Si l’on se reporte pour la comprendre pleinement à l’étude sur le beau caractéristique qui se trouve à la tête du catalogue déjà cité, on verra qu’en somme M.Raffaëlli, à travers d’ailleurs bien des obscurités et des longueurs, écartant les désignations de classicisme, de réalisme, de romantisme et de naturalisme, posant en principe » qu’esthétiquement toute époque a une notion particulière du beau, que socialement notre époque est caractérisée par un épanouissement, complet de l’individualisme et de l’égalité, qu’ainsi l’unité humaine autonome et libre est le facteur principal de notre vie sociale, on arrive à cette page d’un grand souffle sur la nécessité où est la peinture de travailler à représenter l’homme et toutes sortes d’hommes.
Ennemis du pouvoir, sans nul doute, et ennemis comme il n’en exista jamais peut-être, puisqu’ils prétendent le supprimer comme une inutilité ou une imperfection sociale, leur hostilité est si grande qu’elle nous révolte, et que, pour la comprendre, il faut déjà la partager.
C’est un romancier qui a placé et élargi la comédie dans le roman, mais qui n’en est pas moins resté sérieusement attaché à la vérité de l’art et à la vérité sociale.
Il regarda les groupes sociaux, les familles, les nations, les races, comme Pasteur regarde des colonies de microbes. […] Elle peut accroître ou diminuer, par son progrès ou son dépérissement, la substance même du corps social. […] Elle votera de belles et bonnes lois réactionnaires, laissera l’ordre social et politique existant sous Louis-Philippe subsister indéfiniment et, qui sait ? […] L’ordre social actuel sera anéanti par tous les moyens, parce qu’il est irréligieux, c’est-à-dire stupide et mauvais ; mais pas un seul des démocrates actuels n’a le sens de cette transformation magnifique. […] Ne me dis pas que la lutte est ouverte entre les principes moraux que nous confessons tous deux et les iniquités sociales de ce temps.
Pour Rousseau, quoique Rousseau ait quelques traits vagues d’une âme religieuse, Dieu est, comme pour Voltaire, en dernière analyse, une idée qui importe à la conservation de l’état social et que l’État doit imposer par la force aux citoyens ; Dieu est un article important du Contrat social. […] La foi est le premier élément social, l’élément social fondamental. […] Et, de fait, il n’en fallait pas autoriser une seule, parce que toutes étaient « en dehors de la vie familiale et de la vie sociale ». […] Vertueux peut-être, mais de vertus qui, étant antisociales, peuvent et doivent être appelées des vices sociaux. […] Dès que le peuple demandait un peu impatiemment une réforme sociale, le Sénat lui montrait un peuple à conquérir ou un roi étranger menaçant.
Les uns, les plus ardents, les plus avancés, à ce qu’ils affirment, la systématisent de plus en plus dans leurs appréciations ; ils vont à tout coordonner, hommes et choses, en d’orgueilleuses formules prétendues philosophiques et sociales, qui torturent, selon nous, la diversité des faits et qui leur imposent à toute force un sens sophistique, indépendant des misérables passions le plus souvent dominantes. […] Pour nous, qui adoptons ces résultats et qui les goûtons, tout en sentant leur misère au prix de ce que nous avions rêvé, qui croyons à un perfectionnement social, bien lent toutefois et de plus en plus difficile grâce aux fautes de tous, nous continuons de nous tourner par instants vers ces horizons dont le vaste éclat enflammait notre aurore, vers ces noms que nous avons si souvent invoqués, espérant avoir à en reproduire les exemples et les vertus. […] En les rapprochant des événements récents (et on ne peut s’empêcher de le faire en voyant les mêmes intérêts aux mains, les mêmes guerres recrudescentes, et jusqu’aux mêmes devises sur les drapeaux), on apprend combien la vieille plaie a duré et s’est aigrie, combien, à plus de quarante ans de distance, on a peu gagné de remèdes par cette science sociale tant vantée : on rentre dans l’humilité alors, de se voir si médiocrement avancé, bien que sous l’invocation perpétuelle de ce dieu Progrès que de toutes parts on inaugure77.
Toutes les professions sociales, tout ce que Rabelais appelle la vie œconomique en avait sa part. […] Pantagruel et Panurge ne représentent pas seulement le caractère général de l’homme, mais celui qu’il reçoit des deux conditions sociales les plus universelles, la grandeur et la petitesse, la richesse et la pauvreté. […] Il n’y a pas moins de vie dans certains types d’hommes qui recevaient leurs formes, soit d’institutions florissantes alors, soit de professions sociales qui subsistent encore, quoique modifiées par le temps et le progrès de la société.
Je voudrais dépeindre et montrer Chamfort au point de vue de la société de son temps, dans ses rapports avec l’ancien ordre social, dans sa rupture éclatante avec le régime qui avait tout fait pour se le concilier, et dans son acceptation ardente du régime nouveau. […] Toutes ces anciennes inégalités, toutes ces nuances sociales si adoucies sur lesquelles il avait vécu durant trente ans, ce lit de roses dont il s’était fait un lit d’épines, lui revenaient avec fureur et le dévoraient. […] Littré, des hommes de pensée, de labeur, de moralité pratique et de haute doctrine sociale comme M.
