En effet, avec tout ce qui fausse ou entrave en toute chose le jugement des hommes, avec tout ce qui cache à leurs faibles yeux la pointe de la vérité, avec tous les impedimenta de l’histoire, et les passions, et les partis, et les dauphins, et leurs précepteurs, et les bourgeois qui ont remplacé les dauphins, et les Martin qui ont remplacé les Bossuet, ce n’est pas qu’il y ait dans l’histoire quelques déplacements d’anecdotes, quelques reflets des autres temps, quelques inventions, quelques préjugés, quelques misères, qui doit étonner, mais c’est plutôt qu’il n’y en ait pas beaucoup plus !
Or, cette erreur, dans un esprit bien fait, mais un peu faible, ne peut pas venir d’un parti pris, mais d’un parti reçu.
L’une des plus belles discussions de ce livre de Segretain est celle-là, dans laquelle il démontre la fausseté de la thèse de l’émancipation de la pensée et de l’homme esclave brisant ses fers, que des écrivains de parti ont toujours soutenue avec succès à propos de la Réforme, et fait admettre à l’ignorance, non pas gobe-mouche, mais gobe-montagne de ceux qui les lisent.
Avant MM. de Goncourt, des historiens modernes : Michelet, Audin, Dargaud, saisis, tous les trois, en raison des plus rares facultés artistiques, de cet amour des arts plastiques devenu presque la seule passion d’une société qui gâte ses passions les meilleures par les affectations de sa vanité, et qui les déshonore bientôt en les transformant en manie, avaient deviné le parti qu’on peut tirer, pour l’histoire d’un temps, de l’art de ce temps, et ils l’avaient souvent évoqué dans leurs œuvres.
Est-ce dans l’intérêt d’un parti ?
Quelle conviction politique a-t-il, ce damné diable du pittoresque, qui s’identifie tellement avec le fait qu’il raconte qu’il est momentanément de tous les partis ?
Ou bien, encore, aurait-il gardé rancune à l’illustre romancier français de s’être joué dans la pensée swedenborgienne avec une puissance que Swedenborg n’avait pas, et d’avoir tiré de cette pensée un parti qui aurait stupéfié son auteur, — s’il l’avait compris ?
Lui, c’est un artiste en histoire bien plus qu’un historien, et il faut être précis dans le maintien de cette distinction… Les historiens ont des jugements, et des passions, et des convictions, et des partis pris et des polémiques… Ils font incessamment acte de cerveau, à chaque minute de la durée ; mais le coloriste que voici ne fait, lui, qu’acte de pinceau.
S’il y passait toujours et s’il prenait le parti de fouler aux pieds l’Athéisme et la Démocratie, ces deux déshonneurs de sa pensée, il serait (voyez si son livre des Réveils n’est pas le livre des Regrets !)
Il en avait pris noblement son parti, mais ce qui était noble à lui, ce ne le serait pas, à moi, de l’oublier.
J’ai cité Shakespeare, et je disais quel parti ce foudroyant intuitif avait su tirer dans Macbeth du phénomène somnambulique, de ce phénomène obscur encore aujourd’hui, et qui de son temps l’était bien davantage.
Parti de la description minutieuse, Feydeau est, je le prédis, en voie d’arriver à la plus épouvantable sécheresse.
Francis Monod9, qui appartient à un groupe pieux intitulé les « Volontaires du Christ », parti comme sous-lieutenant au 33e d’infanterie, écrit : « La guerre !
Ce poète, que quelques hommes ont trouvé ridicule, et que des milliers d’hommes ont trouvé sublime ; qu’on a déchiré avec excès, parce qu’on l’admirait avec fanatisme ; et qui a fait des partis et des sectes, comme tout ce qui ébranle fortement les hommes, régnait alors sur la poésie et l’éloquence, comme Platon sur la philosophie.
Renan n’en prend pas aisément son parti. […] Voilà un parti ! […] partis d’une conscience sincèrement scandalisée. […] C’est son habitude de tirer parti de ce qu’on lui prête ; il emprunte un qui vaut dix. […] Si donc ce sacrifice se fait au dénouement, j’en prendrai aisément mon parti, comme il en a pris le sien lui-même d’avance.
