Portez donc les tchamaras d’insurgés. » En maint endroit, et par des conseils directs ou sous forme frappante de parabole, le poète recommande aux siens de ne point se disputer entre eux sur leurs mérites réciproques, ni sur les préséances et décorations ; de ne pas crier volontiers au traître et à l’espion, comme font les gens aigris et désespérés ; de ne pas se distinguer les uns des autres en disant : « Je suis de la vieille armée, et toi de la nouvelle ; j’ai été à Grochow et à Ostrolenka, et toi tu n’as été qu’à Ostrolenka …, etc., etc. » ; mais de ne revenir en idée sur le passé qu’en se préparant à l’avenir, comme un homme qui veut franchir un précipice, ne recule que juste autant qu’il faut pour mieux s’élancer.
Ces deux grands esprits condamnaient la poésie, parce qu’ils n’étaient pas poètes, le vers, parce que, n’étant pas poètes, ils n’en avaient pas besoin ; et ils ne voyaient autour d’eux que des gens qui versifiaient sans nécessité, qui eussent mieux fait de parler en prose.
J’éprouvai si douloureusement cette nuit-là l’angoisse absurde, mystérieuse, d’être si loin de « chez moi », sous un ciel qui ne me connaissait pas, parmi des gens qui ne parlaient pas ma langue et qui n’avaient pas le cerveau fait comme le mien, que je sortis par la fenêtre pour attendre la diligence qui repartait à trois heures du matin.
Voici, pour les gens pressés, le canevas de quelques-uns de ces petits récits.
Il y a toujours des gens qui ne travaillent pas ; il faut bien que d’autres arrachent à la terre le pain de ces oisifs en même temps que leur propre pain.
Plusieurs gens de goût blâment La Fontaine d’avoir mis la morale, ou à la fin, ou au commencement de chaque fable ; chaque fable, disent-ils, contient sa morale dans elle-même : sévérité qui nous aurait fait perdre bien des vers charmans.
Un écrivain de la petite bande des gens d’esprit inféodés à Balzac, Édouard Ourliac, qui fit preuve de verve dans les petits journaux avant de verser dans la littérature de chouannerie cléricale, a conté avec beaucoup d’entrain la pénible gestation de César Birotteau.
Ils disent aussi que cette attention de tous les personnages n’est pas naturelle ; qu’il fallait en occuper quelques-uns du bonhomme, et laisser les autres à leurs fonctions particulières ; que la scène en eût été plus simple et plus vraie, et que c’est ainsi que la chose s’est passée, qu’ils en sont sûrs… Ces gens-là faciunt ut nimis intelligendo nihil intelligant.
Ces farces, dont le sujet éternel est le train de vie de gens de mauvaises moeurs et d’un certain étage, sont autant contre les regles que contre la bienséance.
Les phrases les plus nettes suppléent mal aux desseins, et il est rare que l’idée d’un bâtiment que notre imagination aura formée, même sur le rapport des gens du métier, se trouve conforme au bâtiment.
Très apprécié de Guéroult, qui aima le talent comme les gens qui en ont, Jules Levallois fit régulièrement des articles ; mais le critique militant devint un jour un irrégulier et ce n’était pas étonnant : il se produisit en lui un grand changement, ou du moins une modification profonde… Il devenait ermite, et, au lieu de chercher les petites bêtes dans les œuvres littéraires où il y en a souvent beaucoup, il chercha dans les bois et il étudia les fourmis.
Necker et autres esprits supérieurs qui ont trouvé leurs lettres de grande naturalité dans leurs œuvres, mais il diffère infiniment de ses célèbres compatriotes, gens lourds, empâtés et gauches dans leur génie, quelque brillants qu’ils soient, et qui ont tous un peu de goitre quelque part, même Rousseau.
… Il nous reste une foule de gens d’esprit, assez forts pour mettre chez toutes les nations de l’Europe la carte de la France, comme celle de la nation la plus spirituelle ; mais, à cela près, — à cela près de ce qu’il peut tenir d’esprit sur une carte de visite, nous n’avons rien, ni œuvres, ni hommes, parce que les grands sentiments qui font naître les grandes œuvres, et les croyances générales qui font naître les grandes passions, ne subsistent plus.
Nous avons de lui, outre son histoire, sept livres d’éloges, consacrés aux hommes les plus célèbres dans le gouvernement ou dans la guerre, et un autre livre très considérable sur les gens de lettres et les savants du quatorzième, quinzième et seizième siècles.
Toutefois les curieux des choses de lettres verront aisément, et les jeunes, gens doivent être avertis, qu’il n’est guère de manifestation considérable du génie littéraire français depuis 1800 qui n’ait trouvé ici sa place, et qui n’y soit représentée par un nom illustre. […] Bernardin de Saint-Pierre disait à Mme de Beaumont, moitié modestie, moitié malice : « Je n’ai qu’un petit pinceau, M. de Chateaubriand a une brosse. » Puisque nous sommes avec gens qui font des métaphores, permettons-nous de dire que Bernardin de Saint-Pierre a une petite flûte et que Chateaubriand a tout un orchestre, ou plutôt disons simplement qu’avec Lucrèce et La Fontaine. […] Les romances sont des élégies écrites par des gens qui ne sentent rien à l’usage de ceux qui feignent de sentir. […] Il y a des gens qui vivifient un lieu commun en le sentant très vivement. […] Un artisan des villes, une femme du peuple développe sans cesse, et aime entendre les gens qui savent développer. « Bien parler » dans le langage populaire ne signifie pas autre chose qu’avoir le génie du développement.
Stanislas de Guaita, bien doué et de corps solidement construit, n’y résista pas, comme il arrive à des gens très musclés et incapables de tenir à de moyennes doses d’alcool. […] C’est victorieusement répondre aux plaisants qui l’accusent de ne prendre intérêt qu’aux gens qui ont au moins cinquante mille livres de revenu. […] Et c’est, à l’école de cette philosophie, la marotte de tous ces gens-là. […] On ne saurait suivre le fil de ses aventures avec des ruffians, des pasteurs, des gens de loi, des chambrières et même d’authentiques demoiselles. […] Singulier sentiment chez des gens qu’on a connus si zélés pour la justice civile.
Ces aimables gens ne se bornaient pas à une désapprobation tacite. […] Il faut en prendre son parti ; c’est la rançon des amours de gens de lettres, qu’on doit acquitter même avec Musset, qui était aussi peu auteur que possible. […] Mais les gens voulaient savoir mieux qu’elle, comme toujours, et les langues allaient leur train. […] Quand il se voyait bel et bien sous clef à l’hôtel des Haricots, dans la cellule 14, réservée aux artistes et aux gens de lettres, il se trouvait tellement absurde, qu’il se riait au nez en prose et en vers. […] Celles-ci contemplent avec étonnement les emportements de passion et les déploiements de sensibilité des gens de 1830.
Je n’étais pas un personnage à occuper Mme de Menthon, qui ne voulait que des gens brillants autour d’elle : cependant elle fit quelque attention à moi, non pour ma figure dont assurément elle ne se souciait point du tout, mais pour l’esprit qu’on me supposait, et qui m’eût pu rendre utile à ses goûts. […] Elle aimait à faire des chansons et des vers sur les gens qui lui déplaisaient. […] Auprès de la porte de la ville, on voit les ruines d’un château, dans lequel, si l’on en croit la tradition populaire, le comte René de Chalans, poussé par les fureurs de la jalousie, laissa mourir de faim, dans le quinzième siècle, la princesse Marie de Bragance, son épouse : de là le nom de Bramafan (qui signifie cri de la faim) donné à ce château par les gens du pays.
Des gens portant des baguettes pour maintenir l’ordre prendront des postes différents, et des hommes armés garderont les avenues. […] Il tire son arc… Tremblants, comme si la bouche d’Yama s’ouvrait pour dévorer le monde, nos gens frémissent, ils chancellent, ils fuient ; hâtons-nous… en avant ! […] Comme une armée en peinture, nos gens s’arrêtent immobiles, à mesure que le charme irrésistible subjugue leurs sens : dans le ciel, en ce moment, flottent de noires vapeurs amoncelées et massives, comme les pics du Vindhya.
De bons morceaux par-ci, par-là, Adoucissent un peu cela ; Bien des gens ont crié merveilles. […] Les cafés n’existaient pas encore, et encore bien moins les clubs ; mais, par le fait, cette réunion était un petit club de gens d’esprit, puisqu’ils avaient chez ledit traiteur un salon réservé spécialement pour leur société. […] Le roi, qui avait le goût du beau, ne partageait pas l’avis de beaucoup de gens, qui répandaient partout que cette tragédie était plus que médiocre. […] Gens, pour Pradon, voulurent parier. […] Invité un jour à dîner pour midi chez M. du Tillet avec des gens de lettres, il n’y arriva qu’à quatre heures du soir.
« Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu ! […] Le plan de mes leçons est plus simple, mes analyses sont plus rapides et plus vivantes, j’ai eu le courage de jeter toutes mes notes, afin de monter en chaire avec une entière liberté d’esprit et de regarder les gens en face, et il se trouve naturellement que je dis mieux ce que je veux dire et suis mieux compris. […] Son dernier succès fut sur Diderot, à la veille du jour où il allait être nommé professeur en titre : « (18 décembre 1867)… Mon cours, du reste et comme à point nommé, fait merveille ; nous avons, Diderot et moi, beaucoup d’amis en Sorbonne ; plus d’appelés que d’élus, et j’ai dû samedi, pour arriver jusqu’à la chaire, marcher sur de braves gens qui n’avaient pas trouvé d’autres sièges que les gradins de l’escalier. […] Les temps commandent aux gens de cœur de demeurer étrangers à la vie publique ; lorsqu’on n’y recueille que des inquiétudes, il faut s’étudier à l’indifférence ; pour moi, j’oublie et j’ignore ; ce n’est pas sans peine, et je fais violence à ma nature qui aspire à tout autre chose que l’apathie et l’inaction ; mais le mouvement du voyage, Homère et les écrits que je me hâte de terminer me sont si à propos venus en aide, que les jours passent sans que j’y songe et sans que je me mêle le moins du monde à toute l’agitation qui m’entoure. » D’autres passages de ses lettres sont encore plus expressifs : un notamment à propos des souvenirs du duc de Reichstadt, retrouvés à Vienne ; il a dû être supprimé à l’impression.
Du moins les souvenirs de la petite fille lui retraçaient un palais où elle était élevée, et une foule de gens empressés à la servir. […] Sans miséricorde pour les vices et sans indulgence pour les ridicules, il est la terreur des méchants et des sots ; ils croient se venger de lui en l’accusant de sévérité outrée et de vertus romanesques ; mais l’estime et l’amour des gens d’esprit et de mérite le défendent bien de pareils ennemis. […] Le joli chien Patie , comme s’il comprenait la pensée de sa maîtresse, se tenait toujours en sentinelle à la porte pour attendre les gens du chevalier. — Cependant Aïssé était une de ces natures qui n’ont besoin que d’être laissées à elles-mêmes pour se purifier : elle allait toute seule dans le sens des conseils de Mme de Calandrini. […] Les gens âgés venaient en litière, les chemins ne comportant pas l’usage de la voiture.
Une dette énorme pesait sur moi ; elle ne m’était point personnelle : quand on se dévoue corps et bien pour son pays, on brûle ses vaisseaux, on prend de l’argent partout où les braves gens vous en offrent. J’ai trouvé beaucoup de braves gens qui ne comptaient pas plus avec moi que moi avec eux. […] Il y a des gens qui trouveront que vous n’auriez pas dû vous consoler sitôt ; gens égoïstes, il est vrai, qui se plaisent aux souffrances des hommes d’un beau talent, parce que, disent-ils, la misère, la maladie, le désespoir, sont de bonnes muses.
Elle est obligée de nous renvoyer, tant il vient la voir de dames, de collégiens, de gens, jeunes ou vieux, qui lui sont parents ou alliés. […] Cet affreux déchirement du voile que nous avions devant les yeux, c’est comme l’autopsie d’une poche pleine d’horribles choses, dans une morte tout à coup ouverte… Par ce qui nous est dit, j’entrevois soudainement tout ce qu’elle a dû souffrir depuis dix ans : et les craintes près de nous d’une lettre anonyme, d’une dénonciation de fournisseur, et la trépidation continuelle à propos de l’argent qu’on lui réclamait et qu’elle ne pouvait rendre, et la honte éprouvée par l’orgueilleuse créature pervertie par cet abominable quartier Saint-Georges, des fréquentations des basses gens qu’elle méprisait, et la vue douloureuse de la sénilité prématurée que lui apportait l’ivrognerie, et les exigences et les duretés inhumaines des m… du ruisseau, et les tentations de suicide qui me la faisaient, un jour, retirer d’une fenêtre, où elle était complètement penchée en dehors… et enfin toutes ces larmes que nous croyions sans cause ; cela mêlé à une affection d’entrailles très profonde pour nous, à un dévouement, comme pris de fièvre, dans les maladies de l’un ou de l’autre. […] … » fait-il encore une fois, et il continue : « Et tous les gens de ce temps-là avaient une philosophie que nous devrions bien avoir. […] On fabriquerait, je ne sais quelle physiologie curieuse des gens de lettres, avec la physionomie de leur portier, de leur escalier, de leur sonnette, de leur logis.
On se fera donc, à propos de lui et de son œuvre, des idées de plus en plus fausses, ou plutôt, il y aura de plus en plus de malentendus, à propos de ce génie surhumain et monstrueux, entre les gens qui parleront avec une exactitude stricte et ceux qui parleront avec une foi illuminée. […] — Par la quantité, le poids, Victor Hugo, incontestablement, c’est le Phare, mais « le phare de l’océan du non-sens » (Nietzsche) ; le « Monument » à l’intérieur duquel on ne trouve rien : en somme, parmi les gens du xixe siècle au service de la poésie, une prodigieuse bonne à tout faire qui a fait le plus gros de l’ouvrage, mais l’ouvrage le plus gros — cela dit avec une grande admiration. […] À VICTOR HUGO Tu présentas, brillants de gemmes et d’émaux, De pauvres gens vêtus d’une robe de gloire, Et, longtemps, Imposteur sublime ! […] Mais notre enquête étant à peu près limitée en fait à la période romantique, je ne vois guère le moyen de faire un choix de sympathie parmi des gens qui ne m’émeuvent pas.
Un peu moins de prévention aurait permis au critique de se souvenir qu’autrefois les étrangers, gens d’esprit, savaient s’approprier l’ancien genre tout aussi aisément qu’ils peuvent faire aujourd’hui pour le nouveau.
Ce sont de braves gens qui cherchent la Toison d’Or sur le dos des moutons de Panurge.
Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.
Mais, nous l’avons déjà dit, à l’hôtel de Rambouillet il y avait du mélange, non de mœurs, mais d’esprits ; et qu’elle est la société où il ne se rencontre pas des gens de mauvais ton et de mauvais goût, parmi les personnes qui en sont le plus exemptes ?
Mais c’est précisément par la variété & le charme inexprimable de son style, que ce Poëte mérite, de l’aveu de tous les gens de goût, d’être placé parmi les Ecrivains du premier ordre.
Rien de plus judicieux que sa lettre au chancelier Séguier, en réponse à celle où ce digne chef de la magistrature lui disoit : « Je viens de faire supprimer un libèle composé contre vous. » Les gens de lettres devroient toujours avoir dans l’esprit cet exemple de la modération de Balzac.
Racine en eut du scrupule : il s’en ouvrit à Despréaux, qui lui conseilla de ménager davantage des gens dont il avoit autrefois embrassé les idées, & dont il pourroit reprendre un jour la façon de penser.
A peu de gens convient le diadème, dit La Fontaine ; mais il y avait bien d’autres choses renfermées dans cet Apologue.
Il entre dans son récit à la manière des anciens historiens ; vous croyez entendre Hérodote : « 1º Comme plusieurs ont entrepris d’écrire l’histoire des choses qui se sont accomplies parmi nous ; » 2º Suivant le rapport que nous en ont fait ceux qui dès le commencement les ont vues de leurs propres yeux, et qui ont été les ministres de la parole ; » 3º J’ai cru que je devais aussi, très excellent Théophile, après avoir été exactement informé de toutes ces choses, depuis leur commencement, vous en écrire par ordre toute l’histoire. » Notre ignorance est telle aujourd’hui, qu’il y a peut-être des gens de lettres qui seront étonnés d’apprendre que saint Luc est un très grand écrivain, dont l’Évangile respire le génie de l’antiquité grecque et hébraïque.
Ces discours devoient plaire à des gens qui supposoient dans les animaux un dégré de connoissance que nous ne leur accordons pas, et qui plusieurs fois en avoient tenu de pareils à leurs chevaux.
Des gens qui exploitent toutes les idées ont essayé pourtant.
Dans un temps où l’on n’avait pas vu que Mayenne, — le dernier des Guise, de toutes les manières, — mais le grand Guise lui-même, le magnifique Balafré, le charmeur de la France, recevoir vingt-cinq mille écus par mois du roi d’Espagne, non pour les besoins de son parti, — ce qui eût été légitime, — mais pour les besoins de sa maison, de son luxe et de sa personne ; quand les plus grands seigneurs de France tendaient leurs mains gantées d’acier, et les évêques leurs mitres de soie, à l’argent du roi d’Espagne qui y tombait ; quand partout, dans l’abominable politique du temps, il n’y a que gens qui se marchandent, espions tout prêts qui se proposent, assassins qui s’achètent, la Ligue ne fut pas plus innocente que les autres des vices qui dévoraient son siècle, et elle y ajouta le sien, qui était d’être une Démocratie… Philippe II fut ruiné, du reste, avant d’avoir acheté la France, et les victoires d’Henri IV firent le reste.
I Il est beaucoup de gens qui, sur le titre, renverraient probablement un tel livre au Journal des Savants ou à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
En France, surtout, c’est presque impossible… Le courage contre tout le monde n’est pas connu dans ce pays… Or, tout le monde a, pour une raison ou pour une autre, contribué de sa propre badauderie à ces réputations qui semblent être des préjugés venus en pleine terre, mais cultivés en pot par des gens d’esprit, et même par des connaisseurs, comme des capucines par des grisettes.
M. de Lavigne aura prouvé une fois de plus la justesse du mot de Montesquieu, qui disait que les gens d’esprit faisaient les livres qu’ils lisaient.
Ces gens-là ne lisent guères Ludolphe et Tauler, et pour que M.
Sera et nepotibus demum nostris dies nota sit quâ illum gens sua cælo asserat.
Grandes promesses, excuses mielleuses, tissus élaborés de mensonges compliqués, chicanes, parjures, faux, telles sont les armes défensives et offensives des gens du Bas-Gange. […] L’humour emploie contre les gens des faits positifs, des arguments de commerçant, des contrastes bizarres tirés de la vie vulgaire. […] Il décrit les hautes terres d’Écosse, demi-papistes et demi-païennes, les voyants enveloppés dans une peau de bœuf, attendant le moment de l’inspiration, des hommes baptisés faisant aux démons du lieu des libations de lait ou de bière ; les femmes grosses, les filles de dix-huit ans labourant un misérable champ d’avoine, pendant que leurs maris ou leurs pères, hommes athlétiques, se chauffent au soleil ; les brigandages et les barbaries regardés comme de belles actions ; les gens poignardés par derrière ou brûlés vifs ; les mets rebutants, l’avoine de cheval et les gâteaux de sang de vache vivante offerts aux hôtes par faveur et politesse ; les huttes infectes, où l’on se couchait sur la fange, et où l’on se réveillait à demi étouffé, à demi aveuglé et à demi lépreux. […] L’antithèse de la fin l’explique ; l’auteur l’a faite pour montrer que les gens de Glencoe étaient les plus grands brigands du pays. […] Glenlyon se répandit en protestations amicales. « Des gens de Glengarry maraudent dans le pays, nous nous préparons pour marcher contre eux.
Il y a quinze jours, à Londres, je lisais une proclamation de la reine qui défend aux gens de jouer aux cartes, même chez eux, le dimanche. […] Jamais monarchie n’invita les gens à vérifier ses titres. […] — Oui ; seulement il faut démêler ce principe. — C’est votre affaire, et j’espère bien que vous allez vous en charger. — Mais je vais tomber dans les abstractions. — Il n’y a pas de mal. — Mais tout ce raisonnement serré sera comme une haie d’épines. — Nous nous piquerons les doigts. — Mais les trois quarts des gens jetteraient là ces spéculations comme oiseuses. — Tant pis pour eux. […] IV Je sais bien qu’aujourd’hui on raille des gens qui raisonnent sur la définition ; ce sont les railleurs qui mériteraient la raillerie. […] Dans ce grand vide inconnu que vous placez au-delà de notre petit monde, les gens à tête chaude ou à conscience triste peuvent loger tous leurs rêves, et les hommes à jugement froid, désespérant d’y rien atteindre, n’ont plus qu’à se rabattre dans la recherche des recettes pratiques qui peuvent améliorer notre condition.
Il y a quinze jours, à Londres, je lisais une proclamation de la reine qui défend aux gens de jouer aux cartes, même chez eux, le dimanche. […] Jamais monarchie n’invita les gens à vérifier ses titres. […] — Oui ; seulement il faut démêler ce principe. — C’est votre affaire, et j’espère bien que vous allez vous en charger. — Mais je vais tomber dans les abstractions. — Il n’y a pas de mal. — Mais tout ce raisonnement serré sera comme une haie d’épines. — Nous nous piquerons les doigts. — Mais les trois quarts des gens jetteraient là ces spéculations comme oiseuses. — Tant pis pour eux. […] IV Je sais bien qu’aujourd’hui on se moque des gens qui raisonnent sur la définition ; j’espère pour vous que vous ne commettez pas cette sottise. […] Dans ce grand vide inconnu que vous placez au-delà de notre petit monde, les gens à tête chaude ou à conscience triste peuvent loger tous leurs rêves, et les hommes à jugement froid, désespérant d’y rien atteindre, n’ont plus qu’à se rabattre dans la recherche des recettes pratiques qui peuvent améliorer notre condition.
« Ces gens du Nord sont d’excellentes personnes après tout, pleines de bon sens et de fermeté, d’un sage conseil et d’une grande promptitude d’action. […] Lord Wellington disait avec dédain des populations méridionales : « Ces gens-là n’ont pas de maison. » Rien n’est plus vrai ; en revanche, elles savent vivre au grand air. […] n’avez-vous jamais fait perdre leur temps aux gens, et ne les avez-vous pas éloignés de l’église ? […] Je n’ai jamais ordonné aux gens de suivre la vieille route, quand bien même la nouvelle serait meilleure, et autres sottises semblables. […] Les pères avares s’arment contre les fils prodigues, les usuriers contre les gens de loi, les soldats contre les médecins, les femmes de mauvaise vie contre leurs séducteurs.
les saintes gens que le chanoine et le vicaire ! […] On nomme ces gens-là des sceptiques. […] Ces gens-là ne voyaient jamais Bonaparte entreprendre une guerre sans espérer la défaite. […] Bêtes et gens agissent de concert avec la lenteur obstinée des âmes rustiques. […] Il s’empare des gens sans les molester.
Car, ces gens-là n’ayant rien de commun avec l’honneur, on n’a que de l’argent à leur donner. » Le bourreau placé entre les tratants et les histrions ! […] Tout le monde ne sait-il pas qu’on aime les gens fidèles partout où ils se trouvent ? […] Soyez sûrs qu’ils y descendraient les mains dans leurs poches, et, quand une fois on est en Piémont, les gens qui savent un peu comment le monde est fait, disent que ce n’est plus qu’une promenade. […] Son discours emberlucoqua beaucoup de gens ; mais, quoiqu’il ait de l’esprit comme quatre, il ne me fit pas reculer de l’épaisseur d’un cheveu. […] Outre le comte Xavier, M. de Maistre eut trois frères, un évêque et deux militaires, gens distingués a tous égards, mais que rien d’ailleurs ne rattache plus particulièrement à lui.
Imposteur grossier dans ses fictions, non moins grossier, mais plus dangereux dans sa morale, incapable de peindre le vice et la vertu de leurs véritables couleurs, il n’est propre qu’à encourager les scélérats, et qu’à égarer les gens de bien. à l’égard de la poësie, on peut compter les défauts d’Homere, par les qualités mêmes que la poësie exige. […] Il y a pourtant bien des gens de ce caractere, et je pourrois décéler ici plusieurs complices de mes sentimens, qui, faute de courage, en deviendront peut-être les censeurs. […] La preuve de ma pensée, c’est que la plûpart des gens qui ne connoissent point Achille par l’iliade, et qui sur une fable plus connuë, l’imaginent invulnérable, au talon près, trouvent ridicule qu’on le mette à la tête des héros : tant il est vrai que l’idée de valeur suppose toujours celle du danger. […] Mais, comme il y a des gens que le beau frappe, jusqu’à les mettre hors d’érat de reconnoître les fautes qui l’interrompent, il y en a d’autres aussi, qui sont tellement blessés des défauts, que le beau même qui y tient, ne les touche plus. […] Il y a des gens qui ne goûtent pas ces libertés ; ils disent que ce n’est plus Homere, et qu’enfin, ce n’est pas là traduire : mais, sans disputer des mots, de quelque nom qu’ils appellent ces licences, il n’y a pas d’autre parti à prendre, quand on veut plaire en traduisant un auteur.
Maurice Brillant Les gens les plus vivants, ce ne sont pas toujours ceux qui le paraissent. […] Je lui en veux davantage quand il remplace « ces gens » par « les personnes », un peu partout. […] Civilisation, progrès, voilà des mots dont on abuse et qui semblent aujourd’hui limiter l’action des hommes ; à seulement les prononcer, vous voyez les gens les plus atténués prendre un air suffisant et se persuader qu’ils savent exploiter l’existence, que rien d’elle ne saurait plus leur être dérobé. […] Ce sont des gens d’une innocence scrupuleuse et qui n’a d’égale que la mienne. » C’est de là qu’il faut dater les premières explorations de Breton dans les domaines du mystère. […] Je crois qu’il ne faut voir dans ces nouvelles que des prétextes à narrer quelques histoires dont la sexualité fait tous les frais, et qu’on ne doit pas généraliser… La sexualité passionne aujourd’hui beaucoup de gens, et en particulier Drieu la Rochelle.
À peu près autant que de gens qui s’abstiennent du cigare. […] Pour ne rien omettre, il faut tenir compte aussi de cette nombreuse classe de gens un peu naïfs qui prennent au sérieux la réputation de bonheur qu’on a faite aux étourdis et aux mauvais sujets. […] Pour ne rien omettre, il faut tenir compte aussi de cette nombreuse classe de gens un peu naïfs qui prennent au sérieux la réputation de bonheur qu’on a faite aux étourdis et aux mauvais sujets. […] Mais c’est la fin, qui est triste et déplaisante ; penser que tous les gens qui vous regrettent vous auront oublié dès le lendemain ! […] Outre les gens qui commençaient à être blasés sur le scandale, il y avait un assez grand nombre de lecteurs que le cynisme de cette littérature immorale avait toujours révoltés.
C’était son critérium ; ou plutôt d’instinct, il allait droit aux antipodes de tous ces gens-là. […] Peu délicat, ayant même un certain penchant à la grossièreté ou à l’affectation de la grossièreté, il rentrait par ses goûts artistiques dans le monde des gens délicats et des sensations délicates. […] Il aime les gens de sa classe, pour peu qu’ils ne soient pas tout à fait des brutes. […] J’ai toujours pensé que les gens médiocres aussi bien que les gens de mérite avaient un nez, une bouche et des yeux, mais je n’ai jamais pu fixer dans ma mémoire la forme particulière qu’avaient ces traits chez chacun d’eux. […] Ceux-ci sont souvent des « gens de retraite et de solitude », et si leurs entours les éclairent, que leurs entours les aient créés, ce n’est vrai que de quelques-uns.
je le sers de bien loin, mais je voudrais le voir grand et puissant ; pour cela, il ne faut pas qu’il soit mené par de petites gens et de petits esprits. » Il allait à l’extrémité de sa pensée ou plutôt de son impression, lorsqu’il écrivait encore (novembre 1840) : « Il faut que le gouvernement soit bien aveugle pour ne pas voir qu’avec la marche qu’il suit, il se perd infailliblement. […] Voilà comment on fait tuer les gens ! […] Malgré cette anicroche incroyable, je pouvais croire à la réussite d’une expédition hardie, mais bien étudiée et entreprise par des gens de cœur commandant à de braves soldats.
Depuis que la France, objet des égards et des empressements de l’Europe, était remplie des ministres de toutes les puissances, ou d’étrangers de distinction qui venaient la visiter, il était frappé de la curiosité avec laquelle le peuple et même des gens au-dessus du peuple suivaient ces étrangers, et étaient avides de voir leurs riches uniformes et leurs brillantes décorations. […] Ce n’est plus l’histoire, c’est le catéchisme du droit des gens ; entre Grotius et Tacite il y a la différence d’un traité à un récit. […] XVII Le spectacle de la lâcheté de l’Europe indignée, mais muette, après cet attentat au droit des gens, à l’humanité et à l’innocence, est reproduit avec beaucoup plus de talent par M.
Grandet, encore nommé par certaines gens le père Grandet, mais le nombre de ces vieillards diminuait sensiblement, était en 1789 un maître tonnelier fort à son aise, sachant lire, écrire et compter. […] Grandet, les gens capables disaient-ils : “Le père Grandet ? […] Laffitte, les gens de Saumur demandaient s’ils étaient aussi riches que M.
Bonaparte n’avait encore rien fait de précisément coupable ; beaucoup de gens assuraient qu’il préservait la France de l’anarchie ; enfin, si dans ce moment il m’avait fait dire qu’il se raccommodait avec moi, j’en aurais eu plutôt de la joie ; mais il ne veut jamais se rapprocher de quelqu’un sans en exiger une bassesse, et, pour déterminer à cette bassesse, il entre d’ordinaire dans des fureurs de commande qui font une telle peur qu’on lui cède tout. […] Il viola tout dans une seule action : le droit des gens européens, la constitution telle qu’elle existait encore, la pudeur publique, l’humanité, la religion. […] Les gens du peuple sont beaucoup plus près d’être poëtes que les hommes de bonne compagnie, car la convenance et le persiflage ne sont propres qu’à servir de borne : ils ne peuvent rien inspirer.
Le jour n’est pas loin où, avec un peu de franchise de part et d’autre et en levant les malentendus qui séparent les gens les mieux faits pour s’entendre, on reconnaîtra que le sens élevé des choses, la haute critique, le grand amour, l’art vraiment noble, le saint idéal de la morale ne sont possibles qu’à la condition de se poser dès le premier abord dans le divin, de déclarer tout ce qui est beau, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, également saint, également adorable ; de considérer tout ce qui est comme un seul ordre de choses, qui est la nature, comme la variété, l’efflorescence, la germination superficielle d’un fond identique et vivant. […] Puis, quand ils voient que chaque philosophe a les siennes, que tout cela ne coïncide pas, ils entrent dans une grande affliction d’esprit, et dans de merveilleuses impatiences : « C’est la tour de Babel, disent-ils ; chacun y parle sa langue ; adressons-nous à des gens qui aient des propositions mieux dressées et un symbole fait une fois pour toutes. » Quand je veux initier de jeunes esprits à la philosophie, je commence par n’importe quel sujet, je parle dans un certain sens et sur un certain ton, je m’occupe peu qu’ils retiennent les données positives que je leur expose, je ne cherche même pas à les prouver ; mais j’insinue un esprit, une manière, un tour ; puis, quand je leur ai inoculé ce sens nouveau, je les laisse chercher à leur guise et se bâtir leur temple suivant leur propre style. […] Ceux qui sont préoccupés de l’idée de la république place-ront la ligne fatale à la bataille d’Actium ; pauvres gens qui se seraient suicidés avec Brutus, ils croient voir la mort dans la crise de l’âge mûr.
Elle est, en effet, aujourd’hui, dans le monde, le grand agent de la dernière initiation à cette chose, dont très peu de gens ont une idée, — le Wagnérisme. […] Aujourd’hui, son bienfaiteur parisien se demande encore, parfois, avec un soupir, en quel cabanon d’aliénés les gens sérieux de là-bas ont dû renfermer, dès l’arrivée, son pauvre monomane « qui, souvent, l’avait amusé, après tout ! […] Si tu rencontres des gens qui le disent le contraire, ne les écoute pas !
Les êtres de ce milieu sont des âmes journalières et ordinaires, toute la moyenneté des fonctions sociales, le pharmacien, l’officier de santé, le notaire, le banquier, l’industriel d’art, le répétiteur de droit, l’habitué d’estaminets, et les femmes de ces gens. […] Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste. […] Si l’on note le caractère commun de « l’écriture artiste » chez des gens aussi dissemblables que les de Goncourt, Baudelaire, Leconte de l’Isle, Th. de Banville, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, Cladel, on remarquera que tous affectionnent une forme de phrase et une série de mots qui demeurent identiques à travers les sujets divers qu’ils traitent ; en d’autres termes, tous poursuivent deux buts, et non un seul en écrivant : exprimer leur idée construire des phrases d’un certain type ; en d’autres termes encore tous sont doués d’un certain nombre de formes verbales et syntactiques, dans lesquelles ils s’emploient avec une extraordinaire adresse à rendre les idées qui s’associent ou qui pénètrent dans leur esprit.
