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1805. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Né sur les rives de la Méditerranée, l’auteur a vu et entendu à son tour ce que, jusqu’à la fin des temps, l’imagination des poètes verra dans les flots aux mille aspects de la mer, entendra dans les mille murmures de sa voix.

1806. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

C’est ainsi que nous parle la voix mourante de l’ancien temps, mais où se trouve-t-il encore des oreilles pour l’entendre ? 

1807. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Sully Prudhomme, dans son noble poème de la Justice, a condensé en un dialogue tragique l’antagonisme de ces deux voix que l’homme moderne entend retentir au fond de sa conscience ; l’une est celle de la science, implacable et sereine, qui renverse sans pitié les vieilles idoles, les croyances chères à l’enfance des peuples, les préjugés enracinés par une longue accoutumance ; l’autre est celle du cœur qui proteste, qui tantôt a peur de ce bouleversement, s’attendrit sur les choses détruites, proclame l’inutilité du savoir humain et conseille au chercheur de s’endormir dans le plaisir et l’insouciance, tantôt se révolte, taxe la science d’impie, l’accable d’invectives passionnées, l’accuse de désenchanter la vie, d’anéantir le bonheur et la vertu.

1808. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Dans les Voix intérieures, des sages s’attristent sur le festoiement des fous, et l’A Olympia, oppose à la douce gravité du poète, les clameurs des haineux.

1809. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ô vous de qui les voix jusqu’aux astres montèrent, Lorsque par vos chansons tout l’univers charmé Vous ouït célébrer ce couple bien-aimé, Grands et nobles esprits, chantres incomparables, Mêlez parmi ces sons vos accords admirables… C’est une invocation aux poètes qui ont déjà chanté les amours de Vénus et d’Adonis.

1810. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Il est au contraire impossible d’être plus lui-même qu’il ne l’est dans son livre, et plus, en même temps, la voix de ce groupe d’ombres égyptiennes qui se lamentent entre elles, enveloppées dans leurs bandelettes écrites et solennellement immobilisées dans la grimace de leur chagrin.

1811. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il a débuté par des bégaiements dont je me suis un peu moqué (La Confession de Claude), mais la voix, qui manquait de justesse et de force, lui est venue.

1812. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Une ineffable harmonie éclate dans tout ce qu’elle fait, parce que toutes ses facultés, dociles à sa voix, concourent à ses moindres desseins dans la mesure qu’elle veut et avec une égale aisance.

1813. (1927) André Gide pp. 8-126

La terreur qu’inspire la maçonnerie est telle que personne n’ose élever la voix et que toute insinuation de la vérité serait catégoriquement démentie par les personnages les plus autorisés. […] Le digne pasteur enseigne à Gertrude que ces petites voix émanent de créatures vivantes dont il semble que l’unique fonction soit de sentir et d’exprimer l’éparse joie de la nature. « Est-ce que vraiment, disait-elle, la terre est aussi belle que le disent les oiseaux ?

1814. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

De chaque armée aux cieux la clameur monte ensemble, Et la voix des deux chefs invoque Jupiter. […] Ce fut une succession de toutes les fantaisies qui peuvent charmer et ravir les sens, travestissements, cavalcades, courses de bagues, concerts de voix et d’instruments, récits de vers, festins servis par les Jeux, les Ris et les Délices, ballets, machines, feux d’artifices, illuminations, loteries, collations.

1815. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Swift entre brusquement dans la grande salle de réception, écarte les groupes, arrive devant le lord-lieutenant, le visage enflammé, et d’une voix tonnante : « Très-bien, milord-lieutenant ; c’est un glorieux exploit que votre proclamation d’hier contre un pauvre boutiquier dont tout le crime est d’avoir voulu sauver ce pays954. » Et il déborda en invectives au milieu du silence et de la stupeur. […] Telles qu’elles sont, elles pourront servir de matériaux à toute personne qui aura l’envie d’écrire des mémoires sur la vie de Son Excellence. » Dans tout ce morceau, la voix de Swift est restée calme ; pas un muscle de son visage n’a remué ; ni demi-sourire, ni éclair de l’œil, ni geste ; il parle en statue ; mais sa colère croît par la contrainte et brûle d’autant plus qu’elle n’a pas d’éclat.