Nul ouvrage n’a fait plus de bruit en son temps ni apporté plus d’aide au parti du libertinage. […] 2º La Formation de la doctrine. — De l’importance du jansénisme dans l’histoire des idées religieuses ; — de la littérature française ; — et de la politique. — Acharnement encore actuel de tout un parti contre lui. […] Le jansénisme achève de se constituer en parti ; — étendue de ses liaisons ; — les « Mères de l’Église » : Mme de Gueménée, Mme du Plessis-Guénégaud, Mme de Sablé, la duchesse de Luynes, la duchesse de Longueville ; — et à ce propos, de l’imprudence des plaisanteries de l’abbé Fuzet [Cf. […] Enfin une conséquence importante du burlesque a été de diviser le parti du libertinage : — d’un côté les Scarron ou les Saint-Amant, qui s’arrangeront de tout, pourvu qu’on ne contraigne pas leur humeur ; — et de l’autre, ceux qui ne se soucient pas tant de la liberté de vivre à leur guise que de penser comme il leur plaît. […] Griveau, Étude sur la condamnation du livre des Maximes des saints, Paris, 1878]. — Le parti du Dauphin et le parti du duc de Bourgogne [Cf. la correspondance de Madame, duchesse d’Orléans]. — Du rôle que Bossuet a tenu dans la controverse. — Comment il comprend le mysticisme. — L’Instruction sur les états d’oraison et la Relation sur le quiétisme, 1697-1698. — Que, s’il a manqué de « charité » dans l’ardeur de la lutte, ses adversaires y ont manqué de franchise. — Les dernières années de Bossuet [1700-1704]. — Il met la dernière main à ses anciens travaux. — Il achève sa Politique ; — ses Élévations et ses Méditations ; — il reprend sa Défense de la tradition des saints Pères. — Son œuvre de direction. — Ses préoccupations de famille, et sa faiblesse pour son neveu. — Ses sollicitations auprès du roi. — Sa mort.
Trop heureux quand la fureur des deux partis respecte les monumens qui existent. […] Voilà ce qui s’appelle tirer parti de ses lectures. […] Parmi ceux du parti opposé, je distinguai le judicieux & caustique Feuquieres. […] Tels furent les preuves & les efforts des deux partis. […] Je vis l’avantage rester suspendu entre les deux partis.
Il a pris son parti des imperfections humaines, non en leur pardonnant, mais en les reconnaissant pour incorrigibles. […] Je ne suis pas sans l’approuver un peu de prendre le parti de M. […] — On prend toujours parti, me répondra-t-on ; quand deux hommes combattent devant vous, il est impossible de ne pas être pour l’un ou pour l’autre. […] Il y a grand parti à tirer contre Molière de ce qu’il a habillé la sagesse, la saine philosophie et la sainte religion des habits d’un grotesque. […] Rousseau reproche à Molière d’être du parti des malhonnêtes gens.
Henri Rochefort, engagé par sa naissance, ou par ses goûts, ou par ses intérêts, dans le parti de la réaction. […] D’une part nous avons le parti des Guises ; de l’autre le parti des huguenots. […] Il en prend son parti, avec une gouaille un peu amère. […] Le baron parti, le prince d’Aurec se déclare transformé par l’épreuve. […] Par ses soins, le parti militaire s’unit pour la première fois lu parti civil, et des représentants des deux partis viennent offrir à Ernestin la présidence de la République.