À l’égard des animaux, cette sorte de sélection est aussi pratiquée ; car il n’existe guère de gens si peu soigneux que de laisser se reproduire les plus défectueux sujets de leurs troupeaux. […] C’est d’après ce principe que Marshall a remarqué que dans le comté d’York, où les Moutons appartiennent à de pauvres gens et ne forment généralement que de petits troupeaux, ils ne sont pas susceptibles d’améliorations. […] Je ne doute nullement que certains animaux domestiques ne varient moins que d’autres ; cependant la rareté ou l’absence de races distinctes, chez le Chat, l’Âne, le Paon, l’Oie, etc., provient surtout de ce que l’action sélective n’est jamais intervenue : chez les Chats, à cause de la difficulté de les apparier à son gré ; chez les Ânes, parce qu’ils sont toujours possédés en petit nombre par de pauvres gens qui font peu d’attention à leur reproduction, car récemment, en certaines provinces d’Espagne et des États-Unis, ces animaux ont été modifiés et améliorés d’une façon surprenante par une sélection soigneuse ; chez les Paons, parce qu’ils sont difficiles à élever et qu’on ne les garde jamais par grandes troupes ; chez les Oies enfin, parce qu’elles n’ont de valeur que pour leur chair ou leurs plumes, et plus encore, parce que nul n’a jamais trouvé plaisir à élever ou rassembler diverses races de ces animaux ; mais il faut dire aussi que l’Oie semble avoir une organisation singulièrement fixe58.
. — On dit souvent du mal de vous (c’est à Mme de Staël qu’il écrit) ; mais un mot de vous-même pèse des volumes de ce que ces gens-là peuvent dire, et les mots ne font pas plus d’effet sur l’opinion qu’on a de vous que les coups des ombres n’en pouvaient faire dans les enfers sur Énée ou sur Hercule. — Je n’ai jamais entendu louer quelqu’un de distingué sans y ajouter de mais. […] Les gens qui en manquent admirent votre savoir ; peu voient l’esprit et le bon esprit qu’il y a, et presque personne ne veut rendre justice au style français, parce que presque tous ont le sentiment que ce style est étranger à Genève, où l’on manque de goût et, à peu d’exceptions près, du talent d’écrire, que vous avez éminemment. — Le talent de bien écrire vient de l’âme ; ses formes se prennent dans la société.
J’ai vu des gens reprocher au style de Bayle d’être lourd, traînant, et de manquer aussi de politesse ; on le disait dès le temps de La Bruyère. […] Bayle que dix pages des siennes. » Ce même Basnage, qui avait écrit une Histoire des Juifs, avait mêlé les réflexions et la critique au récit ; il avait fait le philosophe dans une histoire, ce que Marais estimait une confusion, tellement que l’un, disait-il, dégoûterait de l’autre, si l’on n’était soutenu par la nouveauté du sujet : « Notre ami (c’est-à-dire Bayle) a bien senti ce dégoût, ajoutait-il ; aussi a-t-il mis la partie historique à part ; mais il y a des gens qui croient plaire par tout ce qu’ils font et qui ne veulent pas étudier le goût des autres.
Si jamais j’en ai le temps, je ferai en leur faveur un livre sur l’importance des opinions délicates 114, ce qui sera un très-beau sujet et très-divertissant, pour peu qu’il soit traité délicatement. » Il raille agréablement le Conseil ecclésiastique, car ce sont encore les gens de sa robe qu’il épargne le moins : « Selon ce que j’entends dire, il n’y a pas un homme de tête dans le Conseil ecclésiastique, pas un homme solidement instruit. […] Et puis une nouvelle culbute me paraît tellement inévitable, qu’il me paraît plus prudent de faire son paquet que de faire des livres. » Il était retourné à La Chesnaie au moment où il parlait ainsi, et il ne faisait pas plus grâce aux gens du pays qu’à ceux de Paris : « Je n’ai encore vu, Dieu merci, personne, si ce n’est un lièvre pour qui j’ai conservé beaucoup d’estime, car il s’en alla dès qu’il m’aperçut, sans chercher à entrer en conversation.
Le mot du Maître le paye bien autrement qu’en argent de tant de dévouement aux souffrances des pauvres gens. […] Par là ce portrait me paraît plus touchant et plus édifiant encore que les plus belles figures de Port-Royal… Ceux qui aiment par-dessus tout ces révélations intimes, ce spectacle des plus humbles destinées individuelles où la poésie et l’idéal sortent de la réalité la plus positive, — ceux-là vous doivent une reconnaissance d’autant plus vive… Tant de gens ne s’inquiètent que de ce qui brille, de ce qui fait du bruit ou du tapage… » — « Une seule chose m’étonne, écrit quelqu’un (une main de femme, qu’une grande amitié a liée à Mme Valmore), c’est qu’on puisse faire un choix dans ces lettres si ravissantes de bonté, de sensibilité, d’ignorance de sa propre valeur qui donne tant de prix à ces richesses morales.
Ceci soit dit pour les personnes qui, parce qu’on modifie son opinion sincèrement sur quelques points, sont si prêtes, dans leur jeune ardeur, à faire de vous des gens qui abjurent et des réactionnaires. […] Pour revenir à Perse, le critique, après l’avoir accusé d’avoir trop tôt produit, et avoir pris de là occasion de s’emporter contre les gens sans génie qui écrivent trop jeunes ; après l’avoir de plus accusé (par une singulière contradiction) d’avoir peu produit et de manquer de qualité abondante et fécondante, déclare qu’il ne se serait jamais élevé bien haut, et qu’il était né sans génie.
J’insiste sur ce point parce que beaucoup de gens qui s’élèvent contre le système de la fatalité historique ont cru y voir la ruine de tout sentiment moral. […] On ne peut se dissimuler que, malgré tous les soins et l’art ingénieux de l’historien-rédacteur, elle ne soit souvent pénible et lente à cause de la nature des pièces et instruments qu’elle porte avec elle et qu’elle charrie ; et pourtant, quand on en sort, non pas après l’avoir parcourue (je récuse ces gens qui parcourent), mais après l’avoir lue dans son entier, on se sent dégoûté des autres histoires comme étant superficielles, et il semble qu’on ne saurait dorénavant s’en contenter.
Et quant à la ressemblance avec l’Arcadie et le pays de Céladon, que l’écrivain anglais signale avec quelque malice, lui, il ne s’en effarouche aucunement, car il est persuadé, dit-il, « que dans l’Arcadie et dans le pays de Forez, avec des principes de justice et de charité, tels que la fiction les y représente, et des mœurs aussi pures qu’on les suppose aux habitants, il ne leur manquoit que les idées de religion plus justes pour en faire des gens très-agréables au Ciel100. » Après six années d’exil environ, Prévost eut la permission de rentrer en France sous l’habit ecclésiastique séculier. […] Je crains même que, comme quelques gens de lettres trop faciles et abandonnés, il ne se soit mis à la merci du spéculateur.
Je trouve sur la même liste Jean-Jacques Rousseau pour ses Confessions, une œuvre de courage, où se mêle sans doute une veine de folie ou de misanthropie bizarre, mais production à jamais chère à la classe moyenne et au peuple, dont elle a osé représenter pour la première fois les misères, les durs commencements, les mœurs habituelles, les désirs et les rêves de bonheur, les joies simples, les promenades au sein de la nature, sans en séparer jamais l’espérance en Dieu ; car, à celui-là, vous ne lui refuserez pas, je le pense, de croire en Dieu, d’y croire à sa manière, qui.à l’heure qu’il est, est celle de bien des gens. […] Je vous avouerai même très-branchement que dans les nombreux amis du dévouement desquels je dispose, je n’en ai pas sous la main ni deux ni un seul qui sache ces choses des armes ; mes amis, en général, savent les choses de la pensée, de la plume et de la parole, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient moins fermes ou moins gens d’honneur pour cela ; mais ils ne sont pas docteurs des armes.
« Ordinairement, quand on est un peu en retard pour répondre aux lettres de ses amis, on donne pour excuse de grandes occupations : quant à moi, si j’ai un peu trop tardé à vous écrire, je ne veux pas tant mettre ma faute sur le compte de mes occupations, quoiqu’elles ne m’aient pas manqué, que sur le chagrin bien amer de la perte de cet homme sous le patronage duquel j’étais naguère si heureux de me trouver, avec tous ceux qui font profession de littérature ou avec tous les gens de lettres. […] Dans quelle affection n’embrassait-il pas les gens de lettres !
Un manque essentiel de respect, l’instinct de défiance et de médisance contre les puissants, contre les gens en place, contre ceux surtout qui détiennent une part de la richesse publique ou qui ont mission d’administrer la justice, contre ceux aussi, baillis ou prévôts, dont le menu peuple souffre plus parce qu’ils sont plus près de lui, voilà un autre trait de l’humeur bourgeoise ; et par là encore la seconde partie du Roman de la Rose est d’inspiration bourgeoise. […] Il n’a que mépris pour le baron « qui court aux cerfs ramages » ; mais, avec une hauteur remarquable de pensée, il ajoute que le vice est plus condamnable chez les clercs que chez « les gens laïcs, simples et nices ».
Ce qu’il voulait d’abord, c’était vivre dans le grand monde et dans le « monde où l’on s’amuse », souper avec des gens titrés et des comédiennes. […] Il n’y a pires sots que les gens d’esprit, quand la vanité s’y met.
Les gens qui ajoutent foi à ces lourdes calomnies ignorent ce qu’est l’éducation des prêtres et quelle empreinte elle leur enfonce au plus profond de l’âme. […] C’est qu’en effet les gens du clergé donnent assez volontiers dans l’élocution oratoire, arrondie et pompeuse.
Alors causer comme entre gens, pour qui le charme fut de se réunir, notre dessein, me séduirait ; pardon d’un retard à m’y complaire : j’accuse l’ombre sérieuse qui fond, des nuits de votre ville où règne la désuétude de tout excepté de penser, vers cette salle particulièrement sonore au rêve. […] pas assez modeste, au scandale que propage un tome, paraît-il, le premier d’un libelle obstiné à l’abattage des fronts principaux d’aujourd’hui presque partout ; et la fréquence des termes d’idiot et de fou rarement tempérés en imbécile ou dément, comme autant de pierres lancées à l’importunité hautaine d’une féodalité d’esprit qui menace apparemment l’Europe, ne serait pas de tout point pour déplaire ; eu égard à trop de bonne volonté, je n’ose la railler, chez les gens, à s’enthousiasmer en faveur de vacants symptômes, tant n’importe quoi veut se construire.
Je ne trouve pas, dans la classe des hommes qui ont écrit, des gens plus sots que tous vos apologistes modernes, esprits plats, têtes sans critique. […] Les gens qui ne me connaîtront pas me classeront parmi ceux avec qui je sympathise le moins ; tant pis, ils se tromperont.
Les Italiens l’appellent divin, mais c’est une divinité cachée ; peu de gens entendent ses oracles ; il a des commentateurs ; c’est peut-être encore une raison de plus pour n’être pas compris. […] Il n’y avoit pas lieu de croire que ces suppressions fussent du nombre de ces morceaux que les gens de goût pouvoient regretter ; on s’étoit pourtant trompé dans cette conjecture.
Elle n’offensait pas les gens vulgaires, ces sensitives de grossièreté, à qui la moindre distinction fait des maux affreux, et qui poussent partout, même à la campagne. […] Depuis qu’il était sorti du collège et qu’il était entré dans le monde, Georges-Maurice de Guérin avait été toujours errant, tantôt chez M. de Lamennais, en Bretagne, où il vit le Lucifer du sacerdoce pencher longtemps sa tête d’astre sur le gouffre au fond duquel il allait se précipiter ; tantôt à Paris, ici ou là, obligé aux luttes familières à tous les membres de cette pauvre société déclassée, et sauvant de ces luttes qui auraient dû l’écraser, le talent le plus fait pour le repos, la contemplation, la position horizontale, et ce que les gens, qui suent aux mécaniques de ce temps, appelleraient peut-être l’oisiveté.
La masse (y compris les gens appelés spirituels et distingués) vit dans un certain milieu d’idées résultant de l’organisation et de l’éducation.
Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.
Desmarest, un commentaire de Gordon ou de Machiavel sur Tacite ou Tite-Live ; il y saisit un passage qui développait cette pensée : « Que les gens chargés de l’exécution des grands attentats n’en tirent jamais les fruits qu’ils espèrent ; car ceux qui, par leur position, sont appelés à en profiter, qu’ils l’aient commandé ou non, ont soin de cacher un instrument honteux, si même ils ne le brisent comme dangereux. » Georges, en montrant le livre à M.
La force physique des maniaques est plus grande, comme on sait, que celle des gens sensés et prudents.
Comme au reste il est honnête homme, il serait patriote, ami du bien public, pitoyable au menu peuple : du moment que les petites gens se connaîtraient et ne « prétendraient » rien contre la hiérarchie, Saint-Simon gouvernerait en bon propriétaire et bon père de famille.
Voici, pour commencer, la famille, l’école, maîtres et camarades, l’église, les gens du village ou du quartier.
Parmi ces braves gens toujours prêts à nous offrir l’article d’actualité, question du jour ou portrait du grand homme qu’on fête, Jules est certainement un des plus lestes, un de ceux aussi dont la voix éraillée appelle le plus efficacement nos seigneurs les Bourgeois.
Il releva les expressions offensantes pour sa personne ou pour celle de tant de gens respectables devant qui la pièce avoit été jouée, & se moqua de ce qui ne tomboit que sur l’ouvrage.
Tout le monde n’est pas bâti pour faire un héros et même le métier n’en vaut rien, au point de vue des aises et des tranquillités de l’existence, mais il y a des gens pourtant qui se sentent faits pour cette mauvaise vie des héros.
Il a copié fidèlement et intégralement le Journal de Louis XVI, et il l’a planté sous les yeux du public dans toute son authenticité, étonné lui-même de n’avoir pas été devancé par quelqu’un dans cette besogne si facile ; car bien des gens étaient passés par là !
C’est un esprit très érudit que Vitu, fort au courant de la bibliographie du xviiie siècle et de la Révolution, qui n’est pas du tout épuisée, comme beaucoup de gens ont la superficialité de le penser.
Ridicule délicieux de gens qui avaient oublié de se tâter, comme Sosie, pour voir ce qu’ils étaient !
M. de Laprade croit sans doute, comme beaucoup de gens, que la froideur, c’est la sagesse, la force et la vertu, et elle ne l’est pas plus qu’elle n’est la poésie.
De même, l’homogénéité sociale est sans doute favorisée par l’égalitarisme : des gens qui, se croient égaux puisent dans cette croyance de nouvelles raisons de s’imiter de plus en plus ; et en ce sens, l’uniformité peut naître de l’égalité même.
Le temps renversera sur vous l’opprobre dont vous aurez couvert les gens de bien, et vingt siècles écoulés ne l’effaceront pas.
Pour arriver à trouver cette nature des choses humaines, la Science nouvelle procède par une analyse sévère des pensées humaines relatives aux nécessités ou utilités de la vie sociale, qui sont les deux sources éternelles du droit naturel des gens (axiome 11).
Dans les temps barbares, on doit trouver une jurisprudence rigoureusement attachée aux paroles ; c’est proprement le droit des gens, fas gentium.
Il devient esclave par une loi du droit des gens qui résulte de sa nature même ; et il est assujetti à des peuples meilleurs, qui le soumettent par les armes.
On sait que novateur en philosophie et en politique, Voltaire ne l’était guère en littérature ; et Sainte-Beuve reconnaît qu’il représentait alors l’opinion de tous les gens de goût, pleinement partagée et même aggravée, pour ce qui concerne Dante, par le président de Brosses. […] Descartes pouvait très bien considérer cette tradition religieuse comme excellente pour le grand nombre : Spinoza lui-même conseillait aux gens de garder leur foi et leur Église. […] Rappelez-vous, dans la Princesse de Babylone, la description lyrique du plaisir de dîner en ville et de causer avec des gens aimables, à Paris. […] Leibniz est le dernier grand philosophe qui ait accordé toute satisfaction aux gens bien pensants. […] Je n’ai plus de feuilletons à écrire, plus de platitudes à justifier, plus de gens médiocres à louer, plus d’indignation à contenir, plus de mensonges, plus de comédies, plus de lâche complaisances.
À une époque où les gens de lettres forment une vaste société liée par les plus étroits rapports, juger ses amis, ses confrères, ses égaux ! […] Tant de gens de lettres n’ont pour fortune que leur réputation et une certaine vogue ! […] Les gens de lettres se marient tout comme d’autres : ils ont une femme à faire vivre, des enfants à élever. […] Sont-ils si regrettables les siècles où la littérature n’était qu’un plaisir délicat, et les gens de lettres que les amuseurs du grand monde ? […] Tel instruit surtout les gens qui ont la ferme volonté de s’instruire.
J’ai connu bien des gens sans génie ; cependant, si je me les remémore, je trouve à chacune de leurs intelligences une allure et, pour ainsi dire, une saveur spéciale. […] On comprend aisément que les hommes très intelligents aient la volonté souvent impuissante et que des gens à volonté énergique ne fassent preuve que d’une intelligence très peu inventive. Il n’est pas plus surprenant de voir des gens bien doués pour l’invention volontaire se montrer incapables d’invention intellectuelle, et réciproquement, que de voir des musiciens impuissants à peindre un portrait. […] Il est tout naturel que les gens qui ont réellement un air particulier paraissent aussi différents les uns des autres au dehors qu’au dedans. » Une anecdote sur Lamartine, que raconte M. […] Lorsqu’il s’agit, il y a quelque temps, de rétablir dans nos lois le divorce, on entendait les gens discuter et se disputer comme s’il s’agissait de décréter immédiatement l’amour libre.
Le mysticisme est la religion des gens d’imagination. […] Elle ne se borne pas à rajeunir les gens. […] C’est lui qui apprend à écrire aux gens qui sont capables d’y arriver. […] quelles résistances de raffinés et surtout de gens dérangés dans leurs habitudes ! […] Voilà nos gens rejoints, et nous ne sommes pas très heureux qu’ils le soient.
Ou bien, si l’on essaye de les ramener en des voies plus chrétiennes et plus austères, doit-on dès lors renoncer au suffrage des gens de goût, se résigner à perdre ou à affadir tout ce qui fait vivre les ouvrages de l’esprit, et se contenter d’écrire pour une petite église qui ne représente en rien le mouvement intellectuel d’une époque ou d’un pays ? […] La Société des gens de lettres, à qui il causa jadis tant de soucis, l’adopte comme le premier héros de son histoire, le plus grand saint de son martyrologe. […] On est sans doute, en les lisant, fort édifié de tout ce que renfermait cette tête encyclopédique, qui eût pu en remontrer aux gens du métier sur toutes les finesses de la procédure et de la contrainte par corps ; mais enfin on est forcé d’avouer que Richardson et Goldsmith, madame de La Fayette et l’abbé Prévost, Bernardin de Saint-Pierre et madame de Souza, M. […] absolutisme et christianisme ne furent jamais synonymes ; la foi religieuse est, dans le bon sens du mot, beaucoup plus libérale qu’on ne le pense, et surtout que ne le disent les gens intéressés à perpétuer les malentendus. […] Il faut lire, dans l’ouvrage de M. de Tocqueville, le chapitre sur l’influence des gens de lettres, devenus, dès le milieu du dix-huitième siècle, les véritables hommes politiques du pays.
et il lui dit par qui ; et Madona Lucrezia, fille du pape et femme du prince, se trouvant alors dans la chambre de son père, tomba évanouie1. » Cette fois, le pape s’indigna, et il fit garder à vue le jeune prince par seize de ses gens. […] » Sur quoi, un des évêques de sa suite se prit à dire : « Que Votre Sainteté lui pardonne, ces sortes de gens sont des ignorants qui ne connaissent que leur métier. » Mais le pape, furieux, se redressant à demi, frappa de sa canne le porte-mitre imbécile : « Ignorant toi-même ! […] On n’en trouverait pas deux de ma taille dans le monde entier ; mais les gens comme vous, on les rencontre par dizaines à chaque porte. » Jamais vanité ne fut plus féroce : qu’on se figure un paon armé du bec et des serres de l’oiseau de proie. […] Le duc d’Épernon, étant allé le voir avant son départ, et lui reprochant de faire rire les gens pendant ses sermons, en reçut ce fier coup de langue qui le cloua sur la place : « Monsieur, je veux bien que vous sçachiez que je ne presche que la parole de Dieu, et qu’il ne vient point de gens à mon sermon pour rire, s’ils ne sont meschants et athéistes : et aussi n’en ay-je jamais tant fait rire en ma vie comme vous en avés fait pleurer. » A un autre prêcheur qui censurait ses algarades du Caresme-prenant, le roi fit don de quatre cents écus « pour acheter, lui dit-il, du sucre et du miel pour aider à passer vostre caresme, et adoucir vos trop aspres et aigres paroles. » — Querelles de moines, Contesa di frati ! […] pourrait-il se faire, — que pour un homme qui tient à tant de gens, personne ne se piquât d’honneur, — en écoutant mes lamentations ?
Pensez, mon cher Halévy, n’est-il pas effrayant de penser que son père et sa mère, son oncle Durand Lassois, ses trois frères, sa grande sœur, ses amies, Mengette, Hauviette, madame Gervaise étaient des gens comme nous en avons tant connus étant petits, comme nous eussions été nous-mêmes, comme nous allions être nous-mêmes, (or si nous pouvions tranquillement le redevenir), étaient exactement, étaient identiquement des gens comme tous ceux où nous avons vécu étant petits. […] Il n’y a pas de fruits, (à vendre aux gens d’Orléans, aux gens de la ville, et surtout aux enleveurs, (c’est-à-dire aux commissionnaires qui envoyent ça à Paris, et on dit que ça va jusqu’en Angleterre. […] Nous avons si peu de commerce avec les princes et les autres personnes qui vivent dans le Serrail, que nous les considérons, pour ainsi dire, comme des gens qui vivent dans un autre siècle que le nôtre. […] Mais mon ami, (c’est à cc littéraire que je parle), tous ces gens-là voudraient bien être comme vous. […] C’est, ce sera le parti des gens qui ne quittent pas Paris pendant les mois d’été.
Mais sous leur cuirasse d’érudition, ils sont gens d’esprit. […] Les gens vertueux ne trouvent pas assez de voiles pour se couvrir la face. […] ces hurlements vont attirer des gens soupçonneux ; et le prudent Itzig prend le parti d’envoyer Hippus au beau milieu de la rivière. […] D’abord, comme il a l’âme bonne, il pétrit des gens de bien avec une volupté infinie, et il les répand à profusion sur la terre allemande. […] Jordan, Specht et Pix dans leur comptoir, et même les gens de peine autour de leurs ballots.
Les gens de la maison et les Italiens de la duchesse de Mantoue, qui s’était alors retirée momentanément à Chaumont, virent avec surprise des préparatifs se faire tout à coup. […] Il s’occupait beaucoup ce jour-là de hâter le dîner, et commandait à tous les gens du château, vêtus de noir comme lui. […] Les pauvres gens ont fait bien vainement une lieue à pied ! […] On ne doit pas aimer ces gens-là ; franchement ils n’aiment rien ; ce sont des égoïstes.
Assez de gens se plaignent continuellement de la sécheresse de notre époque, pour que nous puissions, de temps à autre, leur rappeler qu’il existe chez nous des trésors à peu près méconnus de poésie délicate et rafraîchissante. […] Permettez-moi de relever une légère inexactitude : ce n’est pas cette année, c’est l’année dernière, que j’ai fait suivre de réflexions personnelles le règlement du concours de poésie qui porte mon nom, mais dont la Société des gens de lettres m’a fait l’honneur d’accepter la gestion littéraire (comportant, bien entendu, l’entière indépendance de ses jugements). […] Je suis allé à la Société des Gens de lettres, on m’a remis la petite feuille qui contient les conditions du concours, et le commentaire. […] Tels sont les problèmes qui se posent, et auxquels il serait bon de faire entrevoir des solutions, en raisonnant non pas abstraitement pour des gens qui vivraient dans Sirius, mais pour nous qui vivons en France au début du xxe siècle, au moment où tant d’écoles déjà se sont succédé et où la dernière-née, le symbolisme, achève de mourir.
Ne cherchez rien de gaulois en lui : on parle souvent d’esprit gaulois, d’humeur gauloise, à tort et à travers, et on en prête à bien des gens qui n’en ont pas ; mais lui, soyez sûr qu’il n’en a pas un grain ; ces vieilles saveurs domestiques lui vont peu au fond ; il ne les prise pas très-haut : il a vu mieux que cela dans le monde des Médicis et dans la patrie du soleil.
Fiévée commence par nous parler de lui, de ses articles au Temps, et pourquoi il a cessé d’en faire, et pourquoi il pourra bien reprendre, toutes particularités fort curieuses et fort agréablement assaisonnées sans doute, mais qui tiennent d’assez loin en apparence aux questions politiques tranchées ou soulevées par les événements de juillet, il y a des gens d’esprit qui ont une manière de causer à eux ; ils débutent à leur façon, ils parlent d’eux-mêmes, ils ont peine à se dégager de leur personnalité ; avant de vous exposer les résultats de leurs réflexions, ils ont besoin d’établir où et comment ces réflexions leur sont venues.
Le passage du drame est pour George Sand une transgression beaucoup moindre ; mais bien des gens ne peuvent pas s’y résigner.
Sans définir les mots d’art et de science (ce dont il faut se garder, si l’on veut s’entendre soi-même et se faire entendre), on peut dire qu’entre la science et l’art il y a cette différence que, dans l’une les gens médiocres peuvent rendre d’utiles services, au lieu que dans l’autre ils ne font rien qui vaille.
Dubout, comme l’ont insinué quelques médisants, ait obéi à un autre sentiment qu’au zèle pur de la vérité ; pas un instant je n’ai cru qu’il cédait, dans sa poursuite grotesquement acharnée, à un dépit cuisant d’auteur tombé, à une rage de vanité déçue, à une démangeaison de réclame, à une humeur processive et hargneuse d’homme d’affaires et de chicanou provincial, ou encore au désir têtu de montrer aux habitants de sa petite ville, témoins de son retour humilié, que ces gens de Paris ne lui faisaient pas peur et qu’ils n’auraient pas avec lui le dernier mot. » Qu’auriez-vous à dire ?
Il s’ensuivit que ceux qui embrassèrent cette profession furent souvent des gens bien nés, instruits, poètes et beaux esprits.
Le droit familial protège les gens mariés ; il traite le mariage comme un acte social, non comme un acte individuel.
Bien des gens renoncent aussi volontiers au titre de poète.
« Bien des gens semblent vouloir regarder l’Art poétique de Despréaux comme une compilation de celui d’Horace.
La date de la fabrication de l’objet, 1683, si elle est juste, — l’exécution du prince d’Akô ayant eu lieu en 1690, — semblerait indiquer que la petite écritoire fut exécutée, avant que Otaka fût ronin et marchand d’objets de bambou, mais ainsi qu’au Japon, les gens, qui ne font pas profession d’être artistes, sculptent des netzkés pour leur plaisir.
Ce n’est pas sans une défiance extrême qu’il les présente à l’examen des gens de goût ; car, s’il croit à des théories nées d’études consciencieuses et de méditations assidues, d’un autre côté, il croit fort peu à son talent.
Du reste, bonne, brave, loyale et intelligente nature ; mélange du poète, du gueux et du prince ; riant de tout ; faisant aujourd’hui rosser le guet par ses camarades comme autrefois par ses gens, mais n’y touchant pas ; alliant dans sa manière, avec quelque grâce, l’impudence du marquis à l’effronterie du zingaro ; souillé au-dehors, sain au-dedans ; et n’ayant plus du gentilhomme que son honneur qu’il garde, son nom qu’il cache, et son épée qu’il montre.
S’il fut cause de la mort de tant de milliers de gens qui se croisèrent sur la foi de ses prophéties, on lui doit aussi la gloire d’avoir sauvé la vie à une multitude innombrable de juifs innocens, qu’un moine, nommé Raoul, vouloit faire exterminer.
Veut-il dire que, dans toutes les professions, il y a des gens qui se mêlent de médecine ?
Du Spectateur anglois sont sortis le Spectateur françois de Marivaux, écrit avec trop d’affectation ; le Misantrope de Van Effen, qui dit des vérités utiles ; la Spectatrice Danoise, par M. de la Baumelle, qui a des meilleurs titres pour plaire aux gens de goût ; le Nouveau Spectateur, par M. de Bastide qui, avec de l’esprit, n’a pas pu égaler l’ancien ; le Monde, par le même, ouvrage périodique de morale critique, où l’on trouve des morceaux intéressans.
Je ne conserverais donc pas des prêtres comme des dépositaires de vérités, mais comme des obstacles à des erreurs possibles et plus monstrueuses encore ; non comme les précepteurs des gens sensés, mais comme les gardiens des fous ; et leurs églises, je les laisserais subsister comme l’asile ou les petites-maisons d’une certaine espèce d’imbéciles qui pourraient devenir furieux si on les négligeait entièrement.
La premiere ardeur que donne le génie, suffit pour apprendre les regles de la poësie ; ce n’est point par ignorance de regles, que tant de gens pechent contre les regles.
Il Rien de plus insignifiant, en effet, que les histoires superstitieusement réimprimées par Livet ; rien qui ressemble moins à ce que nous autres gens du xixe siècle nous sommes accoutumés d’entendre par de la critique et de l’histoire.
Qui peut le plus peut le moins : en jugeant Ninon nous aurons jugé Laïs, nous aurons jugé toutes les glorieuses prostituées dont les désordres paraissent à certaines gens des mérites et des grâces, et, par là, nous pourrons nous faire une idée de la pauvreté de ces idoles devant lesquelles toute une société n’a pas rougi de se mettre à genoux.
Elle en explique tout : et la confiance, et la gaîté, et l’entraînante coquetterie, et les torts imprudents, comme disent les gens plus légers qu’elle qui l’ont accusée de légèreté, et les malheurs, et les calomnies, et les larmes !
Elle en explique tout, et la confiance, et la gaîté, et l’entraînante coquetterie, et les torts imprudents, comme disent les gens plus légers qu’elle, qui l’ont accusée de légèreté ; et les malheurs, et les calomnies, et les larmes !
Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement… Il faut avouer qu’une telle chute serait ridicule et mortelle… Nous ne disons pas que Ranke l’ait faite, mais voici pourtant deux volumes dans lesquels il a dû ramasser l’effort de sa pensée et la force réfléchie de sa maturité, et partout où nous les avons ouverts, nous n’avons trouvé que l’indigence, le refroidissement, le dessèchement, mis à la place de tout ce qui promettait autrefois la richesse, la chaleur, l’abondance et la vie Il est des gens, nous le savons, qui appelleront cela un progrès.
Par une de ces préoccupations familières aux gens qui se coiffent d’un sujet jusqu’aux yeux, l’auteur de l’Histoire de la Presse a voulu voir le journalisme partout, même à Rome, mais il n’a pas compris que ce journalisme, dont les grands pontifes avaient exclusivement le monopole, était précisément la condamnation de celui-là dont il cherche beaucoup trop haut la conception dans l’histoire ; car elle n’appartient qu’à ces derniers temps.
Les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver ; mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
Gens de même école, de même étude, de même doctrine chétive, car une doctrine doit être une affirmation, sous peine de maigreur, — complices dans le travail d’un même dictionnaire, ces deux Arcadiens, — Arcades, ambo , — avaient bien des côtés fraternels.
Or, qu’on nous pardonne l’expression vulgaire, une panacée ne consiste pas à dire aux gens : Portez-vous bien, et je paierai le médecin.
On a bien discuté l’Autriche : les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver, mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
Augier appartient, par le manque de personnalité vigoureuse et cette facilité déplorable qui charme les sots et qui explique sa fortune, à cette race d’esprits de troisième degré qui sont entre les poètes et le public, — mais plus du côté du public que du côté des poètes, et qui, descendant la poésie, toujours un peu altière, jusqu’au niveau des gens médiocres, diminuent, dans leurs productions décolorées, l’éblouissante et insupportable originalité des maîtres et la font accepter aux débilités qu’elle épouvante.
Que Gérard de Nerval ait été un aimable garçon ; qu’il ait offert à ses contemporains le phénomène que nous offre Monselet en ce moment de n’avoir pas eu un ennemi, — ce qui put lui être agréable pendant sa vie, et ce qui lui est, comme vous le voyez, utile encore après sa mort ; qu’il ait été bambin avec des célèbres et qu’il ait joué aux petits jeux de l’amour et de la poésie avec des gens qui ont fait là-dessus leurs Poésies de jeunesse et qui vont faire maintenant là-dessus leurs Poésies de vieillesse, — car les choses sont plus belles quand on se retourne, et les lointains, à mesure qu’ils s’éloignent, se veloutent d’un si joli bleu !
Qu’il aille faire de l’Italie à la Porte-Saint-Martin ou à l’Ambigu, il pourra là trouver, dans ces grands bouges intellectuels, des gens qui disent : « Comme c’est ressemblant, cette Italie !
L’avènement du « droit des gens », du « droit naturel des nations », en tant que science positive, marque l’un des plus gigantesques pas en avant qu’ait accompli le monde.
. — Ainsi le droit des gens héroïques du Latium resta gravé dans ce titre de la loi des douze tables : si quis nexum faciet mancipiumque uti lingua nuncupassit ita jus esto .
Les gens de parti ne reculent pas devant ces petites infamies ; j’en reçois personnellement des preuves pour mon compte. […] On part d’Horace, le point de départ invariable, l’alpha et l’oméga des gens de goût ; on commence et on finit par lui, et, dans l’intervalle, on a fait une revue et une tournée instructive en compagnie d’un rédacteur spirituel et poli, s’exprimant dans une prose facile, encore qu’un peu traînante : on n’est pas sorti d’un empirisme délicat. […] C’est là qu’il faut le voir pour apprécier en lui le médecin des pauvres ; il est vraiment la providence des gens de campagne, le bienfaiteur du pays à la ronde.
