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1595. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Ces êtres, nos acteurs, étaient tous des esprits ; ils se sont fondus en air, en air subtil… ; pareils à l’édifice sans base de cette vision, les tours coiffées de nuages, les palais somptueux, les temples solennels, ce grand globe lui-même et tout ce qu’il contient se dissoudront un jour, et, comme s’est dissipée cette insubstantielle fantasmagorie, ils s’évanouiront sans même laisser derrière eux un flocon de vapeur. […] Ce qui caractérise le génie de premier ordre, c’est précisément d’être ainsi orchestral et d’avoir à la fois ou successivement les tonalités les plus variées ; de paraître impersonnel non parce qu’il l’est réellement, mais parce qu’il réussit à concentrer et à associer plusieurs individualités dans la sienne propre ; il est capable de faire à tour de rôle prédominer tel sentiment sur tous les autres et à travers tous les autres ; il obtient ainsi plusieurs unités d’âme, plusieurs types qu’il réalise en lui-même et dont il est le lien.

1596. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Pour les bien juger, dans leur source comme dans leurs conséquences, il ne faut pas perdre de vue que l’anglo-catholicisme est du catholicisme encore, faussé, il est vrai, adultérisé par une haine impie et stupide contre Rome, mais pourtant du catholicisme, et du catholicisme protestant à son tour contre le Protestantisme de Henri VIII, c’est-à-dire le circonscrivant. […] Mais quand les idées contre lesquelles elle a été élevée, comme une tour de guerre, par la prévoyance des Tudors, elle les a senties dans son sein ; quand un de ses plus illustres professeurs (le Dr Pusey) a couvert de son nom ce romanisme qui sera peut-être du papisme demain, oh !

1597. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Faux à son tour, mais d’une autre fausseté que celui d’Octave Feuillet, le roman polémique de George Sand, entrepris pour prouver que le catholicisme doit être définitivement vaincu et enfoncé sur toute la ligne, n’est, d’exécution, qu’un livre mou et déclamatoire. […] La passion n’y a pas plus de profondeur que l’observation, et la peinture plus de profondeur non plus que la passion et l’observation, et enfin la morale — car ce roman veut être moral — plus de profondeur à son tour que la passion, l’observation et la peinture.

1598. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Ces faits, à leur tour, corrigeant et complétant ce que l’expérience interne aurait eu de défectueux ou d’insuffisant, redresseraient la méthode d’observation intérieure. […] Mais cette dernière syllabe « rie », je ne l’ai pas prononcée instantanément ; le temps, si court soit-il, pendant lequel je l’ai émise, est décomposable en parties, et ces parties sont du passé par rapport à la dernière d’entre elles, qui serait, elle, du présent définitif si elle n’était décomposable à son tour : de sorte que vous aurez beau faire, vous ne pourrez tracer une ligne de démarcation entre le passé et le présent, ni par conséquent, entre la mémoire et la conscience.

1599. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Elle combine un rendez-vous dans une vieille tour voisine du château où sa passion a enfin la promesse d’être satisfaite. […] Il graisse les gonds de la porte de la vieille tour et, quand la femme y pénètre, la porte se referme sur elle.

1600. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Les critiques un peu retardataires, comme nous sommes, avaient tout juste achevé d’introduire l’un, que c’était déjà le tour de l’autre.

1601. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Barbier plusieurs personnes, qui pourtant les admirent, n’y cherchent guère qu’un plaisir étrange, un tour de force inouï jusqu’à présent, des exploits pour les yeux, l’intrépidité extraordinaire dans les plus périlleuses images que jamais poëte ait tentées.

1602. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Nos tragédies classiques — je parle des chefs-d’œuvre — ne présentent guère que des séries de causes et d’effets, qui sont à leur tour des causes, qui enfin aboutissent à un acte nécessaire, par où le drame est conclu.

1603. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Pourquoi toutes les passions auxquelles peuvent donner lieu les relations de famille, pourquoi le fanatisme religieux, pourquoi l’ambition politique ne seraient-ils pas à leur tour les ressorts de l’intérêt dramatique ?

1604. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

À Tibériade, sa résidence ordinaire, le tétrarque n’était qu’à une ou deux lieues du canton choisi par Jésus pour le centre de son activité ; il entendit parler de ses miracles, qu’il prenait sans doute pour des tours habiles, et il désira en voir 906.

1605. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Voyez quel effet de surprise produit ce dernier vers, et avec quelle force, quelle vivacité ce tour peint la fuite et la timidité des moutons.

1606. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

C’est ainsi qu’il a évité la description banale, incolore, la description générale, qui est haïssable, contre laquelle nous protestons à notre tour et que nous appelons « un genre faux », parce qu’elle constitue précisément alors ce faux naufrage » et ce « faux déraillement », que nous répudions aussi énergiquement que certains critiques, mais dans un tout autre sens.

1607. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Grâce à Dieu et pour l’honneur de la France, en 1662 comme, plus tard, en 1789, la société française occupait plus de place dans le pays dont elle était la plus jolie gloire que les quelques pieds de l’Œil de-Bœuf ou les barrières de ce Paris devenu à son tour un Versailles, le Versailles de la Révolution !

1608. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Mais cette individualité, qui n’en a pas fait le tour ?

1609. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Impossible, en cette double histoire, de saisir nettement, dans le cours des négociations qu’on y raconte, les fautes, s’il y en eut de commises, et les tours de souplesse, de force ou de génie, s’il s’en produisit.

1610. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

… « Mon intention, — dit-il, — non plus que celle d’Érasme, n’a pas été de n’admettre que des proverbes d’un tour piquant… Mais pourtant je n’ai point cherché à grossir mon recueil de ces locations traînées dans les ruisseaux des halles, de mots disgracieux et de dictons qui se trouvent souvent dans la bouche des gens mal élevés.

1611. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

César Daly, avec ses opinions philosophiques, le tour indépendant de son esprit et toute la vie de son impatiente originalité, interpréterait-il bien l’idée chrétienne d’un monument qui remontait à un autre âge, à un âge dont il a dit parfois que les inspirations étaient finies ?

1612. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Ces traditions, qui sont les mêmes à peu près à l’École normale et à l’Académie, et que comme professeur, quand on l’est, on est obligé de transborder dans d’autres esprits, qui à leur tour en seront les débardeurs sur tous les quais des écoles de France, ne sont pas des garanties d’indépendance bien souveraines quand il s’agit d’un classique aussi séculairement admiré, par exemple, que Thucydide.

1613. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Voltaire écrivit gravement, comme si ç’avait été un point d’histoire, que Fréron sortait des galères, et les autres de rire de ce bon tour !

1614. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Quand Henri IV écrivait l’Édit de Nantes, c’est l’unité qu’il voulait créer dans l’État, comme Louis XIV, plus tard, voulait la créer à son tour, la rendre plus simple et plus profonde, en rapportant l’Édit de son illustre aïeul.

1615. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.

1616. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

, et de la nécessité de résister à sa première inclination, vous avez fait tout le tour de cette monumentale collection d’idées sur laquelle repose l’éducation comme l’entend Hyacinthe Corne.

1617. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui elles lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide, sur les brouets clairets que l’esprit lape en un tour de langue, même quand il est pressé.

1618. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Malgré le bruit qu’on a fait de cette duchesse de Choiseul nouvellement découverte, la marquise Du Deffand, notre ancienne connaissance, lui est de beaucoup supérieure par l’esprit, le naturel, l’abandon, le tour original, et enfin l’ennui, cet ennui inconnu au xviiie  siècle, qui prend tout dans son empâtement noir et fait briller les mots brillants bien davantage, comme un crêpe qu’on étendrait sur des diamants.

1619. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui et les lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide sur les brouets clairets que l’esprit lappe en un tour de langue, même quand il est pressé.

1620. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand.

1621. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Elles sont, en effet, le contraire de ce qu’on attendait, ces pitoyables et tristes lettres… et personne n’aura d’admiration à leur service, personne excepté MM. de Goncourt, qui phrasent de ces marivaudages sur elles : « Ces lettres de Sophie avec leur tour, leur franchise et leur premier coup, leur agrément libre et poissard, leurs larmes de si belle humeur, leur philosophie en chansons, leur coquetterie à la diable, leur esprit au petit bonheur, leurs charmes à l’aventure, leurs grâces salées… peuvent être le mets des plus délicats. » Ah !

1622. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Nous, dans ce temps-là, nous étions à notre tour épris de l’Allemagne.

1623. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

On ne revenait pas de cette succession de tours de force qu’il avait dû faire pour devenir une perle de science, positivement dans le désert…, pour s’étoffer savant, comme la chèvre se nourrit au piquet, en tondant seulement le diamètre de sa corde !

1624. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

L’affreuse pensée de l’avortement hante les filles perdues… La pensée non moins affreuse de l’anéantissement hante les nations perdues à leur tour !

1625. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Au lieu d’écrire simplement de Bolingbroke, de Walpole, de Junius, de Burke et de Fox, Rémusat a écrit des dissertations sur les principes constitutionnels, sur l’aristocratie, sur la religion, sur toutes ces choses, enfin, qui sont le pont aux ânes de tous les dissertateurs politiques, pont qu’un tour de roue de siècle fait crouler et sur lequel, d’ailleurs, Rémusat ne s’avance pas avec une de ces magnifiques allures qui, pour l’âne, font oublier le pont… Rien de plus médiocre que cette partie de son travail.

1626. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

L’Alceste de Molière n’est donc ni un Montausier ni un amoureux de la Béjart, — comme on l’a dit aussi, — c’est-à-dire Molière se traduisant lui-même quoiqu’il ait peut-être saigné du cœur ou de l’orgueil en l’écrivant ; ce n’est ni la tolérance sociale de Loiseleur, ni davantage le janséniste de Gérard du Boulan, Y oiseleur, à son tour, lui qui découvre des pies au nid de cette force !

1627. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Il en a donc fait à son tour, non d’une manière impartiale, calculée et savante, comme un artiste qui se domine, car il est sincère, mais indécis et résistant quoique entraîné.

1628. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Lamartine avait les siennes pendant tout le tour du cadran.

1629. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

» On ne l’entend pas ici, mais on le lit… et ce n’est qu’à la réflexion et quand on a refermé ce livre, comme on referme une solfatare, que le sens critique revient au lecteur qui le juge pour ce qu’il vaut, c’est-à-dire comme un tour de force exécuté dans le faux par un talent qui pouvait s’y tuer et qui n’en meurt pas, — du moins de cette fois, car on ne jouerait pas longtemps impunément à ce jeu.

1630. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Ce qu’a fait dernièrement en Angleterre cette fille de compagnie, cette espèce de gouvernante anglaise chez un garçon, qui a tiré de sa situation même un livre poignant de vérité, une âpre peinture des mœurs anglaises, pourquoi une femme de chambre française ne le ferait-elle pas à son tour ?

1631. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Il établit le tour du cadran de l’analyse sur le pivot de son mouvement interne.

1632. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

que pour ma part j’aurais voulu le supprimer par le mépris qui ne parle pas ; ne pas dire le plus petit mot de cette ineptie, car c’est une ineptie, et joué ce bon tour aux finauds qui avaient compté sur les profits de l’indignation et du scandale et nous avaient tendu cette souricière, si bien approvisionnée, dont l’abbé Trois-Étoiles était le lard et les éditeurs de Hugo le fromage !

1633. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

nous allons, à tour de rôle, les bénir… » Le catholique a commencé, le protestant a continué, et l’israélite a fini et, tous les trois, ils ont serré la main des soldats qui n’étaient pas nécessairement des croyants24.‌

1634. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Xénophon se leva à son tour, revêtu de ses plus belles armes, et dit qu’avec l’aide des dieux on avait beaucoup de belles espérances de salut. […] Lorsqu’il se retournait avec ceux de sa compagnie, ils s’ouvraient en bel ordre de çà et de là, puis, faisant le tour, ils se remettaient toujours par derrière de la plus belle façon du monde. […] Mais ses propos sont de bon goût, et ses discours ont une grâce naturelle, un tour vif et fin, une aisance et une élégance enrichies de poésie et égayées d’esprit. […] Il l’était autant par nature que par fortune ; son tour d’esprit, comme sa position le fit écrivain. […] Un enfant entendrait du premier coup toutes ses expressions et tous ses tours.

1635. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Où j’en veux arriver par tous ces tours et détours, cela vous inquiète ? […] Émile Souvestre, auteur du Phare de la Tour du Fou ; le second prix par M.  […] Elle ne vous voyait plus, elle n’entendait plus rien ; c’était au tour d’une autre pratique. […] Aujourd’hui, c’est le tour de M.  […] Il était tout pour le jeune homme impatient de se produire, de devenir enfin quelqu’un à son tour !

1636. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il y paraît, commue le lecteur ne tardera pas à le reconnaître ; il trouvera plus loin des expressions dix fois répétées, des tours de phrase d’une correction douteuse, et un pitoyable désordre. […] Avec un demi-sourire où le respect mitigeait l’ironie, ceux qui l’approchaient disaient de lui qu’il s’était retiré dans sa tour d’ivoire. […] Le disciple de jadis a des, disciples à son tour. […] Puisque le procès entre les romantiques et les naturalistes est toujours pendant, j’y veux plaider à mon tour. […] Mais frémis à ton tour !

1637. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Ange inepte qui se trompe, ou succube inquiet qui veut à son tour être l’incube. […] Mais elles sont les alliées des bas-bleus, et il faudra bien les massacrer à leur tour. […] Elle essaie le tour de force, elle se baisse pour soulever des poids de cinquante et de cent kilos, ne soulève rien, ne se relève même pas. […] Et les portraits me donnaient une impression de vérité originale. « Tour à tour rêveurs mélancoliques et passionnés fougueux », ces gens-là agissaient en grands enfants généreux ; leurs gestes, nécessaires et inattendus, exprimaient, en brusques éclats, des sentiments de toujours. […] Elle aussi, elle a dû lire le mot Αναγχη (Anagchê) sur quelque tour de Notre-Dame.

1638. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il a étudié les procédés du bonhomme comme les botanistes étudient les organes d’une plante avant de la classer ; il a interrogé tous les ressorts mis en usage par l’écrivais naïf, pour être naïf à son tour, sans rien abandonner au hasard. […] Rabelais et Régnier lui ont, à leur tour, livré leurs secrets. […] La gaieté, qui frappe à toutes les portes, introduira la vérité, qui, sans cette compagne obligeante, courrait le risque de rester dans la rue, et la vérité à son tour, plaidera pour sa compagne et la justifiera sans l’humilier. […] Si l’action principale n’est pas racontée avec toute la sobriété que le goût commande, les épisodes qui viennent se grouper autour de cette action sont à leur tour racontés avec une prolixité désolante. […] Il fait exécuter, je l’avoue, à l’idiome que nous parlons des manœuvres qui peuvent passer pour de véritables tours de force ; mais la langue, en sortant de ses mains, ressemble aux enfants qu’un saltimbanque impitoyable dresse à coups de bâton aux tours de souplesse.

1639. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Enfin, c’est ainsi qu’à son tour, Werther venait troubler les imaginations françaises, et revivait, par exemple, dans le jeune d’Olban. […] Cette tendance ne s’accuse pas moins dans les ouvrages où elle a su créer à son tour. […] Les arts, à leur tour, nous offrent le même rapprochement. […] La plupart de ses amis ont donné à leur tour le spectacle d’une transformation non moins profonde. […] Les salons de Paris, toujours prêts à se rouvrir, les recevaient à leur tour avec empressement.

1640. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Plus tard, ce fut le tour de M. de Chênedollé et celui de M. de Bonald. […] Le Dieu d’hier se trouve soudain relégué, à son tour, parmi les idoles vieillies. […] L’essayer en effet, le réussir même serait un tour de force gratuit, et contraire à toute règle d’esthétique. […] D’autant que ce n’est pas seulement un effet d’optique, ni le tour de force d’un puissant ouvrier littéraire. […] Il y a quelque dix-huit mois, c’était le tour de M. 

1641. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Chaque génération à son tour est au haut de l’arbre, voit tout le pays au-dessous et n’a que le ciel au-dessus d’elle. […] Chacun, à son tour, se pique de régner. […] Il n’y a que lorsqu’on entre par le cœur dans l’ordre chrétien, dans l’ordre de charité et de Jésus-Christ, qu’on sort du La Rochefoucauld ; il n’y a que le christianisme qui renverse l’homme : et encore il reste à savoir si ce renversement n’est pas lui-même une dernière forme, la plus subtile de toutes, le dernier tour de force et la sublimité de l’amour de soi. […] Royer-Collard n’a rien de ce temps-ci, disait-on ; tour de pensée et langage, il est tout d’une autre époque !  […] Victor Hugo qui se présente à son tour, avec une audace presque militaire, son patriotique amour pour une France libre et glorieuse, sa vive sympathie pour une jeunesse dont il est un des chefs éclatants ; mais en même temps, par ses opinions premières, par les affections de son adolescence, qu’il a consacrées dans plus d’une ode mémorable, le poète était lié au passé qui finit, et avait à le saluer d’un adieu douloureux en s’en détachant.

1642. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Que chacun se donne les mêmes licences, qu’elles se multiplient, nous voilà revenus à la tour de Babel. […] Telle association de mots, tel mouvement, tel tour, donnent-ils pour résultat une impression pareille à celle qu’il a lui-même reçue ? […] Chaque fait, chaque personnage passé sous silence, semble me demander à son tour : Comment donc avez-vous pu ne rien dire de moi ? […] Un saint Marc, peint dans les vitraux, parle à son tour, pour annoncer et décrire la ronde nocturne des morts. […] 135 » Les nations viennent à leur tour, et sont jugées.

1643. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Nos hardies tours de fer sont, en comparaison des pyramides, de chétifs treillis, et destinés à une durée brève. […] L’un a fait le tour du monde et l’autre n’a pas quitté sa maison. […] Les voyages dont son mari est revenu la tentent à son tour. […] En tous les temps et tous les pays, les hommes se sont plus à élever des tours, quelquefois pour rien, pour le plaisir d’y monter, comme dans la chanson : « Madame monte à sa tour !  […] Dans le second cas, il savait qu’il n’était question que d’un tour de jardin, et il ne bougeait pas.

1644. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

De ce prix, on ne parlait pas, comme aujourd’hui, six mois avant le premier tour de scrutin. […] Au bruit qu’elle fit, et qui était alors dans toute sa nouveauté, Cocteau ouvrit la fenêtre et cria : « On a marché sur le pied de la Tour Eiffel !  […] Une vérité, selon Breton, gagnera toujours à prendre, pour s’exprimer, un tour outrageant. […] C’est bien son tour. […] Si Giraudoux n’enseigne que sur la Tour Eiffel, est-ce pour ne pas voir ses élèves ?

1645. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Quand le prisonnier d’Olmutz sera délivré, il pourra méditer profondément sur les retours de la fortune au pied des tours du Temple où furent encore enfermées de plus grandes victimes : il y pourra faire un livre instructif à l’usage des peuples et des ambitieux, mais il n’en corrigera aucun2. […] Et madame de Staël soutient à son tour que les Grecs, malgré la perfection de leur idiome, n’ont fait que « commencer la civilisation du monde ; qu’ils ne pouvaient aller très loin, parce qu’il leur manquait ce qu’on ne peut devoir qu’aux sciences exactes, la méthode, c’est-à-dire l’art de raisonner ». […] M. de Chateaubriand, à son tour, me paraît avoir saisi des rapports nouveaux dans ces deux monuments du premier âge. […] Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, et lançaient des feux de toutes parts. […] Opposez à la marche de la colonne anglaise, dont la description aurait pu être si neuve et si brillante, la peinture de ces gros bataillons serrés qui ressemblent à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches .

1646. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Un autre compagnon qui s’immisça à ces leçons philosophiques fut Cyrano de Bergerac, devenu suspect à son tour d’impiété par quelques vers d’Agrippine, mais surtout convaincu de mauvais goût. […] Il allait ainsi à l’aventure, bien reçu du duc d’Épernon à Bordeaux, du prince de Conti en chaque rencontre, loué de d’Assoucy qu’il recevait et hébergeait en prince à son tour, hospitalier, libéral, bon camarade, amoureux souvent, essayant toutes les passions, parcourant tous les étages, menant à bout ce train de jeunesse, comme une Fronde joyeuse à travers la campagne, avec force provision, dans son esprit, d’originaux et de caractères. […] Il était de la veine rapide, prime-sautière, de Régnier, de d’Aubigné ; ne marchandant jamais la phrase ni le mot, au risque même d’un pli dans le vers, d’un tour un peu violent ou de l’hiatus au pire ; un duc de Saint-Simon en poésie ; une façon d’expression toujours en avant, toujours certaine, que chaque flot de pensée emplit et colore. […] — Je vous avoue à mon tour, lui dit son ami, que vous êtes plus à plaindre que je ne pensois, mais il faut tout espérer du temps.

1647. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Les lacunes des sciences expérimentales ont pour cause leurs conditions et le tour particulier de leur méthode. — Preuve. — Ce que serait la géométrie si on la faisait par induction. — Les lacunes de la géométrie seraient alors les mêmes que celles de la physique ou de la chimie. — Les sciences de construction sont un modèle préalable de ce que pourraient être les sciences expérimentales. — Analogie des ordonnances. — Identité des matériaux. — La seule différence entre nos composés mentaux et les composés réels, c’est que les premiers sont plus — simples. — Emploi des composés mentaux pour l’intelligence des composés réels. — Conséquences. — L’application des lois mathématiques et mécaniques est universelle et forcée. — Réfutation de Stuart Mill. — Tous les nombres, formes, mouvements, forces de la nature physique sont soumis à des lois nécessaires. — Très probablement tous les changements physiques dans notre monde, et probablement tous les changements au-delà de notre monde se réduisent à des mouvements qui ont pour condition des mouvements. — . […] En d’autres termes, et pour continuer la comparaison, chaque coffret plus large, à côté du coffret plus petit dans lequel finalement on trouvera la propriété énoncée, en contient plusieurs autres qu’on ouvrirait inutilement ; il faut donc mettre la main sur le coffret utile, et, s’il y a, comme dans le cas précédent, cinq coffrets à ouvrir, il faut cinq fois de suite avoir du tact et faire le bon choix. — En outre et d’ordinaire, il y a des coffrets qui ne s’ouvrent pas tout seuls : un tour de clef adroit est nécessaire ; nous avons été obligés d’exécuter une construction, d’ajouter une ligne à la figure, de tracer la diagonale. Et ce tour de clef, en ouvrant une serrure, nous en a par contrecoup ouvert une seconde ; en effet, cette diagonale si bien choisie n’a pas seulement donné les deux couples d’angles alternes internes ; elle a encore donné les deux triangles égaux. En cela consiste le talent du géomètre ; il faut que, par un instinct prompt ou par des tâtonnements nombreux, il ouvre coup sur coup, sans se tromper, la série des coffrets utiles, et qu’il invente le tour de clef approprié.

1648. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Il me dit que l’habitation à Asnières lui a fait beaucoup de bien, que le voisinage de l’eau l’a calmé, et que, tous les matins, il va faire un tour de dix minutes, au bord de la Seine, et qu’il revient de cette promenade avec un singulier bien-être. […] Mercredi 11 avril On racontait, ces dernières années, qu’un de nos jeunes clubmen des plus connus, avait frété un yacht, pour faire une sorte de tour du monde, en compagnie d’amis et de cocottes, et qu’au moment du départ, les mères des jeunes gens ayant témoigné des inquiétudes de ce voyage, et ayant laissé percer le regret, si quelqu’un ou quelques-uns venaient à périr, de n’avoir pas à pleurer sur un tombeau au Père-Lachaise ou à Montmartre ; on avait fait une place dans la cale, au milieu de la cargaison de pâtés de foie gras et de bouteilles de champagne, à des bières de plomb, et comme le soudage est une opération très difficile, on avait embarqué le soudeur avec l’équipage. […] C’est en face de la tour Eiffel, du haut en bas du Trocadéro, une multitude noire, s’étageant debout ou assise, et au milieu de laquelle, s’élèvent les enveloppes de toile des magnolias, semblables à des tentes arabes, avec un horizon de lanternes rouges sur un ciel d’un bleu noir, où fulgure, par moments, un jet de lumière électrique, partant de l’établissement des phares. […] Les mariages du commun ne se font plus mener à la Cascade, ils se font véhiculer à la Tour Eiffel.

1649. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Tout nombre est zéro devant l’infini. » D’autre part, lorsque « l’imperceptible étale sa grandeur », et se révèle à son tour comme contenant un monde infini, « le sens inverse de l’immensité se manifeste 111 ». […] Ce rayonnement éclaire à son tour la nature entière, lui donne un sens, un but, la rend belle et bonne, à la fois intelligible et aimable :                 … Comprendre, c’est aimer. […] Comme Lamartine dans Jocelyn, Hugo raconte à son tour, en symboles et en mythes, la destinée humaine, — ou plutôt la destinée universelle. […] Mais la haine, à son tour, se résout en souffrance : « Je souffre, je juge. » « Le grand sanglot tragique de l’histoire », qui aboutit à l’indignation, devrait plus logiquement aboutir à la pitié, à la pitié non seulement pour le mal, mais pour le méchant, à la « pitié suprême. » Hugo dit quelque part : Je sauverais Judas si j’étais Jésus-Christ ; et ce sera en effet le dernier résultat de la bonté triomphante dans l’univers, de la bonté embrassant à la fin les méchants eux-mêmes : On leur tendra les bras de la haute demeure, Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure,              Lui dira : « C’est donc toi ! 

1650. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il est en général sec, décousu & sur le ton de dissertation ; mais il y a des morceaux pleins de chaleur & des tours originaux. […] Il acheta, sous le nom de la Comtesse de Barres, une terre auprès de Tours. […] M. de Louvois en fut à son tour occupé, & le Pere Mabillon fut désigné pour ce travail, qui pourtant resta sans effet jusqu’à la régence. […] Cet historien, trop servile imitateur des anciens, leur a dérobé leurs meilleures réfléxions, & leurs plus beaux tours.

1651. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Du moment que l’esprit, le talent, se tournent vers ce système de tout dire en image et de tout peindre en couleurs, ils peuvent aller très-loin et faire de vrais tours de force ; mais le vrai centre est déplacé.

1652. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

(Lettre de l’intendant de Tours du 25 mars 1789.)

1653. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Il n’est pas aisé d’y réussir : on voit des hommes de talent, au théâtre, présenter des personnages qui sont à tour de de rôle de plates photographies et des types abstraits, qui tantôt parlent le verbiage insignifiant de leur condition dans le monde, et tantôt proclament la théorie profonde de l’auteur sur leur caractère.

1654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Juste au moment où Maurice Bouchor fait sa prière à tous les dieux, voilà que l’homme aux yeux d’or et à la peau cuivrée, qui a si savamment rugi les Blasphèmes, s’attendrit à son tour, et qu’il se penche avec respect sur de bonnes âmes, aryennes jusqu’à la plus scrupuleuse vertu… Je vais maintenant guetter le Courrier français.

1655. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Il chroniquait dans une revue protestante où le tour d’esprit narquois d’Hervieu froissait les puritanismes.

1656. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Bientôt il sortit de sa tour de sperme pour aller à l’agitation incohérente qu’il nommait l’Action.

1657. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

On est scrupuleux pour n’employer que des rimes riches, & on ne l’est ni sur le fond des pensées & des sentimens, ni sur la clarté des termes, ni sur les tours naturels, ni sur la noblesse des expressions.

1658. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

C’est-là qu’il est véritablement grand, sublime, harmonieux, divin, fécond en pensées neuves, hardies & lumineuses, en tours heureux & pleins d’énergie.

1659. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

C’est ce fait qu’on a toujours eu devant les yeux quand on s’est représenté le christianisme comme devant céder la place à son tour soit à une nouvelle religion, soit à la philosophie elle-même.

1660. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Il est permis à un grand maître d’oublier quelquefois qu’il y a des couleurs amies ; Chardin jettera pêle-mêle des objets rouges, noirs, blancs ; mais ces tours de force-là, il faut que M. 

1661. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

que ceux qui tiennent que le soleil est fixe et immuable, … etc. mais ce n’est point la faute de Monsieur Despreaux si Monsieur Perrault l’entend mal, et c’est encore moins sa faute s’il plaît à d’autres censeurs de se figurer que par ces mots, si le soleil est fixe ou tourne sur son axe, il ait voulu opposer le systême de Copernic avec le systême de Ptolomée, qui suppose que c’est le soleil qui tourne au tour de la terre.

1662. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Une femme seule pouvait nous donner ces feuilletons, qui feront certainement suite, dans l’histoire de la société française, aux lettres de Mme de Sévigné, cette feuilletoniste du grand siècle de Louis XIV, et déplier au regard qui craint qu’elles ne s’envolent ces fragiles peintures d’éventail On aura beau, par un tour de souplesse de l’imagination, se faire spirituel, dandy, Rivarol en habit violette expirante, grand seigneur, prince de Ligne, avec ses coureurs roses et argent, devant sa voiture rose, on n’arrivera jamais, si on n’est qu’un homme, à être le vicomte de Launay d’un siècle grave, par des choses que le siècle dédaigne ou n’aime plus, avec cette supériorité !

1663. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Le récit d’une sœur, comme les Lettres et les Memoranda d’Eugénie de Guérin, a fait le tour du monde et il est tout prêt à le recommencer.

1664. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Alexandre Dumas à la tête de son livre, ne croyant peut-être pas que ces messieurs pussent avoir, chacun, deux admirations, comme maître Jacques deux casaques : une admiration pour le privé, qui n’était pas une admiration pour le public, — une admiration de par devant et une admiration de par derrière ; — et quoi qu’elle en pensât, du reste, se disant, en se frottant ses petites menottes avec la volupté d’un bon tour : « S’ils ont imaginé que je me contenterais d’une admiration tête à tête, je vais joliment les attraper ! 

1665. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Toute âme, elle, comme Louis XVI était tout physique, toute àme, mais non pas toute intelligence ; car, lorsque son tour arriva de gouverner sous ce roi, qui n’était pas roi et dont le néant tuait la France, elle prit Brienne, croyant tenir le Kaunitz de sa mère !

1666. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

qu’il n’y en ait pas mis une autre… Henri IV a donc commis là bien évidemment une des plus grandes fautes que souverain pût commettre, même la question religieuse écartée, que l’Histoire cependant n’écartera pas, car, je le dis, en regardant bien en face les révolutions futures, ou du moins le chemin par lequel elles peuvent venir, les gouvernements doivent toujours venir à bout, quand ils le voudront, eux qui sont la force organisée, de la force qui ne l’est pas… Segretain a par des exemples nombreux et frappants fait toucher du doigt dans son histoire la bévue des gouvernements du xvie  siècle qui précédèrent celui de Henri IV, lequel paracheva et fixa les conséquences de cette énorme faute, en la commettant à son tour ; et on se demande vraiment pourquoi, en lisant Segretain, qui nous met en lumière une chose qu’avant lui on n’avait pas assez vue, ce qui prouve son extrême bonne foi et son désir de justice : c’est qu’à toutes les époques de sa vie Henri IV, quelles qu’aient été ses apostasies, avait toujours été au fond de sa pensée plus catholique que protestant !

1667. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Et voici Alexandre Weill, qui n’est pas Allemand, mais qui ne doit pas être né très loin de l’Allemagne si j’en crois certains reflets gardés sur sa pensée, qui pense à son tour qu’en disant sans biaiser à mademoiselle sa fille ses idées, à lui, sur les femmes et sur le gendre qui doit lui agréer, il trouvera ce merle blanc, comme il l’appelle, qui n’est blanc souvent que parce qu’il s’est fourré de la poudre de riz quand il allait faire la cour à sa femme, mais qui finit toujours par redevenir l’autre merle que nous connaissons.

1668. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

L’épouvante qu’il produisait revenait sur lui ; il tremblait en frappant et frappait encore, tant qu’enfin les lâches se révoltèrent et frappèrent à leur tour… Il ne finit point dans la majesté sans remords de Sylla.

1669. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Mais en un tour de plume et dès les premières pages de son livre, il l’a amnistiée, légitimée, posée triomphalement comme la solution d’une question de droit et d’honneur, — après avoir dit, cependant : « qu’avant la déclaration d’indépendance, l’Amérique était aussi libre qu’après cette déclaration ; qu’il n’y avait pas, même pour motiver l’insurrection, le prétexte d’un joug insupportable à secouer ; que l’état de l’Amérique, colonie anglaise, ne lui laissait rien à désirer, rien à envier, rien à prétendre (pages 103 et 111, Ier vol.) », et, enfin, accumulé, par un procédé de logique qui lui est particulier, toutes les raisons de ne pas conclure… comme il a conclu !

1670. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Dans tous les cas, si c’est un livre, ce n’est certainement pas un livre d’histoire, quoique l’histoire contemporaine y soit brassée, Dieu sait avec quel tour de bras !

1671. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Si cette femme d’aperçu, et qui savait si nettement styler sa pensée, avait cru jamais que juger les hommes c’était donner le sacre de la confiance à ces grands enfants qui se permettent la fatuité ou se prendre pour eux de compassion intellectuelle, nous n’aurions jamais retrouvé ce volume de lettres, savoureux et sain, où la rigueur de la raison et la brusquerie de la vérité se mêlent délicieusement la svelte légèreté du tour et au charme calmant d’une religieuse tristesse.

1672. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Or, par un de ces tours que les faits jouent parfois aux gens d’esprit, ces documents sont la meilleure réponse qu’on puisse adresser aux opinions de Champfleury sur Hoffmann.

1673. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

ce qui le crée Pascal ; ce qui lui fait, par l’accent seul, une langue à lui à travers celle de Montaigne, dont il a les tours et dont il s’assimile les qualités ; ce qui lui donne une originalité incomparable entre tous les esprits originaux de toutes les littératures, et le fait aller si loin dans l’originalité que parfois il rase l’abîme de la folie et donne le vertige, c’est un sentiment, — un sentiment unique, un sentiment assez généralement méprisé par le superficiel orgueil des hommes, — et ce sentiment, c’est la peur !

1674. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Il lui fait faire son tour… d’esprits !

1675. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Il a poussé l’utopie (mais par là il est vrai qu’il se retrouvait Allemand) jusqu’à vouloir être le Franklin d’un Bonhomme Richard médical, et, quoiqu’il n’eût pas la brouette de Franklin, son livre n’en a pas fait moins rondement le tour de l’Allemagne, pour, après l’avoir fait, nous arriver en France, où tous les niais à surprise, ravis de voir un Allemand si peu Allemand, et tous les petits Voltaires du truism, vont lui préparer le plus bel accueil.

1676. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Il se contente, vieillard placide, d’aller de son presbytère à son église, et, là, de s’asseoir dans l’encoignure d’une chapelle, sur une planche de bois noir, puis d’attendre… Et, tout à coup, des milliers d’êtres humains viennent s’agenouiller devant l’escabeau de ce prêtre, pour s’en relever fortifiés et y envoyer, à leur tour, ceux qui n’y sont pas venus encore !

1677. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

C’est là, en effet, ce qui a perdu Cousin, — et je dis perdu, malgré une position qu’il prend probablement pour de la gloire : — l’ambition de créer à son tour en philosophie !

1678. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Tour de souplesse dans le talent dont la Force n’est pas toujours capable, et qu’on pouvait très bien ne pas attendre d’un homme absorbé dans l’unité de ce mysticisme qui le fait ce qu’il est de si particulier dans la littérature contemporaine ; car je n’y connais pas de talent qu’on puisse, d’accent, comparer au sien.

1679. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Gœthe, si respecté par Sainte-Beuve, Gœthe, qui aurait joui si profondément du Centaure et qui aurait rêvé à son tour cet Hermaphrodite, fils des Musées et de Pausanias, et qui devait devenir, dans la pensée de Guérin, le frère du Centaure ; Gœthe n’aurait confondu avec personne ce panthéiste original qui ne vit jamais au monde que la Nature, — la grande Nature qu’aimait Lucrèce, celle-là qui tient sous le bleu du ciel, entre deux horizons, — et, tout allemand qu’il fût, il aurait mieux compris que Sainte-Beuve l’interprétation presque consubstantielle de cette nature que Guérin nous a faite, dans ces fragments inouïs de pureté, de mollesse et de transparence, de contours sinueux et rêveurs !

1680. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Mais le grand historien va peut-être surgir et éclater à son tour… José-Maria de Heredia nous annonce non plus des tableaux historiques, mais une histoire complète de la conquête du Mexique, et l’historien, qui est fait de hauteur de vue et de moralité, va-t-il planer ici sur la vie de sa couleur, et s’y dresser dans l’auguste attitude de cette double force nouvelle ?

1681. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Les titres seuls de ces Poésies préviennent et en donnent l’accent : c’est La Noce d’Elvire, La Druidesse, Chant ossianique sur la mort de Napoléon, La Tour du prodige, L’Ange de poésie, Ourika, L’Écho des Alpes, etc. ; mais en 1838 la voix s’est affermie et étendue.

1682. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait : c’est que le roman de madame Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur, comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de madame Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine — de cette haine après l’amour qui est peut-être de l’amour encore ! 

1683. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait, c’est que le roman actuel de Mme Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion, comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de Mme Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine, — de cette haine, après l’amour, qui est peut-être de l’amour encore, — au poids accablant de la formidable déclaration de M. 

1684. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

L’aîné tombe au champ d’honneur. « Sa mort m’encourage, écrit le cadet ; désormais nous serons deux. » A son tour, il est frappé ; alors, le vieillard se présente au Temple et veut monter en chaire.

1685. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Mais de quoi dépend à son tour notre conception et de ces fins et de ces moyens ?

1686. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Aujourd’hui, au contraire, nous sommes une société bourgeoise, et, sans rien proscrire, il nous est bien permis d’exiger à notre tour des héros bourgeois. […] Là-haut, sur cette tour, qu’est-ce que ce crâne desséché planté au bout d’une pique ? […] fort bien ; le tour est admirable ; nous crions tous bravo. […] Chacun l’a découvert à son tour ; de sorte qu’au lieu d’une seule faute choquante, signalée par l’Empereur, nous en connaissons une dizaine ; Goethe est bien puni de sa discrétion. […] Ce sont pour elle de nouveaux tours de passe-passe et de haute prestidigitation philosophique.