1816. (1904) Zangwill pp. 7-90

« Toute la nature vivante produirait une vie centrale, grand hymne sortant de milliards de voix, comme l’animal résulte de milliards de cellules, l’arbre de millions de bourgeons. […] Cette vallée, ces eaux, ces arbres, ces rochers voulaient crier vers Dieu, mais n’avaient pas de voix ; l’abbaye leur en donnait une.

1817. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Ils n’ont pas d’autre voix, outre leur bourdonnement, qu’un petit cri de screp, screp, fréquemment répété. […] Les chanteurs, qui ne sont pas libres d’appuyer leur voix où les convieraient les habitudes de l’œil, et qui d’ailleurs sont auditeurs par nature et non liseurs ne se gênent pas pour mettre des e muets, des suites d’e muets après toute consonne finale : amou-re, coeu-re, ca-re, etc. […] Il y a dans du Bartas un très curieux distique qui montre très bien que l’e muet, au xvie  siècle, n’avait plus qu’une valeur conventionnelle : Et les doux rossignols avoyent la voix divine                                                                 D’Orphée, d’Amphion, d’Arion et de Line35 L’avis des grammairiens et des historiens de la langue, depuis Bèze jusqu’à Darmesteter, depuis d’Olivet jusqu’à Nyrop, confirme donc le sentiment personnel d’un observateur qui ne serait pas grammairien et qui de l’histoire ne connaîtrait que les présentes années. […] J’ai bien des motifs pour me réclamer du principe esthétique, mais j’y veux joindre un second principe, déjà invoqué au cours de ces remarques, celui qui veut qu’en matière de grammaire on interroge, pour obéir à sa voix, la tendance générale, l’usage, soit établi, soit en formation.

1818. (1903) Le problème de l’avenir latin

Bructères, Chérusques et Sicambres, à la voix d’Hermann, se soulèvent, égorgent les légionnaires, crèvent les yeux des légistes et leur arrachent la langue, cette langue instrument subtil et captieux de romanisation. […] Et le réveil de ce sentiment, le besoin à nouveau surgi d’indépendance et de personnalité se concentrent, à propos de la révolution religieuse, dans la Réforme du xvie  siècle. « Luther — c’est le même écrivain qui parle — est le symbole populaire de la liberté germanique… A la voix de Luther, la consécration antique tombe en poudre ; les esprits s’éveillent pour fournir une nouvelle carrière… Rome, cette Rome toujours exécrée des Saxons, cette Rome au nom de laquelle Charlemagne les a écrasés et étouffés dans leur sang, est abjurée par eux. » Pour Quinet, la voix de Luther c’est « la nature du vieux Germain qui se réveille » et qui pousse « l’ancien cri de guerre des Barbares ».‌ […] D’une voix grêle et chevrotante, les habitants de Hod, en hochant la tête, se répètent les uns aux autres : — La Terre va mourir, certes, oui, mourir ; mais son âme est en nous, qui sommes son aboutissement, son essence elle-même.

1819. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Je crois qu’il avait plutôt le ton d’un gueux royal, avec quelque chose de surhumain dans le regard, dans la voix, dans le geste. « Fils de marchand, dit M.  […] Mais ce plaisir d’errer « sur une grève solitaire » tient précisément à ceci que la solitude n’y est pas complète, que la mer est là, que l’on entend sa voix, que l’on s’abandonne à vouloir comprendre ses plaintes lourdes, que l’on sent près de soi les remuements mystérieux d’une vie obscure et vaste. […] Elle prête sa voix au ruisseau vert qu’un barbare contraint à filer la laine ; au vallon qu’une arche de fer enjambe d’un air insolent ; à la colline blessée par un chemin de fer. […] C’est ainsi que nous avons ces formes, certainement abusives, croix, noix, poix, voix. […] Voix du devoir. — Loiseau, Beaucoup de ces images furent d’abord des plus heureuses ; elles ne sont devenues des clichés que parce qu’on les répéta, faute de trouver mieux.