Des gens d’esprit se réunissent dans sa loge. […] Elle se divertissait aux choses qui font rire les enfants, les gens du peuple et le Marquis. […] Il y a par le monde des gens d’esprit et de savoir qui ne sentent pas comme elle, et qui lui disent gravement du fond de leur bibliothèque : Instruisez-nous, Madame ; nous n’aimons pas Molière ; mais, si vous nous expliquez pourquoi vous l’aimez, et si vos raisons nous semblent bonnes, vous nous convertirez sans doute ; nous vous écoutons ; parlez.
Le propre du poëte, c’est d’être toujours jeune et éternellement vierge : Pour nous autres, gens du commun, les choses sont usées ; soixante siècles de civilisation ont terni leur fraîcheur originelle ; elles sont devenues vulgaires ; nous ne les apercevons plus qu’à travers un voile de phrases toutes faites ; nous nous servons d’elles, nous ne les comprenons plus ; nous ne voyons plus en elles des fleurs splendides, mais de bons légumes ; la riche forêt primitive n’est plus pour nous qu’un potager bien aligné et trop connu. […] Ce cottage même, si modeste, bon pour des gens qui n’ont que trente mille livres de rentes, est agréable à voir avec ses toits pointus, son portique, ses briques brunes vernissées, toutes recouvertes de lierre. Sans doute la grandeur manque le plus souvent ; aujourd’hui les gens qui font l’opinion ne sont plus les grands seigneurs, mais les gentlemen riches, bien élevés et propriétaires ; c’est l’agrément qui les touche.
Voici comment il parle à ses amis mondains, qui lui reprochaient sa fuite du monde : « Ces gens-là regardent les plaisirs du monde comme le souverain bien ; ils ne comprennent pas qu’on puisse y renoncer. […] Mes livres, ce sont des gens de tous les pays et de tous les siècles : distingués à la guerre, dans la robe et dans les lettres ; aisés à vivre, toujours à mes ordres ; je les fais venir quand je veux, et je les renvoie de même ; ils n’ont jamais d’humeur et répondent à toutes mes questions. […] Pétrarque écrivit lui-même à Rienzi : « Vous me forcez à rougir de vous ; de protecteur des gens de bien vous devenez un chef de brigands !
Elles sont menées en Europe par de bien pauvres gens, par des gens qui ont discipliné la barbarie. […] « Quel misérable pays cependant que celui où un honnête homme ne peut être à l’abri même de sa pauvreté ; ces gens-là supposent que je me vends comme eux !
« Ses fines remarques lui firent plus d’une fois prédire les succès ou les désastres de gens qu’on appréciait bien autrement qu’il ne les jugeait ; le temps lui donna souvent raison dans ses prophéties ! […] Vivent plutôt les gens de lettres ; oui, mais ils sont tous gueux d’argent et seulement riches de morgue. […] Il y a des gens qui s’offensent de cette faculté, ils redoublent mes tourments en ne me comprenant pas !
Ces gens n’entendent rien, ni à la poésie, ni à la musique… et ils ont fait leurs traductions à peu près comme on traduit ces articles de journaux et des réclames de fabricants. […] Et voici que ces mêmes gens, ont aujourd’hui l’esprit tellement faussé par tout ce qui se dit sur Wagner et le goût tellement dépravé par ce qui se passe dans les salles de concert, qu’ils battent des mains et trouvent cela beau ! […] Et à elles viennent se joindre toute cette cohue de mélomanes enthousiastes, et aussi tous ces gens qui, sous le manteau de la modération, de l’impartialité, du patriotisme, que sais-je ?
L’état de fièvre, pour la conscience, se manifeste par le sentiment d’un malaise vague et d’un manque d’équilibre intérieur, et il y a une sorte de gens dont l’état normal est semblable à la fièvre, les névropathes et les délinquants. […] les gens vraiment amoureux sont des monomanes comme moi, qui ont une seule idée, laquelle absorbe toutes leurs sensations. […] Buvons même à la sagesse, A la vertu qui soutient ; Tu peux, sans crainte d’ivresse, Boire à tous les gens de bien, Noël !
Peu à peu, sous l’ascendant de la sensualité primitive, l’État s’est réduit à une entreprise de spectacles, chargée de fournir des plaisirs poétiques à des gens de goût. […] Nos civilisations du Nord, en refluant sur les peuples arriérés du Midi, y ont importé un costume étranger, d’une complication superflue, et il faut aller dans les districts reculés, descendre jusqu’à la classe très-pauvre, pour trouver comme à Naples des lazzaroni vêtus d’un pagne, comme en Arcadie des femmes couvertes d’une simple chemise, bref, des gens qui réduisent et proportionnent leur habillement aux petites exigences de leur climat. […] Elle vit ou vivote en province sans pouvoir se faire d’opinions personnelles ni précises, réduite à des impressions vagues et à des émotions aveugles, obligée de se remettre aux mains de gens plus instruits qu’elle expédie dans la capitale et qui la remplacent quand il faut décider de la guerre, de la paix ou des impôts. — Même substitution s’il s’agit de la religion, de la justice, de l’armée et de la marine. […] Il n’y avait pas de distance chez eux entre la langue des faits sensibles et la langue du pur raisonnement, entre la langue que parle le peuple et la langue que parlent les gens doctes ; l’une continuait l’autre ; il n’y a pas un terme dans un dialogue de Platon que ne sache un adolescent qui sort de son gymnase ; il n’y a pas une phrase dans une harangue de Démosthènes qui ne trouve pour se loger une case toute prête dans le cerveau d’un forgeron ou d’un paysan d’Athènes. […] Elle ne fait point partie d’une littérature secrète devant laquelle les gens austères se voilent la face et les esprits délicats se bouchent le nez.
D’autres vous disent que les carlistes, voulant opérer la leur en faveur de Henri V, avaient soudoyé des gens du peuple qui se couvraient du voile du républicanisme. […] Sainte-Beuve, au suprême période de sa carrière et de sa vie, était bien autorisé à parler ainsi de lui-même et du rang qu’il tenait dans la Littérature, lui que ses amis, les gens de lettres, appelaient mon maître , — quelques-uns même (le bien-aimé Théo) continuaient à l’appeler mon oncle comme au temps romantique, lui laissant sa place à côté du père , qui est Hugo. — Ce qui me décide (outre l’amitié qui m’y autorise) à publier la lettre suivante, est l’appréhension intellectuelle qui y est exprimée, et qui se déduit assez logiquement de ce qu’un homme, bien placé pour cela, peut, observer de plus en plus en littérature tous les jours : « Mon cher maître, , écrivait le correspondant de Sainte-Beuve, vous avez dû recevoir de nombreux compliments à propos de votre belle étude sur Mme Valmore ; et cependant chacun ne saurait trop vous dire quelle portée prend (dans ce temps plus que jamais) l’analyse si intime de ce caractère de femme. — Il est à craindre que vous ne soyez le dernier homme de lettres du siècle.
Demandez plutôt à l’auteur des Saisons, à M. de Saint-Lambert, qui, entre les gens de lettres, est une des peaux les plus sensibles (nous dirions aujourd’hui un des épidermes) ; à M. de La Harpe, qui a du nombre, de l’éloquence, du style, de la raison, de la sagesse, mais rien qui lui batte au-dessous de la mamelle gauche, …………… Quod laeva in parte mamillae Nil salit Arcadico juveni…………… JUV. […] C’est une rétractation partielle, une rectification de ce que j’avais écrit précédemment dans un article du Globe, dont je reproduis ici le début : « Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.
Les gens du palais se saisirent de toutes les armes et de tous les ustensiles domestiques qu’ils trouvèrent sous la main pour se défendre ou pour attaquer la suite de l’archevêque qui s’enfuyait. […] L’influence de l’exemple est déjà un très grand danger, mais vous vous trouverez probablement avec des gens qui tâcheront de vous corrompre et de vous porter au vice.
Des gens malins m’ont fait observer que le Symbolisme n’est pas une découverte, qu’il a toujours existé. […] L’autre plus déliée, marche assez vite pour qu’avec une médiocre attention on puisse saisir son mouvement : c’est la masse des gens éclairés.
Dès qu’on se sent poussé par des gens qui veulent prendre les devants, le devoir est de se reculer, d’un air qui signifie : « Passez, monsieur. » Mais il est clair que celui qui tiendrait à cette prescription en omnibus, par exemple, serait victime de sa déférence ; je crois même qu’il manquerait aux règlements. […] Si les gens de goût me reprochent de m’être montré fils de mon siècle en prétendant ne pas l’être, je les prie d’être bien persuadés au moins que cela ne m’arrivera plus.
Des gens qui raisonnent à priori considèrent le type vertébré comme la forme nécessaire qui rend le vertébré possible. […] Bien des gens qui accorderont que la douleur causée par le feu n’est pas une copie du feu, soutiendront que l’apparence produite sur les yeux par le feu, est l’apparence réelle du feu, indépendamment de la vision humaine.
Pour un petit nombre de gens d’esprit que l’art seul avait touchés, combien de suffrages peu dignes d’envie ! […] L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître.
Les protestations des gens « pratiques » et des moralistes contre ce rythme de l’évolution sont aussi impuissantes que ne le fut la condamnation de Galilée. […] L’affirmation peut sembler naïve, à force d’évidence ; et pourtant combien de gens qui se croient poètes parce qu’ils ont le sentiment poétique !
Aux gens timorés dont le goût crierait au scandale, il n’est qu’une réponse à faire : « Honnêtes gens, restez au coin du feu, et n’allez point au sabbat. » Je n’en dirai pas autant de la ballade du Géant.
Il y en a sans doute à la supériorité des femmes, à celle même des hommes, à l’amour-propre des gens d’esprit, à l’ambition des héros, à l’imprudence des âmes grandes, à l’irritabilité des caractères indépendants, à l’impétuosité du courage, etc.
Des gens qui n’avaient pas craint d’attaquer son connétable à sa porte ne se feraient pas scrupule de mettre la main sur lui.
Il y a peu de gens qui aient le courage d’avouer que, bien comprises, ces règles valent encore aujourd’hui, et que les plus indépendants, s’ils ont un vrai sentiment de l’art, suivent d’instinct les lois qu’ils méprisent par théorie.
Or, en même temps, la condition des gens de lettres se relève ; la considération dont ils jouissent les introduit et les enferme dans le monde ; leur champ d’observation se trouve par là singulièrement restreint, et le rideau des bienséances sociales s’interpose entre leur œil et la nature.
Francisque Sarcey et généralement des gens de bon sens, il s’assure que l’absurde est non le sentiment excentrique d’un indépendant ou d’un réfractaire, mais bien l’opinion même de la multitude.
Ces gens sont incurables.
Pater et Vernon Lee, les romanciers archéologues tels que Flaubert, se sont servis pour décrire les milieux humains passés et disparus, sera ici mis à profit avec de plus importants résultats, puisque cette enquête par le dehors, par le visible, par ce dont l’histoire rend témoignage, aura été précédée et affirmée par des données probables ou sûres sur l’intérieur, sur le gros mécanisme mental de ces gens que l’on va dresser en pied dans leur chair et leur costume.
Que les gens du bas étage, Pourquoi La Fontaine leur pardonnerait-il plus le mensonge qu’aux autres ?
Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance.
Les gens qui font cela ne s’appellent point des historiens.
Il a beau avoir de la grandeur de tête et de la vertu, Joseph de Maistre a un esprit du diable, comme on dit dans le pays des gens d’esprit, mais c’est le diable avant sa chute, dans le temps qu’il était ange encore et qu’il s’appelait Lucifer !
Les braves gens !
Bien des gens seraient allés d’abord aux choses plus grosses, plus matériellement en vue dans Villon.
Joseph de Maistre et Fréron, c’étaient gens de même race, de même religion, de mêmes principes ; mais Janin, le Janin des Débats, qui fut d’abord le petit Janin et puis après le gros Janin, ce gros petit Janin qui roulait le cerceau de sa fantaisie dans tous les chemins en spirale d’un feuilleton sans direction, — mais qui parfois rencontrait le bon sens, — et que ce fût précisément celui-là qui, comme le rat rongeant le filet du lion, se portât fort, pour Fréron contre cet énorme démon de Voltaire, c’était vraiment là de l’inattendu et du frappant !
Montesquieu avait raison, les gens d’esprit font les livres qu’ils lisent.
Il est vrai que ce n’est pas chez beaucoup de gens !
Nous oserons regarder dans cette gloire pour en chercher le mot, s’il y en a un au succès d’un livre universellement accepté par les gens pieux et même par les impies.
Le sang allait venir… Mais, avant qu’il vint, il naquit, de deux pauvres gens, au fond d’une province, — précisément celle-là qui nous a donné plus tard cet athée tremblotant de Sainte-Beuve, qui fait l’effet d’un magot d’athéisme après les grands athées intrépides et impudents du xviiie siècle.
C’est la liberté, la fureur de liberté, qui est la fureur de ce siècle, qui fait le fond même de cette question du divorce : sur laquelle les gens s’égosillent !
De même, tous ceux qui écrivent dans la Revue des Deux Mondes ne se font rien sauter du tout, ni à eux ni aux autres, mais deviennent, même les gens d’esprit, considérablement ennuyeux de cela seul qu’ils y écrivent.
Théodore de Banville, il est des gens qui vous disent sérieusement que le vers de M.
L’éducation, — excellente pour les gens médiocres, mais inutile et même funeste aux hommes supérieurs, qui, plus tard, sont obligés de faire la table rase de Descartes, — l’éducation prodigieusement forte de Milton fut un des premiers boulets de plomb qu’on mît sur l’aile de son génie.
Satan, cette dernière ressource des gens damnés en littérature, n’a point à y paraître comme dans un conte allemand, et on n’y renverse pas le dessus des toits, comme on renverse, dans Le Diable boiteux, le couvercle d’une tabatière, pour voir ce qui se passe dessous !
Il assista au service avec les soldats, les gens du village et les enfants d’un orphelinat de la guerre.
Les courtisans le louent par intérêt ; le peuple, par un sentiment qui lui fait respecter tout ce qu’il craint ; les gens à imagination par enthousiasme : alors les orateurs lui vendent leurs panégyriques, les poètes leurs vers.
Ceux qui viennent ensuite, trouvent la route tracée, et n’ont plus qu’à la suivre ; mais ce qui est une facilité pour les gens médiocres, est peut-être un obstacle pour ceux qui ne le sont pas ; car l’homme de génie a bien plus de vigueur et de force pour ce qu’il a créé lui-même, que pour ce qu’il imite.
Nous sommes tous agités et paresseux comme des gens qui vont se mettre en voyage. […] Feuillet, et surtout on n’avait jamais bien dit tout ce qu’il y a de poésie chez les gens qui ne font pas profession d’être poétiques. […] Ce défaut d’équilibre, qui n’est qu’à l’état de nuance et qui n’est appréciable que pour les gens du métier, pourrait être, ce nous semble, corrigé sans trop d’efforts. […] On trouve bien sous l’empire de ces sentiments des gens capables d’actions criminelles, comment donc ne trouverait-on pas des gens capables d’actions basses ou simplement malpropres ? […] Le mouvement industriel de 1850 avait eu pour résultat de bouleverser brusquement les habitudes économiques de la société par un renchérissement subit de la vie matérielle, qui avait fait du soir au lendemain passer les riches de la veille à l’état de gens aisés, et les gens aisés presque à l’état de nécessiteux.
Les petites gens de Port-Royal, M. […] Paul Souday sur une question qui, pour bien des gens, ne paraît pas sujette à discussion : Flaubert savait-il écrire ? […] Il doit y avoir des gens très bien qui se sont fait une réputation avec de telles trouvailles. […] Ceux que le romantisme tue sont, comme ceux que le vin tue, des gens déjà tués un peu, dirait Ubu. […] Barthou, comme des gens de lettres dans l’index d’une histoire de la littérature.
Des gens sont sur le quai : les uns pèchent, d’autres regardent simplement couler l’eau. […] Et je suis certain que peu de gens éprouvent en réalité ce véritable orgueil, au point d’en être secourus. […] Et tous ces gens soufflaient à perdre haleine dans des buccins et des conques en carton. […] Je suis certain que tous ces gens-là sont bien plus honnêtes que leurs figures ne le paraissent. […] — Il se trouvera des gens pour dire que je me moque des Grecs.
Les gens du Crucifix ont tenté de détourner cette fête à leur profit. […] La caste des Intellectuels, la Caste terrible dont le nom seul fait se soulever d’effroi, lorsqu’on le prononce, les plumes de ces chauves-souris : les gens du Réel… MAÎTRE PHANTASM. […] En outre, on me rencontre, de temps en temps, en colloque avec des gens de peu. […] Voici nos gens : je les entends sur le palier. […] Je me suis laissé dire qu’il existait des gens pour qui deux sous sont une somme.
Il savait trop que, dans tous les siècles et dans tous les pays, il est encore plus dangereux d’avoir ces gens-là pour alliés que pour ennemis. […] Les gens de goût ne seront peut-être pas fâchés de comparer quelques traits des deux tableaux, et de juger ainsi l’esprit de deux cultes, séparés par dix-huit siècles. […] Une curiosité purement littéraire a réuni quelques gens de goût. […] Tous les gens de lettres instruits et de bonne foi aimeront le parallèle qu’il établit entre le style de Racine et de Voltaire. […] Lucain n’a rien de plus beau dans les endroits où les gens de goût peuvent l’admirer.
Les amours et les haines de ces gens-là n’ont pas de réalité, parce que la grandeur manque. […] Le génie moral d’Ibsen nous fait accepter le tragique de ses petites gens : la mort et les catastrophe terribles ne sont pas disproportionnées à la grandeur de la conscience. […] Cela explique qu’elle demeure si insaisissable à beaucoup de gens et qu’elle les fourvoie dans des méprises. […] — Jean Gaument et Camille Céan (L’Edition Française). — Chandelles vous êtes, pauvres gens du peuple aux vies insignifiantes et obscures.
Et pourtant… Mais avec Lamartine il ne faut jamais analyser. » « — Ces mêmes gens qui, hier encore, auraient voulu lapider Lamartine à cause de ses Girondins et de ses discours de Mâcon, lui élèveraient aujourd’hui des autels : mais sur cet autel il faudrait inscrire : Élevé par la Reconnaissance et par la Peur. »|75}} « — Lamartine est au fond un roué, mais un roué de la race de Fenelon.
Tant de gens, qui passent plutôt pour éclectiques que pour absolus, se font tous les jours si grosse, sous nos yeux, la part du lion, quia nominor leo, que c’est plaisir de trouver M. de Maistre à ce point libéral et modeste.
Il n’est personne qui, à un point de vue plus ou moins élevé, n’avoue qu’il est nécessaire qu’il y ait des gens pour faire des pièces de théâtre, des romans et des feuilletons.
La danse est aujourd’hui divisée en plusieurs caracteres, si je ne me trompe, les gens du métier en comptent jusques à seize, et chacun de ces caracteres a sur le théatre des pas, des attitudes et des figures qui lui sont propres.
Alexandre, César, ce roi philosophe dont je viens de vous parler, tous d’aussi bonne maison que ces messieurs, et à ce que je crois, un peu plus grands hommes, seraient d’un autre avis, plus juste et plus flatteur pour celui dont je parle ; et le public, plus fort que tous les gens à la mode, le dédommagera, par son suffrage, de ceux qu’il n’aurait pas le bonheur d’obtenir : ce public, un peu dur quelquefois, mais toujours respectable, prendrait la liberté de dire à ses frivoles censeurs : Rien n’est si ridicule que de vouloir attacher du ridicule aux talents, et de paraître dédaigner ce qu’on n’est pas en état de faire.
Assurément, c’est de la littérature honnête et même élevée, mais trop lacrymatoire, à l’usage des gens que l’ennui des choses honnêtes, ennuyeusement exprimées, ne dégoûte pas de l’honnêteté.
Mais c’est la seule illustration et c’est aussi la seule gaieté à recueillir pour les gens qui aiment à s’amuser un peu, dans ce torrent de bavardages, de vocalises et d’échos qui sonnent creux sur une si grande mémoire… et qui finissent par ennuyer.
En recevant chez elle des gens de lettres mêlés à des gentilshommes, elle préludait à 89.
toutes les phrases et tous les vers des malheureux gens de génie qu’ont fanés, en les citant, tous les sots que vous connaissez.
Sans ce besoin, plein de coquetterie, de se recommander au seigneur public et de se concilier ses chères bonnes grâces, Weill n’eût peut-être pas collé au front de son livre cette locution usuelle, vulgaire, qui semble chercher des échos dans l’esprit de tous ceux qui la débitent, et qui doit plaire par sa simplicité familière aux amateurs du simple et du familier (et on sait s’ils sont nombreux, ces braves gens-là !)
, est à présent le Tacite que la France n’avait pas ; le Tacite aristocratique de la monarchie qui a tué l’aristocratie en l’étranglant doucement, sans lui faire le moindre mal, entre deux portes de l’Œil-de-bœuf, avec un cordon du Saint-Esprit, car il n’y a pas que le Grand-Turc qui ait jamais envoyé aux gens le cordon !
Nul, sans le dévouement de l’amitié ou ces engagements de la vie qui nous mènent souvent plus loin que nous n’avions dessein d’aller, ne supportera, sans en souffrir, l’insignifiance d’un livre qui n’était pas un livre, d’ailleurs, écrit pour le public, et dont la médiocrité ne doit pas être reprochée à l’auteur ; car on a le droit d’être médiocre chez soi tout à son aise comme on a le droit d’y être en pantoufles, surtout quand on vit au milieu de gens qui sont disposés à vous trouver charmant, quoi que vous soyez… Malheureusement, il n’en est pas tout à fait ainsi pour cet indifférent de public.
Or, par un de ces tours que les faits jouent parfois aux gens d’esprit, ces documents sont la meilleure réponse qu’on puisse adresser aux opinions de Champfleury sur Hoffmann.
— que nous tenons surtout à faire connaître dans cet article bien plus que les travaux de Hegel, qui sont connus8 et mis, par certaines gens, dans la gloire.
Peu de gens ont le temps de se pencher ainsi sur eux-mêmes et d’observer les infiniment petits, — les fils de la Vierge intellectuels, — sur lesquels M.
que tous les gens d’esprit étaient malades et devaient l’être, en raison même de leur esprit, et il a fait, dans ce style charmant qu’il a, même en français, ronfler ce paradoxe comme le plus vibrant et le plus étincelant tambour de basque, sous le pouce de sa fantaisie !
Là, il eut son désert, sa Pathmos, mais une Pathmos tranquille, ce Carmel dont il parla un jour dans son oraison de Marie-Thérèse avec un accent qui troubla ces gens de la cour et leur fit entrevoir tout à coup la douceur des pieuses retraites dans des horizons éloignés.
Pour nous chrétiens, saint Vincent de Paul est bien autre chose qu’un homme d’État, puisque le Saint-Esprit avait pris son cœur pour tabernacle ; mais il ne s’agit pas du Saint-Esprit pour les gens d’esprit qui endoctrinent présentement le monde.
Parti de la philosophie, écossaise, cette pauvre doctrine aphone du sens commun, pour arriver plus tard aux raucités et aux embrouillements de ventriloques de gens comme Kant et Hegel, qu’on n’entendait guères alors que dans leur patrie, Cousin mit toujours une expression, peu sincère, mais éclatante, au service de divers systèmes qu’après tout il vulgarisa.
une idée qu’à l’instant même une autre idée ne surgisse au bout pour la contrepeser, pour l’empêcher de pencher à gauche ou à droite, — la grande affaire, la seule affaire, en dernière analyse, pour des gens qui n’ont pas la force de haïr vaillamment l’erreur ou d’aimer vaillamment la vérité !
Nous avons déjà (V. la IIe série des Œuvres et des Hommes) signalé le curieux talent d’Ernest Hello, sur lequel tant de gens se taisent qui devraient parler, et nous avons montré les pointes de génie qui apparaissent à travers son talent, comme les pointes de la fleur à travers l’enveloppe de son bouton.
À part ses conséquences, — et ces conséquences, si elles étaient légitimes, feraient table rase de tout ce que le monde moderne tient pour vrai en philosophie et replaceraient la théologie à sa vraie place, c’est-à-dire à la tête de toutes les sciences, même naturelles, — à part ces conséquences à outrance, ne manqueront pas de dire certaines gens, le mémoire adressé par M. de M*** à l’Académie des sciences morales et politiques a encore une importance considérable.
Quand, parmi les touches vivantes et palpitantes de son style, une réflexion ou une ironie lui échappe, comme, par exemple, « ces couteaux qui cherchent des gaines neuves », ou encore « ce viatique du blasphème et ces saintes huiles d’un sang frais », ce sont bien là des ironies ou des manières de dire de ces gens du peuple de 1514 en Espagne.
Le poète des Réveils, qui n’avait plus précisément la jeunesse de l’alouette du matin, nous l’annonce, à nous autres, gens du couchant.
Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !
Il débutait, en 1876, par La Chanson des gueux, qui le fit célèbre tout de suite, qui le tira de ces antichambres de la Renommée où tant de gens se morfondent ; car, insolente comme l’Attila de Corneille, elle fait parfois attendre jusqu’aux rois, — les rois futurs de la pensée !
Erckmann-Chatrian a rencontré dans la critique des ingénus qui l’ont vanté, comme s’il allait reculer les limites du conte bouffe ou du conte fantastique ; mais l’enthousiasme de ces gens-là déposait encore plus de l’ingénuité de leur ignorance que de leur sensation, car il n’est pas douteux que si M.
Or, ces gens-là, que suppose Feydeau pour avoir le plaisir de leur répondre, sont évidemment des cuistres de moralité, faciles à découdre sans qu’on soit pour cela, en fait de raisonnements vainqueurs, un sanglier d’Érymanthe ; mais la question n’en reste pas moins tout entière de la moralité dans l’art, lequel n’atteint réellement son but idéal et suprême qu’à la condition d’étre moral dans l’effet ou l’émotion qu’il produit, — ce qui, par parenthèse, est précisément le contraire de l’effet produit par les livres de Feydeau.
On sait que de son vivant même elle trouva des censeurs ; les femmes, en France, lui reprochèrent de n’avoir point les manières et les agréments de son sexe ; les protestants, d’avoir changé de religion ; les politiques, d’avoir quitté un trône ; tous ceux qui avaient quelque humanité, d’avoir pu croire que sa qualité de reine pût autoriser un assassinat : mais elle fut l’objet éternel des hommages des savants et des gens de lettres.
avoir à se condamner sans cesse en approuvant les gens de bien ! […] Enfin la sixieme définit par des similitudes & des métaphores : on dit, par exemple, que la mort est une chûte dans les ténebres, & qu’elle n’est pour certaines gens qu’un sommeil paisible. […] Lucien au contraire met de l’esprit par-tout ; tous les dieux, tous les hommes qu’il fait parler, sont des gens d’une imagination vive & délicate. […] Nous citons ce dernier trait pour donner aux gens de lettres un exemple de noblesse & d’honnêteté dans la dispute. […] C’est un roi qui reconnoit que la gloire des nations est dans les mains des gens de Lettres.
La musique n’est pas un danger pour les gens sanguins, et elle peut être même pour eux un moyen de perfectionnement moral. […] C’est pour les gens de tempérament sanguin qu’est bon surtout le flebile nescio quid . […] Âmes scrupuleuses et pieuses, ne craignez pas de vous charger de ce devoir ; on défend tous les jours bien des gens qui ne valent pas Werther, et on les défend à juste titre. […] Ils forment tout un quartier de la ville et sont composés de gens de tout état au nombre d’environ quatre cents. […] Quelle drôle d’idée que de s’inquiéter de gens que l’on ne connaît pas, que l’on ne connaîtra jamais, au point de vider en leur honneur son cœur et son cerveau !
La comédie choisit ses personnages parmi les petites gens, les petits caractères et les petits esprits, parce que les natures de cet ordre étant moins capables de passions profondes sont plus propres à figurer sur une scène d’où le pathétique doit être entièrement exclu. […] En attendant, il promet une récompense royale à celui de ses gens qui allumera le plus grand incendie et commettra le plus cruel assassinat. […] Si j’étais tenu pour imbécile par les gentilshommes, par les gens magnifiques, généreux, de haute naissance, ah !
Tantôt il détache un ridicule, une affectation, un genre de sottise, parmi les mœurs des élégants et des gens de cour ; c’est une manière de jurer, un style extravagant, l’habitude de gesticuler, ou toute autre bizarrerie contractée par vanité ou par mode. […] Je vous supplie, seigneur, promettez-moi De me mettre au nombre de vos gens. […] Nous sommes comme des apprentis naturalistes, gens paisibles et bornés qui, voulant se représenter un animal, voient le nom et l’étiquette de son casier apparaître devant leur mémoire avec quelque indistincte image de son poil et de sa physionomie, mais dont l’esprit s’arrête là ; si par hasard ils veulent compléter leur connaissance, ils conduisent leur souvenir, au moyen de classifications régulières, à travers les principaux caractères de la bête, et lentement, discursivement, pièce à pièce, ils finissent par s’en remettre la froide anatomie devant les yeux.
IV Ce droit public, ce droit des gens, a ses règles écrites, aussi inviolables, aussi sacrées que le droit privé entre les individus. […] Voici pourquoi : XI Le règne si moral de l’infortuné Louis XVI avait fait, par suite des mauvais conseils d’un vieux ministre, une grande faute de moralité et une offense mortelle à l’Angleterre : cette faute était d’avoir pris en main la cause de l’insurrection civile des colonies anglaises de l’Amérique du Nord contre la mère patrie ; c’était d’avoir pris en main cette cause en pleine paix, c’est-à-dire déloyalement et en contravention avec le droit des gens, politique indigne d’un roi honnête homme et d’une nation qui se respecte dans sa parole, politique qui déclare de bouche la paix à la nation britannique, et qui attise d’une main cachée la plus malfaisante des guerres, la guerre civile, la guerre d’insurrection, la guerre filiale contre la nation avec laquelle on simule la loyauté et la paix. […] La meilleure preuve que ce ministre ne fut pas l’instigateur du meurtre de Vincennes, c’est qu’à l’instant même où ce meurtre retentit en Europe, l’Angleterre déclara toute alliance incompatible avec le gouvernement coupable de tels défis à l’Europe, au droit des gens et à l’humanité.
gens de meurtre ou d’anarchie dont Dieu a gardé le secret ! […] Au regard de beaucoup de gens, qui veulent que l’on reste fidèle aux gouvernements qui se sont eux-mêmes abandonnés, et qu’on croie au droit de ces gouvernements quand ils l’ont renié le jour qu’il fallait le défendre, Granier de Cassagnac, avec sa retentissante position de publiciste du pouvoir sous la monarchie de Juillet, ne pouvait pas — à ce qu’il semblait — en raconter impartialement la fin misérable et adhérer de nécessité et de conviction à l’Empire. […] À la force du bon sens qui le distinguait et qu’à partir de ce moment il ne faussa plus, Cassagnac ajoutait la force de caractère qui ne lui manqua jamais dans toutes les crises de la vie, et à cette force de caractère celle encore du sang-froid, que les gens à caractère n’ont pas toujours.
Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] Il y avait, en ce temps-là, de sourdes et profondes divisions à la Bibliothèque, et l’on sait qu’il n’est rien de tel ni de plus aigre en son genre que les haines de bibliothécaires, c’est-à-dire de gens qui se voient tous les jours, qui sont assis presque en face, qui se détestent d’une table à l’autre, et qui passent leur vie à accumuler des fluides contraires.
De très-honnêtes gens se l’étaient dit avant Cadet Buteux, et s’étaient crus obligés de l’être en dépit de leur estomac lui-même, invita Minerva. […] Dans un dîner du 2 fructidor an iv (1796), dix-sept gens d’esprit dont on a les noms, et parmi lesquels on distingue les deux Ségur, Deschamps, père des poëtes Deschamps d’aujourd’hui, Piis, Radet, Barré, Després, etc., posèrent entre eux les bases d’un projet de réunion mensuelle qu’ils rédigèrent le mois suivant en couplets ; c’était l’ère des constitutions nouvelles et des décrets de toutes sortes ; on ne manqua pas ici d’en parodier la formule : En joyeuse société, Quelques amis du Vaudeville, Considérant que la gaieté Sommeille un peu dans cette ville, Sous les auspices de Panard, Vadé, Piron, Collé, Favart, Ont regretté du bon vieux âge Le badinage Qui s’enfuit ; Et, pour en rétablir l’usage, Sont convenus de ce qui suit : et, après la rédaction rimée-de divers articles du règlement, la commission signait en bonne forme : Au nom de l’Assemblée entière, Paraphé, ne varietur.
Non pas la ville même, trop souvent les chaleurs y accablent, et les gens y révoltent : « Quel peuple abandonné dans ses allures, dans ses paroles, dans ses mœurs ! […] En voyant ses relations rétablies sur le pied de l’amitié et de la confiance avec les gens les plus distingués, j’ai cru qu’il y aurait de ma part du pédantisme et de la pruderie à être plus difficile que tout le monde.
L’Angleterre devrait s’en souvenir aujourd’hui, où elle intervient à haute voix à Naples et ailleurs par les incitations de ses ministres dans leurs harangues, et par la présence de ses volontaires devant Gaëte, contre des princes avec lesquels elle est en paix ; intervention insurrectionnelle qui est le droit public de la guerre civile et le droit des gens de l’insurrection. […] Or, ce que ces écrivains bien inspirés par leur cœur, mais illusionnés par leurs nobles inspirations même, appellent le principe des nationalités, s’applique-t-il en effet partout et toujours, en tous les temps et en tous les lieux, en toutes les circonstances à tous les actes internationaux du monde politique, de manière à constituer un droit des gens, un droit public, et à servir de guide à la diplomatie des nations ?