Malgré son orgueil et son humeur batailleuse, — et j’ai prévenu que les traits principaux du caractère de Nietzsche n’étaient pas tout son caractère, — il connut la tristesse de l’homme qui se sépare de son pays, ou de son parti, ou de son cénacle, tristesse que tout homme qui a quelque personnalité a connue à un moment de sa vie. […] Avec la croyance à l’âme immortelle, l’homme est forcé de prendre avant sa mort une décision, un parti ; puisque du parti qu’il prend son salut dépend. […] Bien plus, à quelque parti philosophique que l’on appartienne, on veut aboutir à la morale et on tient à montrer qu’on y aboutit ; quelque système philosophique que l’on invente ou que l’on soutienne, on trouve le moyen, en définitive, de l’incliner vers la morale et de prouver qu’il y arrive. […] » Rien n’est plus vrai, et de faux amoureux, de faux jaloux, de faux ambitieux, de faux autoritaires, de faux sectaires, de faux hommes de parti, de faux hommes à convictions , nous en avons autant que de faux poètes, de faux littérateurs, de faux penseurs. […] Vivre est une aventure ; prenez dans la vie tel parti ou tel autre, toujours elle gardera ce caractère !
Macbeth ayant donc assemblé à Inverness, d’autres disent à Botgsvane, un grand nombre de ses amis auxquels il fit part de son projet, tua Duncan, et se rendit avec son parti à Scone, où il se mit sans difficulté en possession de la couronne. […] Le premier parti m’est douloureux, car toutes les fatigues que tu auras à éprouver, tous les périls qui surviendront me rempliront de tourment ; le second m’est insupportable, car me séparer de toi, c’est me séparer de ma vie. — Cher mari, que signifient toutes ces pensées qui vous agitent le cœur ? […] La vanité même n’y suffirait pas ; Falstaff sait prendre son parti de toutes les hontes ; au point où il en est arrivé, il ne cherche même plus à les dissimuler. […] Des partis toujours aux prises pour s’arracher le pouvoir, tour à tour vaincus et méritant leur défaite, sans que jamais un seul ait mérité la victoire, n’offrent pas un spectacle très-dramatique, ni très-propre à porter nos sentiments et nos facultés à ce degré d’exaltation qui est un des plus nobles buts de l’art. […] Cependant il serait aisé de trouver au moins autant de crimes dans le parti qui triomphe de son abaissement.
En le prenant dès le berceau, dans son éducation, dans sa carrière et sa nationalité extérieures et contiguës à la France, nous aurons déjà fait la part de bien des exagérations où il a paru tomber, et sur lesquelles, d’ici, le parti adversaire l’a voulu uniquement saisir. […] Heureux mille fois les hommes qui ne sont appelés à contempler que dans l’histoire les grandes révolutions, les guerres générales, les fièvres de l’opinion, les fureurs des partis, les chocs des empires et les funérailles des nations ! […] C’est entre ces deux suppositions qu’il faut choisir, suivant le parti qu’on a pris sur la vérité du christianisme. » S’il se prononce dans les pages qui suivent, et avec une incomparable éloquence, pour le triomphe immortel de ce christianisme tant combattu, il a du moins donné jour à la perspective sur le rajeunissement. […] Les hommes estimables viendront d’eux-mêmes se placer aux postes où ils peuvent être utiles…. » Voilà un idéal de 1814 et de 1815, une vraie idylle politique que j’aurais crue à l’usage seulement des crédules et des niais du parti. […] Un soir, à Pétersbourg, le prince Viasemski entra chez M. de Maistre, qu’il trouva dormant en famille, et M. de Tourguenef, qui était venu en visite, voyant ce sommeil, avait pris le parti de dormir aussi ; le prince, homme d’esprit et poëte, rendit ce concert d’un trait : « De Maistre dort, lui quatrième (à quatre), et Tourguenef à lui tout seul. » Cela fait une jolie épigramme russe, mais les épigrammes sont intraduisibles ; il faut nous en tenir à notre La Fontaine : Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette.
