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1906. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

La peinture des frimas éternels revient glacer tous nos sens ; et quand il nous représente les marais fangeux de l’Amérique méridionale, une impression profonde de dégoût et d’horreur nous saisit entièrement. […] Une seule fois Thomas eut le bonheur de saisir complètement le vrai caractère d’une éloquence élevée et touchante. […] Tels ne sont point les motifs qui vous le firent choisir ; ce n’est pas les lettres que vous voulûtes honorer en lui : ou plutôt vous avez saisi avec empressement l’occasion de signaler un de ces exemples si rares, où le talent n’est pas seulement consacré à satisfaire l’esprit, mais où, se produisant sur le théâtre de la vie réelle, il se montre comme un sentiment de l’âme et se confond avec la vertu. […] Dans de telles tempêtes, dans ces épidémies du crime qui saisissent parfois les réunions d’hommes, le nom des individus n’importe guère : ce sont les symptômes généraux du mal qu’il faut signaler ; ce sont les principes et les idées qu’il convient de flétrir dans le passé, pour essayer d’en préserver l’avenir.

1907. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

» — « La chevelure de la jeune femme, soulevée par la brise, vint baiser la bouche du jeune homme, et cette odeur continuait si harmonieusement sa pensée qu’il se lût, impuissant à saisir ses subtilités ; et seule la fraîcheur où soupiraient les fleurs du soir n’eût pas froissé la délicatesse de son âme ». […] Il s’entend mieux qu’homme du monde à camper un personnage dans son attitude et son geste familiers ; il le saisit au point ; il trouve le trait, et non pas seulement, comme M. de Maupassant, par exemple, le trait physique, la ligne, le tic, mais le trait moral encore. […] Après quoi j’ai peine à saisir le fil pour passer à L’Abbé Constantin.

1908. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

(D’ailleurs l’édition en question fut saisie à la requête même du soi-disant signataire de l’horreur dont s’agit.) […] Et l’homme au jupon noir continue à ne pas saisir la poésie du geste et du cœur. […] J’avais demandé cet arrangement, afin de pouvoir connaître mes élèves, saisir leur prononciation et m’accoutumer promptement à ma nouvelle profession, tandis qu’entre temps, je me préparerais à donner d’efficaces leçons particulières suffisamment rémunératrices.

1909. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Capponi ayant par mégarde laissé tomber de son habit la liste des conjurés, les Médicis avertis firent saisir tous ceux dont le nom était porté sur la liste de Capponi et tous ceux que leurs sentiments républicains pouvaient faire soupçonner complices de la conjuration.

1910. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

C’est là enfin que j’étais saisi à la fois d’admiration et de tristesse en voyant ce sculpteur dessiner les métopes du temple chrétien de Possagno, son pays natal, temple qui devait être bientôt son propre mausolée.

1911. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

L’enfant donna un coup vif, ramena la brioche, effraya les cygnes, saisit le gâteau, et se redressa.

1912. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

On s’aperçoit tout de suite que Montesquieu est un penseur léger, facile avec lui-même, très-superficiel, qui saisit au hasard la première considération venue pour en faire la base aventurée de sa politique et donner des axiomes géométriques pour des vérités politiques.

1913. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Il n’en est pas moins vrai que ce coup de tête est fort inattendu, qu’il y a là je ne sais quoi qui ressemble à une lâcheté et qui s’accorde mal avec le caractère de Renée tel que nous l’avions cru saisir.

1914. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

De même, il lui arriva d’être saisi d’un grand mépris du monde, et d’un dégoût insupportable do toutes les personnes, avant de sentir aucun attrait du côté de Dieu.

1915. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il y loue « la solidité des observations, beaucoup de savoir et d’esprit, sans aucune affectation ni de l’un ni de l’autre ; des termes choisis, mais sans scrupule et sans enflure, et des mots qu’on disait bannis par l’Académie, employés où il était nécessaire, pour protester contre le reproche d’innovation55. » On peut regretter de n’y pas trouver cet étonnement naïf et généreux qui nous saisit encore aujourd’hui à la vue de ces beautés si neuves et si charmantes, de ces vers si vigoureux et si délicats, de toutes ces grâces de la jeunesse dans le génie et dans les personnages qu’il crée.