— Je ne sais pas, répondis-je, sans souci apparent, mais en réalité bien inquiète de ce que ces braves gens allaient me dire. […] — Est-ce que tu n’aimerais pas mieux, mon pauvre garçon, continua-t-elle, entrer en service chez des braves gens que de courir ainsi les chemins, au risque d’y perdre ton âme à vendre du vent aux oisifs des carrefours ?
C’est qu’il offre à ses dévots des œuvres parfaites, où les gens du métier trouvent un plaisir sans mélange : presque jamais un sentiment personnel au poète n’y éclate dont la sincérité, l’originalité ou l’expression puisse être contestée, qui semble, suivant les jours, insuffisant ou démesuré, ni qui détourne l’attention des mystères savants de la forme. […] Quant aux rimes elles-mêmes, elles sont constamment d’une grande richesse, surtout dans les Poèmes barbares, et souvent d’une rareté à ravir les gens du métier (voyez en particulier les Paraboles de don Guy, le Conseil du Fakir et les trois pièces espagnoles).
Quand la littérature en est là, elle revient brusquement à l’idéal, à la passion, à l’amour ardent de la vie et de la beauté, et la science fait, non pas banqueroute, comme le croient et le crient les gens à courte vue, mais une retraite momentanée hors des territoires usurpés où elle prétendait commander. […] Quand on parlait à Victor Hugo de cette mort prochaine, il se mettait à rire et répondait122 : « Force gens de nos jours, volontiers agents de change et souvent notaires, disent et répètent : La poésie s’en va. — C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses ; le printemps a rendu l’âme : le soleil a perdu l’habitude de se lever ; parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon ; il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus ; les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées ; il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes ; personne ne songe plus aux tombes ; la mère n’aime plus son enfant ; le ciel est éteint ; le cœur humain est mort. » Le fait est que l’imagination est en l’homme une faculté non moins essentielle et immortelle que la raison ; et c’est pourquoi la poésie non seulement garde à côté et au-delà de la science son royaume inviolable, mais aussi sait puiser dans la science-même des éléments de vie et d’inspiration.
Wagner ; voici comment elle est racontée dans une ballade armoricaine antérieure au XIIe siècle : « En sortant de la nef, elle entend de grandes plaintes dans la rue, et les cloches sonner aux monastères et aux chapelles ; elle demande aux gens ce qu’il y a de nouveau, pourquoi on sonne ainsi les cloches, et pourquoi l’on verse tant de pleurs. Alors un vieillard lui dit : — Belle, dame, nous avons ici une douleur comme personne n’en eut jamais : Tristan, le preux, le franc, est mort ; c’est une désolation pour tous ceux du royaume : il était généreux envers les pauvre gens et secourable envers les affligés ; il vient de mourir dans son lit d’une blessure qu’il a reçue.
à ce qu’on appelle le grand public, à tous les gens qui, ayant des choses artistiques une première connaissance, doivent sur l’œuvre Wagnérienne acquérir des idées nettes et justes, — à ceux qui ignorent et qui veulent savoir à peu près ce que sont Tristan, la Tétralogie, les Maîtres Chanteurs. […] Il y a encore beaucoup à faire, à créer, à Bayreuth ; et pour chaque Wagneriste, il y a à contribuer à la formation de ce public idéal, de ce « peuple d’idéalistes » que Wagner nous a décrit, non pas de gens « qui se font des idéals » dans le sens banal du mot, mais d’hommes vivant dans l’idée, voyant l’Art et y croyant.
Une voix de matelot, claire et forte, rythme je ne sais quelle chanson marine d’une profonde nostalgie, poème sans nom, chanté sans accompagnement, inexplicable de gaieté voilée et de mélancolie caressante, où se reflète l’âme des gens de mer. […] Mais la chose principale est de tomber bientôt d’accord sur une meilleure façon d’attaquer l’affaire : il faut réunir des souscriptions ; il y a peu de gens pour donner cent thalers, même dans un but national ; il y en a bien qui en peuvent donner cinquante, plus encore donneront vingt et beaucoup dix ; ce sont ceux qui se laissent persuader à soutenir une chose vraiment grande, sans y avoir pourtant l’intérêt spécial qui pourrait les décider à faire un jour le voyage de Bayreuth.
Des gens se mirent à lire qui n’avaient jamais lu ; Rome expédiait le pour et le contre dans tout le monde civilisé. […] On entend à Paris des gens ornés de gants et peut-être de rubans violets dire : sette sous, cinque francs : le malheureux sait l’orthographe, hélas !
C’est ce qu’il est encore, de nos jours, pour beaucoup de gens qui se croient, eux aussi, « avancés », et qui ne sont, au milieu de nous, en ces premières années du XXe siècle, que les contemporains de l’Encyclopédie. […] Encore aujourd’hui, pour beaucoup de gens, le positivisme est la négation de l’au-delà, la philosophie de la matière, le faux nom du matérialisme.
Ces gens-là ne tombent pas de haut ! […] … Un jour, un homme éminent, d’un talent aussi connu… que le soleil, d’une réputation fixée, un pouvoir toujours, sinon toujours une influence, se prend pour un débutant quelconque de ce caprice de bienveillance qu’ont parfois les gens arrivés pour ceux qui partent, ou du caprice d’imagination de qui fut poète avant d’être critique, et, par le fait seul de ce caprice, voilà que le bruit se fait et s’étend autour du grelot que l’homme célèbre a attaché à son favori !
Ils savent qu’ils trouveront leur force et leur fécondité spirituelle dans des types de vie éprouvés par une suite de gens de leur sang, et ils ont besoin, fût-ce dans leurs audaces et nouveautés, de s’appuyer sur ce qui est d’antique expérience. […] Quelle satisfaction éprouvent les soldats de Lorraine à faire ensemble de grandes choses, et de même les gens du Nord, les Parisiens, les Bretons, les Normands et tous les autres !
Elle a besoin de confiance dans les relations : « J’ai besoin, dit-elle, de croire aux gens que je vois. » Ceux qui ont l’honneur de l’approcher, pour peu qu’ils l’aient connue en diverses rencontres, ont droit de parler de son cœur et des délicatesses qu’il lui suggère.
Comment s’en accommoderont les gens de parti pris, ceux dont le siège est fait d’avance, et qui ne veulent absolument d’autre personnage que celui qu’ils ont vu sous le jour bleu du salon de Mme Récamier ?
Sabbatier, qui ne veut voir partout qu’esprit de coterie et d’envie contre son héros, ne peut concevoir non plus que des critiques, gens d’esprit, tels que MM.
Nous ne le blâmerons point de cette causerie, toute indifférente qu’elle doive paraître au public : on peut en conclure du moins que ce bas monde est encore tolérable aux gens de quelque talent et de quelque réputation, quoique par malheur le temps des Déjeuners dominicaux soit passé.
Qu’on se représente l’étonnement, les larmes, les gonflements de cœur de ces pauvres et simples gens, en trouvant pour la première fois une expression à leurs peines, à leurs vœux, et l’attitude fière et enflammée des plus jeunes !
Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?
L’existence subalterne qu’on accordait aux gens de lettres dans la monarchie française, ne leur donnait aucune autorité dans les questions importantes qui tiennent à la destinée des hommes.
Les âmes au fond desquelles vivait encore une foi intense, avaient perdu l’enthousiasme : les nobles avaient ruiné la féodalité, les gens d’Église étaient en train de perdre l’Église et la religion : les grandes idées périssaient par les hommes qui les représentaient.
Les rêveries de Lamartine ou la passion de Musset, beaucoup de gens en sont capables, et Musset et Lamartine ne sont poètes que pour les avoir exprimées de la façon que l’on sait.
J’ai rencontré des gens que cela n’amusait pas énormément.
Puis j’ai senti sa misère, sa souffrance intime, et je l’ai plaint ; j’ai reconnu en lui des vertus d’honnête homme ; j’ai cru à sa sincérité d’artiste, dont je doutais d’abord Enfin, ayant relu les Fleurs du mal, j’y ai pris plus de plaisir que je n’en attendais, et j’ai été contraint de reconnaître, quoi qu’en aient dit d’habiles gens, la réelle, l’irréductible originalité de cet esprit si incomplet.
Mais d’autres causes encore ont contribué à obscurcir sa foi aux yeux des gens superficiels.
Les valets imaginent de dire que ce sont des gens sortant du théâtre qui les ont dévalisés, et ils ajoutent philosophiquement que, si les comédies apportent de la distraction et du plaisir, elles sont aussi l’occasion de nombreux scandales.
Parmi les personnes qui font cette question, je dois faire une distinction ; les gens pratiques réclament seulement de nous le moyen de gagner de l’argent.
Il ne spéculait pas sur l’essence de la divinité ; les croyances sur les anges, sur les fins de l’homme, sur les hypostases divines, dont le premier germe se laissait déjà entrevoir, étaient des croyances libres, des méditations auxquelles chacun se livrait selon la tournure de son esprit, mais dont une foule de gens n’avaient pas entendu parler.
Un jour, dit-on, les simples gens de Galilée voulurent l’enlever et le faire roi 354.
Mill, qui n’ignore pas que la plupart des gens courent vite aux conséquences réelles ou présumées d’une doctrine pour la juger, nous propose de les examiner.
Si vous voyez madame de Richelieu, excitez-la à presser les gens de qui je dépens à songer un peu à mon établissement.
Les gens du service, qui voyaient les choses de plus près, étaient généralement pour madame de Maintenon.
Il croyait par exemple que les gens qui font regarder la lune, mettent dans les lorgnettes des choses qui font mal aux yeux, etc., etc.
Il souffre de voir tant de braves gens, désireux de bien faire, et séparés par d’irréductibles divergences de doctrines.
« Il semble le voir, disent ses admirateurs, dans nos chaires avec cet air simple, ce maintien modeste, ces yeux humblement baissés, ce geste négligé, ce ton affectueux, cette contenance d’un homme pénétré, portant dans les esprits les plus brillantes lumières, & dans les cœurs les mouvemens les plus tendres. » Baron l’ayant rencontré dans une maison ouverte aux gens de lettres, le lendemain d’un jour qu’il avoit été l’entendre, lui fit ce compliment : « Continuez, mon pere, à débiter comme vous faites : vous avez une manière qui vous est propre, & laissez aux autres les règles. » Cet avis se ressent du caractère de Baron, le plus fier des hommes.
Mais si quelques gens de cœur n’avaient pas été, pour ainsi dire, les gardes de mademoiselle Mars, il y a longtemps que le Théâtre-Français l’eût perdue : et comptez donc combien de grands hommes, combien de grands drames qui n’auraient pas vu le jour !
Puis, il faut bien le dire, les peintres et les gens de lettres, au milieu desquels il s’était trouvé tout naturellement vivre, révoltaient avec leurs mœurs bohémiennes sa dignité si susceptible ; leurs petites jalousies dégoûtaient sa fierté.
N’y a-t-il pas aussi des gens qui, étonnés, dans leur haute simplicité, de l’abandon où est la noblesse, demandent qu’elle soit organisée, comme si une noblesse s’organisait, comme si les hiérarchies sociales étaient à la disposition des hommes, comme s’il y avait à présent des familles publiques, c’est-à-dire des familles pour qui le service de l’état fût une obligation exclusive ?
« L’amitié peut subsister entre gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté.
Quand il juge les gens de lettres qui furent les aumôniers des sociétés secrètes et qui prêchèrent la révolution sur et sous les toits, il s’écrie : « Ils croyaient en eux.
Nous, plus mâles, nous avons : civilisation, et nous sommes civilisés à peu près comme les gens du xviiie siècle furent sensibles.
Les gens de génie devraient prendre garde aux mots qu’ils disent ; car c’est souvent une autorisation pour les sots de dire ou de faire une sottise.
Or, cette espèce d’histoire-là, ce ne sont pas les renseignés, les savants, les attachés et les attelés aux faits qui la composent, tous ces gens qui, voulant faire un livre exact et impartial, n’ont qu’à barrer leurs portes et rester assez indifférents pour ne jamais mentir ; mais bien ceux plutôt qui impriment leur pensée et leurs doctrines sur la face brute de l’Histoire.
Prudent comme les saints, et comme les gens seulement convaincus ne le sont jamais, froid et fin sous la grandesse d’une majestueuse dignité, cet esprit de milieu, également éloigné de tous les fanatismes, nous laisserait l’imagination bien tranquille, s’il ne portait pas jusque dans le fond de son être les brûlantes réverbérations de cette Foi espagnole qui avait chauffé son berceau.
La réussite, la fortune, le million, dont il est le poète et l’apôtre, lui ont persuadé, avec cette facilité d’illusion qui est particulière aux gens heureux, qu’une comédie pouvait s’improviser, en deux temps, sous le ciel de Naples, « lorsqu’on n’avait pas de journaux à lire et qu’il faisait trop chaud pour sortir ».
Il y a des gens qui vous disent que Vacquerie est un talent solennel, emphatique, emporté ; qu’il hait Racine parce qu’il a toutes les nuances du goût et de la tendresse.
Rappelez-vous encore les Lettres à une inconnue, du triste Mérimée vieilli, devenu le croquemort de lui-même, et celles à la Princesse, de Sainte-Beuve (Trissotin à la princesse Uranie), et vous sentirez sur-le-champ la différence qui existe entre les lettres intimes de la comtesse de Sabran, écrites en toute vérité de sentiment et sans aucune préoccupation de la galerie, et toutes ces raclures de secrétaire et de chiffonnière que publient, après la mort des gens, des éditeurs intéressés ou badauds.
Il n’entend point du tout que cette vieille d’esprit et de monde, cette expérimentée de la vie, cette âme de salon qui n’est jamais sortie de son salon avant de s’en aller en Pologne, pour faire un pèlerinage à Stanislas-Auguste, puisse, par impossible, avoir été amoureuse comme sa contemporaine, cette folle octogénaire de Madame Du Deffand, qui, elle, positivement l’était, quoique M. de Mouy, dans une de ses notes, en ait fait la Sévigné de l’athéisme et de l’insensibilité… Madame Geoffrin, qu’il rapetisse pour qu’on ne soit pas tenté d’en faire la paire avec Madame Du Deffand, qu’il trouve compliquée, était, dit-il, « seulement une femme de beaucoup d’esprit, une bourgeoise aimant la société des gens de lettres et des grands seigneurs, — (rien de plus que cela ?)
Le traité de Terre et Ciel, qui résume toute sa vie intellectuelle, car il a été effeuillé dans des revues et des journaux depuis dix ans, ce traité, regardé comme un système, à toute solution, par un petit nombre de gens solennels et mystérieux, qu’on pourrait appeler les Importants de la philosophie, est, qu’on nous passe le mot (le seul qu’il y ait, hélas !
C’est, jeune, absolument le même homme qui, vieux, envoyant son fils à l’impératrice de Russie, et lui constituant presque une maison, lui dit au milieu de ses largesses et de ses tendresses : « Et surtout, payez vos gens, toutes les semaines, monsieur !
, et des gens bien élevés, des âmes tendres, de la bonne compagnie de tous les pays !
Comte, comme vous allez le voir, charme tous les superficiels, tous les gens qui donnent une chiquenaude à leur jabot et qui pirouettent !
— avait généreusement semé les siennes alors que tous ces gens-là se débattaient et se détiraient dans leur obscurité, ils n’en ont jamais évoqué, de reconnaissance, le souvenir !
— les sophistes grecs, tous ces gens-là qui sont morts dans leur pays mort et qu’ils ont tué, on ne peut pas leur redonner la vie parce qu’on les déterre, momies presque anonymes, tant on a de peine à lire leurs pauvres noms sur leurs bandelettes !
C’est un génie né de plusieurs pères, et qui, justement parce qu’il n’en faut qu’un, ressemble à trop de gens pour pouvoir ressembler jamais beaucoup à personne.
Justement, les faiseurs et les poursuivants de biographie, tous ces gens qui veulent attacher des notices aux talons des poètes, ces rêveurs qui nous font rêver et qui se révèlent par leurs chants, avaient cru reconnaître les femmes que l’ardent élégiaque a aimées dans ses vers et en avaient écrit les noms.
» Limayrac se fait une réponse beaucoup trop aimable pour Brillat-Savarin, qui est le dieu de l’esprit aux yeux des gens vulgaires, et dont la réputation s’en ira du même côté que celle de Berchoux, qui est partie.
Ce sont des esprits trop personnels et trop libres pour faire partie de ce qu’on appelle une École, — ce manège de cheval auquel les gens d’esprit, ces audacieux casse-cous, répugnent.
I Ce livre au titre hardi, même téméraire, même inquiétant pour les gens d’une moralité susceptible, n’est pas un roman isolé ayant sa valeur propre et intégrale, — une valeur absolue.
Pour ces populations auxquelles il est mêlé, pour ces gens de la plaine et de la montagne, c’est un sorcier, si ce n’est pas un fou, c’est un timbré, comme on dit parfois, quand l’esprit a frappé trop fort sur le cerveau d’un homme.
Ces gens-là, nous ne les comptons pas.
Il y a des écrits (ce sont les plus nombreux) qui ne sont qu’un moyen de communiquer à distance et à beaucoup de gens ce que la parole ne pourrait faire entendre qu’à un petit cercle de personnes. […] Je tâche aussi de m’expliquer à moi-même et à mes semblables ; car je n’ai de moi une opinion ni assez mauvaise ni assez vaine pour me croire une exception morale à mon époque parmi les gens de lettres. […] Le talent a la force de créer ce qui dépasse la faculté de production, mais non la faculté de perception des autres hommes ; aussi trouve-t-il dès le premier moment des gens pour l’apprécier. […] — Il est pourtant des gens qui ne te valent pas et qui font plus de bruit que tu n’en fais. — Tant pis pour ces gens-là !
Bien avant Hégésias, elle s’était développée en Grèce, et il y existait une sorte d’association la mort volontaire dans laquelle s’enrôlaient les gens fatigués de vivre ou peu soucieux de subir les disgrâces de la vieillesse. […] Aux gens d’esprit, c’est peine perdue de conter leurs défauts. […] Les gens qui sont organisés d’une manière si irritable ont les passions plus vives.… On pourrait les nommer la secte des sentimentaux. […] Les Jeunes Gens. […] Certaines gens ne se lassaient pas de mettre leur gloire à paraître profondément tristes.
Ajoutons que les gens peu moraux, c’est-à-dire modérément intéressés par ces questions, adoptent machinalement et par souci du moindre effort la morale courante ; l’immoraliste au contraire, ainsi nommé parce qu’il a répudié la morale de tout le monde, est précisément un homme si enragé de morale qu’à force d’y penser uniquement et d’en être obsédé il a fini par s’en inventer une. […] André Gide aura voulu montrer avec une ironie de pince-sans-rire ce que deviendrait l’éthique de Nietzsche pratiquée par des gens d’intelligence médiocre. […] Au fond, c’est une dérision de l’action et des gens qui la prêchent à tort et à travers. […] » Si l’on ne peut plus s’intéresser qu’à ce qu’on invente, voilà le champ de l’intérêt extrêmement réduit, attendu que la plupart des gens n’inventent pas grand-chose et que les plus grands inventeurs eux-mêmes doivent tabler sur ce que d’autres ont découvert avant eux.
Nous en avons la preuve dans le commentaire, ou plutôt dans la justification que Rabelais a donnée de son Laissez faire, et qui est « que gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et retire de vice ». […] Contre l’enthousiasme de la Pléiade et l’engouement des gens de cour pour les choses d’Italie ou d’Espagne, une tradition de résistance est créée. […] — Son Apologie pour Hérodote, 1566. — En quoi le livre ment à son titre, et n’est au fond qu’un pamphlet protestant ; — Henri Estienne et Rabelais sur « les Gens d’Église ». — Comparaison de l’Apologie pour Hérodote et du Quatrième livre de Pantagruel. — Si quelques « nouvelles » agréablement contées nous permettent, comme on l’a fait, de placer Henri Estienne bien au-dessus de Bandello. — Qu’on a peine également à trouver dans l’Apologie un avant-goût des Provinciales [Cf. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ».
Il veut peindre, lui, d’après nature, et que dans ses portraits « on reconnaisse les gens de son siècle » ; et, de la considération de son art, c’est ainsi qu’insensiblement il passe à l’observation de la société qui l’entoure. […] D’un autre côté, dans la Comtesse d’Escarbagnas — laquelle, par un autre bonheur, n’est également qu’une ébauche, — peut-être avez-vous remarqué quelques conseillers, ou gens de finance, un M. […] Les aventures qui nous intéresseront, ce ne seront plus proprement les nôtres, mais celles des gens qui vivent autrement que nous, dans un autre milieu ; ce sera, comme de nos jours, la vie du mineur dans sa mine (cf. […] Combien de gens aujourd’hui ne connaissent pas le premier mot du métier dont ils font profession ! […] Aussitôt que Voltaire sera mort, beaucoup de gens trouveront Crébillon moins grand, moins original, moins tragique.
Celui-ci cherche, en effet, « à vivre au milieu d’amis extraordinairement simples, de ces gens qui croissent comme des plantes saines, donnent leur fruit, et savent, après, mourir tranquilles, quand l’heure en est venue6 ». […] Amiel, comme tous ceux dont le nom a eu quelque retentissement, était en avance sur sa génération ; à l’époque où il écrivait son Journal, bien peu de gens sentaient et pensaient comme lui. […] Car il est des gens, fort nombreux aujourd’hui, qui l’envisagent comme le reste d’un dogme arbitraire, ou comme le produit artificiel d’une longue éducation sociale, et de ce chef le tiennent pour suspect. […] Bourget est de ces gens pour lesquels toute appropriation scientifique se résout en états intérieurs. […] Nous en distinguons quatre, différemment actives, qui nous paraissent résumer plusieurs autres : les conditions d’existence faites aux hommes de lettres, l’influence des procédés scientifiques, celle d’une instruction prématurée, le déficit des caractères, Au XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des gens de plume étaient aussi gens de robe ou d’épée.
Après quelques méditations, je crus avoir trouvé : ces gens-là étaient une autre sorte de propriétaires, qui pouvaient nous faire du mal : en tous cas, ils étaient l’ennemi, et je les pris nettement en aversion. […] Des gens s’y promenaient, en long et en large, attendant le départ, et il fallait aussi aller et venir pour ne pas avoir froid. […] Il fallait traverser les fortifications, avec ses fossés, où tant de mauvaises gens devaient être tapis, puis faire un long bout de la route de Châtillon, où il n’y avait pas une lumière, où les maisons étaient si rares. […] Qu’est-ce que ces gens pouvaient bien faire là à une pareille heure ? […] Je m’aperçus bientôt que cette petite église était publique : les gens du dehors y venaient, et, par cela elle prenait pour moi un intérêt extrême.
Vandérem, des « urbains », des gens de Paris pour qui la longue et lente vie de province, si pleine à la fois et si vide, pleine et vide comme les seaux complémentaires d’un puits, n’existe guère. […] Il est certain que les vers d’amour adressés à la Présidente sont aujourd’hui les plus populaires de notre langue, ceux que savent par cœur, non seulement les gens qui ont lu Racine, Lamartine et Hugo, mais d’autres certainement plus nombreux qui ne les ont jamais lus. […] Les gens de goût qui voient en Baudelaire un mauvais écrivain n’ont pas tout à fait tort. […] Fernand Vandérem note que l’admiration de Dominique vous classe parmi les gens délicats, ce qui n’est pas de soi malveillant, mais ne fait pas paraître très enviable une délicatesse si classée. […] Derrière eux, et en plein soleil, se tenait un cercle de gens accroupis, grandes figures d’un blanc sale, sans plis, sans voix, sans gestes, avec des yeux clignotants sous l’éclat du jour, et qu’on eût dit fermés.
C’est là qu’il a vécu presque toute sa vie de poète, seul avec sa femme, ses gens, et ses chiens. […] Il fit tous ces voyages à pied, se mêlant partout à la vie des gens du peuple ; il travaillait un mois dans une imprimerie, sur son passage, et quand il avait gagné quelques dollars il reprenait son chemin. […] Il savait toute sorte d’histoires sur les gens du voisinage : « Ici, c’était la maison d’un invalide, avec deux nègres pour le soigner. […] Il s’est vraiment trop livré, et à trop de gens. […] J’ai vu des gens de toute condition entrer dans la maison, s’incliner devant les images saintes, déposer des billets de banque sur la table et s’en aller sans rien dire.
Plaçant donc tour à tour l’art, ou du moins la poésie, en présence des gouvernements, en présence du public et des salons, en présence des critiques et des gens de lettres, enfin en présence des philosophes, il la vit de toutes parts entourée ou d’indifférents, ou d’ennemis et d’oppresseurs ; il s’attacha d’autant plus étroitement à la noble idée en détresse ; il y reporta tout son dévouement. […] La spirituelle préface qu’il a ajoutée à sa pièce a nettement défini la catégorie des poëtes, à part et en dehors des écrivains plus ou moins philosophes ou gens de lettres, qui sont deux classes différentes et inférieures.
On a là un fort bel et fort distinct épisode de la vie féodale dans les premiers siècles : une scène de famille d’abord, dans le grand salon du château ; un départ pour un lointain voyage, d’après un vague désir, sur une idée brute et simple de chasseur en quête d’un merveilleux exploit, d’un monstrueux sanglier ; — une chasse en pleine forêt ; une grande et noble figure de gentilhomme, de franc homme, séparé de sa suite, debout sous un arbre, le pied sur sa bête tuée, son cheval à ses côtés, ses chiens couchés devant lui, son cor d’ivoire au col, et là se défendant contre une bande de gens de rien enhardis par l’espoir du butin et d’une riche proie. […] Beau vers, belle pensée, qui a dû naître bien des fois au cœur d’un baron féodal isolé, gardien d’une marche, d’une frontière, investi d’un fief éloigné où il n’était pas avec des gens de sa race, où il se sentait dépaysé et sans racines ; vers qui respire tout l’esprit de la féodalité, c’est-à-dire de la féalité au seigneur, du dévouement absolu, et qui exprime au vif la moralité cordiale de ces temps : c’est un vers d’or.
Le système électoral, souvent modifié dans ses détails par des lois de circonstance, demeurait en général organisé, de façon qu’il ne laissait arriver à la Chambre que des bourgeois de la classe aisée, gens de belle tenue et d’intelligence cultivée, qui avaient le goût des idées claires et prenaient plaisir à suivre les exercices de la parole : la Chambre des pairs était, par définition même, une sélection des classes supérieures686. […] Hyacinthe, orateur emphatique, qui, n’ayant pas pu rester catholique, n’a su être ni protestant, ni philosophe, vaguement suspendu entre toutes les doctrines, de personnalité insuffisante pour subsister hors de l’orthodoxie708 : d’autres encore, élégants parleurs ou rhéteurs romantiques, politiques cléricaux, ou démocrates chrétiens, ou orthodoxes sans date et sans couleur, adversaires ou exploiteurs de la science, gens de beaucoup d’esprit parfois, de forte conviction toujours, d’idées souvent peu profondes ou mal assises.
Sardou sur le témoignage de gens qui l’avaient vu jouer, était un fort médiocre comédien. […] Ils demeurent gens de théâtre par une innocente exagération de langage et par de petites déformations avantageuses de la réalité. « À vingt ans, dit Marceline, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer. » L’explication est charmante ; mais la vérité, c’est qu’elle perdit la voix à la suite de ses couches, et qu’elle avait alors vingt-trois ans, et non pas vingt.
Disons-le en passant, tous ces gens-là étaient des dieux. […] Quatorze trilogies : les Prométhées, dont faisait partie Prométhée enchaîné ; les Sept Chefs devant Thèbes, dont il nous reste une pièce ; la Danaïde, qui comprenait les Suppliantes, écrites en Sicile et ayant trace du « sicélisme » d’Eschyle ; Laïus, qui comprenait Œdipe ; Athamas, qui se terminait par les Isthmiastes ; Persée, dont le nœud était les Phorcydes ; Etna, qui avait pour prologue les Femmes Etnéennes ; Iphigénie, qui se dénouait par la tragédie des Prêtresses ; l’Éthiopide, dont les titres ne se retrouvent nulle part ; Penthée, où étaient les Hydrophores ; Teucer, qui s’ouvrait par le Jugement des armes ; Niobé, qui commençait par les Nourrices et s’achevait par les Gens du cortège ; une trilogie en l’honneur d’Achille, l’Iliade tragique, composée des Myrmidons, des Néréides et des Phrygiens ; une en l’honneur de Bacchus, la Lycurgie, composée des Édons, des Bassarides et des Jeunes hommes.
Ils le vantaient outrageusement, croyant par là se l’attacher, quoiqu’il ne ressemblât nullement aux gens de ce temps à compères, qui cultivent les journaux et composent leurs salles de spectacles avec un talent supérieur à leurs pièces… Toute leur vie, ils l’avaient regardé comme un gros canon de leur arsenal, un gros canon qui — politiquement — n’avait pas tiré encore, mais qui tirerait, à coup sûr. […] Il y a des gens qui, après avoir lu M.
Personne n’a converti les romantiques ; en gens d’esprit et de talent, ils se sont convertis tout seuls.
J’ai un autre défaut pour le moment présent : je m’habitue difficilement à parler en public ; je cherche mes mots, et j’écoute mes idées ; je vois à côté de moi des gens qui raisonnent mal et qui parlent bien : cela me met dans un désespoir continuel.
Faire son devoir, le faire avec distinction sans se mêler des partis, voilà le vrai patriote, l’homme estimable ; et voilà bien pourquoi je ne me soucie guère d’une grande charge où l’on est entraîné dans les partis, ou du moins l’on est entraîné à des liaisons qui décident souvent de votre sort, avec des gens qui ne peuvent exister sans troubler l’État par des opinions exclusives.
Bien des gens au xviiie siècle et depuis ont essayé de soutenir que non ; il est fâcheux pour sa mémoire que La Bruyère de prime abord ait répondu oui.
Quelle différence faites-vous pour l’édification des âmes entre le déisme de Voltaire et l’athéisme (qui vaut même bien mieux chez les gens sérieux) ?
Cette forme d’expression pour l’imagination et pour le sentiment, lorsqu’on la possède à un haut degré, est tellement supérieure, d’une supériorité absolue, à l’autre forme, à la prose ; elle est si capable d’immortaliser avec simplicité ce qu’elle enferme, de fixer en quelque sorte l’élancement de l’âme dans une attitude éternelle, qu’à chaque retour d’un grand et vrai talent poétique vers cet idiome natal il y a lieu à une attente empressée de toutes les âmes musicales et harmonieuses, à un joyeux éveil de la critique qui sent l’art, et peut-être, disons-le aussi, au petit dépit mal caché des gens d’esprit qui ne sont que cela.
Dans les œuvres, à qui une idée d’art ne donne pas naissance, et qui usent de la prose, les conséquences du fait capital que j’ai déjà signalé continuent de se développer : les gens se distinguent, les esprits se spécialisent, et le domaine de la littérature se précise en se restreignant.
Il en voulait aussi à l’empereur et à ses gens de tenir le pouvoir et l’argent, c.
L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites.
Jamais les difficultés, cherchées et multipliées à plaisir d’artiste, de la prosodie et du rythme n’ont été mieux déguisées par la simplicité mélodique du sentiment ; et jamais la banalité du sentiment éternel n’a été mieux relevée par la recherche, la complication adroite de l’art… Aujourd’hui, M. de Banville, après avoir publié deux livres de poésies remarquables, et répandu dans les journaux, dans les revues, de nombreuses pages d’une prose savante, correcte, pleine de nombre et de mouvement, est encore considéré par bien des gens comme un jeune écrivain dont le talent promet.
Il y a des gens qui sont naturellement maniérés.
Ainsi, au deuxième acte de La Forsennata prencipessa, un navire est attaqué par une barque ; un combat se livre entre les gens qui montent la barque et ceux qui sont dans le navire ; et le navire vainqueur entre dans le port.
Il était clair que, si je voulais avoir quelque audience des gens cultivés, il fallait laisser beaucoup de mon bagage à la porte.
Il est évident par suite que la grande source de nos plaisirs, ce sont les services de nos semblables, puisque la richesse, le pouvoir et les dignités, qui paraissent à la plupart des gens résumer les moyens du bonheur humain, ne sont rien de plus que les moyens de nous procurer ces services.
Les enfants, les jeunes animaux, les personnes privées de quelque sens, ceux qui nés aveugles ont recouvré la vue, les gens élevés dans la séquestration, comme Gaspard Hauser76 : ce sont là de nombreuses sources d’information dont malheureusement on a fait très rarement usage.
Ecrire sur un livre revenait donc à dire : ce livre plaît ou déplaît à son juge, comme il plaît ou déplaît à beaucoup de gens qui partagent habituellement son avis, comme il aurait plu ou déplu à certains auteurs respectables, en vertu d’une hypothèse confirmée par tel ou tel passage de leurs écrits.
Il faut qu’elle résiste à tout ce qu’il plaît aux gens de mettre dessus.
Nous ne partageons pas pourtant l’opinion des gens de théâtre qui condamnent à l’avance la réalisation sur la scène de ces œuvres.
Il y a une certaine sagesse qu’il n’est donné qu’à peu de gens de posséder et de sentir.
Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes.
Car les gens de théatre croïoient alors qu’une certaine phisionomie étoit tellement essentielle au personnage d’un certain caractere, que pour donner une connoissance complette du caractere de ce personnage, ils pensoient qu’ils devoient donner le dessein du masque propre à le représenter.
Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées.
Cette opinion peut paraître ridicule à certaines gens ; mais elle est partagée par des personnes qui ne sont pas ridicules et qui en valent d’autres.
