vous y acharner ; vous n’avez qu’une ressource : faites oublier votre père, à tous ceux qui vous voient, par vos mérites et vos vertus.

2249. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Grâce à Dieu, cette moralité de convention est chaque jour démentie dans la réalité et dans la pratique : les filles de femmes célèbres et même trop célèbres, de celles qui ont été le plus bruyamment admirées ou critiquées, ont chance, si elles sont belles et pleines de mérite, de devenir, selon les rangs et les fortunes, ou femmes d’avocats distingués, ou marquises et même duchesses.

2250. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Son talent toutefois s’annonçait d’abord avec un certain éclat et présageait un artiste d’un vrai mérite, capable à son tour et digne peut-être du laurier.

2251. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

On peut différer avec lui sur la mesure de ses conclusions et sur ce qu’elles ont parfois de trop marqué ; mais il a le mérite d’avoir posé les cadres de la discussion et d’en avoir, le premier, rassemblé avec méthode les éléments.

2252. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il se fit conduire chez moi : c’était un jour d’assemblée ; nous avions alors une escadre hollandaise en rade, commandée par l’amiral Kinsbergen, homme d’un rare mérite ; nous avions de plus un vaisseau de guerre suédois : tour, ces étrangers et plusieurs officiers de la marine française se trouvaient à l’intendance, lorsqu’on annonça l’abbé Raynal, que personne n’attendait.

2253. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Creuzé de Lesser, un auteur croisé d’administrateur, et qui n’était pas sans mérite, lui écrivait de Montpellier (1er décembre 1827) : « … Il y a longtemps, madame, que j’ai, — que j’ai lu — et que j’aime ce que vous avez publié.

2254. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

On peut trouver à redire au pêle-mêle, désirer plus de discernement dans cette pêche miraculeuse de chaque matin, demander trêve pour les plus jeunes, qui ont besoin d’attendre et de grandir, pour les plus mûrs, dont cette impatience puérile interrompt souvent la lenteur fécondante ; mais enfin il semble qu’au prix de quelques inconvénients on obtient au moins cet avantage de ne rien laisser échapper qui mérite le regard.

2255. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé.

2256. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Cela mérite seul d’être conservé, air et paroles.

2257. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Il apporte, d’ailleurs, dans ses notations successives d’objets particuliers, une merveilleuse netteté, et qui n’est pas un petit mérite, même en littérature  Et il va sans dire que j’exagère ici mon impression ; mais je continuerai à l’exagérer pour être clair.

2258. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Au reste, il isole ces œuvres, néglige le plus souvent la personne même des écrivains ; ou, s’il en parle, c’est pour leur attribuer, au nom du libre arbitre, le mérite ou le déshonneur d’avoir servi ou trahi l’idéal littéraire dont il a posé au commencement la définition.

2259. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Je n’ai pas à rechercher maintenant tous les mérites et les défauts de cette pièce, mais à en indiquer seulement la méthode.

2260. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

S’il est complice, il fait un métier plus honteux que la honte ; c’est au lazaret du dictionnaire qu’il faut chercher le nom qu’il mérite.

2261. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Mme Geoffrin n’a rien écrit que quatre ou cinq lettres qu’on a publiées ; on cite d’elle quantité de mots justes et piquants ; mais ce ne serait pas assez pour la faire vivre : ce qui la caractérise en propre et lui mérite le souvenir de la postérité, c’est d’avoir eu le salon le plus complet, le mieux organisé et, si je puis dire, le mieux administré de son temps, le salon le mieux établi qu’il y ait eu en France depuis la fondation des salons, c’est-à-dire depuis l’hôtel Rambouillet.

2262. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Leclercq, cette finesse si fréquente a le mérite d’être rapide, légère, naturelle ; elle échappe et sort à ses personnages comme une naïveté.

2263. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Les contradictions même qu’il provoque n’atteignent pas le fond de son mérite ; car nul n’a soulevé et versé dans la circulation un plus grand nombre de matériaux et d’instruments qu’il ne l’a fait durant vingt années.

2264. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il voudrait que son fils, au lieu de s’arrêter en chemin, et de regarder autour de lui et au-dessous de lui, ceux qui valent moins, reportât ses regards plus haut : Pensez plutôt à ceux qu’on a le plus sujet d’estimer et d’admirer dans les siècles passés, qui d’une fortune particulière ou d’une puissance très médiocre, par la seule force de leur mérite, sont venus à fonder de grands empires, ont passé comme des éclairs d’une partie du monde à l’autre, charmé toute la terre par leurs grandes qualités, et laissé depuis tant de siècles une longue et éternelle mémoire d’eux-mêmes, qui semble, au lieu de se détruire, s’augmenter et se fortifier tous les jours par le temps.

2265. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Car de ce qu’un homme de mérite se présente aux suffrages d’une compagnie savante et n’est point reçu une première fois, est-ce une raison à lui de saisir aussitôt la plume, d’écrire contre cette académie, contre les membres qui en font partie et dont quelques-uns, comme les Silvestre de Sacy et les Quatremère de Quincy, sont illustres ?

2266. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Ceci devait mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. » Il semble même qu’en terminant ce mémoire, Montesquieu s’attache trop à diminuer le mérite de l’observateur, lequel a souvent besoin de toute sa subtilité d’esprit et de son invention ingénieuse pour amener le fait sous son regard : Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit, disait Montesquieu, pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des Pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage.

2267. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Des relations si intimes avec les puissances le mirent à même d’être souvent utile au mérite, et, si on le trouve parfois rigoureux ou quelque peu satirique dans ses jugements, les personnes qui l’ont le mieux connu assurent qu’il sut être bienveillant en secret ; il se plaisait à attirer l’attention de ses augustes correspondants sur les talents d’hommes de lettres et d’artistes à honorer ou à protéger.

2268. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Séduit par la mécanique, il érige en une sorte de divinité la persistance de la force, qui ne mérite point un tel honneur.

2269. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Il y a là certainement un sujet d’étude qui mérite de provoquer la réflexion.

2270. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

À coup sûr, l’homme qui dit cela sérieusement ne sait pas l’heure qu’il était sous Louis XV, et ne mérite pas d’être discuté.

2271. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il l’estimait comme elle le mérite, et la laissait dormir dans les in- folio du moyen âge, où nous espérons qu’elle restera.

2272. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il suffit peut-être de dire que la légende, étant de l’histoire simplifiée et achevée par le rêve, est généralement plus belle que l’histoire, et que par là elle mérite notre respect. […] Certes, Chênedollé, ce timide et cet incomplet, d’ailleurs si intéressant, et Fontanes lui-même, ce beau fonctionnaire, avaient eu, en réaction contre l’âge précédent, leurs minutes d’inquiétude religieuse, et aussi leurs attendrissements sous la lune ou devant le soleil couchant ; une grâce assouplissait çà et là leurs vers habiles et prudents ; et tous deux avaient ce mérite d’être des façons de poètes raciniens. […] Il ne rougit point d’analyser certaines pièces, de les apprécier en elles-mêmes, d’y rechercher les « imitations » volontaires et involontaires, de les classer enfin par ordre de mérite. […] Et alors nous concevons sans doute l’utilité de certaines douleurs, et qu’elles sont la condition de l’effort, qui est la condition du mérite.

2273. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Patience le feuilletoniste va vous en lâcher bien d’autres, à commencer par la phrase suivante : « Que non pas l’admiration, car l’auteur en mérite bien plus que son œuvre mais l’espèce d’adoration extatique dont ses pièces sont momentanément l’objet, est une mode de plus à ajouter à toutes celles dont l’esprit humain s’est vu successivement insanifié, etc. » Insanifié, plaît-il ? […] … « Quand on revêt la livrée d’un homme, on n’a que ce qu’on mérite quand on est pris dans la rue pour son laquais… « Après une introduction qui ressemble à toutes celles de Feydeau nous arrivons au duo de Nicette et de Giraud (les Rendez-vous de noble compagnie, etc.), qui commence il est vrai, d’une manière commune (c’est le contraire qui est la vérité), mais qui bientôt prend une tournure originale… La cavatine de Mergy toute rossinienne, est coupée en trois rimes féminines (c’est une erreur du critique), dont les e muets vont, suivant l’usage, placer invariablement un eu sonore, comme vous savez, sur des notes aiguës : c’est tout ce que je puis dire de ce morceau. […] Lorsque je vois des hommes d’un mérite supérieur, les Guizot, les Lamartine, les Hugo, les Musset, les Thiers, tenir à grand honneur d’être appelés les confrères de MM.  […] Sans aucun doute, l’heureuse composition du spectacle et le mérite des principaux artistes ont décidé de sa réussite ; mais croyez bien que le genre que va exploiter Offenbach, par la variété qu’il comporte et le peu d’ambition qu’il affiche, est une cause préexistante de succès.

2274. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Nettement, lui-même, avec les plus grands mérites du style, de l’intelligence et de l’émotion intime qui fait vivre un historien, M.  […] Quelle tâche de rechercher (eux vivant) le vrai mérite et la juste valeur de tous les hommes qui ont encore aujourd’hui l’énergie et le talent de l’écrivain ! […] Paul de Kock, en effet, n’est pas de ces hommes qui se mouchent du pied ; il a le secret d’un certain naturel, d’une certaine trivialité bourgeoise qui ont bien leur mérite. […] » La justice et le bon sens, que soutient un beau langage, tels sont les premiers mérites de l’histoire ; ajoutez une âme libre, et une parfaite connaissance des choses que l’historien raconte. […] Ainsi s’explique, indépendamment du mérite de ce vers net, rapide et bien pensé, le grand succès de ce beau poème ; cette fois, la douleur était sans emphase, et surtout sans imprécation et sans colère.