« Quand on aura prouvé, écrit Zola, que le corps de l’homme est une machine, dont on pourra un jour démonter et remonter les rouages au gré de l’expérimentateur, il faudra bien passer aux actes passionnels et intellectuels de l’homme… On a la chimie et la physique expérimentale, on aura la physiologie expérimentale ; plus tard encore on aura le roman expérimental… Nous devons opérer sur les caractères, sur les passions, sur les faits humains et sociaux, comme le chimiste et le physicien opèrent sur les corps bruts, comme le physiologiste opère sur les corps vivants. […] C’est l’investigation scientifique, c’est le raisonnement expérimental qui combat une à une les hypothèses des idéalistes, et qui remplace les romans de pure imagination par les romans d’observation et d’expérimentation… C’est là ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue. Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société… En somme, tout se résume dans ce grand fait : la méthode expérimentale, aussi bien dans les lettres que dans les sciences, est en train de déterminer les phénomènes naturels, individuels et sociaux, dont la métaphysique n’avait donné jusqu’ici que des explications irrationnelles et surnaturelles8. » En résumé, de même que, suivant Claude Bernard, la « méthode appliquée dans l’étude des corps bruts, dans la chimie et dans la physique, doit l’être également dans l’étude des corps vivants, en physiologie et en médecine », de même, suivant Zola, la méthode expérimentale qui conduit à la connaissance de la vie physique, « doit conduire aussi à la connaissance de la vie passionnelle et intellectuelle. » « Ce n’est qu’une question de degrés dans la même voie, ajoute le romancier, de la chimie à la physiologie, puis de la physiologie à l’anthropologie et à la sociologie.
Mais qu’était-ce donc que Lacenaire, sinon Vautrin passant du domaine de la fiction dans celui de la réalité, et protestant par trois ou quatre assassinats contre les vices de l’organisation sociale ? […] Mais il existe dans le monde une force, une grâce, une influence, toujours présente, toujours vivante ; une puissance anonyme et charmante qui résiste à nos variations sociales. […] Les honnêtes gens, les honnêtes femmes, les esprits sérieux et délicats, comprendront qu’il y a des affinités profondes, des solidarités intimes, entre les désordres littéraires et les décadences sociales, entre les aberrations du goût et la dégradation des mœurs, entre les difformités de la langue et les turpitudes de la pensée. […] Hugo et pour ses amis l’importance réelle, le grand événement des Contemplations, réside dans la partie militante, dans les pièces où il a arboré le drapeau de la révolution sociale, littéraire et religieuse. […] Quoi qu’il en soit, centralisation administrative, morcellement de la propriété, isolement des classes, hiérarchies sociales ne se produisant plus que parleurs aspects vexatoires, abusifs et irritants, il y avait là tout ce qu’il fallait pour hâter, faciliter et envenimer la Révolution.
Il renonce à son rôle politique et Social. […] Le monde où l’on nous introduit est ce milieu populaire que hante le même désir d’une grande refonte sociale. […] Surgit-il dans la lutte sociale un être de proie, nature d’écumeur et de forban ? […] Chez les Morticoles, il n’y a que deux classes sociales, dont l’une est de médecins et l’autre de malades. […] Mais c’est qu’ils n’ont pas d’importance au point de vue social.
C'est une de ces théories fondamentales comme depuis longtemps l’École n’en fait plus, une tentative hardie de réforme de toute la science de la vie et par suite de l’art de guérir, une façon de Contrat social de la physiologie et de la thérapeutique : c’est encore quelque chose à l’allemande plutôt qu’à la française.
De même qu’à la page 437, dans une région sociale différente, etc., c’est lui-même, Rémusat, un des plus charmants causeurs et des plus fertiles.)
Le xviie siècle, qui était un siècle beaucoup plus social qu’individuel, avait un style, comme une politesse et une étiquette.
Morel-Fatio reproche à l’auteur de Ruy Blas d’avoir gravement altéré la généalogie des Bazan, ou de s’être trompé sur la condition sociale des employés de la contaduria mayor. […] Disons-le plus nettement encore : la connaissance de la nature ne peut servir qu’à en éloigner l’homme social, et la grande erreur du siècle est d’avoir cru qu’elle l’en devait rapprocher. […] Montesquieu, lui, serait encore et toujours le Président, comme on l’appelle dans les salons qu’il fréquente, c’est-à-dire un personnage : et il en respecte en lui la dignité sociale. […] Pourquoi encore nous indignerons-nous contre l’esclavage ou contre l’Inquisition, si les phénomènes historiques et sociaux sont conditionnés eux-mêmes par d’autres phénomènes, sur lesquels nous ne pouvons rien de plus que sur la révolution de la terre autour de son axe, ou sur le refroidissement du soleil ? […] Tandis que Bossuet fait de la religion le fondement mystique de l’institution sociale, c’est le respect de l’institution sociale dont on peut dire qu’il fait lui seul toute la morale, toute la philosophie, toute la religion de Montesquieu.
