Or est-il vrai que les aigris que nous rencontrons, de noble et haut caractère du reste, le sont toujours, partie par horreur des injustices générales des hommes, partie par colère contre celles dont ils sont victimes ? […] — Il y a apparence. » Un passage de Rousseau est très significatif à cet égard, un court passage où le Rousseau pessimiste en tant qu’homme et le Rousseau idéaliste en tant qu’auteur et critique se rencontrent et sentent très bien qu’ils se rencontrent : « [Dans Molière] les sots sont victimes des méchants, ce qui, pour n’être que trop vrai dans le monde, n’en vaut pas mieux à mettre au théâtre avec un air d’approbation… ». — « Les sots sont victimes des méchants, c’est très vrai », dit le Rousseau pessimiste. […] Mais n’oublions pas que c’est le seul point de tous où Rousseau et Molière se soient rencontrés et qu’à tous les autres égards ils sont exactement aux antipodes.
C’est miracle que, depuis plus de quarante ans qu’il déchirait ainsi, sans que nulle considération d’âge, de sexe ou de vertu ait pu museler sa malice, nul père, nul mari, ne se fût rencontré qui, lui coupant la gorge, eût à jamais clos sa gueule de maudit chien enragé. […] Il décourage d’abord ; puis il excite les idées, en montrant ce qu’on eût pu trouver par plus d’attention ; on est fier de se rencontrer ; on sent croître ses forces par cette émulation. […] Quelquefois, deux groupes se rencontrent, n’en font qu’un ; et cette masse glisse sur les dalles, se disjoint, s’abat. […] Il n’est pas même besoin d’appartenir à cette famille d’esprit hors ligne pour rencontrer soi-même, à l’occasion, ces petits bonheurs de style ; ils nous viennent parfois même dans le dialogue le plus abandonné, et à plus forte raison, lorsque, la plume à la main, nous tendons fortement tous les ressorts de notre esprit. […] Un homme s’est rencontré d’une profondeur d’esprit incroyable, hypocrite raffiné autant qu’habile politique, capable de tout entreprendre et de tout cacher, également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre ; qui ne laissait rien à la fortune de ce qu’il pouvait lui ôter par conseil ou par prévoyance ; mais, au reste, si vigilant et si prêt à tout, qu’il n’a jamais manqué les occasions qu’elle lui a présentées ; enfin un de ces esprits remuants et audacieux qui semblent être nés pour changer le monde. » « Massillon effleure les choses et épuise les mots : Bossuet, comme on vient de voir, fait précisément le contraire, et il n’est pas possible de prononcer un jugement plus digne de fixer l’opinion de la postérité.
Le briquet nous est familier, nous portons toujours quelque objet en fer, les pierres dures se rencontrent presque partout. […] Les conditions de la connaissance, les besoins de la civilisation exigent, à un certain moment, un effort dont la race dominante se trouve incapable : alors une race nouvelle surgit, par mutation, capable de maintenir à leur degré originel les puissances intellectuelles de l’humanité, que ne peuvent plus régir les efforts de la race ancienne ; et le même phénomène a lieu dans la suite, chaque fois que les mêmes circonstances se rencontrent. […] Il avait rencontré l’urée, mais il ne la cherchait pas. […] En effet, si l’hallucination complète est rare, la demi-hallucination est fréquente : pensez violemment à une personne, et vous la rencontrerez parmi la foule vingt fois dans votre après-midi.
Qu’on parcoure les trois volumes de cette histoire, qui ne va pas au delà de 1786 et qui néglige ainsi les dernières années si remplies du xviiie siècle, que de noms illustres et vénérés s’y rencontrent !
le donnerai ici une ode au Plaisir qu’on peut supposer traduite en prose d’un élégiaque étranger, allemand ou anglais ; elle exprime sous une autre forme la pensée que nous venons de rencontrer à propos de Parny ; mais il y faudrait la fraîcheur de touche d’un Gray ou d’un Collins : « O doux et cher Génie, au regard vif et tendre ; au vol capricieux, rapide ; à l’accent vibrant, argenté, mélodieux ; dont la chevelure exhale un parfum sous la couronne à demi penchée ; dont la main porte un rameau de myrte en fleur, ou d’amandier tout humide de gouttes de rosée qui brillent au soleil du matin ; ou qui, le soir, assoupis tes pas sur les gazons veloutés aux rayons de la lune ; « O Dieu de la jeunesse et de la tendresse, langoureux comme une femme, hardi comme un amant ; volage, imprévu, consolateur ; — ô Plaisir, à toi, avant que ma voix ait perdu son timbre qui pénètre et cet accent que tu connais, à toi mes adieux !