1820. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Si l’on se mettait à se dire tout haut les vérités, la société ne tiendrait pas un instant ; elle croulerait de fond en comble avec un épouvantable fracas, comme ces galeries souterraines des mines ou ces passages périlleux des montagnes, dans lesquels il ne faut pas, dit-on, élever la voix.

1821. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

On se rappelle, dans les Mémoires de Silvio Pellico, le touchant roman ébauché avec cette Madeleine repentie, dont il n’entend que la voix et les cantiques à travers le mur ; mais le roman reste, pour ainsi dire, dans l’air, à l’état de fil de la Vierge, et flotte en pur rêve.

1822. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Auguste Bernard exige absolument qu’on lui produise, après plus de deux siècles, un acte notarié et un procès-verbal authentique en faveur de ces noms, il peut se flatter d’avoir gain de cause ; mais, faute de ce certificat, auprès de tous ceux qui entendent le mot pour rire, et qui savent encore saisir au vol la voix de la Renommée, cette chose jadis réputée divine et légère, la gloire de Pithou, de Rapin et de Passerat, n’y perdra rien.

1823. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Mais la très libre Eliot et le révolté Ibsen n’ont point cessé d’être des « réformés » : Eliot, par la continuité de son prêche et par les textes bibliques dont elle a gardé l’habitude d’appuyer ses pensées personnelles ; Ibsen, dont le théâtre abonde en pasteurs, par on ne sait quel accent et quel son de voix.

1824. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Tout ce monde, par divertissement, apprend les noms des auteurs et prête attention à leurs gestes et à leurs attitudes, comme l’habitué d’un café connaît la physionomie de la caissière et s’amuse à distinguer les diverses inflexions de voix des garçons pour crier : « Boum !

1825. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Le poète n’a plus d’intermédiaires entre nous et lui, ni d’enchanteurs pour nous corrompre, ni le débit et le geste d’un Lekain pour donner de l’accent et du corps à des pensées faibles ou vagues, ni les yeux et la voix d’une Clairon ou d’une Lecouvreur pour prêter de la tendresse à des développements de rhétorique.

1826. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Une voix secrète me disait : « Tu n’es plus catholique, ton habit est un mensonge : quitte-le. » J’étais chrétien cependant ; car tous les papiers que j’ai de ce temps me donnent, très clairement exprimé, le sentiment que j’ai plus tard essayé de rendre dans la Vie de Jésus, je veux dire un goût vif pour l’idéal évangélique et pour le caractère du fondateur du christianisme.

1827. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Parlez-moi, votre voix me rassurera dans la solitude d’une grande maison où je loge.

1828. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

C’est aussi un tempérament, Eschyle invente le cothurne, qui grandit l’homme, et le masque, qui grossit la voix.

1829. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Voilà ses voix !

1830. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Ils se présentèrent tous les deux, et ceci est assez amusant et je crois que vous allez approuver : La Fontaine eut quinze voix, Boileau en eut sept.

1831. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Et lui seul, de sa rude voix de puritain, avait parlé d’autre chose que de littérature politique, quand il s’était agi de juger la Révolution française et de déterminer son origine… Il avait entre-aperçu, sortant de sa bauge, la Bête humaine que M. 

1832. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Ce sont les hérésies du temps, les mythologies du passé, et toujours et surtout la grosse et éternelle cuisinière rousse, « lascive, — dit Flaubert, — grasse, avec une voix rauque, la chevelure de feu et des chairs rebondissantes ».

1833. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Le calcul est écrit au tableau, la solution est imprimée dans un livre ou exposée de vive voix ; mais les chiffres que nous voyons ne sont que des poteaux indicateurs auxquels nous nous reportons pour nous assurer que nous ne faisons pas fausse route ; les phrases que nous lisons ou entendons n’ont un sens complet pour nous que lorsque nous sommes capables de les retrouver par nous-mêmes, de les créer à nouveau, pour ainsi dire, en tirant de notre propre fonds l’expression de la vérité mathématique qu’elles enseignent.