2275. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Apprendre à distinguer, dans cette énorme littérature confuse des inventaires imprimés (pour ne parler que de ceux-là), ce qui mérite confiance de ce qui n’en mérite pas, en un mot à s’en servir, est tout un apprentissage. — Enfin, où consulter commodément les inventaires qui existent ? […] L’opinion brutale des gens qui prennent en pitié et qui raillent les analyses minutieuses de la critique externe ne mérite guère, en vérité, d’être réfutée. […] … On regrette vivement cette immense déperdition de forces humaines, qui a lieu par l’absence de direction et faute d’une conscience claire du but à atteindre126. » Le dilettantisme est incompatible avec une certaine élévation de pensée et avec un certain degré de « perfection morale », mais non pas avec le mérite technique. […] C’est le mérite de Taine d’avoir déclaré, à propos de la littérature anglaise, que l’évolution littéraire dépend, non d’événements littéraires, mais de faits généraux. […] Et le public s’en rend bien compte : il ne viendrait à l’esprit de personne d’étudier l’histoire naturelle dans Buffon, quels que soient les mérites de ce styliste.

2276. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Ce fut un de ces moments trop rares qui replacent les choses dans leur ordre naturel et vengent le mérite avili des outrages de la fortune ». […] Et, si cela lui fut facile dans les premières années, quand elle était son obligée, quand elle le voyait devenir célèbre, quand les belles dames s’amusaient à causer avec elle, je crois qu’elle y eut ensuite quelque mérite. […] Je l’exécutai courageusement, avec quelques soupirs, je l’avoue, mais aussi avec cette satisfaction intérieure… de me dire : Je mérite ma propre estime, je sais préférer mon devoir à mon plaisir. […] On lui parle des mérites de Saint-Preux. […] Certainement, s’il y a quelque chose qui mérite le nom d’héroïque et de grand parmi les hommes, c’est le succès d’une entreprise pareille à la vôtre.

2277. (1905) Propos littéraires. Troisième série

. — Étudions donc ces maîtres qui ont eu le bonheur et le mérite et la récompense des bons maîtres, à savoir d’avoir des élèves plus grands qu’eux. […] Il en est maintenant à causer de longues heures avec Eckermann, qui est un simple imbécile, mais qui a de mérite incomparable de ne lui jamais parler que de Goethe. — Il meurt. […] Il fait la guerre au galimatias, de quoi il est resté encore un peu ; mais il lui fait la guerre énergiquement, jusqu’à supprimer des passages entiers qui ne sont pas sans mérite. […] Comme lui, et après lui, ce qui diminue un peu leur mérite, ils devaient inventer l’écriture artiste. […] J’en sais qui, par réaction, donnaient dans des ouvrages d’un genre et d’un art encore inférieurs, mais qui avaient au moins le mérite d’être différents.

2278. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Emprisonné dans le petit cachot de l’univers, étouffé entre l’infini d’en haut qui l’oppresse et l’infini d’en bas qui le confond ; incapable également de connaître les fins et de connaître les causes ; obligé, pour oublier sa misère, de courir le divertissement ; vénérant comme respectables les coutumes qu’il a lui-même imaginées et les dieux qu’il s’est créés ; esclave de la force, victime des passions égoïstes, féroce, hypocrite et frivolement fou, l’homme mérite les plus bas outrages, comme il mérite la plus haute admiration.‌ […] Mort vers quarante-sept ans, à une époque de perturbations politiques presque inouïes, il paraît n’avoir pas rempli tout son mérite. […] La noblesse et le clergé, il les jugea d’un mot : « Ils ont », disait-il, « oublié ce principe : Res eodem modo conservantur quo generantur… Les fortunes se conservent par les mérites qui les ont acquises. » Quant aux utopies des démocrates, il n’y croyait point. […] Le livre a réussi sous sa forme définitive, et il le mérite. […] En y réfléchissant, il me parut que si sa conclusion était outrée, elle avait le mérite de la franchise et que l’analyse de ses sensations pouvait intéresser.

2279. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

La poésie, si réellement elle mérite d’être admirée, doit résister à cette épreuve. […] Pour savoir si cet état d’âme particulier mérite qu’on lui attache tant de prix, il faut chercher en quoi il consiste. […] Dans une œuvre d’art, il est bien évident que la poésie est un mérite de plus, qu’elle augmente la valeur artistique de l’œuvre, qu’elle la rend plus admirable, qu’elle est par conséquent un véritable apport de beauté. […] Je ne dis donc pas que nous ayons grand mérite à ce travail de restauration mentale. […] Que la phrase poétique, sans rien perdre de sa logique et de son expression, puisse se prêter ainsi aux exigences du vers, qu’elle change de pied quand il le faut, retombe avec tant de grâce sur le rythme voulu, c’est un jeu difficile, un véritable tour de force dont les initiés savent apprécier le mérite.

2280. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il n’était pas dangereux, on le décora de tous les mérites, et l’éloignement même où il se trouvait réussit d’une façon merveilleuse à illusionner les gens sur ses grâces personnelles. […] L’homme qui a écrit les stances délicieuses de la Naissance du Poète, du Village, de la Pipe, etc., mérite sinon mon estime littéraire, du moins une limpide affection. […] Vous ne jugez pas sans doute que le bel exemple de désintéressement et de probité littéraire laissé par lui mérite un pareil concert de sympathies et de regrets, et, dans le dépit de voir pleurer ce mort stérile alors qu’il nous reste des vivants si féconds, vous avez cru nécessaire de faire justice en quelques phrases méprisantes de cette inconvenante manifestation.

2281. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Les enfants de Renaudot, qui furent depuis des hommes de mérite et des médecins, s’étant présentés au baccalauréat devant la faculté de Paris, il leur fallut déclarer par acte de notaire et par serment qu’ils renonçaient au trafic de leur père.

2282. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Par cette facilité de mœurs, semblables à de pauvres petits enfants trop corrigés et rendus timides, quoique d’un naturel excellent, nous prenons l’importance pour le mérite et la modestie pour insuffisance.

2283. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La difficulté, je le sens bien, n’est pas de faire admettre jusqu’à un certain point que Mme de Créqui, pour ses mérites d’esprit, pour le ferme et le fin de son jugement, est une manière de Mme de Sablé, le plus difficile à obtenir est qu’on accorde à M. de Meilhan de pouvoir être convenablement rapproché de La Rochefoucauld.

2284. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Il en est un peu triste sur la fin ; il avait du moins pour se consoler l’honneur des journées de Haute-Sierck et du décampement de Marlborough, cet honneur sans hasard et pour le moins égal en mérite à une victoire.

2285. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Sur celle-ci en particulier, tout a été dit de ce qui pouvait l’être ; les défauts et les mérites du livre ont été mis en lumière avec une mesure parfaite, dans une suite d’opinions qu’il eût suffi de sténographier pour avoir un excellent modèle de discussion littéraire et historique : que d’instruction j’y ai recueillie moi-même sur un sujet que j’avais précédemment étudié !

2286. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Un homme de mérite qui s’est occupé des anciens poètes chrétiens, au point de vue de la musique et de la littérature, M. 

2287. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Un jeune écrivain de mérite, et qui en est à recommencer pour son compte une des phases par lesquelles notre génération a passé, s’étonnait l’autre jour que la France fût restée indocile ou infidèle à tant de belles etjustes leçons professées dans un style clair, limpide, par un écrivain doué de « ce bon sens souverain qui commande même au génie. » Nous lui donnons ici une des mille raisons de ce peu de succès. « On a honte, dit M. 

2288. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Miss Fuller était une Américaine de Boston, personne d’un vrai mérite et d’une grande vigueur intellectuelle.

2289. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

C’était un singulier juge et arbitre du grand et du bel art que Gustave flanche, et il mérite bien, puisqu’il a été si souverainement injuste et partial à l’égard d’Horace Vernet, d’obtenir un coin dans le portrait de celui dont il aurait voulu faire sa victime.

2290. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Comme il avait l’amour-propre aimable et bienveillant, il ne s’enorgueillissait pas ; il imputait à sa bonne étoile plus qu’à son mérite cette faveur disproportionnée et qu’il n’avait rien fait pour exciter.

2291. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il n’a laissé que des actes, dont quelques-uns énormes, d’autres controversés, d’autres enfin d’un mérite et d’une utilité incontestables.

2292. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Je tâcherai aussi d’engager un homme raisonnable à faire un tour en Saxe ; mais les Français sont paresseux de sortir de Paris : j’entends ceux qui valent quelque chose, et ils sont au désespoir quand il s’agit d’aller seulement sur la frontière. » Il nous connaissait bien : et c’est ainsi qu’il est bon quelquefois de ne pas être de la nation qu’on sert et où l’on sera appelé à commander : on sait les défauts, on les corrige ; on combine les qualités et les mérites de deux races.

2293. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Les rares et aimables qualités du général Franceschi, son excellente éducation, ses talents d’agrément, son esprit supérieur, sans compter son haut mérite militaire, tout parlait pour lui et lui conciliait l’affection.

2294. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Combien la vie est dure et marâtre puisqu’elle amène des hommes d’un tel mérite à devenir ce que celui-ci devient… et deviendra !

2295. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

La Société songera-t-elle au mérite réel dans l’admission ?

2296. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

N’est-ce pas un rare mérite d’exécution aussi, que, chez lui, le fait se présente sous une prise mince, nette, détachée, par le coupant plutôt que par le plat de la lame, si aisément sonore et brillant ?

2297. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Il y aurait une manière bien simple, bien commode, et à la fois bien juste, de recommander ces volumes ; nous nous hâterions de dire qu’à une grande variété de sujets sur lesquels le critique a répandu tous les assortiments d’une érudition exacte et fine, se joint le mérite d’un style constamment net, rapide, élégant ; que la nouveauté des points de vue n’exclut en rien les habitudes et les souvenirs de la plus excellente et de la plus classique littérature ; que l’ancienne critique s’y trouve toute rajeunie, en ayant l’air de n’être que continuée.

2298. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Vuillemin et Monnard donnent des suites développées qui s’étendront jusqu’à nos jours, mériterait un examen tout particulier, qui rappellerait utilement l’attention sur ces hauts mérites et ces originales beautés, si austères à la fois et si cordiales de Jean de Muller.

2299. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Voilà bien l’amour, tel qu’il mérite d’être rappelé sans cesse, tel qu’on l’a vu en de tendres exemples.

