Quoique le sang des hommes n’ait pas toujours été fort respecté, nous concevons pourtant qu’il y ait eu des pays où on l’a honoré de quelques larmes ; on conçoit un peu moins les éloges prodigués aux athlètes ; nous savons cependant que les vainqueurs des jeux étaient célébrés par des chants publics.
Ainsi on ne disait mot du général, et on prononçait dans le sénat un panégyrique en l’honneur du prince ; mais si par hasard l’empereur sortait de Rome en temps de guerre, pour peu qu’il lui arrivât, comme à Domitien, ou de voir de loin les tentes des armées, ou de fuir seulement l’espace de deux ou trois lieues en pays ennemi, alors il n’y avait plus assez de voix pour célébrer son courage et ses victoires ; à plus forte raison, quand l’empereur était un grand homme, et qu’à la tête des légions il faisait respecter par ses talents la grandeur de l’empire.
Pourquoi faut-il que Crassus seul ait conquis ce pays et que César n’ait jamais connu les bords de ton Gave ? […] Le pays, si triste en février, n’était plus reconnaissable. […] À Paris, l’on vit donner les cinq ou six écrivains qui se dévouaient alors à soutenir la cause des littératures régionales, et qu’en Provence, on en remercie par beaucoup de gentillesses, quand ils ont la malechance, fréquente aux pays du soleil, de froisser quelque amour-propre susceptible. […] La montagne de Santander est, aujourd’hui, partie intégrante de la province des Castilles, quoique, géographiquement, elle soit plutôt l’intermédiaire naturel entre le pays basque et les Asturies. […] Le pays est charmant, la solitude et le repos délicieux, mais insupportables pour un homme habitué depuis plus de vingt années aux émotions de la vie de Madrid, aux combats de la politique, aux agitations du grand monde.
(Anatole Le Braz, Au pays d’exil de Chateaubriand). […] La santé lui revient, il parcourt le pays à cheval, va sans doute reprendre goût à la vie, car il a vingt-cinq ans. […] À l’orient, mon imagination rencontrait aussitôt l’Atlantique, des pays parcourus, et je perdais mes plaisirs. […] Il passe en Angleterre, puis au pays d’Ossian. […] Voilà comme on voyage aujourd’hui dans le pays d’Alcibiade et d’Aspasie.
Sachons aimer, défendre ou plaindre tout ce qui est de notre pays. […] Ne prolongeons pas la digression où m’a entraîné le sinistre sujet de la Pharsale, et passons aux trois épopées italiennes qui s’accordent si bien chacune avec les époques et le pays où elles parurent l’une après l’autre. […] Celle qui paya de sa vie la délivrance de son pays, méritait-elle qu’une maligne satire immolât sa mémoire ? […] « Cet homme voué à tous les forfaits (dit le poète), ne savait pas que contre son pays la valeur est le plus grand des crimes. » Les troupes de Pompée viennent assiéger un fort qui couvre le camp où César a laissé ses bataillons. […] mais que d’excuses à ces fautes, en considérant qu’elles naquirent d’un noble excès d’enthousiasme dans l’auteur pour la gloire du sol natal, et en se rappelant à quelle époque reculée sa muse créa tout à la fois dans son pays, son art, sa langue, et son épopée !
Le Midi, Daudet le connaît plus que le vieux Méridional qui n’aurait jamais quitté son pays. […] tout cela c’est de la rage de notre pays ; et ses apaisements subits, caressants : m’amie ! […] » qui est tellement de notre pays, où l’as-tu pris ? […] Fabre ne sait mettre en scène et faire agir les gens de ce pays. […] Maizeroy, mais pour constater combien l’admiration ou le dénigrement marchent vite dans notre pays.
Elle reparaît amenant avec soi le culte de la beauté et de la force ; en Italie d’abord ; car de tous les pays d’Europe c’est le plus païen, le plus voisin de la civilisation antique ; puis de là en France et en Espagne, en Flandre237, même en Allemagne, pour gagner enfin l’Angleterre. […] C’est un grand seigneur, un comte, un parent du roi qui a figuré dans les processions et les cérémonies, qui a fait la guerre, commandé des forteresses, ravagé des pays, qui est monté à l’assaut, qui est tombé sur la brèche, qui a été sauvé par son serviteur, magnifique, dépensier, irritable, ambitieux, quatre fois emprisonné, puis décapité. […] Le désenchantement, la rêverie morne ou amère, la connaissance innée de la vanité des choses humaines ne manquent guère dans ce pays et dans cette race ; ces hommes ont de la peine à porter la vie et savent parler de la mort. […] Ceux-ci plus rudement élevés, plus habitués aux intempéries, plus endurcis par les exercices du corps, plus roidis contre le danger, durent et vivent ; y a-t-il un homme aujourd’hui qui pourrait supporter la tempête de passions et de visions qui a traversé Shakspeare, et finir comme lui en bourgeois sensé et renté dans son petit pays ? […] C’est au plus haut du pays des fées qu’il nous conduit, par-dessus toutes les cimes de l’histoire.
Je réponds : « Parce que Mme la duchesse d’Orléans n’était que la belle-fille de ce roi de l’illégitimité, parce que le comte de Paris n’était que le petit-fils de l’usurpation, parce que le mot de république ne préjugeait rien et apaisait tout jusqu’à l’Assemblée constituante nommée au suffrage universel pour déclarer la volonté du pays ! […] Une dette énorme pesait sur moi ; elle ne m’était point personnelle : quand on se dévoue corps et bien pour son pays, on brûle ses vaisseaux, on prend de l’argent partout où les braves gens vous en offrent. […] — Ainsi parlait Milton ; et ma voix plus sévère, Par degrés élevant son accent jusqu’au sien, Après lui murmurait : « Oui, la France est ma mère, Et le poète est citoyen. » « Tout ce discours de Milton révèle assez quelle fièvre patriotique fermentait au cœur de Joseph, et combien les souffrances du pays ajoutèrent aux siennes propres, tant que la cause publique fut en danger. […] Retirez-vous comme lady Stanhope, dans la solitude d’un monde désert, regardez le monde qui passe, et qu’un jeune homme vous apparaisse tout à coup dans une nuit de surprise et d’anxiété ; causez une nuit entière avec lui, et vous verrez tout à coup le point de conjonction et la destinée de cet homme avec la destinée de son pays : sauf la date que Dieu s’est réservée, parce que les révolutions sont des horloges détraquées qui avancent ou qui retardent par une circonstance inappréciable à nos faibles intelligences. […] On dit la nature belle en ce pays.