Il représente, lui, l’honnêteté formaliste et pharisaïque, le respect des conventions sociales. […] Ainsi un nouvel état social crée des vertus nouvelles ou modifie, tout au moins, la hiérarchie des vertus. […] Les vertus qu’il a recommandées sont vertus de conservation sociale plus que de perfectionnement individuel ou de vie intérieure. […] Ne m’attribuez pas, je vous prie, le respect étroit, superstitieux et vil des hiérarchies sociales. […] Destructif, si vous le voulez (du moins par ses actes), du prestige de la classe sociale à laquelle il appartient.
Et de ce malheureux tiers, elle a tout renié, tout abjuré, conventions sociales, idées, mœurs, langue… Elle est devenue peuple. […] Du fond de sa cellule il a suivi, narquoisement attentif, le spectacle social. […] Noblesse, peuple, bourgeoisie trafiquante ou rentière, tous les groupes sociaux ont fourni à l’artiste des exemplaires de choix. […] Politique, religion, question sociale. […] Son père, féru de lettres et de philosophie, entêté du Contrat social, y avait vécu en plein.
Quant aux moyens pratiques de réaliser ce triple idéal, ils sont les plus simples du monde : il suffit d’écrire beaucoup de romans sociaux en dix volumes. […] Mais ils doivent plaire à ceux qui s’intéressent aux problèmes sociaux. […] Dans l’univers social, comme dans l’univers physique, il n’y a ni haut ni bas. […] Quelle influence pourrais-je exercer en faveur de mes frères malheureux, étrangers et proscrits, dans un pays où l’égoïsme occupe toutes les principales positions sociales ? […] Mais sur tous les points essentiels de la politique, à l’égard de toutes les grandes questions sociales, je n’ai point varié et je ne varierai jamais.
Romain, Cicéron voit dans la constitution romaine la réunion de ces trois forces sociales ; les consuls y représentent la monarchie, le sénat y représente l’aristocratie, et les pouvoirs éligibles y représentent le peuple. […] » Lisez ensuite cette belle définition du peuple : « Un peuple n’est pas toute agrégation d’hommes rassemblés par hasard, mais un peuple est une société formée sous la garantie des lois pour l’utilité réciproque de tous les citoyens. » La doctrine du prétendu Contrat social de J. […] Rousseau, qui attribue la formation de la société à une délibération, y est réfutée vingt siècles d’avance par Cicéron, qui attribue la société à l’instinct social, révélation de la nature humaine. […] C’était le citoyen, l’homme social après la société.
Les êtres de ce milieu sont des âmes journalières et ordinaires, toute la moyenneté des fonctions sociales, le pharmacien, l’officier de santé, le notaire, le banquier, l’industriel d’art, le répétiteur de droit, l’habitué d’estaminets, et les femmes de ces gens. […] Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste. […] D’autres, pris, semble-t-il, avec une particulière conscience, au plein milieu de l’humanité courante, Charles Bovary, cet être essentiellement médiocre et chez qui une bonté molle ajoute à l’insupportable pesanteur morale, — Jacques Arnoux, plus canaille et plus réjoui, mais non moins irresponsable, béat, et odieux, traduisent tout ce que le type humain social de la moyenne contient de lourde bassesse et de haïssable laisser-aller. […] Madame Bovary est par certains côtés la femme, et Homais reste comme l’exemple grotesque de toute une catégorie sociale.
Il balayait les princes, les nobles, les inégalités sociales, et même se souciait peu qu’il y eût du sang au balai. […] Michelet, comme la plupart des hommes nés dans le pêle-mêle social qui suit toujours les révolutions, et placé bien plus près de ce qui est en bas que de ce qui est en haut par les hasards de sa destinée, a dû se pencher avec les avides aspirations du désir et de l’orgueil souffrant vers la popularité, ce souffle qui nous vient de la terre, mais qui nous enlève. […] Jésus-Christ), entre l’injuste Dieu qui sauve les élus, ceux qu’il aime et qu’il préfère, les favoris de la grâce, et le dieu de justice, le dieu de la révolution, duquel dérive une société juste, démocratique, égale (c’est le paradis de la Sociale avec l’abolition de l’enfer) ! […] Rien de moins bourgeois que Mme de Staël ; elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante, si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu, à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, Mme de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée.
Nous verrons, en nous arrêtant à cette œuvre singulière, jusqu’où va le talent inné d’Edgar Poe et où il se brise, se fausse et cesse d’être, sous les influences du milieu social le plus positif et le plus raisonnable dans le sens que Locke et Bentham donneraient à ce mot. […] Tout ce qui tient à la, brutalité sourde de cette société américaine, qui se soucie bien d’un grand poète et le brise aussi indifféremment qu’une machine coupe le sein à une jeune fille, Baudelaire nous l’a montré avec une vérité admirable et un sentiment indigné de lion qui gronde… Mais ôtez la victime sociale et la splendeur de ses bandelettes, vous n’avez plus rien dans son histoire ! […] A nos yeux, à nous qui ne croyons pas que l’Art soit le but principal de la vie et que l’esthétique doive un jour gouverner le monde, ce n’est pas là une si grande perte qu’un homme de génie ; mais nul n’est dispensé d’être une créature morale et bienfaisante, un homme du devoir social. […] été créé non plus pour tourner, de ses délicates et suzeraines mains d’artiste, les grossières manivelles de la mécanique sociale qui a fini par le broyer sous ses rouages aveugles et sourds.