Il faut chercher dans l’Histoire des Variations comment l’intérêt se mêle aux opinions spéculatives et la passion aux vues de l’intelligence ; comment les hommes de parti exploitent leurs doctrines ou en sont dupes ; il y faut chercher leurs contradictions, nées de l’excès du sens propre ; leurs repentirs, toujours trop tardifs ; leurs efforts impuissants pour arrêter les conséquences des principes jetés à la foule ; tout ce qu’engendre, en un mot, l’amour des nouveautés ; à quelles marques on distingue les nouveautés durables de celles que suscite, pour un moment, l’impatience de certains esprits auxquels tout ce qui dure plus d’un jour est insupportable, et qui ne savent vivre que par anticipation. […] On y voit tous les genres de caractères, toutes les nuances de l’esprit sectaire : les novateurs hardis, emportés, sans souci des conséquences, comme Luther ; les modérateurs respectés, mais impuissants, comme Mélanchthon ; les tiers partis, Bucer et ceux de Strasbourg ; les exaltés, comme Zwingle, qui donnent leur vie pour leurs opinions ; les tyrans, qui se font un règne sur les consciences opprimées, comme Calvin. […] Changez le théâtre et le sujet ; à des sectes religieuses, à des opinions de théologie, substituez des partis politiques et des questions de gouvernement ; les uns vous apprendront à démêler les autres. […] Les triomphes de Bossuet sur Jurieu130, la plus impétueuse plume du parti, et d’un savoir réel, quoique faussé par l’emportement et la mauvaise foi, aujourd’hui paraissent à peine dignes de ce grand homme. […] Mais tant de puissance contre un si mince ennemi ; tant de génie contre un vain talent, qui n’a pas même la force de se régler ; un tel appareil de raisons contre des emportements de plume ; le génie même de la tradition en lutte avec le sens propre d’un homme médiocre, chargé par son parti de faire les affaires de la colère et de la prévention communes, aux dépens de sa considération personnelle ; cette disproportion étonne et fatigue, comme toute lutte inégale.
« Je retournerai certainement à Florence à la fin de l’hiver pour y rester autant que me le permettront mes faibles ressources déjà près de s’épuiser : lorsqu’elles viendront à manquer, le détestable et inhabitable Recanati m’attend, si je n’ai pas le courage (que j’espère bien avoir) de prendre le seul parti raisonnable et viril qui me reste158… » « Vous attendez peut-être que je vous dise quelque chose de la philologie romaine. […] Il n’était point d’inimitié de parti, point d’accusation capitale que le plus menacé des hommes ne pût conjurer à temps en s’exilant lui-même ; et tel était leur amour pour ce qu’ils appelaient leur dignité, qu’ils ressentaient un voluptueux exil comme un cruel déshonneur, et que, dans une guerre civile, le vaincu, qui pouvait aisément sauver sa tête, aimait mieux, sans effort et sans bruit, se faire égorger noblement par un esclave. […] On devine trop quel est ce parti.
André disait à Étienne : Jean mon fils est le plus brave jeune homme qui soit à Florence et en Italie, et je pourrais lui donner un des plus riches partis de Florence dans notre état. […] Enfin, lorsque je fus sorti de Sienne, j’eus pitié de lui ; je l’attendis et je le mis en croupe sur mon cheval, en lui disant : Nos amis se seraient trop moqués de nous si, partis pour Rome, nous n’avions pu aller au-delà de Sienne. […] Chigi, pour terminer un dessin de la figure de Jupiter d’après Raphaël ; ensuite je partis pour travailler à un petit modèle de cire, pour le lis de Mme Porcie, c’était son nom, que j’allai bientôt lui faire voir.
Peu de temps après nous apprenions par un journal que, rentrés dans leur pays et affiliés à des partis différents, l’un des deux avait fait pendre l’autre. […] Si ce sont deux partis adverses qui sont en présence, et deux seulement, le jeu se poursuivra avec une régularité parfaite. […] Sans doute, à regarder du dehors ces allées et venues, on ne voit que l’antagonisme des deux tendances, les vaines tentatives de l’une pour contrarier le progrès de l’autre, l’échec final de celle-ci et la revanche de la première : l’humanité aime le drame ; volontiers elle cueille dans l’ensemble d’une histoire plus ou moins longue les traits qui lui impriment la forme d’une lutte entre deux partis, ou deux sociétés, ou deux principes ; chacun d’eux, tour à tour, aurait remporté la victoire.
Sainte-Beuve reçut un grand nombre de lettres et documents de toute espèce, dont il se proposait de tirer parti pour écrire ici, en manière d’appendice ou de post-scriptum, un article final et inédit, qui eût été un dernier mot sur Talleyrand. […] ) — Cher ami, vous avez pris le seul bon moyen de répondre aux reproches et aux injures, celui de confirmer par un nouvel article le parti si simple en lui-même que vous avez suivi.