1834. (1898) Essai sur Goethe

On entendait alors un appel de la voix de Franz : l’exécuteur de la Sainte-Wehme sortait de sa cachette, sous le lit ; un « Esprit » appelait : « Adélaïde !  […] quelle voix ! […] Dans son ensemble, la figure est charmante, nous l’avons déjà dit, d’une grâce mélancolique et discrète dont on se sent bien vite ému comme au heurt de certains regards, comme au son de certaines voix ; elle est tendre, bonne et naïve, et chastement passionnée, et faible et forte à la fois, avec ces contradictions, ces revirements, ces abandons, ces reprises dont l’instinct féminin joue, même sans ruse, pour nous attirer, nous prendre et nous garder.

1835. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Aux époques où les yeux et les oreilles sont « pleins de limon », au point qu’ils ne perçoivent plus la voix de la raison et de la philosophie, n’entendent plus la sagesse vivante et personnifiée, soit qu’elle porte le nom d’Épictète ou celui d’Épicure, la croix dressée des martyrs et la trompette du jugement dernier suffiront peut-être à produire de l’effet pour décider de pareils peuples à une fin convenable. […] Bref, tu peux obéir à ta conscience de cent façons différentes. » Songe aussi aux habitudes prises : « Si tu écoutes tel ou tel jugement comme la voix de ta conscience, en sorte que tu considères quelque chose comme juste ; c’est peut-être parce que tu n’as jamais réfléchi sur toi-même et que tu as accepté aveuglément ce qui, depuis ton enfance, t’a été désigné comme juste. » Songe encore à un subtil déguisement de ton amour-propre, comme dirait La Rochefoucauld, c’est-à-dire de ton intérêt. […] C’est le mot de Napoléon, parfaitement juste : « Que vous écoutiez la voix du sentiment et de la pitié, c’est affaire à vous et c’est très bien de votre part ; mais à moi, Monsieur de Metternich, qu’importe que cent mille hommes vivent ou périssent ?  […] » Rien, ou si quelque chose nous le dit, c’est précisément la morale ou je ne sais quoi, qui emprunte sa voix : Tu dois savoir pour éclairer les hommes sur les vérités et les rendre plus heureux ; tu dois être artiste pour les rassembler dans des jouissances désintéressées et les rendre, par cette concorde, plus heureux ; tu dois te dévouer à l’État pour assurer le bonheur de tes concitoyens. Mais ni la science, ni l’art, ni la politique n’ont par eux-mêmes cette voix de commandement et cet accent impératif.

1836. (1881) Le roman expérimental

Je suis sourd à la voix des médecins qui demandent qu’on leur explique expérimentalement la rougeole et la scarlatine, qui croient tirer de là un argument contre l’emploi de la méthode expérimentale en médecine. […] C’est un enchanteur, un de ces conteurs méridionaux qui jouent ce qu’ils content, avec des gestes qui créent et une voix qui évoque. […] Cela met dans ses œuvres un silence sépulcral ; il n’y a là que des choses, aucune voix, aucun frisson humain ne monte de cette terre morte. […] J’en étais là, je relisais certains passages, lorsque, du fond de mon jugement, une voix, faible d’abord, m’a crié : « Pourquoi pas ?  […] Hennique me paraît apporter ce don de création qui fait vivre un personnage, qui le place dans son air propre, lui donne le geste naturel et la voix juste.

1837. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Celui qui fait la grosse voix est en colère. » — Au commencement, étant donné un individu ou événement d’une certaine classe, il ne portait sur lui qu’un de ces jugements généraux ; bientôt il en porte deux, trois, quatre, puis dix, vingt, cent, et ainsi de suite. […] Pour trouver son antécédent, nous recueillons beaucoup de cas où une oreille saine perçoit un son, le son produit par une cloche, par une corde qu’on pince ou que frotte un archet, le son d’un tambour que l’on frappe, d’un clairon où l’on souffle, le son de la voix humaine, le son que vous entendez dans l’eau ou en mettant l’oreille contre une poutre que l’on choque légèrement, etc.