2300. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Et ainsi on ne mérite l’amour qu’en ne faisant rien pour lui.

2301. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Un des mérites les plus originaux du livre, c’est que l’enfant qui en est le héros est bien « au milieu du monde ».

2302. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Celui-ci, avec « son beau visage fatigué et hautain », a tous les talents et compose des valses et des symphonies « d’un mérite tout à fait supérieur ».

2303. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Ce penseur n’est pas seulement un philosophe et un écrivain du plus grand mérite, mais il a acquis une connaissance approfondie des sciences exactes et des sciences physiques, et même il a fait preuve de précieuses facultés d’invention mathématique.

2304. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Mais, pour nous, un tel homme n’est pas vertueux ; car, ces jouissances de la bouche et des sens n’étant rien pour nous, nous ne trouvons pas qu’il ait de mérite à s’en priver.

2305. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Il y a quelques années déjà que, l’étudiant à part moi, et sans songer à venir reparler de lui au public, j’écrivais cette page que je demande la permission de transcrire, comme l’expression la plus sincère et la plus nette de mon dernier sentiment littéraire à son égard : Béranger a obtenu de gloire tout ce qu’il en mérite, et un peu au-delà ; sa réputation est au comble.

2306. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Ce livre, traduit en français par une femme de mérite qui s’est dérobée sous le pseudonyme de Sébastien Albin, est un des plus curieux et des plus propres à nous faire pénétrer dans les différences qui séparent le génie allemand du nôtre.

2307. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Les divers articles que M. de Broglie a fournis vers ce moment à la Revue française, et qui sont des morceaux du plus grand mérite, sont tous inspirés ou dominés par un sentiment de cette nature, soit qu’examinant le livre de M. 

2308. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Un des points de cette morale, c’est quand un écrivain de quelque mérite vous a devancé sur un sujet et qu’on profite de lui, de ne le contredire, quand on le juge à propos, qu’avec une légère marque de politesse.

2309. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

C’est bien lui qui, lorsqu’il eut terminé son Histoire de l’Église, en onze volumes in-4º, se prit à dire pour dernier mot : « Grâce à Dieu, mon Histoire est faite, je vais me mettre à l’apprendre. » De ses nombreux écrits que je ne songe même pas à énumérer, il n’en est qu’un seul qui mérite aujourd’hui d’être relu : ce sont ses Mémoires.

2310. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

M. de La Marck, à ce dîner, eut un mérite : il se sentit aussitôt un vif attrait pour Mirabeau, un attrait non pas fugitif et de simple curiosité, mais réel et qui devait aboutir à l’amitié la plus solide et la plus sérieuse.

2311. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Après Friedland et après Tilsitt, quand le général Savary vint à Saint-Pétersbourg, ce soldat homme d’esprit, et plein d’intelligence, y rencontra M. de Maistre, et il eut le mérite de se prendre d’intérêt et de goût pour lui.

2312. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Sa conduite pleine de cœur en 1815, après la condamnation de Lavalette, mérite un souvenir.

2313. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

[NdA] Depuis que ceci est écrit, lisant la correspondance du grand Frédéric avec Darget (tome XX des Œuvres de Frédéric le Grand, Berlin, 1852), j’y trouve des jugements d’une précision définitive et terrible : Voltaire s’est conduit ici en faquin et en fourbe consommé ; je lui ai dit son fait comme il mérite… Voltaire est le plus méchant fou que j’aie connu de ma vie, il n’est bon qu’à lire… Je suis indigné que tant d’esprit et de connaissances ne rendent pas les hommes meilleurs… Son caractère me console des regrets que j’ai de son esprit… Croiriez-vous bien que Voltaire, après tous les tours qu’il m’a joués, a fait des démarches pour revenir ?

2314. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Berger cherche à y faire la double part en Volney, celle du mérite réel et celle des opinions erronées.

2315. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Elle mérite qu’on ne la chicane point trop sur son mode et son ordre, et qu’on n’exige pas d’elle plus qu’il n’est juste.

2316. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Quant au réalisme, son mérite est, en recherchant « l’intensité dans la réalité », de donner une impression de réalité plus grande, par cela même de vie et de sincérité : « la vie ne ment pas, et toute fiction, tout mensonge est une sorte de trouble passager apporté dans la vie, une mort partielle. » L’art doit donc avoir « la véracité de la lumière ».

2317. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Quand on se rappelle que cette qualité est si rare en Allemagne, qu’il ne la partage qu’avec Lessing, que Goethe lui-même gâte ses romans par d’interminables suites, que le second Meister fait regretter la vérité sereine et profonde du premier, que Jean Paul est illisible, et Immermann incohérent, Hoffmann diffus et lâche, on aperçoit combien est rare et d’emprunt le mérite que s’est acquis Heine par la juste mesure de ses écrits.

2318. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Suard donnait à Marie-Joseph Chénier ce certificat : « Son style a ce grand mérite de ne pas contenir de comparaisons. » Nous avons vu de nos jours cet éloge singulier se reproduire.

2319. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Une vérité ne mérite pour moi ce nom que lorsqu’elle est telle à mes propres yeux, lorsque je me la suis appropriée par l’étude, par la discussion, par la démonstration, lorsque j’en ai trouvé l’es racines dans les principes de ma raison.

2320. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Tout cet article sur l’athéisme mérite d’être par couru.

2321. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Charlemagne, né dans un temps où lire, écrire et balbutier de mauvais latin n’était pas un mérite commun, fonda notre pauvre université ; il la fonda gothique, elle est restée gothique telle qu’il l’a fondée ; et malgré ses vices monstrueux, contre lesquels les hommes instruits de ces deux derniers siècles n’ont cessé de réclamer et qui subsistent toujours, on lui doit la naissance de tout ce qui s’est fait de bon depuis son origine jusqu’à présent.

2322. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La versification française, toute seule, n’est point la poésie : une périphrase, le mérite de la difficulté vaincue, ne constituèrent jamais l’essence de la poésie.

2323. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

C’est du style parfaitement littéraire, d’un mérite fort mince, il est vrai, mais après tout un de ces styles convenables, corrects, comme il s’en confectionne beaucoup à Londres, et qui se ressemblent tous les uns aux autres, comme toutes les vignettes anglaises et toutes les écritures anglaises se ressemblent.

2324. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Ainsi, comme toujours du reste, c’est la sincérité, mais la sincérité dans une manière de sentir à soi, qui fait le mérite immense du Joseph Delorme ; mais entendez-moi bien !

2325. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Ce que le solitaire peut nous inspirer, après l’étonnement ou la colère, c’est un sentiment de profonde pitié que mérite à tous égards ce naufragé de la vie, dont les larges flots n’ont pu épanouir les pauvres et tristes sens.

2326. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il avait conscience de son grand mérite ; mais n’avait-il pas aussi, au fond de son cœur, comme un pressentiment de sa destinée ? […] Le piquant et le tendre y alternent de façon curieuse et nous renseignent sur la psychologie d’un homme de grand mérite. […] * La rencontre de George Sand avec Stendhal mérite d’être notée. […] Homme de talent, cher Henry Becque, pauvre lutteur, les photographies et les propres figures de ceux qui, sans lutte comme sans mérite, l’emportent dans ce monde, sont autrement faites ! […] J’eusse été heureux de parler également de quelques autres jeunes poètes grecs d’un grand mérite.

2327. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Cette explication a le mérite de supprimer un mystère, et c’est toujours un résultat appréciable. […] Ils le connaissent depuis longtemps, ils l’aiment et l’admirent pour son grand âge peut-être et sa verdeur plus que pour ses véritables mérites. […] Le mariage est sans doute une fort belle institution, mais il ne faut pas s’en exagérer les mérites. […] un bigame mérite le bagne ? […] Epicure seul mérite le nom de constructeur philosophique.

2328. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Et nous avons bien du mérite à n’être pas des libertins. […] Prophète du passé, — il mérite ce magnifique nom. […] Tel qu’il est, il a son charme et il mérite l’admiration. […] L’érudition de Mgr Duchesne a tous les mérites. […] Cependant, il mérite le nom de moraliste, pour avoir étudié la folie de son époque et pour l’avoir signalée, montrée par le menu, expliquée.

2329. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

La réversibilité des fautes et des mérites est une conception qui a paru naturelle à l’humanité. […] Qu’est-ce là autre chose que le préjugé de la noblesse, et sur quoi est fondé ce préjugé, si ce n’est sur une idée vague de la réversibilité des mérites ? […] Il a exprimé cela dans une très bonne page qui donne bien l’idée de ses regrets, de ses terreurs, de sa tentative, et aussi de ses mérites d’écrivain : « Aux premiers temps de l’humanité, lorsque les lois de la nature étaient peu connues, la pensée les franchissait, en quelque sorte, et remontait à Dieu même, auteur de toutes les lois. […] Mme de Staël a deux mérites, dont le premier est de les avoir vus, et le second d’y avoir aidé. […] Et il demande, avec la force d’esprit, la finesse et la sûreté infaillibles du style, la loyauté, la droiture, la probité intellectuelle, la lucidité sévère de l’intelligence invincible aux piperies du cœur, une certaine pudeur aussi, qui est ici la mesure du goût ; en un mot, sinon une grandeur morale, du moins une distinction morale qui n’est pas commune. — Et tant de difficultés se tournent en autant de beautés quand elles sont vaincues, ou plutôt évitées avec aisance ; et, de tous ces mérites atteints sans effort, de tous ces obstacles surmontés sans qu’on les sente, de cette beauté singulière et rare, c’est encore Adolphe, dans toute notre littérature, qui nous donne l’idée la moins imparfaite.