Cette maladie du progrès, la guerre civile, nous avons dû la rencontrer sur notre passage.
Hugo se contentera longtemps de multiplier les épithètes et les appositions : à la fin seulement, dans les œuvres de la période postérieure à 1830, la notation impressionniste, sans phrase faite, par juxtaposition de mots expressifs, se rencontrera chez lui ; et ce sera par exception739 .
Son esprit a plongé dans l’infiniment grand et dans l’infiniment petit, et partout il a rencontré Dieu.
Le Vaisseau-Fantôme est la vieille histoire de ce Juif errant de la mer qui fatiguera sans fin les flots épouvantés tant qu’il n’aura point rencontré l’amour d’une femme fidèle jusqu’à la mort.
Si nous allons maintenant de la psychologie abstraite à la psychologie concrète ; si, laissant l’analyse pour la synthèse, nous recherchons non plus les lois générales, mais les lois dérivées ; si nous essayons de déterminer comment ces lois, par leurs croisements, déterminent les variétés psychologiques, nous rencontrons une science nouvelle, celle du caractère, ou, comme l’appelle M.
Par moments, mes doigts se mettent à rouler mécaniquement le bout de papier, qu’ils rencontrent au fond d’une poche, et cette nuit j’ai rêvé, que je la passais à la recherche, chez tous les marchands de Paris, d’un paquet de tabac frais, sentant ce bon goût si agréable.
Les gens du monde, au contraire, le trouvent obscur, ils ne comprennent pas son côté scientifique, ils se creusent la tête pour deviner le mot de certaines énigmes algébriques, ils ignorent la valeur de certains termes, ils passent des pages et même des chapitres, parce qu’ils y rencontrent de la fatigue ou de l’ennui, ils s’endorment sur les théories et ne se réveillent qu’aux descriptions.
Mais elle trouve un immense bonheur dans la contemplation de son propre amour, Lorsque je vous aurai rencontré, tout à l’heure, Vite, je rentrerai m’asseoir dans ma demeure, Je fermerai la porte et mon cœur sera seul, Dans son parfum, ainsi que, le soir, un tilleul… dans l’orgueil de se sentir une grande poétesse : Oh ! […] Et cette nouvelle suggestion d’une lecture, cette hantise s’imposera à son pauvre cœur, ouvert à tous les vents ; elle essayera de le créer, son Faust, et le premier savant qu’elle rencontrera… Ce devait être Philippe Forbier.
Ainsi, après avoir dit ce que l’on pourrait rêver pour la philosophie future (et c’est déjà beaucoup que de pouvoir pressentir une voie de progrès qui ne serait pas le renoncement absolu à ce qui est acquis, ce qui est trop facile et à la portée de tout le monde) ; après avoir, dis-je, tracé le plan de cette utopie philosophique, il faut se hâter de prévoir toutes les difficultés qu’il rencontrerait dans l’application, toutes les précautions qu’il exigerait pour ne pas échouer misérablement dans un vulgaire matérialisme. […] On ne s’étonnera pas qu’ayant rencontré un contradicteur aussi éminent, nous tenions compte de toutes ses paroles : aussi bien sommes-nous ici dans le cœur de notre sujet.
Delacroix a cédé à son goût irrésistible pour Dante, que Shakspeare seul balance peut-être dans son esprit, et il a choisi le passage où Dante et Virgile rencontrent dans un lieu mystérieux les principaux poëtes de l’antiquité : « Nous ne laissions pas d’aller, tandis qu’il parlait ; mais nous traversions toujours la forêt, épaisse forêt d’esprits, veux-je dire. […] Dans cet interminable Salon, où plus que jamais les différences sont effacées, où chacun dessine et peint un peu, mais pas assez pour mériter même d’être classé, — c’est une grande joie de rencontrer un franc et vrai peintre, comme M.
Que deux promeneurs partis de points différents, et errant dans la campagne au gré de leur caprice, finissent par se rencontrer, cela n’a rien que de très ordinaire. […] Mais nous avons supposé que la main ne rencontrait aucune résistance.