1687. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Il arrive que chacun domine à son tour, et après avoir été l’instrument, devient le principe directeur. […] Le sonnet avait d’abord mis le talent littéraire au service d’un sentiment, mais la tendance intellectuelle prend sa revanche ensuite, reconquiert son œuvre et profite à son tour de l’influence de l’amour. […] Allons y réfléchir, et pour cela faisons un tour de jardin. […] Dès ma première pensée, plusieurs rêveries parasites surviennent, et je fais deux ou trois tours avec la volonté de réfléchir, mais sans exécution. […] L’invention brise l’habitude, mais elle en conserve les fragments, et l’innovation qu’elle va instituer se répétera si elle est bonne, si elle n’est pas éliminée, et en s’épurant, en se régularisant elle deviendra routine à son tour.

1688. (1913) Poètes et critiques

Il y avait surtout une facture hardie, éclatante, un tour très personnel, une note nouvelle, et je ne sais quoi d’inédit jusque dans les imitations. […] Mais ceux qui s’indignent de ce qu’il a écrit là, et qui prennent certains mots au pied de la lettre, ne connaissent guère le tour d’esprit mystificateur de Richepin : c’est une de ses facéties ; il en a commis de pires, et de meilleures. […] La Mer a donné lieu au tour de force inverse. […] La Fontaine « ne prend que l’idée, et le tour, et les lois » : en vérité, c’est peu de chose. […] Ses deux parents moururent très tôt, l’un après l’autre, le père le premier, miné par la phtisie et emporté quatre ans après la naissance du fils, la mère un peu plus tard : elle expira, comme devait expirer à son tour Hégésippe Moreau, dans les draps d’un lit d’hôpital.

1689. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Alors elles devront nécessairement céder leur prédominance à d’autres groupes de cellules, et celles-ci à leur tour acquerront la puissance d’adapter l’organisme à leurs buts. […] L’attention a ainsi pour prémisse une volonté forte, et celle-ci, à son tour, est le propre d’un cerveau normalement construit et non fatigué. […] Chez le dégénéré déséquilibré, la conscience assume le rôle d’une mère quelque peu simiesque qui sait trouver des excuses pour les sots et méchants tours d’un enfant malappris. […] Chevaux de bois commence ainsi : Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. […] honte de leurs ineptes rires, et devant cet homme que ces rires n’arrachaient pas à la sérénité de son silence méditatif, les rires se sont tus, à leur tour subissant la divine contagion du silence.

1690. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Tour à tour. […] En Grammaire l’analogie est un rapport de ressemblance ou d’approximation qu’il y a entre une lettre & une autre lettre, ou bien entre un mot & un autre mot, ou enfin entre une expression, un tour, une phrase, & un autre pareil. […] ) qui a de l’analogie : par exemple, les étrangers se servent souvent d’expressions, de tours ou phrases dont tous les mots à la vérité sont des mots François, mais l’ensemble ou construction de ces mots n’est point analogue au tour, à la maniere de parler de ceux qui savent la langue. Dans la plûpart des Auteurs modernes qui ont écrit en Grec ou en Latin, on trouve des phrases qui sont analogues au tour de leur langue naturelle, mais qui ne sont pas conformes au tour propre à la langue originale qu’ils ont voulu imiter. […] Ce qu’on dit ici de l’anglicisme, se dit aussi de toute autre langue ; car on dit un gallicisme, un latinisme, un hellenisme, pour dire une phrase exprimée suivant le tour François, Latin & Grec.

1691. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

messieurs les critiques, qui naguère me donniez si amicalement à entendre que je n’avais aucun style, aucun tour personnel, je ne les crois pas mal troussés. […] C’est alors que soudain lui vint la fantaisie de jouer un bon tour à ses persécuteurs : — « Ah ! […] Je ne sais pas si les chemins de fer, les bateaux à vapeur, la tour Eiffel, les bicyclettes, les automobiles sont choses inesthétiques ; mais, étant nouvelles, elles devaient paraître laides, et telles, en effet, elles ont paru. […] Répétez tous les jours d’un sot avéré qu’il est homme d’esprit, il ne faudra pas bien longtemps pour que le public dise à son tour : « C’est un homme d’esprit. » Les meilleures raisons du monde ne peuvent rien contre une phrase toute faite. […] Ils ont un tour de spirituelle élégance, selon l’ancienne mode française, et l’on conçoit la possibilité d’un regain de faveur pour ce genre léger et galant, le jour où le goût public serait las des brutalités naturalistes et du mysticisme symbolique.

1692. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

La tour Eiffel, pour être tenue pour belle, n’a qu’à durer. […] Ils ont le plus souvent un caractère local, et très particulièrement les nobles de Bretagne, le clergé de Bretagne, voire les chanoines de Tours qui y sont attaqués. […] Il y avait à Tours deux partis, celui des réverbéristes et celui des antiréverbéristes. […] Tarde fait, sans en avoir l’air, le tour des préjugés de la sociologie contemporaine et les secoue avec assez de vigueur et avec beaucoup d’adresse. […] C’est admirable ; et quel tour facile !

1693. (1888) Études sur le XIXe siècle

Ce dernier, esprit réfléchi, sérieux, qui aimait à faire le tour des questions, travaillait à compléter son instruction première en lisant de nombreux ouvrages d’histoire et même de science, Rossetti ne s’intéressait guère à l’histoire que parce qu’elle touche à la poésie, et dédaignait la science : « Que m’importe, disait-il, si c’est la terre qui tourne autour du soleil ou le soleil autour de la terre !  […] Un chevalier est assis aux pieds de sa dame, qui joue de l’orgue, et derrière eux, se montre la figure de l’Amour inspirateur : non pas l’enfant railleur et gai, le fils d’Aphrodite dont Anacréon chantait les tours plaisants, mais un adolescent à figure sérieuse, un « esprit » — comme disaient les trécentistes — descendu du ciel, tenant les cœurs sous sa douce domination et leur inspirant les subtils raisonnements qui mitigent et nuancent la passion. […] Une de ses nouvelles est l’histoire de la passion désespérée d’un mari pour sa femme qui le trompe et le méprise ; et cette passion, qui avait résisté à toutes les douleurs, aux fatigues et aux écœurements d’une lutte quotidienne, cette passion s’évanouit un jour brusquement, quand la femme, par un revirement inattendu, aime à son tour, demande grâce et souffre. […] À peine le vieux patron est-il sur pied, qu’un nouveau malheur frappe la famille : Luca, le second fils, qui avait été pris à son tour par la conscription, est tué à Lissa. […] Le raisonnement, à son tour, se met bientôt de la partie, s’exerce sur les données du souvenir, leur prête parfois des significations singulières.

1694. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

En quoi la nation française est coupable ; en quoi les Ordres immolés ont mérité de l’être ; comment il y a solidarité au sein du même Ordre, comment la peine du coupable est réversible jusque sur l’innocent, et le mérite de celui-ci reversible à son tour sur la tête de l’autre ; quelle mystérieuse vertu fut de tout temps attachée au sacrifice et à l’effusion du sang humain sur la terre ; quelle effrayante dépense il s’en est fait depuis l’origine jusqu’aux derniers temps, à ce point que « le genre humain peut être considéré comme un arbre qu’une main invisible taille sans relâche, et qui va toujours en gagnant sous la faux divine » :  — telles sont les hautes questions, tels les dogmes redoutables que remue en passant l’esprit religieux de l’auteur ; et à la façon dont il les soulève, nul, après l’avoir lu, même parmi les incrédules, ne sera tenté de railler. […] Pour explication de ses défauts, de ses excès spirituels, de ce ton roide et tranchant, il faut penser à la solitude où il vivait, à ce manque d’un enseignement, toujours réciproque, où l’esprit enseignant se corrige à son tour et prend mesure sur celui qu’il veut former, à l’absence fréquente de discussion ou même d’intelligence égale autour de lui. […] Les historiens, les théoriciens viennent alors, les dégagent de ce qui les neutralisait souvent et les voilait aux yeux des contemporains, et en font à leur tour des principes et des systèmes qu’ils opposent aux nouvelles formes naissantes et à peine ébauchées. […] Pour lui, le siège et l’instrument de la chose sacrée devait être manifeste et usuel, visible et accessible à toute la terre ; ce ne pouvait être que Rome ; et comme les objections abondaient, il se fit fort de les lever historiquement, dogmatiquement, et de tout expliquer : tour de force dont il s’est acquitté moyennant quelques exploits incroyables de raisonnement, moyennant surtout quelques entorses çà et là à l’exactitude et à l’impartialité historiques, comme Voltaire, Daunou et les autres détracteurs en ont donné dans l’autre sens ; mais les entorses de De Maistre sont magnifiques et à la Michel-Ange. […] On n’aurait jamais su mieux définir le rire sarcastique et méprisant, tel qu’il se le passe quelquefois. — Sur la bigarrure de Pétersbourg en ces années de refoulement et de refuge, il a son anecdote piquante : « … Voulez-vous que je vous conte à mon tour quelque chose dans le genre du salmigondis ?

1695. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Il porte à son tour la guerre en pays ennemi, et fait aux théories adverses les plus sérieuses blessures. […] La terre passe à son tour par des degrés divers de condensation. […] L’humanité, à son tour, va toujours en se développant comme la nébuleuse primitive. […] Vacherot répond en demandant à son tour si l’objet de la géométrie existe réellement, s’il y a quelque part dans l’univers de pures surfaces, de pures lignes, de purs points, s’il y a des cercles parfaits, des triangles inscrits ou circonscrits, si ce ne sont pas là de purs idéaux. […] Ceux qui nous l’ont reproché le plus amèrement ne voient pas qu’ils tombent dans la même faute à leur tour ; ils s’y affaibliront également.

1696. (1813) Réflexions sur le suicide

Thomas Morus, chancelier d’Henri VIII, pendant une année entière enfermé dans la tour de Londres, refusa tous les jours les offres qu’un Roi tout-puissant lui faisait faire pour rentrer à son service en étouffant le scrupule de conscience qui l’en tenait éloigné. […] Enfermée dans cette tour je vis de ce que je sens, et ma conduite morale et religieuse ne consiste que dans les combats qui se passent en moi-même. […]   (une heure après) On a porté les restes de Guilford sous les fenêtres de la tour, un linceul couvrait son corps mutilé, à travers ce linceul une image horrible s’est offerte… Si le même coup ne m’était pas réservé, quelle est la terre qui pourrait porter le poids de ma douleur !

1697. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Le respectable Mollendorf ne veut pas survivre à cette journée ; il s’avance, et il est à son tour mortellement frappé. […] À cette vue, les grenadiers à cheval de la garde, conduits par le général Lepic, l’un des héros de l’armée, s’élancent à leur tour pour seconder les efforts de Murat. […] Aussi ce livre sera-t-il à jamais le manuel des administrateurs et des militaires ; les philosophes, les politiques, les hommes de pensée, les hommes de liberté, les hommes de religion, les hommes d’humanité, les hommes de bien écriront à leur tour cette histoire en se plaçant à un autre point de vue que le champ de bataille, au point de vue du bien ou du mal fait au genre humain par ce héros de l’armée et par ce héros du despotisme.

1698. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Un jour mon tour étant venu d’être le sujet de ses plaisanteries, je me mis si fort en colère, et je lui donnai un coup de poing si serré sur la figure, que je sentis l’os et les tendons de son nez fléchir sous ma main, comme un cornet, et qu’il en restera marqué toute sa vie8. […] C’est une plate-forme qui fait le tour du château, d’où l’on voit Rome et les prés de revers. […] « Ils obéirent, et me transportèrent ainsi à la tour de Nona, me couchèrent sur un mauvais matelas, et laissèrent un garde auprès de moi, qui me disait sans cesse : Hélas !

1699. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

« Le pape Alexandre avait décidé de le faire décapiter, mais Farnèse, qui le sut, fit dire en secret à Pietro Careluzzi de venir avec plusieurs chevaux, corrompit ses gardes à force d’argent, et, tandis que le pape était à la procession le jour de la fête, on le fit descendre dans une corbeille, et on le sauva ainsi ; car, dans ce temps-là, on n’avait pas encore entouré la tour des murailles dont j’ai parlé. […] Les voyant si bien disposés en ma faveur l’un et l’autre, je leur demandai la permission d’aller faire un tour à Rome. […] « Deux jours après, voyant que les éloges allaient toujours en croissant, je me disposai à aller voir le duc, qui m’adressa ces gracieuses paroles : Mon cher Benvenuto, vous avez satisfait moi et tout le public ; je vous promets de vous rendre content à votre tour, d’une manière qui vous étonnera, avant que deux jours soient passés.

1700. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je cherchai donc, à mon tour, à l’aide des données communes, et sans inventer ce que je ne pouvais découvrir, à retracer en quelques pages cette existence dont une ambition constamment déçue fait l’unité, à exposer et à étudier ces œuvres dont l’épanchement d’un cœur blessé fait la principale grandeur, et je soumets maintenant cet essai, avec une juste défiance, à ce petit nombre de personnes qui me récompensent amplement de mon travail en voulant bien me juger. […] Ormond, Bolingbroke, justifièrent l’accusation par leur fuite et par leur réunion avec le prétendant ; tandis que lord Oxford, moins coupable, attendait son procès à la tour de Londres. […] Jamais d’ailleurs, ministère n’eut moins d’influence sur le souverain que cette administration Tory qui, à force d’avoir accusé les Whigs, d’enchaîner la volonté royale, se trouvait à son tour les mains liées devant les caprices de la reine.

1701. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Nous établissons ainsi des points de division dans l’intervalle qui sépare deux formes successives de la joie, et cet acheminement graduel de l’une à l’autre fait qu’elles nous apparaissent à leur tour comme les intensités d’un seul et même sentiment, qui changerait de grandeur. […] En voyant repasser devant nos yeux ces images, nous éprouverons à notre tour le sentiment qui en était pour ainsi dire l’équivalent émotionnel ; mais ces images ne se réaliseraient pas aussi fortement pour nous sans les mouvements réguliers du rythme, par lequel notre âme, bercée et endormie, s’oublie comme en un rêve pour penser et pour voir avec le poète. […] Oubliez ce que la physique vous a appris, examinez avec soin l’idée que vous avez d’une note plus ou moins haute, et dites si vous ne pensez pas tout simplement au plus ou moins grand effort que le muscle tenseur de vos cordes vocales aurait à fournir pour donner la note à son tour ?

1702. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Cependant on peut insister : en supposant qu’un peuple entier ait été poète, comment put-il inventer les artifices du style, ces épisodes, ces tours heureux, ce nombre poétique.... […] les tours ne vinrent que de la difficulté de s’exprimer ; les épisodes de l’inhabileté qui ne sait pas distinguer et écarter les choses qui ne vont pas au but. […] Les riches ne considèrent plus leur fortune comme un moyen de supériorité légale, mais comme un instrument de tyrannie ; le peuple qui sous les gouvernements héroïques ne réclamait que l’égalité, veut maintenant dominer à son tour ; il ne manque pas de chefs ambitieux qui lui présentent des lois populaires, des lois qui tendent à enrichir les pauvres.

1703. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Gabriel de Chénier, nous ont permis de rechercher et de transcrire ce qui nous a paru convenable dans le précieux résidu de manuscrits qu’il possède ; c’est à lui donc que nous devons d’avoir pénétré à fond dans le cabinet de travail d’André, d’être entré dans cet atelier du fondeur dont il nous parle, d’avoir exploré les ébauches du peintre, et d’en pouvoir sauver quelques pages de plus, moins inachevées qu’il n’avait semblé jusqu’ici ; heureux d’apporter à notre tour aujourd’hui un nouveau petit affluent à cette pure gloire ! […] Son importune envie ne voudrait pas que la jeunesse l’usât à son tour.

1704. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Les grosses tours décapitées du château, crénelées seulement de nids d’hirondelles, s’élèvent lourdement sous leurs tuiles plates aux deux extrémités d’un massif de murs surbaissés, percés de rares ouvertures à croisillons, inégales d’étages. Une galerie extérieure en pierres de taille, bordée d’une balustrade à trèfles, unit les grosses tours entre elles et sert de communication aux appartements.

1705. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Je touche à peine à ma pleine maturité ; j’ai vu de mes yeux d’enfant la première république sans la comprendre et sans me souvenir d’autre chose que des sanglots qu’elle faisait retentir dans les familles décimées par les prisons ou les échafauds ; j’ai vu l’empire sans entendre autre chose que les pas des armées allant se faire mitrailler sur tous les champs de bataille de l’Europe, et les chants de victoire mêlés au deuil de toutes ces familles du peuple qui payaient ces victoires du sang prodigué de leurs enfants ; j’ai vu l’Europe armée venir deux fois, sur les traces de nos armées envahissantes, envahir à son tour notre capitale ; j’ai vu les Bourbons rentrer avec la paix humiliante mais nécessaire à Paris et y retrouver la guerre des partis contre eux au lieu de la guerre étrangère éteinte sous leurs pas ; j’ai vu Louis XVIII tenter la réconciliation générale, dans le contrat de sa charte entre la monarchie et la liberté ; je l’ai vu manœuvrer avec longanimité et sagesse au milieu de ces tempêtes de parlement et d’élection qui ne lui pardonnaient qu’à la condition de mourir ; j’ai vu Charles X, pourchassé par la meute des partis parlementaires, ne trouver de refuge que dans un coup d’État désespéré qui fut à la fois sa faute et sa punition. […] X Un écrivain qui frappe juste, mais qui frappe souvent trop fort, à cause de la vigueur même de son talent, M. de Cassagnac, vient d’écrire à son tour un livre sur les Girondins.

1706. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

XXV Saint-Claude, ville aussi toute sacerdotale et toute laborieuse des petites industries du fer et du buis ciselé, est la Zharklé du Jura ; ses cloches retentissent et ses cheminées fument ; ses silences dorment et ses cours d’eau, et ses scieries, et ses enclumes, et ses tours où l’on façonne le buis, bruissent comme une ville fantastique qui apparaît hors de la portée des sens, au fond d’un des cercles du Dante, à travers le brouillard des eaux pulvérisées par leur chute et des rayons du soir répercutés par les parois de ces montagnes. […] C’est la lueur de cette lampe nocturne, aperçue des villageois et des bergers de la montagne, qui faisait dire à ces pauvres gens, dans leurs veillées, ce que disent les paysans d’Allemagne allant à l’église pendant la nuit de Noël, en passant sous la tour de Faust : « Que fait donc notre jeune maître à cette heure dans sa chambre haute, seul ainsi toute la nuit avec les esprits, pendant que la cloche sonne et que le peuple chante en chœur à l’église : le Christ est ressuscité ? 

1707. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Que de tristesses, de craintes, de souvenirs épanouis avec ces fleurs, renfermés dans ce vase donné par Marie, emporté dans notre voyage, avec nous dans la voiture de Tours à Bordeaux, de là ici ! […] Rien que d’être aimés à leur tour et de se faire bénir devant Dieu.

1708. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Nicolas Boileau est Parisien : il est né le 1er novembre 1636, dans une maison de la cour du Palais, en face de la Sainte-Chapelle : une de ces vieilles maisons ayant pignon sur rue, comme on en voit dans les estampes du temps, haute et étroite comme une tour, avec une ou deux fenêtres de façade, et trois ou quatre étages. […] S’il louait l’« hymne inspiré » de l’amour de Dieu, le tour de raillerie du satirique l’inquiétait, et les condamnations sévères qu’il portait sur certaines satires nous montrent qu’il avait pressenti chez Despréaux une raison déjà émancipée : comme Descartes, ce n’était là pour lui qu’un allié d’occasion, capable d’être l’ennemi du lendemain.

1709. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

rendit l’espoir au désespéré et le fit surgir comme un prophète sur la plus haute tour d’Hénokia, la cité cyclopéenne. […] C’est le soir ; ils rentrent dans la ville avec leurs femmes et leurs troupeaux,     Suants, échevelés, soufflant leur rude haleine     Avec leur bouche épaisse et rouge, et pleins de faim Le tombeau de Kaïn est au sommet de la plus haute tour.

1710. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Il y a une route, sans doute, et nous la trouverons ; mais qui oserait dire que le courage et la force de celui qui a pu s’élever si haut pour la chercher ne sera pas cause de notre courage pour la chercher à notre tour, nous qui sommes restés dans la plaine, et ne nous servira pas ainsi prodigieusement à la découvrir ! […] Ne voyez-vous pas que le volcan n’a pas jeté toutes ses flammes, et que cette forme religieuse et sociale que le Christianisme protestant a revêtue doit disparaître à son tour ?

1711. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Un autre jour, Buffon a fouillé du regard les entrailles de notre globe ; il a demandé aux métaux, aux rochers, aux couches du terrain comment s’est formée la planète dont nous peuplons la surface, et la géologie vient à son tour prendre rang parmi ses sœurs plus anciennes. […] Non, les hommes de science se font hommes de lettres pour répandre leurs idées, pour les rendre accessibles, aimables, attrayantes ; et les hommes de lettres, à leur tour, se laissant tenter par la gloire du physicien ou du naturaliste, poussent des pointes dans un domaine qui trop souvent leur est étranger.

1712. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Iseult lui arrache des mains la corne à moitié vidée et elle boit à son tour. […] Chaque nation a son tour d’intelligence et sa manière de sentir qu’elle ne violerait pas impunément.

1713. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Voici le tour de l’auteur des symphonies très célèbres mais fort peu connues de Dante et de Faust, ébauchées l’une et l’autre de 1840 à 1845, écrites définitivement en 1856 et 1854. […] A votre tour, confrères de France !

1714. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Mais après avoir atteint le rivage, ces ondes à leur tour seront réfléchies vers le centre, où elles se mêleront aux ondes venues de la même source. […] L’extériorité des sensations des sens et l’intériorité des sensations du système, créent une large ligne de démarcation entre les perceptions qui naissent des unes, et les appétits ou instincts qui naissent des autres ; et celles-ci à leur tour donnent naissance aux diverses formes de sensibilité, connues sous les noms de pensée et d’émotion.

1715. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Et il a cette étonnante souplesse qui me paraît la marque même du conférencier : si une fée transformait l’auditoire d’un coup de baguette et, au moment où Charles-Brun pleure en phrases rythmées, lui jouait le tour de métamorphoser ses bons limousins émus en parisiens gouailleurs, immédiatement Charles-Brun s’apercevrait du changement, et immédiatement Charles-Brun serait à l’unisson. […] Mais ton tour viendra, et tu verras comme c’est bon. » La langue est pourtant maladroite et chatouille d’une façon qui serait désagréable à un épiderme sensible.

1716. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

La première théorie, à son tour, qui explique la volition par l’action de l’intelligence sur les inclinations, peut se subdiviser selon qu’on considère dans l’intelligence même : 1° l’action de l’image sensitive ; 2° l’action des idées et jugements. […] Au milieu de mon travail, tout à coup je me dis : — Si j’allais faire un tour de jardin ?

1717. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Aujourd’hui la reconnaissance générale de Hugo et Delacroix n’est-elle pas la négation absolue de la religion littéraire et picturale de la Restauration, et n’y a-t-il pas, en ce moment, des symptômes naissants de reconnaissances d’écoles qui seront à leur tour la négation de ce qui règne à peu près souverainement encore ? […] Non, le romancier, qui a le désir de se survivre, continuera à s’efforcer de mettre dans sa prose de la poésie, continuera à vouloir un rythme et une cadence pour ses périodes, continuera à rechercher l’image peinte, continuera à courir après l’épithète rare, continuera, selon la rédaction d’un délicat styliste de ce siècle, à combiner dans une expression le trop et l’assez, continuera à ne pas se refuser un tour pouvant faire de la peine aux ombres de MM. 

1718. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

C’est ce que l’on n’a pas fait ; et, à mon tour, je voudrais montrer que c’est ce que l’on ne fera pas. […] Nous sommes riches des acquisitions de ceux qui nous ont précédés, mais nous ajoutons toujours quelque chose à ce qu’ils nous ont légué, et ceux qui nous suivront ne partiront donc pas à leur tour du même point de départ que nous.

1719. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

C’est même souvent dans ces monologues que le musicien déploie tout le brillant de son art ; il peut se livrer à son génie ; il n’est point gêné, par la présence d’un interlocuteur qui demande à chanter à son tour. […] Le personnage qui parle le premier dans une scène, peut tomber dans plusieurs défauts ; en ne disant pas d’abord ce qui doit l’occuper le plus, ou faute d’employer les tours que sa passion demandait, ou même en s’étendant trop, et ne s’arrêtant pas aux endroits où il doit attendre et désirer qu’on lui réponde.

1720. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il est ensuite dans la circonstance piquante et exemplaire d’un homme, de révolution par les passions générales de son livre, par le tour d’esprit, par l’athéisme, frappant à coups redoublés le parti de la révolution et ses idées les plus chères, n’étant pas de la force de Samson et animé de l’esprit de Dieu, comme Samson ; mais n’en abattant pas moins la maison sur lui et les autres révolutionnaires. […] Au lieu de vivre par l’intérêt des faits, cette histoire périt sous eux, tant ces faits sont petits, nombreux, répétés, ennuyeusement atroces, car la perversité n’a pas beaucoup de manières de procéder et le tour de ses misérables inventions est bientôt accompli.

1721. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Il est clair que si le point S′ est en mouvement rectiligne varié par rapport à S censé immobile, S aura un mouvement rectiligne varié, de même vitesse au même moment, par rapport à S′ censé immobile à son tour 58. […] Il s’agit d’horloges qu’on se représente en mouvement, et elles ne peuvent être représentées en mouvement que dans l’esprit d’un observateur censé à son tour immobile, c’est-à-dire extérieur au système.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Friant à son tour avait de ces mois qui réussissaient à merveille auprès des soldats, de ces traits familiers qui ne suffiraient pas dans toutes les bouches, mais qui viennent bien quand on a le reste. — « Allons, mon petit 15e, en avant ! 

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Mais que le tour de ces moindres billets est facile, rapide, agréable, d’une galanterie naturelle, d’une familiarité qui se joue aisément sous le respect !

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Enfin, dans la dernière partie où intervient et domine la figure de l’artiste enthousiaste à la fois et un peu misanthrope, Marcel, il se révèle une qualité que la vigueur du romancier avait pu dissimuler quelquefois et qui finit par éclater à son tour ; il y a de l’esprit.

1725. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Comment vont-ils, à leur tour, distinguer, épiloguer, chicaner, se raviser, essayer de se rattraper ?

1726. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Dübner avait de près ses travers et ses défauts que vous me faites observer mais ce qui demeure, ce sont les services effectifs rendus à la littérature grecque, services que commencent seulement à rendre aujourd’hui à leur tour les Thurot, Tournier, Pierron, etc.

1727. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Avant d’arriver, en effet, à l’expression directe du sentiment qui l’émeut, le poëte érudit fait volontiers le grand tour ; il se souvient de tout ce qu’il a lu en diverses langues de plus ou moins analogue à ce qu’il sent ; il traverse laborieusement cette infinité de réminiscences ; il y réfracte mainte et mainte fois sa pensée primitive, et elle ne nous parvient, quand il l’exprime, que déjà détournée de sa route et dépouillée de son rayon.

1728. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Victorin qui, je l’ai dit, resta toute sa vie sur cet échec de 1812, l’expliquait en racontant, comme une chose d’hier, que, s’il n’avait pas eu le prix, c’est qu’on voulait alors que l’Université eût son tour dans les succès de l’Académie ; ce qui signifie, en d’autres termes, que Fontanes se prononça contre lui.

1729. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Or, que des muletiers d’Andalousie jouent ce tour-là à Sancho Pança, ou la populace des moines à Riego, on le conçoit ; c’est une farce ou une cruauté ; mais on ne saurait rien supposer de tel de la part d’une providence sérieuse et bienfaisante ; il faut donc que ces rapports peu harmoniques de l’âme avec le corps soient une peine ou une épreuve, un purgatoire en ce monde ou une croix.

1730. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Les luttes au-dedans qui ont succédé à la victoire, bien que vives à leur tour et réelles, n’ont jamais soulevé une sérieuse discorde civile ni changé l’enceinte législative en arène.

1731. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

La masse, à la fin, s’est irritée d’être en spectacle et en jeu ; elle s’est ruée ; elle a crié à son tour aux rois et aux puissants, tout pâles devant elle, de l’amuser du balcon ; ç’a été dans le premier moment une parade sanglante ; depuis lors il n’y a plus, à vrai dire, que de la foule et du peuple.

1732. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il prend encore « le tour et les lois que jadis les maîtres suivaient eux-mêmes. » Avec leurs règles, il se fait un art.

1733. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Marivaux, qui s’inspire d’Addison dans ses journaux, fournit par sa Vie de Marianne un modèle à Richardson, qui, traduit en français par l’abbé Prévost, sert à son tour de modèle à nos romanciers.

1734. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Et alors ils ont beau écrire trop vite et trop souvent ; ils ont beau écrire par métier, sans goût, sans plaisir, sans conviction : la qualité, le tour de leur esprit se révèle toujours par quelque endroit.

1735. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Car Antistius croit en Dieu, ou plutôt, comme il est impossible que la conception d’un Dieu personnel ne tourne pas à l’anthropomorphisme, il croit au divin. « Les dieux sont une injure à Dieu ; Dieu sera, à son tour, une injure au divin. » Il croit à la raison, à un ordre éternel.

1736. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Quant à nos pensées, plus elles seront selon la nature, moins elles resteront accessibles aux générations qui grandiront sur des vélocipèdes à l’ombre de la Tour Eiffel...

1737. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

L’aristocrate en arrive à perdre la foi sinon dans ses propres pensées, du moins dans leur efficacité sociale et il n’a plus de refuge que dans l’individualisme pessimiste dont Vigny et Gobineau restent les parfaits prototypes, dans la tour d’ivoire du penseur misanthrope où les esprits blessés trouvent un dernier, hautain et silencieux abri.

1738. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Est-il certain que les Allemands, qui ont élevé si haut le drapeau de l’ethnographie, ne verront pas les Slaves venir analyser, à leur tour, les noms des villages de la Saxe et de la Lusace, rechercher les traces des Wiltzes ou des Obotrites, et demander compte des massacres et des ventes en masse que les Othons firent de leurs aïeux ?

1739. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le règne du bien aura son tour.

1740. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Comme il la chante merveilleusement, la paix de la tour protectrice, La paix où l’on aspire alors qu’on est bien soi !

1741. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Il entre dans son sujet de haute lice ; il a l’élévation de ton aisée, naturelle, l’ampleur du tour, la propriété lumineuse et simple de l’expression.

1742. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Pouthier, après des aventures à défrayer un roman picaresque, et qui, sans attribution bien fixe dans la maison, est à la fois commis, restaurateur de tableaux, et surtout le patito de la jeune femme, remplit le fond du magasin de lazzis et de tours de force.

1743. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Moreau (de Tours), ne devenait aphasique que lorsqu’il avait la volonté réfléchie et consciencieuse d’articuler. — Sous l’empire d’une passion très-vive, on voit l’aphasique retrouver momentanément la parole. — M. 

1744. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Fleury lui-même, le dernier des marquis, depuis longtemps, était mort quand notre tour est arrivé de faire de la critique.

1745. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Le Père Castel, à son tour, semble se plaire à rabaisser le sujet sur lequel il a lui-même écrit.

1746. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Ceux qui cherchèrent aux armées la sûreté qu’ils ne trouvaient plus dans leurs foyers, ou les distractions aux ennuis dont ils étaient dévorés, ceux-là sont devenus à leur tour des pères de famille.

1747. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Court de Gébelin a voulu se rendre compte de la loi qui préside à la formation des différentes parties du discours, à leur construction grammaticale, à leur réunion en propositions ; et, à son tour, il a bien mérité de la science.

1748. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Même dans Une faiblesse de Minerve, le plus récent de ses livres, qui, du moins, témoigne de plus d’attention, d’observation et de repli que ses romans si superficiellement militaires l’intérêt principal du récit qui est l’intérêt du dénouement, repose tout entier sur une méprise encore ; sur la substitution d’une personne à une autre, espèce de tour de passe-passe, manqué dans l’imagination du lecteur, par la manière dont on le raconte.

1749. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

… Ainsi, désappointement, déception, chute sans matelas du haut… de la tour de Porcelaine, telle a été notre désagréable impression en lisant ces deux énormes volumes, ramassés partout, excepté en Chine, excepté là où il eût fallu chercher.

1750. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Ni Crassus ni personne, même quand Rome, comme une femme qui se jette du haut d’une tour, se précipitait dans sa dernière heure, ne songea une minute à introduire la comédie dans la famille et à la faire jouer par sa femme, ses filles et ses fils.

1751. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Seulement, dans un temps où la philosophie émet sur la nature humaine les notions les plus orgueilleusement fausses et la pousse à toutes les indépendances et à toutes les révoltes, et où la philanthropie, à son tour, bave d’attendrissement sur l’homme et sur le bonheur qui lui a toujours manqué, à ce pauvre homme !

1752. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Hello, qui souffre à son tour de l’indifférence, maudite un jour par Lamennais, d’une époque qui n’aurait pas écouté Balzac lui-même, le Balzac qu’elle adore !

1753. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Lecoy de la Marche, qui a écrit l’histoire de René d’Anjou, un contemporain de Louis XI, et qui n’est pas plus content des histoires qui ont précédé son histoire que Legeay des histoires qui avaient précédé la sienne, nous donne-t-il à son tour cette chose plus rare qu’une histoire de plus et que Legeay nous a donnée ?

1754. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Elle ne s’arrêtait point à un des effets du mal quand il s’agissait de remonter à toutes les causes, et en inspirant la résignation aux classes dénuées et opprimées, en appuyant à de sublimes espérances la moralité défaillant sous toutes les croix de ses épreuves, elle avait plus fait pour diminuer l’oppression et la misère, et, disons davantage, doubler la richesse sociale, par la modération ou les renoncements de la vertu, que l’Économie politique qui reprend à son tour le problème résolu par l’Église depuis tant de siècles, et qui prétend le résoudre aujourd’hui, avec toutes les convoitises excitées de la nature humaine, aussi aisément et plus complètement que l’Église avec toutes ses abnégations.

1755. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Il a suffi de prendre le contrepied de tout ce qui est admis et salué comme la vérité dans le monde, depuis qu’il existe, et le tour qu’on voulait faire a été fait.

1756. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

… Madame de Sévigné et ses amoureux, ces patiti qu’elle régalait de petites faveurs innocemment perverses, n’a donc rien à faire avec les femmes vertueuses pour de bon du xviie  siècle, avec ces saintes dont l’abbé Maynard, l’éminent auteur du Saint Vincent de Paul, nous écrit en ce moment la vie ; et si Hippolyte Babou, de cette main légère qui est la sienne, nous les môle à madame de Sévigné et à ses amoureux, dans son volume, comme des cartes à jouer qu’on fait se retrouver dans le même paquet, c’est que Babou, qui sait bien ce qu’il fait et qui ne fait que ce qu’il veut, ne veut être aujourd’hui qu’un faiseur de tours de cartes avec l’Histoire.

1757. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

quand on l’a évoquée et quand on l’a regardée à son tour, après avoir interrogé la physionomie ambiguë de son César anachorète, ne semble-t-il pas, à l’instant, que cette indication, qui n’en fut pas une, et que ce séjour à Yuste, qui fut moins une retraite qu’une résidence, prennent leur véritable caractère ?

1758. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Mais que Frédéric II, l’abominable Frédéric II, l’auteur des Trois imposteurs, le sarrasin, le sorcier, l’âme damnée, qui pouvait tout par la force et qui s’en servit si souvent avec une atrocité diabolique, invoquât à son tour la justice de Saint Louis, il y avait là, dans ce fait, quelque chose qui dépassait évidemment la puissance de la simple Royauté.

1759. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

C’est le tour de force du poète dramatique accompli ; et encore le poète, dans l’intérêt qu’il veut produire, idéalise autant qu’il le peut.

1760. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

» Et, dans toute la Correspondance, il ne cesse pas d’être de ce tour fringant, même quand il se trompe, car il se trompe parfois, et, par exemple, très souvent sur la monarchie.

1761. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

C’est là ce qui donne, selon moi, à ces lettres si simples, si peu surprenantes d’expression, si peu romanesques dans leur tour et dans leurs événements, passionnées infiniment dans leur profondeur mais de très peu de bouillonnement à la surface, quelque chose de si particulièrement attachant.

1762. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus !

1763. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Seulement, plus frappé que personne, en vertu de son tour d’esprit, de l’inutilité des charges à fond exécutées par les meilleures intelligences contre la Révolution dans les systèmes qu’elle a engendrés par la tête de ses plus illustres penseurs, et voyant, sur ces systèmes rompus, déshonorés, défaits, la Révolution vivre encore et continuer de ravager la pensée sociale, M. 

1764. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Elle ne vient pas non plus de la gaucherie du tour et de l’inhabitude d’écrire.

1765. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

En ce temps-là comme en celui-ci, il y avait contre la paternité et la famille, qui ne font qu’un, du reste, l’hostilité héréditaire de l’égalité entre tous et de la cohue révolutionnaire, qui ne font aussi qu’un à leur tour, et c’est pour sauver la Paternité et la Famille, qu’on voulait noyer dans cette cohue, c’est pour défendre leur personnalité et leur dignité violées par un enseignement qui n’aurait pas été chrétien, que Brucker fit ses Docteurs du jour, dont le jour est revenu… Il y discute toutes les questions hypocrites sous lesquelles les docteurs d’alors cachaient leurs haines et leurs projets contre la société chrétienne.

1766. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

L’esprit corporatif peut jouer de ces tours aux plus fermes esprits !

1767. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

C’est de la lumière qui tremble sur des larmes, des larmes qui tremblent sur des fleurs, et des arcs-en-ciel qui tremblent à leur tour sur ces fleurs, sur ces larmes et sur cette lumière, Dargaud est une nature poétique.

1768. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

D’autres esprits, non moins nombreux, estimeront, nous n’en doutons pas, que reporter la philosophie dans l’histoire, que l’arracher à l’abstraction, c’est diminuer d’autant la philosophie, et l’orgueil mis sur la croix à son tour poussera son grand cri… Mais tant mieux !