2330. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le public s’en occupe peu et, n’ayant pas d’admirations relatives, trouve fort raisonnablement qu’un écrivain, pas plus qu’un fruit, n’a de mérite à être trop vert ou trop mûr ; dans les deux cas, il est mauvais et doit attendre la maturité, ou être impitoyablement jeté. […] Et tout ce monde, en entrant chez moi, se confond en politesses réciproques : et je te salue, — et tu me salues, — et je te ressalue, et tu me le rends, — et je te ressalue encore, et je ne te le rendrai jamais selon ton mérite, — et moi je me cogne le front par terre, et toi tu piques du nez sur le plancher ; les voilà toutes à quatre pattes les unes devant les autres ; c’est à qui ne passera pas, à qui ne s’assoira pas, et des compliments infinis se marmottent à voix basse, la figure contre le parquet. […] Je n’ai pas voulu donner l’analyse du roman, dont la fin est douloureusement dramatique ; j’ai voulu seulement indiquer le progrès fait par l’auteur dans sa suite d’études sur les Parisiennes, parmi lesquelles, quoi qu’en disent les Parisiens eux-mêmes, on trouve toujours, quand on les cherche et qu’on le mérite, des femmes vraies, honnêtes, des épouses et des mères. […] … Je n’ai cité, et à dessein, que les grandes lignes de la partie du roman qui sont relatives à l’Académie, puisque, en dehors du grand intérêt de fabulation, c’est sur les allusions au palais Mazarin que la critique littéraire va s’escrimer pendant quelque temps, faisant d’abord un succès de grande curiosité à ce livre qui en mérite et qui en aura un autre aussi éclatant, mais plus réfléchi et infiniment plus durable. […] La plupart de ceux qui chantent Baudelaire aujourd’hui ne sont guère sensibles qu’à ses insanités, il vaut infiniment mieux que cela et mérite d’être admiré et étudié, folie à part.

2331. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Voilà le mérite : un entrain vif, perpétuel, inattendu, une folie légère qui circule entre tous ces personnages et qui les met au ton : Ici, l’amour des vers est un tic de famille. […] Ainsi fait et créé par la nature, et n’ayant cessé d’abonder en lui-même, on a plus de traits piquants et personnels à citer de lui, que de pensées et de maximes d’une application générale ; en voici une pourtant qui mérite d’être conservée ; Fontenelle, à qui Piron la disait un jour, l’avait retenue et en avait fait un des articles de son symbole littéraire : « La lecture a ses brouillons comme les ouvrages100 », c’est-à-dire que, pour bien comprendre un livre et s’en former une idée nette, lire ne suffit pas, il faut relire.

2332. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Mais Gandar, en définissant le sien, montrait à quelles conditions élevées il mettait désormais le mérite de l’humaniste, et comment il entendait le renouvellement du goût et du sentiment littéraires. […] Jacquinet, directeur des études littéraires à l’École normale : « Cet enseignement de nos conférences tout intérieur et familier, après la Faculté de Caen d’où il sortait, était assez nouveau pour lui : ce qu’il gardait, au commencement surtout, de solennité de débit, ce qu’il avait encore à cette époque d’enveloppé et de trop orné fut facilement excusé par les élèves en faveur de son savoir et de son ardeur : il fut, en somme, très estimé à l’École. » Les élèves, juges très fins et qui savent fort bien concilier malice et justice, avaient un mot pour rendre ridée de ce mérite solide, un peu grave d’aspect et de ton : « Gandar parle d’or, mais il pèse son poids. » Il se serait assoupli en continuant.

2333. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Considérez celle de Dickens, vous y apercevrez la cause de ses défauts et de ses mérites, de sa puissance et de ses excès. […] Vous n’aurez point ce mérite immoral ; d’ailleurs il ne convient point à votre genre d’esprit.

2334. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Si cependant, pour cela, je mérite quelque punition, me voilà prêt. » « Tandis qu’il parlait, un pressentiment se glissait dans l’esprit d’Astyage. […] Cléomène, son fils, lui avait succédé, non pas par supériorité de mérite, mais par droit de naissance.

2335. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Et, de même, la théorie de la réversibilité des mérites, ce n’est autre chose, après tout, que du communisme, le communisme des âmes, et c’est encore où Veuillot trouve de quoi contenter ce sentiment et cet amour de la solidarité humaine qu’il avait au plus haut point. Car sans doute il se peut que cette théorie des Indulgences heurte la conception de la justice qui a prévalu dans la Révolution et dans la philosophie moderne, et que la mise en commun des mérites et des grâces soit traitée avec dérision par ceux mêmes qui appellent la mise en commun des biens matériels : mais les philosophes qui, comme Proudhon, voient dans le catholicisme la religion de l’injustice, ne prennent pas garde que l’injustice disparaît par le seul fait du consentement et du sacrifice volontaire de ceux qui ont mérité davantage en faveur de ceux qui ont moins mérité ; qu’ainsi c’est l’amour et le renoncement du fidèle qui crée la justice de son Dieu, et que, si la matière, ici, est obscure, la pensée est belle et toute formée de charité.

2336. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Ce fait, si important en histoire naturelle, du classement de tous les êtres organisés en groupes subordonnés à d’autres groupes, fait auquel on n’accorde pas toujours toute l’attention qu’il mérite, parce qu’il nous est trop familier, se trouve ainsi, selon moi, complétement expliqué. […] Mais cette loi n’est pas suffisamment prouvée ; et l’on peut dire même que la balance des preuves penche d’un tout autre côté ; car il est notoire que les éleveurs de Bœufs, de Chevaux, et les amateurs d’autres animaux de luxe, ne peuvent dire positivement quels seront les mérites ou la forme définitive d’un animal qu’un certain temps après sa naissance.

2337. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

C’est là un rôle qui peut avoir son utilité et son mérite, tout talent ayant besoin en son temps d’être éprouvé et de faire sa quarantaine ; mais il ne faut, convenons-en, pour ce rôle d’officier de la quarantaine littéraire, qu’une part d’imagination et de pensée plus restreinte que dans le rôle opposé49. […] A dater de 1811 surtout, en regardant au fond de la pensée de Mme de Staël, nous y découvrirons par degrés le recueillement que la religion procure, la douleur qui mûrit, la force qui se contient, et cette âme, jusque-là violente comme un Océan, soumise aussi comme lui, et rentrant avec effort et mérite dans ses bornes. […] Marigniez, médecin de Montpellier et littérateur à Paris, auteur d’une tragédie de Zoraï dont il est question dans Grimm, homme qui avait plus de mérite réel qu’il n’a laissé de réputation. — J’ai depuis reconnu que ces articles étaient de M.

2338. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Et plus on a peur, plus on a de mérite. […] Est-ce un mérite d’être calme, quand ce calme est dans la nature ? […] Je voudrais aussi pouvoir dire à madame votre mère, si belle et si sympathique, que dans son immense affliction, Dieu lui a accordé une grâce suprême dans l’excellent fils que nous connaissons et qui mérite si bien une telle mère. […] Lorsque tout à coup, il y a deux jours, je lis dans le Gaulois, que quelqu’un vous a honoré d’une épître gracieuse et que vous demandez l’adresse de cette bonne personne pour lui répondre… Je suis devenue tout de suite très jalouse, vos mérites littéraires m’ont de nouveau éblouie et me voici.

2339. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il y a même de la mauvaise foi à isoler la Charogne de la Comédie de la Mort et de l’Épopée du Ver et à crier raca sur ce seul poème, qui a au moins le mérite d’être plus sobre que les longs développements oratoires de Gautier et de Hugo. […] Le dignus intrare ne fut pas prononcé, et Pils, un peintre qui réunissait à, souhait tous ces mérites, fut élu. […] Leurs façons de comprendre et de vouloir leur furent communes avec toute une génération qui se développe aujourd’hui assez clairement devant le regard de l’histoire et de la critique, et dont ces deux noms aident à comprendre les mérites et les limites. […] Son mérite c’est une conscience calme, une probité aisée qui fait que sa phrase parfois alourdie et généralement sans musique ne se trouve jamais, devant un spectacle, un sentiment ou une idée, dénuée de moyens, et dit clairement, entièrement, pittoresquement, ce qu’elle veut dire. […] Pour Fromentin c’est encore cela, mais c’est aussi et surtout d’arriver à un point d’intelligence où se trouve le principe qui explique à la fois dans un chef-d’œuvre ses mérites et ses faiblesses, chez un artiste ses qualités et ses défauts.

2340. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Car c’est un des plus grands mérites des écrivains de l’école moderne de s’être retrempés dans la nature, quelque peu oubliée depuis bien des années. […] Selon notre habitude, nous laisserons le lecteur juge du talent de l’auteur en reproduisant quelques pages de son livre, que, nous le répétons, nous ne défendons pas, mais qui, dans un genre étrange, mérite une place dans notre collection, comme toute œuvre d’art. […] — Messieurs, dit lord Sidney, n’attaquez pas vos professions, toutes ont bien leur mérite, et Pâris lui-même serait embarrassé, car vous êtes plus de trois, et je ne sais vraiment comment vous satisfaire tous ! […] On n’est jamais fâchée d’être Elvire ou de se voir attribuer le mérite d’un livre imprimé sans nom d’auteur, et qui fait un certain bruit. […] L’impératrice adorait ces divertissements renouvelés de Clémence Isaure, et ce sera son mérite d’avoir su y associer des esprits tels que Mérimée, Octave Feuillet et Jules Sandeau.

2341. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Mérite bien rare, en ce moment surtout où nombre d’écrivains font de l’archaïsme et en font si lourdement ! […] — Eh bien, quel que puisse être l’âpre mérite de ce morceau, nous supplions M.  […] Mais qui pourra, qui osera l’écrire (bien que je ne mette pas en doute le mérite et la bonne volonté de MM.  […] Flaubert n’accorde pas à cette donnée vieillie et ressassée plus d’importance et de développement qu’elle n’en mérite. […] c’est justement parce qu’il n’est pas connu et qu’il mérite d’être célèbre, qu’il faut le traiter avec détails, le faire connaître, enfin.

2342. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

On a pu remarquer, dans la petite citation que j’empruntais à l’Histoire du romantisme, le rang où il place ses divers mérites : « Nos poésies », dit-il d’abord. […] Tel quel, avec les objections qu’il peut soulever, ce livre garde ce mérite de remuer les plus passionnantes idées de notre âge. […] L’homme donc ne mérite ni estime, ni mépris, ni colère, ni admiration. […] Sa gaucherie ne lui permettait même pas de révéler tout son mérite. […] Costa la mérite.