1838. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Mais quel brave cœur, et comment on entend, lorsqu’il est seul avec Antoine, le mâle accent, la profonde voix qui a tonné dans les batailles ! […] Le sénateur Antonio arrive chez cette Aquilina, qui l’insulte ; cela l’amuse ; les gros mots reposent, au sortir des respects ; il fait la petite voix, il manie son fausset, comme un pitre. « Nacki, Nacki, Nacki ; je suis venu, petite Nacki ; onze heures passées ; une bonne heure ; assez tard en conscience pour se mettre au lit, Nacki.

1839. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Toutes les oppositions réunies eussent trouvé leur limite en deux millions de voix tout au plus. […] Je voudrais que, dans les élections primaires, l’homme marié votât pour sa femme (en d’autres termes, que sa voix comptât pour deux ), que le père votât pour ses enfants mineurs ; je concevrais même la mère, la sœur confiant leur pouvoir à un fils, à un frère majeurs.

1840. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

De là d’actives discussions et mille idées en jeu, soit par correspondance, soit surtout de vive voix durant le séjour que Fauriel alla faire en Italie dans les années 1823-1825. […] Viennent ensuite les chansons romanesques ou idéales, celles où la fiction a plus de part et qui se rapportent à des légendes ou à des superstitions populaires ; plus d’une respire le souffle errant d’un Théocrite dont la flûte s’est perdue, mais qui en retrouve dans sa voix quelques notes fondamentales. […] Toutes les grandes questions s’agitaient ainsi en divers sens à son oreille, et il avait voix prépondérante auprès de chacun.

1841. (1864) Études sur Shakespeare

Cependant ces hommes sont nés pour sentir des joies plus nobles et plus vives ; en eux reposent des facultés que la monotonie de leur existence laisse s’endormir dans l’inaction : qu’une voix puissante les réveille ; qu’un récit animé, un spectacle vivant viennent provoquer ces imaginations paresseuses, ces sensibilités engourdies, et elles se livreront à une activité qu’elles ne savaient pas se donner elles-mêmes, mais qu’elles recevront avec transport ; et alors naîtront, sans le concours de la multitude, mais en sa présence et pour elle, de nouveaux jeux, de nouveaux plaisirs qui deviendront bientôt des besoins. […] À la vérité, au fond des masses populaires, la réforme, flattée mais non satisfaite, grondait sourdement ; on l’entendait même élever par degrés cette voix qui devait bientôt ébranler toute l’Angleterre. […] L’impétueuse préoccupation de Hotspur est plaisante quand elle l’empêche d’écouter toute autre voix que la sienne, quand elle met ses sentiments et ses paroles à la place des choses qu’on veut lui dire, et qu’il a dessein d’apprendre ; elle devient sérieuse et fatale quand elle lui fait adopter, sans examen, un projet dangereux qui le saisit tout à coup de l’idée de la gloire.

1842. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Schlegel cite la scène où Coriolan, pour parvenir au consulat, doit briguer les voix des citoyens de la basse classe ; comme il les a trouvés lâches à la guerre, il les méprise de tout son cœur ; et, ne pouvant pas se résoudre à montrer l’humilité d’usage, il finit par arracher leurs suffrages en les défiant. […] Si tu avais en horreur les regrets de notre douleur, si tu méprisais ces gouttes d’eau que la nature avait laissé couler de nos yeux, une sublime idée t’inspira de faire pleurer à jamais le grand Neptune sur ta tombe. » C’est ainsi que Timon fait des vents l’hymne de ses funérailles ; que le murmure de l’Océan est une voix de douleur sur ses dépouilles mortelles, et qu’il cherche enfin dans les éternelles solennités de la nature l’oubli de la splendeur passagère de la vie. […] La peinture d’un pareil personnage, et des passions qu’il sait mettre en jeu pour les faire servir à ses intérêts, offre un spectacle d’autant plus frappant qu’on voit clairement que l’hypocrisie de Richard n’agit que sur ceux qui ont intérêt à s’en laisser aveugler ; le peuple demeure muet à ces lâches appels par lesquels on l’invite à s’unir aux hommes en pouvoir qui vont donner leur voix pour l’injustice ; ou si quelques voix inférieures s’élèvent, c’est pour exprimer un sentiment général d’éloignement et d’inquiétude, et faire entrevoir, à côté d’une cour servile, une nation mécontente.