1769. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Quinet pense à son tour que ce n’est pas le rossignol, parce qu’il est le plus parfait et qu’il vient le dernier dans l’échelle, comme le curé à la procession, comme Quinet après Barrington… V Et je crois qu’en voilà assez… et que nous pouvons tourner l’énorme robinet de cette colossale fontaine des Innocents de la sottise et du pédantisme vide et vain !

1770. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Son esprit, à l’origine de sa vie, a dû être trempé dans cet attendrissement dont Lamartine pénétra tout son siècle, au temps de sa jeunesse, quand, après le sang qu’avait fait couler ce terrible poète de Napoléon Bonaparte, ce fut au tour des larmes de couler… A ce moment unique dans l’Histoire, toutes les imaginations faites pour la poésie s’imbibèrent de celle-là, inconnue dans la littérature française, car avant Lamartine, excepté La Fontaine, en quelques vers trop rares, mais divins, quel poète français avait vraiment rêvé ?

1771. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Les païens modernes, qui sont partout, se sont particulièrement épris de ce tour de force et de souplesse d’André, se faisant Grec du temps de Périclès, à la fin du xviiie  siècle, comme Chatterton, le seul analogue de Chénier dans l’histoire littéraire, s’était déjà fait du Moyen Age, avec un talent peut-être égal.

1772. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Je voudrais donner une idée de ce splendide désastre d’une philosophie impuissante à calmer les instincts affamés d’une âme de nature immortelle, mais ce qui fait la beauté exceptionnelle des poésies de madame Ackermann, c’est la largeur d’une aile qu’on ne peut guères enfermer dans le tour d’un chapitre.

1773. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ou bien, c’était l’enfant mort par l’opiniâtreté imprudente de sa mère qui, à son tour, pouvait tuer le sentiment qu’on avait pour elle.

1774. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Doué des qualités que je caractériserai tout à l’heure et qui ne manquent ni d’élévation ni de force, il s’est particulièrement, presque exclusivement consacré à ce genre de roman, qui représente dans l’art le matérialisme et la démocratie, et qui ferait le tour du monde, comme le drapeau de la Révolution, si la Critique, qui ne veut pas que les grandes notions littéraires périssent, ne lui barrait pas le chemin !

1775. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

— ne serait plus, à son tour, qu’une petite mécanique plus ou moins ingénieusement construite, une espèce de tourniquet à émotions, qu’on serrerait d’autant plus fort qu’on voudrait en finir plus vite… Seulement, disons-le, si l’art n’est conçu que comme une opération chirurgicale, — non nécessaire, — et que plus tôt c’est terminé, mieux ça vaut, pourquoi commencer ?

1776. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Il n’a point cette éloquence ingénieuse et brillante de Pline : mais le tour des éloges est plus adroit ; il loue en paraissant ne donner que des préceptes ; et sous prétexte de dire ce que doit être un grand homme, il dit en effet ce qu’a été Trajan.

1777. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Payez immédiatement ; louez à votre tour. — Est-il rien qui soit plus de nature à entretenir les bons commerces parmi les hommes ? […] Discours latins et vers latins étaient des exercices éminemment alexandrins, surtout parce tour ingénieux et bien significatif qui consistait à mettre en discours latin et en vers latins de préférence des choses contemporaines. […] Cela tranchait la question et permettait de se reposer, dans une formule, du reste, qui avait belle mine et tour noble. […] Paul Margueritte vient de traiter, à son tour, le sujet de l’amour quinquagénaire dans un roman intitulé : Sur le retour. […] Waddington qui, trois mois plus tard, ajoute : « Idées justes ; tour d’esprit agréable ; style fin et ingénieux ; manque parfois d’élévation, jamais de bon sens.

1778. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Non pas que j’oublie, à mon tour, le génie de saint Thomas et de Paracelse, les Pères de l’Église et les Alchimistes, ces rayons spirituels émanés de deux divers foyers de clartés pour converger à la même illumination du monde. […] Pascal a vu de ses yeux d’homme et de génie les besoins nouveaux des jours qui venaient, il a entendu la question qu’allait à son tour proposer au Sphinx l’Humanité, qui se lève quelquefois comme un Sphinx, elle aussi, devant l’autre, l’éternellement silencieux. […] Le langage de mes compagnons avait des tours mystérieux dont je comprenais le sens, les objets sans forme et sans vie se prêtaient eux-mêmes aux calculs de mon esprit ; — des combinaisons de cailloux, des figures d’angles, de fentes et d’ouvertures, des découpures de feuilles, des couleurs, des odeurs et des sons je voyais ressortir des harmonies jusqu’alors inconnues. […] honte de leurs ineptes rires, et devant cet homme que ces rires n’arrachaient pas à la sérénité de son silence méditatif, les rires se sont tus, à leur tour subissant la divine contagion du silence. […] Mais, peut-être, plaît-il de connaître comment les nouveaux, les derniers venus entendent, à leur tour, coopérer au Grand Œuvre.

1779. (1902) Propos littéraires. Première série

Car la source principale (non point la seule) de la moralité chez les hommes est le sentiment confus qu’il faut que la moralité soit, pour que la société subsiste ; et, donc, à mesuré que la société subsistera par elle-même, par son engrenage bien combiné, ce sentiment diminuera ; et ce qui a fondé la société sera peu à peu ruiné par la perfection de ses effets mêmes ; — jusqu’au jour où, l’effet n’ayant plus de cause, l’arbre n’ayant plus de sève, l’effet languira à son tour, l’arbre à son tour s’affaissera, et la nécessité s’imposera de recommencer par le commencement. […] C’est vraiment un joli tour de force. […] Vous vous figurez qu’il n’existe que dans ma folle imagination, et, à la vérité, vous feriez dix fois le tour de cette pelouse sans en trouver. […] Et ce sentimental passionné avait naturellement un tour d’esprit épigrammatique et piquant. […] « Il pense, et chacune de ses pensées réfléchit la pensée de ses semblables dans le cerveau desquels elle va se refléter et se reproduire à son tour. » — Solidarité.

1780. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Jocelyn cède : il est ordonné prêtre par l’évêque dans son cachot, afin de pouvoir à son tour lui donner les derniers sacrements et une mort sainte. […] Ichmé est assise, avec son enfant, dans la cour de la prison, qu’une haute tour domine. En levant les yeux, elle aperçoit Isnel au sommet de la tour. […] Mais tout à coup la corde, secouée du haut de la tour par des bourreaux embusqués, oscille épouvantablement et heurte contre les murailles Isnel et son cher fardeau. […] Le rêve que les anciens Indous ont rêvé pour excuser Dieu, le rêve que Platon a refait dans le Phédon d’une série d’existences par où les âmes, plus ou moins vite, s’épurent et remontent à Dieu, ce rêve que Victor Hugo développera à son tour dans Ce que dit la bouche d’ombre, Lamartine l’indique ici en quelques vers.

1781. (1885) L’Art romantique

Si jamais homme eut une tour d’ivoire bien défendue par les barreaux et les serrures, ce fut Eugène Delacroix. Qui a plus aimé sa tour d’ivoire, c’est-à-dire le secret ? […] Cadart, et ont appelé à leur tour leurs confrères, pour fonder une publication régulière d’eaux-fortes originales, — dont la première livraison, d’ailleurs, a déjà paru. […] Théophile Gautier à son tour sera mis sur le tapis ; mais, après les couronnes banales qui lui seront décernées (« qu’il a d’esprit ! […] Je vois, par l’histoire des peuples, que chacun à son tour est appelé à conquérir le monde ; peut-être en est-il de la domination poétique comme du règne de l’épée.

1782. (1898) La cité antique

L’enfant apportait donc en naissant le droit de les adorer et de leur offrir les sacrifices ; comme aussi, plus tard, quand la mort l’aurait divinisé lui-même, il devait être compté à son tour parmi ces dieux de la famille. […] L’enfant était présenté aux dieux domestiques ; une femme le portait dans ses bras et en courant lui faisait faire plusieurs fois le tour du feu sacré146. […] Puis chacun de ses compagnons, s’approchant à son tour, jette comme lui un peu de terre qu’il a apportée du pays d’où ilvient. […] Ô vous tous, gardiens de nos tours, ne les livrez pas à l’ennemi413. » Aussi était-ce pour s’assurer leur protection que les hommes leur vouaient un culte. […] Des prêtres et des victimaires suivaient la procession ; quand le troisième tour était achevé, le magistrat prononçait une formule de prière, et il immolait les victimes460.

1783. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Après que Louis XVIII s’était plaint de ce que les républicains avaient battu sa livrée, Pie VI, reprenant à son tour, disait : Ils ont le même jour battu la mienne aussi. […] Je n’imagine pas quel tour on peut prendre pour arriver à dire du mal de vous. […] Tâche de me procurer bientôt la même jouissance, qui me sera très-précieuse… etc. » Mme Récamier, peu après son arrivée, s’empressait à son tour d’écrire ; sur ces entrefaites, il y avait eu séance publique de l’académie de Lyon le 1er mai, et Camille y avait lu son discours de réception, le même dont Mme de Staël avait eu connaissance dans son passage à Lyon, et dont il avait déjà été donné lecture à l’académie dans trois séances privées : « Chaumont, 17 mai (1810). […] Les lettres de Sismondi, dans lesquelles il n’est que l’écho de la société de Coppet, ont, à ce sujet, fortement incriminé Esménard, et l’ont fait responsable du tour que prit l’affaire.

1784. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Viennet ; il disait quelquefois en riant : « Si l’on voulait me jouer un mauvais tour, ce serait d’en mettre une en répétition. » Mais il ne riait qu’à demi en disant cela, et il n’eût peut-être pas été très-fâché que l’idée en vînt à d’autres. […] Il n’est nullement étranger d’ailleurs à la science : s’il remarque en passant un pli géologique du sol, on sent à l’exactitude du signalement l’ami d’Élie de Beaumont ; s’il parle de la végétation, s’il rattache un pays, un degré de latitude à une plante, à une mousse, on sent l’ami d’Adrien de Jussieu ; s’il montre du doigt la tour de Tycho-Brahé, et s’il caractérise d’un mot « le ciel agrandi » que le patient observateur livra au génie et aux lois de Kepler, on sent le fils d’Ampère, nourri dans ces choses de science et qui parle naturellement la langue de sa maison. […] Nisard a un grand et dernier avantage définitif sur celle d’Ampère, c’est qu’elle est faite et que l’autre ne l’est pas ; elle est debout et fait de loin fort bonne figure dans sa tour carrée, tandis que l’autre est restée à l’état d’ébauche, n’offrant qu’un vaste tracé, un frontispice et quelques colonnes çà et là : on n’a pas eu l’édifice, on a la ruine. […] La lecture de la grammaire de Champollion, qu’il ouvrit un matin sans dessein arrêté, détermina en lui comme une vocation subite, irrésistible : devenu du jour au lendemain disciple de l’illustre inventeur et l’émule de Lepsius, il se plongea à corps perdu dans cette neuve étude qu’il prétendait bien ne pas aller vérifier seulement sur place, mais faire marcher à son tour et avancer.

1785. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Mais cette expérience acquise, il est rare qu’on ne l’emploie pas autour de sa qualité première fondamentale, qu’on ne la mette pas préférablement au service de son premier tour de caractère, quand il est décisif et dominant. […] Cette noble personne écrit, à son tour, à madame d’Hénin : « Je suis charmée que vous soyez contente de ma correspondance avec la cour (de Vienne), et du maintien du prisonnier ; il est vrai que le sentiment du mépris a garanti son cœur du malheur de haïr. […] Le plus grand malheur du général a été de survivre (ne fût-ce que de quelques jours) à la grande Révolution qu’il représentait depuis quarante et un ans ; en ne tombant pas précisément avec elle, il a fait à son tour l’effet de ceux qui s’obstinent à prolonger ce qui est usé et en arrière. […] Après la séance, on alla chez lui ; on lui exposa le tort qu’il se ferait en acceptant, le don de cette sorte ; que c’était un tour de Bonaparte pour le décrier, pour l’absorber ; qu’il valait mieux, s’il y tenait, faire voter la chose comme récompense publique.

1786. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Tel est le charme de ces livres qui remuent tous les sujets, qui donnent l’opinion de l’auteur sur toutes choses, qui nous promènent dans toutes les parties de sa pensée, et, pour ainsi dire, nous font faire le tour de son esprit. […] Il la fait comparaître, et lit l’acte d’accusation ; il présente ensuite le plaidoyer des défenseurs, qui essayent d’excuser ses légèretés et ses indécences ; enfin, il prend la parole à son tour, et prouve que les raisonnements exposés ne s’appliquent pas au cas en question, que les écrivains inculpés ont travaillé avec effet et préméditation à corrompre les mœurs, que non-seulement ils ont employé des mots inconvenants, mais qu’ils ont à dessein et de propos délibéré représenté des choses inconvenantes ; qu’ils ont pris soin partout d’effacer l’odieux du vice, de rendre la vertu ridicule, de ranger l’adultère parmi les belles façons et les exploits obligés d’un homme de goût, que cette intention est d’autant plus manifeste qu’elle était dans l’esprit du temps, et qu’ils flattaient un travers de leur siècle. […] Au-dessous des longs calculs, des formules d’algèbre, des déductions subtiles, des volumes écrits qui contiennent les combinaisons et les élaborations des cervelles savantes, il y a deux ou trois expériences sensibles, deux ou trois petits faits qu’on vous fait toucher du doigt, un tour de roue dans une machine, une coupure de scalpel sur un corps vivant, une coloration imprévue dans un liquide. […] La vérité est qu’il est orateur, et orateur à la façon de son pays ; mais comme il possède au plus haut degré les facultés oratoires, et qu’il les possède avec un tour et des instincts nationaux, il paraît suppléer par elles aux facultés qu’il n’a pas.

1787. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Ayant accompagné son père dans un petit voyage à Rouen, celui-ci s’arrêta devant les flèches de la cathédrale, dont il ne pouvait se lasser d’admirer la hauteur et la légèreté ; le jeune Henri levait aussi les yeux vers la cime des tours, mais c’était pour admirer le vol des hirondelles qui y faisaient leurs nids. […] Après tous ces récits, Marie Talbot témoigna le désir d’apprendre à son tour ce que son maître avait fait dans ses voyages. […] Quelquefois il avait l’espoir de l’aborder ; car la mer, dans ses mouvements irréguliers, laissait le vaisseau à sec, de manière qu’on en eût pu faire le tour à pied ; mais bientôt après, revenant sur ses pas avec une nouvelle furie, elle le couvrait d’énormes voûtes d’eau qui soulevaient tout l’avant de sa carène, et rejetaient bien loin sur le rivage le malheureux Paul, les jambes en sang, la poitrine meurtrie, et à demi noyé. […] Necker, l’homme à la mode, mais le moins naturel des écrivains ; sa femme, vertueuse mais prétentieuse ; sa fille, madame de Staël, capable de tout comprendre, mais non de tout faire ; Buffon, qui ne pouvait écrire qu’à l’ombre des créneaux de la tour de Montbard, et qui rendait dans ce cénacle les oracles de l’emphase ; Thomas, esprit bon et pur, corrompu par la rhétorique ; l’abbé Galiani, Napolitain de sens exquis, mais qui se nourrissait du sel de l’esprit au lieu de la substance du cœur ; enfin quelques grands artistes du temps, juges de forme plus que de fond, tel que le fameux peintre de marine Vernet, faisaient partie de l’auditoire.

1788. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Faire le tour des notions acquises de son époque est sans doute une des meilleures voluptés. […] Sur la Tour d’Ivoire La famille d’un personnage célèbre mort depuis longtemps a toujours le droit de protester quand quelqu’un juge trop durement les actes de ce personnage. […] Ils parlent sans cesse de tour d’ivoire. […] Il l’offrira à son tour au Parti Communiste Français.

1789. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

» Sainte-Beuve réplique coléreusement : « La propriété littéraire pas plus que l’autre… Il ne faut pas de propriété… Il faut que tout se renouvelle, que chacun travaille à son tour… Dans ces quelques paroles, jaillies du plus secret et du plus sincère de son âme, on sent, dans Sainte-Beuve, le célibataire révolutionnaire, et il nous apparaît presque avec la tête d’un conventionnel niveleur, d’un homme laissant percer contre la société du xixe  siècle des haines à la Rousseau, ce Jean-Jacques auquel il ressemble un peu physiologiquement. […] Et avec cela des yeux… tenez, quand il faisait ses Feuilles d’automne, nous montions, tous les soirs, sur les tours Notre-Dame, pour voir les couchers de soleil, — ce qui, entre nous, ne m’amusait pas beaucoup ; — eh bien, il voyait de là-haut, au balcon de l’Arsenal, la couleur de la robe de Mlle Nodier. » Oh ! […] Puis c’est cette récréation, où comme il est défendu d’avoir une amie, une préférence, une espèce de tour de valse les fait tomber à terre, l’une à côté de l’autre, au hasard. […] laisse échapper Sainte-Beuve, en se penchant vers moi : il faut avoir fait le tour de tout et ne croire à rien.

1790. (1899) Arabesques pp. 1-223

Puis il y eut les drames dans lesquels des fantômes maniaques s’épouvantent parce que la fenêtre est ouverte, ouverte, ouverte, parce que sept femmes et douze brebis dorment dans la prairie, parce qu’on a perdu la clef de la tour du Nord ou à cause de tout autre événement d’une importance aussi capitale. […] Oyons-le : « L’esprit nouveau, c’était le réveil de l’idéal, la protestation de l’âme contre le bas matérialisme, le triomphe du spiritualisme sur la littérature fangeuse ; c’était aussi la science acceptée, mais remise à sa place, réconciliée avec la foi, du moment qu’elle ne prétendait plus empiéter sur le domaine sacré de celle-ci ; c’était encore la démocratie accueillie paternellement, la république légitimée, reconnue à son tour, comme la bien-aimée de l’Église. […] Demain ce sera, peut-être, le tour de la sangsue nationaliste. […] Au contraire, il n’est pas de tours qu’on ne joue au peuple pour le faire tenir tranquille, tandis qu’on le gruge. […] Puis il y a des collectivistes roublards pour le pousser à « conquérir les pouvoirs publics », c’est-à-dire à leur confier le soin de l’affamer à leur tour… Toutes ces objurgations, tous ces prêches, tous ces grommellements s’unissent en un charivari tel qu’Aliboron lui-même ne s’entend plus braire, et que le peuple, infiniment triste, las d’écouter tant de sauveurs, se couche sur le sol et demande seulement qu’on le laisse dormir.

1791. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Jeudi 12 décembre Je vais faire un tour dans les quartiers bombardés de Paris. […] Je vais faire un tour aux environs d’Auteuil. […] La conversation est naturellement épouvantable, vec le tour gai, habituel à la parole des internes : « Les blessures sont terribles, dit l’un des jeunes gens, qui a des ciseaux et une pince, passés dans la première boutonnière de sa vareuse. […] Dans une interruption de la canonnade, je fais le tour de la maison. […] De l’autre côté du quai, le Palais de Justice a le toit de sa tour ronde décapité.

1792. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Les membres antérieurs ayant perdu toute force, le paresseux se coucha lentement et mit sa tête entre ses jambes de derrière, qui tenaient encore à la table ; mais lorsqu’elles furent atteintes à leur tour, il tomba à terre si doucement qu’on n’eût pas pu distinguer cette chute d’un mouvement ordinaire. […] Cette dernière se propage à son tour dans l’élément nerveux moteur, et, arrivée à son extrémité périphérique, elle fait vibrer la fibre musculaire, qui, réagissant en vertu de sa propriété élémentaire, opère la contraction ou le mouvement. […] En faisant l’autopsie au moment même de la mort, on doit donc toujours rencontrer des éléments organiques qui ont perdu leurs propriétés physiologiques ; mais d’autres qui les possèdent encore, et qui ne finissent par les perdre et par mourir à leur tour qu’à cause de la dislocation des fonctions nécessaires à leur existence. […] Ainsi les organes musculaires et nerveux entretiennent l’activité des organes qui préparent le sang ou le milieu intérieur ; mais le sang à son tour nourrit les organes qui le produisent. […] La raison ou le raisonnement développe ensuite l’idée et déduit ses conséquences logiques ; mais si le sentiment doit être éclairé par les lumières de la raison, la raison à son tour doit être guidée par l’expérience, qui seule lui permet de conclure.

1793. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il prétend qu’elle expose témérairement les jours d’Astyanax, parce que Pyrrhus pourrait bien punir le fils du tour cruel que lui aurait joué la mère. […] C’est même le but évident de ce tour burlesque : et, dès ce moment, Racine put dire : La tragédie m’appartient . […] Les spectateurs accoutumés aux pantomimes extravagantes, aux séditions, aux miracles, aux combats, aux tours de gibecière qui dénouent la plupart de nos tragédies modernes, trouvent le dénouement de Bajazet un peu froid ; mais il laisse dans tous les cœurs sensibles une tristesse profonde et délicieuse ; il satisfait tous les esprits justes et délicats. […] Boursault a pris de La Fontaine la circonstance de l’appétit qui n’est pas encore ouvert, et le tour heureux qui termine la fable ; mais il n’a pu lui emprunter son génie poétique, ses coups de pinceau, sa légèreté, sa grâce, son enjouement : peut-être même le style commun de Boursault est-il plus favorable pour l’acteur qui débite. […] La scène du vieux avare, qui veut être fermier-général, a paru très comique à La Harpe : peut-être les plaisanteries sur le tour du bâton étaient-elles moins usées il y a cent ans ; mais la scène finit par un sermon sur la mort et des pensées édifiantes sur la brièveté de la vie, qui n’ont rien de plaisant.

1794. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

et les grands objets de la vaste carrière ajoutent à l’impropriété du tour la faiblesse des épithètes. […] Si Zopire, dans le tête-à-tête, paraît supérieur à Mahomet par le bon sens et la droiture, Mahomet à son tour écrase absolument Zopire par la force et par l’activité. […] C’est dans la nature même, c’est dans l’explosion et le choc des passions qu’il faut choisir les coups de théâtre, et non pas dans des tours et des prestiges de joueur de gobelets. […] Je ne dis rien de cette mystérieuse cassette dont on fait l’inventaire sur la scène, de ces promenades de prêtres qui ouvrent une petite porte, descendent un petit escalier, font le tour du théâtre, remontent et se renferment dans leur niche ; je ne dis rien du jeu et du quiproquo du tombeau de Ninus : ce ne sont pas là les inventions d’un poète tragique, ce sont les tours de passe-passe d’un joueur de gobelets. […] La régence s’était écoulée entre ces deux comédies ; c’était assez pour donner aux deux ouvrages un caractère et un tour tout à fait différent.

1795. (1900) Molière pp. -283

Étienne Arago à son tour intervint plume en main dans la querelle ; il reprit et soutint dans son feuilleton de L’Avenir national la thèse qu’avait déjà plaidée avec son éloquence habituelle M.  […] Weiss eut alors envie d’intervenir à son tour pour venir en aide à M.  […] Je les veux renverser ; je veux à mon tour agiter la foule, lancer la Grèce dans les grandes choses, et moi dans les honneurs, et puisque je ne puis sortir d’ici le favori d’Aspasie, j’y reviendrai, je vous jure, le favori d’Athènes. […] Cet amant ivre d’amour qui se coupa la gorge le lendemain de son mariage, et cet ouvrier, enthousiaste de liberté populaire, qui se jeta du haut des tours Notre-Dame le 26 février 1848, étaient deux hommes également sages. […] Le serf, à son tour, écrasé sous tant de mépris, trouvait encore dans sa condition de chrétien de quoi dédaigner le juif, qu’il appelait « canaille » et qu’il brûlait.

1796. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

La musique instrumentale, à son tour, n’est qu’un développement de la voix humaine. […] La tragédie du dix-septième siècle elle-même est déjà d’un autre âge ; les « tirades » des drames romantiques sont à leur tour usées ; mais du continuel dépérissement des formes particulières de la poésie l’historien n’a pas le droit de conclure, avec M.  […] L’impossibilité de rester simple en cherchant des rimes riches risque à son tour d’entraîner comme conséquence un certain manque de sincérité. […] L’émotion, tel nous a paru être le principe psychologique du langage rythmé ; l’émotion, à son tour, a pour cause un sentiment ; le sentiment lui-même se résout pour la psychologie dans une pensée spontanée et encore confuse. […] Aussi un paysage aux lignes horizontales, aux édifices larges et bas, aura-t-il un caractère plus calme, souvent plus prosaïque, que de hautes maisons, des tours, des rochers à pic, de grands arbres droits.

1797. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les caractères. — Tous en opposition et se faisant ressortir mutuellement, témoin, comme nous l’avons déjà remarqué, la naïveté de l’innocente Agnès, avec les ruses et les efforts d’Arnolphe, pour conserver sa proie ; témoin encore l’aimable légèreté, la confiance d’Horace, avec l’étonnement de son rival sans cesse averti des tours qu’on vient de lui jouer, et dont il a cru se garantir. […] Elle le pressa de mettre à son tour, sur la scène, un sujet si propre à séduire le peuple ; et Molière ne pouvant résister aux sollicitations réitérées de ses camarades, fît paraître son Dom Juan, ou le Festin de Pierre, sur le théâtre du Palais-Royal, le 15 février. […] La décoration laisse voir le tombeau de Gonzalo, surmonté de sa statue ; dom Juan la prie à dîner, elle s’y rend, l’invite à son tour à souper dans sa chapelle, le fait servir par des lutins, l’embrasse ensuite, et dom Juan tombe mort après avoir demandé inutilement un prêtre et l’absolution. […] Ceux-là n’auraient, ce me semble, qu’à s’en faire donner à leur tour par ceux-ci, avec la ferme résolution d’en profiter ; et, grâce à cet échange, les voilà parfaits les uns et les autres. […] Dans La Cameriera nobile, Arlequin menace Célio de le battre ; Célio feint d’avoir peur, recule, puis se redresse, fait à son tour reculer Arlequin, et finit par le rosser.

1798. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

En revanche, en attirant la foule, fût-ce au prix de quelques concessions, en la sollicitant, par l’attrait d’un plaisir facile, à goûter à son tour le charme des belles œuvres, on rehausse et on purifie si peu que ce soit son idéal. […] À son tour, cette disposition morale se réfléchit et donne à leur attitude cette ressemblance frappante avec la nature qui agit sur nous par une sorte d’influence identique. […] Entraînés par leur exemple, les Français à leur tour ont brisé cette triple entrave, ou plutôt ils n’en ont conservé qu’une seule, l’unité d’action. […] Et en effet, le vaudeville a disparu dans une évolution de l’art dramatique moderne, évolution qui a consisté en ce que la musique, d’extérieure et d’étrangère qu’elle était, est montée à son tour sur la scène et est devenue un personnage du drame. […] Comme la musique, va-t-elle à son tour venir se mêler au drame, en devenir aussi un des personnages et concourir au développement de l’action elle-même ?

1799. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Va, ne crains rien : s’il t’a fuie jusqu’ici, bientôt il te poursuivra ; s’il a refusé tes dons, il va lui-meme t’en offrir ; l’ingrat, s’il ne t’aime pas, il va t’aimer à son tour, fusses-tu pour lui cruelle !  […] Jeune, à vingt ans, les cheveux au vent, le front au ciel, le bâton d’Oberman ou d’Ahasvérus à la main, on ferait le tour du monde en les récitant.

1800. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Lebrun fut du côté de M. de Barante, qui, à son tour, devait cette initiation à l’heureux hasard de Coppet. […] Lebrun, à son tour, vient de contribuer autant que personne, par son vote actif et persistant, à faire cesser au sein de l’Académie l’absence trop marquée d’un illustre novateur100.

1801. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» XVIII Le problème de la félicité des méchants, qui agitait Job jusqu’à la sueur de son front, agite David à son tour ; il l’exprime dans une ode égale en doute à celle du patriarche de Hus. […] La peste sévissait dans Jérusalem ; nous restâmes assis tout le jour en face des portes principales de la cité sainte ; nous fîmes le tour des murs en passant devant toutes les autres portes de la ville.

1802. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle se pose en Némésis à la porte des tours du Temple, après que la reine y gémit sur son époux, sur ses enfants, sur elle-même, entre le trône et l’échafaud. […] Aujourd’hui, c’est la vie de Cléry entre les mains, c’est en pouvant de nouveau s’appuyer sur des faits positifs, que M. de Lamartine confirme l’hommage qu’il rend à la vérité sur le dévouement si entier, si complet du fidèle Cléry, avant et après son entrée dans la tour du Temple.

1803. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

À la vue de mon pauvre père aveugle étendu ainsi sur le seuil et qu’il me fallait franchir pour voler sur les pas de mon frère, les forces me manquèrent ; je crus voir un sacrilège, et je tombai à mon tour à genoux et les bras étendus autour de son cou ; ma tante, de son côté, se précipita tout échevelée sur nos deux corps palpitants, en sorte que nous ne formions plus, à nous trois, qu’une seule masse vivante ou plutôt mourante, d’où ne sortaient que des sanglots et des soupirs, étouffés par des reproches et par des baisers. […] Et alors même que tu parviendrais à le découvrir et que tu te coucherais, comme une chienne sans maître, au pied de sa tour pour le voir un jour mener au supplice et pour demander à mourir avec lui, qui est-ce qui te nourrira en attendant, et où trouveras-tu, sans un baïoque seulement dans la main, un asile pour reposer ta tête ?

1804. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Enfin Ibsen eut son tour d’apothéose. […] Car, non seulement l’Éducation sentimentale est l’histoire de deux jeunes gens, très particuliers comme individus et très généraux comme types, puisqu’ils représentent, l’un, le jeune homme romantique, et l’autre, le jeune homme positiviste, et cela juste à l’heure où la période du positivisme va succéder chez nous à celle du romantisme ; et non seulement cette histoire se combine avec une étude des idées et des mœurs dans les dernières années du règne de Louis-Philippe : l’Éducation sentimentale est quelque chose de plus : l’histoire pittoresque et morale, sociale et politique, de la Révolution de 1848 ; elle nous dit, et avec profondeur, les barricades et les clubs, la rue et les salons, et elle nous montre cette chose extraordinaire : la confrontation effarée des bourgeois avec la Révolution, cette Révolution que leurs pères ont faite soixante ans auparavant, mais qu’ils croient terminée, puisqu’elle les a enrichis, qu’ils s’indignent de voir recommencer ou plutôt qu’ils ne reconnaissent plus quand c’est eux à leur tour qu’elle menace, et qu’ils renient alors avec épouvante et colère.

1805. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Si la civilisation devait fatalement aboutir à cet avortement, si le peuple à son tour devait s’user de la sorte et, au bout de quelques siècles, s’affadir au sein de la vanité et du plaisir, Caton aurait raison, il faudrait envisager comme des instruments de mollesse et briser sagement tout ce qui est à nos yeux instrument de culture et de perfectionnement, mais qui, dans cette hypothèse, ne servirait qu’à faire des générations avides de servitude pour vivre à l’aise. […] En société, il est d’une insoutenable bêtise et condamné au mutisme par le tour entier de la conversation qui ne lui permet pas d’y insérer un mot.

1806. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

C’est alors qu’éclate ce dialogue où la louange de la cité de Pallas sort d’un tour si imprévu et si fier ; Atossa interroge et les réponses retentissent comme des coups de ciseau taillant une statue superbe. […] Grave leçon qu’Athènes doit écouter aussi bien que Suse : c’est aujourd’hui le tour de la Perse, demain peut-être ce sera le sien.

1807. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Et maintenant, le voilà, lui, sculpteur, fils de Goujon et de Michel-Ange, l’amant patenté d’une petite bourgeoise, faite pour débiter des aiguilles ou peser du fil dans une boutique de la rue Mercière ; le voilà, lui, l’homme des musées et des temples, enfermé, à double tour, dans la cuisine économe du concubinage au miroton ! […] Il lui dit donc toute sorte de choses énergiques et sensées, à savoir que les amours illégitimes se brisent, tôt ou tard, contre les lois sociales rangées en bataille pour leur barrer le passage ; que le mari est, à vrai dire, le seul piment de l’adultère, et qu’une fois qu’il a repoussé de la main la femme qui l’outrage, celle-ci n’est plus qu’une maîtresse insipide que la satiété de l’amant rejette bientôt, à son tour.

1808. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Dans un bal, ce Martener, qui était médecin, comme son père, en un tour de valse que fit sa fille, à un rien, à une pose de son cou, la vit poitrinaire, morte, perdue. […] Puis, qu’est-ce que fait une répétition ou une négligence de syntaxe, si la création est neuve, si la conception est originale, s’il y a, ici et là, une épithète ou un tour de phrase, qui vaille à lui seul, cent pages d’une prose impeccable, qualité ordinaire.

1809. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Et sa virtuosité est telle qu’il se plaît, dans le Dialogue de Monos et Una, au tour de force de dégrader, par d’infinies atténuations, la vie cérébrale d’un mort récent, de sa plénitude au néant. […] Il excelle à faire craindre que la solution d’une énigme intéressante ne soit impossible, puis à l’extraire d’un tour de main des antinomies même qu’il lui a plu d’accumuler.

1810. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Dans un temps où la littérature indiscrète a raconté au public les mœurs de la vie de bohème, les aventures de la baronne d’Ange et celles de Marguerite Gautier, il est venu après les amusants conteurs dire à son tour l’idylle à travers champs, l’églogue à côté d’une bête morte, le boudoir de la courtisane assassinée, et personne ne viendra plus après lui Il a écrit la vérité dernière. […] Mais, à notre tour, prenons garde à ne pas tomber dans l’exagération.

1811. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet.

1812. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

rayée à son tour par d’injurieux passants, par les passions insultantes et railleuses :  Mais qu’importe à la cloche, et qu’importe à mon âme ?

1813. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Les Modernes à leur tour en étaient là et se guidaient sur les autorités, ce semble, les plus compétentes, lorsque la publication que fit en 1788 Villoison de la scholie de Venise sur l’Iliade est venue tout changer.

1814. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Les femmes que Casanova a le plus aimées, et qui l’ont le plus aimé aussi, ne meurent pas, ne menacent pas ; je ne dis point qu’elles l’oublient ni qu’elles se consolent entièrement ; mais elles lui promettent au départ de vivre et de tâcher d’être heureuses dans leur tristesse, de même qu’elles lui font promettre d’être heureux à son tour, et d’aimer encore, et de les oublier.

1815. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Les amours de Juliette et de Simiane ont du charme, de la vérité, et je n’y vois guère à reprendre que ces visites un peu trop gothiques, et qui sentent l’année 1828, au haut des tours de Notre-Dame.

1816. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Lorsque le gouverneur de la tour où est enfermé le jeune Arthur, fait apporter un fer chaud pour lui brûler les yeux, sans parler de l’atrocité d’une telle scène, il doit se passer là sur le théâtre une action dont l’imitation est impossible, et dont le spectateur observera tellement l’exécution, qu’il en oubliera l’effet moral.

1817. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Il est grivois et malin, se plaît aux bons tours et aux histoires lestes.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Membre du gouvernement de la Défense Nationale en 1870, chef de la délégation de Tours.

1819. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il voyait la laideur expressive de Molière, le paysage natal de Racine, cette nature sévère et harmonieuse de la Ferté-Milon, l’intérieur de bourgeois cossu du poète vieilli ; il nous le montrait dans son cabinet, en sa robe de chambre « bordée de satin violet », devant ses rayons garnis de livres, ou, lorsqu’il s’en allait à la cour, en « manteau d’écarlate rouge » et « en veste de gros de Tours à fleurs d’or », avec une « petite épée à garde et poignée d’argent » au côté, montant dans son carrosse rouge que tiraient deux bons vieux chevaux.

1820. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Henri de Régnier Non seulement Baudelaire fut un poète original et admirable, égal aux plus grands, avec je ne sais quoi d’une saveur captieuse et d’un tour magnifique, un linguiste excellent, mais encore un esprit qui eût, si l’on peut dire, de l’architecture.

1821. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Elle est fondée surtout sur un tour que joue le capitan, qui a lu une lettre que Pantalon envoyait à Venise, et dans laquelle il a vu le vrai nom de celui-ci et de sa fille.

1822. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

En écrivant cette lettre, j’en ai possédé l’image visuelle, et mon ami a possédé à son tour cette même image en lisant la lettre.

1823. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

» Et, continuant à bousculer son prédécesseur, il franchit le seuil à son tour, claqua la porte pour lui couper la retraite, courut au lit de Verlaine, lui serra les mains plein d’effusion et, avec l’enthousiasme d’un assaillant qui déploie un drapeau sur la citadelle enfin conquise, jeta triomphalement son nom en l’air : « Louis Le Cardonnel ! 

1824. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Personne n’a plus de goût à servir de matériaux à ces tours bâties, comme celles de Tamerlan, avec des cadavres.

1825. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

ils l’ont fait : trois cents ans après, le dogme nouveau était maître, et, quatre cents ans après, il était tyran à son tour.

1826. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

. — La littérature à son tour réagit sur la santé physique d’un peuple.

1827. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Si la psychologie a sa base dans la physiologie, elle sert de base à son tour aux sciences morales, sociales et politiques.

1828. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cette fois ce n’était pas la jalousie seulement qui faisait le tourment de la reine, c’était une fort légitime inquiétude sur son sort, sur le sort de son fils ; et comme Henri IV avait répudié Marguerite de Valois pour l’épouser, elle craignait d’être répudiée à son tour pour faire place à la princesse de Condé : ainsi, au supplice de l’amour négligé se joignaient le tourment de l’orgueil profondément blessé, le sentiment des droits les plus sacrés, outrageusement menacés, un esprit de vengeance sans retenue.

1829. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Ce profond désir de fonder une race héroïque qui soulève toutes nos poitrines, ce grand et magnifique génie l’a conçu à son tour irrésistiblement.

1830. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Puis, prenant l’offensive à leur tour, les mêmes philosophes demandent aux spiritualistes s’ils savent eux-mêmes comment l’âme pense, et si l’on est plus éclairé sur ce comment inconnu, en admettant un substratum occulte dont nul ne se fait une idée.

1831. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Aussi, nous garderons-nous bien d’aggraver la situation en insistant à notre tour sur des questions de détail qui, aux yeux du lecteur ennuyé, se présentent avec tous les caractères de la chinoiserie.

1832. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ils répondront que l’énergie d’une phrase et l’effet d’une figure tiennent si bien, pour ainsi dire, aux mots de la langue dans laquelle on a inventé et composé, qu’ils ne sçauroient eux-mêmes se traduire à leur gré, ni donner le tour original à leurs propres pensées, en les mettant de françois en latin, encore moins quand ils les mettent de latin en françois.