A ce rêve leibnitzien qu’est la caractéristique universelle, répondrait, chez l’artiste qu’est Valéry, celui d’une « Comédie Intellectuelle qui n’a pas encore rencontré son poète » et qui serait plus précieuse que la Comédie Humaine et la Divine Comédie. […] Il ne s’inquiète pas des difficultés que peut rencontrer le lecteur, à l’existence duquel il ne croit guère.
Dès qu’il eut rencontré Vacquerie, qui se promenait au jardin sur la mer, il courut à lui, lui mit la main sur l’épaule et, d’un ton tragi-comique, commença la lecture d’un gros manuscrit dont il fit retentir, comme en triomphe et en ironie, le titre étonnant, l’Âne ! […] Au dire, toujours heureux, de Barrès, Roger Marx, apôtre de l’individualisme, « sans témérité, mais sans palinodie, soutient, défend, louange les tentatives obscures, mal comprises, étouffées parfois, dès qu’il croit y rencontrer une saveur spéciale.
Mais certainement on y eût rencontré des pages d’une masse et d’une gravité puissantes dont la musique nous soutiendrait encore : quelque figure visible, sous une forme ou sous une autre, — cabinet de savant ou bureau du ministère — de ces « petits faits » se dégorgeant innombrablement pour devenir sous l’esprit ordonnateur un système, un levier, une preuve ; le tableau dont Taine nous donne comme le carton dans le paragraphe de la Révolution sur Roland et sa femme dépouillant le courrier de l’Intérieur. […] Il a pu rencontrer, avec les Amadis, avec Madeleine de Scudéry, avec nos auteurs de roman-feuilleton, d’immenses succès de lecture, il est toujours demeuré en dehors de l’art. […] Adès et Josipovici est un peu un art d’arabesques, un art de détails indéfinis et charmants : je ne suis peut-être ici pas très impartial, parce que je vois Goha à travers de vieux souvenirs, et que le livre a été pour moi exactement l’une de ces étincelantes après-midi d’il y a dix ans, passées tout entières au hasard, ainsi qu’en une forêt l’été, dans les rues du Caire, et où j’ai rencontré bien certainement Goha et Sayed, El-Zaki et Alyçum.
« Nous rencontrions de temps en temps d’élégantes chaloupes dont on avait retiré les rames, et qui se laissaient aller doucement au paisible courant de ces belles eaux.
Pourquoi se trouver de nuit à un rendez-vous avec le chef des conspirateurs, avec un homme qu’on ne pouvait rencontrer innocemment quand on n’était pas royaliste ?
J’avais eu l’occasion, l’année précédente, de rencontrer à Chambéry une jeune personne anglaise, d’un extérieur gracieux, d’une imagination poétique, d’une naissance distinguée, alliée aux plus illustres familles de son pays.
D’ailleurs, si on a quelques chances de rencontrer çà et là des aristes isolés, il est plus difficile de trouver une aristocratie digne de ce nom.
Et si nous revenons à l’Art, Beethoven nous paraît aussi amené, par cet Esprit, dans la voie où il se devait rencontrer au seul Initié de son Art, au seul devant lequel il pût se pencher, respectueusement, au seul qui lui donnât la révélation de sa plus secrète nature intime.
Là étaient attirés les chevaliers et tentés de sensuels amusements ; s’ils cédaient, ils devenaient captifs ; ainsi se pourrait-il qu’un jour le Gral, vide de ses gardiens, fût capturé ; et Amfortas, roi présomptueux, dit « j’arrêterai le mal » ; il décrocha la sainte lance, la poignit et s’en fut vers le jardin abominable ; il voulait tuer Klingsor ; mais, arrivé dans le jardin, il se rencontra à une femme belle et nommée Kundry, et se coucha entre ses bras ; alors Klingsor rit, et il accourut ; il arracha la bonne lance au pauvre roi, l’en frappa d’un grand coup et s’enfuit.
En effet, le changement extérieur, quand il a affecté cette partie de l’être sensible, y a rencontré et surmonté certaines résistances ; par là, les forces qui unissaient entre elles les molécules de cette partie ont été, sinon annulées, tout au moins affaiblies ; et si ce même changement se reproduit souvent sur le même endroit, cet endroit finira par acquérir une aptitude spéciale et par se mettre plus aisément à l’unisson avec l’extérieur.
La première ruine d’empire dont la terre est semée le confond, le premier tombeau rencontré sous les pieds le dissipe, la première déception de cœur ou d’esprit le fait fondre en larmes.