1843. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

« Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite ; et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu’elle vouloit faire entendre, que c’étoit la plus parfaite actrice du monde.

1844. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Bernardin, cet écrivain si aimant, ce bienfaisant initiateur de toutes les jeunes âmes à l’intelligence de la nature, ce père de Virginie et de Paul, si béni dans ses enfants, était-il donc un homme dur, tracassier, comme l’ont dit, non pas seulement des libellistes, mais des témoins honnêtes et graves ; comme le disait Andrieux, par exemple, en forçant sa faible voix : « C’était un homme dur, méchant ? 

1845. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Élevant ensuite une voix forte au milieu de la compagnie : « — Socrate, me dit-il, que signifie tout ce verbiage ?

1846. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Il s’en référait pour les détails aux explications que le messager donnerait de vive voix à Cornélia.

1847. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Mais Cydias n’est pas tout Fontenelle ; et ce portrait, plus injurieux que piquant, par lequel La Bruyère se vengea de n’avoir pas eu sa voix à l’Académie, prouve surtout que le peintre n’était pas un candidat endurant.

1848. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

» Je n’ai jamais ressenti d’effroi comme celui que j’éprouvai à ce mot prononcé d’une voix vibrante.

1849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Les honnêtes gens eussent été surpris & révoltés de voir le cri d’un Citoyen étouffé, précisément parce qu’il opposoit la voix de la raison à celle de l’aveuglement & du délire Le Gouvernement est trop désabusé & trop sage, pour n’avoir pas compris qu’il lui importe peu que de plats Ecrivains soient redressés, & beaucoup, que de mauvais Raisonneurs soient confondus.

1850. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Elle se borne à accuser et à accroître cette existence pour soi qui était déjà inhérente à la conscience spontanée ; la réflexion est une répétition ou une concentration, physiologiquement liée au pouvoir qu’ont les cellules de l’écorce cérébrale de répéter et de condenser ce qui a déjà fait vibrer les autres cellules ; la réflexion ne crée rien, elle ne fait que renforcer, comme certains échos qui, au foyer des voûtes sonores, ramassent les sons épars, les amplifient, en font une voix.

1851. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Des rimes et des musiques gaies, pimpantes, allègres, où l’on entend en sourdine le fuselé des feuillages et la voix nerveuse d’un violon.

1852. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle, ce Scribe qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix, ce Solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net, le rey netto, au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale, Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, — résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, — comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.

1853. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Il rit même de la terreur qu’il leur inspire, et jouit comme d’une chose très comique d’être le Croquemitaine de son époque ; car il l’a été un instant, lui qui, malgré sa haine de Dieu et de la propriété, se sent, au fond, un si bon homme, et chanterait à, pleine voix, s’il pouvait chanter : Tenez !

1854. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

» À quoi la voix du locataire répond : « Pourquoi mettez-vous votre terrasse sous mes pipes ? 

1855. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Sa voix entrecoupée, la contrainte de ses yeux, le saisissement et le trouble visible de toute sa personne démentaient le reste de venin dont il ne put refuser la libation à lui-même et à sa compagnie.

1856. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Le sentiment religieux qui se réveillait alors n’était ni bien profond, ni bien réfléchi, et une voix éloquente a pu énumérer, sans parti pris d’optimisme, tout ce qui devait, il y a cinquante ans, accabler les catholiques, tout ce qui doit les rassurer aujourd’hui. […] ou plutôt on ne se donnait pas même la peine de l’injurier ou de lui répondre : on passait outre en haussant les épaules, et la voix criait dans le désert ; ce qui était arrivé déjà à d’autres prophètes, aussi véridiques et aussi mal écoutés. […] « Tout d’un coup, au plus fort du tumulte, s’avance hors de sa loge le grand corps de Voltaire, qui, gesticulant de sa canne vers les spectateurs, leur crie de sa plus tonnante voix : “Magnifiques et très honorés seigneurs !