1833. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Un fait social se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu’il exerce ou est susceptible d’exercer sur les individus ; et la présence de ce pouvoir se reconnaît à son tour soit à l’existence de quelque sanction déterminée, soit à la résistance que le fait oppose à toute entreprise individuelle qui tend à lui faire violence.

1834. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

» Et voilà, dirons-nous à notre tour, la largeur d’esprit de M. de Gourmont.

1835. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Professons un culte religieux pour la cendre de nos ancêtres, si nous voulons que notre poussière, lorsque nous aurons cessé de vivre, ne soit pas, à son tour, jetée aux vents.

1836. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

« On mesure les tours parleur ombre, et les grands hommes par leurs envieux.

1837. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

L’explication qu’à son tour il essaie de donner de l’homme manque nécessairement de rigueur scientifique, et son livre, avortant au système, n’a plus que la valeur flottante d’un aperçu.

1838. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Fait par l’Église, le peuple fait la Ligue à son tour.

1839. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

eux-mêmes, les Germains, malgré l’infériorité de leur race comparée à la race gauloise, furent atteints à leur tour par ce prodigieux magnétisme qu’exerçait Rome sur l’univers.

1840. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Gaston Boissier a eu son tour.

1841. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

D’abord, ces lettres sont de Goethe, dont la gloire n’est point encore dans cette période de décroissance que la gloire subit à son tour, comme toutes les choses de ce monde fini.

1842. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Nous n’avons pas hésité à croire que ce grand égaré de Saint-Martin, qui a fait un livre intitulé Ecce homo, ne fût pris à son tour pour l’Ecce homo du mysticisme et outrageusement traité comme tel.

1843. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Ou bien, comme dans les Odelettes, les Funambulesques et même ces Œuvres complètes, qui ne nous répètent que le Banville que nous connaissons, sera-t-il éternellement réduit à la danse du châle des mots comme une bayadère, ou aux tours plus ou moins étonnants de ce singe de la fable qui avait trouvé une couronne et qui en faisait un berceau ?

1844. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Cette fille de dix-sept ans, qu’il faudrait surveiller, car elle a des accrocs déjà à son tour de gorge, et qu’on envoie au couvent pour lui dompter le tempérament, s’en va par les coches, avec un domestique, parle avec le premier venu dans les cours d’auberge, et soupe avec ce premier venu, le même soir !

1845. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

lisez plutôt ces lettres, ce roman fini dans un tour d’année.

1846. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Je ne vois pas en vertu de quel principe, la voiture sans chevaux, la voiture automobile ne pourrait à son tour rivaliser de beauté avec l’attelage coutumier.

1847. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Pourquoi conserveriez-vous ce concept bâtard quand vous analysez le fait de conscience a son tour ?

1848. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Figurez-vous un certain nombre d’instruments de musique qui tous, à tour de rôle, donneraient la même note sur des timbres différents. […] Seule une imagination rompue à la pratique du symbolisme devrait, semble-t-il, être capable d’un tel tour de force. […] Il faut s’ingénier continuellement à trouver la meilleure façon de pousser l’outil, le tour de main qui abrège la tâche, les artifices par lesquels on déjoue le mauvais vouloir de la matière. […] Pris d’émulation, brûlant d’enthousiasme à la vue de tels chefs-d’œuvre, l’artiste moderne se met à son tour au travail. […] Créer un beau monstre, qui dans sa complexité garde une certaine harmonie de formes, une certaine vraisemblance de structure, c’est un véritable tour de force pour l’imagination plastique.

1849. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il recherche « les épithètes moulées sur nature, les tours abondants et larges, les phrases à riches draperies, où l’on sent le nu sous l’étoffe, les muscles sous la pourpre14 ». […] A-t-il eu pour causes immédiates l’amour des contrastes et le goût du tour de force, que nous étudierons plus loin, ou doit-on lui attribuer des origines beaucoup plus complexes ? […] À son tour, il usa du système, selon une méthode semblable, et en l’accentuant encore davantage. […] et, quand on examine avec soin sa théorie, n’y découvre-t-on pas constamment l’admiration et l’apologie plus ou moins voilées du tour de force ? […] Comment alors n’a-t-il pas compris la faute où il tombait en rédigeant à son tour tout un code prosodique plus complet, plus minutieux, plus rigide qu’aucun de ceux précédemment édictés ?

1850. (1888) Impressions de théâtre. Première série

C’est déjà là un assez joli tour de force de la volonté, et qui est bien cornélien. […] Oui, mais en ayant soin de ne leur rien faire exprimer qu’ils ne soient capables de sentir, en mêlant au tissu du langage qu’elle leur prête le plus possible de locutions campagnardes, en conservant la lenteur, le tour, l’allure particulière du parler paysan. […] Mais cette dureté apparente de l’œuvre, ou plutôt ce caractère d’outrance, s’explique à son tour. […] il attendait son tour. — Et ton mari ? […] Nous ne savons pas trop aujourd’hui ce que c’était au juste que l’atticisme ; mais, si l’on entend par la le tour aisé, la clarté, la mesure et la grâce, quelque chose qui nous donne l’idée d’une vie heureuse et facile sous un ciel lumineux (telle que nous concevons la vie antique et particulièrement celle des Athéniens), ne peut-on pas bien appeler attique la partition de la Belle Hélène ?

1851. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Au lieu de s’en aller, — à la brasserie ou ailleurs, — on dirait qu’Adolphe s’applique à devenir fou en un tour d’horloge pour faire plaisir à sa femme. […] J’ai voulu montrer le bout du filet dans lequel le monde pourrait bien se trouver pris un jour et, en empruntant pour mon personnage le nom de Daniel, il ne me déplaisait pas d’être un peu prophète à mon tour. […] ce tutoiement… Chantel dit à Maud : « C’est à mon tour de partir, n’est-ce pas ?  […] Le petit Fortunio frise à son tour la soixantaine ; le petit Fortunio est maintenant maître Fortunio. […] Le tour de force exquis, c’eût été, je crois, d’exprimer des idées et des « états d’âme » d’à présent, sans avoir recours au lexique de nos psychologues, et par les locutions très simples qui convenaient à un conte bleu.

1852. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Elles sont faites pour faire connaître aux aînés de Paris un petit groupe qui veut à son tour conquérir le monde, et non point pour renseigner sur Paris la province pensante. […] Sur ces entrefaites il voit, en passant près d’une tour, Aelis la fille du roi Louis. […] Et la lune folâtre entre dans la tour blanche, Aux yeux de cette rose elle met sa langueur. […] Condamner la Chanson de la Plus Haute Tour eût été d’un auto-criticisme un peu trop sévère. […] Le génie français avait imprégné Heine qui, à son tour, a laissé en France des traces qui, bien plus tard, ont abouti dans les dernières recherches d’art de ce siècle.

1853. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il s’est montré causeur, fin, délicat, ténu, argutieux presque, et parlant des choses, avec le tour d’une pensée qui a cessé d’être française et qui s’est faite italienne. […] Les idées et les paroles affluent un peu chez lui, comme les liquides dans le goulot trop étroit d’une bouteille, mais il a un certain tour pasquinant dans le dire, assez amusant. […] Nous retrouvons Hugo, dans la salle à manger, debout et tout seul, devant la table, préparant la lecture de ses vers : une préparation qui a quelque chose de la manipulation préventive d’une séance de prestidigitation, où le prestidigitateur essayerait dans un coin, ses tours.

1854. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Selon moi, les variétés ou espèces naissantes, ainsi produites, sont plus tard converties en espèces nouvelles bien distinctes, qui, en vertu du principe d’hérédité, tendent à devenir à leur tour autant d’espèces dominantes. […] Et chez les plantes phanérogames, nous voyons une série de feuilles insérées sur des tours de spires successifs. […] Il nous est donc permis de supposer que le progéniteur inconnu des vertébrés possédait un grand nombre de vertèbres, le progéniteur inconnu des articulés un grand nombre de segments, et le progéniteur inconnu des plantes phanérogames, un grand nombre de tours de spirales supportant chacun un certain nombre de feuilles.

1855. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Détaillons : Musset charma mon adolescence de 15 à 18 ans ; Lamartine eut son tour et fut remplacé par Vigny (le Vigny des poèmes philosophiques s’entend) ; Mallarmé, première manière, vint ensuite. […] Jongleur de mots et de rimes, il étonne, en impose par ses merveilleux tours d’acrobatie versificatrice, sauf à communiquer le divin frisson poétique. […] Tous les grands à tour de rôle, quand je les lis, ou quand j’y rêve.

1856. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Et l’opération peut se continuer sans fin, la mémoire fortifiant et enrichissant la perception, qui, à son tour, de plus en plus développée, attire à elle un nombre croissant de souvenirs complémentaires. […] Et tandis que, pour s’en tenir à l’expérience pure, c’est de l’idée qu’il eût fallu nécessairement partir puisque les souvenirs auditifs lui doivent leur soudure et que les sons bruts à leur tour ne se complètent que par les souvenirs, on ne voit pas d’inconvénient, quand on a arbitrairement complété le son brut et arbitrairement aussi soudé ensemble les souvenirs, à renverser l’ordre naturel des choses, à affirmer que nous allons de la perception aux souvenirs et des souvenirs à l’idée. […] On supposera donc que ces trois termes, logés dans des portions distinctes du bulbe et de l’écorce, entretiennent entre eux des communications, les perceptions allant réveiller les souvenirs auditifs, et les souvenirs à leur tour des idées.

1857. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Par le fait, nous voyons une première vague, purement dionysiaque, venir se perdre dans l’orphisme, qui était d’une intellectualité supérieure ; une seconde, qu’on pourrait appeler orphique, aboutit au pythagorisme, c’est-à-dire à une philosophie ; à son tour le pythagorisme communiqua quelque chose de son esprit au platonisme ; et celui-ci, l’ayant recueilli, s’ouvrit naturellement plus tard au mysticisme alexandrin. […] Mais il y a des risques qu’il faut courir : une activité d’ordre supérieur, qui a besoin d’une activité plus basse, devra la susciter ou en tout cas la laisser faire, quitte à se défendre s’il en est besoin ; l’expérience montre que si, de deux tendances contraires mais complémentaires, l’une a grandi au point de vouloir prendre toute la place, l’autre s’en trouvera bien pour peu qu’elle ait su se conserver : son tour reviendra, et elle bénéficiera alors de tout ce qui a été fait sans elle, qui n’a même été mené vigoureusement que contre elle. […] Que n’a-t-elle considéré ces idées à leur tour !

1858. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Mais je suis bien sûr de retrouver, un tour ou l’autre, les écrivains qui comptent. […] Les diverses catégories de tentations se mêlent, s’enchevêtrent et s’entre-choquent, comme si elles avaient tiré leur tour au hasard dans un chapeau. […] Barrès, on ignore la beauté aimée pour elle-même, comme l’aime l’Italie. » Et à notre tour, combien nous aimons l’Italie pour cet amour de la beauté ! […] André Pératé a suivi la version italienne : sa traduction relevée de termes et de tours archaïques a beaucoup de charme et d’ingénuité un peu voulue. […] Il le scrute, le couve, le prédit volontiers, et ses prophéties affectent quelquefois un tour qui ne déparerait point les almanachs.

1859. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est injuste, disons-le encore, de rejeter toutes ces fautes sur le compte du dernier régime, et un des tours les plus dangereux que pourrait prendre l’amour-propre national serait de s’imaginer que nos malheurs n’ont eu pour cause que les fautes de Napoléon III, si bien que, Napoléon III une fois écarté, la victoire et le bonheur devraient nous revenir. […] Elle ne le serait pas, si l’on pouvait croire que l’Allemagne sera entraînée à son tour dans la ronde du sabbat démocratique, où nous avons laissé toute notre vertu ; mais cela n’est pas probable. […] Pendant que les peuples germaniques et slaves conserveraient leurs illusions de jeunes races, nous leur resterions inférieurs ; mais ces races vieilliront à leur tour ; elles entreront dans la voie de toute chair. […] Jusqu’à quel point cet esprit de révolte, qui n’est autre chose que la démocratie socialiste, envahira-t-il les pays germaniques à leur tour ?

1860. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

» — Même on se permettait, en ce temps-là, assez souvent, le style précieux, et les maîtres l’excusaient en disant : « Si l’on affecte une finesse de tour et souvent une trop grande délicatesse, ce n’est que par la bonne opinion que l’on a de ses lecteurs. » Nous avions donc une excellente opinion de nos lecteurs, et c’est pourquoi nous leur portions un grand respect, recherchant, avant tout, l’ornement, la parure et la grâce du discours. — À quoi bon, dira-t-on, et n’est-ce pas là une peine bien placée, écrire avec tant de zèle et tant d’ardeur une feuille éphémère, une chose qui dure à peine une heure et qu’emporte le vent du soir ? […] Dimanche, qui dans cette maison envahie attend son créancier des heures entières, cela veut dire : Allons, monseigneur, la dette, à son tour, monte et menace de tout engloutir ! […] Dimanche, voudra savoir, à son tour, ce que pèse votre manteau royal ! […] Tant pis pour toi, Sganarelle, te voilà tombé, à ton tour, de la mode dans la fantaisie. « En ce moment même tu expies ta dernière fantaisie, tu cherches qui te gouverne à cette heure, toi qui avais pris un prince, pour pouvoir te passer d’un maître. […] Le cabaretier, l’afficheur des comédiens, le capitan, le veilleur et l’ivrogne avaient leur tour. — Une fois, c’était la mascarade de la foire Saint-Germain, le balayeur (encore le balayeur !)

1861. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Elle n’est nulle part plus complète et plus frappante que dans Hamlet, car les deux conditions du grand effet dramatique s’y trouvent, l’unité dans la variété ; une seule impression constante, dominante ; et cette même impression diversifiée selon le caractère, le tour d’esprit, la condition des divers personnages dans lesquels elle se reproduit. […] » N’est-ce pas là, manifestement, dirons-nous à notre tour, la caricature grotesque d’une représentation de Hamlet et de la mesquine mise en scène qui en déparait les scènes les plus surnaturelles ou les plus meurtrières ? […] Cependant tout y est, tout s’y révèle ; et, dans une succession rapide, chaque objet à son tour émeut l’imagination, occupe l’attention et disparaît, laissant pour unique trace la confuse émotion du plaisir et une impression de vérité à laquelle on n’ose refuser ni accorder sa croyance. […] La fête s’étant terminée par une danse appelée chez nous, dit Girolamo, « la danse du chapeau » (dal cappello), une dame vint prendre Roméo, qui, se trouvant ainsi introduit dans la danse, après avoir fait quelques tours avec sa danseuse, la quitta pour aller prendre Juliette, qui dansait avec un autre. […] Gianetto arrive, et, averti par une suivante de ne pas boire le vin qu’on lui présentera avant de se mettre au lit, il surprend à son tour la dame qui, fort troublée d’abord de le trouver éveillé, se résigne cependant à son sort, et s’estime heureuse de le nommer le lendemain son époux.

1862. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

La science était tenue d’être épigrammatique ou oratoire ; le détail technique ou cru aurait déplu à un public de gens du monde ; le beau style omettait ou faussait les petits faits significatifs qui donnent aux caractères anciens leur tour propre et leur relief original. — Quand même on aurait osé les noter, on n’en aurait pas démêlé le sens et la portée. […] Voici que d’un autre côté le même cri s’élève ; c’est le bataillon de Rousseau et des socialistes qui, à son tour, vient donner l’assaut au régime établi.

1863. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Enfin, quand elle arrive, la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l’affaiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s’obscurcit, cette foule de sentiments et d’idées qui habitaient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change en fantôme avant de s’évanouir, tout cela fait mal, et l’homme vulgaire paraît, quand il expire, avoir moins à mourir ! […] Elle m’aperçut, et me montra du regard à son amie, qui se pencha à son tour pour regarder de mon côté.

1864. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

L’élève, à son tour, devenu grand homme, conserva un penchant de cœur pour l’éducation libérale des jésuites, et une reconnaissance filiale pour son maître, le Père Porée. […] On se brouilla, on se réconcilia, on se brouilla de nouveau ; enfin Voltaire quitta presque furtivement cette Prusse où il tremblait à chaque tour de roue d’être retenu par force ; sa nièce, madame Denys, était venue chercher son oncle comme pour imprimer par sa présence plus de respect au tyran du génie.

1865. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Un Gascon, sans que je le susse, jouait en moi des tours incroyables au Breton et lui faisait des mines de singe… Ma famille elle-même était partagée. […] Quellien, poète breton d’une verve si originale, le seul homme de notre temps chez lequel j’ai trouvé la faculté de créer des mythes, a rendu ce tour de ma destinée par une fiction très ingénieuse.

1866. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] Quand le second groupe se précipite à son tour, la tête de Parsifal est comme perdue au milieu d’une mer de fleurs mouvantes.

1867. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

A qui puis-je mieux l'adresser aujourd'hui, qu'à un Monarque formé sur un si grand modele, & qui peut y lire ce que la Postérité dira de lui à son tour ? […] Un Poëte comique, un Poëte Lyrique, un Savant érudit, qui se trouvoient aussi dans l’Assemblée, alloient parler à leur tour, quand les Interlocuteurs se mirent à se regarder & à éclater de rire.

1868. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Ce culte inextricable fait le tour du monde. […] … Tes parfums sont agréables à respirer, ton nom est comme l’huile répandue ; c’est pourquoi les jeunes femmes t’aiment… Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe suspendu entre mes seins… L’odeur de ses vêtements est comme l’odeur du Liban… Fortifiez-moi avec des raisins, soutenez-moi avec des oranges, car je ne meurs d’amour », Les Adonies répétèrent les fêtes de Byblos, adoucies et enrichies par le goût attique : Cypris vint, à son tour, comme sa sœur de Syrie, prendre entre ses bras le corps de « l’Époux » : mais, au lieu de l’étreinte furieuse d’Astarté, c’était un enlacement plein de grâce.

1869. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Selon Condillac, quand nous comparons deux sensations, par exemple la sensation que nous avons eue et celle que nous avons, nous les apercevons à la fois toutes les deux… « Apercevoir ou sentir ces deux sensations, c’est la même chose96. » Barratt écrit à son tour : « Il n’y a rien dans la relation au-delà de ses deux membres ; le changement n’est qu’une courte conscience simultanée des deux sensations. […] — Comment se fait-il, demanderons-nous à notre tour, que ces changements s’organisent sur la ligne du temps ou dans le cadre de l’espace ?

1870. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo se croit inventeur à son tour, et un inventeur colossal, parce qu’il a retrouvé quelques formes perdues du xvie  siècle ! […] Victor Hugo n’a qu’une langue, et il est sa tour de Babel à lui seul, périssant et croulé dans sa propre confusion.

1871. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

L’enfant s’amuse à voir une bille lancée contre des quilles renverser tout sur son passage en multipliant les dégâts ; il rit plus encore lorsque la bille, après des tours, détours, hésitations de tout genre, revient à son point de départ. […] Plus souvent encore à tout le monde, je veux dire au sens commun, qu’il prend à partie en tournant au paradoxe une idée courante, ou en utilisant un tour de phrase accepté, en parodiant une citation ou un proverbe.

1872. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il l’était autant par nature que par fortune ; son tour d’esprit comme sa position le fit écrivain. […] « La fougue lui faisait faire quelquefois le tour entier et redoublé d’une chambre courant sur les tables et les chaises sans toucher du pied la terre. » Il vécut et mourut dans les rages et les blasphèmes, « grinçant des dents », écumant, « les yeux hors de la tête », avec une telle tempête et si continue d’ordures et d’injures qu’on ne comprenait pas comment des nerfs d’homme y pouvaient résister ; le sang fiévreux de l’animal de proie s’allumait pour ne plus s’éteindre, et par des redoublements exaspérés s’acharnait après le butin.

1873. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

. — Je ne veux pas ; ce serait un trop mauvais tour ; cela ralentirait ma marche ; ils voudraient tous ensuite m’en donner le reste de la route, je resterais en chemin.

1874. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il est difficile, confesse à son tour M. 

1875. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Pour faire à Gresset sa vraie place, pour réserver le rang qu’elle mérite à une élégie de Parny, est-il donc indispensable d’avoir fait le tour des littératures, d’avoir lu les Niebelungen, et de savoir par cœur des stances mystiques de Calderon ?

1876. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Puisque l’émulation s’en mêle, elle me gagne à mon tour et je suis tenté de venir payer incidemment ma quote-part.

1877. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dans la tour isolée C’est le même timbre argentin, Le même hymne sur la vallée, Le même salut au matin.

1878. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Mais bientôt cette dernière diversion cessa ; et dès lors, durant les mois et les semaines du rapide déclin, il n’y aurait plus à noter que les délicatesses de son âme toujours ouverte et sensible à tout, les soins tendrement ingénieux d’une admirable épouse, la sollicitude unanime de tout ce qui l’approchait, jusqu’à ce qu’enfin à son tour, accompagné de la cité tout entière qui lui faisait cortége, ce qui restait de lui sur la terre s’achemina, le 11 juin, vers cette dernière allée de grands hêtres qui mènent au Champ du repos .

1879. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

La vie de l’homme en effet lui afflue de tous côtés par les relations qu’il soutient avec les autres hommes et avec la nature ; cette vie qu’il reçoit de l’univers, il la rend, il la rayonne à son tour en vertu d’une force propre et d’un foyer intérieur.

1880. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Pour apprendre à écrire surtout, il faut lire : c’est ainsi qu’on recueille des idées pour les exprimer à son tour.

1881. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Enfin il faut prendre garde que l’esprit, dans l’activité de l’invention, ne se rend pas toujours un compte exact de ce qu’il crée : il produit plus de formes que d’idées, et ne s’aperçoit pas que des images, des tours qui lui plaisent ne sont en somme que les enveloppes différentes de la même chose.

1882. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Le plus avisé, le plus fin de ces apologistes fut Sainte-Beuve, qui, comme je l’ai dit plus haut, joua aux classiques le bon tour de leur escamoter la poésie du xvie  siècle qu’ils avaient eu le tort d’oublier, pour la donner aux romantiques désireux de se créer une tradition et des ancêtres.

1883. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

On me cite de lui des mots d’un esprit surprenant, d’un tour héroïque, qui joignent l’éclat de l’image à l’imprévu de l’idée.

1884. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.

1885. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Enfin on peut signaler le goût de l’isolement dans la tour d’ivoire ; l’éloignement pour l’action, le dédain de toute idée morale et sociale.

1886. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Nous sentons très bien ces deux âmes opposées vivre côte à côte en nous, se mêler, se pénétrer, ruser l’une avec l’autre, se tendre des pièges, se jouer de mauvais tours.

1887. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Votre Science est impeccable, mais elle ne peut le rester qu’en s’enfermant dans une tour d’ivoire et en s’interdisant tout rapport avec le monde extérieur.

1888. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Sut-il quelque chose des légendes inventées pour le faire naître à Bethléhem, et en particulier du tour par lequel on rattacha son origine bethléhémite au recensement qui eut lieu par l’ordre du légat impérial, Quirinius 681 ?

1889. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Ils sont pleins de tours et d’expressions qui ne sont pas dans le style des discours de Jésus, et qui, au contraire, rentrent très-bien dans le langage habituel de Jean.

1890. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Quelque mécontente que dût être la société, cela ne l’empêchoit point de voir souvent des jésuites de Tours, & de vivre avec eux.

1891. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

De l’unité de la vérité, il conclut à l’unité de l’être ; il confond l’idée et la réalité, la science et l’existence, et abolit tous les êtres en les concentrant dans un seul, lequel n’est plus qu’une notion impersonnelle, un nom stérile qui tombe à son tour dans le néant.

1892. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Ce divertissement passager devint un usage annuel, puis sacrifice public, ensuite cérémonie universelle, enfin spectacle public profane : car, comme tout était sacré dans l’antiquité païenne, les jeux et les amusements se tournèrent en fêtes, et les temples à leur tour se métamorphosèrent en théâtres ; mais cela n’arriva que par degrés.

1893. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Ce fut pis, parce que les enfants, incapables d’avoir assez lu Montaigne et Molière et de les avoir assez lus en critiques pour avoir des idées personnelles, des idées bien à eux sur le tour d’esprit particulier de Molière et de Montaigne, ne mettaient dans leurs devoirs que des lambeaux, quelquefois un peu démarqués, de Sainte-Beuve, de Brunetière, de Lintilhac.

1894. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

car ce fut un danseur, aussi, comme on n’avait jamais dansé sur la corde de la phrase, ni sur sa corde raide, ni sur sa corde lâche, ni sur sa corde sinueuse et retortillée, et faisant cent tours !

1895. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Il a un langage à lui, un tour à lui, une manière désabusée et presque languissante de dire les choses à travers laquelle on sent l’ironie : une des formes de ses condamnations.

1896. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

On ne l’expédie pas d’un coup d’œil et d’un tour de main !

1897. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Ce que l’homme fait si aisément en se jouant, le temps doit s’en jouer à son tour.

1898. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

À son tour, la femme que voici l’a reprise à sa manière, et sa comédie est du même sexe qu’elle.

1899. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ainsi, les arts font le tour du monde.

1900. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Un canton de la Grèce, une île de quelques lieues de tour, donnait parfois plus de rares talents, plus d’artistes inspirés que n’en porte ailleurs un grand pays, même civilisé.

1901. (1886) Le roman russe pp. -351

Sans doute, des causes nombreuses et plus récentes ont donné à l’esprit national ce tour particulier de découragement, devenu dans les natures violentes la fureur de détruire tout ce qui est, parce que tout ce qui est est mauvais. […] On les chasse à leur tour ; enfin, la nation pourra respirer et regarder devant elle : de quel côté ? […] Rien encore du rire amer qui creusera bientôt son pli sur la lèvre de Gogol ; seulement le bon et franc rire d’un joyeux Cosaque, gavé d’une copieuse écuelle de gruau, et qui s’étire au soleil en écoutant les farces dont se vante son compère ; entreprises galantes de jeunes gars, bons tours joués au Juif ou aux autorités du village, soulaisons rabelaisiennes avec force gourmades. […] Il n’est pas très exact de dire que Tourguénef attaqua le servage ; les écrivains russes, par suite des conditions qui leur sont faites aussi bien que par le tour particulier de leur génie, n’attaquent jamais ouvertement, ils n’argumentent ni ne déclament : ils dépeignent sans conclure et font appel à la pitié plus qu’à la colère. […] Huit années se sont écoulées ; Lavretzky revient, par un matin de printemps, au nid de seigneurs ; une nouvelle génération l’habite, les enfants que nous y avons laissés sont devenus à leur tour de jeunes femmes et de jeunes hommes, avec leurs sentiments et leurs intérêts nouveaux ; le revenant, à peine reconnu par eux, tombe au milieu de leurs jeux ; c’est ainsi qu’avait débuté le récit, il semble que nous en recommencions la lecture.

1902. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il lit un poète antique et il le repense et il refait son poème à sa manière, enveloppant le conte antique de son âme moderne et lui donnant le tour d’esprit et la couleur philosophique qu’il aurait sans doute s’il était conçu aujourd’hui, ou demain, par l’un de nous. […] C’est ici qu’on saisit, si je ne me trompe, le tour particulier et les limites aussi de leur imagination. […] Son ironie a le tour de son caractère, elle est franche et transparente, et n’a pas la perfidie de celle d’Élise dans La Critique de l’École des femmes. […] Je ne vois que des tours que la cendre a couvertes, Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes, Un enfant dans les fers. […] C’est un phénomène de survivance des procédés d’un art ancien dans un art nouveau, ou de survivance d’un tour d’esprit antérieur dans un esprit très nouveau et très différent.

1903. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Leur seul mérite incontestable, c’est d’avoir fait pénétrer, dans le langage du centre et du nord de notre pays, tant d’expressions et de tours de dire ; le français est plein de latinismes provençaux ; la langue vaincue fut le butin de la langue victorieuse. […] Mais la Guerre des Dieux joua un mauvais tour à sa gloire, comme le Sopha à celle de Crébillon le fils. […] Il en dérive, certes, car on est toujours le fils de quelqu’un ; mais Héraclès, né de Zeus, lui joua de fort vilains tours, entre autres la délivrance de l’homme. […] Il faut bien être (ils avant d’être père à son tour. […] Henri de Régnier ne manquera pas de nous donner une longue suite d’œuvres plus admirables encore, définitivement personnelles, et d’avoir, devenu un maître à son tour, une belle postérité de poètes.

1904. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Je me trompe plus souvent qu’à mon tour. […] J’étais glorieux, je vous l’avoue, de pouvoir à mon tour le pénétrer des mêmes sentiments qu’il m’avait fait éprouver. […] Bonjour nous en cite un dont le drame a été présenté, par tour de faveur, quinze ans après avoir été reçu avec enthousiasme. […] Ils assurèrent d’abord que c’était le premier exemple de pareil tour de force. […] Et celui qui vient de parler ainsi sort à son tour.

1905. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

me fait-il remarquer, il ne faut pas confondre : il n’y a pas d’intrigue dans le Misanthrope, mais il y a de l’action, et même une action violente. » A mon tour je dis : c’est aller un peu loin. […] Il procédait de la Chaussée, Diderot et Sedaine, sans doute ; mais avec de telles différences qu’il avait bien son originalité à lui et qu’à son tour il était gros de nouveautés tout à fait singulières. […] Caignez : Ugolin ou la Tour de la faim (1821). […] C’est tout un tour d’esprit que prenaient nos pères et nos mères dans ces intérieurs tout particuliers, qui procédaient en droiture du théâtre de 1830. […] Mais que diable voulez-vous qu’à son tour le public prenne, pour l’imiter, dans leurs œuvres ?

1906. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Elle est un métier, dont il faut qu’on possède les outils et le tour de main. […] Qui oserait dire qu’à présent nous manquions de mots, de tours ? […] Aussi ne saurais-je exactement résumer Jean-Christophe (ne me faudrait-il pas, à mon tour et à cette fin, déchaîner une symphonie ? […] C’est le précieux, modeste et ravissant hommage d’un artiste : il donne ce qu’il a et, comme le baladin de Notre-Dame, il exécute pour elle ses meilleurs tours. […] Cet auditoire, à son tour, comprend comme il peut, comprend à sa manière.

1907. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

La Cousine Bette, de nouveau, le Cousin Pons, le Curé de Tours, Pierrette, la Vieille Fille posent un problème corrélatif à l’autre, celui du célibat et des modifications apportées au caractère par cette anomalie. […] Il rentre se mettre à son tour devant sa table et la fureur haletante de son travail paraît une démence à sa compagne, comme le puissant et paisible labeur de cette compagne lui paraît un embourgeoisement odieux de la muse. […] Le Cousin Pons est construit sur une autre échelle que la Cousine Bette, le Ménage de garçon que le Curé de Tours, le Médecin de campagne que le Curé de village. […] La nouvelle, ainsi comprise, fait songer à certains effets, voisins, semble-t-il, du tour de force, où se complurent pourtant de célèbres artistes de la Renaissance, entre autres Mantegna. […] Il était de bonne foi, par exemple, en se rebellant contre le dur talent de Flaubert, de même que dans Balzac il ne pouvait souffrir les romans comme le Curé de Tours, d’où le romanesque est entièrement absent.

1908. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

« Car, dit-il, si la chute grossière me rengageait dans la duplicité riante et perfide, celle-ci à son tour me renvoyait sans défense aux plus indistincts entraînements. » Enfin pourtant, Amaury se lasse de cet amour stérile, auquel sa vanité seule est intéressée. […] N’a-t-il voulu, comme on l’a dit, que se jouer agréablement dans un roman d’analyse, exercer sa plume dans une subtile et patiente dissection du cœur humain, assouplir son style et sa pensée par mille tours de force littéraires ? […] Jacquemont chevauche, en tête de sa caravane, avec deux pistolets de calibre dans ses fontes ; mais, ce qui est un grand scandale pour les Anglais, il ne porte ni fouet, ni éperons ; car son cheval, impatient de revoir les cimes de l’Himalaya d’où il est venu, lui fait mille tours pendables, et Jacquemont n’a pendant quelque temps d’autre souci que de se maintenir en bonne intelligence avec lui. […] Si vous me demandez le secret du comte de Saint-Julien pour arriver ainsi en un tour de roue à la fortune, ce secret est fort simple : ayez de très beaux yeux, des dents blanches, des mains blanches, des cheveux noirs, une blouse de coutil russe, et surtout tâchez de rencontrer sur votre route la princesse de Cavalcanti.

1909. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

» Je le sais, et cependant je leur demanderai à mon tour s’ils croient à la contagion du bien et du mal, à l’action des foules sur les individus et à l’obéissance involontaire, forcée, de l’individu à la foule. […] Dans ce vaste monument de la niaiserie, penché vers l’avenir comme la tour de Pise, et où s’élabore le bonheur du genre humain, il y a un très-honnête homme qui ne veut pas qu’on admire M.  […] Butté et qui représentent, je crois, la Tour de Babel et le Déluge. […] Et cette grâce, caressante, mordante, presque scientifique, se dresse à son tour, claire et purifiée des souillures de l’humus, parmi les grâces innombrables que l’Art avait déjà extraites de l’ignorante Nature.

1910. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Plus j’aurai avancé dans le sens tout négatif du relâchement, plus j’aurai créé d’extension et de complication ; plus la complication, à son tour, croîtra, plus admirable me paraîtra l’ordre qui continue à régner, inébranlé, entre les éléments. […] Qu’elle cherche à mettre sous le mot une idée : elle trouvera que le désordre peut bien être la négation d’un ordre, mais que cette négation est alors la constatation implicite de la présence de l’ordre opposé, constatation sur laquelle nous fermons les yeux parce qu’elle ne nous intéresse pas, ou à laquelle nous échappons en niant à son tour le second ordre, c’est-à-dire, au fond, en rétablissant le premier. […] Les individus se juxtaposent en une société ; mais la société, à peine formée, voudrait fondre dans un organisme nouveau les individus juxtaposés, de manière à devenir elle-même un individu qui puisse, a son tour, faire partie intégrante d’une association nouvelle. […] Les Protozoaires, constitués par une cellule unique, auraient formé, en se juxtaposant, des agrégats, lesquels, se rapprochant à leur tour, auraient donné des agrégats d’agrégats : ainsi, des organismes de plus cri plus compliqués, de plus en plus différenciés aussi, seraient nés de l’association d’organismes à peine différenciés et élémentaires 92.

1911. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Du jour que j’essayais de jeter à bas de leur piédestal les idoles grossières que notre génération a trop longtemps encensées, je savais que je serais traité d’impie, de blasphémateur, de barbare, par ceux qui se sont faits les desservants des faux dieux, et qui vivent aujourd’hui de l’autel en attendant d’y être placés à leur tour. […]   Le roman ne tarda pas à appliquer à son tour la poétique nouvelle. […] Mais à son tour il la confirme, et, dans de certaines limites, apporte à ses décrets la sanction de la force qui est en ses mains. […] Déjà nous avons vu ailleurs la première de ces propositions développée : c’est maintenant le tour de la seconde. […] Écoutez Le Compagnon du tour de France développer la même pensée qu’exprimait tout à l’heure Lélia : on sent qu’on tombe des hauteurs du lyrisme dans les brutalités révolutionnaires ; ce n’est plus le langage de la poésie, c’est celui du pamphlet ou du club.

1912. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ils sont las de vivre dans les Tours d’ivoire déshonorées, dans les chapelles néo-chrétiennes, dans les officines décadentes. […] Ébloui à son tour par les lumières nouvelles dont Bichat et Claude Bernard avaient éclairé la face de l’humanité, il résolut de les utiliser dans les hauts travaux qu’il se proposait d’entreprendre. […] Entre la tour d’ivoire de ces admirables maîtres que furent Vigny et Villiers de l’Isle-Adam, entre le mépris de Flaubert et le bannissement de Paul Verlaine, il y a place pour des hommes qui attendront que la foule se hausse à eux.

1913. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Il y a ici un éclat et un mouvement lyriques très supérieurs à tour ce qu’on admire dans les Méditations. […] C’est ce qu’un critique célèbre qui, lui aussi, a été un poète autrefois, entendait par la tour d’ivoire où vivait l’auteur d’Éloa. […] » Victor Hugo naissait, messieurs, au moment où notre pays, qui venait de proclamer l’affranchissement du monde, s’abandonnait, dans sa lassitude, à l’homme extraordinaire et néfaste couché aujourd’hui sous le dôme des Invalides, et qui allait répandre à son tour, qu’il le voulût ou non, les idées révolutionnaires à travers l’Europe doublement conquise.

1914. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Parmi les statues d’hommes nus, un certain rentrant des reins qui n’existe, dans les temps modernes, que chez les gymnastes et les faiseurs de tours. […] Et par moments, il nous semblait marcher dans une image peinte du Japon, autour de ce palais infini, sous ce toit avancé comme celui d’une bonzerie, éclairé par des globes de verre dépoli, tout pareils aux lanternes de papier d’une Fête des Lanternes ; ou bien sous le flottement des étendards et des drapeaux de toutes les nations, il nous venait l’impression d’errer dans les rues de l’Empire du Milieu, peintes par Hildebrand dans son Tour du monde, sous les zigzags claquants de leurs enseignes et de leurs oriflammes. […] Et le gentilhomme disparaît… Je ne vois plus dans cet intérieur de bohème, dans cette chambre de faiseur de tours aux chiens savants de Stevens, que le campement d’un saltimbanque en chambre.

1915. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et sur la passion de la peinture de Bracquemond fils, d’après des vitraux, il me confesse avoir ce goût, et avoir travaillé à Chartres, à Reims, et à Notre-Dame, à Notre-Dame, qu’il a habitée la matinée, presque deux années, visitant tous les coins et les recoins des tours, au milieu de ces anges suspendus dans le ciel, ayant comme des mouvements de corps, pour se retenir et ne pas tomber en bas. […] Un jeune divorcé disait à un de mes amis : « Aujourd’hui, la généralité des jeunes filles supérieures, regarde le mariage comme un essai, un essai sans chance de durée : ces demoiselles ne se cachant pas de dire, que lors de ce mariage, elles n’ont pas la connaissance des hommes, et que cette première union, n’est qu’un apprentissage, une étude pratique de l’homme dans le mari : apprentissage qui les met en état de faire un choix judicieux, au second tour, au second mariage. » Tout à la fin de la soirée, Daudet me jette de son fauteuil, où il écrit : — Au dîner de Fasquelle de vendredi dernier, les Charpentier vous ont-ils dit quelque chose ? […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.