M. de Meilhan paraît compter, pour varier la monotonie, sur quelques petites guerres encore, sur trois ou quatre banqueroutes ; mais ces accidents qu’il prévoit ne lui paraissent pas de nature à régénérer suffisamment le fond social ni à en dérider la surface : Quelle ressource, se demande-t-il, aura donc alors l’esprit humain agité par son énergie, pour se manifester ? […] une simple idée ne lui vient pas en 1787, c’est que la monarchie sous laquelle il vit n’est pas un édifice indestructible, une voûte éternelle : « De nos jours, dit-il, la puissance des souverains est assise sur des bases inébranlables » ; et il part de là, comme d’un point fixe, dans sa supposition étrange d’une langueur et d’une insipidité sociale croissante.
Mais tout cela, exemples ou préceptes, tout ce qui, chez les Anciens, fait de la très belle morale sociale et philosophique n’est pas le christianisme même vu à sa source, et dans son esprit et dans sa racine. […] Puis, quand la doctrine fut sortie de dessous terre et eut levé en mille endroits à la fois, comment devint-elle en peu d’années un ferment et une matière politique, un danger ou une ressource, une force avec laquelle il fallut compter et qui, non sans se modifier elle-même quelque peu dans le sens social, s’imposa enfin aux Empereurs eux-mêmes ?
Il courait de là tout autour, par les sites montueux, avec une joie sauvage, pleine de vertige et d’ivresse, et comme un Oberman, mais un Oberman qui veut être consolé : « Mon premier sentiment, dans ma retraite ignorée, fut une espèce de joie de me trouver enfin délivré des agitations de la vie sociale. […] Veyrat, au contraire, de la démocratie violente et à main armée, passait et revenait au catholicisme absolu comme à l’unique remède social.
Réfléchissez un peu : à chaque révolution, à chaque calamité sociale un peu longue, quelle interruption notable en tout se fait aussitôt sentir ! […] Molé, il me semblait reconnaître une teinte marquée de cette époque qui se réfléchissait dans son discours ; c’était un certain accent de doctrines religieuses, sociales, conservatrices, réparatrices.
L’on voit que, dans chaque siècle, de nouveaux peuples ont été admis au bienfait de l’ordre social, et que la guerre, malgré tous ses désastres, a souvent étendu l’empire des lumières. […] Les nobles, ou ceux qui tenaient à cette première classe, réunissaient en général tous les avantages d’une éducation distinguée ; mais la prospérité les avait amollis, et ils perdaient par degré les vertus qui pouvaient excuser leur prééminence sociale.
Sous le rapport de la morale, sous le rapport de la politique, il existera beaucoup de distinctions à faire entre les passions viles et généreuses, entre les passions sociales et antisociales ; mais, en ne calculant que les peines qu’elles causent, elles sont presque toutes également funestes au bonheur. […] C’est dans la crise d’une révolution qu’on entend répéter sans cesse, que la pitié est un sentiment puérile, qui s’oppose à toute action nécessaire, à l’intérêt général, et qu’il faut la reléguer avec les affections efféminées, indignes des hommes d’état ou des chefs de parti ; c’est au contraire au milieu d’une révolution que la pitié, ce mouvement involontaire dans toute autre circonstance, devrait être une règle de conduite ; tous les liens qui retenaient sont déliés, l’intérêt de parti devient pour tous les hommes le but par excellence : ce but, étant censé renfermer et la véritable vertu et le seul bonheur général, prend momentanément la place de toute autre espèce de loi : hors dans un temps où la passion s’est mise dans le raisonnement, il n’y a qu’une sensation, c’est-à-dire, quelque chose qui est un peu de la nature de la passion même, qu’il soit possible de lui opposer avec succès ; lorsque la justice est reconnue, on peut se passer de pitié ; mais une révolution, quel que soit son but, suspend l’état social, et il faut remonter à la source de toutes les lois, dans un moment où ce qu’on appelle un pouvoir légal, est un nom qui n’a plus de sens.
Il concevait la tolérance religieuse, en bon Français comme une nécessite politique, en bon chrétien comme un commandement de l’Évangile : les événements du siècle lui semblaient en donner la démonstration expérimentale, et il ne cessa de la prêcher, aux Rois, aux États, aux Parlements : c’était l’unique moyen de rétablir la paix sociale et de maintenir l’unité du royaume, disait-il quarante ans presque avant l’édit de Nantes. […] Taillandier réimprime le mémoire au Roi d’après l’édition imprimée en 1568 : on voit que ce mémoire fut en réalité adressé à l’opinion publique autant qu’au roi. — Il y aurait lieu d’examiner dans quelle mesure l’authenticité du Traité de la Réformat ou de la justice doit être suspectée : j’y trouve deux pages bien étonnantes de divination sur les conséquences que les abus sociaux doivent nécessairement amener, et je doute qu’une créature des Seguier ait pu écrire de telles choses au xviic siècle.