1857. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Je voudrais encore que cet homme à la voix puissante, tout en donnant les conseils qui précèdent à la démocratie, se donnât surtout pour mission d’instruire de ses devoirs et de ses intérêts l’aristocratie qui s’élève. […] Elle sera triste, parce qu’il faudra, pour être quelque chose, faire la cour à des ouvriers aux mains noires et à des paysans aux mains calleuses, boire dans des cabarets des breuvages très différents du « punch au rhum de minuit et demi », gonfler la voix, brandir des phrases bêtes, perdre très vite toute délicatesse et tout art de penser délicatement. — Elle sera triste parce qu’il faudra être moral, ce qui est ennuyeux, ou affecter de l’être, ce qui est plus ennuyeux encore. Le peuple aime qu’on ait de la moralité, ou plutôt il n’aime pas qu’on jouisse, et ne donne pas ses voix à ceux qui s’amusent. — Elle sera triste parce que le besoin d’une morale, au moins pour se donner un air de dignité et de sérieux, s’imposera à ces Français si gais et si charmants hier encore. […] Pour le parti vainqueur, intimider, terroriser, ruiner, montrer à chaque individu du parti adverse qu’il est perdu s’il y reste ; pour le parti vaincu, haïr, railler, calomnier, menacer, se ronger de « haine impuissante » jusqu’à ce qu’on change de rôle avec le parti vainqueur ; pour l’homme qui ne veut être d’aucun parti, être traité en adversaire parle parti vainqueur et par le parti vaincu également irrités de compter en vous un dissident et une voix de moins : voilà la vie sociale.

1858. (1895) Hommes et livres

À cette clameur pacifique, Montchrétien mêle sa voix : ceux qui ont lu sa biographie ne s’y attendraient guère. […] Serviteurs de Jésus-Christ, si, en nos misérables jours, vous restez encore quelques-uns destinés à ce saint ouvrage, je vous appelle par la voix du Maître qui vous demande en sa vigne ; que le délai ne vous empêche et décourage : quoique vous veniez tard, vous aurez le salaire de tout le jour. […] Avec une justesse extraordinaire, il les prend et les lâche, il les choque et les démêle ; il combine leurs mouvements et leurs gestes et, de sa voix nasillarde, aiguë, rauque ou sifflante, il imite tous les accents, exprime tous les sentiments, toute la diversité des tempéraments et des fortunes. […] ce n’est pas un père de comédie, ce père en haillons qui, drapé dans sa pauvreté et dans sa paternité, porte le pathétique, et parfois jusqu’aux larmes, dans toutes les scènes où il élève sa voix auguste.

1859. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il y a une haute leçon dans le chiffre de voix obtenu par l’auteur de Leurs Figures et de l’Appel au soldat. […] pour toujours adieu… » sa voix, volontiers vibrante et cinglante, s’altérait, s’adoucissait jusqu’au soupir, Pour des raisons semblables, il préférait par-dessus tout, dans Balzac, la suite de romans où se trouve peinte la figure d’Ether, la courtisane amoureuse, et dans Stendhal, les chapitres du Rouge et Noir où Mathilde et Mme de Rénal visitent Julien dans sa prison.

1860. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mais le faible bruit de la voix de Vinet s’est comme évanoui dans le retentissement de la grande voix sonore de Cousin, et c’est au « pyrrhonisme » ou au « scepticisme » de Pascal que continuent de s’attacher, les uns pour en démontrer, les autres pour en nier la réalité, les interprètes, annotateurs et éditeurs des Pensées. […] Quelques voix plus équitables essayèrent en vain d’en appeler. […] Tout son siècle a blâmé d’une seule voix, dans ses romans et dans ses comédies, l’affectation soutenue du langage et l’abus impatientant de l’esprit. […] Et si dans notre siècle, et dans notre siècle seulement, on a reconnu tout d’une voix la supériorité de la petite nouvelle sur le long roman, en voici la raison.