1916. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Et le tour sera joué. » Nul doute que M.  […] Leurs frères aînés, leurs parrains à leur tour, en haussent les épaules et se disent : « Nous ne comprenons pas. […] Les conversations ont pris un tour souvent agressif, qui fait que nous nous taisons. […] Et comme il savait donner au moindre récit un tour passionnant et distingué ! […] À mon tour, je la soumets à mes lecteurs qui pourront trouver quelque plaisir, en lui cherchant une solution.

1917. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

À Oxford, c’était un tour de force qui excitait la curiosité ; peut-être même la curiosité n’entrait-elle pour rien dans l’affluence des auditeurs, peut-être faut-il expliquer par le seul esprit de parti le nombre des personnes réunies pour assister à l’installation du duc de Wellington. […] Sue déclare, dans la préface de Latréaumont, qu’il croit avoir fait une œuvre sérieuse ; la critique, en le prenant au mot, est obligée de se montrer sérieuse à son tour. […] Nous n’aimons pas les tours de force et nous pensons qu’ils ne portent profit à personne. […] Il ne s’est pas enquis du sens précis de la tradition ; il ne s’est pas demandé quelle valeur il faut attribuer au passé, si les ouvrages admirés conseillent la servilité ou l’indépendance, s’il convient de les copier, ou d’engager la lutte et de créer à son tour. […] Les courtisans, si humbles qu’ils soient près du roi qu’ils adorent, ne renoncent pourtant pas aux joies de l’orgueil ; ils consentent bien à proclamer le génie du maître, mais ils se consolent en se proclamant à leur tour plus clairvoyants et plus sages que la foule dévouée aux royautés voisines.

1918. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Si la Beauté vous persécute et vous dévore, dévorez à votre tour tout ce qui vous environne, comme un palais incendié qui darde autour de lui ses flèches, ses fleuves, ses nappes de flammes. […] Premier né de la Douleur, l’Amour intense appelle donc l’Enthousiasme et l’Enthousiasme, à son tour, appelle la Beauté suprême. […] Et ce naïf, mais incompréhensible tour de force a été exécuté d’une telle manière que son livre d’adolescent est suggestif même pour les plus illuminés hiérographes chrétiens qui auront, un jour, à balbutier quelque chose de la Paternité divine ! […] Il attendit ainsi que tout fût dit et qu’un silence lui permît de parler à son tour. […] Les francs-maçons à leur tour, protestent invariablement de leur inaltérable simplicité.

1919. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

C’est dans une catégorie inférieure que j’expose, à mon tour, les produits de mes coteaux modérés. […] La vie des enfants ne répare point la vie manquée des pères, elle est de la vie même, manquée à son tour dans une certaine mesure, comme toute vie humaine. […] Mais son Journal, lui, a connu, depuis la mort d’Amiel, une existence dramatique et accidentée, et dont s’émerveillerait ce journal s’il prenait conscience de lui, s’il écrivait à son tour son journal. Les deux volumes publiés autrefois par Schérer et la légataire d’Amiel, Mlle Mercier, ont fait le tour du monde, sont devenus un des grands livres de la vie intérieure, ont été traduits en des nombreuses langues, ont provoqué les polémiques, se sont fait des amis de cœur chaud et des ennemis acharnés. […] Il y a malheureusement en nous un Méphisto qui sourit devant les tours et les retours du chemin vers ce monde divin.

1920. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Continuez à prendre ce parti, car quiconque s’incommode trop pour les autres se sacrifie soi-même sans qu’on lui en sache le moindre gré ; et puisque absolument la fortune veut diriger toutes nos actions, il faut la laisser faire à sa guise, ne la déranger en rien, et attendre qu’elle permette aux hommes d’agir à leur tour. […] « Puisqu’il en est ainsi, je vais essayer de vous rendre un plaisir équivalent à celui que m’a fait votre lettre, et vous dire à mon tour la façon dont je gouverne ma vie… « J’habite dans ma métairie, et, depuis mes disgrâces, je ne crois pas avoir été vingt jours en tout à Florence.

1921. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Ici il s’arrête et il pense : XIII « Le tableau général de la nature que j’essaye de dresser serait incomplet, si je n’entreprenais de décrire ici également, en quelques traits caractéristiques, l’espèce humaine considérée dans ses nuances physiques, dans la distribution géographique de ses types contemporains, dans l’influence que lui ont fait subir les forces terrestres, et qu’à son tour elle a exercée, quoique plus faiblement, sur celles-ci. […] S’il m’était permis d’interroger ici mes plus anciens souvenirs de jeunesse, de signaler l’attrait qui m’inspira de bonne heure l’invincible désir de visiter les régions tropicales, je citerais : les descriptions pittoresques des îles de la mer du Sud, par George Forster ; les tableaux de Hodges représentant les rives du Gange, dans la maison de Warren Hastings, à Londres ; un dragonnier colossal dans une vieille tour du jardin botanique à Berlin.

1922. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Le « nous » voulait nous faire croire à son accord avec le « moi », mais l’instinct égoïste, à son tour, cherche à passer sous le couvert de l’instinct social. […] Il faut l’étayer à son tour.

1923. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Le regard plonge dans la rue tournante, déjà ténébreuse, et l’on ne voit que tours en poivrière et pignons pointus découpant sur le bleu pâlissant du ciel leurs dentelures imprévues. […] Puis, c’est le tour d’Éva de venir, dans cet humble réduit, réchauffer son doux espoir.

1924. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Plus tard, quand son Lohengrin avait commencé le tour du monde et qu’il vint en personne conduire aux Italiens des fragments de ses œuvres, nous l’avons bafoué. […] Par le souvenir de cette histoire douloureuse, Albert Wolff rappelle à Carvalho qu’il n’a pas les moyens de renouveler cette mauvaise expérience qui risquerait cette fois d’être d’autant plus violente que la menace prend un tour politique que n’avait pas « l’affaire Van Zandt ».

1925. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et, à notre tour, nous avons refusé ; — refusé, voulant rester indépendants et ne pas mettre les ficelles de notre enthousiasme entre les mains d’un chef de claque, et, comme des pantins, ne pas lever les bras, jeter des cris, pleurer d’admiration, selon le caprice de Son Indépendance. […] Après tout, s’il me prenait fantaisie de faire le tour des théâtres de Paris, il se pourrait bien que les directeurs épargnassent aux censeurs le crime que je leur impute par avance et que notre pièce fût refusée partout.

1926. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Chateaubriand s’empara de la langue forgée par la révolution et la mania en virtuose de génie : ce n’est que lorsque la langue romantique eut affirmé dans la prose sa suprématie rhétoricienne et eut élaboré les éléments d’une langue poétique que Victor Hugo put, à son tour, faire triompher le romantisme dans la poésie. […] Le Bourgeois a pris sa revanche : maintenant c’est son tour de mépriser les artistes, qui adoptent ses mœurs et ses idées, et qui singent son faste grossier et son inartistique manie de bibelots et de bric-à-brac.

1927. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

On a vu qu’une espèce donne d’abord naissance à deux ou trois variétés qui se convertissent par degrés en espèces ; que celles-ci à leur tour produisent avec la même lenteur et pas à pas d’autres espèces ; et ainsi de suite jusqu’à ce que le groupe atteigne à son apogée, comme les ramifications d’un grand arbre proviennent toutes d’un premier rameau unique. […] Et comme les nouvelles espèces ainsi formées héritent des qualités qui ont assuré la domination à leurs souches mères, et que de plus elles ont déjà remporté quelque avantage sur leurs parents ou sur les autres espèces, elles peuvent à leur tour s’étendre, varier et produire des espèces nouvelles.

1928. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Moreau, de Tours, se laisse aller à dire que les lobes cérébraux veulent la contraction musculaire sans l’exciter, sauf à rectifier son langage quelques lignes plus bas. […] Moreau, de Tours, le définit une névrose.

1929. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Févret, dans son dialogue latin sur les orateurs illustres du barreau bourguignon, en regrettant que Jeannin en eût été sitôt enlevé, a caractérisé son genre d’éloquence en des termes magnifiques, trop magnifiques sans doute dans leur ampleur cicéronienne, mais où il n’est pas impossible de noter quelques-uns des mérites particuliers à l’homme : il le loue de son abondance, de sa gravité, de sa véhémence, de son tour pénétrant, mais aussi de sa douceur ; il insiste sur ce dernier trait : Ce qui plaisait dans cet homme d’un souffle élevé, dit-il, c’était une majesté tempérée de physionomie et de visage.

1930. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Les dangers croissants de la famille royale, ces douleurs de chaque jour dont il était témoin et dépositaire, laissaient des empreintes profondes dans l’âme de Vicq d’Azyr et ébranlaient sa sensibilité ; il s’y voyait à son tour immiscé et compromis.

1931. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il se hasarde de propos délibéré, à la tête d’une centaine de gens de pied, pour protéger la retraite de la cavalerie qui s’était imprudemment engagée, et à force d’audace, de ténacité, de ruse, de tours et de retours, il parvient non seulement à sauver les autres, mais à se sauver lui-même le dernier.

1932. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Le discours auquel le prix a été décerné à l’unanimité des suffrages, se distingue par la composition, la justesse de la pensée, le tour aisé et le soin de l’expression ; on sent une plume exercée, châtiée, maîtresse d’elle-même, soit qu’elle coure avec vivacité, soit qu’elle se complaise au développement.

1933. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Fauris de Saint-Vincens, ami de Vauvenargues et de trois ans plus jeune que lui, était fils d’un conseiller à la Cour des comptes de Provence, et devint à son tour conseiller, puis président à mortier au parlement de la même province ; il ne mourut qu’en 1798 et était connu pour un érudit et un antiquaire des plus distingués, associé correspondant de l’ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres.

1934. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Dans la version que j’adopte, on sent mieux le mouvement, les tours et le laisser-aller de la conversation.

1935. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Et ainsi, lorsque la prédication de Jésus commençait, lorsque après l’avoir vu, au retour du désert et de sa tentation triomphante, quitter de nouveau sa mère, Marie triste et résignée, on le suivait le long de la mer de Galilée allant recruter des pêcheurs pour disciples ; lorsque dans des scènes très plates et d’un langage délayé, mais assez naïves, on assistait à ces conversations, puis à ces conversions de pêcheurs, de gens de métier, chacun ayant sa physionomie et gardant assez bien son caractère ; lorsque le cortège des Douze se complétait ainsi à vue d’œil, avec sa variété, — parmi eux un seul noble, Barthélemy « en habit de prince », les autres dans leurs habits mécaniques ou de travail, saint Thomas en habit de charpentier, ayant jeté seulement ses outils, et Matthieu le publicain, à son tour, assis d’abord devant sa table, avec ses sacs d’argent rangés dessus, et cependant offrant dans sa maison un repas à Jésus qui l’accepte, — il y avait certainement, à cette suite de scènes familières, un intérêt que l’on conçoit encore très-bien aujourd’hui, et qui consistait dans l’extrême détail, dans le naturel minutieux du développement, dans l’imitation et la copie de la vie.

1936. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il renouvelle à son tour ce grand effort, dans des conditions particulières, bien moins avantageuses à ne considérer que les sources, la matière et l’intérêt, et cependant avec une intention et une prétention plus marquée, plus formelle, de tout restaurer du passé.

1937. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Pradt eût pu atteindre son but avec un peu plus de modération et de prudence dans ses discours, et sous un règne moins contraire aux gens d’Église et moins porté à choisir pour les places les plus élevées des instruments aveuglément soumis. » Nous ne saurions admettre un tel portrait flatté du spirituel et loquace abbé, nous qui vivons depuis assez longtemps pour l’avoir rencontré, à notre tour, et pour l’avoir entendu dans sa vieillesse.

1938. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.

1939. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot, à ce propos, a tracé le plus fin portrait de cet agent d’intrigue et qui était dès longtemps suspect à Napoléon2 ; mais il a beau faire et essayer de nous amuser au détail, il a beau donner un tour plaisant au récit de son voyage à travers la Picardie après qu’il s’est enfui et comme évadé de sa préfecture, il ne réussit pas à pallier le fond : l’acte est là qui parle assez haut : il y a quelque chose dans la conscience qui se refuse à admettre que le ministre d’hier à Düsseldorf, le préfet de Lille, d’une ville frontière, soit passé dès le premier jour, et pendant que Napoléon luttait encore, dans le Gouvernement intermédiaire qui le détrônait.

1940. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

En un mot, dans cette carrière ouverte au commencement du siècle par Racine fils et par Voltaire, et suivie si activement en des sens divers par Le Tourneur et Ducis, par Suard et l’abbé Arnaud, Léonard à son tour fait un pas ; il est de ceux qui tendent à introduire une veine des littératures étrangères modernes dans la nôtre.

1941. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

. — À notre tour, nous pouvons lui fournir un renseignement non moins utile.

1942. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Dès Conon de Béthune, le tour dialectique et oratoire est sensible74.

1943. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Son naturel génie lui rendrait enfin le souvenir de lui-même, et il reconquerrait ce qui lui appartient ; mais cette réaction dépasserait probablement à son tour les limites de l’harmonie propre à cet art et le ballet présenterait, pour longtemps, un excès de gestes à l’exclusion de toutes attitudes.

1944. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Les agents des prêtres lièrent donc Jésus et l’amenèrent au prétoire, qui était l’ancien palais d’Hérode 1114, joignant la tour Antonia 1115.

1945. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Puis, à son tour, ce Dieu généreux, fait de toutes nos générosités, se dépenserait en créations, se dépenserait jusqu’à la mort.

1946. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Enfin, pour choisir le dernier et, selon quelques-uns, le plus éminent entre ces mérites d’Anselme, je dirai qu’il joignait à ses qualités de moraliste et de praticien des âmes une faculté qui en est souvent séparée, l’élévation paisible et le tour contemplatif du métaphysicien qui s’applique aux conceptions premières des choses.

1947. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

II Origine des premiers mouvements appétitifs I Le plus simple des mouvements faits avec une intention définie doit avoir été précédé par un mouvement plus simple encore ; car un mouvement intentionnel défini présuppose l’idée de ce mouvement même avant sa réalisation actuelle ; l’idée, à son tour, présuppose un mouvement antérieur dont elle est le résidu mental.

1948. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Ce moi conçu et imaginé devient à son tour un centre de gravitation pour les désirs.

1949. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Il est fâcheux que les femmes ne pèsent pas à leur tour des cerveaux ; peut-être verrions-nous alors les rôles renversés.

1950. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Prenez la prose anglaise à sa grande époque avec des écrivains tels qu’Addison, Johnson, Swift, Richardson, Fielding, leur originalité consiste exclusivement dans la pensée et le tour d’esprit : la langue que parlent ces hommes ingénieux est peu variée, assez monotone dans ses constructions, et parfois même, si j’ose dire toute mon opinion, quelque peu languissante et plate.

1951. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Saint Petrone vêtu en évêque, et portant sur la main la ville de Boulogne caracterisée par ses principaux bâtimens et par ses tours, n’est pas une figure connuë en France generalement comme elle l’est en Lombardie.

1952. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Le mot qu’on sçait fait deviner le mot qu’on ne sçait pas, et celui-là fait à son tour deviner un autre mot.

1953. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Lorsque après Richardson fut venu le tour de Laurence Sterne, le mot Sentimental devint tyranniquement à la mode.

1954. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Mme Colet, jalouse trois fois, jalouse du talent de la femme, de sa folle renommée et du succès matériel de son livre impudique et honteux, raconta à son tour son histoire avec le même poëte, fière, comme une femelle de chacal, d’avoir touché au morceau laissé par la lionne !

1955. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

a Le siècle de nos pères, pire que nos aïeux, nous a produits plus méchants encore, pour donner une descendance plus vicieuse que nous188. » Quelle que fût la bonne intention d’Horace pour la gloire d’Auguste, peut-on, dans le tour original même de cette ode, ne pas apercevoir ce qui manquait à cette gloire ?

1956. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

La préface elle-même appelait les gens à l’étude indépendante, disant que « l’évêque de Rome a tâché longtemps de priver le peuple de la Bible…, pour l’empêcher de découvrir ses tours et ses mensonges…, sachant bien que si le clair soleil de la parole de Dieu apparaissait dans la chaleur du jour, il dissiperait le brouillard pestilentiel de ses diaboliques doctrines. » Même de l’avis des gens officiels, c’est donc la vérité pure et tout entière qui est là, non pas la simple vérité spéculative, mais la vérité morale sans laquelle nous ne pouvons bien vivre ni être sauvés […] Toutes ces bêtes ont besoin de pâturage ; lequel manquant, il faut que tout le reste manque aussi ; et elles ne peuvent pas avoir de pâturage, si on prend la terre et si on l’enclôt de façon à ce qu’elles n’y entrent pas357. » Une autre fois, pour mettre ses auditeurs en garde contre les jugements précipités, il leur conte qu’étant entré dans la tour de Cambridge pour exhorter les détenus, il trouva une femme accusée d’avoir tué son enfant et qui ne voulait rien confesser. « Son enfant avait été malade pendant l’espace d’un an, et s’en allait, à ce qu’il paraît, de consomption. […] Cependant cette femme était accouchée d’un enfant dans la tour de Cambridge, dont je fus le parrain et mistress Cheak la marraine. […] Son compagnon Ridley « dormit, la nuit qui précéda, aussi tranquillement que jamais en sa vie », et attaché au poteau, dit tout haut : « Père céleste, je te remercie humblement de m’avoir choisi pour être confesseur de la vérité même par ma mort. » À son tour, comme on allumait les fagots, Latimer s’écria : « Bon courage, maître Ridley, soyez homme, nous allons aujourd’hui, par la grâce de Dieu, allumer une chandelle en Angleterre, de telle sorte que, j’espère, on ne l’éteindra jamais. » Il baigna d’abord ses mains dans les flammes, et, recommandant son âme à Dieu, il mourut. […] Le fils du boutiquier, du fermier, qui lisait la Bible dans la grange ou dans le comptoir, parmi les tonnes ou les sacs de laine, ne prenait pas les choses avec le même tour que le beau cavalier nourri dans la mythologie antique et raffiné par l’élégante éducation italienne.

1957. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Comment a-t-elle pu pénétrer dans la tour ? […] Si j’avais été Richard III, loin de le récompenser pour avoir gardé les fils d’Édouard IV, je l’aurais fait pendre pour avoir laissé sa veuve pénétrer dans la tour de Londres. […] L’épigramme a son tour et se personnifie agréablement dans la bouche de Marco et d’Elci. […] Que chacun, à son tour, récite la strophe et l’antistrophe. […] Enfin, vers le milieu du troisième acte, les acteurs ont leur tour.

1958. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’est alors aussi que la littérature commence à les visiter et qu’ils s’essayent, à leur tour, à charmer le monde, après l’avoir menacé. […] Ne devrais-tu pas être dans la tour de Pugatschef, enfermé et enchaîné ? […] Souvent du tronc des arbres, que l’on a coupés, on voit s’élever de nouveaux rejetons ; souvent les plaies les plus profondes se cicatrisent ; la vie triomphe de la mort qui, à son tour, triomphera de la vie. […] Cette belle expédition terminée, il remonta dans son drochky, mais il le quitta à quelque distance de la maison, fit le tour, ne voulant pas traverser la cour, de peur d’y rencontrer Guérassime, et rentra dans la maison par un passage dérobé.

1959. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Rien, dit-elle, … Rien, ni la langueur, ni l’or des paysages, Ni la mer ne détruit — rien ne vaut son visage Où passe tour à four l’ombre et tout le plaisir… Mais cette solitude qui se souvient va devenir une compagne bien-aimée. […] … Ô cœur maudit, ô cœur d’amour, Toujours de souffrir c’est ton tour : Du jour au soir, du soir au jour… Que je te hais, mon bien céleste ! […] Il entre à Bysance dans l’hippodrome au grand tour : Vingt-deux rangs de statues y présidaient le parcours. […] Et on devine déjà que cette prédilection pour Werther lui jouera un mauvais tour.

1960. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Quelques personnes se rappellent peut-être que, malgré mon besoin d’obtenir l’indulgence, je ne recourus pas alors à la formule usée par laquelle on la réclame humblement de ses auditeurs, parce que ce tour oratoire ne me parut qu’un artifice pour leur parler de soi, suggéré par l’hypocrite modestie de l’amour-propre jaloux d’arracher les suffrages. […] J’espère, en vous développant toujours ce fécond principe, mériter votre confiance, et l’équitable estime du public ; et je ne m’affligerai pas, en cas d’erreur, si l’impartialité me réfute à mon tour. […] La durée du fait théâtral, selon l’expression d’Aristote, doit peu excéder un tour de soleil ; celle du fait épique n’a point de limite exacte. […] De sa tête couronnée de tours, les restes de sa chevelure blanchie, que son désespoir avait arrachée, se répandaient en désordre sur la nudité de ses membres. […] Considérons avant de quelle façon Homère a manié ce merveilleux et le tour que lui donne sa vigueur originale : il a besoin de retirer Achille de son repos, et de le mener pour la première fois au combat.

1961. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

à présent, c’est à mon tour.” […] Aux grands, comme le duc de Guise, il démontrait que les protestants étaient un rempart contre l’autorité royale, et prophétisait que, eux une fois abattus, viendrait le tour des grands seigneurs et des gouverneurs de provinces. […] Une scène intercalée, la mascarade du quatrième acte, et le tour sera joué. […] À son tour, Juliette s’est soulevée de son cercueil, et, regardant du haut de ce balcon funèbre, elle a vu le corps inanimé de Roméo. […] Sa curiosité d’esprit était d’un tour tout particulier et n’a eu d’analogue dans la littérature européenne de notre temps que la curiosité de Prosper Mérimée, avec qui d’ailleurs Borrow a plus d’un rapport.

1962. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Elles passent, chez les uns, pour des faveurs célestes, & chez les autres pour des œuvres d’iniquité ; chez d’autres, enfin, pour des tours de gibecière. […] L’auteur de l’Épitre dédicatoire à M. le comte d’Argenson, & du Discours préliminaire, fut attaqué à son tour. […] Dans l’intervalle de ces assemblées, certains ministres, qui craignoient que M. d’Alembert, maltraité, ne se vengeât à son tour, qu’il ne ménageât plus rien, & qu’il ne les citât, lui écrivirent, faisant parade, dans leurs lettres, d’une doctrine toute contraire à celle qu’ils avoient debitée. […] Etoit-il possible que Marot, dont tout le mérite consiste dans la finesse, dans un tour épigrammatique, dans un naturel unique à la vérité, mais dont les grands défauts sont un stile le plus souvent comique, trivial & bas, rendît l’harmonie & la noble simplicité de l’Hébreu ? […] Pour comble de malheur, en voulant ménager les jésuites, il déplut aux jansénistes, qui le chansonnèrent à leur tour.

1963. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

A sa suite, viennent un drapier, un porteur, puis deux ex-maîtres d’Eton, deux bottiers, et ceux-ci à leur tour font place à un ex-Lord-Maire de Dublin, à un relieur, à un photographe, à un ouvrier sur acier, à une femme-auteur. […] C’est son tour de donner. […] Mais son tour viendrait ensuite. […] Mais est-ce plus qu’un tour de force oratoire ? […] Pour conclure, on ne peut s’empêcher de remarquer le délicat instinct qui a conduit à donner son tour particulier au bref épilogue qui termine ce charmant volume.

1964. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Carrière me dit qu’il veut graver ce portrait à l’eau-forte, dans le genre des préparations, qu’a gravées mon frère, d’après La Tour. […] Samedi 16 juillet Dans les quelques tours, que fait Daudet à mon bras, avant déjeuner, il me parle de lettres de sa jeunesse retrouvées, et où, en 1859, dans un Midi reculé, loin de toute suggestion littéraire, il écrivait à son frère qu’il n’y avait en littérature que le roman, mais qu’il ne se trouvait pas encore assez mûr, pour s’y mettre. […] Un moment, ce jeune officier faisait un tableau des belles nuits du Sénégal, où il a passé quelques années, de ces belles nuits lumineuses, où, au milieu de leurs claires ténèbres, apparaissait soudainement, comme une vision, un bataillon noir de femmes d’ébène, aux sveltes formes ; les fillettes, les cheveux coupés ; les jeunes filles, les cheveux nattés ; les femmes, les cheveux sous un madras aux couleurs voyantes : toutes ces nubilités, de douze à vingt ans, formant un anneau de danse, un ondulant et voluptueux enchaînement féminin, au milieu duquel les griots font une musique de tous les diables, et autour duquel, les vieilles accroupies à terre, éventent à tour de bras les danseuses.

1965. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Son élève Pline le Jeune, à son tour, la méconnaît d’une manière étrange en décrivant minutieusement un des faits où elle apparaît le mieux, la composition littéraire silencieuse, dans l’obscurité ou pendant une promenade13. […] 40 Ce n’est pas tout : en affirmant que la parole intérieure est nécessaire pour penser, Bonald commet une nouvelle erreur d’observation ; comme il n’a pas vu que la parole intérieure est constante en fait, de même il ne voit pas qu’elle est toujours moins riche que la pensée ; en réalité, la pensée déborde toujours la parole, jamais elle ne peut s’exprimer tout entière ; pendant que nous nommons une de nos pensées, d’autres naissent à la conscience qui attendent leur tour de parole, et, le moment venu, toutes ne seront pas nommées. […] Ne nous étonnons pas cette fois si l’antériorité de l’idée est à son tour proclamée nécessaire : l’idée, avant le mot, n’est pas observable ; sa préexistence, n’étant pas une vérité de fait, ne pouvait être affirmée qu’à titre de nécessité logique.

1966. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

A peine l’une est-elle satisfaite dans un esprit puissant, et se croit-elle sûre de son objet et apaisée, que voilà l’autre qui se relève et qui demande pâture à son tour. […] Autrement, s’ils s’aperçoivent qu’il hésite et croit dépendre, ils se sentent supérieurs à leur tour à lui par un point commode, et ils prennent vite leur revanche et leurs licences.

1967. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Tour nouveau qu’elle donne aux premières idées géométriques. — La ligne est la série continue des positions successives du point en mouvement. — La surface est la série continue des positions successives de la ligne en mouvement. — Le solide est la série continue des positions successives de la surface en mouvement. — Si l’on substitue au point, à la ligne et à la surface leurs symboles, ces constructions deviennent sensibles. — Autres constructions. — La ligne droite. — La ligne brisée. — La ligne courbe. — L’angle. — L’angle droit. — La perpendiculaire. — Les polygones. — La circonférence. — Le plan. — Les trois corps ronds. — Les sections coniques. — Nombre indéfini de ces constructions. — Aux plus générales de ces constructions mentales correspondent des constructions réelles. — Il y a dans la nature des surfaces, des lignes et des points, au moins pour nos sens. — Il y a dans la nature des surfaces, des lignes et des points en mouvement. — Aux moins générales de ces constructions mentales correspondent approximativement des constructions réelles. — Pourquoi cette correspondance n’est-elle qu’approximative. — Exemples. — La construction réelle est plus compliquée que la construction mentale. — Des deux constructions, l’une en se compliquant, l’autre en se simplifiant, s’ajuste à l’autre. — Utilité des cadres préalables. […] Les dizaines forment ainsi des unités du second ordre, capables, comme les unités simples, d’être comptées jusqu’à dix. — Arrivés là, nous donnons à leur total le nom de cent, et ce nouveau total forme une unité du troisième ordre, capable à son tour d’être répétée jusqu’à dix fois, ce qui nous conduit à dix fois cent, ou mille, unité du quatrième ordre. — La première opération, répétée sur cette nouvelle unité, nous mène jusqu’à dix mille, puis de là à cent mille, puis de là à un million, et ainsi de suite, en sorte qu’avec onze noms, rangés dans un certain ordre, nous pouvons représenter exactement tel groupe énorme, par exemple la collection de deux millions trois cent vingt-sept mille six cent quarante-huit unités.

1968. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Jean Visconti lui donna dans la ville une maison élégante et retirée, décorée de deux tours, dans le voisinage de l’église et de la bibliothèque de Saint-Ambroise. On voyait du haut des tours le magnifique amphithéâtre des Alpes crénelées de neige, même en été.

1969. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Elle me protégea vivement, ainsi que la duchesse de Broglie, son amie, auprès des ministres d’alors pour obtenir mon premier poste diplomatique ; je ne l’ai jamais oublié, et j’ai eu une occasion de reconnaître tant de bonté dans une circonstance où il me fut donné d’être agréable à mon tour à sa famille1. […] Il me serra les mains à son tour et partit pour l’Angleterre

1970. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Aux deux fenêtres étaient drapés des rideaux en gros de Tours rouge, relevés par des cordons de soie à glands d’église. […] À Tours, un coiffeur venait de lui refriser ses beaux cheveux châtains ; il y avait changé de linge et mis une cravate de satin noir combinée avec un col rond, de manière à encadrer agréablement sa blanche et rieuse figure.

1971. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Crétineau-Joly, et celui-ci nous les livre à son tour sous le titre de Mémoires du cardinal Consalvi. […] On en répandit ensuite la nouvelle au dehors, par le moyen du tour.

1972. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Rousseau, un Montesquieu, un Chateaubriand ; là il n’a pu être qu’un naturaliste, un peintre et un descripteur d’oiseaux d’Amérique, un Buffon des États du Nord, mais un Buffon de génie passant sa vie dans les forêts vierges, au lieu de la passer au jardin du roi et autour d’une table à écrire dans sa seigneuriale tour du château de Montbard, un Buffon voyant par ses propres yeux ce qu’il décrit et décrivant d’après nature, un Buffon enfin comprenant l’intelligence et la langue des animaux au lieu de les nier stupidement comme Malebranche, entrant dans leurs amours, dans leurs passions, dans leurs mœurs, et écrivant avec l’enthousiasme de la solitude quelques pages de la grande épopée animale de la création. […] Pourtant il finit encore par s’en approcher, mais petit à petit, le prit délicatement, l’enleva, et l’hameçon, à son tour, fut rejeté hors du nid !

1973. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Traduire en vers ce qui était fait pour rester en prose, exprimer en dix syllabes comme Pope, les jeux de cartes et leurs moindres détails, ou comme les derniers poëmes qui ont paru chez nous, le trictrac, les échecs, la chimie, c’est un tour de passe-passe en fait de paroles, c’est composer avec les mots, comme avec les notes, des sonates sous le nom de poëme. […] Mon âme était aussi remplie de pressentiments lorsque, le jour de mes noces, j’amenai dans ces lieux ma timide compagne ; content, mais sérieux, je lui montrai de loin la borne de nos champs, la tour de l’église et l’habitation du pasteur où nous avons éprouvé tant de biens et de maux.

1974. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Cela, dis-je, par le langage de la musique, parce que la musique est précisément à Wagner l’expressif de la vie d’âme ; et c’est comme auxiliaires ; eux à leur tour, que d’autres arts viendront » au près, à la musique, de leurs forces littéraires et plastiques. […] Dès les premières représentations, de nombreux spectateurs ont critiqué le tour trop mondain que prenait le festival voulu par Wagner.

1975. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Aujourd’hui c’est le tour de Rollinat, du macabre, ainsi qu’on l’appelait, et chez lequel l’a mené Ponchon. […] Là-dessus, sa femme fait l’aveu que les cirques, les clowns, les tours de force, n’avaient autrefois aucun intérêt pour elle, et que c’était seulement depuis qu’elle avait lu Les Frères Zemganno, que l’idéalité mise par le livre, dans ces réalités vulgaires, lui avait fait prendre un vrai plaisir à ces représentations ; — et elle ajoutait que la vision de certaines choses ne se faisait chez elle, que par la voix de l’art.

1976. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Le roi n’était que la main du pontife, il vengeait l’Église, et l’Église, à son tour, vengeait le prince ; car ces deux autorités se confondaient en une. […] Or, tout avait concouru aussi, dans les mœurs et dans les règnes, à enrichir la langue française d’alluvions d’idiomes ou antiques ou modernes, qui la rendaient propre à devenir à son tour monumentale.

1977. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

De tels bourgeons peuvent à leur tour se propager par greffes ou marcottes, et quelquefois par graines. […] Les choses semblent donc assez simples jusque-là ; mais lorsque ces métis sont croisés à leur tour les uns avec les autres pendant plusieurs générations, rarement il se trouve deux sujets qui soient semblables ; et c’est alors qu’apparaît l’extrême difficulté, ou plutôt l’entière impossibilité de la tâche.

1978. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Une d’entre elles, après avoir fait en silence plusieurs fois le tour du merveilleux petit président, lui dit : monsieur, voilà qui est beau, il en faut convenir ; mais où est le cu qui poussera cela ? Mon ami, si l’on vous présente un canevas de comédie ou de tragédie, faites quelques tours autour de l’homme et dites-lui, comme la fille de joie au président De Brosses : cela est beau, sans contredit, mais où est le cu ?

1979. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

C’est l’heure des vacances, c’est le moment de faire son tour de Suisse, sa visite aux Alpes ; pour ceux qui sont libres comme pour ceux qui sont retenus, il n’est pas de moyen plus agréable ou d’éclairer sa route si l’on part, ou de se figurer le voyage si l’on reste, que de prendre les livres de Töpffer.

1980. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

» — « Mais, dis-je, il est effectivement assez difficile d’ôter à Cavendish une gloire que, depuis plus de cinquante ans, les savants de tous les pays s’accordent à lui reconnaître. » — « Allons, répondit-il, je vois que vous êtes un aristocrate, et que Cavendish le lord aura raison devant vous contre Watt le mécanicien. » — « Ne serait-ce point, ajoutai-je à mon tour en riant, que, devant un démocrate comme vous, le grand seigneur doit nécessairement céder à l’enfant du peuple ? 

1981. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Aujourd’hui c’est la sœur de ce poète, et en tout digne de lui par l’imagination comme par le cœur, qui, morte à son tour, vient livrer, par les soins d’amis pieux, le parfum de son âme et de ses secrets épanchements.

1982. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Voyez parmi nous Fauriel, qui, par la nature des études et le tour d’esprit, se rapproche de Guillaume Favre.

1983. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Ces quelques mots nous indiquent déjà le tour d’esprit de Bonstetten et un léger défaut dont son talent plus tard se ressentira.

1984. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Voici à ce propos une jolie histoire sur Jean-Jacques à Paris, sur celui des toutes dernières années ; on me l’a contée, et je la raconte à mon tour dans les mêmes termes.

1985. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Celui de madame de Boigne me semble moins bien traité et trop peu étudié : cette personne rare, d’un esprit si ferme et si juste avec tant de tour et de délicatesse, méritait mieux.

1986. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il était de ceux qui arrivent à leur tour au sommet de leur ordre, par le mérite et les services aidés de l’ancienneté.

1987. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Je ne sais rien, pour mon compte, de plus instructif que les deux volumes où sont recueillies ses Notices historiques, à la fois exactes, simples (sauf quelques périphrases et tours solennels qui tiennent au goût du temps), mais d’une grande hauteur de principes, et avec des remarques morales d’une juste finesse.

1988. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Il est des œuvres qui sont faites pour orner les voies sacrées, les voies triomphales, pour décorer les avenues et les degrés des Panthéons et des Capitoles, pour devenir à leur tour les exemplaires classiques de l’avenir.

1989. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Sénèque, à son tour, et sans avoir connu saint Paul, appelait l’homme une chose sacrée à l’homme, homo sacra res homini  : « Ayez donc toujours dans le cœur et dans la bouche, disait-il, ce vers de Térence : Je suis homme et rien de ce qui touche l’homme ne m’est indifférent.

1990. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Les menaces, les imprécations le poursuivent ; mais toujours revêtu de l’inviolable étole, s’en servant comme d’un bouclier, bravant les traits qu’on n’ose lui lancer que de loin et en tremblant, il arrive à l’une des portes principales, parvient à l’ouvrir par un tour de main digne de Samson, et, à la vue de tous, sort sans trop se presser, majestueux et triomphant, emportant avec lui la fortune de Carthage.

1991. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Un peu plus tard, quand elle sait parler, elle entre en colère contre sa gouvernante qui, au bord d’un étang, prétend l’empêcher de monter sur un cygne ; car Sibylle voulait absolument chevaucher l’un des cygnes qui voguaient sur la pièce d’eau, et faire ainsi le tour de l’étang.

1992. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

« Il crie comme si c’était lui. » Telle était l’idée que les Anciens, dans leur religieuse admiration, entretenue et fomentée par une lecture continuelle, se faisaient d’Homère ; telle est l’idée qu’ont volontiers acceptée les modernes et qu’ils se sont attachés à confirmer à leur tour.

1993. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Elle était de taille moyenne, mais bien prise et d’une grande blancheur ; elle avait de très beaux yeux, les dents parfaitement belles, l’air noble et doux, un maintien simple, élégant et modeste ; son esprit, cultivé par la lecture des meilleurs auteurs, y avait puisé un discernement juste, et acquis la facilité de bien juger des hommes et des ouvrages de goût. » Alfieri, qui n’avait fait d’abord que traverser Rome et qui s’était livré ensuite à des courses errantes et comme haletantes dans le midi de l’Italie, n’y tint pas ; il revint, et lui, si altier, si fier, mais encore plus amoureux, il fit tant et si bien auprès du bon cardinal et de tout le Sacré Collège et de tous les monsignori du lieu, qu’il obtint à son tour la grâce d’habiter la même ville que son amie.

1994. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

J’y insisterai donc à mon tour ; je voudrais exposer, éclaircir de mon mieux ce point délicat et encore si controversé.

1995. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Je ne ferai donc pas le tour de l’auteur ; j’irai à travers ses trente ou quarante petits et moyens volumes (il n’en a guère moins) comme à travers champs.