“C’était, disait-elle, une des plus anciennes et des plus estimées pensions bourgeoises du pays latin. […] Ce chemin, qui débouche sur la route de Chinon, bien au-delà de Ballan, longe une plaine ondulée sans accidents remarquables, jusqu’au petit pays d’Artanne. […] Encadrez le tout de noyers antiques, de jeunes peupliers aux feuilles d’or pâle, mettez de gracieuses fabriques au milieu de longues prairies où l’œil se perd sous un ciel chaud et vaporeux, vous aurez une idée d’un des mille points de vue de ce beau pays. […] « — Pourquoi suspectez-vous l’hospitalité de notre beau pays ? […] Mme de Mortsauf entama sur le pays, sur les récoltes, sur les vignes, une conversation à laquelle j’étais étranger.
Je parle à Carrière de la tristesse des pays, où la vie est chère, où il y a chez tous, chaque jour un débat avec le prix de l’existence. […] Il parle avec passion de ces pays, qui apportent une espèce d’assoupissement à la nervosité parisienne. […] C’était dans le jardin des Missions Étrangères, la nuit presque tombée, un chœur d’hommes chantant des Laudate, un chœur de mâles voix s’élevant — Montesquiou suppose, que c’était devant de mauvaises peintures, représentant les épouvantables supplices dans les pays exotiques — s’élevant et s’exaltant en face de ces images du martyre, comme si les chanteurs du jardin étaient pressés de leur faire de sanglants pendants. […] Ce soir, comme je dînais au restaurant Voisin, j’entendais le Bordelais Marquessac, le propriétaire actuel du restaurant, dire à des clients, à propos de la chaleur de cette année, que les vendanges qui se font dans son pays, en octobre, allaient se faire à la mi-août. […] Une grande dame belge, tenant une haute position dans son pays, disait à un jeune Français de ma connaissance : « Il y a une chose sur laquelle je voudrais bien être éclairée.
« — Est-ce que c’est beau, votre pays ? […] Chez la malade et l’impotente, depuis que la perception des choses présentes devenait de jour en jour plus obtuse, les cerisiers du pays du kirsch fleurissaient au-dessus de sa tête dans un avril perpétuel. […] Revenu au pays pour s’y venger, Têterol trouve M. de Saligneux… mort ; mais son château, habité par son fils, un grand viveur parisien, à demi ruiné et père d’une charmante jeune fille. […] À force d’étudier les commentateurs, si nombreux en son pays, il avait perdu le sens vrai des textes. […] » Ce qu’il y a de plus triste, c’est qu’un certain nombre de gens riches du pays excitent cette canaille, qui leur fait peur et qu’ils espèrent se rendre favorable en affectant les opinions socialistes.
Il possède au plus haut point ce don si rare de pouvoir montrer un tableau en le racontant ; il nous en donne la composition, le mouvement et la couleur, il nous raconterait une mélodie du pays qu’on croirait l’entendre. […] Il s’en est retourné chez ses enfants, dans son pays… J’ai engagé un nouvel artiste, un homme bien plus distingué que l’autre… Savez-vous ce que je crois, moi ? […] Chemin faisant, le soi-disant curé de Meudon étudie l’antiquité, les mœurs, tout jusqu’aux plantes des pays qu’il traverse, notant tout ce qui doit enrichir ce microcosme qui est son livre. […] La seule chose importante que j’ai vue jusqu’à présent, c’est Constantine, le pays de Jugurtha. […] … On prétend qu’il existe dans le Liban de vieux testaments arabes où le mort met pour condition à ses donations qu’on viendra l’avertir dans son tombeau quand les Français seront maîtres du pays.
À la vérité, cette attitude de l’esprit critique qui s’incline devant la coutume et les mœurs de son pays n’est pas précisément nouvelle. […] Bourget dira peut-être : expie) l’erreur de son chef, qui est aussi l’erreur de son pays et de son temps. […] Dans ce royaume privilégié, et très voisin du pays d’Eldorado, règnent un bon prince et une délicieuse facilité de vivre. […] Son premier roman, le « Pays natal », traduisait sous une forme élégante ce thème de « la terre et des morts » que tout ressuscite autour de nous aujourd’hui. […] Il y a une thèse et un roman dans le « Pays natal » : l’un et l’autre se pénètrent de la plus heureuse façon.
Sans doute, en cette émancipation soudaine, des désordres, des délits furent commis par le grand nombre, et des crimes même par quelques-uns ; mais le mal était passager : ce qui dura, ce fut l’esprit national, je dirai presque l’esprit bourgeois de la milice régénérée ; ce fut cette fidélité au pays menacé, cette noble attache au sol envahi, sentiment irréprochable, qui triompha plus tard de tout l’ascendant des généraux les plus populaires, que ne purent égarer ni la pureté de La Fayette ni l’habileté de Dumouriez, et dont la tradition était certes affaiblie déjà, quand il fut donné à un homme de prévaloir par l’armée sur le peuple et sur la France.
C’est auprès d’elle sans doute qu’il puisa son retour à des idées meilleures ; mieux que Danton, elle avait le droit de lui parler de devoir et de vertu : « Qu’on le laisse remplir sa mission, répondit-elle un jour, à déjeuner, à des conseillers timides ; il doit sauver son pays ; ceux qui s’y opposent n’auront pas mon chocolat. » Le Vieux Cordelier fut donc un acte de courage et d’expiation.
Il apprit tout ce qu’on enseignait à cette époque, et dans ce pays de si vaste savoir.
Le livre est dédié à Hubert Crackanthorpe et à Charles Lacoste ; « À toi, Crackanthorpe, déjà célèbre en ton pays, et qui a senti passer en toi le souffle de l’amour et de la pitié humaine (sic).
[Le Pays de France (avril 1899).]
Il suffit pour cela de franchir les frontières, de chercher dans les pays voisins jusqu’où s’est propagée une œuvre originale, comment elle y a été suivant les moments appréciée, traduite, adaptée, transformée.