1916. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

La résolution finale sera donc déterminée en raison composée de toutes les causes internes et externes saisies par l’intelligence, plus les mobiles subconscients et inconscients.

1917. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Qu’il suffise de rappeler qu’un lecteur animé de dispositions bienveillantes et humanitaires ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Éducation sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou essayent de susciter une mélancolie sans cause.

1918. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

De quel transport n’est-il pas lui-même saisi lorsqu’il reconnaît dans ces innocentes créatures sa vivante image ?

1919. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

« Saisir l’âme ?

1920. (1914) Boulevard et coulisses

Personnellement, j’ai été saisi de respect la première fois que j’ai rencontré un journaliste.

1921. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

On y trouvera des plans aussi heureusement saisis que remplis, une marche noble & simple, beaucoup de force alliée à beaucoup d’onction ; enfin cette éloquence vive & naturelle qui distingue si sensiblement le génie du talent formé par le seul travail.

1922. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

C’est un concours de circonstances parfois très complexes qui détermine jusqu’à quel point la sélection naturelle se saisira des variations survenues par hasard pour les accumuler, les conserver et produire ainsi une somme plus ou moins considérable de modifications définitives dans l’espèce variable.

1923. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

John Milton n’est point une de ces âmes fiévreuses, impuissantes contre elles-mêmes, que la verve saisit par secousses, que la sensibilité maladive précipite incessamment au fond de la douleur ou de la joie, que leur flexibilité prépare à représenter la diversité des caractères, que leur tumulte condamne à peindre le délire et les contrariétés des passions. […] … Qui ne t’aperçoit aujourd’hui dans ta marche éclatante, au milieu de ton sanctuaire, entre ces candélabres d’or longtemps obscurcis chez nous par la violence de ceux qui les avaient saisis, attirés plutôt par le désir de leur or que par l’amour de leur rayonnante clarté ?

1924. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

., » pour bien connaître le train de vie de Mme de La Fayette et saisir sa différence de ton d’avec Mme de Sévigné.

1925. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Nous ne sommes pas réduits ici au panégyrique vide, aux éloges académiques, à la critique oratoire et officielle : nous avons les originaux de La Fontaine, les textes de Pilpay, de Phèdre, d’Esope, tels qu’il les avait sur sa table, nous pouvons voir en quoi il les a changés, marquer du doigt les passages retouchés, ajoutés, corrigés, entrer dans le laboratoire poétique, saisir au vol l’imagination qui arrive, la philosophie qui s’introduit, la gaieté qui s’insinue.

1926. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Sa douce et commode philosophie, qui n’était que la nonchalance de l’esprit et le chatouillement du cœur, se retrouvait dans presque toutes ses odes, comme dans celle-ci, adressée à un de ses jeunes hôtes à la campagne : « Tu vois comme le mont Soracte commence à blanchir sous la haute neige ; les bras des arbres dépouillés de feuilles fléchissent sous le poids du givre et des frimas, et les fleuves, saisis par l’âpre gelée, ont suspendu leur cours.

1927. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

L’ivresse de la nature au printemps le saisit la première nuit de son établissement à l’ermitage.

1928. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Le livre tombe des mains avant d’avoir dit son dernier mot, tant on a perdu de mots oiseux à l’attendre ; l’esprit est saisi à chaque instant d’une de ces impatiences fébriles qui bouillonnent en nous jusqu’à un véritable accès de colère, croyant toujours toucher à un but qu’on lui dérobe toujours ; or, irriter et impatienter l’esprit, ce n’est pas un bon procédé pour le convaincre.

1929. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Les soldats le saisirent avec violence, ils l’arrachèrent d’auprès de sa femme.

1930. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

C’était un mince petit volume d’une magnifique impression, édité à cinq ou six cents exemplaires, et qui paraissait plus fait pour être offert par un auteur timide à un petit nombre d’amis d’élite et de femmes de goût, qu’à être lancé à grand nombre dans le rapide courant de la publicité anonyme ; je n’avais pas même permis à M. de Genoude et au duc de Rohan, mes amis, qui s’en occupaient à mon défaut, d’y mettre mon nom. « Si cela réussit, leur disais-je, on saura bien le découvrir, et si cela échoue, l’insaisissable anonyme ne donnera qu’une ombre sans corps à saisir à la critique. » III Le volume ne fut mis en vente que la veille de mon départ de Paris.