Ils ont cru légitime la prétention de la femme en matière d’égalité cérébrale avec l’homme ; et, si philosophiquement, ils ont reculé devant la thèse elle-même et l’absolu des termes sur lesquels elle s’appuie, la plupart, dans la pratique, ont parlé comme s’ils l’admettaient, même ceux qui devaient s’y connaître, les brasseurs de choses intellectuelles, les gens qui, par métier, font observation d’esprit humain.
Bien avant ce moment, on y verra des académies, et même des gens de beaucoup de talent et à leur manière des écrivains, mais cela ne suffit pas pour une littérature.
Il nous ouvre l’âme à secret de ce vulgaire envieux de Colomb qui osait bien le mépriser comme les gens médiocres méprisent le Génie, — au nom des intérêts positifs.
Et comme il est arrivé, ce phénomène renversant, en pleine corruption romaine, et qu’il fait des martyrs et des saints de ces abominables corrompus, pour nous assourdir à ce coup de tonnerre, pour ne pas voir l’éclat de cette foudre, on a dit — des gens d’esprit comme M.
La Philosophie a remplacé la foi religieuse qui, pour tant de gens, est une duperie, par l’infatuation de la vanité, qui pour tout le monde est un profit.
Depuis qu’un poète, d’un vrai génie, sans doute, mais dont la grandeur a été mesurée, a laissé tomber contre la Critique, peut-être pour se venger de l’exactitude de sa mesure, le mot courroucé d’impuissance, bien des gens l’ont ramassé par terre, où ils auraient dû le laisser, et ils s’en sont fait une arme contre elle.
Que de gens pour qui le roman qu’ils écrivent n’est qu’une confidence à la troisième personne !
Par ce temps d’inepte philanthropie, c’est le misanthrope de la Philanthropie se détachant, pour le juger, de l’insolent tout le monde, et les gens d’esprit qu’il venge des sots par sa misanthropie — des sots, ces affreux étouffoirs par le nombre !
Jamais les artistes ne se consoleront du pittoresque, défunt de la vieille et pesante diligence ; ce qui n’empêche pas certaines gens, qui ne sont en rien des barbares, de trouver infiniment plus : beau le gracieux et silencieux tramway électrique, à l’allure noble et rapide.
Alors toutes les cabales, toutes ces petites haines, tous ces enthousiasmes d’un jour, toutes ces décisions si graves de gens importants, ou qui croient l’être, ces luttes des sociétés qui se combattent, ces chocs des petites réputations contre les grandes, ces fureurs, tantôt si atroces et tantôt si puériles, appuyées quelquefois par le crédit qui se cache, et toujours par la malignité orgueilleuse, qui ne manque jamais d’applaudir à l’audace qui humilie le talent, tout cela disparaît.
Quant à moi je lui faisais des objections tirées du droit des gens et des traités de 1815, continuant ainsi le rôle du directeur de Revue qui, en sa qualité d’annexé, n’était pas plus que moi partisan de ces dernières conquêtes politiques. […] En philosophie, les Français, sont des gens de terre, les Allemands des marins. […] Il écrit de Brunswick : « J’ai fait connaissance avec quelques gens de lettres et je compte profiter de leur bibliothèque, beaucoup plus que de leur conversation. » Et ailleurs : « les Allemands croient qu’il faut être hors d’haleine pour être gai, et hors d’équilibre pour être poli ». […] Nous nous moquons du romantisme sentimental, en gens qui se croient devenus raisonnables et qui rient des illusions de leur jeunesse. […] La plupart des idyllistes modernes ont été mus sans doute par le désir d’intéresser, d’instruire et de moraliser les gens du peuple, en leur offrant la peinture de leurs propres mœurs.
Outre qu’il sert de masque, le plus souvent, aux inintelligences des ignorants ou aux hostilités des gens vulgaires, il a le malheur de ne pas envelopper de signification précise au regard du philosophe. […] » Aussi faut-il voir comme la moindre action paraît étrange, lorsqu’elle émane de gens qui dialoguent de cette manière. […] Taine a laissé encore tomber cet aveu : « Pour les gens d’imagination, à vingt ans, la philosophie est une toute-puissante maîtresse… On plane sur le monde, on remonte à l’origine des choses, on découvre le mécanisme de l’esprit. […] Nos gens auront donc, eux aussi, la religion de la méthode. […] Les gens à calcul, comme Guillaume III, par exemple, n’ont jamais de ces moments-là.
Certaines gens, par exemple, ont la passion de la volonté si violente qu’elle renonce à retarder l’accomplissement de son désir pour se procurer les moyens de le satisfaire. […] On peut discuter des goûts et des couleurs, mais cela n’empêche pas, comme dit La Bruyère, qu’il y ait un bon et un mauvais goût, car les gens éclairés s’entendent pour appeler beaux les objets renfermant les mêmes qualités. […] Il croit pouvoir démontrer que le plaisir est en raison directe du nombre de gens qu’il oblige de sorte qu’il arrive à recommander le dévouement au nom même de l’intérêt.
Si, depuis trois siècles, nous avons toujours pris la livrée pour la passion elle-même, c’est peut-être que l’amour est plus dans notre imagination que dans notre sang, et que peu de gens parmi nous sont assez passionnés pour ne pas l’être selon la mode. […] Pour combien de gens ce chef-d’œuvre n’a-t-il pas été le petit livre de choix dont parle Horace, qui, lu trois fois d’un esprit purifié, calme les douleurs de l’âme39 ! […] J’ai vu des gens de mérite que leur admiration pour Corneille, qui est hors de pair dans les endroits de force, rendait injustes pour Racine.
Samedi 20 février Les gens riches, il leur arrive parfois d’avoir du goût dans les porcelaines, dans les tapisseries, dans les meubles, dans les tabatières, dans les objets de l’art industriel. […] On lui dit, qu’il y a un ou deux exemples de guérison de gens, auxquels on a ouvert le ventre et arraché l’abcès. […] Mercredi 8 décembre Popelin disait, ce soir, très justement d’après des remarques faites dans la société qu’on pourrait croire la plus intelligente de Paris, il disait qu’on n’estimait les gens que sur une cote officielle : les peintres, quand ils étaient décorés, les hommes de lettres, quand ils étaient académiciens, — et il ajoutait qu’il n’avait jamais trouvé chez aucune personne du monde, homme ou femme, l’intelligence ou le courage d’un jugement personnel sur une œuvre d’art.
Et c’est la même chose pour les Complices, — pièce à grande prétention qui n’est qu’une pure situation tenant à la disposition scénique, — une confusion : — des gens qui se prennent les uns pour les autres, un curieux, une femme amoureuse et un voleur (Gœthe les aimait à la scène). […] Du reste, c’est le sort de cette théorie d’avoir vengé les gens d’esprit, insultés par l’outrageante fortune de Gœthe. […] Gœthe, qui partageait les idées de Marat, reprit la tentative de Marat après l’avoir glorifiée ; seulement, écrasé sous le livre de Newton, il s’en vengea dans ces paroles étonnamment jolies et poétiques : « Le livre de Newton est un micmac de choux et de raves, — (il y a toujours un peu de choucroute dans le cerveau allemand de Gœthe), — et il causera aux gens bien élevés autant d’aversion qu’il m’en a inspiré quand je l’ai parcouru », car il ne dit pas lu.
disait-il, ces gens ne voient pas que cela tient à la nature de votre talent. […] Ajoutons qu’il sera toujours très difficile de savoir jusqu’où s’étendent les idées que l’homme peut former sans la parole, parce que l’homme qui ne parle point encore, l’enfant, et celui qui ne parlera jamais, du moins par l’organe de la voix, le muet, sont élevés par des gens qui possèdent le langage et qui, par le geste ou la parole, facilitent le travail de leur esprit, en leur apprenant à représenter les objets par des signes. […] Non ; je veux une église, et dans cette église il y aura une chapelle expiatoire, et l’on y déposera Louis XVI et Marie-Antoinette ; mais il me faut du temps, à cause de ces gens qui m’entourent. » Cet aparté était à l’adresse du royaliste et du chrétien, comme la semonce publique était à l’adresse des philosophes et des révolutionnaires. […] Accueilli avec beaucoup de bonté par un aide de camp de l’empereur, M. de Narbonne, qui avait d’excellentes raisons pour aimer les gens d’esprit, M. […] On a vu le premier rompre, à la date de la mort du duc d’Enghien, avec le consulat, qui rompait lui-même avec la justice, l’équité, le droit des gens et le droit de l’humanité.
Comme si ce n’était pas assez des haines politiques, il se charge encore des inimitiés littéraires, attaque le corps entier des critiques1251, diffame la nouvelle poésie, déclare que les plus célèbres sont des « Claudiens, des gens du bas empire », s’acharne sur les lakistes, et garde un ennemi venimeux et infatigable dans Southey. […] Il y a aussi une vanité monstrueuse à nous apprendre, à nous petites gens, que nos petits scrupules surannés et nos préceptes de tempérance ne sont pas dignes de son attention1252. » Voilà les sentiments qu’il excitait dans toutes les classes respectables ; il s’y complaisait et faisait pis, donnant à entendre que, dans ses aventures d’Orient, il avait osé bien des choses, et ne s’indignant point quand on le confondait avec ses héros. […] les gens quelquefois touchent près de la vérité, mais jamais toute la vérité. […] Dès l’abord, il les avait vus ; les vrais artistes sont perspicaces ; c’est en cela qu’ils nous surpassent ; nous jugeons d’après des ouï-dire et des phrases toutes faites, en badauds ; ils jugent d’après les faits et les choses, en originaux : à vingt-deux ans il avait vu l’ennui né de la contrainte désoler toute la high life. « Là se tient debout la noble hôtesse, qui restera sur ses jambes — même à la trois-millième révérence. — Les ducs royaux, les dames grimpent l’escalier encombré, et à chaque fois avancent d’un pouce1297. » — « Il faut aller voir à la campagne, écrivait-il, ce que les journaux appellent une compagnie choisie d’hôtes de distinction, notamment les gentlemen après dîner, les jours de chasse, et la soirée qui suit, et les femmes qui ont l’air d’avoir chassé, ou plutôt d’avoir été chassées… Je me rappelle un dîner à la ville chez lord C…, composé de gens peu nombreux, mais choisis entre les plus amusants.
Il voyait beaucoup les gens de lettres à la mode, Barthe, Rivarol ; il dînait chaque semaine chez le chevalier de Langeac, son ami (encore aujourd’hui vivant), qui les réunissait. […] A part les jacobins, il ne hait ni n’exclut personne : « Des gens qui ne se sont jamais vus, dit-il (28 août 1797), se battent pour des opinions et croient se détester ; ils seraient bien étonnés quelquefois, en se voyant, de ne trouver aucune raison de se haïr. […] ces gens-là ne voient pas que cela tient à la nature même de votre talent. […] Mais il me faut du temps, à cause de ces gens (il disait un autre mot) qui m’entourent. » Je donne les paroles : les prendra-t-on maintenant pour sincères ? […] Halma ne pouvait être accueillie, par la raison que ce n’était pas au gouvernement à intervenir dans une semblable entreprise ; qu’il fallait la laisser à la disposition des gens de lettres, et qu’il convenait de réserver les encouragements pour des objets d’un plus vaste intérêt.
Mes amis, laissez-les dire et se plaindre, ces braves gens qui se plaignent que la mariée est trop belle, et que le journal est trop bien écrit. […] Gens longtemps redoutés et redoutables, dont le philosophe s’est occupé aussi bien que le romancier, dont le poète comique a fait sa pâture tout autant que l’orateur chrétien dans sa chaire, et qui ont cependant fini par être discrédités, comme tout le reste, par la raison que dit encore Bossuet « que les libertins et les esprits forts passeront, parce qu’un jour viendra où tout sera tenu dans l’indifférence, excepté les affaires et les plaisirs ». […] Lovelace est le type odieux et blafard des plus malhonnêtes gens qui aient déshonoré le caractère du peuple anglais. — Les uns et les autres, de Lovelace à Brummel, ils ne se doutent pas qu’ils ont pour aïeul… Don Juan ! […] Ils se battent ; Lauzun est désarmé, il ramasse son épée et il s’en va avec son démenti, en disant : — « Voilà ce qu’on gagne à parler à des gens qui ignorent le ton de la bonne compagnie. » La scène suivante, entre mademoiselle de La Vallière et Bragelone, n’est guère de meilleure compagnie. […] Le roi appelle un des gens de madame de La Vallière, et il demande — « Du vin !
Néanmoins, la tradition qui veut à l’origine des Liaisons dangereuses une histoire et des figures du temps a duré, mais au lieu de les chercher parmi les anecdotes illustres et les gens en vue, on a compris que l’on trouverait plutôt, comme point de départ à cet étrange livre, quelque aventure discrète ou quelque personnage obscur. […] Nous voilà à Tours, dans la maison de la rue de la Bourde ; à Beaumont, dans la maison Colivaut, nous voilà dans le beau domaine de Courance avec la tante Félicie, avec des gens qu’il nous semble avoir connus, tant la représentation que nous en donne M. […] C’est ainsi que le nombre des gens qui « ont cru voler » doit être considérable, mais ce qui l’est moins, sans doute, est celui des gens qui « croient avoir volé ». […] Il offrait aux gens, en échangé de leurs écus, du tabac à meilleur compte, des étoffes à un prix raisonnable et des horlogeries avantageuses. […] Il y a parmi eux de très habiles gens et qui connaissent leur métier, mais l’époque ne leur est pas favorable.
Bonald, lui, qui ne causait guère, a été classé non moins systématiquement parmi les philosophes obscurs, ennuyeux et illisibles, lui, chez qui abondent des formules comme celle-ci : « Des sottises faites par des gens habiles, des extravagances dites par des gens d’esprit, des crimes commis par d’honnêtes gens. […] C’étaient des gens d’une forte tradition catholique, dont un trait bien simple, mais bien significatif, marquera la scrupuleuse ferveur. […] Le pouvoir actuel semble assurer l’ordre, et, s’ils ne se rallient pas à lui par honneur ou indifférence, ces gens ne lui font pas d’opposition combative. […] Ce n’est pas comme cela que ces gens, qui viennent de parler ainsi, voient la vie. […] Le logis de Grasset était un « laboratoire de copie » — comme nous dirions dans notre jargon de gens de lettres. — Le nombre des volumes qu’il a composés dans ce paisible asile est considérable et quelques-uns, ainsi son Traité des maladies nerveuses, resteront longtemps classiques.
Or le village de Faverolles n’était qu’un groupe de pauvres gens ; Valjean n’avait qu’à arrêter dans le sentier un camarade, un voisin, un homme aussi pauvre que lui, et lui dire : « On risque de mourir de faim cette nuit chez la veuve aux sept enfants », et le pain serait venu avec les larmes : voilà le peuple ! […] Je vous avoue que cette promenade pas à pas dans l’âme de l’évêque de Provence, quoique un peu longue, m’a fait beaucoup de bien au commencement, et que je ne l’ai pas trouvé aussi niais que l’on dit, parce qu’il est vraiment bon pour nous autres pauvres gens.
Ces libertins du monde n’avaient pas de doctrine arrêtée : ils se moquaient des mystères et des dévots, affichaient la tolérance, prétendaient suivre seulement la raison et la nature, et vivaient en gens pour qui c’est raison de satisfaire à leur nature. […] Il y eut, hors de leur secte, sans nulle adhésion à celles de leurs opinions que l’Église condamnait, nombre de gens qui tinrent à Port-Royal ; et à vrai dire ces jansénistes du dehors furent, ou peu s’en faut, tout ce qui avait de l’élévation dans l’âme et dans l’esprit, mondaines pieuses, telles que Mme de Sévigné, catholiques soumis et fervents, tels que Bossuet, ou rationalistes chrétiens, tels que Boileau.
En politique surtout, les puritains n’y comprennent rien ; c’est l’ordre des choses où je suis le plus content de moi, et cependant une foule de gens m’y tiennent pour très relâché. […] Je ne m’exprime librement qu’avec les gens que je sais dégagés de toute opinion et placés au point de vue d’une bienveillante ironie universelle.
Les gens dont vous me parlez là m’intéressent d’avance. […] Je suis loin de croire que cette qualité soit moins commune chez les critiques que chez les autres gens de lettres.
Une vieille châtelaine, qui ne veut pas que ses bonnes œuvres lui causent trop de dérangement, fait installer à proximité de sa demeure des athées à convertir qu’on lui a fabriqués tout exprès, de braves gens dont on a fait des ivrognes pour qu’elle pût les guérir de leur vice, etc. […] Sans entrer dans le détail des variations exécutées sur ce thème, citons deux ou trois textes où le thème lui-même est défini dans toute sa simplicité : « On n’est obligé qu’à traiter les gens dans les formes », dit Diaforius dans le Malade imaginaire.
il y a en réalité ici deux hommes dans Alceste, d’un côté le « misanthrope » qui s’est juré maintenant de dire aux gens leur fait, et d’autre part le gentilhomme qui ne peut désapprendre tout d’un coup les formes de la politesse, ou même peut-être simplement l’homme excellent, qui recule au moment décisif où il faudrait passer de la théorie à l’action, blesser un amour-propre, faire de la peine. […] Qu’un autre homme, par douceur de caractère, égoïsme ou dédain, aime mieux dire aux gens ce qui les flatte, ce n’est que de la vie encore ; il n’y a rien là pour nous faire rire.
. — Les bonnes gens, les braves gens que ces Allemands !
Je sais des gens qui, par esprit d’opposition, après avoir passé leur vie à combattre la philosophie de M.
Les contemporains, surtout les plus gens de poids et les plus appliqués, ne laissent pas d’être sujets à ces petites bévues-là.
il a vieilli dans les affaires sans y prendre une idée, sans atteindre à un résultat, cependant il se croit l’esprit des places qu’il a occupées ; il vous confie ce qu’ont imprimé les gazettes ; il parle avec circonspection même des ministres du siècle dernier ; il achève ses phrases par une mine concentrée, qui ne signifie pas plus que les paroles ; il a des lettres de ministres, d’hommes puissants, dans sa poche, qui lui parlent du temps qu’il fait, et lui semblent une preuve de confiance ; il frémit à l’aspect de ce qu’il appelle une mauvaise tête, et donne assez volontiers ce nom à tout homme supérieur ; il a une diatribe contre l’esprit à laquelle la majorité d’un salon applaudit presque toujours, c’est, vous dit-il, un obstacle à bien voir que l’esprit, les gens d’esprit n’entendent point les affaires.
5° Légitime aussi est l’emploi des termes techniques et de métiers : et de hanter « toutes sortes d’ouvriers et gens mécaniques », c’est pour le poète un excellent moyen d’élargir le vocabulaire littéraire.
Ces Lundis sont une incohérente collection d’âmes individuelles : Sainte-Beuve ne s’emprisonne pas dans la littérature ; il suffit qu’un homme ou une femme ait écrit quelques lettres, quelques lignes, pour lui appartenir : le général Joubert aussi bien que Gœthe, et Marie Stuart avec Mlle de Scudéry ; généraux, ministres, gens de lettres et gens du monde, français, anglais, allemands, toutes sortes d’individus l’arrêtent ; il extrait de leurs accidents biographiques toutes les particularités psychologiques et physiologiques qui les définissent en leur unique caractère.
, des gens qui disaient d’un air attendri : Veille, ma lampe, veille encore : Je lis les vers de Dufrénoy.
Il est très bon de dire aux gens d’aujourd’hui, — et de tous les temps, — que la vérité, c’est de se marier jeunes, de n’aimer qu’une femme et de l’aimer toute sa vie.
L’image du beau, ainsi que celle de la vertu est gravée au fond de nos cœurs ; il n’appartient qu’à nous de la contempler sans cesse ; voilà la véritable jouissance de l’ame, & le plaisir inaltérable ; aussi les gens de Lettres sçavent trouver en eux-mêmes une satisfaction douce & continue, qui n’agite point le cœur, qui ne réfroidit point l’imagination, tandis que les autres hommes jamais détrompés, embrassent dans une volupté passagere un phosphore brillant qui se dissipe.
I Les confidences des gens de lettres sont bien les plus insupportables des commérages, et il n’est pas trop de tout l’esprit, toute la fronde d’Émile Bergerat pour raconter ses petits ennuis sans ennuyer beaucoup.
Pourquoi en effet respecterions-nous ce pacte, s’il est l’œuvre de gens avec lesquels nous n’avons rien de commun ?
Pourquoi en effet respecterions-nous ce pacte s’il est l’œuvre de gens avec lesquels nous n’avons ou ne voulons avoir rien de commun ?
Quelques-uns de ces moines bouddhistes vagabonds, qui couraient le monde, comme plus tard les premiers Franciscains, prêchant de leur extérieur édifiant et convertissant des gens qui ne savaient pas leur langue, n’avaient-ils point tourné leurs pas du côté de la Judée, de même que certainement ils l’avaient fait du côté de la Syrie et de Babylone 281 ?
Plusieurs des préceptes qu’il donnait à ses apôtres étaient absolument inapplicables hors d’une simple société de petites gens 946.
Madame Scarron avait pris Gobelin pour directeur, comme beaucoup de gens d’esprit prennent pour conseil des personnes qui leur sont fort inférieures en mérite.
Un des plus heureux passages de l’épisode de Graziella, c’est quand le poète, après la tempête qui l’a jeté dans l’île de Procida, réfugié au sein de cette famille de pêcheurs, se met à lire et à traduire à ces pauvres gens, durant la veillée, quelques-uns des livres qu’il a sauvés du naufrage.
Mais son talent particulier était d’attraper le ridicule et les discours des gens, et de les contrefaire en leur présence sans qu’ils s’en aperçussent.
On n’était encore qu’à Vitebsk, et déjà « les gens d’un esprit sage et les officiers expérimentés n’étaient pas sans inquiétude ».
Il y a des gens qui font la critique de l’Himalaya caillou par caillou.
Le voyageur ne parle guéres que de ce qu’il a vu ou de ce qu’il a su de gens bien instruits & fort surs.
À l’heure de la vie où l’on est frivole et où l’homme tient à relever ses avantages extérieurs par les soins de la mise et les détails de la toilette, à une époque où tant de gens de lettres affectaient d’être des Beaux, parmi les de Musset, les Roger de Beauvoir, les Roqueplan, les Sue, qui furent des dandies, des gants jaunes, des furieux (un mot du jargon de la mode du temps), Janin, très à la mode par l’esprit et par le talent et très en vue, Jules Janin, qui n’était pas sans beauté alors, ne pensait point à la faire valoir, cette beauté, par les ressources que la mode offre à la coquetterie.
Le sens moral, on le retrouve jusque dans cette indulgence, ou cette pitié, qu’il sangle si bien au visage des gens, avec un mouvement très retenu et très doux.
Voilà, en effet, quoique parfois les gens d’esprits s’en mêlent, une littérature d’un genre très commun pour l’instant, et d’une facilité si déplorable qu’elle peut se laisser prendre par tous les sots !
n’être que sentimentale comme tant de gens peuvent l’être, quand on est intellectuellement de la race des Hamilton, des Grammont, des princes de Ligne, ce que personne ne peut être si Dieu ne s’en est pas mêlé !
Gloriæ animalia , et dans Tacite : Gens novarum religionum avida .
Mais le signe le plus décisif de désarroi intellectuel, c’est l’importance usurpée à cette époque par les gens de lettres. […] Jamais personne de meilleur ton ne poussa plus loin le sentiment de d’égalité universelle des choses et des gens au sein de la mère commune. […] C’était répudier pour soi, pour ses prétentions, ses idées, toute mesure admise d’estimation et ne laisser aux gens que l’alternative de huer ou d’idolâtrer. […] Julie à l’agonie réunit sa famille, ses gens, donne à dîner, prêche et platonise pour chacun pendant une semaine, et d’une manière nuisible à la personne la mieux portante. […] Et c’est, il l’école de cette philosophe, la marotte de tous ces gens-là.
Il y a eu discussion, mais les gens de bon sens l’ont emporté. […] Et à cela si vous ajoutez que les révolutionnaires constituants d’hier n’ont que déplacé la souveraineté, ce qui veut dire qu’il y en avait une et qu’il y en a eu une autre, longtemps il ne pourra y avoir que gens tenant pour l’ancienne et gens tenant pour la nouvelle ; et ceux qui tiendront pour l’ancienne, constituants à leur manière, ne pourront songer qu’à la souveraineté aussi, à celle de leur goût, qu’ils voudront réparer, non à autre chose, et, pas plus que leurs adversaires, n’auront le goût, ni même la pensée, d’une limitation de ce qu’ils créent, ou d’un affaiblissement de ce qu’ils fondent. […] On peut se tromper à ces choses, certaines gens mettant leur bonté au dehors et d’autres la retenant au dedans. […] A tel moment tragi-comique de sa vie, il s’écrie : « C’est absurde de vivre avec des gens qui ne savent pas dormir ! […] Et au fond, tout au fond, est-il très sympathique aux yeux de cette postérité, qui est si sévère, parce que des gens dont elle s’occupe elle ne peut admettre qu’ils aient songé à autre chose qu’à elle ?
C’est étonnant, s’écrie-t-il avec une certaine amertume, comme ces gens-là sont d’accord ! […] Nos pères sur ce point étaient gens bien sensés. […] J’ai consulté des gens. […] On le verra mieux joué que par tous ces gens-là. […] Je croyais que, dans votre position, la chose était indispensable, et que vous ne jugiez pas les gens sans les entendre.
II y a une île quelque part dans les brouillards, et dans l’île il y a un château, et dans le château il y a une grande salle éclairée d’une petite lampe, et dans la grande salle il y a des gens qui attendent. […] Et les gens assemblés dans la grande salle sous la petite lampe se mettent à sourire et ils vont espérer. […] L’épigraphe, ce vers de Rimbaud, dans les Premières Communions, Elle fait la victime et la petite épouse, donne le ton du cadre : Certes, monsieur Benoist approuve les gens qui Ont lu Voltaire et sont aux Jésuites adverses. […] Il est peut-être temps d’adopter une autre méthode et de donner, parmi les gens célèbres, une place à ceux qui auraient pu l’être — si la neige n’était tombée le jour qu’ils publièrent la gloire du printemps nouveau.
Chercher à étonner par des moyens d’étonnement étrangers à l’art en question est la grande ressource des gens qui ne sont pas naturellement peintres. […] Mais à bien regarder la chose, pour les gens qui, comme moi, veulent que les affaires d’art ne se traitent qu’entre aristocrates et qui croient que c’est la rareté des élus qui fait le paradis, tout est ainsi pour le mieux. […] ; mais baser un succès sur de pareils éléments, n’est-ce pas jouer un jeu, sinon déloyal, au moins dangereux, et susciter une résistance méfiante chez beaucoup de gens qui s’en iront hochant la tête et se demandant s’il est bien certain que les choses se passassent absolument ainsi ? […] Beaucoup de gens s’extasient devant le mobilier et la décoration du lit royal ; voilà donc une chambre à coucher asiatique !
Là où il y a conclusion, il y a critique des gens peu perspicaces demandaient à Sainte-Beuve : « Mais quelle est votre conclusion ? […] On voit des gens tourmentés par la présence d’une idée parasite dans leur cerveau, comme des moutons par le séjour dans leurs sinus frontaux d’une larve d’œstre. […] Mais la cause peut très bien être postérieure à l’effet, comme on a vu des gens impressionnables mourir de la blessure qu’ils allaient recevoir. […] Pour gens, que cite aussi M. […] Il appelle ceux qui écrivent en latin « des reblanchisseurs de murailles », montrant par là des gens qui s’attardent bien inutilement à vouloir faire du neuf avec du vieux.
Les vains systèmes de la science lui apprennent à se méfier des savants ; mais il converse avec les gens simples, s’arrête dans les champs, entre dans les cabanes, interroge les vieillards, s’instruit avec un enfant, et raconte naïvement ce qu’il vient d’apprendre avec eux. […] Enfin l’athéisme, accroissant son audace par ses succès, faisait des prosélytes jusque parmi les gens de bien, effrayés de leur ruine future, et bannissait de toutes les grandes places de l’État ceux des académiciens qui osaient croire publiquement en Dieu. » Ici commence une des scènes les plus scandaleuses de la révolution. […] Il y va de la vérité fondamentale de toute société humaine, du frein à imposer aux méchants qui se feraient une autorité de votre silence, et du repos des gens de bien qui en frémiraient.
Les gens du peuple, les cerveaux dociles, les anciens militaires, les artisans, les sujets habitués à l’obéissance passive sont, selon MM. […] Pierre Janet compare les actions des hypnotisés à celles des gens distraits. « On sait, dit-il, les sottises que nous pouvons commettre dans un instant de distraction ; eh bien, si l’on tient compte des conditions de la production, un acte suggéré, pour le sujet, est l’idéal de la distraction178 ». […] Elle ne veut pas la voir, ni surtout reconnaître qu’elle la voit, tout comme il y a des gens qui se refusent à l’évidence.
Qu’on lise les deux couplets suivants de la chanson de cette date, intitulée : la Grande Orgie : Que le vin pleuve dans Paris, Pour voir les gens les plus aigris Gris. […] L’opposition prématurée et inique y reçoit même un coup de marotte : Graves auteurs, Froids rhéteurs, Tristes prédicateurs, Endormeurs d’auditoires, Gens à pamphlets, À couplets, Changez en gobelets Vos larges écritoires. Que le vin pleuve dans Paris, Pour voir les gens les plus aigris Gris.
L’École des femmes déchaîna contre lui des haines furieuses de gens de lettres et de comédiens ; rien ne fut épargné en lui, ni l’auteur, ni le comédien, ni l’homme. […] C’est même ce point de vue qui rend la comédie possible : tous les personnages ridicules sont des gens qui s’acharnent à dévier ou supprimer la nature, qui n’ont pas su voir qu’elle était toute bonne et toute-puissante ; et ainsi ils se présentent dans leur opposition au vrai, non au bien : par conséquent, ridicules, et non odieux.
L’autel sur lequel les patriarches sacrifiaient à Jéhovah, pris matériellement, n’était qu’un tas de pierres ; pris dans sa signification humanitaire, comme symbole de la simplicité de ces cultes antiques et du Dieu brut et amorphe de l’humanité primitive, ce tas de pierres valait un temple de la Grèce anthropomorphique, et était certes mille fois plus beau que nos temples d’or et de marbre, élevés et admirés par des gens qui ne croient pas en Dieu. […] « Quand on a une fois trouvé le commode et le beau, dit Fleury, en ne devrait jamais changer. » Il y a encore des gens qui regrettent qu’on n’écrive plus de la même manière que sous Louis XIV, comme si ce style convenait à notre manière de penser 100.
Les gens épris du théâtre et de la musique connaîtront alors la puissance de son génie ; ils verront que l’œuvre wagnérienne est exclusivement une analyse psychique exprimée par des procédés nouveaux, parfaits ; et la différence alors sera manifeste à tous, entre ce drame profond, logique, vivant, et les vides sonorités conservatoriennes des compositeurs qui injurient Wagner, et profitent du wagnérisme qu’on suppose à leurs œuvres. […] À nous, gens de race latine, qu’importerait ce Wotan que nous appelons Odin, et en qui nous aurions peine à reconnaître le Zeus des Grecs et le Jupiter des Romains ?
Tant de gens, avant de mourir, traduisent Horace en vers, uniquement parce qu’ils l’ont traduit jeunes, que cela nous fait comprendre que Bossuet ait voulu rendre ce dernier hommage aux psaumes.
Ainsi j’étais pour lui un assez futile instrument dont il caressait les cordes, en se jouant, du bout des doigts… Telle est (et encore adoucie par ce que j’en ai supprimé) une des scènes de Fanny, un des tableaux d’intérieur, comme l’auteur les entend et les exécute, fermes, solides, peints en pleine pâte, diraient les gens du métier, et éclairés en toute lumière.
Pour moi, et, je pense, pour la plupart des lecteurs, la campagne de France, si louée, était auparavant, et malgré d’intéressants mais incomplets récits, un merveilleux poème écrit plus ou moins dans une langue étrangère que je ne comprenais qu’en gros, à peu près, que j’admirais un peu sur la foi des gens du métier : M.
M. de Tessé fit sortir tous ses gens, et il lui avoua ce qu’il avait fait.
« L’homme de goût, disait Rivarol, a reçu vingt blessures avant d’en faire une. » Quant à M. de Laprade, qui n’aime pas les gens de goût, sa plus grande peur est du côté de la raillerie ; il lui assigne une origine mystique, diabolique : « Le doute et la raillerie, dit-il, sont aussi anciens sur la terre que les premières paroles du serpent. » Il trace de l’ironie une histoire emphatique et qui n’est pas gaie du tout.
Je définis le groupe, non pas l’assemblage fortuit et artificiel de gens d’esprit qui se concertent dans un but, mais l’association naturelle et comme spontanée de jeunes esprits et de jeunes talents, non pas précisément semblables et de la même famille, mais de la même volée et du même printemps, éclos sous le même astre, et qui se sentent nés, avec des variétés de goût et de vocation, pour une œuvre commune.
M. de Pradt eût pu atteindre son but avec un peu plus de modération et de prudence dans ses discours, et sous un règne moins contraire aux gens d’Église et moins porté à choisir pour les places les plus élevées des instruments aveuglément soumis. » Nous ne saurions admettre un tel portrait flatté du spirituel et loquace abbé, nous qui vivons depuis assez longtemps pour l’avoir rencontré, à notre tour, et pour l’avoir entendu dans sa vieillesse.
Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
Nous autres gens du moins beau monde, nous avons besoin qu’on nous parle clair et de savoir vite et avec netteté de qui il s’agit.
La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre.
Comme on l’appelle un roman, beaucoup de gens ne savent pas que c’est un ouvrage.
La race n’est pas éteinte des gens qui, du temps de la Bruyère, recherchaient avec passion si c’était la main gauche ou la main droite qu’Artaxercès avait plus longue que l’autre.