1996. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

dût le chemin qui mène à ma patrie Être plus rude encore, et ma tête meurtrie Ne pas trouver de pierre où se poser le soir ; Dussé-je n’avoir pas une table où m’asseoir, Pas un seul cœur ému qui de moi se souvienne, Pas une main d’ami pour étreindre la mienne ; Comme le lépreux d’Aoste, au flanc de son rocher, Dussé-je cultiver des fleurs sans les toucher, N’avoir pour compagnon, dans ma triste vallée, Qu’un chien, et pour abri qu’une tour désolée, Et quand je souffre trop pendant les longues nuits, Qu’une sœur pour me plaindre et bercer mes ennuis, Une sœur qui, souffrant de la même souffrance, Prie et veille avec moi jusqu’à la délivrance…, Je veux aller revoir les lieux que je chéris, De mon bonheur au moins retrouver les débris ; Si ce ne sont les morts qui dorment sous la pierre J’embrasserai leurs fils, hélas !

1997. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le plus grand poëte n’est pas celui qui a le mieux fait : c’est celui qui suggère le plus, celui dont on ne sait pas bien d’abord tout ce qu’il a voulu dire et exprimer, et qui vous laisse beaucoup à désirer, à expliquer, à étudier, beaucoup à achever à votre tour.

1998. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Sa personne, son air et son tour de génie se prêtaient à la faveur.

1999. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Ulric Guttinguer en avait pris occasion d’en faire un, à son tour, dans le Recueil intitulé la Mode nouvelle (n° du 12 mai 1862). » 6.

2000. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Je le priai d’interrompre sa lecture, l’engageant à venir faire un tour de promenade au bois de Boulogne.

2001. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

L’esprit national influe sur la nature de la langue d’un pays ; mais cette langue réagit à son tour sur l’esprit national.

2002. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Ils n’ont pas l’ascendant physique qui la maîtrise, le charlatanisme grossier qui la charme, les tours de Scapin qui la dépistent, le front de taureau, les gestes de bateleur, le gosier de stentor, bref les ressources du tempérament énergique et de la ruse animale, seules capables de détourner la fureur de la bête déchaînée.

2003. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Vagues, vides et bruyants, dupes des mots, dupes des modes qu’ils se figurent créer et qu’ils suivent avec fracas, n’hésitant jamais parce que jamais ils n’examinent, ceux-là peuvent me traiter de faiseur de tours.

2004. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Les tours de rapins y sont plus grossiers que comiques, les tirades sentimentales et amoureuses y sont d’une platitude amphigourique tout à fait digne des rez-de-chaussée de petits journaux, les rares expositions d’idées artistiques y font pleurer par leur insignifiance ; ces artistes parlent comme des coiffeurs et ne produiront jamais rien ; ils sont fainéants et même sans cœur.

2005. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

On écrivait très peu ; les docteurs juifs de ce temps ne faisaient pas de livres : tout se passait en conversations et en leçons publiques, auxquelles on cherchait à donner un tour facile à retenir 268.

2006. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Un idiome étranger, proposant toujours des tours de force à un habile traducteur, le tâte pour ainsi dire en tous les sens : bientôt il sait tout ce que peut ou ne peut pas sa langue ; il épuise ses ressources, mais il augmente ses forces, surtout lorsqu’il traduit les ouvrages d’imagination, qui secouent les entraves de la construction grammaticale, et donnent des ailes au langage.

2007. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Les habits étaient simples, mais non uniformes : « On pourra indifféremment choisir du noir, du gris, du blanc, du feuille-morte ou autre couleur obscure, pour le choix de laquelle on prendra l’avis de la Supérieure, qui réglera toutes ces choses, ayant égard à l’âge, à la condition des esprits, et à la qualité des personnes. » Et pour la forme tant du linge que des habits, il semblait que, sans être tout à fait des religieuses, les Filles de l’Enfance eussent déjà pour règle le code mignon de Gresset : Il est aussi des modes pour le voile ; Il est un art de donner d’heureux tours À l’étamine, à la plus simple toile.

2008. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Elle sentait bien qu’en s’abandonnant à ce point aux projets de Bothwell, elle lui fournissait des armes contre elle-même, et qu’elle lui donnait sujet de se méfier à son tour.

2009. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle ne craint pas d’y indiquer quelques-uns des officiers municipaux qui, étant de garde à leur tour, entraient dans les chagrins de la famille royale et les adoucissaient par leurs égards et leur sensibilité : Nous connaissions de suite à qui nous avions affaire, dit-elle, ma mère surtout, qui nous a préservés plusieurs fois de nous livrer à de faux témoignages d’intérêt… Je connais tous ceux qui s’intéressèrent à nous ; je ne les nomme pas, de peur de les compromettre dans l’état où sont les choses, mais leur souvenir est gravé dans mon cœur ; si je ne puis leur en marquer ma reconnaissance, Dieu les récompensera ; mais si un jour je puis les nommer, ils seront aimés et estimés de toutes les personnes vertueuses.

2010. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Feuillet, mon père, lui dit-elle avec une douceur admirable (comme si elle eût craint de le fâcher) ; vous parlerez à votre tour. » Cependant ce docteur Feuillet lui disait à haute voix de rudes paroles : « Humiliez-vous, Madame ; voilà toute cette trompeuse grandeur anéantie sous la pesante main de Dieu.

2011. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

. ; non seulement ils ne disent pas les mêmes choses, mais ils n’ont pas le même tour de style.

2012. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Voilà ce qui explique pourquoi, dans les livres saints, l’idolâtrie est caractérisée par tous les détails, même les plus repoussants, de la prostitution, et pourquoi le culte du vrai Dieu est caractérisé à son tour par tous les effets et tous les charmes de l’amour.

2013. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Oublions qu’on les juge trop souvent, ces personnages imaginaires, comme s’il s’agissait de les faire entrer dans son salon, sur leur sourire, leur naissance, le tour plus ou moins élégant de leur conversation, en un mot sur leurs qualités mondaines.

2014. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Ces quatre idées elles-mêmes en impliquent un grand nombre d’autres, qu’il serait intéressant d’analyser à leur tour parce qu’on y trouverait autant d’harmoniques, en quelque sorte, dont la thèse du parallélisme donne le son fondamental.

2015. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Poinsot et Normandy sur les tendances de la poésie nouvelle, j’insisterai à mon tour sur des innovations nécessaires qui tendent à élargir le domaine poétique, qui sont acceptées par des poètes de grand talent et dont l’emploi est fort justifiable, pourvu qu’il se fasse avec méthode, tact et goût, afin de garder à la pensée sa pleine valeur et sa juste expression, ce respect du bien dire.

2016. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Pendant cinquante ans, l’élite de l’univers ne connut pas événements plus excitants que les colères, les vengeances, les attendrissements, les bons tours de ce fébrile amant de la célébrité. […] Et c’est ce qui leur donne un tour si triste. […] La désorganisation des sentiments ou anarchie des mœurs (dans le sens tout psychologique que j’ai précisé) nous offrira à son tour le sujet de deux livres. […] Après le violon de Naples et de Sorrente, il écoutait, de sa tour de Milly, la cloche qui sonne la naissance, les fêtes et la mort. […] Angelo, où cet indiscret élément est réduit au minimum, s’entend encore avec autant de plaisir que la Tour de Nesle.

2017. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

De ce qu’il entre de l’hypothèse dans un raisonnement, cela prouve qu’on n’a pas fait le tour de son objet ; cela ne prouve pas qu’il ne fallût pas même essayer de raisonner sur cet objet. […] Il trouve le moyen, ou il croit le trouver, de concilier cela avec la croyance aux miracles, de sauver le miracle, par je ne sais plus quel tour de force de dialectique ; mais enfin il affirme et proclame que Dieu ne peut pas agir par volontés particulières. […] A eux deux, ils entretenaient très proprement le scepticisme dans les esprits, malgré les parties dogmatiques de Montaigne et malgré le mépris de Bayle pour la négation affirmative à son tour et arrogante. […] C’était le dernier tour de vis. […] Car on n’a une idée, on ne la possède vraiment, on ne la voit avec clarté, que quand on a fait le tour de toutes les idées et quand on en a choisi une.

2018. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Et, dès lors, la morale ayant pour elle un point de ce qui est dans la nature, et, de plus, tout le surnaturel, se moque bien de ce que l’univers, point à son tour, et à son tour atome et raccourci d’atome, est immoral. […] Je veux parler de nous autres Européens… Supposons que les plus joyeux convives, par le tour de malice d’un magicien, se voient soudain dévoilés et déshabillés, je crois que, du coup, non seulement leur bonne humeur disparaîtrait soudain, mais encore l’appétit le plus féroce serait découragé. […] Sans pouvoir se confier, s’abandonner à aucun instinct, à aucun coup d’aile libre, il fait sans cesse un geste de défensive, armé contre lui-même, l’œil perçant et défiant, s’étant institué l’éternel gardien de sa tour. […] Cela, ç’a été un tour de force et un tour d’adresse incroyables, miraculeux, véritablement dignes d’admiration en même temps que de stupeur. […] Faisons un tour à travers l’histoire et voyons, à travers des accidents de route et des stations et des régressions que nous négligerons, le progrès, à la fois de ce plébéianisme et de cette morale qui sont deux formes diverses, et à peine diverses et à peine distinctes, d’une seule et même chose.

2019. (1914) Une année de critique

Il les replace dans les lieux où ils ont vécu, et qui s’animent à leur tour. […] Mais quand Évariste, entraîné par ce mouvement de folie qui semble le rythme même de la vie de ces temps-là, tombe à son tour sous le couperet, Élodie oublie son amant entre les bras d’un autre. […] Toi, du sommet de ta tour, tu regardes les drames du monde comme des batailles de fourmis ; et, monté si haut, tu crois peut-être devenir un dieu : garde-toi seulement de cesser d’être un homme. […] On sent qu’il jouit de la propriété de tenues, d’un joli tour de langage, de la variété de la syntaxe. […] Ne craignons pas de nous arrêter à notre tour sur le roman de M. 

2020. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Vois cette jambe-là, elle paraît avoir été faite au tour comme un balustre. […] Tour à tour, le plus matinal d’entre eux fournissait, par exemple, de la braise ou un tison enflammé à ses confrères, qui lui rendaient la pareille un autre jour. […] Ceux des jeunes gens de l’atelier que leur âge ou le plus ou moins de perfection de leurs formes rendaient propres à servir de modèle étaient inscrits sur une liste, et posaient à tour de rôle entièrement nus. […] » et, saisissant tout à coup ce qui lui tombait sous la main, une canne, une queue de chevalet démanchée, il se mettait à frapper à tour de bras sur les chaises et les boîtes à couleurs, jusqu’à ce que leurs propriétaires trouvassent le moment de le calmer et de sauver leurs ustensiles de sa fureur. […] Cependant le corps académique ne se tint pas pour battu, et, quelques mois après, il invitait David à venir professer à son tour ; mais la lettre en réponse à cette imprudente proposition est courte et menaçante.

2021. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est pour le riche la réception dans une auberge par de charmantes mousmés avec, dans le lointain, des lignes de paysages formant ainsi que des armoiries des femmes du Yoshiwara, tandis que le pauvre, qui est entré dans le commerce, passe sur un pont qui est un soroban (une machine à compter), se trouve sous des temples aux tours faites de pièces de monnaie, près d’une pagode au toit couvert d’un livre de caisse, et fait la rude route de sa vie « en allumant le bout de ses ongles », ce qui veut dire en japonais : en supportant d’atroces souffrances. […] A Ohkavabashi, un saltimbanque fait des tours de force devant des enfants. […] Une des planches de l’illustration qui a une réputation au Japon, et dont les artistes s’entretiennent comme d’un tour de force, est la composition où l’artiste représente ce prêtre poursuivant un fonctionnaire prévaricateur qui s’est jeté sur un cheval que, dans sa terreur de la barre de fer, il n’a pas vu attaché, et dont l’effort impuissant pour prendre le galop a fourni le Géricault le plus mouvementé qui soit. […] Des saltimbanques, des faiseurs de tours, des prestidigitateurs, des équilibristes, des avaleurs de sabres, des vomisseurs d’essaims d’abeilles, des thaumaturges se rendant la tête invisible. […] Elle lui indiquait la montagne Ishiyama où son corps, lui disait-elle, faisait sept fois et demie le tour de la montagne et lui montrait, dans le moment, une masse brillante qui luisait au soleil comme un bloc de diamant : c’était l’oeil de l’insecte colossal dans lequel Hidésato mettait une flèche mortelle.

2022. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Après avoir paru légèrement satirique, le portrait de Chateaubriand par Sainte-Beuve a fini par atteindre à son tour la ressemblance parfaite. […] Mais si la pensée est un produit, elle n’en est pas moins productrice à son tour. […] L’art, et le plus désintéressé, le plus désincarné, est l’auxiliaire de la vie ; né de la sensibilité, il la sème et la crée à son tour ; il est ta fleur de la vie et, graine, il redonne de la vie. […] Degas peint comme en plein relief ; l’air circule autour de ses bonshommes ; on en ferait le tour. […] Pensées renfermées dans un tour vif. — Voltaire.

2023. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je me calme avec grand peine et je me console en disant : Étudions, étudions, notre tour viendra. […] Au second tour, le surprenant, mais stupide personnage, s’approche de la voiture et de sa voix stridente avec son accent niçois jette ces mots flamboyants de distinction : — Où donc êtes-vous logées ?  […] Dans tous les cas nous nous verrons en Italie et je compte bien sur votre coup d’épaule qui sera rudement donné à en juger par les tours de force de Naples ; aussi rien qu’à l’idée de vous empoigner et de vous mettre aux pieds de maman, je pousse des cris. […] Il pleut depuis deux jours ; du reste, fin septembre, tout ça s’envole, et nous allons faire un tour artistique à travers l’Espagne, qui me passionne. […] Mais j’y songe vraiment, plaisanterie à part, la saison est tout à fait favorable, vous avez beaucoup travaillé, Paris est humide en octobre, vous toussez ; vous raconterez vos aventures ibériennes, castillanes et andalouses à Sarah ; voilà bien ce qu’il faut pour décider votre famille à vous laisser partir, sans compter qu’avec mille fois vingt sous le tour est joué aussi bien que la Dame par Sarah.

2024. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Cette lettre est d’un tour original et distingué. […] L’archange avait été tenté, à son tour, de se faire révélateur.

2025. (1929) Dialogues critiques

Pierre À votre tour, modérez-vous ! […] Pierre À votre tour, vous allez loin.

2026. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Ses études achevées, il devient professeur à son tour dans le séminaire où il a été élevé. […] À mesure que le poète vénitien avait disposé et écrit la pièce, il la communiquait à Mozart, qui appropriait à son tour le chant au drame et le drame au chant.

2027. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le chef de cette illustre maison, Étienne Colonna, vint, à son tour, visiter ses frères et ses neveux à Avignon ; il y goûta avec passion le talent de Pétrarque. […] » XII Pétrarque partit enfin pour Rome au moment où Laure, touchée de sa constance, cherchait à le retenir à son tour par quelques innocentes prévenances, comme si elle eût été attristée de perdre son esclave ; mais déjà Pétrarque lui-même avait cherché, dans une liaison moins platonique, une diversion à la passion qui le dévorait.

2028. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

» Il visita surtout les philosophes les plus renommés par leur doctrine dans toutes les villes de l’empire, et se fit humblement leur disciple afin de se rendre plus digne d’enseigner à son tour. […] La sédition attente à la république ; Le sentiment légal se révolte contre la dictature ; L’incrédulité des peuples se joue de l’infaillibilité ou de la divinité des pontifes ; Les vaincus rompent leurs chaînes et brisent à leur tour avec l’épée la souveraineté humiliante des conquérants et des oppresseurs ; Les peuples monarchiques se dégoûtent de leur dynastie, fondent d’autres familles royales dont l’autorité plus récente a moins d’autorité encore que les dynasties antiques.

2029. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

je vous dis aujourd’hui, sans présomption comme sans mauvaise honte : À votre tour, aidez-moi ! […] « Ceux d’entre les principaux disciples qui étaient habitués dans les royaumes voisins, et qui n’avaient pas assisté aux funérailles, vinrent à leur tour faire les cérémonies funèbres, et apportèrent, comme une sorte de tribut, chacun une espèce d’arbre particulier à son pays, pour contribuer à l’embellissement du lieu qui contenait les respectables restes du sage qui les avait instruits.

2030. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Les jeunes filles, animées par la goutte de vin, jasent comme des colombes roucoulent ; une, entre autres, en supposant par badinage qu’elle a épousé un fils de roi de la contrée, fait, en contemplant son pays du haut de sa tour, une géographie splendide de la belle Provence. […] Meissonnier, poète, écrivain et philosophe retiré sous sa treille et sous son figuier dans la petite maison de Massillon, un des prophètes de Louis XIV, me fit faire le tour de la ville.

2031. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mon chien vint le flairer à plusieurs reprises ; mais, entendant que je lui parlais de mon ton de voix ordinaire, il nous quitta, et se mit à faire ses tours non loin de nous, prêt à revenir au premier coup de sifflet. […] Enfin arriva le tour des enfants, et à cause de leur race on les porta à de hauts prix.

2032. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Le recueil intitulé la Lyre et l’Épée le transporta ; il eut l’idée de s’enrôler à la suite dans le même genre, et il composa à son tour un petit poème sur la vie de soldat. […] « Dans ses Entretiens, notre Lamartine a dit à son tour : “Il me semble que je me juge bien en convenant avec une juste modestie que je ne fus pas un grand poète, mais en croyant peut-être avec trop d’orgueil que dans d’autres circonstances et dans d’autres temps j’aurais pu l’être.

2033. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

C’est fatalement, et sans que les philosophes l’aient cherché, que le peuple est devenu à son tour incrédule. […] Comme on a remarqué que, dans le passé, tout système nouveau est né et a grandi hors la loi, jusqu’au jour où il est devenu loi à son tour, on a pu penser qu’en reconnaissant et légalisant le droit des idées nouvelles à se produire, les choses en iraient beaucoup mieux.

2034. (1909) De la poésie scientifique

John Davidson, à son tour proclama de propres principes de Poésie scientifique « désormais seule admissible ». […] Leconte de Lisle avait souhaité en la Préface de ses premiers Poèmes antiques que le Poète reprît son rôle ancien d’éducateur de l’humanité  « La Poésie aura un jour à compter avec la Science », écrivait Zola  Spencer, donnant Gœthe en exemple, avait songé cette ; alliance  Taine a prévu la possibilité d’une métaphysique moderne… « On reconnaîtra-que le vaste système-évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M. 

2035. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Nous faisons un tour dans le jardin. […] * * * — De la confusion des langues à la tour de Babel, sont nés : Pierrot qui s’en joue, et les traducteurs qui en vivent.

2036. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

» On ouvre la porte du cabinet de Thierry, fermé à double tour, et sans une minute de discussion, ni débat, sans un bruit de voix en notre faveur, nous entendons les boules tomber, et par une porte entr’ouverte sur le corridor, nous voyons tout le comité disparaître avec un bruit de pas qui se sauvent. […] Le plus souvent c’est un tour du lac, où les jeunes escortent sa barque sur des périssoires, ou bien encore elle entraîne dans les allées du parc un groupe, auquel elle jette en marchant, et en retournant un bout de profil, une conversation coupée, à tous moments, par un grand cri d’appel : Tine, Tine, ou : Tom, Tom, — un cri d’appel à un de ses roquets perdu dans un massif.

2037. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

c’est un mauvais homme… Il y a déjà six mois, j’écrivais à Flaubert : « Je crains que Sainte-Beuve, d’ici à quelque temps, ne nous joue quelque tour… » C’est lui qui a écrit à Nefftzer… il y a de son ami d’Alton-Shée dans tout cela. » Et avec une parole d’amertume sifflante : « Il m’écrivait, au Jour de l’an, que tout le confortable et le bien-être qui entouraient sa maladie, il me les devait… Non, on ne se conduit pas comme ça. » Et elle suffoque, elle étouffe, elle se bat la gorge avec le haut de sa robe brodée, qu’elle agite à deux mains, et des larmes, qu’elle dévore, lui montent dans la voix, que l’émotion étrangle par moments. […] — Et Pointel fait fiévreusement deux tours dans son cabinet, puis revient à Brown : — Des chevaux… Les chevaux mènent à la fille… La fille mène à la mort de la famille… Jamais de chevaux dans mon journal.

2038. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

quels tours forcés ! […] Sur quelque morceau qu’on puisse tomber, on deplorera l’abus de l’esprit, on verra quelques antithèses, quelques tours délicats tenir lieu des beautés d’imagination, & des plus sublimes traits d’éloquence ; la petite manière substituée en tout à la grande.

2039. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

» Il reproche à son tour en images sublimes leur dureté de cœur et leur commisération accusatrice à ses faux amis : « Vous ai-je priés de venir ?  […] je le vois, l’esprit de l’homme n’est que du vent, et c’est la seule inspiration de Dieu qui donne l’intelligence……… « Je dirai donc à regret : Écoutez-moi à mon tour ; je vous manifesterai ma philosophie……… « Car je vois qu’aucun de vous n’est capable de discuter avec Job et de le confondre.

2040. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est ce procès, si souvent débattu de nos jours avec la partialité et avec la passion des querelles d’esprit, que nous allons essayer de juger à notre tour, en comprenant bien et en faisant bien comprendre cet homme d’achoppement, Boileau. […] Boileau lui-même, en autorisant par son Lutrin ce faux genre, devait servir d’excuse à La Fontaine dans ses Contes, puis servir d’exemple au poème burlesque et licencieux de Voltaire, la Pucelle d’Orléans ; et Voltaire, à son tour, devait servir d’exemple à lord Byron dans son poème moqueur et satanique de Don Juan.

2041. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ainsi est faite la misérable humanité ; elle ne s’arrête jamais dans le vrai et dans le juste, elle se précipite à l’excès, et elle ne se croit libre de l’oppression que quand elle opprime à son tour. […] Cette colère va jusqu’à la tragédie dans un de ces journaux qui m’a envoyé récemment à son tour son invective circulaire. « Pourquoi ma plume », s’écrie le rédacteur en finissant, « n’est-elle pas une épée, et pourquoi ne peut-elle te percer le cœur du même fer dont notre compatriote, le colonel Pepe, te perça autrefois le bras ? 

2042. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

dit-il, je ne sais pas, mais enivre-toi, c’est ma seule réponse. » Prenant alors sur le tapis un des bouquets des mille fleurs diverses dont ses esclaves avaient paré la table de nacre du festin et couronné les jarres, il le donna à respirer à son ami : « Réponds à ton tour, lui dit-il, et analyse si tu peux, dans l’odeur enivrante qu’exhale ce bouquet, chacun des mille parfums dont ce parfum innommé se compose ; dis-moi ce qui est santé et ce qui est poison dans l’invisible haleine de toutes ces fleurs ?  […] Ce tour de Scapin s’accomplit, la Camargo découvre la supercherie, elle jure de se venger du mépris que Raphaël a fait de sa passion pour lui.

2043. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Ou si vous l’aimez mieux, imaginez, dans un pais où il y auroit une loi absurde qui défendroit d’écrire sur la finance, au bout d’un pont, un charlatan ayant derrière lui, au bout d’une perche, une pancarte où on liroit, de par le roi et Mr le controlleur général et devant lui une petite table avec des gobelets entre deux flambeaux tandis qu’un grand nombre de spectateurs s’amusent à lui voir faire ses tours, il soufle les bougies, et au même instant tous les spectateurs mettent leurs mains sur leurs poches. […] Et voilà pourquoi Chardin, Vernet et La Tour, sont trois hommes étonnants pour moi.

2044. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

On raconte que M. de Grancey, gouverneur d’Argentan, voulant faire démolir une vieille tour ou beffroi qui renfermait l’horloge de la ville, l’échevin d’Houay résista au nom des bourgeois ; et, comme le gouverneur, étonné du feu qu’il y mettait, lui demandait : Qui êtes-vous ?

2045. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

On est au lendemain de la victoire que Claverhouse a remportée sur les fanatiques et qu’il a souillée à son tour par d’impitoyables cruautés.

2046. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Daru dans sa campagne de Bêcheville : il y manque je ne sais quoi, peu de chose, un dernier tour, pour que l’art complet, l’art antique et fin s’y retrouve.

2047. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

D’un autre côté, La Motte et ses sectateurs étaient perpétuellement amenés à confronter la forme et le genre de beautés d’Homère avec l’idée d’une certaine exactitude de raisonnement et de tour, d’une certaine précision ingénieuse et fine qu’ils avaient dans l’esprit et qui prévaudra au xviiie  siècle : eux aussi, ils avaient leur moule favori et leur patron.

2048. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il vit peu dans le monde, ou du moins il n’y donne qu’une partie extérieure de lui-même et ce qui est de représentation, il s’isole le reste du temps ; il passe des journées entières dans les forêts, au spectacle de la nature, et dans cette tour qui était son cabinet de travail.

2049. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Il entre à son tour, par les conseils qu’il donne, dans mille détails familiers, appropriés ; il indique les recettes, les palliatifs applicables aux âmes tristes ou ulcérées, surtout les jours de fête et quand tout respire la joie alentour.

2050. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Les affaires graves ne sont guère mon fait : quatre petits tours de préau valent bien mieux que tout cela… » Ce sont des cérémonies, des harangues et députations sans fin, des compliments en corps qu’on va faire au roi sur ses victoires : Mon ami, tout le monde va ici en masque ; tout le monde, c’est-à-dire moi, et peut-être que les autres n’en font pas moins : c’est bien longtemps avant le carnaval !

2051. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Le vicomte de Turenne, depuis duc de Bouillon, opina le premier : c’était un homme de grands discours et habile à donner des infinités de raisons à l’appui des conclusions qu’il embrassait ; ayant été récemment accusé d’avoir été trop prompt à la dernière levée de boucliers, son point de départ, cette fois, fut qu’il fallait changer de méthode, mettre de son côté le droit et l’apparence, éviter avant tout l’odieux : « Si vous vous armez, disait-il, le roi (Henri III) vous craindra ; s’il vous craint, il vous haïra ; s’il vous hait, il vous attaquera ; s’il vous attaque, il vous détruira. » Par ces raisons subtilement déduites et enchaînées, il concluait qu’il fallait introduire, faire couler les gens de guerre dans les armées royales et servir de la sorte sans enseignes déployées : « Le roi devra sa délivrance à notre vertu, et sacrifiera sa haine passée à notre humilité. » Cet avis allait l’emporter, et la majorité semblait s’y ranger lorsqu’un mestre de camp, c’est-à-dire d’Aubigné, commandé de parler à son tour, s’exprima en sens contraire et changea la face de la délibération.

2052. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Théophile Gautier, je n’ajouterai rien à ce que notre spirituel collaborateur a dit du peintre ; il l’a jugé en le peignant à son tour : « La moitié du génie est faite, comme on l’a dit, de patience, et le laurier de la gloire couronne le front de cet amant obstiné du beau. » Cette conclusion est notre point de départ.

2053. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

La guerre s’ouvre avec vigueur ; le fils du roi, Monseigneur, est mis à la tête de l’armée du Rhin : « Le roi et Monseigneur se sont fort attendris en se séparant (25 septembre 1688). » Louis XIV dit à son fils une belle parole : « En vous envoyant commander mon armée, je vous donne des occasions de faire connaître votre mérite ; allez le montrer à toute l’Europe, afin que quand je viendrai à mourir, on ne s’aperçoive pas que le roi soit mort. » Monseigneur se conduit bien et vaillamment ; il a un éclair d’ardeur : cela même lui donne une étincelle d’esprit ; il écrit à son père devant Philisbourg : « Nous sommes fort bien, Vauban et moi, parce que je fais tout ce qu’il veut. » — « Mais Vauban pourtant, ajoute Dangeau qui s’anime et s’aiguillonne à son tour, n’est pas si content de Monseigneur, qui va trop à la tranchée et y demeure trop longtemps. » On prend Philisbourg, on prend Manheim et Frankendal : après quoi Monseigneur revient.

2054. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Quand le tour des opinions fut épuisé : « Avez-vous bien entendu, Montluc, lui dit le roi, les raisons qui m’émeuvent à ne donner congé à M. d’Enghien de combattre ni de rien hasarder ? 

2055. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

elle irait ainsi de Paris jusqu’à Berlin ; et, comme il est grand voyageur, il y a telle de ses phrases, en vérité, qui a pu faire avec lui le tour du monde.

2056. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

On me permettra donc d’y revenir à mon tour et pour dire un mot de ces travaux récents, et pour rappeler avec précision ce que j’avais désiré et demandé moi-même à l’origine.

2057. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

L’ennemi ne fait que vous suivre… Ces marches en arrière, à la longue, ne vont pas. » Après un entretien avec son frère, à Bautzen, où il essuya de durs reproches, et où, dit-on, forcé dans sa timidité, il en rendit quelques-uns à son tour, le prince Guillaume quitta le commandement.

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle s’en doute bien elle-même, et voudrait que Voltaire vint donner à sa petite société un dernier tour, un dernier poli de civilisation en faisant « un pèlerinage à Notre-Dame de Bareith. » Il promet toujours et ne vient jamais : « Vous me faites éprouver le sort de Tantale : soyez donc archi-germain dans vos résolutions, et procurez-moi le plaisir de vous revoir. » On a joué chez elle le Mahomet : « Les acteurs se sont surpassés, et vous avez eu la gloire d’émouvoir nos cœurs franconiens. » Elle demande décidément au poète philosophe de « la conduire dans le chemin de la vérité » ; et en attendant, elle lui fait des objections, mais des objections dans un sens plus avancé, plus radical.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il savait bien (sans même que Mme Elliott le lui dît) que, pour lui aussi, l’échafaud était au bout ; seulement, il tâchait à tout prix d’allonger le tour et, suivant l’expression vulgaire, de prendre le plus long.

2060. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Nous nous soucions peu maintenant de délivrer les princesses des mains des enchanteurs, peu nous importe Dulcinée ; mais nous voulons tous être gouverneurs de Barataria…. » Dans la bouche d’un jeune professeur, tout cela était à sa place, d’une justesse convenable, d’un tour neuf et piquant.

2061. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Mais chaque fois qu’il s’approche de ses amis pour leur dire : « Est-ce enfin mon tour ? 

2062. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Les suites et conséquences de la puberté se font bientôt sentir à leur tour.

2063. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan est de cette race des hautes intelligences ; c’est une intelligence aristocratique, royale au sens de Platon, et même qui est restée un peu sacerdotale et sacrée de tour et d’intention jusque dans son entière émancipation philosophique.

2064. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Toutes ses instances pour la faire rétracter sont vaines, et, on ne lui concède un peu que sur le tour et le style des dépêches : « Versailles, le 5 mai 1778.

2065. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

59 Corneille, après Ronsard, apporte à son tour son autorité en cette question de la réforme de l’orthographe.

2066. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

C’est après tout, pourraient-ils penser, le même tour d’esprit qu’on apporte dans des sujets divers ; l’élévation s’y retrouverait sans doute, mais la négligence aussi dans le détail et dans l’emploi.

2067. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

La politique, à son tour, ayant graduellement épuisé ses ardeurs, a rendu quelque loisir, au moins de coup d’œil, à ceux qui s’y étaient d’abord absorbés.

2068. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

s’écrie-t-il avec triomphe ; à mon tour maintenant ! 

2069. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Dans l’éternel concert je me place avec eux ; En moi leurs doubles lois agissent et respirent ; Je sens tendre vers eux mon globe qu’ils attirent : Sur moi qui les attire ils pèsent à leur tour.

2070. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Longtemps il s’est donc tenu à part sur sa colline, et, comme je le lui disais un jour, il est rentré avant midi dans sa tour d’ivoire.

2071. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Mais, outre le ressort principal, il y en a d’autres qui, agissant sur lui ou combinant leur action avec la sienne, impriment à chaque horloge un tour propre et une marche particulière.

2072. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Tout cela nous explique le tour que prit la querelle des anciens et des modernes, et pourquoi en somme Boileau y fut vaincu.

2073. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Qu’on suive Pantagruel dans son tour de France : on verra comment Rabelais fait ressortir les choses d’un trait bref, avec quelle vigueur il enlève en trois mots une esquisse : au contraire, dans les amples scènes du roman, dans les discours étalés et les larges dialogues, dans la harangue de Janotus, dans les propos des buveurs, dans le marché de Panurge et Dindenaut, dans la défense du clos de l’abbaye ou dans cette étourdissante tempête, on sera confondu de la patience et de la verve tout à la fois avec lesquelles Rabelais suit le dessin de la réalité dans ses plus légers accidents et ses plus baroques caprices.

2074. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

On se sent tout près de Hugo, bien plus près de Hugo que des Montagnards et du Conciones quand on lit des phrases comme celles-ci : « La victoire marchera au pas de charge ; l’aigle… volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. » Ou bien : « J’en appelle à l’histoire : Elle dira qu’un ennemi qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement, dans son infortune, chercher un asile sous ses lois… Mais comment répondit l’Angleterre à une telle magnanimité ?

2075. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Il y a un point où l’histoire se réduit à l’archéologie, qui se confond à son tour dans l’anthropologie ; et la curiosité historique, qui est un des caractères de ce temps, a valu des lecteurs inattendus à des travaux tout à fait techniques926 .

2076. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Lorsque la gloire lui vint, Mallarmé se vit obligé de descendre de sa tour d’ivoire et d’élargir son horizon.

2077. (1890) L’avenir de la science « V »

Voilà pourquoi toutes les sectes religieuses qui ont essayé, depuis un demi-siècle, de s’établir en Europe sont venues se briser contre cet esprit critique qui les a prises par leur côté ridicule et peu rationnel, si bien que les sectaires, à leur tour, ont pris le bon parti de rire d’eux-mêmes.

2078. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

J’ai causé d’ailleurs avec quelques-uns de ces hommes distingués qui s’honorent du simple titre de lecteurs, et, à mon tour, je me permettrai de discourir un peu sur ce sujet, en soumettant mes idées aux leurs et en me hâtant de reconnaître que je leur emprunte beaucoup à eux-mêmes dans ce que je vais exprimer.

2079. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Mais dès l’abord, ce me semble, on ne laisse pas de reconnaître en Pline un homme éclairé de son temps, un de ceux avec lesquels un homme éclairé du nôtre pourrait entrer en commerce immédiat et s’entendre, profiter et mettre du sien sans être choqué en rien d’essentiel et sans choquer à son tour ; avec qui, en un mot, on causerait de plain-pied comme avec un de ses pairs.

2080. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Mais quand, après le chancelier, on voit entrer le lieutenant civil, plus pâle à son tour qu’un acteur de la Comédie-Italienne, oh !

2081. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

La diversité de ses ouvrages et de sa conduite, la politique où elle a trempé, les satires, les accusations perfides qui l’ont poursuivie et qu’elle s’est peut-être plus d’une fois permises à son tour, n’ont pas contribué, même de son vivant, à lui donner une physionomie bien distincte pour ceux qui ne la voyaient pas de très près.

2082. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Et croiriez-vous qu’un tour de roue de plus et je pars ? 

2083. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il pensait peu hors du cercle des lettres et de sa profession ; mais il était un habile ouvrier de la parole ; il avait ce que les anciens appelaient l’ore rotundo, le tour cicéronien ; il y visait en public.

2084. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Fouquet à son tour fut étonné, dit-on, de l’étonnement du maître, comme si lui-même ne l’avait pas prévu et n’avait pas tout fait pour cela.

2085. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Mais pourquoi, dirons-nous à notre tour, pourquoi l’importation américaine réussirait-elle mieux en France que ne l’a fait l’importation anglaise ?

2086. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin voulait moins encore exposer quelques doctrines consolantes et désirables pour l’esprit humain, et nous énumérer les ambitieuses chimères des philosophes, que faire prévaloir à son tour une école de plus, laquelle, au milieu de ses vues supérieures, avait aussi sa part d’ambition et de chimère.

2087. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Ici, toutefois, ils avaient affaire dans l’abbé Gerbet à un homme qui connaissait les Pères, qui les lisait et les possédait à fond selon l’esprit, et ne manquait pas à son tour de textes puisés aux sources pour appuyer cette méthode plus libre et plus généreuse.

2088. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Lebrun-Tossa, à son tour, donna le Supplément à mes révélations ; il n’y disait qu’une assez bonne chose, noyée dans beaucoup d’autres faites pour soulever le dégoût.

2089. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

En envoyant ce portrait à ses amis d’Amérique, il faisait remarquer, par manière d’excuse, ce caractère propre à la nation française, de pousser l’éloge à l’extrême, tellement que la louange ordinaire, toute simple, devient presque une censure, et que la louange extrême finit, à son tour, par devenir insignifiante.

2090. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Trois ans de liberté, trois ans de vie ainsi ôtés d’une existence humaine en un tour de Code ; le délit pesé en une seconde avec un coup de pouce dans la balance, et l’habitude de ce métier cruel et mécanique de tailler à la grosse, pendant des heures, des parts de cachots. — Il faut voir cela pour savoir ce que c’est.

2091. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Faites un tour d’opinions sur Homère ; demandez à Scaliger, à Terrasson, à Lamotte, ce qu’ils en pensent.

2092. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Ainsi c’est précisément la force des pouvoirs qui amène les révolutions, et les révolutions à leur tour augmentent par mille raisons la force du pouvoir ; de là un cercle d’où il est difficile de sortir.

2093. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Mockel et de Souza ont discernée à leur tour, en étudiant le rythme poétique et qu’ils dénomment l’accent oratoire.

2094. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Eh bien, ce monde dans lequel Feuillet a taillé un roman qui n’a de vrai que son étoffe, voici un livre qui l’affirme à son tour, si quelqu’un pouvait contester, de ce inonde, la pitoyable réalité !

2095. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Car ce sont là de saines nécropoles ; l’air empesté des tombes s’y change en virils et généreux parfums. « Pourquoi donc n’aurions-nous pas, à notre tour, notre Westminster et notre Campo Santo ?

2096. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Des pilastres, des étages de portiques, des labyrinthes de galeries, des salles immenses amoncelées en tours, des temples accumulés comme des cellules d’abeilles, des allées sans fin, peuplées de dieux et de monstres, une ville de pierre, exhaussée d’assises en assises comme pour escalader le ciel immobile, et plongée dans les entrailles du sol par ses souterrains béants : déjà effrayés par ce labeur gigantesque, les voyageurs s’approchèrent.