C’est le journal instructif d’un esprit supérieur qui prend intérêt avant tout aux choses de l’administration et de l’organisation sociale, et qui tient à les faire comprendre ; mais ces remarques positives et spéciales n’absorbent pas le voyageur, et le récit perd, en avançant, toute sécheresse. […] Ces questions politiques ont aujourd’hui perdu de l’intérêt actuel qui les rendait encore si vivantes il y a douze ans ; je ne fais que les indiquer en passant ; mais dans ces volumes du duc de Raguse, je voudrais citer pourtant, comme pages durables et dignes d’un moraliste social aussi judicieux que fin, l’appréciation qu’il fait de la race arabe, des Arabes du désert et des qualités essentielles qui les caractérisent : D’abord, dit-il, la patience qu’ils montrent en tout.
La névrose après avoir causé l’incapacité sociale du duc Jean, affiné son intelligence jusqu’à l’amincir, apparaît en lui plus ouvertement, le poursuit d’hallucinations, le force une première fois — dans l’épisode du voyage ébauché à Londres à tenter de rentrer dans la vie, l’anémie le mine et l’accable dans une prostration finale jusqu’à ce que la folie et la phtisie le menaçant — le duc Jean se résolve sur l’ordre de son médecin à revenir au monde pour mourir plus lentement. […] III En cette psychologie du pessimiste, qui juge la vie mauvaise en soi, répugne aux contacts sociaux, méprise ou bafoue les êtres les plus sains, plus bornés et robustes, plus aptes à agir et à jouir de concert, M.
La révolution sociale qu’élabore de toutes parts la fin du XIXe siècle mène donc droit à l’anarchie. […] Car il est des gens, fort nombreux aujourd’hui, qui l’envisagent comme le reste d’un dogme arbitraire, ou comme le produit artificiel d’une longue éducation sociale, et de ce chef le tiennent pour suspect. […] Privées du contrepoids que formaient les convictions et les caractères fortement trempés de nos aïeux, elles rompent l’équilibre social et fermentent étrangement au sein des âmes redevenues païennes. […] Aristocratiques par leurs habitudes sociales et leur éducation, elles sont moyennes par nature et par naissance. […] Elles deviennent partie intégrante du vaste organisme social et s’ajoutent, comme un facteur important, à la somme des phénomènes soumis aux investigations du savoir méthodique.
La veille encore, à cinq heures du soir, cet ami de quarante ans était assis à mon coin du feu, causant, non sans quelque ombre de tristesse, de toutes ces choses qui nous étaient communes et chères, idées d’art et de philosophie sociale, souvenirs du passé, perspectives un peu sombres et voilées de l’avenir.
Dans le premier cas, on cherche si l’œuvre est conforme aux lois provisoirement « nécessaires » du genre auquel elle appartient, ou simplement aux exigences ou habitudes de l’esprit et du goût latins, et, d’autres fois, si elle est conforme aux intérêts de la moralité publique et de la conservation sociale.
Au lieu de ces brèves périodes d’activité automatique et qui n’intéressent qu’un nombre de mouvements coordonnés relativement minime, on peut imaginer dans une vie sociale mieux réglée, de laquelle on serait parvenu à éliminer l’accident et l’imprévu, des suites beaucoup plus longues d’actes automatiques.
Avec d’autres, il inaugure dans le roman, à côté de l’étude de l’amour, qui en restera la tâche et le prestige, l’étude de la haine qui commence à sourdre entre l’homme et la femme à une époque où ils aperçoivent l’antagonisme de leurs intérêts sociaux et devinent l’hostilité de leurs fonctions vitales.%220 % Certains vers de la Justice de Sully Prud-homme commentant certaines pages de Darwin, sont la préface de cette nouvelle tendance.
Ils disaient : « Nous vivons, sous la mitraille, en République sociale.
Apollon est le dieu de la lumière, de la lumière sociale, qui environne les héros nés des mariages solennels, des unions consacrées par les auspices.
L’homme et l’œuvre expriment nettement une époque distincte de notre vie sociale et de notre activité littéraire. […] Les esprits universels ne se brisent pas contre les catégories sociales : tous les génies peuvent s’épanouir, tous les efforts se développer en tous les sens. […] Mais le talent littéraire vient par surcroît, donnant à l’homme sa place dans l’estime publique, non dans la hiérarchie sociale. […] Puis un siècle s’écoulera, et la société polie s’engouera de science, de politique et de questions sociales. […] Il n’est pas révolutionnaire ni démocrate ; mais tout respect social cède à l’intérêt de la bonne expédition des affaires.