En 1757, il lui en accorda une, secrete, de trois mille livres ; en 1760, une, publique, de deux mille livres sur son Trésor Royal ; & le premier Avril 1766, une autre, secrete, de douze mille livres sur sa cassette, dont la formule, conçue dans les termes suivans, est signée & écrite en entier de sa main : « En conséquence des services que le sieur d’Eon m’a rendus, tant en Russie que dans mes armées, & d’autres commissions que je lui ai données, je veux bien lui assurer un Traitement annuel de douze mille livres, que je lui ferai payer exactement tous les six mois, dans quelque pays qu’il soit [hormis en temps de guerre chez mes ennemis], & ce, jusqu’à ce que je juge à propos de lui donner quelque poste dont les appointemens soient plus considérables que le présent Traitement.
476 Pays.
Constantinople et la mer Noire (Pays, 28 décembre 1854).
Amitié de pays : il n’est pas rare, surtout dans les régiments de réserve, que douze, quinze hommes d’une compagnie soient du même village, et cela c’est l’amitié fondamentale.
Nous ferons voir d’une manière claire et distincte comment les fondateurs de la civilisation païenne, guidés par leur théologie naturelle, ou métaphysique, imaginèrent les dieux ; comment par leur logique ils trouvèrent les langues, par leur morale produisirent les héros, par leur économie fondèrent les familles, par leur politique les cités ; comment par leur physique, ils donnèrent à chaque chose une origine divine, se créèrent eux-mêmes en quelque sorte par leur physiologie, se firent un univers tout de dieux par leur cosmographie, portèrent dans leur astronomie les planètes et les constellations de la terre au ciel, donnèrent commencement à la série des temps dans leur chronologie, enfin dans leur géographie placèrent tout le monde dans leur pays (les Grecs dans la Grèce, et de même des autres peuples).
L’armée piémontaise est martiale, et ce pays est fécond en soldats ; mais cette armée et ce pays pourront-ils se mesurer longtemps à force égale avec une puissance toute militaire comme l’Autriche, qui met sur pied huit cent mille hommes, même après ses défaites ? […] Les nationalités diverses de l’Italie respectées comme les vérités du sol ; Les constitutions intérieures de chacune de ces nationalités laissées au libre arbitre des divers États, et reliées seulement par une diète italique à une constitution générale de toute l’Italie ; La Sicile et Naples, unies ou séparées, fournissant à la confédération leur contingent de députés et au besoin de subsides et de troupes remis au pouvoir exécutif extérieur de la patrie italienne ; Rome, livrée à son propre arbitre, réglant sa constitution elle-même selon les besoins de son administration temporelle et les convenances de son pontificat spirituel ; aucune main armée, profane et étrangère, interposée entre les souverains et les peuples, théocratiques, monarchiques ou républicains, à leur gré ; Rome capitale des capitales d’Italie, siége de la diète italique, ou bien une capitale fédérale alternative ; Florence, souveraine d’elle-même, monarchie, duché ou république, se gouvernant selon son génie, ou dans l’activité de ses Médicis, ou par le patriotisme de ses grands citoyens, ou par la douceur de son réformateur Léopold ; Turin, rentré dans ses limites, monarchie militaire, sentinelle de l’Italie septentrionale, bouclier de la Péninsule au nord, se désarmant au midi pour ne pas opprimer ce qu’elle protége, s’interdisant ses alliances séparées et suspectes avec l’Angleterre, offrant ses généraux et ses soldats à la défense de la patrie fédérale ; La Lombardie, principauté ou république, indépendante du Piémont, se modelant pour son organisation en cantons lombards, semblable à ces cantons helvétiques dont ce pays a le sol et les mœurs ; Venise, ville hanséatique sous la double garantie de l’Allemagne et de l’Italie, reprenant sous sa république et sous ses doges non plus sa place militante et conquérante que la marine de l’Europe ne lui laisse plus, mais sa place commerciale et artistique que son génie, plus oriental qu’italien, lui assure ; ses provinces de terre ferme neutralisées comme Venise elle-même, et constituées ainsi pour la paix, laissant une zone de sécurité et d’inoffensivité inviolables entre le Tyrol et l’Italie : Sous le drapeau d’une neutralité européenne, de nouvelles guerres ne sont nullement nécessaires pour une constitution semblable de l’Italie.
L’austérité puissante de cette bretonne est, telle une lande de son pays, toute brodée de l’or épineux des ajoncs, de l’améthyste tremblante des bruyères. […] C’est tout le pays d’Armor, ce livre. […] À qui n’a point visité le pays il est impossible de faire même entrevoir la multiplicité des incidents, la diversité des points de vue et comment la route se peuple de rencontres, de sourires et de cauchemars.
Le fond, l’idée, la fable, non, l’histoire parfaitement authentique, est celle-ci : Malc est un homme qui, après avoir vu tous les pays du monde, se réfugie dans la solitude. […] Il est pris, avec ses compagnons de route, par un pirate barbaresque qui l’emmène dans son pays. […] Faisant couler le temps, gagnant toujours pays, En propos gaillardins, réjouissants devis, Nous nous sommes trouvés proche votre avenue.
Il a passé sa jeunesse dans un pays tout voisin de la France, mais qui tout de même n’est pas la France. […] Il occupe dans le pays une situation considérable. […] L’Espagne est le pays d’élection de M. […] Dans les pays de civilisation moderne, l’assassinat devient rare et le suicide est une exception. […] C’est le pays où la vie de société est le plus développée où les mœurs atteignent à la plus insipide douceur.
Nous le retrouvons prophète, en pays musulman, et entouré d’almées dansantes. […] Brandes y affirme que nous ne saurions rien entendre aux personnages d’Ibsen, parce que nous n’en avons pas vu les modèles, n’étant pas du pays. […] Son prétendu symbolisme n’a jamais existé que dans l’esprit fumeux des gens du pays de France. » — Eh bien ! […] Phémie, et Mimi, et même Musette dans ses fugues au « pays latin », sont des maîtresses « désintéressées » (le rêve !) […] Je travaille, je fonde, je transforme tout un pays.