2097. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Nous avons ainsi transformé la multitude disséminée des faits en une hiérarchie de propositions, dont la première, créatrice universelle, engendre un groupe de propositions subordonnées, qui, à leur tour, produisent chacune un nouveau groupe, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’apparaissent les détails multipliés et les faits particuliers de l’observation sensible, comme on voit dans un jet d’eau la gerbe du sommet s’étaler sur le premier plateau, tomber sur les assises par des flots chaque fois plus nombreux, et descendre d’étage en étage, jusqu’à ce qu’enfin ses eaux s’amassent dans le dernier bassin, où nos doigts les touchent.

2098. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Pour revenir à ses travaux de la Convention en cette année 93, il dira, par exemple, en parlant du vaste bouillonnement de passions qui ne doit pas déconcerter le législateur : « qu’il faut que celui-ci fasse, en quelque sorte, un tours expérimental de l’immoralité publique ; que, dans un temps calme, les éléments divers de la société ne donnent à la philosophie elle-même que des sensations trop obscures, et l’on a besoin, ajoute-t-il, d’en recevoir de vives pour acquérir sur ces éléments, sur leur nature, sur leurs mouvements, sur leurs propensions, la connaissance qui est strictement nécessaire à celui qui veut les combiner. […] En 1807, Daunou, qui avait quelques places à sa désignation dans les Archives, y nomma son ami ; lorsque Napoléon dut ratifier le choix, il le fit en disant : « Voilà un tour que Daunou m’a joué. » A partir de cette date, ou plutôt même depuis 1799, Chénier et Daunou se virent presque tous les jours, et ils eurent l’un sur l’autre une réciproque et salutaire influence. […] » Boileau, dans sa satire de l’Équivoque, a parlé des chrétiens martyrs dune diphthongue, et Voltaire, à son tour, s’est égayé là-dessus.

2099. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Une fois l’imagination prise, il ira criant, se persuadant par ses propres cris, intraitable. « Votre paragraphe, dit Swift à ses adversaires, rapporte encore ceci, que sir Isaac Newton a rendu compte d’un essai fait à la Tour sur le métal de Wood, par quoi il paraissait que Wood a rempli à tous égards son traité. […] Wood a soin de fabriquer une douzaine ou deux de sous en bon métal, les envoie à la Tour, et on les approuve, et ces sous doivent répondre de tous ceux qu’il a déjà fabriqués ou fabriquera à l’avenir ! […] Encore, un singe a des tours plus divertissants, est un animal moins malfaisant, moins coûteux ; il pourrait avec le temps devenir critique passable en fait de velours et de brocart, et ces parures, que je sache, lui siéraient aussi bien qu’à vous988. » Est-ce un pareil esprit qu’apaisera la poésie ?

2100. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Napoléon, à son tour, parcourant rapidement les phases de l’histoire, finit par prendre modèle sur le Moyen-Âge et sur Charlemagne ; et, accomplissant au dehors son œuvre de conquérant et de civilisateur, il garda la France militairement, comme on garde une ville en état de siège. […] Voilà ceux qui lui ont dit quelque chose sur la destinée générale, sur le pourquoi de la vie, sur le passé, sur l’avenir ; voilà ceux qui lui ont parlé de Dieu ; et plus tard d’autres éducateurs, les savants, les philosophes, le monde, l’ont pris à leur tour, et ont tout effacé. […] — Je la trouve mal faite, répond l’homme à son tour.

2101. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Shakspeare n’y a pas plus échappé que Molière, et s’en est affligé comme Molière, accusant la fortune « de ses mauvaises actions ; elle ne m’a fourni pour vivre que des moyens d’homme public, qui engendrent des façons d’homme public184. » On contait à Londres185 que son camarade Burbadge, qui jouait Richard III, ayant rendez-vous avec la femme d’un bourgeois de la Cité, Shakspeare « alla devant, fut bien reçu, et était à son affaire quand arriva Burbadge auquel il fit répondre que Guillaume186 le Conquérant était avant Richard III. » Prenez ceci comme un exemple des tours de Scapin et des imbroglios fort lestes qui s’arrangent et s’entre-choquent sur ces planches. […] Ou bien Shakspeare était-il, comme Voltaire, un homme de bon sens, quoique imaginatif de cervelle, gardant son jugement rassis sous les petillements de sa verve, prudent par scepticisme, économe par besoin d’indépendance et capable, après avoir fait le tour des idées humaines, de décider avec Candide que le meilleur parti est de « cultiver son jardin ?  […] Il y a tel mot d’Hamlet ou d’Othello qui pour être expliqué demanderait trois pages de commentaires ; chacune des pensées sous-entendues que découvrirait le commentaire laissait sa trace dans le tour de la phrase, dans l’espèce de la métaphore, dans l’ordre des mots ; aujourd’hui, en comptant ces traces, nous devinons les pensées. […] La fleur magique le change à son tour : c’est maintenant Héléna qu’il aime.

2102. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

La renaissance ne fut à son tour, comme son nom l’indique, qu’un pastiche. […] Champfleury excelle dans ces analyses, dont il se plaît quelquefois à restreindre le champ dans les limites d’une simple aventure domestique, comme dans le Trio des Chenizelles, un petit conte qui fera le tour de l’Europe. […] Nous sommes aujourd’hui les modernes ; à ce titre nous avons le droit de prétendre vivre notre vie personnelle, mais demain d’autres nous remplaceront au même titre, en nous mettant de côté à notre tour. […] Par exemple, mon cher, je t’en avertis d’avance ; il faudra travailler ; il faudra mettre comme nous la main à la pâte, aller au marché à ton tour de rôle, faire les lits, balayer, relaver même les assiettes, enfin tout !

2103. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité : et puis qu’un seul te dise s’il l’ose : je fus meilleur que cet homme-là. […] À dater de sa retraite en Suisse, il me semble bien que Rousseau fut à son tour l’obligé de Thérèse. […] — Si fait ; car, à leur tour, les sciences et les arts ont pour effets : la perte du temps, à cause de leur inutilité ; le luxe qui amollit. […] Le sang de Rousseau ne fit qu’un tour. […] Et Julie à son tour le récompense de sa vertu par un rendez-vous nocturne et tout à fait sérieux.

2104. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

On avait Jean-Jacques Rousseau qui avait découvert et révélé la solitude, les douceurs ou les sublimités qu’elle enferme ; on allait avoir Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand découvrant et décrivant à leur tour la forêt vierge, les sauvages et splendides beautés d’un autre monde ; on allait avoir Oberman s’abîmant dans la contemplation solitaire et dans l’expression intime des aspects reculés ou désolés ; mais les amateurs restés gens du monde, les gens de goût, et d’un noble goût, touchés en effet de la nature, et ne la voulant point cependant séparer jamais de la société, disaient entre autres choses avec le prince de Ligne, et ne pouvaient en cela mieux dire que lui : J’aime dans les bois les quinconces et les percés, de belles routes mieux tenues que celles des jardins, de belles palissades, des allées de hêtres surtout : elles ont l’air de colonnes de marbre quand elles ressortent sur un taillis bien haut et bien vert.

2105. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Un des morceaux enfin dont on se souvient, et qu’on a souvent cité, est celui où Gibbon, venant de terminer à Lausanne dans son jardin les dernières lignes de sa grande Histoire, pose la plume, fait quelques tours dans son berceau d’acacias, se prend à regarder le ciel, la lune alors resplendissante, le beau lac où elle se réfléchit, et à dire un adieu mélancolique à l’ouvrage qui lui a été, durant tant d’années, un si bon et si agréable compagnon.

2106. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

On y voit confirmé le bel éloge que Voltaire a fait du saint roi quand il a dit : « Prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux. » À considérer cette réponse magnanime et si simple qu’on vient de lire, la pensée se reporte à d’autres monarques de renom, et l’on se demande ce qu’en pareille circonstance ils auraient répondu, ce qu’ils auraient fait à leur tour.

2107. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Roger, qui avait de l’esprit, de l’empressement, du tour, et des qualités qui durent plaire dans la jeunesse avant que l’activité et la passion politique les eussent privées de leur premier agrément, M. 

2108. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Le début des Mémoires de La Fare est une espèce de prologue à la Salluste par le tour, sinon par le fond du raisonnement.

2109. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il mourut occupé jusqu’à la fin et des intérêts de la monarchie et du soin de son propre salut, entouré de prélats et de religieux qui l’exhortaient, de moines qui priaient, d’amis qui pleuraient, mettant sa confiance dans le Crucifix, — ce même Crucifix que l’impératrice avait tenu en mourant, qu’il avait réservé à son tour pour l’heure suprême, et qu’il porta à sa bouche, puis serra deux fois sur sa poitrine (21 septembre 1558).

2110. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

En attendant, je suis étonné que parmi tant de sujets empruntés au xviie  siècle et qu’on a traités de nos jours avec étendue et curiosité, M. de Harlay n’ait pas encore eu son tour.

2111. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Le fait est que Michel, malgré ses instants de joie et de triomphe, ne l’a point complètement soumise et domptée ; il n’a pu parvenir à la réduire dans son orgueil, dans son raffinement d’esprit ; il ne lui a pas donné le sentiment qu’elle était vaincue : et la conscience qu’il a de ce peu de succès intérieur le décourage à son tour et le refroidit.

2112. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Non, dirai-je à mon tour en pensant à Saint-Simon et à tous ceux qui ont dénigré Villars, non, dirai-je à la suite d’un bon guide41, ce n’était pas un soudard fanfaron, un pur miles gloriosus, que l’homme qui a gagné la bataille de Friedlingen, qui a défendu en 1705 la vallée de la Moselle contre Marlborough, si plein d’estime pour un tel adversaire ; qui a gagné la première bataille de Hochstett en 1703, et qui forma alors ce grand projet de marcher sur Vienne par le Danube, pendant que Vendôme, débouchant d’Italie à travers les Alpes du Tyrol, viendrait le rejoindre sur l’Inn, projet que Bonaparte et Carnot reprirent en 1796-97, que Napoléon reprit en 1805 et exécuta en 1809.

2113. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

S’ouvrant au comte de Tessé en juin 1696, au moment où il consentait (car c’était son tour alors de consentir) à ratifier sa paix particulière, il disait : « Au moins, Monsieur le comte, suppliez le roi de me donner un ambassadeur qui nous laisse en repos avec nos moutons, nos femmes, nos mères, nos maîtresses et nos domestiques ; le charbonnier doit être le patron dans sa cassine ; et depuis le jour que j’ai eu l’usage de raison, jusqu’au jour que j’ai eu le malheur d’entrer dans cette malheureuse guerre, il ne s’est quasi pas passé une semaine que l’on n’ait exigé de moi, soit par rapport à ma conduite ou à ma famille, dix choses où, lorsque je n’en ai accordé que neuf, l’on m’a menacé.

2114. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ce parti pris, très sincère — un parti pris pourtant, — ce tour systématique est sensible en plus d’un endroit de ses courses et de ses excursions, soit seule, soit en joyeuse bande.

2115. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

C’est dans le texte infime, dans l’étude des tours, des idiotismes propres à l’improvisateur, de ses artifices, qu’il faut chercher la solution de la question que vous venez d’effleurer. » Ici nous rentrons dans les sentiments et les nuances du goût individuel, dans ce qu’il y a de moins transmissible et de moins démontrable.

2116. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Comme à tout moment, par une similitude frappante et lumineuse, il étend la vue et nous fait faire le tour des choses !

2117. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

De quelque côté qu’on la prenne et qu’on essaye de la retourner, l’action n’est pas belle ; c’est une perfidie, et si l’espèce de fureur dont est saisi Saint-Simon toutes les fois qu’il y revient peut faire sourire, n’oublions pas qu’il est meilleur juge que personne de la noirceur du tour, puisqu’il savait seul à quel semblant de bonne grâce, d’émotion et de tendresse à son égard s’était portée, dans le tête-à-tête, la reconnaissance du duc de Noailles pour les offices généreux qu’il lui avait rendus.

2118. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

., il a pris simplement prétexte des inexactitudes de Saint-Simon pour traiter lui-même, à son tour, de quelques points importants du grand règne sur lesquels il avait fait de longue main des études originales et approfondies.

2119. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

» — « Sire, le moyen a été bien simple : j’ai acheté des rentes la veille du 18 Brumaire, et je les ai vendues le lendemain. » Il n’y eut pas moyen de se fâcher ce jour-là ; le renard, par un tour de son métier, s’était tiré des griffes du lion.

2120. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Ceux qui ont l’honneur de connaître Mme de Souza trouvent en elle toute cette convenance suprême qu’elle a si bien peinte, jamais de ces paroles inutiles et qui s’essaient au hasard, comme on le fait trop aujourd’hui ; un tour d’expression net et défini, un arrangement de pensée ingénieux et simple, du trait sans prétention, des mots que malgré soi l’on emporte, quelque chose enfin de ce qu’a eu de distinctif le dix-huitième siècle depuis Fontenelle jusqu’à l’abbé Morellet, mais avec un coin de sentiment particulier aux femmes.

2121. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Les traditions racontent et les anciens ont écrit qu’Orphée, le premier des poètes grecs qui chanta en vers des hymnes aux immortels, fut déchiré en lambeaux par les femmes du mont Rhodope, irritées de ce qu’il enseignait des dieux plus grands que les leurs ; que sa tête, séparée de son corps, fut jetée par elles dans l’Hèbre, fleuve dont l’embouchure est à plus de cent lieues de Smyrne ; que le fleuve roula cette tête encore harmonieuse jusqu’à la mer ; que les vagues, à leur tour, la portèrent jusqu’à l’embouchure du Mélès ; que cette tête échoua sur l’herbe, près de la prairie où Crithéis mit au monde son enfant, comme pour venir d’elle-même transmettre son âme et son inspiration à Homère.

2122. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

L’empire a dévoré la république ; l’armée a subjugué les lois ; la corruption, à son tour, a avili l’armée ; la sédition donne et retire le trône et la vie à des favoris prétoriens d’un camp et d’un jour.

2123. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Au contraire, Marot, plus ancien que lui, a fixé, la langue s’y prêtant, « le vrai tour de l’épigramme, du rondeau et des épîtres naïves ».

2124. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu’ils croissent et qu’ils s’avancent, semblent nous pousser de l’épaule et nous dire : Retirez-vous, c’est maintenant notre tour.

2125. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Et la raison, la voici : tous ces poètes, qui se sont frottes à la robe de Ronsard, ne sont que d’enthousiastes écoliers, qui, les yeux fixés sur les grands modèles, essaient d’en copier de leur mieux le tour et la forme extérieure.

2126. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Destouches (Philippe Néricault, dit), né à Tours en 1680, secrétaire de M. de Puysieux, ambassadeur de France en Suisse ; sa mission à Londres dura de 1717 à 1723.

2127. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Une nature ravissante contribuait à former cet esprit beaucoup moins austère, moins âprement monothéiste, si j’ose le dire, qui imprimait à tous les rêves de la Galilée un tour idyllique et charmant.

2128. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Dans sa conduite comme dans son éloquence, l’abbé Lacordaire a de ces tours imprévus, de ces hardis élans, de ce qu’on appellerait dans un général d’armée des illuminations soudaines.

2129. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Sa politesse extrême, que ses nombreuses relations entouraient de mille liens, n’empêchait pas la raillerie, quand elle avait à sortir, de se glisser dans ses articles je ne sais comment, dans le tour, dans la réticence ; il savait faire entendre ce qu’il ne disait pas.

2130. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Mis en arrestation à son tour, il mourut, comme on sait, peu après sa sortie de prison, en septembre 1794.

2131. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Il faut voir, dans les Instructions qu’à son tour il adressa plus tard à son fils, avec quelle affection et quelle tendresse il aborde ce chapitre intéressant.

2132. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Théophile Duchapt, magistrat, conseiller à la cour d’appel de Bourges, a publié également un recueil de Fables (1850), irréprochables par le sens et par le but, et dont plus d’une s’anime d’un tour de grâce et de finesse.

2133. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Mme Sophie Gay, par le caractère et par le tour natif, datait de bien avant la Restauration ; elle est une des femmes qui avaient le plus d’esprit sous l’Empire ; mais, comme il arrive, l’auteur chez elle retardait sur la femme du monde ; ce n’est que dans les premières années de la Restauration et dans cette seconde moitié de son âge qu’elle a réalisé la plupart de ses productions littéraires.

2134. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Le traité conclu, il prépare l’entrevue qui doit sceller la réconciliation et qui eut lieu à Cousières, près de Tours.

2135. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Il s’agit, chez Marguerite, d’un marchand, d’un tapissier de Tours qui s’émancipe auprès d’une autre que sa femme, et qui est aperçu par une voisine ; craignant que celle-ci ne jase, ce tapissier, « qui savait, dit-on, donner couleur à toute tapisserie », s’arrange de manière à ce que bientôt sa femme consente comme d’elle-même à faire une promenade au même endroit ; si bien que, lorsque la voisine veut ensuite raconter à la femme ce qu’elle a cru voir, celle-ci lui répond : « Hé !

2136. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Milord Maréchal était à la fois un caractère original, un cœur d’or et un esprit fin ; il avait le fonds d’esprit écossais, quelque chose de ce tour que Franklin a également porté dans le conte moral et dans l’apologue.

2137. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Mockel et de Souza ont discernée à leur tour, en étudiant le rythme poétique et qu’ils dénomment l’accent oratoire.

2138. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Mais, ainsi comprise, une théorie sociologique des valeurs soulève à son tour de graves difficultés qui, d’ailleurs, ne lui sont pas spéciales ; car elles peuvent être également objectées à la théorie psychologique dont il était précédemment question.

2139. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

— Je n’en ai pas, ai-je répondu — Mets des cailloux dans ta chéchia » Je l’ai fait et après quelques tours de passe-passe il me l’a rendue pleine de kolas.

2140. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Le couperet tombé, il n’y eut plus à la place de l’État qu’une horrible fantasmagorie d’hommes rouges qui s’agitaient sur un fond livide et décomposé, jusqu’au moment où un homme vint apporter l’Ordre en apportant la lumière et dire à son tour, ou du moins, s’il ne le dit pas, écrire sur toutes les marges de l’Histoire que l’État, c’était lui, car il l’avait refait !

2141. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Tout ce qui écrivait voulut écrire dans cette espèce de rhythme, oserai-je dire, dans cette forme équilibrée et docte où le critique pouvait se montrer aussi grand à sa manière que l’homme qu’il critiquait s’était montré grand à la sienne, et créer à son tour, comme l’homme dont il jugeait l’œuvre avait créé.

2142. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

C’était un contemplatif, il l’était deux fois, car il était un métaphysicien et de plus il était poète, un poète qui, par un tour de force de la tendresse de son âme, a fait entrer le pathétique dans la métaphysique, — ce qui n’est pas très facile et ce qu’on n’avait jamais vu.

2143. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Ils trouvèrent un si joli tour de lui prendre, ou du moins de lui légèrement déshonorer, la plus puissante de ses plumes laïques, et ils s’y employèrent, allez !

2144. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Or, cet Edgar Poe, il faut bien l’avouer, tout en convenant de son génie, n’est au fond qu’un puffiste sublime, qui méprise son public et le lui prouve, sans le lui dire, en lui construisant une littérature à le dompter, ce public américain qui aime les tours de force, et à le tenir les yeux dilatés dans la terreur des extraordinaires histoires qu’il lui raconte.

2145. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Il ressemble à Villon (par le tour d’imagination) autant qu’il l’imite.

2146. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il y aurait une contrepartie à faire, et, après avoir établi que le Parisien a souvent une opinion fausse du provincial, on pourrait aisément démontrer que celui-ci méconnaît à son tour le Parisien.

2147. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ronsard était enterré dans le prieuré de Saint-Côme, auprès de Tours.

2148. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

L’erreur de Bergson à son tour fut peut-être (je ne l’indique ici que de la manière la plus prudente et la plus hypothétique) de se plonger avec trop de confiance dans le pur flot psychologique et d’attendre trop naïvement la connaissance de son seul décours épousé. […] Mais si le cadre de sensations où elles sont conservées est ressaisi, elles ont à leur tour ce même pouvoir d’expulser tout ce qui leur est incompatible, d’installer seul en nous, le moi qui les vécut. […] La force de son interrogation et son besoin de certitude, après l’avoir détourné des objets extérieurs qu’il sentait ne pouvoir saisir dans leur fond, le contraignent à dépasser le donné psychologique, à ne prendre les faits de conscience à leur tour que comme des apparences. […] Et ce qui fait le prix incomparable de son œuvre, c’est justement que ce mouvement n’est jamais arrêté, ni modifié par aucune considération accessoire, ni par le souci de faire plus beau, ni par celui de faire plus consolant, ni même — car c’est un souci auquel cèdent souvent ceux qui justement se gendarment contre la censure et s’appliquent à lui jouer des tours — ni même par le souci de faire plus atroce. […] Ayant fait le tour du château, je le retrouvai à la même place, regardant fixement les roses.

2149. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

L’estomac se gâte, les nerfs se déconcertent, l’âme mine la machine, qui mine l’âme à son tour. « Je m’éveille toujours, écrivait-il en Italie, dans un véritable accès de désespoir et de dégoût pour toutes choses, même pour ce qui me plaisait la veille. […] Elle semble une Cybèle des mers sortie de l’Océan, —  s’élevant avec sa tiare de tours orgueilleuses, —  dans le vague lointain, d’un mouvement majestueux, —  souveraine des eaux et de leurs puissances. —  Elle l’était jadis ; ses filles avaient leur douaire — dans les dépouilles des nations, et l’inépuisable Orient — versait dans son giron les pierreries en pluies éblouissantes. —  Elle trônait dans sa pourpre, et à ses fêtes — les monarques invités croyaient leur dignité accrue1269… La Bataille géante1270 est debout sur la montagne ; —  le soleil brunit l’éclat de ses tresses sanglantes ; —  dans ses mains de feu, les boulets flamboient, —  et ses yeux brûlent tout ce que leur éclair a touché. —  Çà et là, sans repos, elle roule, un instant fixe, puis au loin, —  lançant sa flamme. […] Laissez-le semer sa folle avoine, le bon grain viendra à son tour.

2150. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

La petite telega se mit à ramper dans un chemin raboteux, faisant gémir à chaque tour une de ses roues. […] Je l’admirai, et lui me dit : « Dieu dit à la pluie : Tombe et mouille ; et Ephrem dit : Tu ne mouilleras pas. » Mais son tour le plus fameux (et ici Kondrate éclata de rire), je vais vous le conter. […] Lavretzky prit son thé dans une grande tasse qui lui rappelait un souvenir d’enfance et sur laquelle étaient peintes des cartes à jouer ; on ne la servait qu’aux étrangers, et maintenant c’était lui, étranger à son tour, qui buvait dans cette tasse.

2151. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Telle est celle du duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, gouverneur de Paris et de l’Ile-de-France, ayant en outre les gouvernements particuliers de Laon, de Soissons, de Noyon, de Crépy en Valois, la capitainerie de Mousseaux et vingt mille livres de pension, véritable homme de cour, sorte d’exemplaire en haut relief des gens de sa classe, et qui, par ses charges, sa faveur, son luxe, ses dettes, sa considération, ses goûts, ses occupations et son tour d’esprit, nous représente en abrégé tout le beau monde196. […] De Paris à l’Isle-Adam, à Villers-Cotterets, au Frétoy, à la Planchette, à Soissons, à Reims, à Grisolles, à Sillery, à Braine, à Balincourt, au Vaudreuil, le comte et la comtesse de Genlis promènent ainsi leur loisir, leur esprit, leur gaieté, chez des amis qu’à leur tour ils reçoivent à Genlis  Un coup d’œil jeté sur les dehors de ces maisons suffirait pour montrer que le premier devoir en ce temps-là est d’être hospitalier, comme le premier besoin est d’être en compagnie218.

2152. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Un jour que le père Biondo, célèbre prédicateur, confesseur du cardinal, était avec nous dans l’antichambre, en attendant son tour d’être reçu, et que nous parlions du Dante, il le blâma d’avoir parlé de lui-même en termes trop présomptueux. […] La postérité les associe à son tour dans son estime et dans sa reconnaissance.

2153. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Quand vint la Révolution, j’avais fait du chemin, et j’étais à mon tour devenu capitaine d’un petit bâtiment marchand assez propre, ayant écumé la mer pendant quinze ans. […] Je l’ai approché, j’en ai fait le tour, j’ai vu sous lui et au-dessus de lui, j’y ai posé la main, je l’ai trouvé assez fort pour servir d’appui dans la tourmente, et j’ai été rassuré.

2154. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Ils seront donc devenus de plus en plus disposés à déposer à leur tour leurs œufs dans le nid d’autres oiseaux, et d’autant plus que leurs couvées auront mieux réussi par cette éducation d’emprunt. […] Le procédé de sélection naturelle ayant eu pour fin d’économiser autant de cire que possible tout en donnant aux cellules une force de résistance suffisante, avec des dimensions et une forme convenables pour l’éducation des larves, tout essaim particulier qui construisit des cellules de plus en plus parfaites, et qui consomma le moins de miel pendant la sécrétion de la cire, ayant dû mieux réussir que les autres et ayant probablement transmis ses nouveaux instincts économiques à d’autres essaims, ceux-ci ont dû avoir à leur tour les plus grandes chances de l’emporter sur leurs rivaux moins favorisés dans la concurrence vitale.

2155. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

C’est là sans doute faire prendre le grand tour à la renommée ; mais le chemin le plus long est en ce cas le moins orageux, et pourvu que la renommée arrive enfin, on se résout à prendre patience. […] Dans le temps que notre langue n’était encore, grâce aux tribunaux d’esprit, qu’un mélange bizarre de bas et de précieux, les grands écrivains la devinaient pour ainsi dire, en proscrivant de leurs ouvrages les tours et les mots qu’ils sentaient devoir bientôt vieillir : c’est ce que Pascal a fait dans ses Provinciales, ouvrage qu’on croirait de nos jours, quoique composé il y a cent ans.

2156. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Par la hardiesse de son esprit, qui n’a peur de rien, et par la nature de son sujet, qui renferme tout ce qui peut effrayer des esprits moins fermes, — car il ne s’agit de rien moins, ici, sous tous ces noms de Monarchie de Juillet, de République et d’Empire, que de s’interroger et de se répondre sur la destinée du pouvoir dans les sociétés de ce temps, et aussi de recueillir la haine, l’indomptable haine des partis qu’on démasque et qu’on déshonore, — Cassagnac était digne d’écrire cette terrible histoire, et elle, à son tour, était digne de lui. […] L’imagination, cette perfide en histoire, ne lui jouerait pas de ses tours.

2157. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Que si Pierre leur concédait une âme, il perdrait aussitôt la sienne ; de référés ils seraient devenus référants ; ils seraient physiciens, et Pierre aurait à se faire marionnette à son tour. […] Le physicien attaché à quelqu’un de ces systèmes extra-terrestres, faisant le même raisonnement que moi, se considérera à son tour comme immobile et sera dans son droit : il aura donc vis-à-vis de moi les mêmes exigences que pourraient avoir les habitants d’un système absolument immobile.

2158. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Reprendre un point de départ identique, se plagier soi-même, et faire une œuvre toute nouvelle par une modification des caractères, voilà le tour de force qui, à lui seul, révèle le pur artiste. […] Tout cela est parfait en théorie ; mais voilà que les conditions matérielles du théâtre jouent un tour à la théorie et ne s’accordent ni avec les épanchements lyriques ni avec les développements épiques.

2159. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

À peine trouve-t-on quelques vers de lui à citer dans cette abondante et monotone superfluité ; si Bernis a un tour de rêverie et de mollesse, il manque tout à fait d’idées et d’invention.

2160. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Mais lorsque ces sentiments qui, à des degrés différents, sont plus ou moins ceux de toute jeunesse, continuent de s’exalter à des époques où il suffirait d’améliorer et de vivre sans avoir à régénérer, il importe qu’on les contienne et qu’on les détourne sans y trop abonder et sans y donner jour en tous sens : autrement la vie sociale ne serait qu’une révolution continuelle, et chaque génération, en y entrant, ferait explosion à son tour.

2161. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il tient la jeune intelligence constamment en éveil et en haleine, et mêle aux leçons de la gaieté et de l’intérêt ; il pratique le conseil de Charron et de Montaigne : « Je ne veux pas que le précepteur invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. » Il fait commencer le grec dans le même temps et sur le même pied que le latin.

2162. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il en éprouva une telle consolation et une vue de foi si pleine et si lumineuse, que le médecin craignit que cette brusque transition du désespoir à la joie n’amenât à son tour une crise nouvelle. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge.

2163. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Il est question (p. 24) du comte de Verdun « dont la fille, dit-on, avait épousé la fille aînée du maréchal de Tallard. » Je serais dans une grande inquiétude et perplexité pour savoir, dans ce mariage, qui des deux était la fille ou le garçon, si Saint-Simon ne nous disait : « Le maréchal de Tallard s’en alla en Forez marier son fils aîné à la fille unique de Verdun, très riche héritière. » Le cardinal de Bouillon, qui a mécontenté Louis XIV, reçoit l’ordre de quitter Rome et d’aller en exil dans une de ses abbayes ; mais s’il quitte Rome, où le doyen des cardinaux se meurt, il court risque de ne pas devenir doyen du Sacré-Collège à son tour ; car il faut être à Rome pour succéder : « On peut juger de l’embarras du cardinal de Bouillon, entre l’exil et le décanat. » Ici on lit (p. 17) la même phrase avec cette différence : « … outre l’exil et le décanat », ce qui n’a aucun sens.

2164. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Cependant un tel état de choses où une partie de la nation était occupée à brider l’autre, qui la tenait en échec à son tour, ne pouvait subsister sans le plus grand détriment pour la monarchie et pour la France, qui, en face de l’Europe et dans cette reconstitution alors générale des forces politiques modernes, avait besoin d’être une et de se rassembler.

2165. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’entretien fut aussi très aisé, doux et même gai : le prélat parlait à son tour, et laissait à chacun une honnête liberté ; je remarquai que ses aumôniers, secrétaires et son écuyer parlèrent comme les autres, fort librement, sans que personne osât ni railler ni épiloguer.

2166. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Je vois que d’autres esprits distingués survenant à leur tour ne craignent pas de faire de Maine de Biran leur chef de file en philosophie et de le proclamer comme le fondateur d’une ferme doctrine qu’ils opposent à l’éclectisme désormais en retraite de l’école de M. 

2167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Dans le grand nombre d’idées et de projets d’amélioration qu’il a agités, le temps a fait son triage, et il en est vraiment qui, par un singulier tour de roue de la Fortune, semblent devenus des à-propos.

2168. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

. — Après quelque conversation que j’eus avec Mme Swetchine, au sujet du comte Joseph de Maistre, et où je lui dus des communications précieuses, rentrant chez moi j’écrivais, entre autres notes, ces quelques lignes que je lis encore (1837), et qui ne portent que sur le ton et la façon : « Mme Swetchine, si respectable et si supérieure, a, dans le tour de l’esprit de l’expression, toute la subtilité du Bas-Empire, la stabilité russe ou celle d’un archimandrite grec. » On s’est épuisé en louanges au sujet de son salon, et certes ce serait affaire à un malotru de venir contester aux habitués d’un salon célèbre tous les agréments et les avantages qu’ils y ont trouvés et qu’ils regrettent.

2169. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Elle pouvait toujours se dire cependant, pour s’excuser à ses propres yeux, que si le prince de Conti était veuf, était libre, elle, elle ne l’était pas, et que, si elle l’avait été, leur liaison aurait pris bientôt un autre tour et un nom plus respectable.

2170. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

L’un et l’autre s’acquittèrent assez mal de leur tâche : « Le prélat n’en fut point fâché, remarque à ce sujet Legendre, qui a bien son grain de causticité ; il aimait à briller aux dépens d’autrui ; c’était assez sa coutume de faire agiter devant lui des problèmes de toute sorte, afin d’avoir le plaisir de donner à ce qu’on avait dit, et qu’il ne manquait point de résumer exactement, un tour si fin, si délicat, que l’on admirait dans sa bouche ce qui avait paru plat dans celle des autres. » On aime d’ordinaire ce qu’on fait bien : le prélat aimait à jouer aux arbitrages.

2171. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Je reprendrai à mon tour le chapitre de la vie de Montaigne auquel elles se rapportent, et qui est l’époque de sa mairie à Bordeaux.

2172. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il assista à l’affaire de Chiari (1er septembre), où Villeroy fut battu à son tour par le prince Eugène : il s’y exposa avec son intrépidité habituelle, et, on peut le croire, avec un certain désir d’en finir.

2173. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il se fit conduire chez moi : c’était un jour d’assemblée ; nous avions alors une escadre hollandaise en rade, commandée par l’amiral Kinsbergen, homme d’un rare mérite ; nous avions de plus un vaisseau de guerre suédois : tour, ces étrangers et plusieurs officiers de la marine française se trouvaient à l’intendance, lorsqu’on annonça l’abbé Raynal, que personne n’attendait.

2174. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

si vous faites la mauvaise tète, vous pourriez bien faire un tour au donjon de Vincennes.

2175. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

En littérature seulement, c’est-à-dire roman, poëme et théâtre, on a pu trouver avec plus de fondement, en effet, que les promesses avaient quelque peu menti, que les saturnales duraient et s’étendaient avec insolence, que la boue des rues et l’ordure des bornes remontaient trop souvent jusqu’au balcon, que les grands talents à leur tour donnaient le pire signal et manquaient à leur vocation première, qu’ils s’égaraient, qu’ils gauchissaient à plaisir dans des systèmes monstrueux ou creux, en tout cas infertiles ; en un mot, qu’ils n’amusaient plus et qu’ils avaient cessé de charmer.

2176. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Mais l’amour-propre, le grand et détestable ennemi, n’est pas abattu pour cela : « Je l’appelle détestable, écrit-elle, et je le déteste aussi avec beaucoup de raison, car il me joue souvent de vilains tours ; c’est un voleur rusé qui m’attrape toujours quelque chose.

2177. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Racine lui écrivait du camp près de Namur : « La vérité est que notre tranchée est quelque chose de prodigieux, embrassant à la fois plusieurs montagnes et plusieurs vallées avec une infinité de tours et de retours, autant presque qu’il y a de rues à Paris. » Boileau répondait d’Auteuil, en parlant de la Satire des Femmes qui l’occupait alors : « C’est un ouvrage qui me tue par la multitude des transitions, qui sont, à mon sens, le plus difficile chef-d’œuvre de la poésie. » Boileau faisait le vers à la Vauban ; les transitions valent les circonvallations ; la grande guerre n’était pas encore inventée.

2178. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ma sœur, te souvient-il encore Du château que baignait la Dore Et de cette tant vieille tour Du Maure, Où l’airain sonnait le retour Du jour ?

2179. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Et, par exemple, il y a des livres qui sont d’un artiste incomplet, où il serait facile de signaler des fautes et des lacunes, et qui plaisent néanmoins par la sincérité avec laquelle ils laissent transparaître l’homme qui les a composés, son caractère, son tour d’esprit, ses habitudes, sa condition sociale.

2180. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Une fois qu’on a fait le tour de toutes les branches de l’activité sociale, on se rabat sur la langue d’abord.

2181. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Et revenant quelques jours après sur le même portrait, il dit encore dans un tour charmant : Le portrait de Mme d’Épinay est achevé ; elle est représentée la poitrine à demi nue ; quelques boucles éparses sur sa gorge et sur ses épaules ; les autres retenues avec un cordon bleu qui serre son front ; la bouche entrouverte ; elle respire, et ses yeux sont chargés de langueur.

2182. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Après deux années d’université, il fit son tour du continent, selon l’usage des jeunes seigneurs de son pays.

2183. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle eut chaque semaine deux dîners de fondation, le lundi pour les artistes : on y voyait les Vanloo, Vernet, Boucher, La Tour, Vien, Lagrenée, Soufflot, Lemoine, quelques amateurs de distinction et protecteurs des arts, quelques littérateurs comme Marmontel pour soutenir la conversation et faire la liaison des uns aux autres.

2184. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Ses amis, ceux qui ont le plus droit de le juger, l’ont comparé à Duclos pour le tour d’observateur moraliste.

2185. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Né aux bords du lac de Genève en 1749, d’un père pasteur protestant, il fit ses études au collège et à l’académie de Genève ; il y contracta ses premières habitudes de justesse, son tour de dialectique et de raisonnement.

2186. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

qu’on dise après cela, répétait-il avec son tour d’ironie, que la censure n’est pas bonne à quelque chose ! 

2187. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Celui-ci, à son tour, s’enflamma pour le poète, et, au moment où l’on convoqua l’Assemblée des notables, il lui envoya le plan, non pas d’une réforme de finances, mais d’une ode ou d’un dithyrambe destiné à célébrer ce grand moment.

2188. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il y portait « des grâces infinies, un tour noble et fin qu’on n’a vu qu’à lui ».

2189. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Ce sont là des tours qui sentent la corde.

2190. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il y joignait un tour d’imagination prompte qui revêtait aisément la pensée et la maxime d’une forme poétique, comme faisait son compatriote Montaigne ; mars il était moins aisé que Montaigne, et n’avait pas la fleur comme lui.

2191. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Le cercle des choses humaines, qui a tant de tours et de retours, et duquel on ne peut jamais dire qu’il est clos et terminé, a semblé déjà bien des fois donner tort ou raison à Montesquieu.

2192. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Ce qu’on peut répondre à Rivarol, c’est que lui-même, quelques années après, éclairé par l’esprit encore plus que par le cœur, il prenait soin de se réfuter en rendant hommage à son tour aux doctrines religieuses et conservatrices.

2193. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault ne ressemblent pas à d’autres ; il les conçoit à sa manière et en invente les sujets ; il ne songe point à imiter La Fontaine, il songe à se satisfaire et à rendre d’une manière vive un résultat de son observation propre ; il obéit à son tour d’esprit, à son jet d’expression, et on ne peut s’étonner si, comme lui-même l’avoue, « l’apologue a pris peut-être sous sa plume un caractère épigrammatique ».

2194. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Cette supposition, à son tour, vient de ce que l’expérience nous montre des choses autres que notre pensée, existant sans notre pensée et existant d’une autre manière que nous ne l’avions pensé.

2195. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Précisons que Hennequin sera lu et commenté à son tour par Guyau dans L’Art du point de vue sociologique à propos de la question du « génie » (rééd.

2196. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

C’est un homme entre deux âges, éloquent, avec un tour d’esprit noble et poétique.