Si d’abord il voulut se jeter à corps perdu dans le travail, séduit bientôt par la nécessité de se créer des relations, il remarqua combien les femmes ont d’influence sur la vie sociale, et avisa soudain à se lancer dans le monde, afin d’y conquérir des protectrices : devaient-elles manquer à un jeune homme ardent et spirituel, dont l’esprit et l’ardeur étaient rehaussés par une tournure élégante et par une sorte de beauté nerveuse à laquelle les femmes se laissent prendre volontiers ? […] Tout à coup le jeune ambitieux reconnut, dans les souvenirs dont sa tante l’avait si souvent bercé, les éléments de plusieurs conquêtes sociales, au moins aussi importantes que celles qu’il entreprenait à l’École de droit ; il la questionna sur les liens de parenté qui pouvaient encore se renouer. […] Courtisée pour sa beauté par le comte de Restaud, Anastasie avait des penchants aristocratiques qui la portèrent à quitter la maison paternelle pour s’élancer dans les hautes sphères sociales. […] Vous verrez toujours mon malheur s’agrandissant en raison de la circonférence des sphères sociales où j’entrerai. […] En proie à d’indicibles pressentiments, je redoutais ces poignées de main qui déshonorent, j’entrevoyais les difficultés élastiques où se heurtent les plus rudes volontés et où elles s’émoussent ; je craignais cette force d’inertie qui dépouille aujourd’hui la vie sociale des dénouements que recherchent les âmes passionnées. » La première entrevue avec Mme de Warens et la première journée des Charmettes n’ont pas ce fini de description.
Zola s’est interdit tout écart de fantaisie ; il semble, aujourd’hui, s’éloigner de plus en plus de l’intrigue, se borner à l’étude pure et simple des cas humains et des phénomènes sociaux. […] Poulot étudie les divers types d’ouvriers mécaniciens qu’il a rencontrés dans sa carrière ; de cette étude particulière, Il s’élève à des considérations générales sur la position des prolétaires ; et, dans la seconde partie, il aborde hardiment la question sociale. […] Zola est vraie, qu’elle n’est ni une calomnie lancée contre le peuple, ni une caricature de la classe ouvrière, peut-être même qu’elle a une portée sociale. […] Ce qui crée leur diversité, ce n’est pas la différence de leur position sociale ; un ouvrier peut différer d’un ouvrier tout aussi bien que d’un grand seigneur, et ceux qui reprochent à l’Assommoir de n’être éclairé par aucun rayon, ne se sont pas donné la peine de le lire et de le comprendre. […] Généralement, pourtant, ce drame tant décrié a eu l’étrange avantage de gagner la cause du roman ; on a reconnu que le livre pouvait étudier les plaies sociales ; on reconnaîtra bien une fois que le théâtre a les mêmes droits.
Ils restent étrangers à toute active manifestation sociale, ils n’ont plus guère de goût qu’aux spéculations des sciences, des philosophies, des arts et des littératures. […] Les fluctuations de l’art selon les fluctuations sociales s’expliquent donc par la même origine des unes et des autres. […] Cette façon de décerner au christianisme un brevet d’utilité sociale puis de s’en passer, en réalité, dans l’œuvre, ressemble au système d’arche sainte de Descartes. […] Mais où M. de Goncourt observe, avec une curiosité qui ne pense pas à conclure, un état et de réciproques influences du milieu social et de l’organisme physique, M. […] — les influences sociales
D’ailleurs, une grande sûreté dans le commerce, une grande fidélité à ses amitiés, à ses opinions, le constant désir, le ferme propos d’être et de rester aimable jusque dans la ruine de la santé et au sein de la souffrance59, ces qualités sociales indiquaient en lui un fond de caractère plus solide que son esprit.
Voilà donc, au seul point de vue social, le monde très-agité, très-aigri, très-occupé, d’indifférent et d’ennuyé qu’il était il y a quinze jours.
Mais déjà la nation élevait la voix, les questions les plus sérieuses de l’ordre social étaient soulevées, et les réformes réclamées hautement.
Il constate : Renan a posé son bonheur dans la science, comme dans la science toute assurance sociale. — Or la science a fait faillite, comme dit l’autre.
Ses écrits historiques ne sont pas impérissables : les arrière-neveux ne se soucieront pas de son goût de Watteau, ou de Hok’saï ; même ses prétentions à écrire les chapitres d’une clinique sociale laisseront profondément indifférent, Mais il demeurera bien un ou deux de ses romans, choisis au petit bonheur de la postérité.
Je songe souvent que c’est votre adhésion, en apparence tardive, qui donnera l’existence définitive à ces délicates choses que l’on perd par trop de zèle : un état légal, où l’ordre soit aussi assuré que la liberté ; un état social, où la justice ne soit pas trop violée ; un état religieux, qui donne à l’âme humaine son aliment idéal, sans contrainte officielle ni chimères superstitieuses.
Je ne parle ici que des écrivains qu’on eut voulu flétrir du sobriquet de Décadents et que d’après Jean Moréas il faudrait appeler Symbolistes ; comme ces écrivains sont très divers de manière et de talent je ne perçois pas, pour ma part, la nécessité d’une autre raison sociale à leur fortuite congrégation, que celle de Poètes.
S’étant proposé d’être un novateur dans les choses religieuses, il ne voulut pas l’être dans les choses morales non plus que dans les choses sociales.
Le second motif fut leur juste admiration pour l’ordre social qui en est résulté et qui ne pouvait être que l’ouvrage d’une sagesse surnaturelle.