Loret, dans La Muse historique, nous signale l’arrivée D’une troupe de gens comiques Venant des climats italiques, qui débuta, le dimanche 10 août 1653, dans la salle du Petit-Bourbon.
Cette discipline éducative qui s’attache à la correction extérieure, à la circonspection, à la surveillance perpétuelle exercée sur les gestes, les actes, les paroles, les attitudes peut être excellente pour former des gens « comme il faut », de bons automates, de bonnes marionnettes sociales ; mais elle ne va pas sans froisser plus d’une fois ce qui reste malgré tout de sauvage et d’indiscipliné en nous.
Mais ce ministre-là devrait aussi se cuirasser d’avance contre les épigrammes des badauds et même des gens de lettres, qui n’imagineraient pas comment on peut employer à de pareilles sottises l’argent des contribuables.
C’est dans cette catégorie que rentrent les sensations voluptueuses, toutes les variétés de la sensibilité amoureuse, qui est, suivant les gens, fine ou grossière, émoussée ou violente, etc.
Parce que les conditions intérieures et extérieures de la société ont changé ; parce que certaines découvertes et inventions ont été faites par la science et l’industrie ; parce que certains événements ont eu lieu qui ont modifié les choses et les gens ; parce que certaines œuvres ont été composées qui déterminent en partie la nature des œuvres venant après elles.
Il publia plusieurs autres recueils de poèmes, dont Les Caresses, Les Blasphèmes, La Mer, Mes Paradis, ainsi que des romans : Les Étapes d’un réfractaire, La Glu, Miarka, la fille à l’ours, Les Braves gens… et des pièces de théâtre : Nana Sahib et Le Chemineau.
. ; ce sont les faits élémentaires qui servent à nos constructions ; mais il est impossible de comprendre un sentiment dont on n’a pas en soi la source : c’est ce qui rend inintelligibles, pour tant de gens, les formes religieuses ou artistiques différentes de celles qui leur sont habituelles.
Mais ces hommes de doute et d’érudition, ou bien les libertins simplement gens d’esprit et du monde, comme Théophile ou Des Barreaux, prenaient les choses peu à cœur ; soit qu’ils persévérassent dans leur incrédulité ou qu’ils se convertissent à l’heure de la mort, on ne sent en aucun d’eux cette inquiétude profonde qui atteste une nature morale d’un ordre élevé et une nature intellectuelle marquée du sceau de l’archange ; ce ne sont pas, en un mot, des natures royales, pour parler comme Platon.
En la donnant au public, il mit à la tête une excellente préface sur l’atrocité de nommer, dans des satyres, des gens d’esprit & d’honneur.
La Rue en faveur de son opinion, quelque approuvée qu’elle fût des gens raisonnables, ne persuada jamais la multitude.
Pauvres gens qui, s’ils le pouvaient, pèseraient dans leurs balances Paris et Londres, Vienne et Constantinople, Pétersbourg et Berlin, et d’une égalité de poids, si elle existait, concluraient à la similitude des langues, des caractères, des industries !
C’est ici que La Fontaine abandonne son auteur pour approprier la morale de ce conte à l’âge et à l’état du prince auquel il est adressé ; mais l’auteur italien n’en use pas ainsi : il poursuit son projet ; et quand Ulysse, pour amener ses gens à l’état d’hommes, leur parle de belles actions et de gloire, voici ce que l’un d’eux lui répond : « Vraiment nous voilà bien.
En Allemagne l’étude du droit de la nature et des gens est fort cultivée.
Le chagrin est peint sur le visage d’un homme vêtu comme le pouvoient être alors chez les juifs les gens de la loi.
Ils évitèrent avec soin tout désordre et toute extravagance qui, aux gens cultivés, eussent semblé barbarie.
C’était ce qui repointait encore de ces herbes exécrées qui cependant doivent disparaître, si l’Évangile de la République démocratique et sociale est une vérité… En disant les derniers, on affirmait d’avance qu’il n’y en aurait plus et on les tuait dans le ventre de l’avenir, car c’est une manière de tuer les gens que dire hautement qu’ils sont morts… C’était donc le coup définitif de la guillotine… Malheureusement ce gratte-papier mollasse d’une plume de femme, n’avait pas l’affilé du couperet qui avait mordu dans l’herbe humaine, haute et drue, et cette plume ne pouvait que gratter la place où repoussait ce chiendent maudit !
On sait qu’il mourut l’année suivante ; et tandis que le peuple, toujours extrême, était loin de témoigner, pour sa cendre, le respect qu’il lui devait, et comme à son souverain, et comme à un homme qui avait fait de grandes choses pour la France, les orateurs sacrés et les gens de lettres portèrent leurs derniers hommages sur sa tombe.
Toutes les manières pathétiques et fortes, dont les gens à passions s’expriment, ont été rangées sous une nomenclature aride de figures.
À Mme Yvonne Davy de Boisroger Essai de physiologie poétique Les gens sains considèrent la poésie comme un jeu de luxe, presque inutile, et en dehors de la vie. […] C’est ce qui explique qu’ils ne sont compris que de leur génération, parce que le cerveau des vieilles gens, cloisonné, se refuse à toute nouveauté. […] Les gens qui passent le feu de la jeunesse à étudier au lieu de sentir ne peuvent donc pas être artistes, rien de plus simple que ce mécanisme. » On peut constater que toute vraie poésie est sensuelle et même sexuelle : expression d’un état de désir physique, transposé, elle éveille en nous les images qui l’ont fait naître. […] Je ris de voir les gens trouver l’ombre angoissante Et vouloir pénétrer ce qui n’existe pas… J’aime ce rire philosophique, jeune frère du rire de Zarathoustra ; j’aime ce sourire ironique qui se glisse sous les frondaisons de l’Automne.
Le vrai roman était, pour Taine, celui dont « les figures tournent » où « les choses et les gens existent comme des objets concrets » sans que l’auteur paraisse. […] Cependant je vois le Léopold des premières pages ne tenir « compte des gens qu’autant qu’ils méritaient de prendre place dans le coin d’un vitrail ou d’un tableau en attitude de donateur ». […] Giraudoux doive donner à des gens d’un goût terrien le mal de mer. […] Les gens compétents sont d’accord pour déclarer qu’aucun livre ne contribue davantage à nous faire mépriser par les Japonais, à nous rendre plus petits pour eux, plus Bandar-Log que ce roman qui veut les faire eux-mêmes petits et simiesques. […] Daudet (qui nous donne toujours de bons renseignements sur les gens de lettres amphitryons) nous affirme qu’à sa table régnait la chère la plus parfaite.
Cet esprit, qui paraît détestable à beaucoup de gens, par l’ignorance où ils sont des conditions de la pensée, est le levain de toute nouveauté. […] L’auteur y a réussi, grâce à une identification complète avec les gens qu’il restitue à la vie. […] Les hôtes sont des benêts honnêtes, comte et comtesse de Pontarmé, qui se croient entourés de braves gens alors qu’ils hébergent de purs scélérats. […] Les bonnes et braves gens y abondent. » Non, les bonnes et braves gens habitent l’île de la médiocrité, travaillent de leurs doigts ou s’adonnent aux choses de l’esprit. […] La causerie naïve et pittoresque de tous ces braves gens nous émeut par sa noblesse primitive comme un morceau de Théocrite ou d’Hérondas.
Cependant j’ai trouvé dans mes malheurs mêmes plus d’honneur que de peine, moins d’amertume que de gloire ; et les regrets des gens de bien ont plus réjoui mon cœur que la joie des méchants ne l’avait attristé. […] C’est sur toi que se porteront les regards du sénat, des gens de bien, des alliés, des Latins.
Et de fait, si nous voulions savoir la signification du mot dans l’acception très haute, très vaste, il nous suffirait de considérer la destinée des sublimes conceptions du Maître, écloses depuis Lohengrin, qui, seul, aux yeux de bien des gens, passe pour avoir « réussi ». […] Mais, nous sommes gens avisés, nous voulons la juger avec notre intelligence.
C’est un couple de lourdauds, Paysans, ouvriers, au cuir épais, que gerce Le noir travail ; ou bien des gens dans le commerce, Le monsieur à faux-colet la vierge à bandeaux. […] « Je doute, dit-il encore dans sa préface, que beaucoup de gens aient le courage suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire… J’ai préféré mener mes prémisses à leurs conclusions… Partout où se cachait l’idée de Dieu, j’allais vers elle pour la tuer.
Au centre du massif et de la composition, une grille, une herse de fer brisée, au ceintre d’une espèce de voûte, sous laquelle une taverne et des gens à table. […] S’il n’y avait là que des enfans, de jeunes fous ; mais des pères, des mères, et des mères avec leurs enfans, des gens sensés entre ces masses entr’ouvertes, chancelantes, vermoulues !
Les rois et les comtes sont gens de loisir et de plaisir ; dans les grandes cours l’accident arrive, c’est l’habitude aujourd’hui : Jamais de si petit dommage Ne vis-je faire si grand rage ; Telle est cette œuvre à bon escient Que d’en trop parler ne vaut rien.
Ce sont là de ces traits un peu trop appuyés, qui font rire aux dépens des gouvernements les gens mêmes qui sont le plus en peine quand les gouvernements viennent à leur manquer.
Ici le trouvère est sérieux et grave ; il est sincèrement religieux ; il s’adresse au début à tous les gens de bien et d’honneur, non aux traîtres ni aux jaloux ; il veut raconter comment un jour trente Anglais et trente Bretons se combattirent, cette noble bataille qui a nom des Trente.
Était-ce pour l’auteur de Cleveland, du Doyen de Killerine et de Manon Lescaut, que ces dignes gens se mettaient en fête, ou bien par reconnaissance pour la famille d’administrateurs municipaux, d’échevins, de magistrats héréditaires, dont le souvenir se lie dans leur idée à celui d’une bienveillance constante et d’une équitable protection ?
Il se peut qu’il y ait en France des gens très bons Français, et même instruits, et qui n’aient jamais eu une idée nette du président Jeannin.
Il faudrait seulement conserver les unités, pour ces gens difficiles et amoureux de la vieille poétique, qui, sans les unités, seraient au désespoir de se laisser attendrir ou amuser.
Henri Estienne et Amyot, eux, gens du métier, lisaient Homère à livre ouvert quand ils le voulaient, et leur belle et bonne langue en a profité comme de toute la Grèce ; Amyot même a cela de particulier que, sans le savoir, il a donné un air homérique à Plutarque, et il le fait parler un peu comme Nestor.
Elle mit bien des gens en goût de solitude : il leur prenait, en la lisant, comme un soudain accès, un accès anticipé de pittoresque et de romantique.
Je n’imagine pas que, hormis la théologie polémique, il y ait rien d’aussi rebutant que cette étude ; il est heureux que quelques gens veuillent s’y adonner, et je loue fort les du Gange et Muratori qui, se dévouant comme Curtius, se sont précipités dans ce gouffre, mais je serais peu curieux de les imiter.
Il est d’une nation où, tôt ou tard, les gens de talent, s’ils veulent produire tout leur effet et toute leur action utile, doivent se résoudre à plaire.
Il s’appliquait un conseil de Gassendi qui avait coutume de dire que, « dans le monde, la part des gens de lettres était encore la meilleure, parce qu’ils n’avaient pas le loisir de s’ennuyer, ni même de se plaindre de tout ce qui afflige les autres jusqu’au fond de l’âme ».
Ce qui est étonnant, dit-il, parlant des Français faits prisonniers dans cette héroïque et lamentable retraite, c’est l’inébranlable fidélité de ces gens-là : nous ne voyons pas qu’un seul général ait, comme on dit, tourné casaque ; les simples soldats mêmes faits prisonniers sont très modérés sur le compte de Napoléon ; ils lui reprochent l’ambition, mais sans outrages et sans récriminations.
Il y a un corps d’hommes choisis entre tous les gens d’esprit, entre les plus fameux écrivains de la nation, et qui en prend même le nom comme par excellence, un corps voué à la pureté du discours et à l’éloquence, et qui, par sa supériorité d’esprit, impose aux autres et les règle.
Tout ce qui est plaisir, il l’aimait avec une passion violente, et tout cela avec plus d’orgueil et de hauteur qu’on n’en peut exprimer, dangereux de plus à discerner et gens et choses, et à apercevoir le faible d’un raisonnement et à raisonner plus fortement et plus profondément que ses maîtres.
Quel dommage, encore une fois, qu’ayant à parler parmi des gens aussi susceptibles et légers que ceux d’Athènes, ce Grec de la grande époque, mais de mauvaise humeur, ait non-seulement négligé de plaire, mais qu’il ait même affecté souvent de mécontenter !
Nos propriétaires ruraux ont fort amélioré et réhabilité depuis quelques années la race porcine : j’ai entendu là-dessus, de la part de gens d’esprit qui vivent dans leurs terres, plus d’une dissertation piquante.
Des gens de talent proprement dits eussent été de dangereux témoins, des rapporteurs suspects et d’une fidélité équivoque.
Il aimait à raconter ses aventures, j’aimais à les entendre, ce qui avait un grand charme pour lui ; car je soupçonne que ce que j’entendais pour la première fois, les gens de sa Cour l’entendaient pour la centième… « Je me souviens de l’impression que me firent les récits du prince ; j’étais étonné de l’entendre parler sans fiel de ses ennemis, et sans reconnaissance pour ses amis : c’était un vrai Stuart.
Ce qui l’est moins, ce qui m’a le plus, je ne dirai pas étonné, mais choqué, c’est que les hommes considérables qui n’avaient certainement pas voulu pousser à cette résistance devenue du désordre, qui cependant, et très involontairement sans doute, n’y avaient pas nui, ne se soient pas tenus pour avertis, ne se soient pas arrêtés aussitôt après ces manifestations d’un assez mauvais caractère, et qu’ils aient cru devoir continuer publiquement la polémique engagée, en gens non informés et prétextant d’ignorance, comme si de rien n’était.
Surtout visez continuellement à renverser de fond en comble cette machine mal assurée des livres de chevalerie, réprouvés de tant de gens et vantés d’un bien plus grand nombre.
Havet : ce sont gens à qui on n’en fait point accroire, et je suis bien sûr que ces deux maîtres ont dit à l’occasion sur Florus tout ce qui était à dire.
Edouard Lefebvre put étudier de près le mouvement qui souleva et arma contre nous toute l’Allemagne, et dont le foyer s’alluma surtout en Prusse ; il fit plus que l’étudier, il en fut victime : au moment où le roi de Prusse, après bien des tergiversations et des anxiétés, se décida à faire signer à Kalish par son plénipotentiaire le traité qui le liait à la Russie, le même jour (28 février 1813), un piquet de Cosaques entrait à toute bride dans Berlin, cernait l’hôtel de M. de Saint-Marsan, ambassadeur de France, et « sous les yeux des autorités, au mépris du droit des gens et de tous les usages pratiqués entre nations policées, enlevait la personne du premier secrétaire de légation, M.
Il n’y en a pas dans le portrait de Grimod de La Reynière, le gourmand rubicond, généreux, l’Amphitryon prodigue des gens de lettres avant 89, et qui n’est mort qu’en 1838.
Les gens qui pensent à la retraite avant le combat peuvent rester chez eux. » Le jeune officier piqué au vif offrait déjà sa démission ; Ney revint vite : ce n’était qu’une boutade.
on a beau dire que ces années sont des siècles : nous tous, gens de trente ans, nous l’avons vu.
Ici, bien des gens furent complices avec lui.
Il faut espérer que, quand elle verra la mort de plus près, elle changera de langage comme font d’ordinaire la plupart de ces gens qui font tant les fiers quand ils se portent bien.
Les établissements de l’espèce des cafés ne dataient guère que de ces années-là, et remplaçaient avantageusement pour les auteurs et gens de lettres le cabaret, où s’étaient encore enivrés sans vergogne Chapelle et Boileau.
Ces gens-là n’ont rien, absolument rien de féminin : ils se gouvernent par raison et par volonté.
Mais deux hommes ne suffisaient pas encore : Diderot fit appel à toutes les bonnes volontés, à toutes les compétences : Voltaire, Montesquieu, Buffon, Condillac, Duclos, Marmontel, Helvétius, Raynal, Turgot, Necker, des magistrats, des officiers, des ingénieurs, des médecins, des gens du monde, tout ie ban et l’arrière-ban des écrivains, des philosophes, des savants, des économistes, gens à talent et sans talent, envoyèrent des articles.
Je ne sais si ce n’est pas un mauvais tour que lui a joué son trop sociable esprit : elle n’admet à partager les bénéfices de la Révolution que les gens bien élevés, les « messieurs » qu’on peut recevoir dans un salon.
C’est ce qu’on appelle l’émétique des gens ruinés.
Au temps de la Fronde, lors du fameux débat entre le cardinal de Retz et le prince de Condé, quand les gens du cardinal et ceux du prince manquèrent d’en venir aux mains dans la grand’salle du Palais de justice, on accusa la Rochefoucauld d’avoir voulu assassiner Retz.
Il vient une saison dans la vie, où, tous les voyages étant faits, toutes les expériences achevées, on n’a pas de plus vives jouissances que d’étudier et d’approfondir les choses qu’on sait, de savourer ce qu’on sent, comme de voir et de revoir les gens qu’on aime : pures délices du cœur et du goût dans la maturité.
Quand Voltaire, quittant Ferney, était arrivé à Paris pour y triompher et y mourir, Ducis n’avait point fait comme tous les gens de lettres qui étaient allés lui rendre hommage, et, n’étant pas connu de lui, il n’avait pas cru devoir le visiter.
Un écrivain qui se décidera d’instinct à user d’un style coloré, c’est-à-dire d’une série de formes verbales tendant à rendre et à suggérer minutieusement l’aspect sensible des choses et des gens, sera un homme qui percevra parfaitement cet aspect à l’aide de sens aiguisés, à l’aide de résidus de sensations extrêmement aptes à revivre, de souvenirs de sensations tout prêts à renaître en images, et doué de plus d’un catalogue bien complet de mots propres à rendre ses perceptions et ses souvenirs ; par contre, l’activité même de ces formes sensuelles de l’intelligence se sera ordinairement développée aux dépens de son idéation, en sorte qu’il possédera des objets une connaissance plutôt individuelle que générique, qu’il aura une aptitude médiocre aux notions et aux sciences abstraites.
Par un choc en retour imprévu mais légitime, de même que les spectacles communément tenus pour beaux déplaisent au mélancolique, les spectacles jugés laids par les gens à tempérament heureux doivent confirmer l’état d’âme où il se complaît, le dispenser de toute négation et de toute révolte, évoquer sa tristesse et la laisser s’épancher.
Car je n’accepte pas pour mon compte, et je ne crois pas que les gens de la Libre-Pensée qui ont toujours fait de Mme Sand une espèce d’héroïne intellectuelle, acceptent, pour le leur, ses déclarations du moment… très peu héroïques.
Si nous n’étions que des épicuriens intellectuels, nous nous tairions sur les infériorités de ce livre, comme des gens heureux et reconnaissants qui ont bien dîné.
Voyez, dans une même patrie, les gens de la plaine et ceux de la montagne, ceux qui communiquent, par tout leur être, avec le sol rocheux, l’air sec, avec les bruyères, avec les grands flamboiements de soleil sur des surfaces arides ; regardez à côté et étudiez ceux que la vie enferme dans l’ombre moite des forêts ; observez le visage des mêmes travailleurs qui change avec les saisons, la couleur de leurs paroles ou de leurs yeux qui varie plus d’une fois en un jour, et dites si nous ne sommes pas un peu les sujets de ce monde que nous dominons par la pensée ?
Mais peut-être cette nécessité vient de la construction de notre esprit, et nous sommes comme des gens nés avec des lunettes vertes, qui, ne pouvant imaginer que des objets verts, en concluraient que nécessairement tous les objets sont verts.
Saluons les gens du salon, point trop bas cependant ; nous aurions l’air de roturiers admis dans la bonne compagnie par grâce ou par mégarde, émerveillés de cet honneur extrême, grossissant aux yeux de nos amis notre bonne fortune, agenouillés en public devant nos nouveaux patrons.
Il apprit, en écoutant le langage exquis des gens de cour et des gens du monde, la différence du style enflé et du style noble, du style vague et du style élevé ; il se dépouilla d’une certaine rouille philosophique qu’il avait contractée en théologie, et comprit que, lorsqu’on faisait le portrait de personnes si élégantes et si mondaines, il ne fallait pas y apporter les habitudes philosophiques que la Sorbonne conservait dans ses argumentations d’apparat.
elles la secoururent en effet, puisqu’elles engagèrent les gens à lire le reste du livre. […] Il ne leur paraissait pas ragoûtant de continuer à penser comme ces gens-là. […] Chateaubriand est à la fois le plus homme de lettres des gens de lettres et un rude compagnon ami de l’aventure même périlleuse. […] Donc, de braves gens, — oh ! […] Ce coin de Bretagne, ces vieilles gens, ces vieilles mœurs, ce château de Combourg, cette enfance rêveuse et passionnée, il n’y a rien au-dessus de cela.
Regardez autour de vous : une foule de gens pratiquent ces principes, sans seulement s’en douter, avec la sérénité que donne l’inconscience, dans la paix de l’irréflexion. […] Quand, simples gens que nous sommes, nous évoquons nos souvenirs d’enfance ou de jeunesse, nous y mettons une certaine bonhomie : ils viennent à nous en se poétisant d’eux-mêmes, pour ainsi dire, sans que notre intelligence ou notre imagination se mettent en frais pour les embellir. […] Je leur réponds qu’au contraire elles me semblent écrites de parti pris, par un homme qui se joue à lui-même encore plus qu’aux autres une espèce de comédie — sans mauvaise foi, d’ailleurs, sans calcul hypocrite — comme font volontiers les gens au cœur sec qui sont parvenus à s’échauffer l’imagination. […] On cause littérature ; on lit en commun les lettres que Mme de La Roche aimait à recevoir et recevait souvent des gens célèbres de divers pays ; on fait d’agréables parties, très gaies, sur les bords de la Moselle ou du Rhin. […] Bientôt il vit approcher une troupe de gens armés.
En effet, comment la critique, de la simple expression d’un jugement ou d’une opinion qu’elle a longtemps été, qu’elle est encore pour beaucoup de gens, comment la critique est-elle devenue, je ne dis pas une dépendance, ou une province, mais véritablement une science analogue à l’histoire naturelle ? […] Il s’élève à ce propos une question curieuse — et que je voudrais bien qu’on examinât d’un peu près, quelque jour : — c’est celle de savoir s’il entra plus de pédantisme, ou plus de politique, dans la conduite que le cardinal crut devoir observer à l’égard des lettres et des gens de lettres. […] C’est lui qui servit d’intermédiaire entre le cardinal et les gens de lettres qui se réunissaient habituellement chez Conrart. […] Mais peu de gens, dit-on, y parviennent ! Peu de gens aussi parviennent à la vertu ; et, comme il y a beaucoup de fort honnêtes gens qui ne sont point proprement vertueux, il y aura donc beaucoup d’amateurs et peu de critiques ; ce qui me semble d’ailleurs assez clairement résulter de la revue que nous venons de passer.
Dans une société qui s’organisait, et, naturellement, où l’on exigeait que chacun abdiquât une part de lui-même pour le plus grand profit et le plus grand plaisir de tous, on n’eût pas fait de lui plus de cas que d’un Motin, d’un Sigogne ou d’un Berthelot, gens de peu, gens de rien, bohèmes de lettres, dont on pouvait s’amuser en passant, mais qui ne comptaient point, comme n’étant occupés uniquement que d’eux-mêmes. […] Les gens de bien sont rares, Apparent rari nantes in gurgite vasto ; ils sont à peine un contre mille. […] Mais Bayle dit encore, en un endroit de sa Critique de l’histoire du calvinisme : « Ceux qui ont comparé les actions des princes aux grandes rivières, dont peu de personnes ont vu la source, bien qu’une infinité de gens en voient le cours et les progrès, n’ont pas tout dit. […] Mais les gens de ce temps-là la prenaient, eux, par le dogme, et, de tous les côtés, il semblait que le dogme retînt ou bridât l’essor de l’idée de progrès. […] Ils n’ont pas compris la question ; si même, avec leur bel esprit ou leur grosse érudition, bien loin de la faire avancer, ils n’étaient gens à la faire plutôt reculer.
Beaucoup de braves gens, incapables de faire le moindre mal, ont cru ce que Robespierre et Rousseau croyaient. […] Ainsi, ce problème des problèmes, qui a troublé, qui a jeté dans des abîmes de méditation tous les grands penseurs qu’une foi dogmatique ne fixait point, et jusqu’à Voltaire lui-même, ce problème qui a soulevé d’une émotion sacrée un Goethe, un Lamartine, tous les grands poètes modernes, et auquel ces beaux génies ont répondu par une affirmation qu’ils craignaient seulement de trop limiter par les mots humains, il s’est formé une espèce de concert entre un grand nombre de ces braves gens du primaire, hommes de demi-éducation et de trop courte expérience intellectuelle, exagérément frappés des dernières nouvelles de Hœckel ou de Letourneau, pour le trancher par la négation autoritaire ou par le silence. […] Que faites-vous des innombrables et merveilleuses trouvailles de ces investigateurs que l’on a vus pendant de longues années du XIXe siècle, en France et partout, cueillir sur les lèvres des gens de campagne les trésors souvent ravissants du folklore poétique et mélodique, trésors complètement inconnus des classes instruites et que ces pèlerins leur ont rapportés et remis sous les yeux, comme des fleurs du matin, humides et brillantes de rosée ? […] Elle devint matière d’exploitation pour l’imprimerie à bon marché, qui la dépeça et remplit de ses récits mutilés de petits volumes de colportage destinés aux gens de la campagne. […] Le rayonnement inaccoutumé de tous ces visages le frappa. « Pauvres gens !
La morale naturelle, la morale scientifique, le physicisme, comme on l’appelle, il ne faut pas l’enseigner pour le moment « Organiser une religion fondée sur le physicisme… c’est se tromper ; l’organisation d’une nouvelle religion n’est pas encore possible. » — Provisoirement il faut réserver « le physicisme aux gens instruits », et laisser « le déisme à la classe ignorante. » Du reste, à l’abri de ce déisme, on pourra et on devra enseigner une morale très pure, très élevée. […] Les hommes actuels, avec leur manie de jouir de la terre d’une façon toute contraire à la façon dont ils jouissent du ciel, ressemblent à des gens qui réussiraient à éteindre le soleil pour se munir chacun d’une lanterne. […] C’est dans ses premières œuvres qu’on lit ce petit portrait, à la La Bruyère : « C’est bien le meilleur homme du monde que Physcon ; il n’a rien à lui, pas même sa conscience : tout est à ses amis et il a constamment eu le bonheur de compter parmi eux tous les gens au pouvoir. […] Ces gens-là ont vu tuer. […] « Par cela seul qu’il a donné à tous le même Dieu, le christianisme a fondé un nouveau droit des gens. » Et ce droit des gens est démocratique en son essence.
Beaucoup de gens qui vont subir une opération chirurgicale sentent par avance l’élancement de douleur qui suivra la première entaille, suent et pâlissent à cette seule pensée, parfois aussi fortement que sous la scie et sous le couteau. […] À quatre heures de l’après-midi, la même vision se reproduisit… À six heures, je distinguai plusieurs figures qui n’avaient aucun rapport avec la première… Le lendemain, la figure de mort disparut ; elle fut remplacée par d’autres figures représentant parfois des amis, le plus souvent des étrangers… Ces visions étaient aussi claires et aussi distinctes dans la solitude qu’en compagnie, le jour que la nuit, dans les rues que dans ma maison ; elles étaient seulement moins fréquentes quand fêtais chez les autres. » C’étaient des hommes et des femmes qui marchaient d’un air affairé, puis des gens à cheval, des chiens, des oiseaux ; il n’y avait rien de particulier dans leurs regards, leurs tailles, leurs habillements ; « seulement ces figures paraissaient un peu plus pâles que d’ordinaire40 ».
Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette. […] « Il estime les gens de lettres, mais il ne mendie pas leurs suffrages ; il ne s’abaisse ni ne s’élève devant eux ; il se contente de ne pas les offenser, et de les traiter avec honneur quand ils viennent à lui.
À son exemple, tous ceux de ses disciples qui étaient à portée renouvelèrent, dans ce même lieu, les hommages qu’ils avaient déjà rendus à leur maître, et déterminèrent entre eux qu’au moins une fois chaque année ils viendraient s’acquitter des mêmes devoirs ; ce qu’ils pratiquèrent le reste de leur vie avec une exactitude qui a servi de modèle à tous les gens de lettres qui sont venus après eux. […] À en juger par quelques interrogations venues d’Europe, il paraît que certaines gens le regardent comme un recteur de l’université.
« Voyant, après de nombreux échecs, qu’ils n’avaient rien à gagner près de moi et sous mon ministère, ces pauvres gens dirigèrent tous leurs artifices et toutes leurs batteries vers l’ambassadeur de Napoléon. […] Ces gens espéraient qu’il leur serait possible de me faire sauter de mon poste.
Bien des gens, il est vrai, en parlent de confiance, et seraient fort embarrassés d’éclaircir les vagues idées que ce mot éveille en eux ; réjouissons-nous toutefois que, même mal ou peu compris, il soit sur toutes les lèvres : on en peut conclure qu’il exprime une tendance sérieuse de toutes les âmes. […] « Hérophile, ce médecin, ou plutôt ce boucher, qui ouvrit nombre de gens pour surprendre les secrets de la nature, qui se fit l’ennemi de l’homme pour le connaître ; et encore en connut-il bien toutes les parties intérieures ?
Le numéro 17 de Littérature en décembre 1920 s’ouvrait sur cette question : « Y a-t-il encore des gens qui s’amusent dans la vie ? […] Mais les gens universels ne veulent point d’enseigne et ne mettent guère de différence entre le métier de poète et celui de brodeur. » [éd.
S’il n’avait pas été à l’époque inférieure de la vie morale où l’on est perméable à son temps ; si, devant un des mille ruisseaux de sang qui sillonnent l’histoire, il avait eu cette fermeté de raison qui écrit pour les gens d’État, non pour les têtes poétiques, les enfants et les femmes, il aurait laissé la chimère d’un crime uniquement politique, et il aurait fait de la Saint-Barthélemy ce qu’elle est réellement, une action catholique, à laquelle nul historien n’a encore osé donner son nom. […] Lorsque dernièrement un écrivain soi-disant catholique13, dans une histoire de la Littérature française sous le gouvernement de Juillet, pieux ossuaire de toutes les médiocrités que le temps a balayées déjà et qu’il pousse à la fosse commune de l’oubli, a, parmi cette tourbe de noms qui importunent le regard, consacré trois lignes de protecteur distrait au respectable nom d’Audin, — c’est-à-dire de l’homme qui, après MM. de Maistre et de Bonald, a le plus contribué à la diffusion des idées catholiques au xixe siècle, comment s’étonner que les panthéistes, les libres penseurs, les journalistes, les vaudevillistes (plus nombreux qu’on ne croit), et les jongleurs de feuilleton, composant la littérature contemporaine, aient répugné à parler d’un écrivain qui n’est pas des leurs, et d’ailleurs irréfutable pour des gens de notions aussi peu certaines ?
Lorsque parut l’édition donnée par le neveu de Massillon et conforme en tout aux manuscrits, elle réunit donc tous les suffrages et satisfît à un grand désir des chrétiens et des gens de goût.
Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits.
Bien des gens, après avoir trouvé ce bonheur en chaire, continuent de se donner ce plaisir en conversation.
Voiture suffisait à tout, mais il n’allait pas au-delà et pensait guère à nous autres gens du lendemain, ni à la postérité.
Sénecé a dit quelque part un mot précieux ; c’est dans une anecdote sur Racine ; donnons-la : Racine, dit-il, ayant fait une fortune considérable à la Cour pour un homme de lettres, prétendit usurper une espèce de tyrannie sur les autres gens de son caractère, et, regardant le bel esprit comme son patrimoine, s’établit autant qu’il put dans la possession de persuader à toute la France que l’on ne pouvait en avoir sans sa permission, qu’il n’accordait, à personne.
Il roulait comme il pouvait, quelquefois trois mois durant, avec ces troupes sans paye, tenant tête aux armées ennemies, faisant plusieurs sièges, et il était forcé après cela de se désister de ce qu’il était près d’atteindre, « tant à cause de la mauvaise humeur de ses mestres de camp, que parce que les moissons approchaient, qui est un temps où les pauvres gens gagnent gros au bas Languedoc. » Ce ne sont là que des aperçus, mais qui donnent idée de la nature de génie et de constance qu’il lui fallut pour faire si bonne mine en un tel genre de guerre : je laisse à d’autres à l’en admirer.
Il en résultait le singulier contraste de gens très clairvoyants dans ce qui leur était étranger, et toujours aveugles dans ce qui les touchait eux-mêmes.
Elle en fait quelque chose d’essentiellement à part et qui ne ressemble pas à ce que le commun des gens entend sous ce nom : car se résigner, après tout, n’est pas si rare ni si difficile, et il n’y a pas tant de mystère ; tous les hommes y viennent plus ou moins quand la nécessité est là ; mais Mme Swetchine se méfie de ce qui est trop simple et trop commun : « Ce qui me gâte un peu la résignation, avait-elle dit, c’est de la voir si conforme aux lois du bon sens : j’aimerais encore un peu plus de surnaturel dans l’exercice de ma plus chère vertu. » En conséquence elle s’est appliquée à y introduire le plus de surnaturel possible, et elle y a réussi.