1931. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Pour écrire de génie dans la comédie, il faut savoir écouter ses originaux, saisir au passage leurs paroles toutes chaudes et les fixer sur le papier.

1932. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

me répondit il, on ne trouverait pas à Paris un huissier, qui consentirait à le mettre en faillite ; savez-vous qu’il rapporte à la corporation de 40 à 50 000 francs par an… Il paye, mais il ne paye que saisi… ne commence à verser un acompte, que lorsque le colleur pose une affiche jaune à sa porte.

1933. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Le médecin, s’apercevant de l’obstination de son regard sur le secrétaire, apportait une feuille de papier, et une plume trempée d’encre, qu’il lui mettait dans la main, et que Baschet saisissait avidement, mais au moment où il allait écrire, la plume lui tombait des mains, la paralysie avait gagné le bras.

1934. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Je me souviens toujours du saint vertige qui me saisit la première fois que des fragments de cette poésie sanscrite tombèrent sous mes yeux.

1935. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

D’après ce qu’on croit et ce qu’on sait de l’origine de nos races de Chiens, de Chevaux, de Bœufs et de Moutons, rien ne paraît aider autant à la production de variations nombreuses, importantes et utiles à saisir et à fixer par sélection méthodique, que des croisements renouvelés, pendant une série de quelques générations au moins, entre deux souches suffisamment, mais non trop distinctes : ces croisements produisant l’affolement de la race dont la variabilité semble devenir ensuite presque indéfinie.

1936. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Si dans un individu il y a disette d’inertie et surabondance d’énergie, l’être est saisi de violence comme par le milieu du corps et jetté par une force innée sous la ligne ou sous l’un des pôles : c’est Anquetil qui s’en va jusqu’au fond de l’Indoustan, étudier la langue sacrée du brame ; voilà le cerf qu’il eût poursuivi jusqu’à extinction de chaleur, s’il fût resté dans l’état de nature.

1937. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Et, en effet, la raison a beau se débattre en ricanant, ce mystérieux scarabée, inconnu à toutes les classifications scientifiques, qui, gros comme une noix d’hickory, brille et pèse comme un lingot d’or pur ; cet insecte, peut-être diabolique, qui porte sur le dos et les ailes l’image d’une tête de mort, l’emblème de cette mort qu’il semble donner avec une piqûre ; l’analogie inexplicable de la figure tracée sur ses ailes avec cette autre tête de mort, clouée à la branche sèche du tulipier ; l’état de charme consumant dans lequel Legrand est tombé depuis qu’il a touché le scarabée, cet état qui n’est que le pressentiment, l’annonce intérieure, la soif qui révèle la source d’un trésor caché qu’il finit par découvrir aux pieds même de ce tulipier : tout cela saisit l’esprit, l’attire, le fixe, le harcèle, oh ne sait pourquoi !

1938. (1739) Vie de Molière

On convient qu’il avait tort de vouloir justifier la tarte à la crème, et quelques autres bassesses de style qui lui étaient échappées ; mais ses ennemis avaient plus grand tort de saisir ces petits défauts pour condamner un bon ouvrage.

1939. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Maeterlinck a admirablement saisi ce que l’animal doit à l’éducation reçue des hommes, et ce que l’âme de la bête tient de dix millénaires de traditions humaines ; et il a également montré ce que l’arme a apporté d’idées, de sentiments, de passions nouvelles à l’homme des temps du bronze qui l’a créée. […] Ô bois mélodieux que fait chanter le vent, Je n’ai jamais ouï votre rumeur profonde Sans qu’un trouble sacré saisît mon cœur fervent94 ! […] Maubel n’a cure de ces vibrations aisément perceptibles qui éclairent aussitôt les dispositions intérieures ; il s’attache à saisir tout ce qui se dissimule au fond de notre conscience, d’imprécis, d’indéfinissable, de flou, il recherche ce « je ne sais quoi » qui, parfois, détermine plus sûrement nos résolutions que les raisons solides ou les sentiments avérés.