Et non-seulement elle n’arrivera pas à ce grand but social qu’elle présageait et qu’elle parut longtemps mériter d’atteindre ; mais on reconnaît même que la plupart, détournés ou découragés depuis lors, ne donneront pas tout ce qu’ils pourraient du moins d’œuvres individuelles et de monuments de leur esprit. […] Thiers, au début du National, développait sa théorie constitutionnelle, et venait professer Delorme comme résumé de son Histoire de la Révolution, ces articles ingénieux étaient regardés comme de purs jeux de forme et des fictions un peu vaines au prix de la grande question populaire et sociale ; et ce n’était pas M. […] Revue du Progrès social.
Dans la préface de Rayons et Ombres il se promet, de montrer les hommes tels qu’ils devraient et pourraient être ; dans les Quatre vents de l’Esprit, il déclare sa croyance en l’homme entité, égal en tous ses exemplaires et s’applaudit d’abolir les différences qui mettent pourtant l’intervalle d’une espèce zoologique entre deux classes sociales. […] Hugo tente d’éteindre l’inconnu, de ses questions oiseuses sur les ténèbres métaphysiques, de ses constants efforts à définir l’incertain des problèmes historiques, sociaux, moraux et religieux, de son abus de l’obscurité, de ses appels à une intervention divine, et de sa vision de l’inexplicable dans les plus claires choses ; il nous semble que la démonstration est suffisante. […] Dans certaines poésies même, comme Mélancholia, les misères sociales paraissent décrites et déplorées véritablement.
Il n’est jamais rien de plus qu’un physiologiste, qui fait de la physiologie végétale dans le jardin du Paradou, comme il y fait de la physiologie animale quand il décrit, sous bois et dans l’oubli de sa fonction sociale de curé (pour le mâle), le rapprochement sexuel de deux vertébrés ! […] Il croit qu’il peut y avoir très bien un Michel-Ange de la crotte… Son livre n’est plus « L’histoire naturelle et sociale de la famille Rougon-Macquart sous le second empire », dans laquelle l’imitateur de Balzac — vigoureux encore — se débattait sous un Réalisme de plus en plus envahissant. […] Zola ; quand on s’est encanaillé, soi et son talent, avec cette furie ; quand on a trifouillé à ce point les quinzièmes dessous de la Crapule humaine et qu’on est entré dans les égouts sociaux, sans bottes de vidangeur, — car M.
Gardons-nous donc bien de calculer les progrès de la raison humaine et des institutions sociales, sur ceux des mathématiques et de la physique. […] Mais, en dépit de toutes les menaces et de toutes les injures, l’opinion préparait ce retour salutaire, et secondait les pensées du génie qui veut reconstruire l’édifice social. […] L’arc et la flèche échappaient à la main du sauvage ; l’avant-goût des vertus sociales et des premières douceurs de l’humanité entrait dans son âme confuse. […] Peut-on expliquer sous des images plus heureuses toute l’harmonie sociale, et les devoirs réciproques des divers états qui l’entretiennent ? […] Il est juste en effet que la faveur publique environne les écrivains qui remettent en honneur les principes sur lesquels repose l’ordre social.
La corruption et la licence est la plaie qui atteint la tête du corps social et qui va prendre les âmes par le fond. […] Toutefois, Massillon n’a été si célèbre par son Petit Carême que parce qu’en cette circonstance il s’est trouvé l’organe d’un sentiment social longtemps comprimé, qui se faisait jour pour la première fois.
Voltaire sérieux sous ses badinages, ou du moins passionné pour ou contre certaines idées et certaines institutions sociales, y mettant à tout instant la main comme l’enfant imprudent et terrible, mais parfois aussi comme l’ami de l’humanité, ne saurait être ramené et diminué jusqu’à Voiture, qui n’a jamais épousé dans sa vie aucune cause, et qui n’a été que le héros de la bagatelle. […] Mais je ne puis même alors, et même les conditions sociales, les excitations d’alentour étant si changées, me décider à faire de lui un autre Voltaire.
Jugeant à chaque instant les choses si désespérées, les sentant si intolérables, il est d’une impatience de les voir changer que rien n’égale, et présageant le lendemain selon son désir, il annonce sans cesse une révolution, un bouleversement imminent et universel, cataclysme social, schisme, hérésie en religion, excès du mal, d’où naîtra le remède. […] insensé bien souvent, hors de toute mesure, mais avec ce profond sentiment des infirmités sociales et des souffrances populaires, en faveur duquel il lui sera beaucoup pardonné.
Il les combat, il les réfute ; il évoque contre eux, de même qu’il le faisait contre les précédents adversaires, et sous une forme à peine différente, le péril de la ruine sociale, le spectre du néant, de l’athéisme, son incompatibilité profonde avec l’esprit humain, avec la société humaine, l’abîme de l’irresponsabilité morale où tomberaient les âmes… ; en un mot, la fin du monde civilisé, tel qu’il a été conçu jusqu’ici et qu’il a existé depuis la première cité et le premier autel. […] Guizot a recueilli et reconquis, on le sent, toute cette piété filiale et maternelle avec les années ; mais de plus, et en dehors du sentiment pur, sa raison et sa prudence interviennent à tout instant pour compléter son principe de foi, pour l’appuyer et le corroborer par de puissantes considérations politiques et sociales : « Y a-t-on bien pensé ?