1861. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Ce jeune homme osa blâmer les bienfaits du roi, et indirectement Colbert, qui en avait confié la distribution à Chapelain ; il prit la défense du public sensé, qui se taisait, contre le public de la mode, qui parlait par toutes les voix ; il plaida, selon ses paroles, la cause de la raison contre la rime, c’est-à-dire de l’esprit français contre une mauvaise école de poésie, et il la gagna. […] L’envie, la malignité ni la cabale n’avaient de voix parmi eux.

1862. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Si je la déclare une, des voix intérieures surgissent et protestent, celles des sensations, sentiments, représentations entre lesquels mon individualité se partage. […] Quand un instinct puissant proclame la survivance probable de la personne, elles ont raison de ne pas fermer l’oreille à sa voix ; mais s’il existe ainsi des « âmes » capables d’une vie indépendante, d’où viennent-elles ?

1863. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Platon dit ensuite dans son Gorgias, qu’un orateur doit avoir la subtilité des dialecticiens, la science des philosophes, la diction presque des poëtes, la voix & les gestes des plus grands acteurs. […] Force se dit de toutes les parties du corps qui sont en mouvement, en action ; la force du coeur, que quelques-uns ont fait de quatre cents livres, & d’autres de trois onces ; la force des visceres, des poumons, de la voix ; à force de bras. […] La voix d’un orateur qui manquera d’inflexion & de douceur, sera sans grace.

1864. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ils n’ont pas l’air de s’ennuyer ; ils savent heurter argument contre argument, patienter, réclamer gravement, recommencer leur réclamation ; ce sont les mêmes gens qui attendent le train au bord de la voie ferrée, sans se faire écraser, et qui jouent au cricket deux heures durant sans élever la voix ni se disputer une minute.

1865. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Nous allons aujourd’hui vous entretenir de la sculpture, littérature éternelle, qui, au lieu d’écrire des sons pour la voix humaine, ou au lieu d’écrire des couleurs sur une toile pour l’œil, ou au lieu d’écrire des lettres sur un papier fragile pour la pensée, écrit en lettres de bronze ou de marbre des formes pour le toucher.

1866. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Il y avait douze jours qu’il gardait le lit, avant la publication de ces bulletins médicaux ; ses forces physiques avaient visiblement décliné, mais sa vigueur d’esprit avait toute sa puissance, quoique la voix fût un peu plus fatiguée.

1867. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Né en Champagne vers le milieu du xiie  siècle il prit la croix à la voix de Foulques, curé de Neuilly qui prêchait la croisade au nom du grand pape Innocent III.

1868. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Pascal cherchera si ce Dieu n’a pas parlé en nous par une voix plus claire encore, et s’il n’y a pas quelque marque plus sensible à laquelle non seulement nous connaissons qu’il existe, mais nous sentons qu’il est présent : il nous fera voir sa trace sur cette terre où nous vivons ; il nous fera ouïr ses paroles ; il le rapprochera de nous sans l’abaisser.

1869. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Le Chant du Départ lui avait fait une vive impression, elle ne récitait jamais le beau vers prononcé par les mères : De nos yeux maternels ne craignez point les larmes… sans que sa voix fût émue.

1870. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Nous avons vu déjà que sur vingt-six oiseaux terrestres qu’on y trouve, vingt et un et peut-être vingt-trois sont rangés comme des espèces distinctes qu’on suppose créées dans le lieu même ; pourtant rien n’est plus manifeste que les affinités de la plupart de ces oiseaux avec des espèces américaines, dans leurs habitudes, leurs mouvements, leur son de voix et presque en chacun de leurs caractères.

1871. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Il s’entend parler, il se voit agir, mais il sent qu’un autre lui a emprunté son corps et lui a pris sa voix.

1872. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Des mots écrits, s’ils furent vraiment écrits pour passer par la voix des hommes, par leur masque et par leurs membres, ne peuvent pas ne pas en garder la mémoire ou comme l’imprégnation. […] Parfois, tout le peuple assistant entre dans le chœur et des milliers de voix répondent aux protagonistes.

1873. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Mais peut-être écouterez-vous encore la voix de vos miséricordes : Multa flagella peccatoris, sperantem autem, etc.

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