À cette qualité générale de l’action épique, s’il se joint celle d’être particulière au pays du poète qui la raconte, en un mot, d’être nationale, elle en acquiert un brillant avantage qui rend son succès plus prompt et plus certain. […] La fable touchante et sublime de la Messiade correspond avec les idées et les sentiments de tous les temps, de tous les pays, quel que soit l’aspect sous lequel on l’envisage. […] Il ne faut donc pas qu’elles y renoncent, quel que soit le sujet qu’elles célèbrent, quelle que soit la nation dont elles chantent les annales, quel que soit le peuple qui les écoute : elles en trouveront les sources dans les religions de tous les pays, de tous les temps, pour peu qu’elles creusent et fouillent les origines des crédulités. […] Ce fantôme du pays, ce simulacre de l’effroi de la violation la plus sacrilège, personnifie la pensée qui troubla l’homme le plus vicieux, le plus inflexible. […] Mais je m’aperçois qu’elle touche à l’allégorie et que nous sortons du pays des chimères sur lesquelles je crois m’être assez étendu : « j’ai donc envie, selon l’expression d’Arioste, de faire un saut de tout l’espace qui est entre le ciel et la terre, car notre vol ne peut se soutenir si haut ».
Vous trouverez partout des amis qui seront empressés de remplacer ceux que vous aviez dans ce pays-ci, qui vous en dédommageront ; mais, pour moi, je ne retrouverai pas mon voisin. […] Dans ce pays de Neufchâtel il se sentait trop près de Berne et de Genève ; il était entre deux feux. […] Je craignais qu’elle ne s’affectât des insultes que je recevais de la populace, et j’aurais voulu lui en dérober le spectacle pour ne pas contrister son cœur ; mais cela ne fut pas possible ; et, quoique sa présence contînt Un peu les insolents dans nos promenades, elle en vit assez pour juger de ce qui se passait dans les autres temps. » Elle désirait dès lors que Rousseau quittât le pays et cédât aux sollicitations de M. […] Je connais une femme, amie intime de M. de Maupertuis, qui me disait que le chagrin avait avancé ses jours. » Au lieu de la Cour et d’un roi « philosophe ou philosophant », ; prêt à accueillir indistinctement les écrivains les plus contraires, l’auteur du livre de Y Esprit ou l’auteur d’Èmile, combien elle aimerait mieux voir celui-ci chez le fermier proposé par Hume, dans la forêt voisine de Richemond, au bord de la Tamise, « dans un pays où la liberté de penser est autorisée et par les lois et par le génie de la nation !
Pierre Barrès le demandait aussi, en pensant surtout au pays du Levant. […] Nous savions bien aussi, par une longue expérience, que dans un même pays tout le monde ne peut s’accorder en tout, mais nous pensions qu’entre compatriotes les divergences sont moins graves et plus supportables. […] Paul La liberté est la même pour toutes les provinces qui font partie d’un pays libre. […] Paul Alors, qu’elles essayent de les faire changer pour tout le pays.
Mais quand il parut de nouveau devant le public, ses livres avaient fait leur chemin tout seuls et sous terre, et du premier coup il passa pour le plus grand poëte de son pays et de son temps. […] Mais ces peintures mélancoliques ne le montraient point tout entier ; on allait avec lui dans le pays du soleil, vers les molles voluptés des mers méridionales ; on revenait par un attrait insensible aux vers où il peint les compagnons d’Ulysse qui, assoupis sur la terre des Lotos, rêveurs heureux comme lui-même, oubliaient la patrie et renonçaient à l’action. […] Ils fouillent, pour exprimer leur pensée, dans tous les siècles et dans tous les pays ; ils emportent le discours jusqu’aux témérités les plus abandonnées ; ils enveloppent et chargent toute idée d’une image éclatante qui traîne et luit autour d’elle comme une robe de brocart constellée de pierreries. […] Çà et là, — elles ondoyaient ainsi que des fleurs sous l’orage, les unes rouges, d’autres pâles, — toutes la bouche ouverte, toutes les yeux vers la lumière, — quelques-unes criant qu’il y avait une armée dans le pays, — d’autres qu’il y avait des hommes jusque dans les murs ; — et d’autres qu’elles ne s’en souciaient point, jusqu’à ce que leur clameur monta, — comme celle d’une nouvelle Babel… Au-dessus d’elles se dressaient debout — les sereines Muses de marbre, la paix dans leurs grands yeux1531. » C’est que le père du prince est venu avec son armée pour le délivrer et a saisi le roi Gama comme otage.
Dans la scène suivante, l’hôtesse, appelée un moment par l’arrivée d’autres voyageurs, disparaît ; elle revient bientôt, accompagnée d’une de ses servantes, à qui elle fait chanter un air allemand dont les paroles signifient : « J’aime un homme du pays d’Italie. » Le poète allemand Goethe n’est pas plus séduisant dans Marguerite, plus naïf dans Mignon ; d’Aponte joue sans préméditation le rôle de Faust et de don Juan, à son premier pas sur la terre des magies de la poésie et de l’amour. […] « Outre le plaisir et la surprise de mon arrivée imprévue, il y avait une circonstance antérieure qui rendait cette surprise et ce bonheur infiniment plus frappants pour lui, car ce jour-là était précisément le second jour du mois de novembre ou le jour des Morts, fête funèbre particulièrement solennisée dans tous les pays catholiques. […] Il est doux, l’amour du pays ; il est doux de revoir les siens ! […] Comme je n’avais jusque-là parlé ni peu ni beaucoup de ma chère compagne de voyage, je pensai que c’était le moment opportun de faire mention de mon bonheur à la famille ; et, pour ramener sur les lèvres la gaieté que les larmes mal contenues du père avaient contristée sur les visages, je parlai ainsi : « Ne pensez pas pourtant, mesdemoiselles mes sœurs, que je sois venu seul de Londres revoir mon pays ; j’ai amené avec moi une belle jeune femme qui a dansé comme vous sur ce théâtre, et que j’aurai probablement le plaisir de vous présenter, demain ou après-demain, comme une huitième sœur. — Est-elle vraiment aussi belle que vous la faites ?
Cette scène d’adieu posthume au catafalque du cardinal, et cette scène d’agonie muette au chevet de la duchesse de Devonshire, ressemblent à ces sépulcres que le Poussin place sous les cyprès dans les paysages des villas romaines ; ce sont des énigmes en plein soleil qui font rêver à la mort au milieu des délices d’une lumière sereine ; mélancolies splendides des pays du soleil, où l’on meurt aussi bien que sous les brumes du Nord. […] Une mauvaise humeur chronique fut sa seule influence politique sur les destinées de son pays. […] « Quel misérable pays cependant que celui où un honnête homme ne peut être à l’abri même de sa pauvreté ; ces gens-là supposent que je me vends comme eux ! […] Le prince Louis-Napoléon, rapporté par le reflux d’une orageuse liberté qui a eu lâchement peur d’elle-même, règne sur le pays qui s’était confié à son nom, nom qui est devenu, depuis Marengo jusqu’à Waterloo, le dé de la fortune avec lequel les soldats des Gaules jouent sur leur tambour le sort du monde la veille des batailles !