Pays et race, et forme sociale, et histoire, c’est tout un. […] Association de pères de famille, agriculteurs et guerriers, qui couvre peu à peu les sept collines, ayant au-dessous d’elle des clients nombreux, la cité est d’abord un patriciat jaloux qui retient d’une manière incommunicable, non-seulement le gouvernement, mais le culte, le droit civique, et comme la famille même et la propriété. » On sait toutes les crises par où l’on dut passer avant de forcer une à une les barrières : patriciat hautain et féroce, révoltes populaires, sécessions à main armée et droits conquis, puissance des tribuns ; puis, en dehors de Rome, le travail des peuples latins et italiens, leur révolte aussi, la guerre sociale, et les alliés vaincus faisant irruption pourtant dans la cité et gagnant en définitive leur cause.
Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme. […] Il explique l’animosité des Jésuites contre lui par un passage du livre des Progrès de la Révolution (1829), et il ajoute après avoir cité ce passage : « On conçoit donc pourquoi leur institut ne nous paraissait pas suffisamment approprié aux besoins d’une époque de lutte entre le pouvoir absolu des princes et la liberté des peuples, dont le triomphe à nos yeux est assuré, » et il oublie que, pour l’accord logique, il faudrait était assuré, ce qui serait inexact en fait, et même entièrement faux, puisqu’en 1829 ce n’était point par ce côté, mais par l’autre bout, qu’il remuait les questions sociales.
Oui, je sais qu’on me dit cela ; mais je ne réponds pas, j’ai pitié de ceux qui me le disent… (Suit un exposé de ses nobles doctrines sociales.) […] M. de Lamartine finit éloquemment sa préface par un appel à Dieu, comme Scipion entraînait les Romains au Capitole ; il suppose le divin Juge mettant au dernier jour dans la balance, d’une part les rimes du poëte, et de l’autre ses actions sociales : on devine ce qui l’emporte.
Un des plus clairs résultats des doctrines vagues qui se rattachent au mot de Saint-Simonisme a été négatif, comme cela arrive souvent : elles ont eu pour effet de neutraliser, de couper chez beaucoup de jeunes esprits la fièvre flagrante du libéralisme, et de les placer dans une habitude plus calme, plus pacifique, plus ouverte aux idées et aux combinaisons véritablement sociales. […] L’instituer largement et avec ensemble en littérature, l’appuyer à des exemples historiques positifs qui la fassent vivre et la fertilisent, la mêler, sans dogmatisme, à une morale saine, immédiate, décente, ce serait, dans ce débordement trop général d’impureté et d’improbité, rendre un service public et, j’ose dire, social.
La nation française était, à quelques égards, trop civilisée ; ses institutions, ses habitudes sociales avaient pris la place des affections naturelles. […] L’aisance des manières existait sans l’abandon des sentiments, la politesse classait au lieu de réunir ; et tout le naturel, toute la simplicité nécessaire à la perfection de la grâce, n’empêchait pas de veiller avec une attention constante ou avec une distraction feinte sur le maintien des moindres signes de toutes les distinctions sociales.
Bornée du côté des sens, elle développe son activité intellectuelle avec une étonnante énergie, du seul côté que les habitudes sociales laissent ouvert : elle abstrait, déduit, analyse, avec une dépense effrayante de réflexion et de logique. […] Le romantisme a creusé un abîme entre la France d’autrefois et la France d’aujourd’hui, au point de vue littéraire, comme la Révolution au point de vue politique et social.
. — Herbert Spencer : Premiers principes ; les Bases de la Morale évolutionniste ; Introduction à la science sociale ; Justice. — Bain : la Science de l’éducation. […] Fouillée : la Philosophie de Platon (1869) ; la Liberté et le déterminisme (1873 et 1884) ; l’Idée moderne du droit (1878) ; la Science sociale contemporaine, 1880, in-18, Hachette
A deux conditions qui d’ordinaire s’accomplissent dans le même temps, la connaissance du passé et une expérience assez longue de la vie sociale pour appliquer au présent les enseignements du passé. […] La civilisation n’est-elle pas le travail d’un peuple particulier pour réaliser un certain idéal de la vie sociale qui serve d’exemple et de type aux autres peuples, de même que la littérature n’est que l’effort suprême de l’esprit particulier de cette nation pour devenir l’esprit humain ?
Certes, il y a sans aucun doute des causes sociales qui expliquent la richesse des moissons humaines portées ainsi tour à tour par les différentes provinces. […] Les robinsonnades y pullulent : vous trouvez déjà dans Fénelon l’île de Calypso et l’île des Plaisirs ; Marivaux vous montre l’île de la Raison et l’île des Esclaves, terres fabuleuses qui ne figurent pas (et pour cause) sur les certes ; Diderot place ses rêveries amoureuses et sociales dans l’île d’Otaïti.
Au point de vue objectif, il s’en réfère au langage naturel des émotions et aux phénomènes sociaux qui en résultent. […] « Les pouvoirs qui imposent la sanction obligatoire sont la loi et la société, c’est-à-dire la communauté agissant, ou bien par les actes judiciaires publics émanant du gouvernement, ou bien indépendamment du gouvernement par l’expression non officielle d’une désapprobation, par l’exclusion des offices sociaux.