Ils la rencontrèrent dans la galerie, et lui demandèrent pourquoi elle ne venait plus écouter leur lecture.
Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer ?
XIX Cependant Alfred de Musset paraît avoir rencontré plus tard (hélas, trop tard !)
Commynes a peu de préjugés, ce qui est toujours une excellente condition pour écrire l’histoire ; il a de l’expérience ; et surtout il a vécu dans la familiarité de l’un des modèles les plus originaux que jamais peintre ait rencontrés.
Un jour il arriva que sur le trône d’Allemagne se rencontra un prince dont la domination, s’étendant aussi sur les Pays-Bas, sur les Espagnes et sur la moitié de l’Italie, ne représentait plus aux peuples un gouvernement national.
Il s’est rencontré alors avec les athées et les immoralistes modernes dont il a semblé être le précurseur et dont, au fait, il avait prévu et devancé les idées et les démarches générales. […] Ces jeunes gens, tous bons Français, tous patriotes, ayant ainsi un lien commun, nécessaire et suffisant, ayant ainsi une « unité » nécessaire et suffisante, se rencontraient dans la vie, discutaient, remuaient des idées et se faisaient, par la discussion, des idées personnelles, et il n’y a que les idées personnelles qui soient des « idées-forces », et des idées fortes, et des idées fécondes. […] Sous l’aiguillon de la concurrence, l’enseignement supérieur français, qui a rencontré du reste des directeurs intelligents, zélés et hardis dans l’innovation, est devenu le plus actif, le plus laborieux et le plus illustre peut-être de l’Europe entière. […] Ils se rencontraient quelquefois dans leurs votes avec le centre catholique allemand ; mais ils restaient absolument indépendants de lui. […] Voilà le fruit de la politique relativement habile et intelligente de l’Allemagne en Alsace, ou du moins voilà à quoi a contribué cette politique ; voilà le fruit de la politique intérieure — et extérieure malgré elle et sans qu’elle y songeât — de la France ; ou du moins voilà à quoi n’a pas mal contribué cette politique, la plus étroite et la plus aveugle que j’aie jamais rencontrée.
» Mais eux de hausser les épaules et de rencontrer ou d’inventer, à chaque étape, un regain d’espoir. […] C’est ce qu’a fait Montaigne en sa mairie : « Le maire, et Montaigne, ont toujours esté deux, d’une séparation bien claire… » Chateaubriand, lorsqu’il sera ambassadeur, regrettera de « consacrer une petite case de sa cervelle » à de médiocres affaires, aux déprédations que les pécheurs de Jersey commettent sur les bancs d’huîtres de Granville ; et il détestera de rencontrer dans sa mémoire, s’il y fouille, les noms de MM. […] On le rencontrait, les jeudis, conduisant le long des avenues, sous les arbres, à Neuilly, la promenade des élèves. […] Il pose comme suit la « seule méthode digne d’un esprit qui se veut libre : traiter tous les sujets comme si on les rencontrait pour la première fois, n’accepter aucune opinion toute faite, dissocier les idées et les actes, n’être dupe d’aucune construction, la mettre aussitôt en morceaux ». […] Ce sont des gens de maintenant, des gens que nous aurions pu rencontrer dans les rues ; et ils ont l’air de vivre maintenant : mais ils vivent, pour ainsi parler, il y a deux siècles, au milieu des épouvantes qu’a répandues la doctrine exaspérée de la Grâce.
C’est donc pour m’instruire moi-même que j’ai écrit ; et sans me flatter d’avoir toujours bien rencontré, c’est assez qu’il y ait quelquefois de la vérité et de l’ordre dans mes idées, pour avoir dû les soumettre au public, afin d’apprendre de lui-même en quoi j’aurois tort ou raison. […] Il a fallu qu’à son tour Rodogune, malgré son caractere, proposât aux deux princes d’assassiner Cleopatre, ce que Corneille n’a pû justifier en partie que par une subtilité de raisonnement dont lui seul étoit capable : mais ce n’est pas assez ; il a fallu que Timagene se rencontrât à propos dans le bois où Seleucus expire, et que ce prince n’eût de vie précisément que pour dire les vers énigmatiques qui font tomber un soupçon égal sur Cleopatre et sur Rodogune ; et que la voix lui manquât, quand il alloit prononcer le mot de l’énigme : une main qui nous fut bien chere vange ainsi le refus d’un coup trop inhumain : regnez ; et surtout, mon cher frere, gardez-vous de la même main. […] Il ne m’appartient pas d’apprecier les agrémens ni les difficultés des autres : or en convenant que le goût des vers est naturel à tous les peuples ; ce que je crois vrai, puisque les vers sont nés du chant et que l’on a chanté par tout ; il faut convenir aussi que les différens peuples ne se sont pas rencontrés dans les regles qu’ils s’y sont prescrites ; quelques-uns même se sont passé des vers, et n’ont fait consister la poësie que dans la magnificence et l’audace des figures.