1940. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Dans l’autre cas, au contraire, l’observateur se trouve comme plongé au milieu de phénomènes complexes et en apparence contradictoires ; il doit alors les élucider à l’aide d’un procédé de tâtonnements tout particulier, ou bien saisir la question de telle façon qu’il arrive à resserrer le nœud de la difficulté dans une seule expérience décisive. […] De même, en procédant anatomiquement, on démonte l’organisme, mais on n’en saisit pas l’ensemble. […] Ainsi, un animal, pour saisir une proie vivante, doit être organisé, sous le rapport de ses sens et de ses appareils locomoteurs, d’une manière particulière. […] Nous devrons même insister sur ce rapprochement, parce que, ici, au Collège de France, nous saisissons toujours l’occasion de montrer les liaisons qui peuvent exister entre la physiologie et la médecine. […] Nous allons, parmi un grand nombre d’observations que nous pourrions citer, vous en signaler une ou deux, afin que vous puissiez comparer les symptômes observés chez l’homme à ceux que nous avons produits chez le chien par la destruction du pancréas, et saisir mieux les traits frappants de ressemblance qu’ils présentent.

1941. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Par instants, il apercevait un grand idéal, dans la nuit montante de sa pensée : il voulait le saisir et ne pouvait. […] Il donne, en vérité, à son argumentation toutes les apparences d’un plan rigoureux, multipliant les titres et les sous-titres, s’arrêtant vingt fois pour résumer ce qu’il a déjà établi et indiquer ce qui lui reste à établir encore, mais avec tout cela jamais nous ne parvenons à saisir clairement l’ordre total de ses idées, ni à comprendre pourquoi, ayant commencé de traiter un sujet, il s’interrompt pour y revenir quelques chapitres plus loin. […] Mais, sous l’effet des circonstances, sa doctrine sociale s’est précisée ; ses idées sont devenues plus pratiques au contact de l’action, et les articles qu’il publie depuis trois mois dans la Niediela, la Gazette russe et le Daily Telegraph contiennent un système complet de morale socialiste, dont à peine on pouvait saisir des fragments épars dans Ma Religion, et la Sonate à Kreutzer. […] Il n’est pas douteux que, pour le comte Tolstoï, ces deux principes se concilient ; mais nous aimerions à saisir plus nettement le fil qui les rejoint.

1942. (1929) Dialogues critiques

Maintenant, saisissez-vous les funestes conséquences d’un pareil précédent ?

1943. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le comte d’Artois, pour donner une fête à la reine, fait démolir, rebâtir, arranger et meubler Bagatelle de fond en comble par neuf cents ouvriers employés jour et nuit ; et, comme le temps manque pour aller chercher au loin la chaux, le plâtre et la pierre de taille, il envoie sur les grands chemins des patrouilles de la garde suisse qui saisissent, payent et amènent sur-le-champ les chariots ainsi chargés240.

1944. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Dans l’été de 1832, « un gentleman de Glascow, d’habitudes dissipées37, fut saisi du choléra, mais guérit.

1945. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Non, mais j’ai tout saisi fort scrupuleusement.

1946. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

« J’apparus au balcon comme à l’ordinaire, vêtue de la robe de Ginevra ; ma parure blanche éclatait au loin sous les reflets de la lune ; ma taille et mon visage, qui ressemblaient à la taille et au visage de ma maîtresse, me faisaient confondre avec elle ; l’astucieux duc d’Albanie s’approche à pas furtifs, saisit l’échelle que je lui jette et monte sur le balcon. » — Passez une stance inutile, dit le chanoine au professeur ; elle ne méritait pas un sinet, mais un silence. » Le professeur omit la stance et poursuivit.

1947. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Aussitôt qu’il aété descendu de carrosse pour entrer dans le cul-de-sac de l’Opéra, M. de Vaudreuil, major du régiment des gardes, lui a dit qu’il était chargé de l’ordre du roi pour l’arrêter, et, dans le moment même, six sergents aux gardes, qui étaient en habits bourgeois, l’ont saisi par les deux bras et par les deux jambes et l’ont enlevé de terre ; on lui a jeté et passé sur-le-champ un cordon de soie, qui lui a embrassé et serré les deux bras… Il s’est, dit-on, un peu trouvé mal ; on l’a passé ainsi par la porte du fond du cul-de-sac qui rend dans la cour des cuisines du Palais-Royal ; on l’a mis dans un carrosse de remise dans lequel M. de Vaudreuil l’a accompagné.”