2343. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Je le lui ai envoyé dire ; il m’a envoyé menacer qu’il me couperait les pans de ma robe… Un roi qui ne fait point justice ne devrait point régner, ni chevaucher à cheval, ni chausser des éperons d’or, ni manger pain sur nappe, ni se divertir avec la reine, ni entendre la messe en un lieu consacré, parce qu’il ne le mérite pas ! 

2344. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il y a plus de mérite à un écrivain d’observer cette même loi du fond de son cabinet, et c’est en cela que Marais a fait un heureux et délicat détournement du sens.

2345. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Langlais, représentant de la Sarthe, qui fut ensuite conseiller d’État, homme de mérite, qui est mort chargé d’une mission près de l’empereur Maximilien au Mexique.

2346. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Dans Paris, au contraire, le succès a été moindre, bien que fort vif encore ; mais on a contesté plusieurs mérites à l’auteur.

2347. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Ce bon goût que sans doute il a pu, comme nous tous, choquer plus d’une fois dans bien des pages écrites, il l’a eu (mérite plus rare) dans l’ensemble de sa conduite littéraire.

2348. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Il la mérite de tout point.

2349. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Il faut qu’ils sachent que, comme nous sommes obligés malgré nous de leur donner des marques extérieures de respect et de soumission, nous jugeons à la rigueur leurs actions, et nous nous vengeons de leur autorité par le plus profond mépris, quand leur conduite n’a pas pour but notre bien et ne mérite pas notre admiration ; et, en vérité, il n’était pas besoin de rigueur pour juger le roi comme il l’était par tout son royaume.

2350. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Elle mérite en effet cette ample radiation par l’éclat et l’étendue de son talent.

2351. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Les gouvernants dans un petit pays sont beaucoup plus multipliés par rapport aux gouvernés, et la part de chacun, à une action quelconque, est plus grande et plus facile : enfin, si l’on répétait d’une manière vague, qu’on n’a jamais vu une constitution fondée sur de telles bases, qu’il vaut mieux adopter celles qui ont existé pendant des siècles ; on pourrait demander de s’arrêter à une réflexion qui mérite, je crois, une attention particulière.

2352. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

. — Son procédé, ses mérites, ses défauts.

2353. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Vers le même temps, Voltaire donnait Nanine (1749) : le public y applaudissait, dans la mésalliance généreuse d’un seigneur, une satire des privilèges sociaux, une apologie de l’égalité naturelle et du mérite personnel ; mais il n’y a vraiment rien là de bien méchant, et ce n’est pas la peine d’être Voltaire pour faire Nanine.

2354. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

» Il résulte que le commerçant hérite, ou touche, en plus de son mérite personnel, sur la valeur intrinsèque et publique de l’écrit : car c’est, autant que la sublimité, l’admiration accumulée par les lecteurs qui gonfle un grand nom.

2355. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

« Dompter ses passions, les rendre obéissantes », mais le christianisme, encore qu’il n’ait pas le mérite d’avoir inventé la formule, n’a jamais dit autre chose.

2356. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Je ne puis faire grand cas de cette sagesse toute négative, si en faveur parmi nous, qui consiste à critiquer les chercheurs et à se tenir immobile dans sa nullité pour rester possible et ne pas être subversif C’est un petit mérite de ne pas tomber quand on ne fait aucun mouvement.

2357. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Qu’on déplore tant qu’on voudra les vices qui souillèrent le xviiie  siècle, c’est par cette énergie de pitié, de bienfaisance, de passion pour la justice et la vérité qu’il reste grand ; c’est par là qu’il mérite, non seulement l’estime, mais la reconnaissance de ceux qui en parlent aujourd’hui.

2358. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Ne se seroit-il pas au moins réservé le mérite de ses travaux & celui de ses vertus ?

2359. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Le vrai mérite de la pièce de M. 

2360. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

« En un mot, le désœuvrement, l’agitation d’une santé superflue ; si vous me permettez de parler ainsi, m’ont conduit près de Belinde, que le hasard offrit la première à ma vue, que le voisinage recommandait à ma paresse et qui a le mérite de n’avoir que vingt ans.

2361. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Fleury mérite de ne pas être passé sous silence, et que des biographies de ce genre, une fois faites, coupent court à bien des impostures historiques et à de fausses peintures.

2362. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

À posséder les résultats du labeur accompli au cours d’une longue civilisation par le génie de ses meilleurs représentants, quelques-uns des plus médiocres parmi les derniers venus prennent le change sur leur propre valeur ; ils se gonflent, comme d’un mérite individuel, des conquêtes intellectuelles dues à l’élite de l’espèce et dont ils bénéficient en vertu d’un privilège commun à toute l’Humanité.

2363. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Je ne me vante pas d’être sage à ce point Qu’un mérite amoureux ne m’embarrasse point.

2364. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Tout cela s’acquiert et se mérite…‌ Et cette haute idée de la dignité du commandement, ce beau désir de tenir au mieux l’emploi le plus modeste dans la hiérarchie, nous conduisent à voir que sous cette poésie parfumée, joyeuse et d’un goût parfait, pareille aux chansons immortelles de Mistral, respire une âme forte :‌ Ne priez pas, dit-il aux siens, pour que les souffrances me soient épargnées ; priez pour que je les supporte et que j’aie tout le courage que j’espère.‌

2365. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Ainsi, par la variété aussi bien que par la multiplicité des situations sociales d’un même individu, l’opinion publique est comme désorientée dans son respect des distinctions collectives ; elle n’a plus d’autres ressources que d’asseoir sur leur seul mérite personnel son estime des hommes.

2366. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

D’autres, plus généreux, accordent à la littérature mieux qu’un mérite d’inscription. […] Cette préface a le rare mérite, outre sa valeur intrinsèque, de nous avertir dès l’abord que nous sommes en présence d’un esprit philosophique. […] Le grand mérite du lyrisme, qu’étudie aujourd’hui M.  […] L’auteur d’Heures d’histoire a eu le mérite de sentir un des premiers et vivement les affres du déterminisme à outrance et de se défier de la raison raisonneuse. […] Tel est le haut mérite de ce sombre livre.

2367. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Or, si des sophistes peuvent alléguer que la prostitution n’est pas un mal, puisque le mal est un mot vide de sens, tout le monde aura peur de la « petite vérole »  Voyez, en sens inverse, la gentille petite Denise, dans Au bonheur de dames : elle est honnête, celle-là, et, certes, elle n’y a aucun mérite : elle est honnête comme Nana ne l’est pas, comme Coupeau est ivrogne, et aussi un peu parce que le nommé Hutin n’a pas su profiter du moment psychologique, le seul où sa névrose de vertu aurait peut-être été faible. […] Alors on n’en verra plus que les hauts mérites littéraires et l’on ne comprendra pas plus les indignations qu’ils ont soulevées que nous ne nous irritons aujourd’hui contre les crudités d’un Rabelais ou d’un Molière. […] A ses yeux, ce sont là des mérites insignifiants ou négatifs, qui ne suffisent point à sauver les accusés. […] Mais il n’a plus qu’une vieillesse inféconde à consacrer à la cause qui seule, il en est convaincu désormais, aurait été digne de ses efforts, à la seule vie qui mérite d’être vécue… C’est probant, si l’on veut et, pourtant, nous ferons tous comme cet homme. […] A coup sûr le mérite leur en revient en partie, mais en partie seulement, et plus leur influence semble décisive, plus elle s’étend, plus leurs idées se répandent, s’imposent, font germer d’autres idées, plus sûrement on peut affirmer qu’elle n’est qu’un des facteurs du mouvement nouveau.

2368. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Troïlus en devient plus brave, plus généreux, plus honnête ; ses discours roulent maintenant « sur l’amour et sur la vertu, il a en mépris toute vilainie », il honore ceux qui ont du mérite, il soulage ceux qui sont dans la détresse. […] Le bonheur couvre tout, même la volupté, sous la profusion et les parfums de ses divines roses ; tout au plus une légère malice198 vient y insérer sa pointe : Troïlus a sa dame dans ses bras : « Dieu ne nous donne jamais pire mésaventure. » Le poëte est presque aussi content qu’eux ; pour lui comme pour les hommes de son temps, le souverain bien est l’amour non pas transi, mais satisfait ; même on a fini par considérer cette sorte d’amour comme un mérite.

2369. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

La faveur se trouvait dans les mains de certains jeunes seigneurs, sans générosité et sans mérite. […] Chacun écrivait en l’honneur de son système, rien par amour de la vérité ; cela ressemblait à certains voyageurs modernes, pleins de mérite d’ailleurs, mais plus pleins encore d’illusions, qui, pour honorer la démocratie, nous peignaient les États-Unis de l’Amérique comme des lieux saints, et les bazars cosmopolites de New-York comme des sanctuaires de patriarches de la vertu.

2370. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Corneille, ajoute-t-il, tesmoigne bien en ses Responses qu’il est aussi loing de la modération que du mérite de cet excellent avthevr. » Le jeune homme si justement et si doucement censuré ose résister ; alors Scudéry revient à la charge ; il appelle à son secours l’Académie Éminente : « Prononcez, ô mes Ivges, un arrest digne de vous, et qui face sçavoir à toute l’Europe que le Cid n’est point le chef-d’œuure du plus grand homme de Frâce, mais ouy bien la moins iudicieuse pièce de M.  […] Au demeurant, prosateur ou versificateur, le premier, l’indispensable mérite d’un écrivain dramatique, c’est la correction.

2371. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

C’est ainsi que je me trouvai, sans m’en douter et toute faite, une réputation de talent bien supérieure à mon mérite ; réputation de chuchotements fondée tout entière sur quelques vers inédits que les femmes et les jeunes gens se redisaient de la bouche à l’oreille. […] Madame la duchesse de Broglie jetait encore sur tout ce bonheur de situation et sur tout ce mérite personnel le prestige du plus grand nom littéraire du siècle.