Je n’avais pas besoin de rencontrer ces vers pour me rappeler que M. […] Nous rencontrons aussi la profession de foi, substituant à l’Évangile de Jésus celui de Marc-Aurèle. […] Si cette sorte de divertissement se rencontrait chez un Parnassien qui ne fût pas Verlaine, il y aurait lieu de démêler, dans cet ensemble assez grimaçant, assez froid, beaucoup de traits heureux de fantaisie ou d’ironie.
Si Corneille et Racine rencontraient un adversaire aussi redoutable, un critique aussi passionné, et passaient l’un et l’autre au creuset d’un juge aussi sévère ; s’ils subissaient, et dans des attaques renouvelées presque tous les jours, les jugements d’un autre Geoffroy, nous ignorons encore si leur réputation ne serait pas ébranlée. […] Il en est de même de Zaïre : cette petite chrétienne faite à la hâte gémit tout bas d’avoir rencontré si mal à propos un père et un frère de hasard qui n’entendent pas raison.
Il était alors dans toute la fleur de son imagination, il avait cherché son talent dans Œdipe, dans Mariamne, dans Brutus ; il le rencontra dans Zaïre. […] Si l’amour, comme le disent tous, rend l’homme heureux, quel merveilleux avantage que de pouvoir disposer à son gré de l’objet de son amour, d’avoir dans sa maison la bonne fortune que les autres cherchent bien loin, et de rencontrer dans le plus respectable des devoirs le plus doux des plaisirs !
Sur la ligne baudelairienne où nous la rencontrons, il faut mentionner un livre dont les affinités avec Mallarmé furent sinon plus directes, du moins plus connues et plus discutées. […] De même que pour un impressionniste il n’y a pas de lumière, mais des tons lumineux, le sentiment de Mallarmé veut qu’il existe non une clarté, mais des clartés, et il en est parfois chez lui comme dans l’expérience des interférences : l’obscurité y est faite de clartés qui se rencontrent. […] Sa préciosité tient en partie à ce qu’il est resté un aristocrate, un mondain qui, outrant son désir d’une plus grande délicatesse et d’un cercle plus intime, a rencontré la solitude. […] A des heures et sans que tel souffle l’émeuve Toute la vétusté presque couleur encens Comme furtive d’elle et visible je sens Que se dévêt pli selon pli la pierre veuve Flotte ou semble par soi n’apporter une preuve Sinon d’épandre pour baume antique le temps Nous immémoriaux quelques-uns si contents Sur la soudaineté de notre amitié neuve Ô très chers rencontrés en le jamais banal Bruges multipliant l’aube au défunt canal Avec la promenade éparse de maint cygne Quand solennellement cette cité m’apprit Lesquels entre ses fils un autre vol désigne A prompte irradier ainsi qu’aile l’esprit.
Mais ses conclusions rencontrèrent une vive résistance. […] Ce fut alors qu’il rencontra celle qui devint sa compagne pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie. […] Je l’ai vu dépenser son temps en démarches, en correspondances, en efforts de tout genre, pour un pauvre gardien de phare injustement destitué, qu’il avait rencontré par hasard dans un voyage, et cela avec une simplicité extrême, sans aucune attitude de protection ; on eût dit un ami prêtant secours à un ami. […] Les puissances de l’âme et de la volonté ne se rencontrent guère chez ceux qui se prodiguent. » Sa discipline intellectuelle répondait à cette régularité de vie.