L’indépendance et la responsabilité des souverains devant leur peuple étant détruite, tout le monde avait le droit de gouverner chez tout le monde, excepté le gouvernement du pays lui-même. […] Donnés d’abord par Bonaparte consul à une infante d’Espagne, sous le nom de royaume d’Étrurie, puis par Bonaparte empereur à sa sœur Élisa Baciocchi, devenue grande-duchesse de Toscane, ce beau pays continua à être heureux dans toutes ces mains. […] L’avenir jugera ce procédé diplomatique dont Machiavel lui-même eût été étonné : un ambassadeur s’immisçant, à l’abri du droit des gens, dans les affaires du prince auprès de qui il représente l’alliance et l’amitié de son maître ; et cet ambassadeur remplaçant, le soir même de la révolution, le souverain qu’il a éconduit du trône, du palais et du pays ! […] Un pays a le droit de veiller sur ses voisins, car de son voisinage dépend sa sécurité.
Poète, philosophe, citoyen, magistrat, consul, administrateur de provinces, modérateur de la république, idole et victime du peuple, théologien, jurisconsulte, orateur suprême, honnête homme surtout, il eut de plus le rare bonheur d’employer tous ces dons divers, tantôt à l’amélioration, au délassement et aux délices de son âme dans la solitude, tantôt au perfectionnement des arts de la parole par l’étude, tantôt au maniement du peuple, tantôt aux affaires publiques de sa patrie, qui étaient alors les affaires de l’univers, et d’appliquer ainsi ses dons, ses talents, son courage et ses vertus au bien de son pays, de l’humanité, et au culte de la Divinité, à mesure qu’il perfectionnait ces dons pour lui-même ! […] Celui du temple de Delphes lui dit la grande vérité des hommes de bien destinés à prendre part aux événements de leur pays dans les temps de révolution. […] Nous avons assisté de nos jours, dans un pays aussi lettré que Rome, dans des temps aussi révolutionnaires que le temps de Cicéron, à des scènes d’éloquence aussi décisives que celle du sénat romain, entre des hommes de bien, des hommes de subversion, des ambitieux, des factieux, des Catilinas, des Clodius, des Cicérons, des Pompées, des Césars modernes ; nous avons assisté, disons-nous, aux drames les plus tumultueux et les plus sanglants de notre époque : mais nous n’avons jamais entendu des accents où la colère et le génie oratoire, le crime ou la vertu vociférés par des lèvres humaines, fussent autant fondus en lave ou en foudre dans des harangues si ardentes d’invectives, si solennelles de vertu et si accomplies de langage ! […] Il fut convenu que Quintus, comme le moins illustre et le plus oublié des deux, retournerait seul à Antium, leur pays natal ; qu’il en rapporterait l’argent nécessaire à leur fuite, et qu’il rejoindrait en toute hâte Cicéron dans sa maison de la côte de Gaëte, où il allait l’attendre pour s’embarquer.
Outre leur incontestable valeur esthétique, les chefs-d’œuvre romantiques ont encore pour l’historien littéraire une valeur documentaire de premier ordre sur l’esprit en France : pendant vingt-cinq ans, sous la Révolution et l’Empire, comme un sol qui absorbe lentement les pluies pour les rendre plus tard à l’état de sources, de fraîcheur, et de richesse, l’âme française s’était profondément pénétrée de toutes les larmes et de tout le sang qui avaient longuement coulé sur le pays. […] Le romantisme, et c’est là sa grandeur, c’est la collaboration de quelques génies avec la tristesse de l’âme française : donc ne diminuons pas notre pays en essayant de diminuer le romantisme. Et puis encore, ne calomnions pas notre pays. […] C’est le siècle où les élites étrangères, attirées par un tel éclat, devenaient pour nous la plus fidèle et la plus active des clientèles, faisant pénétrer et chérir le nom et l’esprit de la France, jusque dans les pays, dont l’intérêt politique était de nous exécrer.
Ce temple prétendu (Pour parler ton jargon) n’est qu’un pays perdu, Où la nécessité, de travaux consumée, Au sein de son orgueil se repaît de fumée. […] Mais il croit volontiers ce que Frosine lui a dit d’un certain pays où Marianne et sa mère ont du bien. […] Ce sont tous ensemble des individus et des types, et nous les tenons à la fois comme gens de notre espèce et comme gens de notre pays. […] Mais qu’il soit ou non de mon goût, l’esprit de mot est et sera toujours en faveur dans notre pays.
Une carte de géographie n’est possible que quand le pays qu’il s’agit de représenter a été exploré dans tous les sens. […] Le christianisme est primitivement un fait juif, comme le bouddhisme un fait indien, bien que le christianisme, comme le bouddhisme, se soit vu presque exterminé des pays où il naquit et que le mélange des éléments étrangers ait pu faire douter de son origine. […] Le christianisme, tel que nous l’avons, renferme en effet des éléments de toute date et de tout pays. […] Il faut d’ailleurs observer que la science gréco-arabe n’a nullement fleuri en Arabie ; elle a fleuri dans les pays non sémitiques soumis à l’islamisme et ayant adopté l’arabe comme langue savante, en Perse, dans les provinces de l’Oxus, dans le Maroc, en Espagne.
À deux heures, j’ai vu arrivant de huit lieues de pays, en carrioles, une bande de parents mâles et femelles. […] Pour se punir elle-même, quand elle avait fait quelque chose de mal, elle allait embrasser les latrines… puis recommençait… Vers les douze ans, elle tombe en puissance d’une tireuse de cartes du pays, une ci-devant vivandière, parcourant le Morvan, en quêtant avec une besace et un panier. […] Il a ajouté que dans l’Asie Mineure, pays de hautes montagnes et de plaines inondées une partie de l’année, il existe un brouillard opalisé, dans lequel les couleurs baignent et scintillent comme dans une évaporation d’eau de perle, leur donnant l’harmonie la plus chatoyante… Bref, une poétique palette des Mille et Un Jours. Il nous disait encore que, lorsque le fils du ministre de Turquie est pris de nostalgie, il vient s’enfermer une journée chez lui, regarde ses tableaux, prend une tasse de café fait à la mode des siens, dans une tasse de son pays, et s’en va plein de son soleil et de sa patrie pour huit jours.