2372. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Mais l’hypothèse que nous venons de rejeter contenait une vue qui mérite d’être recueillie : n’est-ce pas, aujourd’hui encore, une croyance de sens commun que nous pensons, sinon précisément dans la bouche, au moins dans la tête147 ? […] Ce que je nie, c’est que l’image tactile soit un élément nécessaire de la parole intérieure et doive, en conséquence, entrer dans la définition de ce phénomène ; d’ordinaire, elle est absente, et cette absence est d’autant plus la règle que la parole intérieure mérite mieux son nom, qu’elle est mieux constituée à l’état de compagnon inséparable de la pensée.

2373. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Je maintiens par conséquent que son œuvre a non seulement une extraordinaire valeur en soi, mais qu’elle ouvre, comme celle de Freud d’ailleurs (dont c’est peut-être, il faut le dire, en même temps que le principal, le seul mérite), qu’elle ouvre une voie nouvelle, une direction nouvelle à la psychologie, j’entends à la psychologie romanesque et littéraire. […] Pourtant c’est aussi le mérite essentiel de Proust, comme aux yeux de Swann c’était celui de Vinteuil, d’avoir frappé sur « quelques-unes des millions de touches de tendresse, de passion, de courage, de sérénité, séparées par d’épaisses ténèbres inexplorées, chacune aussi différente des autres qu’un univers d’un autre univers » qui composent le clavier obscur de notre inconscient. C’est aussi le mérite de Proust d’avoir frappé sur ces touches d’un doigt constamment infaillible et de leur avoir fait rendre toujours un son parfaitement pur. C’est son mérite de nous « avoir montré quelle richesse, quelle variété cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant ».

2374. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

» Et, pour aller jusqu’au bout, voilà l’extrême mérite d’un livre comme celui de M.  […] Elle parle si peu qu’elle ne dit jamais rien de mal à propos ; elle écoule sans faire semblant d’écouter et paraissant nôtre occupée que de son plaisir… Elle craint de déplaire ; mais elle ne cherche point à plaire avec empressement… Elle a un pouvoir incroyable sur elle… Elle garde le secret sans se couper par la moindre mine ; et quand il devient public elle ne se fait pas un mérite de l’avoir su et de l’avoir tu. […] Paul de Musset mérite au moins de l’indulgence. […] Il mérite beaucoup d’indulgence. […] Le mérite littéraire en est grand.

2375. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Ils reconnaissent qu’il faut se résigner à la médiocrité de situation, tout en gardant la haute opinion de soi-même, qui console et qui réconforte. « Le mérite console de tout », disait Montesquieu. […] Tant y a que le Français, par une horreur bien naturelle de la vieillesse, n’aime les vieilleries ni quand il est jeune ni quand il est vieux, s’en détourne passionnément quand il est jeune, tend à n’en pas être soupçonné quand il est vieux, a donc toujours tendance à s’attacher aux nouveautés, sans les examiner et pour ce mérite seul qu’elles sont nouvelles, mérite incomparable aux yeux de sa vanité, de sa légèreté et de sa « jeunesse ». […] Ne voyez-vous pas qu’il s’adresse à ces bourgeois du parterre ou des loges et qu’il leur dit : « Remarquez qu’Orgon, c’est vous, hommes de mérite, hommes de valeur, hommes de grand poids, et observez ce que devient un homme tel par monomanie religieuse. […] Si Louis XIV, à l’époque de la révocation de l’édit de Nantes, avait disgracié Louvois comme insuffisamment partisan des Dragonnades et l’avait remplacé par un homme n’ayant pour tout mérite que d’être un jésuite, peut-être l’administration de l’armée aurait-elle souffert de cette mesure. […] C’est justement ce qui en fait le mérite aux yeux d’un certain parti.

2376. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

A-t-elle même ce beau mérite dont elle se targue, d’être l’antagoniste de la crédulité, de détruire la foi ? […] Je le mérite, puisque je vous aime. » Le désir constituant un droit, c’est le sophisme des amoureux, des pieux, des collectivistes et de ceux qui sollicitent la croix de la Légion d’honneur. […] À quoi bon avoir du mérite, en régime plébéien ? […] Ainsi raisonneront beaucoup d’hommes de mérite, et voilà l’espèce supérieure encore diminuée. […] Il n’y a pas seulement dans la haine des hommes vulgaires pour les hommes supérieurs de la jalousie, de l’envie, du dépit haineux, de l’amour-propre humilié, de la vanité qui s’irrite ; il y a de tout cela certainement, à haute dose ; mais il y a aussi quelque chose, sinon de respectable, du moins qui mérite considération, il y a la stupeur de l’être normal27 devant l’être monstrueux.

2377. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Plein de feu, d’ardeur, d’une âme affectueuse et amicale, unissant à un fonds d’instruction solide les goûts les plus divers, ceux de l’art, de la curiosité et de la réalité, il semble ne vouloir faire usage de toutes ces facultés que pour en mieux servir ses amis ; il se transforme et se confond, pour ainsi dire, en eux ; et ce sont eux les premiers qui, de leur côté, sont obligés de lui rappeler qu’il y a aussi une propriété intellectuelle qu’il faut savoir s’assurer à temps par quelque travail personnel : il est naturellement si libéral et prodigue de lui-même envers les autres qu’on peut sans inconvénient lui conseiller de commencer un peu à songer à lui, de penser à se réserver une part qui lui soit propre, et, en concentrant ses études sur un point, de se faire la place qu’il mérite d’obtenir un jour.

2378. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Cette préférence se marque volontiers encore dans l’opinion des étrangers, et tout récemment Landseer, le célèbre peintre anglais, se trouvant à une réunion d’artistes et d’amateurs, disait : « Les tableaux de Vernet l’emportent sur ceux de tous ses rivaux, parce qu’en dehors de leur propre mérite, ils ne procèdent que de lui-même et de l’observation de la nature ; chez tous les autres peintres, et dans toutes leurs œuvres sans exception, vous trouverez toujours une réminiscence de quelque ancien maître. » Mais à côté du miel, la piqûre : Horace Vernet, ainsi apprécié des étrangers, souffrit d’autant plus des préférences françaises hautement déclarées en faveur de M. 

2379. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On ne lui reprochera point d’ailleurs de surfaire le mérite de son œuvre ; dans cette même épître, il commence en parlant bien modestement de son escript et de cette idée qu’il a eue de Cuider coucher en finy vers et mectre Ung infiny vouloir soubz maulvais mettre.

2380. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Ce livre est bien loin d’avoir autant de réputation qu’il en mérite.

2381. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Puis un très bel éloge du roi, qui a le mérite au moins de ne pas illégitimer Louis-Philippe.

2382. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais on ne lui jettera pas violemment la vérité toute crue : où est le mérite de révolter le public ?

2383. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il a eu de grandes prétentions au génie politique : si l’on doit en rabattre, il me paraît pourtant qu’il n’a pas été plus médiocre que bien des hommes d’État de la Restauration, dont le mérite politique est plus illustre parce qu’ils n’en avaient pas d’autre.

2384. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Ce n’est pas là, sans doute, un mérite inférieur.

2385. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Ce doit être une sorte d’inventaire détaillé et fidèle de tout ce qui a vu le jour et a été lu, une liste raisonnée de tous ceux qui ont tenu une plume ; le mérite d’un inventaire de ce genre est de n’omettre personne.

2386. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Servières ne m’en voudra point de cette remarque, car sa religion a certainement été surprise sur ce point : il y a là moins une critique qu’un désir formulé en vue des éditions prochaines de son livre, éditions que ce livre mérite et que tous nous lui souhaitons.

2387. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Il nous confie le titre d’une série qui s’appellera : « le Mérite des hommes ».

2388. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Comparez une simple description poétique, quelque belle qu’elle soit, à une belle pièce inspirée par une idée ou par un sentiment vraiment élevé et philosophique : à mérite égal du poète, les vers purement descriptifs seront toujours inférieurs.

2389. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ainsi la doctrine de l’épreuve, la doctrine de l’optimisme, les belles et profondes considérations de Platon, de Lebniz et de Malebranche sur la question du mal, tout cela mérite à peine l’honneur d’une discussion.

2390. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Le mérite de cet ouvrage est assez connu.

2391. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Les scènes des assassins de Banco, dans Macbeth, sont frappantes par leur laconisme et leur énergie ; celles des assassins de Wallstein ont un autre genre de mérite.

2392. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Dans certains cas, on peut procéder un peu différemment et démontrer qu’un fait dont le caractère normal est suspecté, mérite ou non cette suspicion, en faisant voir qu’il se rattache étroitement au développement antérieur du type social considéré, et même à l’ensemble de l’évolution sociale en général, ou bien, au contraire, qu’il contredit l’un et l’autre.

2393. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

c’est contre ce procédé-là, — c’est contre cette immoralité littéraire : l’exploitation déshonorante, intellectuellement déshonorante des noms célèbres qui n’ont pas toujours été dans les détails de la vie privée au niveau de leur mérite et de leur célébrité, que je veux aujourd’hui réagir.

2394. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Capefigue prie Dieu de nous garder, afin qu’il puisse écrire en paix, et sans qu’on y trouve à redire, l’histoire de Mme Du Barry, vous aurez toutes les justifications assez embarrassées de la préface et les motifs de sentiment que l’auteur de Madame la comtesse Du Barry se donne à lui-même encore plus qu’à nous pour écrire l’histoire d’une femme qu’on trouve bien à une certaine place de l’histoire, mais qui ne mérite pas l’honneur qu’on lui fait aujourd’hui d’un livre d’histoire.

2395. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Homme de conscience plus que de passion impétueuse ou tenace, il devait sa gloire au mérite de sa pensée ; mais il s’effrayait de cette gloire allumée par son talent, comme un enfant s’épouvanterait de l’incendie projeté par le flambeau qu’il porte dans ses mains confiantes.