. — Des volumes derniers il vaut mieux ne rien dire… Il y a environ un an, je rencontrai Verlaine. […] Qu’un poète, par quelque moyen que ce soit, usant de tel sujet qu’il lui plaît me prouve qu’il l’a rencontrée, je le salue… Si l’influence détestable de M. […] Quiconque remonterait aux sources de sa race, rencontrerait, de ci, de là, d’augustes et tumultueux aïeux qui étaient guerriers, forgerons, tisserands, pirates parmi les spumeuses mers, barbares de Cimmérie, rhapsodes grecs, constructeurs de barques, conquérants fameux, ténébreux esclaves ! […] MAÎTRE PHANTASM J’allais par la ville — la ville, cette ruche de stercoraires. — À tous les carrefours, je rencontrais des individus hagards, habillés comme des arlequins qui hurlaient : « Nous sommes la Gent de lettres. » Et ce disant, ils me proféraient à la face des statuettes, les unes baroques, les autres assez attrayantes au sujet desquelles ils prétendaient me soustraire un jugement. « Cela m’est égal, leur disais-je, tout à fait égal. » Mais ils insistaient.
En quoi le dogmatisme littéraire de notre temps diffère de celui du dix-septième siècle Depuis le jour où j’ai rencontré M.
Faust et Méphistophélès se rencontrent au même instant dans la rue, rapportant un écrin plein de bijoux des montagnes à Marguerite.
… « Non, je n’irai point en Asie, parce que je fuis les lieux où je puis rencontrer les Romains, et où la célébrité, autrefois ma gloire, me poursuit maintenant comme une honte !
J’étais tout hors de moi à la pensée que sur toute cette route chacun de mes pas rencontrait une de ses traces.
Il a bien vu le mystère dans toute sa grandeur, et il a eu le courage d’en chercher l’explication, si d’ailleurs il n’a pas eu plus qu’un autre le bonheur de la rencontrer.
Quelques-uns rencontraient souvent la vérité, mais on les admirait plus souvent pour l’avoir manquée.
C’est que nous nous méprenons ; c’est que chacune de ces libertés que nous avons tant désirées, c’est que la liberté elle-même n’est pas et ne saurait être le but où une société comme la nôtre aspire… Prenez l’une après l’autre toutes nos libertés, et voyez si elles sont autre chose que des garanties et des moyens : garanties contre ce qui pourrait empêcher la révolution morale, qui seule peut nous guérir, moyens de hâter cette révolution…, etc. » Ce n’est pas beaucoup dire que d’avancer que les libertés publiques sont maintenant mieux garanties qu’à l’époque où apparut le christianisme : et pourtant je mets en fait qu’une grande idée trouverait de nos jours pour se répandre plus d’obstacles que n’en rencontra le christianisme naissant.
L’épithète, la métaphore, le trope, se rencontrent relativement très rarement.
C’est la seule fois que j’ai rencontré ce mot de Tétralogie, qu’on n’emploie qu’en France.
Mais le faux dieu du jour stérile, derrière lequel se cachait le démon nocturne, rencontra sur la mer brillante de l’Hellade le jeune dieu de la vraie lumière.
Tout en reconnaissant que les causes morphologiques doivent avoir eu leur part dans la construction des cerveaux, nous ne saurions accorder que d’heureux accidents suffisent à expliquer, en leur racine même, les croyances universelles et nécessaires ; que si, par exemple, le cerveau humain est construit de manière à imposer aux choses la loi de causalité, c’est parce que s’est rencontré autrefois un cerveau, accidentellement construit de la sorte, dont la particularité native s’est transmise ensuite par hérédité.
Cela bien convenu dans une visite faite au critique, nous rencontrions quelqu’un qui nous disait que Sainte-Beuve ne faisait pas les articles, et que c’était notre faute.
Comme Lévine, il a rencontré sur sa route un pauvre d’esprit dont les paroles ont retenti dans son cœur, comme une voix intérieure, et ce Slave dont l’âme violentée et repoussée par les durs dogmes de la science occidentale, demandait au monde plus de bonté qu’il n’en contient, cet aristocrate, cet homme de fortune, ce grand écrivain s’est retiré à la campagne, écrit des contes pour les moujiks, s’adonne à des travaux manuels, fait des souliers et raccommode des poêles, donne son bien en aumône, prêche la vie populaire, le refus du serment, le pardon des injures, l’union avec une seule femme, interdit le divorce, le service militaire, la violence, la résistance aux méchants, les injures et menace de fonder une nouvelle secte de gens scrupuleux et troublés dont il sera le patriarche, devenu aujourd’hui un grand vieillard de soixante ans, les cheveux longs rejetés en arrière du front creusé de profondes rides, au-dessus des yeux plus caves, mais fermes, inébranlablement fermes, les joues creuses autour du large nez et ployant sur de massives pommettes, la bouche droite, saillante et close, au milieu d’une longue barbe blanche tombant sur de larges épaules, l’air vénérable et sûr, de la certitude de ceux qui ont cru à jamais ; l’air noble et d’une joie austère, de la joie de ceux qui sont affermis dans leur foi.
Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre.
On convient généralement qu’Énée vivoit trois cens ans après Didon : sur quoi les sçavans, scrupuleux en fait de noms & de dattes, se récrient contre l’audace de Virgile ; lui demandent raison d’avoir fait rencontrer deux illustres personnages qui ont vécu dans des siècles différens ; d’avoir supposé à la reine de Carthage la passion la plus violente & la plus éloignée de son caractère, puisqu’à la mort de Sichée, elle lui voua une fidélité inviolable & préféra le bûcher à de nouveaux engagemens.
Nous ne nous rencontrons que dans nos vœux communs pour la félicité et pour la sainteté de l’homme, et dans nos efforts pour le faire avancer d’un pas, eux vers un progrès indéfini et continu, nous vers un progrès réel, mais relatif.
Cette plurigénéricité permet une sorte de martèlement polémique mais aussi une élaboration du sens : un cas particulier, une intuition frappante, rencontrent en s’essayant en plusieurs contextes, le lieu et la formule.
Aussi vous rencontrez des littérateurs au courant de l’intelligence contemporaine qui demandent naïvement « ce que c’est qu’Audin ».
Ce qui caractérise l’homme d’action, c’est la promptitude avec laquelle il appelle au secours d’une situation donnée tous les souvenirs qui s’y rapportent ; mais c’est aussi la barrière insurmontable que rencontrent chez lui, en se présentant au seuil de la conscience, les souvenirs inutiles ou indifférents.
Certes, dans les Étrennes des Orphelins, par exemple, il y a, malgré la pureté simple du vers, de la sentimentalité puérile : on s’amuse même de rencontrer, sous la signature du prochain « poète maudit », des gentillesses comme celles-ci : Et là, c’est comme un nid sans plumes, sans chaleur. […] Dans leurs vagabondages insensés, ils rencontrent aussi « le donneur de mauvais conseils », et des loqueteux et des mendiants, qui eux-mêmes ont l’air de fous, avec leurs guenilles, avec leurs hargnes, avec leurs yeux où se reflète « l’âpreté et la stérilité du paysage ». […] En allant vers la ville où l’on chante aux terrasses sous les arbres en fleurs comme des bouquets de fiancées, en allant vers la ville où le pavé des places vibre au soir rose et bleu d’un silence de danses lassées, nous avons rencontré les filles de la plaine qui s’en venaient à la fontaine, qui s’en venaient à perdre haleine, et nous avons passé… Nos espoirs entreront par les portes ouvertes en vols de papillons légers aux vastes ailes….
Car la vieille pucelle est digne de M. l’Intellectuel puisque, si le pucelage vaut son pesant d’or et vaut son pesant d’or aussi l’intellectualité, sur le pont des pesants d’or ne peuvent que se rencontrer la vieille pucelle et M. l ‘Intellectuel. […] Il se pourrait que fût, un jour, reconnue, à l’unanimité, comme n’ayant été qu’une hypothèse provisoire et contre-prouvée (et qui n’aurait eu de raison que le meilleur exercice, pour un temps donné, de certains moyens d’investigation) la distinction que des millénaires auront cru fondamentale, entre le monde matériel et le monde spirituel, ce qui ne voudrait pas dire que les idolâtres matiéristes aient chance alors de trouver, noyau de la chair, cette âme qu’un chirurgien se vantait de n’avoir pas rencontrée sous son scalpel ni que telle superstition risque de faire repousser le bras d’un Lourdeux manchot.
C’est bien ainsi que nous le peignent ceux qui l’ont rencontré vers cette époque. […] Victor Hugo, c’était un monsieur qu’on rencontrait dans les rues, sur l’impérial de l’omnibus.
Les faux Caractères, pour faire suite à ceux de M. de La Bruyère, sont des livres encore communs à rencontrer dans leur veau sévère ; au début du dix-neuvième siècle, on pastichait encore Télémaque. […] Déjà, il y a dix ans, il notait tous les efforts de non-imitation rencontrés à l’Expsition, les potiches de Chapelet, les argenteries de Falize, aussi bien que le nouvel arc en fer de l’architecte Formigé et les multiples talents de Gallé, menuisier, potier, verrier. […] Il s’agit moins de savoir s’en servir à propos que de les comprendre, rencontrées dans une lecture.