C’est dans un voyage en un pays vague, l’oubli de l’hôtel où je suis descendu, l’oubli et la non-retrouvaille de la chambre qu’on m’a donnée, avec la perte de tous mes effets ; un cauchemar produisant les troubles et les anxiétés les plus terribles, dans mon pauvre sommeil d’être frileux. […] Sur un emportement du petit Zézé, il me parle des colères des Daudet, légendaires dans le pays : des colères de son père à propos de rien, et qui, un jour que son frère avait demandé du vinaigre, lui faisait remplir son assiette, et le forçait à l’avaler. […] En effet, il n’y a pas dans son œuvre la rudesse primitive de son pays, la rudesse moscovite, la rudesse cosaque, et ses compatriotes dans ses livres, m’ont l’air de Russes, peints par un Russe qui aurait passé la fin de sa vie, à la cour de Louis XIV. […] C’est dans son œuvre, cet adoucissement du caractère de l’humanité de son pays, qui amena un jour entre Flaubert et moi, la plus vive discussion que nous ayons jamais eue, me soutenant que cette rudesse était une exigence de mon imagination, et que les Russes devaient être tels qu’il les avait représentés.
Fiancé à la fille d’un médecin au commencement de l’année 1735, après s’être assuré du cœur de la jeune personne, il entreprit le cours de ses voyages dans les pays étrangers : il ne résida pas moins de trois ans en Hollande ; il vint ensuite quelque temps à Paris, où les Jussieu le reçurent : il n’était pas encore question de Buffon. […] Enfin, Buffon a rendu à son pays le service le plus grand peut-être qu’il pût lui rendre, celui d’avoir popularisé la science par ses écrits, d’y avoir intéressé les grands, les princes, qui dès lors les protégèrent, et d’avoir ainsi produit des effets qui se perpétuent de notre temps et qui sont incalculables pour l’avenir.
Marcotte, son digne et incomparable ami de tous les temps, il lui exprimait, d’une manière un peu voilée, mais avec insistance, les regrets de l’homme du Nord, de l’homme plus intérieur et spiritualiste qui se sent jusqu’à un certain point exilé dans ce pays de la lumière et des sensations heureuses. […] Ce fut une razzia qui rétablit l’ordre dans le pays, et qui eut son contrecoup pittoresque inattendu.
Nous n’aurions qu’à continuer la lecture de ce chapitre pour avoir à renouveler les remarques du même genre, et aussi pour apprécier l’utilité dont Charron a pu être dans les progrès si lents de l’éducation publique dans notre pays. […] Montaigne aussi vit son pays déchiré, et plus cruellement que le nôtre, et pourtant il vécut (pas tout à fait) jusqu’aux jours du bon Henri, qui ferma les plaies de la patrie. » (Lettre du 3 juillet 1799.) — Ce sont là de ces choses dont la lecture de Charron ne donnera jamais l’idée et qu’inspire, que renouvelle d’âge en âge le commerce familier des seuls génies immortels.
Elle n’a pas à se plaindre pourtant et n’a rien à envier même à la belle Gabrielle, au moins si l’on en juge, comme aime à le faire la postérité, au point de vue poétique et littéraire ; car assurément la plus ravissante lettre de Henri, la plus développée et la plus épanouie, celle où il se montre le mieux à nous dans un intervalle de paix pastorale et tendre et de repos, lui est adressée ; c’est la lettre où il lui décrit le pays de Marans sur la Sèvre Niortaise ; la voici, — voici ce coin de paysage délicieux : J’arrivai hier soir de Marans, où j’étais allé pour pourvoir à la garde d’icelui. […] Je sais ce qu’on doit à Pline et à ce dieu révéré du Clitumme, avec ce petit temple de marbre blanc et ces chapelles d’alentour que l’on voyait étinceler à travers les bouquets de verdure, — fond de paysage du Poussin ; — mais y a-t-il rien d’aussi doux et d’aussi pénétrant au cœur que ce pays tout naturel, cette petite Hollande et cette Venise sans nom, cette humble marine bocagère, où il fait si bon chanter, où l’on se peut réjouir avec ce qu’on aime, et plaindre une absence ?
Il avait l’idée d’abord de pousser jusqu’en Orient et de voir l’empire des Turcs, « non par superstition », dit-il, comme la plupart de ceux qui y vont seulement pour visiter Jérusalem, mais pour s’instruire en ces années actives d’apprentissage et pour considérer la diversité des pays et des peuples. […] Il termine ses voyages par l’Angleterre et par l’Écosse, et plus encore qu’ailleurs il y est reçu avec distinction et hospitalité par les souverains des deux pays.
À qui pourrais-je mieux confier les intérêts d’un pays que je dois rendre heureux qu’à une sœur que j’adore, et qui, quoique bien plus accomplie, est une autre moi-même ? […] Je ne réponds pas du goût parfait de toutes les plaisanteries qu’on trouve dans ces premières lettres de la margrave ; elle est beaucoup de son siècle, et un peu de son pays.
Ils persuadaient au faible duc que tout ce qui se faisait était pour le bien de son pays, et alors tout ce que j’avais dit était oublié. […] Je lui exprimai mes regrets qu’il ne fût pas resté en Angleterre lorsqu’il y était ; il me répondit qu’il l’aurait désiré, mais qu’on n’aurait pas voulu le lui permettre… Il m’assura qu’il avait toujours envié la vie d’un gentilhomme campagnard anglais, et que, pendant que ses ennemis l’accusaient d’avoir voulu se faire roi, il aurait volontiers échangé sa position et toute sa fortune contre une petite propriété en Angleterre, avec les privilèges de ce délicieux pays, qu’il espérait revoir encore… Je lui conseillai alors de s’arracher aux mains des misérables qui l’entouraient, et de ne pas les laisser abuser de son nom pour commettre de si horribles attentats.
Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père : mais, à l’entrée, il y a un passage où deux ne sauraient marcher de front, et où l’on cesse un moment de se voir : c’est là tout. » A Mme de Senfft encore, au moment où il agitait de publier les Paroles d’un Croyant (19 février 1834) : « Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez (Florence) : j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur avec les fleurs. […] C’est encore, à tout prendre, le pays où il y a le plus de vie… » Et ces mots ont d’autant plus de prix sous sa plume qu’il les faut détacher du milieu de toutes sortes de malédictions contre les gouvernements et les régimes sous lesquels il les écrivait.
« D’ailleurs l’esprit du paysan est monté à tel point que, si l’ennemi entre, l’Empereur doit déclarer tous les hommes de France soldats, et ce pays sera pour vous ce qu’a été l’Espagne pour nous. […] Soyez certain que l’état que je vous donne des forces de l’armée et de l’exaltation du pays est absolument, exactement vrai ; et si l’Empereur avait une victoire, le Brabant deviendrait aussi pour les Alliés une Espagne.
Les vieux souvenirs de cette race sont pour moi plus qu’un curieux sujet d’étude ; c’est la région où mon imagination s’est toujours plu à errer, et où j’aime à me réfugier comme dans une idéale patrie… Ô pères de la tribu obscure au foyer de laquelle je puisai la foi à l’invisible, humble clan de laboureurs et de marins à qui je dois d’avoir conservé la vigueur de mon âme en un pays éteint, en un siècle sans espérance, vous errâtes sans doute sur ces mers enchantées où notre père Brandan chercha la terre de promission ; vous contemplâtes les vertes îles dont les herbes se baignaient dans les flots ; vous parcourûtes avec saint Patrice les cercles de ce monde que nos yeux ne savent plus voir. […] Sous une forme ou sous une autre, il est conquis à Jésus ; il l’est surtout depuis qu’il a visité cette Palestine, objet et terme désiré de son voyage, ce riant pays de Génézareth, qui ressemble à un jardin, et où le Fils de l’Homme a passé le meilleur temps de sa mission à prêcher les petits et les pauvres, les pêcheurs et les femmes au bord du lac de Tibériade ; il faut entendre comme il parle à ravir et avec charme de ce cadre frais et de ce paysage naturel des Évangiles.
Foucault en Béarn Pour être juste, il faut convenir que la mission de Foucault, arrivant en Béarn, était difficile : ce pays, autrefois converti en masse au calvinisme par Jeanne d’Albret, et, depuis sa réunion à la France, reconquis à la religion catholique, moyennant expédition militaire, par Louis XIII et son ministre de Luynes, en 1620, n’avait jamais été régulièrement administré ; le Parlement de Pau avait exercé l’autorité jusqu’à l’année 1682, qu’on y avait envoyé pour la première fois un intendant, Du Bois-Baillet. […] Ce bon sous-prieur fit garde toute la nuit à la porte de la chambre où je couchais, qui était la sienne, et où apparemment il avait son trésor. » Le lendemain, après avoir entendu la messe dans l’église de cette abbaye à la Rabelais, où se voyaient les armes de Roland, on se mit en marche dès sept heures du matin pour rentrer en France ; on prit un autre chemin qu’en allant et où il n’y avait pas de neige : « Tous les soldats étaient chargés de jambons et de barricots de vin, que leurs hôtes leur avaient donnés, car c’est le pays des jambons ; et je ne reçus aucune plainte d’exactions des soldats. » Foucault ne manque pas d’écrire aussitôt à M. de Louvois pour rendre compte de l’expédition et assurer le roi du zèle de ses sujets de par-delà les Pyrénées, et de la bonne volonté des Navarrais espagnols à rentrer sous son obéissance comme étant leur prince légitime, successeur de Charlemagne.
Cependant, après avoir hésité quelques semaines, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, voyant les Français en force manger le pays autour de Charlemont, se décida enfin à leur livrer la ville. […] De cette manière, le roi paraîtra faire justice et la fera en effet, et la Chambre, en adjugeant à l’évêque ce qui lui appartient, réunira à la couronne de Sa Majesté la souveraineté des lieux que les évêques auront fait assigner… Afin de ne point faire trop de bruit, il ne faut comprendre dans une même requête que cinq ou six villages, et, de huitaine en huitaine, en faire présenter sous le nom de chacun desdits évêques, moyennant quoi, en peu de temps, l’on aura fait assigner tous les lieux qu’on peut prétendre avoir été autrefois desdits évêchés. » La tactique est assez nettement indiquée ; on voit la marche de cette politique rongeante qui bientôt ne se contenta point d’absorber les petits feudataires enclavés, mais qui s’essayait parfois à sortir du cercle et à pousser jusqu’en pays allemand, à la grande clameur des seigneurs, princes ou même rois qui se sentaient atteints.
Goethe, comme toujours, était plus juste, et, le seul peut-être de son pays, il s’est occupé de Corneille avec une sympathie intelligente et en voulant bien entrer dans son génie. […] Rambert, au cœur de pays allemands et dans une cité des plus éclairées, des Cours où le génie français bien compris, maintenu dans ses distinctions et ses supériorités essentielles, est plaidé et démontré avec chaleur dans une excellente langue, mériteraient, quand ils nous reviennent ici sous forme de livres, d’être quelque peu examinés et critiqués à leur tour.
Insuffisants et impuissants aux premiers rôles où le hasard des événements les avait portés, on les retrouve, à peu d’années d’intervalle, aux seconds rangs, devenus de bons, de fermes, d’intègres et infatigables serviteurs du pays. […] Les biographes du pays sont forcés eux-mêmes de glisser là-dessus.
Bourges est le centre du royaume, partie de la France si rançonnée, si opprimée, qu’on s’y croirait dans les déserts de l’Amérique : là, le roi peut fonder un nouvel État ; il n’y sera pas gêné par les intérêts de la petite culture, ni même par ceux de la grande, le pays étant à peu près inculte à trente et quarante lieues de distance. » L’Escurial avec sa tristesse et son désert suffirait à peine à M. […] Le cœur d’un homme vaut tout l’or d’un pays, ce beau vers d’un poète du Moyen-Age lui a paru avoir dû se réaliser et avoir trouvé son écho en bien des provinces de notre France.