2396. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Cette situation nouvelle, quelque éphémère et superficielle qu’elle puisse être, étant donnée la succession rapide des écoles et des théories, mérite bien qu’on s’y arrête pour l’envisager ; d’autant plus qu’elle nous fournira l’occasion d’un jugement d’ensemble, à un point de vue nouveau, sur l’œuvre et les idées conductrices du maître de Médan.

2397. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Hugo aux romans de George Sand, où l’humanité moderne ne croie retrouver à un degré plus ou moins éminent les mêmes mérites, et c’est de cela justement qu’elle les admire.

2398. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Ces retards ne sont pas uniquement le fait de la réalité en soi, ainsi qu’on se plaît à le dire et à le ressasser aux idéalistes ; non, les difficultés inhérentes à la réalité (par exemple la contiguïté) sont une force normale, à comprendre dans les données du problème ; si cette force n’existait pas, nous serions dans la pensée pure, il n’y aurait pas d’évolution, mais réalisation subite et intégrale de l’idéal, sans effort, et partant sans mérite.

2399. (1902) Propos littéraires. Première série

Peut-être bien ; mais je ne laisse pas d’être peu sensible à ce genre de mérite ; et, décidément, il n’y a pas assez de personnages intéressants dans Le Mannequin d’osier, il n’y a pas une peinture nouvelle, ou plus poussée des mœurs provinciales françaises ; il n’y a pas de discussions aussi brillantes que dans L’Orme du Mail, et, à tous ces points de vue, le nouveau volume est inférieur au précédent. […] Les deux histoires parallèles ont leurs mérites aussi et leurs beautés. […] Elle les mérite. […] Ne pouvant donc vivre, ni avec celui qu’elle n’aime plus, sans horreur, ni avec celui qu’elle aime, sans mépris de soi, Claire se retire du monde, dans un asile impénétrable (couvent, sans doute), en laissant tomber ces dernières paroles charmantes, douloureuses et vraies, vraies jusque-là qu’il n’y a rien à y répliquer : « Adieu, Élie, pensez à la disparue, comme à une femme qui n’a jamais menti, comme à une qui, avant de vous connaître, a cruellement souffert pour s’être trompée, comme à une qui vous a connu trop tard ; mais qui ne s’en irait pas où elle s’en va, si elle ne vous aimait pas tant. » Le petit roman de Bourget, sauf la réserve que j’ai faite en commençant, sauf, aussi, quelques défaillances de style, assez rares, mais qu’on regrette d’autant plus dans un auteur qui est presque toujours un excellent écrivain, mérite l’attention et obtiendra le suffrage des meilleurs et des plus délicats connaisseurs.

2400. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Je ne puis ici m’étendre sur l’histoire de cette célèbre maison ; je ne décrirai pas non plus le bâtiment tel qu’il est aujourd’hui : on y voit réunies des constructions d’époques fort diverses, l’église fondée par le roi de Navarre Sanche le Fort, le cloître où il est enterré et où sont suspendues les chaînes qu’il rapporta de la fameuse victoire de Las Navas (1212), les joyaux d’orfèvrerie et de broderie que conserve encore le trésor ; tout cela mérite d’être vu et étudié, mais est étranger à mon sujet. […] Dans la collégiale, on montre les masses d’armes de Roland et d’Olivier, les pantoufles de velours de l’archevêque Turpin ; on montrait jadis le cor de Roland et aussi celui d’Olivier, l’épée de Roland, ses éperons, un de ses étriers, etc. ; la plus grande partie de ce bric-à-brac a disparu et mérite peu de regrets ; mais les édifices que l’on rencontre successivement dans la plaine en allant de l’hospice à Burguete sont plus dignes de retenir un instant l’attention. […] Quand, près des ruines de la pauvre chapelle qui a remplacé celle que Charles lui-même avait construite, on regarde à ses pieds la plaine où jadis tant de braves soldats sont morts en songeant à la « douce France » qu’ils ne devaient pas revoir, on croit entendre à ses côtés les premiers frémissements du thrène immortel, né de leur sang et des pleurs de leurs frères ; on sent, à travers les âges, le lien vivant qui rattache nos âmes à l’âme de ces lointains aïeux qui, tant de siècles avant nous, ont aimé notre patrie, dont les uns ont donné leur vie pour elle, dont les autres, déjà dans notre langue, ont chanté ses gloires et ses douleurs… Ce lieu mérite d’être un but de pèlerinage. […] Mais bientôt la mélancolie se glisse dans l’âme de Faustus : il ne peut se contenter de jouir sans mériter, sans valoir ; il pense aux hommes, ses frères, qui gémissent encore sous le poids de l’ignorance, de la misère, de la douleur et du vice, et, d’accord avec sa chère Stella, il demande à retourner sur la terre, à reprendre la seule vie qui convienne à l’homme, celle où il y a de la lutte, de l’effort et du mérite. […] Morpurgo, et au mérite de la publication d’un document vraiment curieux, il a joint celui d’un commentaire aussi agréable que savant.

2401. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Il n’y a aucun rapport exact entre le mérite réel d’un écrivain (on se limite à l’examen de la gloire littéraire) et sa réputation parmi les hommes. […] Revoici l’âme, le mérite, le démérite et tout le jargon des marchands d’orviétan spiritualiste. […] Mise en regard de la science, l’instruction est si peu de chose qu’elle mérite à peine un nom. […] Et rien n’était plus affligeant que le spectacle de ces lâches chrétiens venant mendier la protection d’un pauvre volontaire, croyant expier, tout d’un coup, au contact de ce misérable, leurs injustes jouissances, et, incapables de travailler eux-mêmes pour le ciel, exigeant du favori de la grâce l’immédiat partage de ses mérites et de ses bénédictions. […] — Le plus grand mérite d’un écrivain est de pouvoir être compris de tout le monde.

2402. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Il traite le vaste sujet qu’il s’est proposé avec une concision qui est un mérite ; sur bien des points, d’ailleurs, il touche juste et formule des observations intéressantes. […] Cette conclusion mérite examen. […] Il pose en principe que l’Art doit répondre à la conscience religieuse de chaque époque ; le seul à ses yeux qui mérite le nom d’Art véritable est celui qui interprète le plus complètement l’idée que la religion nous donne du « sens de la vie » ; il veut que l’artiste « se trouve au niveau des plus hautes conceptions religieuses de son époque ». […] Et précisément le mérite de Wagner est d’avoir reconnu l’erreur de l’alliance factice du drame et de la musique que nous montre l’opéra, avec plus de décision encore que tous ces maîtres, avec une pénétration d’analyse qui leur faisait défaut, et d’avoir rétabli le drame lyrique sur sa vraie base, la musique, en tant que mode d’expression de ce qu’il y a de plus subtil dans la passion humaine. […] L’auteur du Cas Wagner, sur ce terrain, n’a même pas le mérite de l’originalité ; s’il n’est pas un plagiaire de M. 

2403. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

C’est le devoir du critique de montrer les défauts aussi bien que les mérites, et invariablement il accomplit son devoir avec la plus entière sincérité et la plus parfaite douceur. —  Le sentiment de l’égalité et de la fraternité entre les auteurs m’a toujours frappé comme une des plus aimables qualités distinctives de cette classe. […] Regardez la même qualité par deux endroits ; d’un côté elle est un défaut, de l’autre elle est un mérite.

2404. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

« Le mérite de mes livres, disait sérieusement un bibliophile, qui vient de vendre sa bibliothèque, — très cher : le mérite de mes livres, c’est qu’ils n’ont jamais été ouverts. » Jeudi 19 mars Elle est vraiment originale, cette pensée du Japonais Hayashi, qu’il émettait hier : « Pour les idées philosophiques, nous ressemblons un peu, nous les Japonais, à un collectionneur ayant une vitrine, et n’y introduisant que les choses qui le séduisent tout à fait, sans trop se demander au fond le pourquoi de cette séduction. » Vendredi 20 mars Un des leader du parti républicain, dans un dîner, où il y avait quelques droitiers, formulait, à ce qu’il paraît, un De profundis prochain de la République, à peu près en ces termes.

2405. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Je ne suis décidément pas aimé des hommes politiques, et je le mérite par mon mépris pour eux. […] Et il se met à faire une profession d’amour à l’égard de ses éreinteurs, prenant contre nous la défense des décadents, des symbolistes, cherchant à leur trouver des mérites, et s’attirant par ses généreux efforts, cette jolie blague de Coppée : « Comment, maintenant, vous Zola, vous vous occupez de la couleur des voyelles ! 

2406. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Qu’un artiste reprenne ce thème et le développe dans son œuvre, pour donner à ces images indécises et flottantes la réalité plastique il lui reste tant à faire, que son mérite de compositeur et d’inventeur reste entier. […] Il est même capable d’apprécier quelques-uns de ses mérites à leur juste valeur. […] C’est qu’il y a là un cas très particulier qui mérite d’être étudié à part. […] Si médiocre que soit la valeur des images créées par l’artiste, au moins il a le mérite de les avoir créées. […] La difficulté même de concilier l’utile avec le beau ajoutera au mérite de l’œuvre ; ce conflit apparent se résoudra en nouvelles harmonies.

2407. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Il a contre lui les ennemis qu’il mérite. […] La Providence l’a mis à cette place, cette charge est tombée sur lui : il l’assume de son mieux et ne se targue d’aucun mérite. […] Le monde moderne a encore le Dieu qu’il ne mérite déjà plus. […] Nul effort et pour aller jusque là pour ainsi dire nul mérite. […] Elle aussi elle a comme un mérite et une dignité.