1948. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

La frégate pélican a souvent recours à la même manœuvre, seulement elle saisit les petits bâtons dans son bec, au lieu de les tenir avec ses pieds.

1949. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Puis, un matin, le facteur Rœdig passait aux Quatre-Vents, avec sa blouse et son petit sac de cuir ; il ouvrait la porte de la salle, et tendait un grand papier à la tante Grédel, qui restait toute saisie, Catherine debout derrière elle, pâle comme une morte : et c’était mon acte de décès qui venait d’arriver !

1950. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il m’en coûte trop pour être ce bon entendeur à qui le demi-mot suffit, et pour avoir le premier talent après celui de faire des traits, qui est de les saisir au vol.

1951. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Je meurs dans ses bras. » Dans une scène, on le voyait rentrant de la promenade, des plantes dans une main, et, dans l’autre, un nid de fauvettes, « qu’il confiait aux soins de sa femme, pour les rendre à la liberté sitôt qu’elles auraient des ailes. » Une autre scène le montrait causant avec le menuisier du village de quelques réparations à faire « dans sa modeste demeure. » Dans une troisième, un créancier auquel il devait cent écus le menaçait de saisir ses meubles ; le libraire Rey lui envoyait cent écus avec lesquels il payait le créancier.

1952. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Le magicien Klingsor en avait profité pour se saisir de la lance du roi, objet sacré entre tous puisqu’il s’agissait de la sainte lance qui avait blessé le Christ au flanc.

1953. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Ce qui se saisit le plus facilement en nous, ce sont sans doute les plaisirs ou déplaisirs tranchés, liés à des organes spéciaux et à des changements plus ou moins brusques dans ces organes.

1954. (1909) De la poésie scientifique

Et qu’est donc l’Intuition, tout d’abord, sinon le point d’une synthèse si rapide que l’esprit n’a pu en saisir les immédiats termes analytiques ?

1955. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — L’artiste peut prendre la nature au posé, l’écrivain est obligé de la saisir au vol et comme un voleur.

1956. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Tacite, assis sur la chaise curule du génie, mande et saisit dans leur flagrant délit ces coupables, les Césars.

1957. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

La hardiesse est d’arrêter chez soi, au passage, ces pensées fugitives ; de percer leur nuage, de saisir au vif les beautés qu’elles recèlent ; de les fixer, enfin, en les enchaînant, en y mettant l’ordre, en les forçant de se produire par les œuvres.

1958. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Quel nombre de générations, impossible à saisir pour l’esprit, se sont donc succédé les unes aux autres pendant que les années se déroulaient ainsi lentement !

1959. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Tu laisses reposer cette cuisse sur la tienne, et tu ne t’en saisis pas, et tu ne la dévores pas ?

1960. (1898) La cité antique

Par l’énoncé de la loi il saisit l’adversaire. […] Or pour un tel acte le peuple ne se sentait pas entièrement libre, et il était saisi d’un scrupule religieux ; car il savait que les dieux nationaux étaient portés à repousser l’étranger et que les sacrifices seraient peut-être altérés par la présence du nouveau venu.

1961. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Une fois qu’on a saisi la faculté maîtresse, on voit l’artiste tout entier se développer comme une fleur. […] Jetez leur pouvoir dans la poussière270. » Le tribun crie trahison et veut le saisir.

1962. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

J’aurais fort désiré lui parler, ou me mêler à sa conversation, mais je n’osai en saisir l’occasion qui pourtant en naquit plusieurs fois. […] L’occasion de le prouver m’est venue, je l’ai saisie.

1963. (1925) Proses datées

Grâce à elle, nous vîmes, en deux soirées mémorables, Siegmund arracher de l’arbre le glaive magique et Parsifal saisir sa lance sacrée. […] N’est-ce pas, en effet, par la lecture des mémoires que nous pouvons le mieux saisir ce que fut le langage d’une époque ? […] Souvent, malheureusement, ces confrontations ne nous sont guère permises, car beaucoup n’ont pas laissé après eux des points où les saisir, et leur vie ne s’est pas localisée, pour ainsi dire.