On le vit bien, lorsqu’à la nouvelle de la mort inopinée de l’Électeur de Bavière, décédé sans héritier direct en décembre 1777, l’Autriche, sous prétexte de droits particuliers qu’elle revendiquait et qui n’étaient connus que d’elle, se mit en possession militairement des deux tiers du pays. […] Par tous ces soins, le militaire acquit dans ce pays un degré (le perfection où il n’était jamais parvenu sous les empereurs de la maison d’Autriche, et une femme exécuta des desseins dignes d’un grand homme.
Dans un post-scriptum essentiel il s’empresse d’ajouter que les frères Paris (Montmartel et Du Verney) l’ont fort aidé dans toute cette affaire, à la fois comme amis de la favorite et comme ayant tout pouvoir sur l’esprit de la reine, dont eux-mêmes dans le temps ils ont fait le mariage : « Ce sont, dit le maréchal, deux personnages qui ne veulent point paraître et qui, dans le fond, sont fort considérables dans ce pays-ci, parce qu’ils font mouvoir toute la machine. […] Pour moi, qui n’ai pour toute arme que le bouclier de la vérité, l’on me craint, le roi m’aime et le public espère en moi. « Voilà, mon cher comte, un tableau de ce pays-ci… » Cette lettre essentielle, et qui est à lire tout entière, ne devait pas nous arriver : elle renfermait une injonction impérative, comme si Maurice avait reculé au dernier moment, en relisant ce qu’il avait confié au papier : « Brûlez cette lettre, je vous en conjure, en présence du roi ; je veux avoir un témoin comme lui.
Ami de la retraite, de la solitude, et peintre des champs, La Fontaine a encore sur ses devanciers du xvie siècle l’avantage d’avoir donné à ses tableaux des couleurs fidèles qui sentent, pour ainsi dire, le pays et le terroir. Ces plaines immenses de blés où se promène de grand matin le maître, et où l’allouette cache son nid ; ces bruyères et ces buissons où fourmille tout un petit monde ; ces jolies garennes, dont les hôtes étourdis font la cour à l’aurore dans la rosée et parfument de thym leur banquet, c’est la Beauce, la Sologne, la Champagne, la Picardie ; j’en reconnais les fermes avec leurs mares, avec les basses-cours et les colombiers ; La Fontaine avait bien observé ces pays, sinon en maître des eaux-et-forêts, du moins en poëte ; il y était né, il y avait vécu longtemps, et, même après qu’il se fut fixé dans la capitale, il retournait chaque année vers l’automne à Château-Thierry, pour y visiter son bien et le vendre en détail ; car Jean, comme on sait, mangeait le fonds avec le revenu.
D’autres plongeaient leur corps délabré, tombant en loques, dans une eau du pays qui jouissait, disait-on, de vertus merveilleuses. […] Jusque dans ces dernières années, le petit pays dont je vous parle était, en grande partie, peuplé par de pauvres hères au teint blafard, à l’aspect souffreteux, au corps émacié, au visage d’une pâleur caractéristique et dont les téguments étaient empâtés d’une bouffissure spéciale ; on les aurait reconnus entre mille ; il suffisait de les avoir vus une fois… » « Pour les questions qui se rattachent à l’histoire pathologique de la lèpre, la contagion encore si controversée… l’impuissance presque absolue des moyens thérapeutiques contre cette bizarre maladie, etc., toutes ces notions ont été puisées, vous devez le penser, aux bonnes sources.
Sur quoi, le chantre des gueux fut condamné par la justice de son pays à trente jours de prison, ce qui était parfaitement stupide, car les vers étaient de main d’ouvrier, hardis et drus, mais non pas obscènes. […] S’il vous faut un exemple, relisez, je vous prie, la première page de Miarka : … C’est qu’il faut profiter vite des belles journées au pays de Thiérache… Un coup de vent soufflant du Nord, une tournasse de pluie arrivant des Ardennes, et les buriots de blé ont bientôt fait de verser, la paille en l’air et le grain pourri dans la glèbe.
Ainsi, selon ses propres paroles, chaque animal a son pays, sa patrie naturelle, où il est retenu par une nécessité physique. […] Dans ce livre prodigieux, il pouvait contenter son cœur, marcher seul, à la lumière du regard intérieur, et, désormais affranchi du secours des autres, découvrir sans voyageurs, observer sans naturalistes, des pays que Dieu seul a vus.
La France est le pays du monde le plus orthodoxe, car c’est le pays du monde le moins religieux.
Il la prise peu dans sa gloire, il la déteste dans son tous les jours ; il a en horreur les avanies, habituelles aux gens de guerre d’alors, même en pays ami, et il comprend déjà les intérêts positifs modernes en digne serviteur de son prudent maître. […] Il envoyait acheter, par exemple, des chevaux, des chiens de race de tous côtés, aux pays étrangers, là où il voulait qu’on le crût bien portant et capable d’aller encore à la chasse.
C’est la mode, en ce pays ici, d’avoir des gentilshommes polonais. […] Les régalades continuent sur toute la route au retour : l’ambassadeur et l’abbé ne se lassent pas de tenir tête aux grands seigneurs du pays et de s’enivrer à la polonaise, pour soutenir l’honneur du roi leur maître.
C’est à Alger qu’on les transporte : la belle Elvire, donnée comme esclave au roi du pays, est respectée par lui et traitée mieux qu’à la française. […] Et voilà Regnard et ses compagnons s’embarquant à Stockholm pour aller toucher au fond du golfe de Bothnie, et pour percer de là aussi avant que possible vers le pôle nord dans le pays des Lapons.
Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant. […] Pendant que Franklin correspondait ainsi avec ses amis d’Amérique ou d’Angleterre, avec sa fille absente, et qu’il anticipait pour son pays les perspectives de l’avenir ou qu’il regrettait les joies du foyer, il était populaire en France, il était à la mode.
Dans un pays où le bien-être social consiste en des choses de délicatesse et de goût, où l’existence intime repose sur l’honneur, où les discours légers ont tant de gravité, où les interprétations d’une conduite exempte de tout reproche peuvent être si fatales, ou les femmes sont tellement mêlées à la société, et y mêlent tellement toutes les sortes de susceptibilités, et j’oserais dire toutes les sortes de pudeur, où tous les amours-propres sont toujours éveillés et si facilement irritables ; dans un tel pays, avouons-le, la médisance devient de la calomnie, les écrits indiscrets feront des blessures profondes que nulle puissance au inonde ne pourra guérir, la censure deviendra un tribunal public dont les arrêts justes ou injustes seront trop souvent des outrages.