2197. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Cesser tout à coup de penser les choses réelles, en détacher un caractère extrêmement compréhensible et ne plus concevoir les individus qu’en tant qu’ils participent de cet attribut métaphysique est le fait soit d’une intelligence spéculative et savante, soit parfois d’un styliste émérite, d’un homme au tour d’esprit verbal qui emploie inconsciemment la synthèse que les mots ont faits de nos idées générales.

2198. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Les conseils demandés à son tour au royaliste Rivarol, ne furent pas plus suivis que ceux qui furent achetés et payés au démocrate Mirabeau, redevenu plus tard royaliste, et c’est alors que Rivarol émigra.

2199. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Tour de force dans la profondeur, il ne renverse pas tous les points de vue comme les sophistes turbulents, mais, à force de regarder les choses, il y aperçoit et il y fait voir ce que personne n’y avait vu encore, — formicaléo d’idées, qui en fait tomber des milliers en creusant.

2200. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Je crois que l’antiquité était pleine de respect pour les tambours-majors et les faiseurs de tours de force en tout genre, et que tous les fétiches extravagants que je citais ne sont que des signes d’adoration, ou tout au plus des symboles de force, et nullement des émanations de l’esprit intentionnellement comiques.

2201. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Étant lui-même un produit d’interdépendance, l’organisme devient à son tour solidaire d’un plus vaste organisme enveloppant le premier.

2202. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Mais il faudrait savoir aussi pourquoi nous-mêmes, à notre tour, mesurant la vitesse de la lumière par des expériences terrestres telles que celles de Fizeau ou de Foucault, nous trouvons toujours le même nombre c, quelle que soit la vitesse de la Terre par rapport à l’éther 5.

2203. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Loin de moi la pensée de critiquer leur critique pour le plaisir de faire de la critique à mon tour.

2204. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Quelques semaines plus tard, Taine subissait à son tour un douloureux échec causé par l’ensemble exceptionnel de qualités et de défauts qui faisait sa rare originalité et que M.  […] Te dire avec quel tour de reins il a fallu piocher pour arracher à mon cerveau ce chardon psychologique, et cela en six semaines de temps, est impossible. […] À Tours, où il avait passé l’hiver de 1870-1874, il avait pu voir de près, dans les jours de crise révolutionnaire et de désarroi universel, les vices de la machine gouvernementale et les défaillances de l’esprit public. […] Il se donnait tout entier à ses élèves, et à leur tour ses élèves ont eu sur lui une influence bienfaisante. […] Il écrivait le 14 janvier 1852 : « J’aurais, je crois (après le 2 décembre), définitivement et à tout jamais, répudié le suffrage universel, qui nous a joué cet effroyable tour.

2205. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

J’aurais été injuste à mon tour. […] Il parle à la duchesse, en honnête homme blessé, et, quand il croit avoir tout remis en ordre, va faire un tour à sa ferme. […] Puis vient le tour du rossignol qui est aussi taxé « vieux jeu ». […] C’est ce tour de force qu’a accompli, tout naturellement, M.  […] Xanrof, dont on sait déjà le talent fin, le tour ingénieux.

2206. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Castille a eu recours, pour tourner la difficulté, à un tour de prestidigitation littéraire d’une rare ingénuité. […] Nous espérons bien, d’ailleurs, leur fournir à notre tour, à eux ou à leurs amis, le sujet de représailles sanglantes ; ceci n’est qu’une question de temps. — Notre initiative n’aura donc servi qu’à les faire bénéficier du mérite d’une galanterie involontaire. […] Pour ne citer qu’un de ses articles, véritable chef-d’œuvre du petit journal, il n’est pas un lecteur du Figaro qui ne se souvienne de son ravissant portrait de Louis Hamon, — ce Prince Charmant du royaume de la Fantaisie, qui vient de faire son tour de Grèce, en s’attardant à Athènes ! […] De son ceinturon de chasse, le gentilhomme fait une lanière dont il flagelle, à tour de bras, les romanciers et les poètes, ces suppôts du vice, — « libertins émérites, vieillards podagres, cloaques d’impudicité », — suivant sa propre expression.

2207. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Rien donc n’empêche a priori que le déterminisme physico-chimique à son tour n’admette l’intervention de quelque déterminisme supérieur, comme serait, par exemple, le déterminisme biologique, s’il arrivait qu’on ne pût le réduire au déterminisme physico-chimique. […] Celle-ci à son tour engendre une sélection naturelle qui, grâce à l’hérédité, agit, avec le temps, comme notre sélection artificielle. […] Cette force collective, à son tour, n’a pu être constituée que grâce à un contrat tacite par lequel chaque associé, pour conserver son existence et sa liberté, a aliéné tous ses droits entre les mains de la communauté. […] Indispensable, à son tour, veut donc être traduit par préférable, c’est-à-dire plus conforme à l’humanité, répondant mieux à cette sympathie pour les faibles que l’on suppose exister en l’homme.

2208. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Pour que rien ne manque à ce merveilleux mélodrame, la fille de lady Vargrave, c’est-à-dire d’Alice Darvil et d’Ernest Maltravers, devient la femme de Lumley Ferrers, qui hérite du titre de son oncle, et s’appelle à son tour lord Vargrave. […] Claude Melnotte, pour se dédommager du rôle misérable qu’il a consenti à jouer, se permet plusieurs espiègleries très vulgaires, mais qui seraient sans doute applaudies au boulevard comme des tours du goût le plus fin. […] Quant à moi, je ne saurais partager leur admiration pour cette sagacité austère qui ne voit dans les événements humains qu’une partie d’échecs, et condamne ou absout la conduite des personnages comme la marche des cavaliers ou des tours. […] Il est vrai que Niebuhr, à son tour, procède de Vico, et que M.  […] Rendons-lui cette justice, qu’il n’a rien négligé pour dédoubler à leur tour les chefs de la première et de la seconde race.

2209. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Où sont les petites considérations scolaires sur les « tours vifs et ingénieux », sur les « grâces légères », sur le « sel attique », sur le « lustre de la raison ornée », sur la « discrétion piquante d’un art qui se montre en se cachant et d’une ironie discrète qui s’affirme au moment même où elle feint de s’ignorer » ? […] Si nous réussissons à établir comment les faits de la vie morale sont liés aux faits de la vie physique, et comment ils sont, à leur tour, fonctions les uns des autres, nous pouvons espérer que la découverte de deux ou trois vérités essentielles sera le résultat et la récompense de notre effort. […] Qui, plus violemment que lui, a décrit l’évolution de la race anglaise, depuis les maisons de planches des Saxons et les tours crénelées des Normands, jusqu’aux usines de Manchester ? […] À qui le tour ? […] Il étudia les genèses, il fit le tour des mythologies, s’arrêtant à Rome où le Crucifié ouvre sur le monde ses bras navrés et ses mains clouées ; aux berges du Gange, où les ascètes laissent errer leur vue sur la fantasmagorie de l’être.

2210. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Pourtant l’âge venait ; Louis XIV se tempérait à son tour, et une femme sortie du plus pur milieu de la société de Mme de Rambouillet et qui en était moralement l’héritière, une femme accomplie par le ton, la raison ornée, la justesse du langage et le sentiment des convenances, Mme de Maintenon, s’y prenait si bien qu’elle faisait asseoir sur le trône, dans un demi-jour modeste, tous les genres d’esprit et de mérite qui composent la perfection de la société française dans son meilleur temps.

2211. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Payen est venu payer tribut, à son tour, à cette noble mémoire, et lui convier des lecteurs.

2212. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Mais il ne serait pas juste, à notre tour, de prendre au mot, et dans toute la vivacité d’un éclat secret, l’irritation de cet homme de bien.

2213. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ami de la propriété des termes, de l’ordre logique et direct dans le langage, il se disait que l’esprit n’a ses coudées franches et son juste instrument que dans la prose ; « qu’elle seule a droit sur tous genres d’ouvrages indistinctement ; qu'elle a seule l’usage libre de toutes les richesses de l’esprit ; que, n’étant asservie à aucun joug, elle ne trouve jamais d’obstacles à exprimer ce que le génie lui présente ; qu’elle n’est jamais forcée de rejeter les expressions propres et les tours uniques que demandent les idées successives et les sentiments variés que ses sujets embrassent. » Mais, avec les vers, il faut toujours faire quelque concession, quelque sacrifice, tantôt pour la clarté, tantôt pour l’élégance, ces deux qualités dont la prose est toujours comptable : « Quand une pensée se trouve, à quelque chose près, aussi bien exprimée en vers qu’elle pourrait l’être en prose, on applaudit au succès du poète, on lui voue son indulgence, on lui permet de grimacer de temps à autre ; les expressions impropres sont chez lui de légères fautes ; les constructions inusitées deviennent ses privilèges. » Et il en citait des exemples jusque dans Boileau.

2214. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Bazin, avec le tour d’ironie piquante et épigrammatique qui lui était trop habituel, aimait constamment à opposer, au héros un peu convenu de La Henriade ; ce Henri paradoxal et vivant, mais accidentel, et qui n’est que la moindre partie de tout l’homme, on ne doit pas le chercher dans les pages sérieuses de cette Histoire.

2215. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

C’est ce que je vais essayer, à mon tour, de retracer religieusement et sans phrases.

2216. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

La sévérité de Royer-Collard n’était pas juste ; il usait et abusait de ses avantages, accoutumé qu’il était à donner à l’épigramme un tour d’apophthegme, et sûr, quand il le voulait, d’élever l’insolence elle-même jusqu’à la majesté.

2217. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

L’infante aussi, piquée à son tour, ne peut s’empêcher, à part soi, de trouver que Rodrigue est très-bien.

2218. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Je prie Votre Excellence d’agréer, etc. » C’est dans ces circonstances, sous le poids de ces fatigues et de ces anxiétés, aggravées encore par un conflit avec un sot commissaire des guerres, que le préfet fut atteint, à son tour, de la maladie régnante, dans les derniers jours de novembre.

2219. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Le duc de Savoie était surpris à son tour et au dépourvu ; Catinat, vif et joyeux comme il ne l’était guère volontiers que les jours d’action.

2220. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Pour les imiter dignement et conformément à l’esprit, c’était donc en français qu’il les fallait non pas seulement traduire, mais reproduire avec art, avec sentiment et choix, qu’il les fallait sinon transplanter tout entiers, du moins renouveler par quelques-uns de leurs rameaux, les faisant refleurir et fructifier à souhait par une greffe heureuse, afin qu’on pût dire de la langue française, à son tour, en toute vérité : Nec longum tempus, et ingens Exiit ad cœlum ramis felicibus arbos, Miraturque novas frondes et non sua poma.

2221. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On discuta à perte de vue ; mais on en était généralement à adopter la pensée de La Bruyère dans le tour plus épigrammatique de Mme du Deffand, quand Madame du Maine, s’adressant à Mlle de Launay qui ne s’était pas mêlée aux propos : « Et vous, Launay, que décidez-vous ? 

2222. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Mais à travers tout, ce qui importe le plus, l’homme est là pour nous guider et nous rappeler ; il reparaît en chaque ouvrage et dans les intervalles avec sa nature expressive et bienveillante, avec son esprit net, judicieux et fin, son tour affectueux et léger, sa morale perpétuelle, touchée à peine, cette philosophie aimable de tous les instants qui répand sa douce teinte sur des fortunes si différentes, et qui fait comme l’unité de sa vie.

2223. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Toutes deux étaient arrivées en quelques mois, par des routes différentes, au même souterrain, pour marcher de là au même échafaud : l’une, tombée du trône sous l’effort de l’autre ; l’autre, montée aux premiers honneurs de la république, et précipitée, à son tour, à côté de sa propre victime.

2224. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Il abordait un homme quelconque de plain-pied ; son tact merveilleux le plaçait juste dans l’attitude, ni trop haut ni trop bas ; on voyait qu’il rendait tout ce qu’il devait rendre à son puissant interlocuteur, mais qu’il se sentait devant lui digne d’être regardé et respecté à son tour.

2225. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Ses lettres ne déguisaient pas la hardiesse des conseils que Fénelon donnait à la femme qui conseillait à son tour le roi, il l’encourageait même à régner.

2226. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Allégories, depuis le Temple de Cupido jusqu’au Balladin, personnifications, abstractions, allitérations, rimes batelées, fraternisées, vers équivoqués, acrostiches, toutes les pédanteries, toutes les bizarreries, tous les tours de force se rencontrent chez maître Clément, et trahissent ses origines.

2227. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Mais, le vrai, à son tour, c’est la nature Mais la nature est vraie… Et elle porte avec elle son évidence : … Et d’abord on la sent.

2228. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il n’eut pas la tête métaphysique ; et le plus mauvais tour qu’on puisse lui jouer est d’exposer sa philosophie transcendentale.

2229. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Amateur de curiosités philosophiques, érudit, bibliophile, il se promène de l’alexandrinisme au xviiie  siècle, de la Thébaïde à la rue Saint-Jacques, de Paris à Florence, mettant dans tous ses romans ses goûts de fureteur et de chartiste, son tour de pensée spirituel et séduisant, et son exquis sentiment de l’art.

2230. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Puis c’est le droit et l’histoire où il s’applique avec beaucoup d’ardeur, considérant expressément les grands personnages historiques comme des maîtres et des sortes de prédécesseurs dans un rôle qu’il jouera à son tour. « C’est un esprit auquel il faut de l’emploi », disait fort justement son précepteur le P.

2231. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Le Roy a dit quelque part que la science se trompait plus souvent qu’on ne croit, que les comètes jouaient parfois des tours aux astronomes, que les savants, qui apparemment sont des hommes, ne parlaient pas volontiers de leurs insuccès et que, s’ils en parlaient, ils devraient compter plus de défaites que de victoires.

2232. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Les deux fenêtres donnaient sur le boulevard, les chantiers du chemin de fer du Nord, la tour de bois d’une grosse horloge dressée en plein ciel.

2233. (1890) L’avenir de la science « II »

En philologie, les grammairiens du temps s’amusaient à montrer l’inconséquence, les fautes du langage, tel que le peuple l’a fait, et à corriger les écarts de l’usage par la raison logique, sans s’apercevoir que les tours qu’ils voulaient supprimer étaient plus logiques, plus clairs, plus faciles que ceux qu’ils voulaient y substituer.

2234. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Tel objet, après y avoir pendu quelque temps, tombe, et c’est le tour d’un autre.

2235. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pendant la Révolution, la littérature politique aura son tour de primauté.

2236. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Il a donc fallu en un an faire ce tour de force de donner la Tétralogie ; et musiciens et chanteurs y ont mis une ardeur étonnante.

2237. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Après la révolution du 10 août et quand il eut cause gagnée contre la royauté, on vit Condorcet ralentir son mouvement et essayer de modérer, à son tour, celui des autres.

2238. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Cet orateur inné qui était en lui, et qui s’agita de bonne heure sous l’écrivain, sentait bien que, pour arriver à cette action vaste et souveraine, pour embrasser les masses et les foules d’un tour familier et puissant, il fallait quitter cette langue que j’appellerai patrimoniale et domestique, cette manière de s’exprimer toute particulière qui était ta griffe et parfois le chiffre de sa maison ; il lui fallait quitter une bonne fois le style de famille et descendre de sa montagne.

2239. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il n’abuse jamais du procédé de Diderot qui consiste à refaire à sa manière ce qu’il critique, mais il use à son tour du droit d’un maître en indiquant comment on aurait pu faire mieux.

2240. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il y a donc de la sobriété et un tour très net dans ce Voyage, écrit sous forme de lettres à un ami ; ce sont de vives esquisses, plutôt que des tableaux.

2241. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Qu’est-ce à son tour que la métaphysique, qui paraît d’abord un exercice solitaire de la pensée, la réalisation de l’idéal érigé en Dieu par Aristote, — la pensée suspendant tout à ses propres lois et se repliant sur soi dans la pensée de la pensée ?

2242. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Ils discuteront, ils critiqueront, ils seront à leur tour des révoltés ; ils le sont déjà.

2243. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

En effet, l’intelligence est étroitement liée à la sensibilité, et la sensibilité, à son tour, est étroitement liée à l’organisme vivant, dont elle est, suivant les physiologistes, une des propriétés les plus importantes.

2244. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Que si les justes sont le spectacle de Dieu, il veut aussi à son tour être leur spectacle : comme il se plaît à les voir, il veut aussi qu’ils le voient : il les ravit par la claire vue de son éternelle beauté, et leur montre à découvert sa vérité même dans une lumière si pure qu’elle dissipe toutes les ténèbres et tous les nuages.

2245. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

C’est pourtant une de ces pages du moment qui tiennent à un certain tour de tête qu’on n’a qu’une fois.

2246. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Plus vers la gauche, au-dessus du même mur, et un peu dans l’enfoncement, une assez haute portion de tour gothique avec l’éperon qui la soutient.

2247. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ce qui ne veut pas dire qu’il habite les sommets et les tours d’ivoire, au contraire, il préfère être écrasé par la vie que d’en être éloigné.

2248. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

La clarté, cette loi fondamentale, aujourd’hui négligée par tant d’écrivains, qui croient être profonds et qui ne sont qu’obscurs, consiste à éviter non seulement les constructions louches, et les phrases trop chargées d’idées accessoires à l’idée principale, mais encore les tours épigrammatiques dont la multitude ne peut sentir la finesse ; car l’orateur ne doit jamais oublier que c’est à la multitude qu’il parle, que c’est elle qu’il doit émouvoir, attendrir, entraîner.

2249. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Avant de renoncer à notre littérature native, nous l’avons imposée, comme nous disions tout à l’heure, à toute l’Europe, car c’est nous qui lui avons donné la littérature romantique, qu’elle veut nous imposer à son tour.

2250. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Il y a des volontés d’une telle puissance qu’elles semblent parfois plier l’individu à de véritables tours de force ; mais lorsque la tension est trop violente, l’être mental se brise soudain, et c’est le spectacle auquel nous assistons parfois.

2251. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Devant cet assemblage dépourvu de sens, l’intelligence (qui continue à raisonner, quoi qu’on en ait dit) cherche une signification ; elle attribue l’incohérence à des lacunes qu’elle comble en évoquant d’autres souvenirs, lesquels, se présentant souvent dans le même désordre, appellent à leur tour une explication nouvelle, et ainsi de suite indéfiniment.

2252. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

On vient de l’enterrer à son tour, et civilement, cela va de soi. […] Les Nuits d’hiver sont une série de nouvelles, à la manière de Tourgueneff, très pittoresques, très dramatiques, et toutes pleines d’observations sincères, curieuses, de vues modernes, avec un tour hardi de pensée. […] De cet enfermement d’un haut et dédaigneux esprit dans la tour d’ivoire des croyances et des rêves impollués, on disait que c’était aigreur boudeuse, originalité de mauvais goût. […] Et, à mon tour je regardai la maison. […] Tour à tour je le montrai effacé, aérien dans les aubes pâles, violent sur les soleils couchants, enjambant les moissons, dominant les meules, ou perdu dans le sillon brun.

2253. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Autour de lui Chateaubriand, de Maistre, de Bonald, rêvaient et prêchaient le maintien pur et simple du pouvoir spirituel ancien ; Ballanche, et, après lui, tous ceux qu’on a appelés catholiques libéraux, voulaient le maintien du pouvoir spirituel ancien, mais accommodé plus ou moins aux besoins intellectuels et au tour d’esprit nouveau. […] je le dis à mon tour, je le dis aux gouvernements instruits par l’expérience : Écrasez l’Infâme ! […] On ne change jamais, parce que les premiers principes d’un homme sont des tours non seulement de son esprit, mais de son tempérament ; seulement on se développe, logiquement encore, naturellement encore, dans un sens ou dans un autre, selon la poussée des circonstances et la pression des obstacles. […] Quelque chose est plus haut pour elle : la stabilité des institutions tempo « relies, concordant, plus ou moins, avec la stabilité de l’institution spirituelle ; mais bonne en elle-même, et surtout répondant aux désirs, au tour d’esprit et de caractère des fidèles qui sont la force de l’Église. […] Les mœurs sont traditionnelles, les idées sont novatrices et créatrices à leur tour de nouvelles mœurs.

2254. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Royer-Collard n’était aussi qu’un professeur de l’histoire de la philosophie ; mais il prétendait bien avoir une opinion en philosophie : il servait une cause qu’il nous a transmise, et nous la servons à notre tour. […] Ce nouveau corps est à son tour dans un lieu. […] — Niez-vous que cette salle soit dans un lieu plus grand, lequel est à son tour dans un autre plus grand encore ? […] Hors de là, l’art peut à son tour surpasser la nature, à la condition de ne pas vouloir l’imiter trop scrupuleusement. […] De même, l’art, fondé sur ce sentiment, qui s’en inspire et qui le répand, est à son tour un pouvoir indépendant.

2255. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

La règle, l’ordre, l’étiquette allaient avoir leur tour. […] Sous ce rapport, cependant, on pourrait dire que Montaigne a été moins directement utile à la formation de la langue que son contemporain Amyot, essentiellement français dans son tour et ses expressions, et plus facile pour le commun des lecteurs. […] Le cardinal Mazarin, l’ayant emporté sur elle, la fit reléguer à Tours. […] On lut avidement ce petit recueil ; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif, précis et délicat. […] Il n’est donc pas question de rassasier le moi ; le monde entier n’y suffirait pas : ainsi le moment ne peut point arriver où ce sera le tour du non-moi ; son tour ne viendra jamais.

2256. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Malgré cette petite guerre, il paraît que Piron voyait Des Fontaines, qu’il le visitait même, et l’on raconte qu’à cette occasion il trouva moyen, en contrefaisant le bonhomme, d’amener l’abbé à écrire sous sa dictée la sanglante épigramme dirigée contre lui ; ce fut un vrai tour d’adresse ; les circonstances nous échappent : il est permis d’y suppléer. […] Entre les poésies badines de Piron, je ne vois guère qu’une pièce, une seule, qui soit vraiment agréable, d’un tour libre et aisé, et que les gens de goût puissent, entre soi, s’avouer avoir lue ou même relue avec plaisir : c’est celle qui a pour titre, Leçon à ma Femme : Ma femme, allez au diable ou vivez à ma mode… On serait tenté (le genre admis) de savoir gré à Mme Piron d’avoir fourni matière à cette leçon conjugale assez peu correcte et de s’en être accommodée.

2257. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Dante, Shakespeare, Molière même et La Fontaine ne sont plus que des occasions de tout voir et de tout dire, de remuer toutes les questions d’art et d’histoire, de faire son tour du monde littéraire ; et pour Shakespeare en particulier, l’ensemble du cours que lui consacra Gandar est parfaitement défini dans le passage suivant d’une de ses lettres (à M.  […] Ses jugements sont d’une précision, d’une pondération parfaite, d’un tour ferme et souvent heureux.

2258. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le vent siffle et gambade dans les arcades, dans les dentelures, dans les clochetons grimaçants de la tour ; il se roule et s’entortille autour de l’escalier tremblant ; il fait pirouetter la girouette qui grince. […] à travers des tours et détours sans fin, dans le labyrinthe des rues sans nombre, jusqu’à ce qu’on atteigne une vieille cour d’hôtellerie, et que Tom Pinch descendu, tout assourdi et tout étourdi, se trouve à Londres1338 !

2259. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Goûter Cicéron, s’écrie à son tour l’esprit le plus antique de l’antiquité, Quintilien, c’est prouver qu’on avance dans la philosophie comme dans l’éloquence. […] Je faisais donc proposer par ces amis le sujet sur lequel on voulait m’entendre, je discourais sur cette matière, assis ou debout, et, comme nous avons eu ces sortes d’entretiens pendant cinq jours, je les ai rédigés à loisir en autant de livres. » XXXII Voilà l’origine des cinq Méditations ou Tusculanes que nous allons, à notre tour, parcourir avec vous.

2260. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

» Astyage, au lieu de répondre, fixant ses regards sur Harpagus, lui demanda à son tour : « s’il s’appropriait ce que Cyrus avait fait ?  […] « Les Péoniens, instruits que les Perses s’avançaient, réunirent leurs forces ; ils se dirigèrent sur la mer, persuadés qu’ils devaient être attaqués de ce côté, et, véritablement, ils étaient alors en mesure de repousser Mégabaze ; mais les Perses, informés à leur tour que les Péoniens s’étaient rassemblés et qu’ils défendaient l’entrée du pays vers la mer, prirent, avec le secours de leurs guides, et à l’insu des Péoniens, la route par les montagnes, pour tomber à l’improviste sur les villes : ils les trouvèrent sans défenseurs, et s’en emparèrent facilement.

2261. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Plusieurs, m’écoutant parler, disent : « Celui-ci gagnera le ciel… » Et moi, je voudrais monter sur une tour, et crier d’une telle voix que tous les chrétiens qui sont dans le monde puissent l’entendre : « Oh ! […] C’est que la Réalité est une grande païenne … Un autre endroit a de la grandeur : c’est lorsque le curé de Marsailles, ayant absous Valère, s’agenouille à son tour ; se confesse à son pénitent, le remercie de l’avertissement courageux qu’il a reçu de lui sur ses prudences de prêtre-fonctionnaire… Mais vous trouverez que ce sublime-là sent trop la calotte, et vous préférerez sans doute ce doux entremetteur d’abbé Constantin.

2262. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

« Je n’aspire, disait à son tour George Elliot, qu’à représenter fidèlement les hommes et les choses qui se sont reflétés dans mon esprit, je me crois tenue de vous montrer ce reflet tel qu’il est en moi avec autant de sincérité que si j’étais sur le banc des témoins, faisant ma déposition sous serment. » — Oui, sans doute, l’artiste est un témoin de la nature, et la première obligation d’un témoin, c’est la véracité. […] Un spectre parut devant mes yeux, et j’entendis une voix comme un petit souffle. » « La terre, s’écrie à son tour Isaïe, chancellera comme un homme ivre : elle sera transportée comme une tente dressée pour une nuit. » Que notre littérature romantique se soit inspirée de la Bible, cela est tout simple, puisqu’elle chercha dès ses débuts à faire des pastiches du genre oriental.

2263. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais si le mouvement moléculaire peut créer de la sensation avec un néant de conscience, pourquoi la conscience ne créerait-elle pas du mouvement à son tour, soit avec un néant d’énergie cinétique et potentielle, soit en utilisant cette énergie a sa manière ? […] On verrait d’ailleurs que ces deux illusions, à leur tour, en impliquent une troisième, et que la question de savoir si l’acte pouvait ou ne pouvait pas être prévu revient toujours à celle-ci : le temps est-il de l’espace ?

2264. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

De celui-ci nous supposons qu’il demeure invariable à son tour, et ainsi de suite indéfiniment. […] Si ces parties s’avisaient de changer, nous les fragmenterions à leur tour. […] Cette dernière relation, à son tour, est d’autant plus mathématique qu’elle exprime une plus rigoureuse nécessité.

2265. (1923) Paul Valéry

Il fallut à Montaigne le vide, l’ennui, les oisivetés de sa retraite et de sa tour, l’absence d’ami, et l’absence d’un ami. […] Le plan de l’autre c’est la réflexion sur le métier poétique, réflexion éclose dans l’ombre du studio de Mallarmé, qui lui-même procédait des ateliers parnassiens : cette réflexion sur la technique du vers, devenue, chez Mallarmé, une réflexion sur la technique de tous les arts du successif (poésie, musique, danse, théâtre) devient chez Valéry une réflexion sur une technique plus générale, une technique quelconque, mais le lien n’est jamais coupé de cette technique quelconque avec la technique particulière dont elle procède et qui en procède à son tour. […] Mais qui l’emporterait sur la puissance même, Avide par tes yeux de contempler le jour Qui s’est choisi ton front pour lumineuse tour ?

2266. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Vendredi 16 septembre Aujourd’hui je m’amuse à faire le tour de Paris par le chemin de fer de ceinture. […] Ce sont les joues roses d’un bébé, avec le charbonné de l’intérieur des narines, du tour de la bouche des sexagénaires. […] Que de tours dans ce jardin, où je n’appartenais plus à la petite promenade, que mon corps faisait dans la petite allée tournante, mais où parcourant l’air sur un escabeau volant, j’étais l’inventeur d’une substance, décomposant, au-dessous de moi, l’oxygène ou l’hydrogène de l’air respirable, et le rendant mortel aux poumons prussiens de toute une armée ! […] La nuit est venue, de petites chauves-souris zigzaguent sur le violet dense des tours de Notre-Dame, sur la pâleur du ciel, que lignent en bas, comme, des épingles noires, les baïonnettes de la multitude armée, défilant toute sombre, sur les quais.

2267. (1940) Quatre études pp. -154

Les collègues américains, toujours si prompts à exercer leur hospitalité cordiale, l’invitent, et le font entrer dans leur familiarité ; de sorte qu’il s’enrichit à son tour de connaissances et de sympathies, et qu’il reçoit autant qu’il donne : le cycle est complet. […] Et Freiligrath, converti, se faisait à son tour le poète du libéralisme et de la révolution. […] « Avant de donner une larme à l’infortune de Lenore, nous mettrons sur la balance les degrés de vraisemblance que comporte l’histoire de la jeune fille. » Moins sensibles et moins imaginatifs, nous autres, gens du Midi, avons peine à goûter, avons peine à comprendre les illusions sombres qui enchantent les gens du Nord16… La traductrice française qui avait précédé Berchet de deux ans n’avait pas donné à sa pensée un tour aussi précis ; mais elle sentait bien la différence qui sépare l’une et l’autre imagination : On me reprochera le choix du sujet, disait-elle ; mais si l’on tolère des revenants sur la scène et dans les romans, on peut bien les tolérer dans un petit poème ; il n’est pas plus fou de croire aux apparitions qu’aux devineresses ; c’est moins dangereux, et les morts ne donnent que d’utiles leçons partout où on les fait intervenir. […] Alors aussi, on vit s’évertuer les génies, à la recherche d’harmonies nouvelles ; jamais ils n’avaient fini leur tâche ; lorsque l’un défaillait un autre prenait sa place, pour s’engager à son tour dans des voies non tracées : comme si, niant les effets de l’apparente loi qui veut que l’ordinaire succède à l’extraordinaire, et le banal à l’originalité substantielle, ils avaient cherché à l’éluder en se multipliant, pour provoquer, à un rythme encore inconnu dans l’histoire des lettres, une série de révolutions.

2268. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Comme ils se battaient contre le tour de reins lui il se bat contre son foie. […] Ainsi quand le saint roi se mourait devant Tunis, et de ce flux de ventre qui l’emporta, c’était ce nourrisson de deux ans qui était le fils de son fils, né à Fontainebleau, l’homme de sa race et celui qui à son tour allait monter sur le trône, comme disent les vieilles histoires, allait être la maison de France. […] Ainsi aussi la Vierge est Maison d’or et Tour d’ivoire et Tour de David et Arche d’alliance et Étoile du Matin et Porte du Ciel. […] Ce tour de passe-passe n’est qu’un tour de passe-passe. […] Tout négatif est en réalité un contre positif, un positif contraire, qui bat dans ce plein, comme les autres, et qui va et vient à son tour perpétuellement.

2269. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

L’Antigone, à son tour, nous laisse apercevoir quelques légères traces de cette fausse manière inventée à la fin du dix-huitième siècle et perfectionnée sous l’Empire et qu’on nommait alors la prose poétique. […] Quand le savant est autre chose qu’un vulgarisateur de vérités déjà conquises, lorsqu’il crée à son tour, lorsqu’il invente, est-ce en vertu d’un syllogisme ? […] Il est certain que les tours de Notre-Dame ont beau jeu contre la Bourse et la Madeleine. […] Depuis l’homme, doué d’une âme, merveille de la toute-puissance créatrice et pouvant créer à son tour, jusqu’au grain de sable, jusqu’à la molécule de matière inorganique, la nature ne renferme rien qui ne corresponde à une des idées de Dieu, rien qui ne soit revêtu d’une forme sensible et qui n’ait une portion, si minime qu’elle soit, de la substance et de la vie. […] Nous cherchions les différences qui distinguent la prose et la poésie : nous devons les trouver d’abord dans l’âme elle-même qui reçoit les impressions de la poésie et de la prose, et dont l’activité crée à son tour la prose ou la poésie ; puis dans les œuvres que l’homme produit en vertu de cette double faculté, et enfin dans les objets extérieurs qui fournissent à l’homme la matière de la prose et de la poésie.

2270. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Un savant auteur anglais, le colonel Mure, dans son Histoire de la littérature grecque, se pose, à son tour, cette question : « Si la nation grecque n’avait jamais existé, ou si ses œuvres de génie avaient été anéanties par la grandeur de la prédominance romaine, les races actuelles principales de l’Europe se seraient-elles élevées plus haut dans l’échelle de la culture littéraire que les autres nations de l’antiquité avant qu’elles eussent été touchées par le souffle hellénique ? 

2271. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.

2272. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il en revenait toujours au bon coin, qui est le mot du guet entre les savants de la haute volée. » Bayle, flatté comme il devait l’être d’un tel suffrage auquel il ne s’était peut-être pas attendu, répondait en louant à son tour, mais avec bien de la finesse et avec une modestie qui, sous son air provincial et un peu exotique, cachait bien de l’urbanité ; sa lettre est la première de celles qu’on a de lui, adressées à Mathieu Marais (2 octobre 1698) : « Je me borne à répondre aujourd’hui, monsieur, à quelques-uns des endroits de votre lettre.

2273. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Messieurs, il n’a pas fallu beaucoup de temps au rapporteur de votre Commission, même dans le petit nombre de séances où elle a pu se réunir, pour se convaincre que le Sénat, si, à son tour, il avait à se livrer à une discussion complète et approfondie de la loi, trouverait dans son sein des orateurs pleins de feu, des argumentateurs pressants et des jurisconsultes consommés, maîtres du sujet, qui maintiendraient le débat à la hauteur où il s’est élevé dans une autre assemblée.

2274. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Seulement cette répétition qui, chez Homère faisant parler Hector, accentuait un sentiment héroïque et belliqueux, Virgile, qui n’oublie rien et qui ne fait rien comme un autre, Virgile, en s’en emparant, la transpose aussitôt sur le mode sensible et pathétique ; il la dépayse si je puis dire, pour qu’elle ne soit pas trop reconnaissable : voilà un des traits de son art ; le coup de clairon redoublé est devenu, grâce à lui, un écho de flûte plaintive ; il a soin de le reporter, ainsi adouci, et de le confondre dans son imitation du guerrier mort, gisant si loin de son berceau : cette imitation s’en relève et prend un tour original qui n’est plus de l’Homère : c’est du Virgile, et l’on a un admirable exemple de plus du genre de beauté poétique qui lui est propre et qui se désigne de son nom.

2275. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il est « le premier auteur, en aucun temps, qui ait tiré des campagnes des plus grands généraux les vrais principes de guerre et qui les ait exprimés en clair et intelligible langage. » C’est le témoignage que lui rendent à leur tour les généraux américains de la dernière guerre, les tacticiens sortis de l’École de West-Point53.

2276. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Par sa naissance, par son éducation et sa première vie dans une province la plus fidèle de toutes à la tradition et à l’ordre ancien, par le genre de ses relations ecclésiastiques et royalistes dans le monde lorsqu’il s’y lança, par la nature de son scepticisme lorsqu’il fut atteint de ce mal, par la forme soumise et régulière de son retour à la foi, par tout ce qui constitue enfin les mœurs, l’habitude pratique, l’union de la personne et de la pensée, l’allure intérieure ou apparente, la qualité saine du langage et l’accent même de la voix, M. de La Mennais, à aucune époque, n’a trempé dans le siècle récent, ne s’y est fondu en aucun point ; il a demeuré jusqu’en ses écarts sur des portions plus éloignées du centre et moins entamées ; dans toute sa période de formation et de jeunesse pieuse ou rebelle, il a fait le grand tour, pour ainsi dire, de notre Babylone éphémère, et si plus tard il est entré dans l’enceinte, ç’a été avec un cri d’assaut, muni d’armes sacrées, se hâtant aux régions d’avenir et perçant ce qui s’offrait à l’encontre au fil de son inflexible esprit.

2277. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

D’ailleurs, je trouvais, au dedans de moi, assez juste que le roi, qui n’avait jamais dans sa vie goûté plus délicieusement aucun plaisir que celui d’inquiéter tous les gens qui l’entouraient sur leur santé, de leur annoncer la mort future ou prochaine, savourât d’avance, à son tour, la sienne, et se minât d’inquiétude.

2278. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

«  Sainte-Beuve. »   Je ne me crois pas en droit de produire la réponse textuelle de M. le Président du Sénat : qu’il me suffise de dire qu’elle était non-seulement extrêmement polie, mais bienveillante, et que M. le Président Troplong m’assurait que, lorsque ces questions de doctrine se représenteraient par leur côté légal et politique, je serais autorisé à faire entendre ma voix à mon tour et à mon rang de parole.

2279. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il n’y a point de langue assez riche pour fournir autant de termes, de tours et de phrases que nos idées peuvent avoir de modifications.

2280. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On dit que ce sont tous des habitants de la campagne qui, n’y pouvant plus tenir par les vexations qu’ils y essuient, viennent se réfugier dans la ville, … préférant la mendicité au labeur. » — Pourtant le peuple des villes n’est guère plus heureux que celui des campagnes. « Un officier dont la troupe est en garnison à Mézières m’a dit que le peuple est si misérable dans cette ville, que, dès qu’on avait servi le dîner des officiers dans les auberges, le peuple se jetait dessus et le pillait. » — « Il y a plus de douze mille ouvriers mendiants à Rouen, tout autant à Tours, etc.

2281. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — Après ces expériences, il n’avait point de souvenir distinct de ses rêves, mais seulement un sentiment confus d’oppression et de fatigue, et, d’ordinaire, il disait à ses amis qu’il était sûr qu’ils lui avaient joué quelque tour. » Le somnambulisme artificiel met l’esprit dans un état semblable.

2282. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

C’est le tour d’esprit, ce sont les procédés intellectuels et les habitudes de raisonnement qui produisent aussi la Divine Comédie : il n’y manque que l’âme et l’art de Dante.

2283. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Ce sont là des tours de force ou des gentillesses qui n’ont guère de conséquence.

2284. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Toutes les pièces du règne de Louis XIV sont dans les tiroirs de l’historien : il ouvre chaque tiroir à son tour, et nous en détaille le contenu.

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