1964. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Mais le critique, brutal naturaliste, les saisit, les serre de ses doigts gauches, essuie maladroitement leur poussière d’or et triomphe d’expliquer enfin « comment ils sont faits ». […] Un détail fera saisir nettement comment il se fait une manière en puérilisant les manières des autres. […] On trouve avec joie, dans ces pages, de la vie saisie en son mouvement, de la réalité capturée au passage et des âmes qui se livrent sans artifice.

1965. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

L’Église devait être saisie dans les sales mains d’un peuple désabusé. […] Que l’homme terrible ait empoigné successivement tous ces fantoches dans ses mains populacières, qu’il ait été l’effroyable Thétis de ces Achilles et qu’après les avoir plongés par la tête dans un Styx de lange, il les ait retournés et les ait saisis aux cheveux pour les y replonger par les pieds, en vue de les gratifier d’une ignoble sorte d’invulnérabilité ; je n’ai rien à prononcer, sinon que je trouve cela extrêmement divertissant… Mais Byron, mais Musset, mais Lamartine, … Seigneur Dieu ! […] Adolphe Willette, fils de l’intrépide et honoré colonel Willette ; nourri dans le milieu salubre et fortifiant de l’armée française ; — alors que l’armée française était encore la Reine Vierge des armées du monde, — né, comme l’enfant de troupe, dans une halte de garnison et, tout à coup, violenté par cette irrésistible vocation de l’Art qui saisit partout ses victimes et les emporte dans l’irrespirable éther ; Adolphe Willette, d’abord séduit par l’élégance frêle et perversement compliquée des Chinois de la taille douce, eut bientôt fait d’épuiser cette volatile essence de néant qu’il avait prise juvénilement pour un élixir de beauté.

1966. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Ou plutôt elle l’est, et elle l’est contre Marivaux, en ce sens que l’exemple des maîtres est là pour nous prouver que plus les nuances du sentiment sont fugitives et subtiles, plus les mots qui servent à les fixer ou à les saisir au passage doivent être eux-mêmes généraux, abstraits et décolorés. […] Tourmenté de cette inquiétude et victime de cette mélancolie qui tour à tour l’ont jeté du siècle dans le cloître et du cloître ramené au siècle, s’il cherche dans le travail un moyen de vivre, il y trouve d’abord une occasion, avidement saisie, d’épancher sa sensibilité. […] Que si d’ailleurs on s’étonnait, comme nous-même quand nous avons examiné le point, qu’aucun journaliste à Paris n’eût parlé du roman au moment de son apparition, que les pires ennemis de Prévost n’en semblent avoir eu connaissance que deux ans plus tard, et qu’enfin la police elle-même n’ait fait saisir le livre qu’en 1733, la réponse est facile. […] Pour toutes ces raisons, les imitateurs affluèrent, et l’on vit se succéder presque autant de romans par lettres que naguère on avait vu, dans les boutiques des libraires, s’empiler de Mémoires : Lettres d’une Péruvienne, Lettres de miss Fanny Butler, Lettres du marquis de Roselle, Lettres du chevalier de Saint-Elme ; … les femmes surtout se saisirent avec empressement de cette forme nouvelle.

1967. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

L’homme se replonge dans le silence de sa race et de remontée en remontée il y trouve le dernier prolongement que nous puissions saisir du silence éternel de la création première. […] Corneille nous montre comment la grâce agit, comment elle surprend, comment elle saisit, comment elle pénètre. […] Alors on le saisira avec toutes les tenailles que l’histoire nous a données pour l’appréhension et pour la connaissance du passé. […] Et qu’il fallait saisir le présent dans le présent même, et ne pas attendre un petit peu, parce que c’est justement ce petit peu qui fait qu’on n’a plus le présent.