L’hostilité que rencontrent les théories si neuves, si hardies, si radicales de M. […] Ceux de la caste de Naïr ont, s’ils les rencontrent sur leur chemin, le droit de les tuer. […] Enfin, à dix-sept ans, il donnait déjà une si haute opinion de ses talents que l’éditeur Loudon écrivait à son père : « Votre fils est certainement le génie naturel le plus extraordinaire que j’aie eu la bonne fortune de rencontrer et je ne puis que m’enorgueillir à la pensée que, plus tard, lorsque vous et moi aurons disparu, on constatera dans l’histoire littéraire de votre fils que son premier article fut publié dans le Magazine of Natural History de l’éditeur Loudon. » Cette lettre est émouvante.
Orient et Occident Sur le terrain que nous sommes en train de parcourir hâtivement et sans méthode, c’est le même fond que partout nous rencontrons, dissimulé sous les plus divers aspects. […] Sur ce terrain nous rencontrons tout d’abord un point à éclaircir. […] C’est probablement parmi les « fidèles » qu’on rencontrerait la résistance la plus sérieuse, parmi ceux qui s’appuient sur l’autel ou qui en vivent.
Le pire désespoir pour lui serait de rencontrer M. […] Et ces prédicateurs rencontrent des âmes faibles, malléables, passionnées pour le bien, car Ibsen est plutôt optimiste. […] Ainsi se creuse le tunnel magique et souterrain par lequel un labeur n’arrive à la lumière et à sa récompense qu’à une longue distance du point où il s’enfonça, mais mûri par la durée, grossi par la sève de toutes les racines qu’il a pu rencontrer et qui sont celles de l’arbre Avenir. […] Nous rencontrons des formes mondaines dont nous nous détachons bientôt, des prêtres successivement souples et austères, des amitiés, des dévouements, un amour maternel qui s’effacent. […] Un beau jour, toutes deux se rencontrent et nos quatre pèlerins, Claire, Marina, André, et Velu II partent à la campagne essayer d’une vie parfaite où chacun exercera, dans le plus grand sens possible, sa liberté de sentir, de penser, d’imaginer.
Molière avait rencontré une nouvelle matière et il l’exploitait avec cette obstination légère et allègre qui est un des traits de son caractère. […] Les vers suivants — éloge du Roi et de Colbert — sont généralement pénibles à considérer, et il est désagréable de rencontrer des lignes rimées, comme celles-ci : La grandeur y paraît, l’équité, la sagesse, La bonté, la puissance ; enfin ces traits font voir Ce que l’esprit de l’homme a peine à concevoir. […] Non, non : la constance n’est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs.
« M. de… écrit quelque part Voltaire, me disait que c’était dommage que Bayle eût enflé son Dictionnaire de plus de deux cents articles de ministres et de professeurs luthériens ou calvinistes ; qu’en cherchant l’article CÉSAR il n’avait rencontré que celui de Jean CÉSARIUS…, et qu’au lieu de SCIPION il avait trouvé six grandes pages sur GÉRARD SCIOPPIUS. » Voltaire se trompe. […] Et il s’ensuit enfin des mêmes principes que ni la religion, ni la philosophie n’étant choses communes, mais individuelles, toutes les fois qu’elles entrent, pour ainsi parler, dans la pratique, elles rencontrent, pour les limiter ou les restreindre dans leurs applications, le droit de l’individu, ce qui mène à poser que l’État est fait pour l’individu et non pas l’individu pour l’État. […] Protestants et jansénistes, pour des raisons de situation, ils avaient bien pu se combattre, et les Claude et les Jurieu n’avaient pas rencontré de contradicteurs plus acharnés ni de plus redoutables adversaires que les Nicole et les Arnauld ; mais, sur l’article des mœurs, comme ils professaient les mêmes doctrines, ils pratiquaient la même conduite, ils donnaient donc les mêmes exemples et, tous ensemble, les mêmes ennemis, jésuites, courtisans, libertins, les enveloppaient dans les mêmes haines. […] Et voit-on enfin ce que pouvait, ce que devait nécessairement rencontrer de faveur dans l’opinion publique une idée qui, comme celle du progrès, finit destinée — nous le montrerons par la suite, ou plutôt on le sait déjà — comme à s’élargir et à s’enfler un jour jusqu’aux proportions d’une religion de l’humanité ?