Elle est comme lui intolérante de toute opposition, insultante dans la dispute, et très disposée à dire aux gens des choses piquantes, sans colère et seulement pour jouir de sa supériorité. » Ce n’est pas juste, et cela jure avec l’idée de bonté qui se trouvait dominer, en définitive, dans les jugements comme dans les actions de Mme de Staël ; mais enfin l’opinion d’un tel témoin n’est pas à négliger, sauf à être expliquée.
Vallot, comme tous les gens en place, avait des ennemis et des jaloux.
L’article lu, je me disais : C’est égal, après tous les grands efforts et tous les grands systèmes en France, il n’est, pour voir clair et juste et remettre tout à sa place, que de se dérider et de se déroidir un peu ; donnez-moi de temps en temps des gens qui sachent rire à propos et égayer le bon sens.
Un des beaux messieurs du monde de M. de Maurepas, et qui était le président de l’Académie à ce moment, le duc de Nivernais, ordinairement aimable et gracieux aux gens d’esprit, mais qui trouvait peut-être que Racine fils n’était pas assez cet homme d’esprit comme il l’entendait, parut se ressouvenir tout à coup de la querelle que leurs père et aïeul avaient eue à propos de Phèdre, et lui donna d’injustes dégoûts, pour le pousser à se démettre et faire arriver plus vite son ami Sainte-Palaye.
Cependant les idiomes modernes, tels quels, étaient nés, ils étaient sortis de leurs langes et faisaient de toutes parts leurs vives et gaies enfances, leurs premières jeunesses ; le commun des gens, le peuple, avait besoin de drames à lui, avait faim de spectacles également dévotieux et émouvants, qu’il entendît, dans lesquels il intervînt et eût sa large part.
Que si vous m’opposez Shakespeare que cette préoccupation ne retenait pas, et qui prenait les hommes avec leurs passions et les âmes avec leurs abîmes, ne s’épargnant aucune situation franche, fût-elle horrible, aucune expression sincère, fût-elle violente, je m’en accommode très-bien, et je vous dis : Faites comme lui, montrez-nous gens et choses tels qu’ils sont, pas plus beaux qu’ils ne sont, mais aussi pas plus laids ni pires qu’ils ne sont.
Un bien-être de plus, un mieux-être que la science, la civilisation, une bonne police, un gouvernement attentif et philanthropique, procurent au grand nombre des gens de travail et aux particuliers, est une liberté de plus, et qui, pour ne pas être écrite sur une Charte ou sur un papier, n’en est pas moins pratique, positive et de réelle jouissance.
Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.
J’ai pourtant chéri la vertu : je ne crois pas avoir fait de mal à personne, pas même à mes ennemis ; j’ai toujours cherché les gens de bien et fui les méchants.
Vanter les Athéniens parmi les Athéniens, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus difficile, disait Socrate ; mais louer les Athéniens devant les gens du Péloponèse, et réciproquement, cela demande un plus grand art et un plus grand effort.
Il ne manquait pas de gens qui l’attendaient à cette nouvelle épreuve et qui auraient bien voulu le déclarer dépassé et arriéré.
Pour moi, j’avoue n’avoir vécu dans ma jeunesse qu’avec des gens que cela choquait, quoiqu’ils rendissent justice d’ailleurs aux auteurs en d’autres parties de leur talent.
Voilà, va-t-on dire, bien de l’appareil et des préparations pour de simples articles ; mais quand une idée nous a une fois saisis, nous autres gens de pensée et de caprice, elle nous mène plus loin souvent que nous ne voudrions ; elle nous tient et nous obsède jusqu’à ce que nous l’ayons conduite à bonne fin et mise au jour.
La reine, on le voit par ce début, aimait assez les Lettres ; elle allait un peu vite en appelant d’emblée Voltaire son pauvre Voltaire ; elle eut bientôt, parmi les gens d’esprit d’alors, d’autres choix et des préférences : on la verra plus tard goûter Fontenelle, le président Hénault, se plaire surtout avec ce dernier et avec Moncrif ; mais pourtant, malgré les lectures sérieuses qu’elle faisait, c’est tout au plus si l’on peut dire,-avec son nouveau biographe, « qu’elle ne s’isolait pas du mouvement intellectuel de l’époque. » Cette idée de mouvement ne cadrait en rien avec sa nature d’esprit, et si c’est un éloge, ce n’est pas elle, c’est Mme de Pompadour, à son heure, qui le méritera.
Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées.
Il est cruel dans une affaire aussi importante d’avoir affaire à des gens qui ne sont pas vrais. (19 avril 1778.) » Marie-Antoinette ne peut guère se faire d’illusion sur l’efficacité de ses remontrances ; les ministres ne lui disent pas tout, et ils font bien.
Si je lis l’abbé de Pradt, Marmont, Rœderer, je suis étonné du peu de profondeur que ces gens d’esprit ont mis à l’apprécier ; ou plutôt je ne devrais pas en être étonné, car c’est la condition de tout ce qui se juge au jour le jour et avant que le drame humain soit accompli.
Dans les deux ou trois années passées à Paris depuis son retour de Saint-Domingue, Malouet avait beaucoup vu de gens de lettres en renom : il connaissait d’Alembert, Diderot, Condorcet ; il se lia intimement avec l’abbé Raynal, très curieux et avide de tout ce qui intéressait le commerce et l’histoire des colonies : mieux que personne il saura nous le montrer au naturel.
Un grand nombre des plus éminents et des plus actifs champions de cette croisade si animée passèrent immédiatement à la politique pratique, et parurent cesser d’être gens de lettres.
André Chénier avait beaucoup réfléchi sur l’amitié et y portait des idées sages, des principes sûrs, applicables en tous les temps de dissidences littéraires : « J’ai évité, dit-il, de me lier avec quantité de gens de bien et de mérite, dont il est honorable d’être l’ami et utile d’être l’auditeur, mais que d’autres circonstances ou d’autres idées ont fait agir et penser autrement que moi.
Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ?
Car la nature est bonne, et veut ce qu’il faut, quand elle n’est ni déviée ni comprimée : « parce que gens libères, bien nés, bien instruits, conversans en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux, et retire de vice ; lequel ils nommaient honneur ».
Sa grande amie, la délicieuse duchesse de Choiseul, vit à la cour, et ne fait pas des gens de lettres sa société.
Un Mirabeau parle de citoyens peu moyennés, d’idées subverties, de gens qui se routinent ; un Vergniaud nous entretient de la répulsion des ennemis, pour faire entendre qu’il faut les repousser.
Les gens du peuple, les esprits simples adorent les romances qui leur parlent de choses qu’ils n’ont point vues, de lagunes et de gondoles, ou qui leur présentent un Orient de vignettes avec caravanes, minarets et yatagans.
« Si les enfants, dit-il, avaient les bras hors du maillot, l’exercice prématuré du toucher leur donnerait plus d’esprit. » L’usage de laisser aux nouveau-nés les bras libres est devenu général ; en avons-nous plus de gens d’esprit ?
Il est ses ancêtres, et il est aussi ses contemporains, et même il représente en quelque sorte les gens de l’avenir.
On s’est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n’est que misère ; et même le bonheur pour le bonheur, si l’on ne croit pas que tous les plaisirs sont de même qualité, si l’on ne veut pas admettre que le but de la civilisation soit de fournir de l’alcool aux gens qui aiment à boire.
Que si les gens d’esprit y regardent parfois d’un peu près, ou bien ils se rabattent avec une facilité caractéristique sur notre incompétence à juger de ces sortes de choses, ou bien ils se mettent franchement à en rire.
L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence.
Droz nous le dira d’un mot : « La véritable aristocratie respecte et maintient les lois ; la noblesse se regardait comme au-dessus des lois. » L’esprit de la noblesse de robe est finement distingué de celui de la noblesse d’épée et de la noblesse de cour : « Les magistrats regardaient les militaires comme des machines obéissantes ; ils se jugeaient plus indépendants, plus instruits, plus désintéressés que les gens de cour ; et ils avaient en morgue ce que ceux-ci avaient en vanité. » Toutes les nuances d’inégalité qui composaient l’Ancien Régime, et qui causaient des froissements si sensibles à l’amour-propre, à mesure que l’ambition s’éveillait dans tous les rangs, sont fidèlement analysées par l’historien ; et il n’est pas moins attentif à indiquer les causes de rapprochement entre les classes, les signes précurseurs de l’avènement prochain du tiers état.
Il le range, pour son Contrat social, dans ce qu’il appelle la secte des politiques, gens inutiles et dangereux qui, au lieu de s’appliquer à faire aller la société et à la servir, ont la manie de la décomposer pour en rechercher les raisons et les causes, comme si elle n’était pas chose naturelle et conforme à la nature humaine.
» L’orateur proclame comme un asile les principes imprescriptibles du droit des gens : les lois pénales de l’émigration ne sont point applicables à l’émigré naufragé ; l’émigré dans les conditions de bannissement accepté où il s’est placé, n’est plus un Français, c’est toujours un homme : Des hommes naufragés ne sont donc proprement justiciables d’aucun tribunal particulier ; il ne s’agit pas de les juger, mais de les secourir.
Carrel a pu paraître un moment ce Sertorius de la presse ; il l’a été jusqu’en 1833, par son habileté de tactique, son audace calculée et ses ruses ; mais bientôt l’obstination s’est montrée trop à nu, et malgré ses habiletés d’intérieur, dont les gens de son parti avaient seuls le secret, il n’a plus paru au-dehors que comme Charles XII à Bender, soutenant à peu près seul un siège dans sa maison.
dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir ; enclin à la raillerie, mais sans amertume ; et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage : insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis.
Qu’il nourrit tous ses gens de soupe économique.
Dans le premier voyage qu’il avait fait à Paris et dont il a rendu compte dans une lettre enjouée, adressée à sa jeune amie miss Mary Stevenson, il ne remarque que les dehors, les routes, la politesse des gens, les coiffures, le rouge des femmes, le mélange de somptuosité et de misère dans les bâtiments.
Je veux bien que l’auditeur bercé par un grand discours en vers, surtout déclamé au théâtre par des gens qui disent mal, se raccroche aux rimes, pour distinguer si l’on entend des vers ou de la prose, et c’est vrai pour le vers pseudo-classique.
On n’est point impunément fils de son père ; en le contredisant, on le continue ; les gens de 1820 maudissaient les philosophes de 1760, et les imitaient.
Il se tait volontiers et laisse parler les gens qui sont avec lui ; il est extrêmement tolérant, patient même, ne cherchant point à prendre le premier rôle ni à imposer ses idées.
Ni la bonne compagnie, cette bonne compagnie du temps qui ouvrait ses bras aveugles aux gens de lettres qui lui baisaient platement le pied, comme ce Normand de Rollon à Charles le Sot, dit le Simple, pour le renverser ! […] Il a attaqué le catholicisme avec plus que de la fureur, car la fureur peut être quelquefois généreuse, et, lui, il est allé dans sa haine jusqu’à l’hypocrisie, jusqu’à la lâcheté, et, ce que les gens d’esprit ne lui pardonneront pas, jusqu’à la bêtise. […] Diderot, tout matérialiste qu’il fût, aurait vomi sur ces gens-là, et c’est eux qui vomiront sur lui.
Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage, Moulus par la travail et tourmentés par l’âge, Éreintés et pliant sous un tas de débris. […] Il y a des gens qui prétendent que l’alouette fait de beaux accords ; cela n’est pas, puisqu’elle nous sépare […] « L’œuvre de ces braves gens, dit M. […] J’ai amusé, de temps à autre, ma curiosité chez d’excellentes gens adonnées aux sciences psychiques : c’est le nom qu’ils donnent à leurs illusions. […] Pourtant je ne puis m’empêcher de trouver qu’elles choisissent parfois d’une façon étrange leurs confidents terrestres et qu’elles se plaisent mieux dans la compagnie de gens grossiers et ignorants que dans le concile des sages.
« On ne s’imagine pas, disait-elle en se rappelant cette période de son enfance, ce qui se passe dans la tête de ces enfants qui vivent au milieu des scènes de la nature sans y rien comprendre, et qui ont l’étrange faculté de voir par les yeux du corps tout ce que leur imagination leur représente. » C’est là qu’elle s’essayait de bonne foi à ce genre d’hallucination particulière aux gens de la campagne, guettant l’apparition de quelque animal fantastique, le passage de la grand’bête que presque tous ses petits compagnons avaient vue au moins une fois. […] Grâce à ces contrastes, certaines gens prirent de moi l’opinion que j’étais tout à fait bizarre. » Cette vie intérieure, qu’elle portait déjà si vive et si intense dans le secret de sa pensée, manqua prendre un autre courant et une direction toute nouvelle, grâce à un assez grave événement ; ce fut une crise religieuse qui, vers la seizième année, se déclara chez elle. […] Pour obvier à une situation fausse et parfois intolérable, Mme Dupin conduisit un jour sa fille à la campagne, chez des amis qu’elle avait rencontrés trois jours auparavant et qui se trouvaient être les meilleures gens de la terre, les Duplessis ; ils habitaient avec leurs enfants une belle villa de la Brie. […] J’ai bien gagné un million avec mon travail (en 1869) ; je n’ai pas mis un sou de côté ; j’ai tout donné, sauf vingt mille francs, que j’ai placés pour ne pas coûter trop de tisane à mes enfants si je tombe malade ; et encore ne suis-je pas bien sûre de garder ce capital ; car il se trouvera des gens qui en auront besoin, et si je me porte assez bien pour le renouveler, il faudra bien lâcher mes économies. […] Ils le discutent d’autant plus, mais ils le lisent, tandis que le public se contente de dire : « C’est peut-être superbe, mais les gens de ce temps-là ne m’intéressent pas du tout25. » Elle avait laissé, sans doute, percer quelque chose de cette impression en causant avec Flaubert, qui, de son côté, avait plaisanté, paraît-il, « le vieux troubadour de pendule d’auberge, qui toujours chante et chantera le parfait amour ».
Il fait voir que la connaissance véritable de l’Antiquité est le résultat d’un ensemble très varié, très détaillé, sans lequel on ne fait qu’entrevoir les beautés des grands classiques : « La connaissance de l’Antiquité, voilà notre vrai commentaire ; mais ce qui est plus nécessaire encore, c’est un certain esprit qui en est le résultat ; esprit qui non seulement nous fait connaître les choses, mais qui nous familiarise avec elles et nous donne à leur égard les yeux des anciens. » Il cite des exemples tirés de la fameuse querelle des anciens et des modernes, et qui prouvent à quel point, faute de cette connaissance générale et antérieure, des gens d’esprit comme Perrault ont décidé en aveugles de ce qu’ils n’entendaient pas. — Il y a, chemin faisant, des vues neuves et qui sentent l’historien.
Les gens du métier, les habiles ou les vertueux, qui l’ont étudiée et pratiquée à fond, ont gardé ou retrouvé, en l’appréciant, l’admiration qu’elle inspirait autrefois : le commun des lecteurs, je le crois, a besoin de refaire un peu son éducation à cet égard.
Il est vrai que nous ne louons plus les rois et les princes, nous louons les comédiens, les gens de lettres, c’est-à-dire nous nous louons nous-mêmes ; nous parlons de l’actrice régnante en des termes à faire rougir le grand Condé, et du romancier à la mode comme on ne parlerait pas de M. de Turenne.
Rigault nous donnait un ouvrage de littérature sur les anciens et les modernes, où l’origine du travail est entièrement dissimulée ; il est besoin de savoir qu’il y a eu là-dessus débat, conflit, soutenance en Sorbonne, comme disent les gens du métier ; à simple lecture on ne s’en douterait pas.
Les gens d’esprit comme Lucien s’en tiraient par des moqueries et des plaisanteries fines, mais ne faisaient pas école.
Un catafalque, entouré de flambeaux et de cierges en beaucoup plus grand nombre qu’aux services précédents, fut dressé dans la grande chapelle, et Sa Majesté voulut assister à la cérémonie avec les gens de sa maison, tous vêtus de deuil.
Les gens d’une bonne trempe, en fouillant dans leur propre fonds, y trouveront toujours du neuf et quelque chose de particulier qui leur fera plus d’honneur que de se parer des plumes d’autrui.
Les gens comme il faut ont pu être choqués d’abord qu’il les ait négligés : il ne les a pas omis toutefois, et il y a de lui des devants de loges d’Opéra peuplés de toutes les variétés de têtes aristocratiques, et parés de toutes les blancheurs éblouissantes.
Le La Bruyère de l’Antiquité, Théophraste, le savait bien lorsqu’il disait que « l’amour, c’est la passion des gens qui n’ont rien à faire. » Et Ovide n’a fait que traduire cette même pensée plus mythologiquement : Olia si tollas, periere Cupidinis arcus.
Dans un admirable article sur les difficultés qu’il y aurait, pour plus d’un demi-siècle encore, à composer une véritable histoire de la Révolution française, parlant des Mémoires nombreux qui commençaient à paraître et dans lesquels chacun plaidait pour son parti et pour son saint et ne présentait que « la portion de vérité qui pouvait servir le mieux à noircir l’adversaire », l’éminent publiciste indiquait, à l’appui de sa pensée, les deux exemples le plus en vue : « Beaucoup de gens, disait-il, écrivent leurs Mémoires pour faire l’histoire personnelle de leurs talents, de leur mérite et de leur conduite.
Joseph Bertrand voulant écrire pour le public, c’est-à-dire pour la moyenne des gens instruits, a éludé ce genre de difficulté autant que possible : il eût pu trancher davantage et mettre plus en relief et en vedette les résultats scientifiques, sauf au lecteur à ne prendre que ce qu’il en pourrait saisir ; il a mieux aimé accuser moins à nu les côtés sévères pour fondre plus couramment le ton de l’ensemble.
— Par cet article sur l’Histoire de sainte Élisabeth, on voit (ce qui surprendra peut-être bien des gens) que j’ai été l’un des parrains littéraires de M. de Montalembert.
Ils ne se font aucune caresse : à les voir si indifférents, si froids, on les croirait de grandes gens. » C’est qu’au bas de la colline, dans une chaumière, habite la pauvre Marguerite, orpheline, aveugle, seulement aveugle depuis le dernier été, que la petite-vérole ou la rougeole lui a donné sur les yeux.
Le grotesque de ce temps-là et de ces gens-là diffère essentiellement de celui d’aujourd’hui : le leur était abandon, bouillonnement et débordement, plein de naturel et de coulant jusque dans son épaisseur ; le nôtre est tout prétention et affectation, pur procédé d’art, un grotesque fabriqué à froid, besoin de paraître gai dans une époque triste, et chez quelques-uns, je gage, parti-pris de se singulariser, en désespoir de ne savoir se distinguer simplement et noblement.
L’accueil incertain fait à sa Princesse Aurélie, à cette comédie demi-capricieuse, demi-satirique que des gens d’esprit ne croient pas encore jugée, parut, quoi qu’il en soit, un premier symptôme.
Fénelon est un de ces beaux noms dont on use volontiers : bien des gens qui n’ont guère de christianisme sont toujours prêts à dire qu’ils sont de la religion de Fénelon ; dans ce cas-ci, nous laisserons donc M.
Mme de Sévigné loue continuellement sa fille sur ce chapitre des lettres : « Vous avez des pensées et des tirades incomparables. » Et elle raconte qu’elle en lit par-ci par-là certains endroits choisis aux gens qui en sont dignes : « quelquefois j’en donne aussi une petite part à Mme de Villars, mais elle s’attache aux tendresses, et les larmes lui en viennent aux yeux. » Si on a contesté à Mme de Sévigné la naïveté de ses lettres, on ne lui a pas moins contesté la sincérité de son amour pour sa fille ; et en cela on a encore oublié le temps où elle vivait, et combien dans cette vie de luxe et de désœuvrement les passions peuvent ressembler à des fantaisies, de même que les manies y deviennent souvent des passions.
On lui en voulait en certains cercles fanatiques pour l’éclat de son salon, pour ses opinions libérales, pour l’espèce de gens, disait-on, qu’elle voyait : ses amis recevaient quelquefois d’odieuses lettres anonymes.
Elle fut bientôt connue et respectée de ces gens des environs, bien qu’ils fussent d’une fibre en général ingrate, d’une nature revêche et dure.
« Néron ne cessera pas d’être regretté par les pervers ; c’est à toi, c’est à moi de gouverner avec tant d’intégrité qu’il ne soit pas du moins regretté des gens de bien.
Perrault était l’homme de confiance de Colbert, auprès de qui il avait remplacé Chapelain : esprit ouvert, inventif, un peu trop assuré et présomptueux, comme sont souvent les gens qui se sont formés eux-mêmes, incapable de douter de son savoir, comme de se douter de ses ignorances, ayant plutôt la curiosité d’un amateur et l’intelligence d’un directeur des beaux-arts que les dons d’un écrivain ou d’un critique, faisant une forte cabale avec ses deux frères, le receveur des finances et le médecin, fort appliqués comme lui aux sciences et aux arts, et fort répandus aussi dans le monde.
Pareillement nous ne croyons pas prendre dans la trappe celui que nous attrapons, ni attirer avec le leurre celui que nous leurrons ; les gens délurés, hagards, niais, ne représentent guère des faucons à notre imagination, et quand nous dessillons les yeux de quelqu’un, nous ne nous figurons point être un fauconnier qui découvre les paupières de l’animal enfin dompté.
Il multiplia les portraits : ses Lisette et ses Frontin passent leur temps à faire les caractères satiriques de tous les gens qui paraissent ou qu’on nomme dans la comédie.
Les Pauvres Gens (cf. le thème directement traité dans Oceano Nox).
Oui, les comtes et les marquis sont plus intéressants que les ivrognes ; et ils le sont autant que les gens du peuple ou de la bourgeoisie — pas plus, mais autant.
C’est pour lui qu’il détrousse les gloires, qu’il assassine les réputations, qu’il biographie les gens tout vifs, d’une plume taillée en stylet.
Lacordaire s’était fait le raisonnement que voici : La société, à mes yeux, est nécessaire ; de plus, le christianisme est nécessaire à la société ; il est seul propre à la maintenir, à la perfectionner : donc le christianisme est vrai, non pas d’une vérité politique et relative, comme l’admettent bien des gens, mais d’une vérité supérieure et divine : toute autre vérité secondaire serait un compromis et une sorte de malentendu indigne et de la confiance de l’homme et de la franchise de Dieu.
Ce qu’on a dit un peu complaisamment des gondoliers de Venise chantant les octaves du Tasse serait plus vrai des gens du peuple, en Perse, récitant les vers de Ferdousi.
Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres en 89 », on trouve sur Ginguené et sur Chamfort des portraits piquants et qui sont tracés avec tant de saillie, que, si on ne les contredit à temps, ils ont chance de vivre et d’emporter ainsi leurs victimes à la postérité.
Il lui échappe quelque part ce mot heureux : « Pour moi, je crois que les gens qui le persécutent ne l’ont jamais lu. » Elle est évidemment séduite et sous le charme : l’amour, pour entrer là, a pris le chemin de l’esprit.
La pure forme du xviie siècle, telle que nous aimons à la rappeler, n’a plus guère été qu’une antiquité gracieuse et qu’un regret pour les gens de goût.
Boullée, paraît croire que Saint-Simon, en jugeant l’illustre chancelier, a cédé à je ne sais quelle antipathie naturelle et instinctive contre les gens de robe ; il conteste l’exactitude et la sagacité du redoutable moraliste qui n’a été ici, comme en bien des cas, que très clairvoyant.
« Les gens d’esprit se permettent quelquefois des bons mots, disait-il, mais il n’y a que les sots qui fassent des méchancetés. » Plus de quinze ans s’étaient écoulés depuis la mort de Rulhière, lorsqu’en 1806 Napoléon, ayant formé des desseins sur la Pologne et contre la Russie, crut utile à ses vues de faire publier l’ouvrage manuscrit qu’avait laissé Rulhière, et qui avait pour titre : Histoire de l’anarchie de Pologne et du démembrement de cette république.
Juger les vers des gens, c’est presque comme si l’on disputait avec un amoureux sur sa maîtresse, avec cette différence toutefois que, s’il ne vous est pas permis d’en dire le moindre mal, on vous accordera très bien d’en devenir amoureux vous-même.
Le jeune abbé, invité par lui à ses dîners des mardis et des mercredis, y connut les savants du jour, les hommes de lettres de l’Académie des inscriptions, et quelques gens du monde qui se piquaient d’érudition et d’art ; il ressentit la première fois en leur présence quelque chose de ce même respect et de cette émotion qu’il avait prouvés à quinze ans en voyant d’abord M. de La Visclède : Ce profond respect pour les gens de lettres, dit-il, je le ressentais tellement dans ma jeunesse, que je retenais même les noms de ceux qui envoyaient des énigmes au Mercure.
L’art et la science I Force gens, de nos jours, volontiers agents de change et souvent notaires, disent et répètent : La poésie s’en va.
Je veux bien que l’auditeur bercé par un grand discours en vers, surtout déclamé au théâtre par des gens qui disent mal, se raccroche aux rimes, pour distinguer si l’on entend des vers ou de la prose, et c’est vrai pour le vers pseudo-classique.
Un vœu se présente naturellement à bien des gens en face de ce cercueil : demander que les obsèques d’Émile Augier, le plus grand dignitaire de la Légion d’honneur que comptent les lettres françaises, soient faites aux frais de l’État et deviennent l’occasion d’un deuil national.
Ceux qui vantent si fort les lumieres que l’esprit philosophique a répanduës sur notre siecle, répondront peut-être, qu’ils n’entendent par notre siecle qu’eux et leurs amis, et qu’il faut regarder comme des gens qui ne sont point philosophes, comme des anciens, ceux qui ne sont pas encore de leur sentiment en toutes choses.
Les gens de goût voyaient sans colère et sans crainte ces importations qu’ils jugeaient sans danger pour un public français.
Ces gens qui se mangent le nez dans les journaux avaient trouvé à table leur véritable terrain de conciliation.
Du Méril a eu encore pour lui quelquefois, pas toujours, les petites gens de la Revue des Deux Mondes, et dernièrement le suffrage de la maternelle Académie, qui lui a donné cette gimblette partagée d’un prix !
… Dans son morceau sur Milton, dont je reparlerai encore, car il est le morceau tout à fait supérieur des deux volumes publiés jusqu’à présent, ne définit-il pas l’erreur, comme Milton, du reste (mais si les bêtises des gens d’esprit sont plus grandes que celles des sots, que ne sont pas celles des hommes de génie !)
il s’en faut, au contraire, mais des gens d’esprit qui savent ce qu’il faut servir à la curiosité dépravée des sociétés en décadence.
Et les autres, braves gens, — les meilleurs fils du monde, — ont pris Baudelaire pour un moraliste chrétien.
Au cantonnement, les cérémonies du culte se développent plus à l’aise dans leur variété, messes, saluts, sermons ; tout cela bien beau, secourable aux croyants, à tous les gens d’imagination.
Des princes du sang, une foule de gens de la cour, et tous les hommes les plus célèbres par leur esprit et leurs talents y assistèrent.
CHŒUR DE JEUNES GENS.
Mais les gens qui manquent de cœur se noient infailliblement s’ils ont une fantaisie ; une fois lancés à l’aventure, ils ne peuvent plus se rattacher à rien, parce qu’ils n’ont pas de point fixe dans l’âmep ». […] La mort nous fait changer de rôle avec ces gens-là ; ils peuvent tout sur nos corps pendant leur vie ; mais à l’instant de la mort, l’oubli les enveloppe à jamais. […] La Bruyère le disait : « des livres faits par des gens de parti et de cabalebx ». […] Ou y a-t-il vraiment des gens à qui la vie telle qu’elle est convienne, et à qui il paraisse tout simple de naître, de voir mourir autour d’eux, de sentir la main invisible qui s’appesantit sur eux, sillonne leurs traits, et affaiblit leurs organes, enfin de mourir eux-mêmes ? […] Nous sommes ici-bas comme des gens qui tâchent de retrouver un nom très ancien et perdu.
Seule, cette lettre signifioit ou gratis, ou gens, ou gaudium, ou tel autre mot que le sens du reste de l’inscription pouvoit indiquer : accompagnée, elle étoit sujette aux mêmes variations. […] Le nombre en est prodigieux, & plusieurs habiles gens ont remarqué que, si l’on en excepte les ouvrages purement didactiques, plus un auteur a de goût, plus on trouve dans son style de ces irrégularités heureuses & souvent pittoresques, qui ne paroissent violer les lois générales du langage que pour en atteindre plus sûrement le but. […] Malgré les hellénismes reconnus dans le latin, on a cru assez légérement que les idiotismes étoient des locutions propres & incommunicables, & en conséquence on a pris & donné des idées fausses ou louches ; & bien des gens croient encore qu’on ne désigne par ce nom général, ou par quelqu’un des noms spécifiques qui y sont analogues, que des locutions vicieuses imitées mal-adroitement de quelque autre langue.
» D’ailleurs, un fait curieux, bien significatif : Gineste me racontait que dans un des récents concours poétiques, en province, en dehors du lauréat qu’on devait primer, tous les concurrents étaient des gens du peuple. […] Gabriel Mourey, nous écrivit : Mon cher confrère, Vous me demandez mon sentiment sur la poésie, sur les poètes, sur ces graves questions de rythmes plus on moins libres, qui divisent aujourd’hui tant de gens. […] J’ajouterai qu’une nouveauté inconsidérée fera toujours dire, ainsi que cela arrive déjà des romantiques, qu’il est fâcheux que des gens qui avaient tant d’esprit en aient fait un si misérable usage.
Puis viennent les basiliques, l’art roman, le mélange de l’ogive du nord avec l’art arabe : il a là toute une théorie déduite historiquement, et qu’il croit pleinement justifiable sous le point de vue technique aux yeux des gens du métier. […] Il y a des gens de grand esprit, d’un esprit ou très-fin ou très-élevé, et égal à tout, qui se réservent, qui se ménagent, qui répugnent à certains sujets, qui se cantonnent dans de certains autres et encore n’y procèdent que graduellement.
« Comme ça commençait à devenir par trop tendre, cela m’ennuya, et je me mis à froncer le sourcil ; je lui avais parlé d’un air gai pour ne pas m’affaiblir ; mais je n’y tenais plus : — Enfin, suffit, lui dis-je, entre braves gens on s’entend de reste. […] — Qu’il y a des gens maladroits dans le monde !
Elle aurait volontiers emprunté de l’illustre philosophe son idée d’un rapprochement et d’une fusion, d’une réconciliation entre les principales communions chrétiennes ; elle traduisait cela un peu brusquement à sa manière lorsqu’elle disait : « Si l’on suivait mon avis, tous les souverains donneraient ordre que parmi tous les chrétiens, sans distinction de religion, on eût à s’abstenir d’expressions injurieuses, et que chacun croirait et pratiquerait selon sa volonté… » Au milieu de cette cour de Louis XIV, qui allait être si unanime sur la révocation de l’édit de Nantes, elle apportait et elle conserva d’inviolables idées de tolérance : « C’est ne se montrer nullement, chrétien, disait-elle, que de tourmenter les gens pour des motifs de religion, et je trouve cela affreux ; mais lorsqu’on examine la chose au fond, on trouve que la religion n’est là que comme un prétexte ; tout se fait par politique et par intérêt.
Cowper d’ailleurs, qui a encore de commun avec lui de s’être développé si tard, a parlé de Rousseau plus d’une fois, et en connaissance de cause ; il l’avait lu, au moins dans ses premiers grands ouvrages, et, dès le temps où il était établi à Huntingdon auprès des Unwin, il écrivait à son ami Joseph Hill ; « Vous vous souvenez de la peinture que fait Rousseau d’une matinée anglaise ; telles sont celles que je passe ici avec ces braves gens. » Je ne sais de quelle matinée anglaise il s’agit, à moins que ce ne soit dans L’Émile le joli rêve de « la maison blanche avec des contrevents verts », et de la vie qu’on y mène ; Cowper et Hill, en le lisant d’abord ensemble, l’avaient peut-être qualifié ainsi26.
Elle compatit aux pauvres gens et aux affligés que frappe cette banqueroute ; elle en donne les détails et les chiffres précis à Senac de Meilhan, son correspondant très cher ; et, voyant la superbe famille de Rohan si humiliée et par cette catastrophe et par d’autres accidents qui bientôt suivirent, elle en revient aux réflexions morales ; elle se félicite au moins de ne tenir à rien, et de ne point prêter à ces revers subits du faste et à ces chutes de l’ambition ; elle se rejette dans la médiocrité, comme disait La Bruyère : Ô obscurité, s’écrie-t-elle avec un sentiment moral qui ferait honneur à toutes les conditions, tu es la sauvegarde du repos, et par conséquent du bonheur ; car qui peut dire ce qu’on serait en voulant des places, des biens, des titres, des rangs au-dessus des autres, où on arrive par l’intrigue, où on se maintient par la bassesse, et dont on sort avec confusion souvent, et toujours avec douleur ?
Mme Swetchine lui écrivait en 1813, en lui déclarant ses sentiments d’admiration et de tendre sympathie : « Croyez-moi, on ne connaît jamais parfaitement que les gens que l’on a commencé par deviner.
« Soumission d’elle et des gens de sa maison… » La comtesse Amélie a aussi son dossier favorable.
Fromentin se déclare contre, par la raison, dit-il, « que les hommes de génie ont toujours raison, et que les gens de talent ont souvent tort » : « Costumer la Bible, ajoute-t-il, c’est la détruire ; comme habiller un demi-dieu, c’est en faire un homme.
Feuquières, particulièrement chargé d’en finir avec l’une des vallées, écrivait à M. de Louvois (6 mai 1691) : « Ces gens-là n’ont pas une botte de paille pour se coucher… On ne peut comprendre, à moins de l’avoir vu, combien la vie qu’ils mènent est dure ; car enfin, Monseigneur, ils ne se font pas seulement un gîte en terre.