1968. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Encore serait-on disposé à accepter le parti pris de l’auteur ; on prendrait ses personnages tels qu’ils sont ; mais au moment où on croit les saisir, voici qu’ils nous échappent. […] Or ce à quoi aboutit pour lui la persévérante application de ces maximes, c’est à leur banqueroute : « En mettant naguère sous ses pieds toutes les croyances morales qui entravent le vulgaire, il avait cependant réservé l’honneur comme une limite inviolable ; puis, sous l’empire de la passion, il s’était dit qu’après tout l’honneur comme le reste était une convention, et il avait passé outre ; mais au-delà il avait rencontré le crime, il l’avait touché de la main : l’horreur l’avait saisi, et il reculait68. » Tel est le dernier terme de l’analyse. […] Il se contente, pour dessiner une physionomie, de saisir le trait le plus apparent ; après quoi, le portrait est achevé une fois pour toutes. […] C’est par là qu’il arrive à saisir ces traits particuliers qui distinguent un individu et font qu’il est lui-même et non pas un autre.

1969. (1894) Études littéraires : seizième siècle

On perquisitionna chez lui, on saisit des livres. […] Si l’on tient cependant à saisir la pensée religieuse de Marot dans une pièce où il eût moins que dans celle-ci intérêt à la mettre en lumière, j’appellerai l’attention du lecteur sur cette belle Complainte de la mort 8, qui est, à mon gré, ce que Marot a écrit de plus élevé, de plus fort, de plus pur, et aussi de plus ferme comme style. […] La fureur de généralisation y est saisie sur le vif ; et cette sorte de chaleur que la généralisation donne au cerveau, à la parole, au geste quand elle s’empare de l’homme, ce galop rapide et emporté, dont, chevauchant sur elle, l’homme parcourt le monde entier en quelques instants, sont marqués ici des traits les plus justes, les plus vigoureux et les plus frappants. […] Ce n’est pas là que s’ouvre le Saint des saints ; ce n’est pas là qu’est le dernier mot ; et c’est à l’ensemble du livre qu’il faut revenir pour en saisir l’esprit général. […] Je la prendrai d’abord dans ce qu’elle a de plus général, puis peu à peu je tâcherai de la saisir là où elle semble prendre plus de précision et de netteté.

1970. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Antonio Ranieri, écrivain distingué lui-même, auteur d’une Histoire du royaume de Naples, avait connu pour la première fois Leopardi à Florence le 29 juin 1827, jour anniversaire de la naissance du poëte (l’amitié aussi, dans les cœurs passionnés, a ses dates mémorables) : il fut saisi aussitôt de ce je ne sais quoi d’attrayant qu’exerçait cette nature douloureuse et puissante ; après quelques absences, Pylade rejoignit son Oreste, il s’attacha à lui dès novembre 1830, pour ne le plus quitter jusqu’à la mort : « Ranieri, écrivait Leopardi, que la foudre seule de Jupiter pourrait arracher d’auprès de moi ; col quale io vivo, e che solo il fulmine di Giove polrebbe dividere dal mio fianco 157. » — Nous donnerons deux ou trois passages de cette correspondance avec M. de Sinner ; elle est d’ordinaire en italien, et je traduis : « De Rome, 24 décembre 1831.

1971. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

et qu’il est agréable, dans un mot, dans un trait, de les saisir !

1972. (1813) Réflexions sur le suicide

C’est une puissance qui tour à tour subite et lente, imprévue ou préparée, se saisit de la vie à une certaine époque et en détermine le cours ; mais loin que le Sort soit aveugle, comme on se plaît à le dire, l’on croirait qu’il nous connaît, car presque toujours il nous atteint dans nos faiblesses les plus intimes.

1973. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

V L’individu connut son prix, lorsque l’Esprit absolu se saisit lui-même et se révéla dans un homme, qui enseigna à ses frères ou plutôt leur montra comment ils pouvaient aussi s’unir avec Dieu196, et l’importance infinie conquise par la personne humaine est le trait le plus profond et le plus général du changement survenu alors dans la conscience du monde, puis dans l’art dramatique, cette représentation idéale que l’Humanité se donne à elle-même du drame divin développé par elle dans l’histoire.

1974. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Ils ont saisi ces vérités universelles et limitées qui, étant situées entre les hautes abstractions philosophiques et les petits détails sensibles, sont la matière de l’éloquence et de la rhétorique, et forment ce que nous appelons aujourd’hui les lieux communs.

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