2408. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Francis Poictevin, qui contient de charmantes pensées ; j’avouerai même que parfois cette forme précieuse, contournée, recherchée n’est pas désagréable ; je trouve une certaine saveur à des expressions peut-être trop quintessenciées, mais qui ont le mérite de s’efforcer à fuir le banal ; c’est un petit tableau, un paysage que l’écrivain, très patient, très consciencieux, veut peindre jusqu’au moindre détail, et que je devine sous ses brumes. […] Un des plus grands mérites du dernier livre que Pierre Loti vient de publier chez Calmann-Lévy est d’être bien ce qu’il s’annonce : Le Roman d’un enfant, c’est effectivement ce roman vécu par tout le monde, que l’auteur de Pêcheurs d’Islande a rapporté, page par page, avec cette sincérité, ce scrupule de vérité dans les plus petites choses et cette belle clarté, si facile aux véritables écrivains. […] Faire impitoyablement vrai, grouper une suite de scènes écrites d’après nature, voilà le mérite ou le défaut de M.  […] Chemin faisant, je rencontre une anecdote qui certainement doit être authentique ; en matière de fraude électorale, c’est un rien, mais cela mérite d’être conté. […] J’en suis fâché pour moi, mais ce ne sont là que deux aimables compliments que je ne mérite, hélas !

2409. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Verlaine, byronien avec douceur et fatal sans ostentation, fut un Cœlio moins le dandysme, le Fantasio du quartier latin, le Musset de la troisième République, — un Musset hagard, illuminé parfois d’une furtive lueur de génie, un pauvre homme qui est digne d’admiration, parce qu’il a augmenté le trésor de notre poésie, et qui mérite une pitié indulgente, parce qu’il a beaucoup souffert. […] Un peuple a toujours les Jérémies qu’il mérite. […] Ce livre est assez connu du public pour qu’il soit superflu d’en conter les péripéties et d’en faire ressortir le mérite. […] Le monde a toujours les maîtres qu’il mérite. […] On verra que le mérite et le bonheur ne suffisent pas ; mais qu’il faut aussi, et par-dessus tout, une énorme dépense de volonté et de persévérance.

2410. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Un de ses anciens collaborateurs diplomatiques et qui avait servi sous lui, un Allemand de plus de mérite que de montre, Reinhard, vint à mourir.

2411. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Et cette monarchie, malgré ses mérites raisonnés, ne put jamais s’absoudre de cette tâche originelle qui la fit sembler peureuse et circonspecte à l’excès en naissant.

2412. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais il faut y prendre garde cependant : quand cette confidence mérite d’être divulguée par les lecteurs d’élite, étonnés et charmés de ce qu’ils découvrent d’inattendu dans ces pages, la confidence ne reste pas longtemps un secret entre l’auteur et ses amis ; le public écoute aux portes, l’admiration passe du dedans au dehors par les trous de la serrure, et la France se dit avant qu’on y ait pensé : « J’ai un vrai poète de plus. » IV J’ai subi moi-même cet inconvénient de publicité éclose en une nuit, dans ma jeunesse : complétement inconnu la veille, j’étais célèbre le lendemain.

2413. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Cette diplomatie provisoire ne démentit pas, dans la tempête, la diplomatie de la France dans les temps réguliers ; elle n’eut que le mérite des gouvernements de transition, elle ne compromit rien de l’avenir.

2414. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Il n’avait jamais songé jusque-là à se faire un mérite de ce hasard qui l’avait lié à cette époque avec les Girondins ; il parlait peu ; il n’écrivait rien.

2415. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Des annales ne sont pas de l’histoire : pour qu’elle mérite ce nom, il lui faut une conscience ; car elle devient plus tard celle du genre humain.

2416. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

C’est un même nom : ceux qui aiment ; ceux qui aiment sans intérêt ce qui mérite le plus d’être aimé ici-bas, le bien, le beau, la vertu, le génie, le rayon divin transperçant à travers toutes choses humaines, âme ou marbre !

2417. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Mais pourquoi se plaindre et perdre ainsi le mérite d’une contrariété ?

2418. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Ici finit le second volume, qui ne mérite le nom de Cosmos qu’à la fin, quand l’auteur se relève de la misérable contemplation littéraire des écrivains les plus modernes sur la vague nature à sa pensée astronomique, dont la grandeur grandit tout et le contemplateur lui-même.

2419. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Qu’on rabaisse son talent poétique tant qu’on voudra, il n’y attache pas lui-même plus de prix qu’il n’en mérite ; mais si on veut bien lui accorder au moins le bon sens le plus vulgaire et le plus usuel, comment supposera-t-on que si la haine qu’on lui impute était dans son cœur, que s’il avait prétendu exhaler ses propres sentiments en écrivant les imprécations d’Harold, il eût au même moment demandé à être renvoyé dans ce pays qu’il abhorrait, et qu’enfin il fût venu se jeter seul au milieu des ennemis de tout genre que la manifestation de ces sentiments aurait dû lui faire ?

2420. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Tout le monde pensait de même à cette époque ; mais ce fut précisément cette double espérance qui fut pour lui une double illusion et qui lui enleva le seul mérite de ces sortes de Mémoires, la naïveté et la vérité.

2421. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Quand vous croyez rêver le bonheur, vous ne rêvez tout au plus que la suppression de la souffrance ; encore vous ne la rêvez pas longtemps : bientôt votre songe vous paraît insignifiant et vain, et vous vous hâtez de rappeler la douleur, d’où naît l’effort et le mérite, et par qui seul se meut  vers quel but ?

2422. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Ou Mahomet est vraiment inspiré, et alors il faudrait à Goethe une religion assez vaste pour comprendre Mahomet comme tel ; ou Mahomet est un visionnaire, qui mérite plutôt la pitié que l’admiration.

2423. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Un peuple qui oublie sa langue ne mérite que l’anéantissement, a dit Mistral ; qu’il l’oublie, c’est vilain et néfaste ; si on la lui supprime brutalement, l’honneur est sauf, mais, à cela près, le résultat est le même.

2424. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Ce double hommage que mérite si bien sa mémoire contribuera peut-être à mettre en lumière son génie qui fut et reste méconnu.

2425. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Dimanche, la sacristine sera à son banc, au dernier rang, près de la porte de l’église ; au Credo, vous irez la prendre, et vous la conduirez par la main à votre banc d’honneur, qu’elle mérite plus que vous d’occuper. »  » La pauvre folle fit machinalement ce qui lui était enjoint, Ce n’était plus un être sentant.

2426. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Vers le même temps, Duclos lance ses Considérations sur les mœurs de ce siècle et Diderot publie son Essai sur le mérite et la vertu.

2427. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Et ils terminent leur préface : « peut-être dirons-nous peu de choses qui n’aient été dites avant nous : nous tâcherons au moins de nous recommander par ces deux mérites : la clarté, que n’ont pas eue tous les apologistes, et la bonne foi, que n’ont pas eue tous les détracteurs. » A qui s’adresse le livre de MM. 

2428. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Honnête sans effort, vertueuse sans mérite, la tentation n’a même pas de prise sur cette nature indécise et molle.

2429. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Pour épuiser la critique sur une pièce qui mérite d’être étudiée et révisée à fond, j’avoue n’avoir jamais rien compris à l’épisode de madame de Lornan.

2430. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Il est donc inévitable, tant qu’il se considère par rapport à ce qu’il conditionne, qu’il s’attribue une activité causale, laquelle, étant consciente de soi et ne s’exerçant que par cette conscience même, mérite bien de s’appeler, au sens le plus complet du mot, volonté.

2431. (1904) En méthode à l’œuvre

Mais pourtant (parce que le Savoir donné à qui ne le mérite pas en s’élevant vers lui de toute sa volonté et d’une apte intelligence, est le pire des maux) ne se doit-il à tous : se rappelant que la Multitude qui vit surtout des sens et des instincts, s’enorgueillit en elle-même du Savoir qu’elle reçoit, d’autant qu’elle ne le perçoit pas.

2432. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

peut-être je le mérite un peu.

2433. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Il n’est pas de femme qui soit la femme, ni de pourpre vermeille qui mérite d’être appelée le rouge.

2434. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

IX Mais si nous considérons l’institution littéraire de l’Académie française à un autre point de vue, c’est-à-dire au point de vue de l’autorité morale, de l’indépendance et de la dignité de la pensée en France, l’institution de l’Académie change d’aspect et mérite la plus sérieuse considération dans l’esprit public.

2435. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Avant Socrate, la médecine, fécondant l’observation par l’induction, avait produit Hippocrate, le premier de tous les médecins pour le mérite comme pour l’époque, Hippocrate, auquel fut si bien dû cet éloge immortel, nec fallit quemquam, nec falsus ab ullo est .

2436. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Soyons des bibliophiles et lisons nos livres ; mais ne les prenons point de toutes mains ; soyons délicat, choisissons, et, comme ce seigneur d’une des comédies de Shakespeare, disons à notre libraire : « Je veux qu’ils soient bien reliés et qu’ils parlent d’amour. » Je ne me flatte pas que ce petit livre ait rien d’amoureux ni qu’il mérite une belle reliure. […] C’est là un grand mérite. […] Quand mademoiselle de Lévis se fait un mérite de n’avoir point été de la dernière révolte, mademoiselle de Rochechouart, sa maîtresse, lui en fait un compliment ironique. […] Ce ne sont pas là de minces mérites. […] Thiers, revenant sur ces idées, exposait les principes de l’art d’écrire l’histoire dans la préface du 12e volume du Consulat ; il y comparait le bon style de l’historien à une grande glace sans défaut dont le mérite est de laisser tout voir sans paraître elle-même.

2437. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le genre de mérite d’un Maspero, d’un Henri Weil, d’un Gaston Paris échappera toujours à l’appréciation de la plupart de nos contemporains ; et si ces hommes éminents n’étaient pas dignitaires de l’Université, membres de l’Institut de France et décorés de plusieurs ordres, ils occuperaient sans doute assez peu l’attention du public, inapte, en général, à percevoir, entre les hommes, des degrés et des différences. […] Elle mérite de devenir l’idée fixe de tous les esprits vivants et généreux. […] Il serait superflu, du reste, de faire remarquer combien ce système, en détruisant les idées séculaires de libre arbitre, de responsabilité, de mérite et de démérite, peut être funeste à l’hygiène publique, à la police des rues, au progrès des arts, à la discipline des lycées, à l’éloquence parlementaire. […] Mais rien ne valut, à ses yeux, la vie et les mérites de la bienheureuse Lidwine, dont l’histoire est trop peu connue.

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