. — Malouet adoucit les traits quand il parle de l’abbé Raynal ; évidemment il avait pour lui un faible, comme on en a pour les gens d’esprit sur lesquels on exerce de l’action.
Il s’est aperçu qu’il avait trente ans de service, et les bons Parisiens, en gens reconnaissants, disent que c’est assez, qu’il aille se coucher.
me jeter ainsi votre démission à la figure, et croire que je renvoie ainsi les gens qui me servent bien !
Et le soir, quand la nef harmonieuse de la cathédrale s’endormit couchée les bras en croix, il aperçut de l’échelle, à l’horizon, un village incendié par des gens de guerre, qui flamboyait comme une comète dans l’azur.
On n’avait qu’à en appliquer les articles à tout le monde, aux morts comme aux vivants, aux étrangers comme aux gens du pays.
Elle inculque à sa jeune âme les soucis et les prudences des vieillards ; elle lui apprend à flatter, à feindre, à regarder d’un côté en marchant de l’autre, à saluer bien bas des gens qui ne valent quelquefois pas l’abaissement d’un regard… Siao sin !
C’est que ces sortes de gens qu’on nomme Molière ou Shakespeare ont de temps en temps de ces mots qui percent à fond tout l’homme et qui démasquent à l’improviste la comédie humaine.
J’ai voulu la peindre tout d’abord avec la plume de ces hommes éminents dont le nom se rattache au sien ; il est bon de connaître un peu les gens de vue avant d’écouter leur histoire et leur roman.
Avec sa facilité improvisatrice, encore aidée des ressources du patois dans lequel il écrit, Jasmin pourrait courir et compter sur les hasards d’une rencontre heureuse comme il n’en manque jamais aux gens de verve et de talent : mais non, il trace son cadre, il dessine son canevas, il met ses personnages en action, puis il cherche à retrouver toutes leurs pensées, toutes leurs paroles les plus simples, les plus vives, et à les revêtir du langage le plus naïf, le plus fidèle, le plus transparent, d’un langage vrai, éloquent et sobre, n’oubliez pas ce dernier caractère.
Cette première idée, fondée sur des preuves si légères, en vérité, que les gens de bon sens et neufs à la question souriraient si je pouvais les leur exposer ; cette première idée lui fut si précieuse, qu’il imagina là-dessus tout un système, à savoir que du vie au ixe siècle, dans l’intervalle de la domination des Wisigoths à celle de Charlemagne, il s’était formé et parlé en France une langue romane unique, type et matrice de toutes les autres qui se sont produites depuis, et servant comme de médiateur entre le latin et elles toutes.
J’ai voulu glisser cette réserve parce que j’admire toujours à quel point les natures étroites et négatives sont empressées de dire à tout génie supérieur : « Tu n’as fait que ceci dans ta vie jusqu’à présent ; la fortune t’a empêché de t’essayer dans une plus large et plus ouverte carrière, donc tu n’aurais pu faire autre chose. » Ces gens-là ont besoin, de temps en temps, de recevoir quelques démentis comme celui que leur donne, par exemple, un Dumouriez aux défilés de l’Argonne.
Les gens subordonnés et dépendants, tous ceux qui avaient une attache ministérielle quelconque, il ne les admettait pas dans les luttes publiques, et l’un de ses mots était : « La livrée ne se bat pas. » À l’avènement du ministère de M. de Martignac, il s’abstint et se retira bientôt définitivement de La Quotidienne, dont il céda la direction à M.
On ne retrouve guère des gens qui ont tant d’esprit joint avec tant de candeur et de sentiment.
Les phrases, leur suite et leurs combinaisons, sont destinées à montrer un spectacle complexe, celui de gens agissant dans des lieux.
En lui, deux âmes se battent : « En réalité, écrit-il, quand je suis avec les gens du peuple, je ne suis bon qu’à tendre l’oreille et à observer.
C’est encore le cas pour La guiloguina et quelques autres contes correspondant à des impressions réelles de gens affolés par un sentiment de la nature que l’on vient d’indiquer.
Talent très féminin, qui touche et qui sait plaisanter, et qui doit cacher une charmante femme, supérieure de sa personne à son talent, quand il y a tant de gens qui de leurs personnes sont plus petits, elle a l’enjouement, comme elle a les larmes, comme elle a le feu, — le feu sacré, l’étincelle pour l’encensoir.
il n’en eut jamais un second, — de pure munificence divine, l’homme le plus admirablement doué du xviiie siècle, de ce temps qui fourmillait de gens d’esprit, et dans lequel planaient ces trois hommes qu’il est convenu d’appeler des génies jusqu’à nouvel ordre, Voltaire, Buffon et Montesquieu.
« La fin d’un être est son bien. » Cela signifie maintenant : « En créant un être, Dieu se propose un but qui est le bien de cet être. » Je n’en sais rien, ni vous non plus ; il y a pis, beaucoup de gens croient le contraire.
Amiel se méfia dans un pays où l’on se méfiait, alors que l’adroit Mérimée se méfie entre des gens qui se confient, ou qui font semblant. […] Comme la profonde luxure est celle des continents, la grande avarice celle des Harpagon obligés par leur état à dépenser, la paresse ne prend ce caractère de passion que chez les gens occupés, comme le sera toujours Amiel. […] Une des formes de cette critique, c’est l’ironie tantôt gouailleuse et tantôt amère qui coule à plein bord dans les rues du bas depuis que la Compagnie des Pasteurs ne mande plus les gens à réprimande. […] Voici le jardin botanique de Montpellier, où l’on rencontre quotidiennement M. et Mme Teste, « où tous les gens à pensées, à soucis et à monologues descendent vers le soir, comme l’eau va à la rivière, et se retrouvent nécessairement.
Ce sont encore les façons de parler recherchées, les figures déplacées, et tirées de loin, qui s’écartent de la maniére comune et simple de parler ; come les parures afectées s’éloignent de la maniére de s’habiller, qui est en usage parmi les honêtes gens. […] Mécénas favori de l’empereur Auguste, protégeoit les gens de lettres : on dit aujourd’hui d’un seigneur qui leur acorde sa protection, c’est un mécénas. […] Les auteurs de ces productions sont coupables d’une infinité de pensées dont ils salissent l’imagination ; et d’ailleurs ils se deshonorent dans l’esprit des honètes gens. […] Mais dans le tems que le latin et le grec étoient des langues vivantes, et que les grecs et les romains eurent ateint un certain degré de politesse, les honètes gens ménageoient les termes come nous les ménageons en françois, et leur scrupule aloit même quelquefois si loin, qu’ils évitoient la rencontre des sylabes, qui, jointes ensemble, auroient pu réveiller des idées deshonètes. (…), dit Cicéron, et Quintilien a fait la même remarque. […] Les bons mots qui n’ont d’autre sel que celui qu’ils tirent d’un équivoque ou d’une allusion fade et puérile, ne sont pas du gout des gens sensés, parce que ces mots là n’ont rien de vrai ni de solide.
On voit à quel point le Parlement et les gens du roi entraient avant et prenaient parti dans ces guerres des corps contre les libres survenants.
Ces gens-là veulent écrire et n’ont pas fait les premières études de littérature.
Mais il y a mieux, il y a cette sorte d’amitié dont La Bruyère a parlé quand il a dit : L’amitié peut subsister entre des gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté.
Elle en dit tant, et avec un air si simple, si indifférent sur les partis et si touchant sur l’intérêt qu’elle prenait au roi, qu’il lui répondit qu’elle avait raison ; qu’il suivrait son conseil en tout ce qu’il pourrait là-dessus, parce qu’il sentait que ces gens-là le feraient mourir… Or, que fait Duclos ?
Cette cérémonie me causa beaucoup d’attendrissement et me parut propre à opérer, même sur les gens âgés, de très salutaires impressions.
Byron, qui habitait les bords du lac de Genève, dans l’été de 1816, écrivait au poète Rogers : J’ai lu l’Adolphe de Benjamin Constant, et sa préface, niant les gens positifs.
C’est, lui qui, la veille du discours de réception de Victor Hugo à l’Académie, disait à quelqu’un qui ne paraissait pas sûr de pouvoir y assister : « Il faut y aller, on s’attend a de l’imprévu. » Et après la séance, il dit au glorieux récipiendaire, en manière de compliment : « Monsieur, vous avez fait un bien grand discours pour une bien petite assemblée. » C’est lui qui, à un célèbre candidat pour l’Académié46, qui s’étonnait d’apprendre de sa bouche qu’il n’eût pas lu ses ouvrages, fit cette réponse qui a couru et qui court encore : « Je ne lis pas, Monsieur, je relis. » On aurait pu trouver quelquefois qu’il usait et abusait du poids de sa parole pour écraser les gens.
On a besoin pour les admirer, dit-il, de songer aux difficultés qu’ont coûtées à construire ces énormes monuments et aux quarante siècles dont l’éloquence de Bonaparte les a couronnés ; mais « il y a derrière eux ce grand coquin de désert qui est autrement imposant. » Il ne se pique pas, depuis douze jours qu’il est arrivé, d’avoir une idée faite sur le pays ; son premier coup d’œil pourtant ne le trompe guère, et ce Méhémet-Ali tant vanté ne lui paraît que ce qu’il était en effet, un administrateur-exacteur mieux entendu, un pressureur de peuple plus habile : « Les gens qui en attendent des progrès comme civilisation se trompent lourdement.
Braves gens, vous haussez les épaules et vous dites que ce sont là des exagérations, des excentricités, de pures manières, un genre extravagant et après tout facile à copier, toutes vérités claires comme le jour et que vous vous mettez en devoir de démontrer point par point.
Ces mots de Rodrigue : parlons bas, écoute, indiquent assez que les gens de la suite du comte pourraient les entendre.
si l’on pouvait faufiler un peu de surnaturel et un aperçu de révélation dans cette mort si fière et si claire, comme bien des gens seraient disposés à s’adoucir envers la noble femme et à changer de langage !
. — Et pour en finir avec toutes ces prêcheries vertueuses sur Mme Favart et avec ceux qui seraient tentés de les renouveler, je mettrai ici la page de M. de Lauraguais, que peu de gens iraient chercher ailleurs et qui sent à pleine gorge son xviiie siècle : il ne songe qu’à donner une preuve de la confusion d’idées de l’abbé de Voisenon, à la fois libertin indévot, scandaleux, et avec cela scrupuleux sur un seul point qui était de ne pas manquer à dire son bréviaire ; or voici ce dont M. de Lauraguais fut témoin comme bien d’autres et ce qu’il raconte : « Personne n’ignore que Favart, sa femme et l’abbé de Voisenon vivaient en famille, et furent pères de Gertrude, de l’Anglais à Bordeaux, sans compter d’autres enfants.
Jay sur Raynal, qui est en tête de la dernière édition de l’Histoire philosophique des deux Indes, Notice vague et générale comme on les faisait en ce temps-là, ne contient qu’une seule anecdote neuve tirée d’une lettre de M. de Lally au comte Portalis : on y voit l’abbé Raynal et M. de Lally au naturel, tous deux gens à démonstrations, à grands sentiments et à embrassades.
Elle jugeait mieux des personnes et des caractères que sa tendre amie, et elle lui disait quelquefois, à propos de l’inintelligence de cœur de certaines gens les plus polis de surface et les plus avenants en apparence : « Ah !
M. de Canouville, un homme de la société, que les gens de mon âge ont connu, et qui avait été attaché à la cour du premier Empire, racontait l’anecdote suivante.
Aussi, en voyant la manière dont cette influence a duré dans la poésie jusqu’au xvie siècle et dans les romans jusqu’au xviie , bien des gens ont dit et diront encore longtemps que la littérature française commence au Roman de la Rose.
» Pauvres gens !
Ces petites pièces servent à merveille d’accompagnement, de chatouillement et de conseil même aux gens de nos jours dans leurs propres petites passions.
Les gens de parlement, les théologiens, les doctes, écrivaient la veille en latin ; leur style, en passant au français, était tout gorgé de latinismes.
Pour les gens du métier qui savent combien ces jugements portés sur les livres du jour par les critiques compétents sont utiles à l’histoire littéraire, et combien, à une certaine distance, il devient difficile de se les procurer dans des feuilles si vite disparues, il semblera tout naturel qu’un homme qui connaît autant les circonstances et les destinées des livres que M.
» Voilà des assertions bien absolues ; ce serait la première fois qu’une idée aurait triomphé, durant une longue période, du caractère personnel des gens.
Il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place, avec de simples, mais fortes couleurs. » En France, Saint-Palaye déjà l’avait rappelé à l’attention des érudits ; M. de Barante le mit en valeur pour tous15.
A force de voir Mme de Pontivy, de s’intéresser à ce mari en fuite, de chercher du moins à maintenir les biens, à force de visiter les gens du roi convoqués à l’Arsenal, et de rapporter son peu de succès à la cliente qu’il voulait servir, il l’aima, et ne put plus en douter un soir que son cœur, comme de lui-même, se trahit.
Quand Racine eut parodié par la bouche de l’Intimé ce vers du Cid : Ses rides sur son front ont gravé ses exploits, Corneille, qui n’entendait pas raillerie, s’écria naïvement : « Ne tient-il donc qu’à un jeune homme de venir ainsi tourner en ridicule les vers des gens ?
Ces gens-là étaient moins blasés que nous sur tous ces lieux communs de morale ; et, après tout, il n’y avait guère plus d’un siècle qu’on les avait trouvés ou retrouvés.
Ce qu’on trouve dans les fabliaux de membres rompus ou tranchés, de gens noyés ou assommés, ne saurait se compter : un cadavre est une chose joviale ; s’il y en a trois ou quatre, c’est irrésistible79.
Vous vous êtes fait jusqu’ici bien venir de ma gouvernante, qui, comme toutes les vieilles gens, est assez morose de son naturel.
J’ai peur que ce ne soit simplement celle des classes dirigeantes, le catholicisme des gens « bien élevés » et, peu s’en faut, celui de la Vie Parisienne, celui qui n’interdit ni la paresse, ni les raffinements du luxe, ni les bals, ni les gorges et les bras nus livrés aux regards des hommes.
Un prince ne peut pas vivre en pleine mêlée humaine, vivre dans la rue, aller où il lui plaît, frayer tranquillement avec des gens de toute classe.
Celui-ci, qui, selon le témoignage de Fontenelle, « fournissait ordinairement aux princes les gens de mérite dans les lettres dont ils avaient besoin », fit entrer La Bruyère chez le prince de Condé pour y achever l’éducation du jeune duc de Bourbon commencée chez les jésuites.
C’est d’après le critérium fortune qu’on juge de la valeur des gens.
Critiques sévères, ils déclarent qu’il faut viser au cœur, non à l’esprit ; ils blâment ces gens qui auraient laissé déborder le torrent des vices et périr le christianisme sans s’échauffer, de peur qu’un mot bas ou familier ne vînt à leur échapper ou que la symétrie de leurs périodes ne fût rompue.
Les moralistes connaissent et peignent à merveille les gens des hautes classes ; tous les genres tenant à la vie du monde se développent ; la poésie s’unit à la musique et à la danse dans l’Opéra et les ballets de cour ; mais cette floraison est compensée par de graves lacunes.
Les gens de Rueil ont parlé ; elle sait que la mère vit encore : à tout prix, elle veut la connaître.
Si ce n’est qu’une boutade, à la bonne heure : Les Gueux, les Gueux, Sont les gens heureux, Ils s’aiment entre eux… Les gueux, en effet, s’aiment-ils mieux que d’autres, et de ce qu’on n’a rien que sa guenille, est-on moins tenté de se la disputer ?
Il vaut mieux accepter tout cela comme un rêve. » Si Goethe était réellement amoureux, remarquez bien qu’il aurait souvent de quoi être jaloux de Bettina ; car elle se prend en courant à bien des choses et à bien des gens.
J’espère que tu le trouveras fort clair et même à la portée des gens les plus illitérés : mais pense que je ne sais me faire entendre qu’aux esprits attentifs.
Et M. de Maistre énumérait hardiment ces diverses suppositions : « Si la maison de Bourbon est décidément proscrite, il est bon que le gouvernement se consolide en France, il est bon qu’une nouvelle race commence une succession légitime, celle-ci ou celle-là, n’importe à l’univers… J’aime bien mieux Bonaparte roi que simple conquérant. » Si c’est le contraire qui arrive, et si les Bourbons ne sont pas à jamais rejetés, il faut bien qu’on leur prépare les voies du retour, car eux-mêmes ne sont pas gens à rien inventer pour cela : Les Bourbons français, dit M. de Maistre par une appréciation historique d’une parfaite justesse, ne sont certainement inférieurs à aucune race régnante ; ils ont beaucoup d’esprit et de bonté.
., ne sont entendus que d’une poignée de gens : le littérateur, l’orateur, s’adressent à l’univers, À l’Académie française, nous regardions les membres de celle des sciences comme nos valets, etc. » Maury aimait fort, en causant, ces sortes d’expressions, valet, gredin.
Logé chez Mme Geoffrin, il était de tous les dîners d’artistes, de tous ceux des gens de lettres, et même des petits soupers mystérieux où, assis entre la belle comtesse de Brionne, la belle marquise de Duras et la jolie comtesse d’Egmont, il lisait ses Contes moraux dans leur primeur.
Il dut croire en avoir rendu un bien réel pour cet acte de vigueur qui avait empêché la dispersion et le sacrifice inutile de braves gens.
Nous disions, il y a trois ans, quand nous commençâmes à nous apercevoir que le respect de la légalité portait aussi ses fruits : Que ne nous sommes-nous résignés plutôt nous faire gens d’affaires au lieu de conjurés !
Il en est de même de ce qu’ont donné les plus habiles gens dans chaque genre, sur la botanique, l’anatomie des plus petits insectes, les coquillages de mer, etc.
J’ai pensé souvent, en lisant Cosnac, à cette classe de gens actifs, appelés M. de Sémonville et autres, et toujours il m’a semblé que, même en ce genre qui n’est pas le premier et le plus relevé, la médaille était mieux frappée et d’un coin plus neuf sous Louis XIV que de nos jours.
Préface de la première édition (1882)49 Avec l’ambition de mettre dans mes biographies — un peu des Mémoires des gens qui n’en ont pas laissé, — j’achetais, il y a une quinzaine d’années, chez le bouquiniste bien connu de l’arcade Colbert, les papiers de la Saint-Huberty.
Il y a, de jadis, un opuscule grotesque, maintes fois réimprimé et encore colporté ; c’est un Sermon en proverbes ordonné pour satiriser soit les gens qui évoquent trop, par la sagesse des nations, leur propre niaiserie, soit les prédicateurs qui répétaient toujours les mêmes exhortations vaines comme le vent qui égrène l’herbe des cimetières ; le pauvre auteur enfile donc avec un certain soin les proverbes les plus connus, jusqu’à faire quatre pages dont le sens est fort bien suivi et que l’on comprend, pourvu qu’on ne soit pas devenu hébété dès la première : « Prenez garde, n’éveillez pas le chat qui dort ; l’occasion fait le larron, mais les battus paieront l’amende ; fin contre fin ne vaut rien pour doublure ; ce qui est doux à la bouche est amer au cœur, et à la chandeleur sont les grandes douleurs.
Le grand art n’est point celui qui se confine dans un petit cercle d’initiés, de gens du métier ou d’amateurs ; c’est celui qui exerce son action sur une société entière, qui renferme en soi assez de simplicité et de sincérité pour émouvoir tous les hommes intelligents, et aussi assez de profondeur pour fournir substance aux réflexions d’une élite.
Les gens simples pleurent au théâtre comme devant de véritables infortunes ; les chants guerriers soulèvent les masses ; et fort souvent cette émotion factice suffit à ceux qui l’éprouvent et leur ôte l’envie d’en éprouver de vraies de même ordre.
Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ».
Il cause avec les gens du cimetière, rit presque, puis empoigne Laërtes aux cheveux dans la fosse d’Ophelia et piétine furieux sur ce cercueil.
comme ces gens nous semblent fades et puérils, avec leurs petits sadismes, leurs petites crises d’ascétisme.
Cela est dans l’ordre… eh bien, gens de l’académie, c’est donc pour vous une belle chose que ce tableau ?
Notaire aux besicles d’or, commis d’huissier éclatant dans son habit trop étroit, sous-préfet à l’allure administrative, — tous ces gens dont on s’est servi pour mettre l’imagination à la porte de la littérature, ne m’ont jamais séduit que médiocrement
Des gens qui croient qu’avec un mot (un mot bégueule et indigné !)
pour les gens de l’endroit, le coloris tapageur.
Le Rationalisme, le Panthéisme, le Romantisme, passent devant l’auteur, qui en parle comme tant de gens en ont parlé depuis qu’on en parle et dont le regard ne voit pas plus loin que le regard de tout le monde.
Puis encore, genre de patois inimitable : Ô vous qui vous portez entre tous gens de cœur, Qui l’êtes, non pas seuls, et qui d’un air vainqueur Écraseriez Doudun et cette élite obscure, Leur demandant l’audace et les piquant d’injure, Ne les méprisez pas, ces frères de vertu Qui vous laissent l’arène et le lot combattu !
Le lévite, les joues fraîches encore de jeunesse, a l’âme suffisamment dévirilisée et flétrie : Il n’est plus un homme distinct, mais une simple figure dans la pâle multitude des gens d’église.
Les vers, jadis charme des palais et des vieux châteaux ; les vers que nos rois et nos chevaliers, gens sans lettres et sans études, traçaient de la pointe de leur épée, pour exprimer, sans art et sans difficulté, leurs amours et leurs chagrins, devinrent le patrimoine exclusif des doctes qui connaissaient bien Horace et Pindare, mais qui oubliaient la nature. […] Mais cette passion pour la justice, cette haine éclairée du despotisme qui ne se répand point en vagues déclamations, qui démêle avec sagacité tout ce qui peut y entraîner les peuples, qui en démontre toutes les infamies et toutes les absurdités, tantôt avec la raison du juge, tantôt avec le sentiment qui s’indigne : voilà ce qui anime d’un bout à l’autre L’Esprit des Lois, et ce qui lui assure à jamais l’amour et l’admiration des gens de bien. […] Au reste, ceci n’est point une accusation particulière intentée à la classe des gens de lettres. […] Il y a tant de gens pour qui les mots sont tout, dont les sentiments reposent sur cette seule base, qu’il faut bien se garder de l’ébranler. […] Les factums des avocats et les discours des magistrats eurent des succès aussi universels que les livres des gens de lettres ; et les gens de lettres se trouvèrent capables de paraître avec honneur dans cette carrière, qui, peu d’années avant, leur eût été étrangère.
Je sais qu’on regarde cette puissance comme un attribut de la divinité… Si cela est, apprenez, monsieur, à me respecter dorénavant comme une divinité… Car, moi qui vous parle, moi qu’on ne peut pas même placer dans la classe des gens médiocres, eh bien ! […] L’ouvrage le classa parmi les gens de lettres, lui ouvrit le salon de mademoiselle de Lespinasse, et l’enrôla pour un moment dans la troupe des philosophes. […] Ô duperie des mots, et fureur de « blasonner » les gens ! […] Par exemple, si les gens de qualité ne méprisent point l’argent, il n’est pas de bon ton parmi eux d’en parler. […] Gens de goût avant tout, les bons pères eux-mêmes ne parlent jamais sans quelque coupable complaisance de ce petit polisson d’Arouet.
Si j’avais, par exemple, à développer devant mon spirituel auditoire Une théorie ridicule sur la comédie, une critique absurde dans ses principes et dans ses conclusions, dont l’auteur, homme d’imagination d’ailleurs et parfois de jugement, se serait appuyé sur les plus étranges axiomes et sur les définitions les plus arbitraires, pour préparer et amener quelque jugement impertinent sur un grand poêle ; il ne me serait pas difficile de faire rire les gens d’esprit qui m’écouteraient ; je n’aurais qu’à reproduire fidèlement ces doctrines ridicules. […] Je sais bien que tous ces gens-là s’appellent Harpagon ; mais Harpagon n’est qu’une abstraction, car un avare réel ne saurait être tous ces gens-là87.
« Madame Bonaparte était une véritable femme de l’ancien régime, dévote, superstitieuse, et même royaliste, détestant ce qu’elle appelait les jacobins, lesquels le lui rendaient bien ; ne recherchant que les gens d’autrefois, qui, rentrés en foule, comme nous l’avons dit, venaient la visiter le matin. […] Entraînée d’ailleurs, comme tous les gens de ce temps, par un tourbillon étourdissant, elle comptait sur le dieu des révolutions, sur le hasard, et, après de vives agitations, elle revenait à jouir de sa fortune.
Je le reconnais encore à d’autres traits que note Saint-Simon : à cette modestie qui était ou une grâce naturelle ou une adresse, selon le besoin ; à son impatience, à sa surprise quand on le suspecte, qu’on doute de lui, qu’on lui résiste ; à ce moi de l’homme habitué à persuader sans raisonnement, et qui discutait moins pour convaincre les gens que pour leur faire goûter, dans la beauté de ses discours, la douceur de leur déférence. […] « Cette opinion de M. de Fénelon, dit-il, a favorisé le mauvais goût de bien des gens, qui, ne pouvant faire des vers, ont été bien aises de croire qu’on n’en pouvait réellement pas faire dans notre langue… Il condamnait notre poésie parce qu’il ne pouvait écrire qu’en prose ; il n’avait aucune connaissance du rythme et de ses différentes césures, ni de toutes les finesses qui varient la cadence de nos grands vers.
Mais le stoïcien, que Perse veut nous faire admirer, s’expose aux railleries grossières du centurion, quand, tout en se promenant, il se passionne pour une question abstraite : « Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose32, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant ; on n’entend pas ce qu’ils disent ; ils ont l’air de peser des mots sur leur lèvre qui s’avance comme un plateau. […] Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant » : Arcésilas, philosophe grec (Pitane, Eolide −315 ou −314 — −241 ou −240), sans doute cité ici parce qu’il prôna entre autres, contre le dogmatisme des stoïciens, la suspension universelle du jugement ; Solon, le célèbre législateur athénien (v.-640 — v. 558) qui est est à l’origine de la vaste réforme sociale et politique qui fonde le commencement de la démocratie athénienne.
Voici nos gens à l’œuvre. […] Autant parler musique à des gens qui n’ont point d’oreilles. » 61.
Puis, dans l’avant-propos de son grand ouvrage achevé, on lit : « Et de faict que Paradin aye esté de ces gens qui croyent et escrivent legierement, je le pourrois verifier par le récit de plusieurs discours fabuleux, qu’il a employez et affirmez pour véritables dans ses escrits. […] « Ce fut alors, dit Tallemant, qu’il fit beaucoup de bien aux gens de lettres et leur fit donner bon nombre de bénéfices. » Les Italiens servaient de modèle à Desportes, mais sans rien lui faire perdre de son originalité véritable, qui était une façon particulière de sentir et de nuancer. […] Ce prince libéral donnait à Baïf de bons gages et lui procurait le moyen « d’entretenir aux études quelques gens de lettres, de régaler chez lui tous les savants de son siècle et de tenir bonne table ». […] Un homme du peuple, comme souvent ces gens-là, par aveuglement de zèle, se laissent plus émouvoir à la colère qu’à la pitié, saute à la tête de Clitiphon, lui jette son chapeau par terre et ensuite se prend à crier au calviniste. […] Poésies peu connues de La Fontaine Les gens ne manquent pas qui, à force de subtilité ou, pour mieux dire, de gravité outrecuidante ont chargé les vers inspirés de La Fontaine d’un amas de considérations hors de propos.
Quand il écrivait, toute sa sensibilité passait dans ses longues et dures écritures, et avec elle toutes ses rancunes, toute sa rage d’être un duc si obscur, tout le dédain secret de l’homme qui juge pour des gens dont l’importance, par le jugement même qu’ils subissent, est amoindrie et limitée. […] Voltaire n’est pas simple ; ce n’est pas un vice particulier aux gens spirituels. […] Hormis les gens qui touchent aux lettres et dont le métier est d’écrire et de rédiger, en quoi cela peut-il être utile de connaître le rapport que l’usage a fixé en un son et un signe phonétique ? […] Mais ni l’une de ces femmes d’esprit, ni aucune femme ni aucun homme de bonne compagnie, né et élevé en pays de vraie langue française n’eût jamais dit autrefois, comme le conseille maintenant l’Aréopage des professeurs : « Instruites par l’expérience, les vieilles gens sont soupçonneuses » Il y a là une inconnaissance de l’usage, une insensibilité de l’oreille qui surprennent ; on sent le pauvre homme qui n’a pas vécu et qui tient du livre toute sa science . […] Ce sont : Aigle, amour, orgue, délice, automne, enfant, gens, hymne, œuvre, orge, Pâques, période.
D’un côté ensemble tous les Juifs, tous les protestants, toute la noblesse et bourgeoisie catholiques (gens d’épée, gens de robe, gens des charges, hobereaux, fermiers, tous propriétaires, propriétaires de batailles, propriétaires de charges, propriétaires de terre) qui ont tous leurs papiers de famille et en quelque sorte leurs titres de propriété, — et lui qui n’a jamais rien eu, lui catholique et pauvre, lui qui n’a jamais rien été, étant chez lui, lui dont tous les papiers de famille ce sont les registres des paroisses, lui dont les titres de propriété ce sont les registres des paroisses, et lui qui jusqu’au jugement ne sera jamais couché que sur les registres des paroisses. […] C’est une belle théorie, pour les gens fatigués. […] Des gens pour qui Reims même et le sacre et l’ampoule et le Saint-Esprit étaient des pièces de la politique. […] Ces braves gens donnent des indications un peu souples, c’est entendu, et quelquefois agréablement fantaisistes. […] Les protestants sont des gens qui font eux-mêmes leurs poteaux indicateurs.
Ritter et une foule d’autres braves gens. […] Je voyais dans l’esprit de beaucoup de gens mes louanges crouler devant le simple titre d’un écrit et auquel on a pris garde : Madame de Pontivy. […] Il trouve que les gens de Port-Royal ont été vraiment bien durs pour l’auteur des Essais. […] Bien des gens, même parmi ceux qui pensent connaître leur dix-septième siècle, en auront douté ; c’est à l’œuvre à justifier l’ouvrier. […] Il ne manquera pas de gens qui prendront pour du sérieux l’Épilogue de M.
Les gens de goût d’autrefois, dans leur appréciation littéraire des œuvres, étaient un peu trop paresseux, trop délicats et trop gens du monde ; ils s’arrêtaient aux moindres difficultés de recherche, et s’y rebutaient comme à des épines.
. — A bien peu sans doute, à glisser une aménité au milieu d’un sujet aride, à se dérider et à sourire entre gens instruits, et qui ont leur jeu de honchets à leur manière.
Et le comte le défie avec injure : « Vous n’êtes pas gens à m’attendre, tant contre tant. » Le défi est accepté par un des frères de Diègue : « Cent contre cent, nous vous combattrons volontiers, et à un pouce de distance. » Le rendez-vous est donné à neuf jours de là.
On rencontre fréquemment chez lui des sentences du genre de celle-ci, dans les Célibataires : « Il n’y a qu’un homme de génie ou un intrigant qui se disent : J’ai eu tort. » Et dans la Recherche de l’Absolu, dès les premiers chapitres, à propos de Claës : « Les gens d’esprit sont variables autant que des baromètres, le génie seul est essentiellement bon. » Mais il est temps de le dire, à travers toutes ces chimères de l’alchimiste et du romancier qui semblent ne faire qu’un, ce qui ressort à merveille, c’est l’insatiable espoir de l’adepte ; ce qui règne et palpite, c’est sa fièvre ardente, incurable, une fièvre d’avide crédulité.
La poésie racinienne est construite de telle sorte qu’à toute hauteur il se rencontre des degrés et des points d’appui avec perspective pour les infirmes : l’œuvre de Shakspeare a l’accès plus rude, et l’œil ne l’embrasse pas de tout point ; nous savons de fort honnêtes gens qui ont sué pour y aborder, et qui, après s’être heurté la vue sur quelque butte ou sur quelque bruyère, sont revenus en jurant de bonne foi qu’il n’y avait rien là-haut ; mais, à peine redescendus en plaine, la maudite tour enchantée leur apparaissait de nouveau dans son lointain, mille fois plus importune aux pauvres gens que ne l’était à Boileau celle de Montlhéry : Ses murs, dont le sommet se dérobe à la vue, Sur la cime d’un roc s’allongent dans la nue, Et, présentant de loin leur objet ennuyeux, Du passant qui les fuit semblent suivre les yeux.
Une forme d’esprit si universelle ne peut manquer de leur sembler naturelle ; ils sont comme des gens qui, ne parlant qu’une langue et ayant toujours parlé aisément, ne conçoivent pas qu’on puisse parler une autre langue, ni qu’il y ait auprès d’eux des muets ou des sourds D’autant plus que la théorie autorise leur préjugé.
Elle livra ainsi l’État, dans des circonstances terribles, à des gens qui n’étaient bons que pour suivre une procession.
C’est au milieu de ses intérêts et de leurs propres combats contre ses séductions, que, soldats, gens de loi, professeurs, les uns se font chrétiens, les autres deviennent par l’élection les chefs religieux des peuples.
J’aime vraiment les gens qui aiment tout simplement.
Nous sentons que nous ne sommes pas forcés, comme par un charme magique, d’obéir à un motif particulier Bien des gens ne croient pas et peu sentent dans la pratique que la causation n’est qu’une succession invariable, certaine et inconditionnelle : et il en est peu à qui la simple constance de la succession semble un lien assez fort pour une relation aussi spéciale que celle de cause à effet Ceux qui pensent que les causes traînent leurs effets après elles par un lien mystique, ont raison de croire que la relation entre les volitions et leurs antécédents est d’une autre nature.