Le plus philosophe et le plus réfléchi de tous, dans une de ces pages merveilleuses qui s’échappent brillamment du sein prophétique de la jeunesse et qui sont comme un programme idéal qu’on ne remplit jamais, — le plus calme, le plus lumineux esprit de cette élite écrivait en 1823107 : « Une génération nouvelle s’élève qui a pris naissance au sein du scepticisme dans le temps où les deux partis avaient la parole. […] Damiron publia de lui, peu après, un volume posthume de Nouveaux Mélanges philosophiques ; la haine et l’esprit de parti s’en emparèrent.
trois siècles trop tôt, assistât vivant à la scène diplomatique que nous avons sous les yeux, et qu’interrogé par les Italiens ses compatriotes sur le meilleur parti à prendre pour régénérer l’Italie, il prît la parole à Naples, à Rome, à Bologne, à Venise, à Milan, à Turin, soit dans un conseil de diplomates italiens délibérant en famille sur les affaires de la grande nation qui veut revivre, soit dans une de ces tribunes que l’esprit moderne relève au milieu des peuples longtemps muets. […] D’ailleurs la monarchie universelle du Piémont, monarchie récente et faible comme tout ce qui est récent dans le droit public, cette monarchie d’annexions, cette mosaïque de nationalités discordantes, cette monarchie improvisée d’élan par la France, mais monarchie précaire quand la France aura retiré sa main, cette monarchie contestée par les partis et par les souverains dépossédés, par les héritiers naguère si aimés des Léopold, par les papes, par les rois de Naples, par les puissances ou par les populations catholiques en Espagne, en Portugal, en Bavière, en Saxe, en Belgique, en France, en Irlande, en Angleterre même, une telle monarchie sera-t-elle assez compacte, assez militaire, assez riche, assez populaire pour couvrir de son épée l’Italie contre les Germains modernes ?
Il écrit à Arnauld lui-même qu’il n’a pas pris parti sur le fond de la dispute des Provinciales, et dans une lettre à Racine il se moque également de la grâce augustinienne efficace et de la molinienne suffisante. […] Au fond, il ne comprend rien à la fureur des disputes théologiques : son parti à lui, c’est le sens commun, et il n’entre dans le jansénisme que jusqu’où le sens commun le mène.
C’est l’avocat de tous les partis ; ou plutôt c’est l’adversaire de toutes les causes ; et si les bibliothèques municipales ont son Ancien régime, en revanche les bibliothèques religieuses possèdent sa Révolution. […] Imaginez l’égoïsme et l’orgueil de certains niais ; et voyez comment le nietzschisme, compris par un parti politique, devient ridicule.
On sait quel parti les romanciers, depuis Alexandre Dumas père jusqu’aux feuilletonistes de journaux à un sou, ont tiré du sommeil provoqué et de la suggestion, et je n’énumérerai pas les innombrables écrivains-carabins qui ont puisé dans des traités de médecine des descriptions de maladies à faire frémir ou à faire vomir. […] Pourtant il est rude et multiple, le combat qu’ils ont à livrer, combat contre la misère, contre la faim, comme celui que soutinrent Bernard Palissy et tant d’autres, sacrés grands hommes après leur mort ; combat contre l’intolérance, contre une foi ombrageuse et brutale, comme ce fut le cas pour Galilée ; combat perpétuel enfin contre la nature, qui dérobe ses secrets, qui ne se les laisse arracher que par la force et qui se venge semble-t-il, des violences qu’on lui fait, témoin ces physiciens foudroyés par l’électricité qu’ils voulaient surprendre et dompter, ces chimistes mutilés, déchirés par la mitraille de quelque explosion et tombés dans leur laboratoire comme des soldats sur le champ de bataille, ces audacieux partis en plein ciel sur la foi d’un frêle aérostat etrejetés sans vie sur le sol ou dans les flots de l’Océan, à moins qu’ils n’aient disparu pour jamais dans l’espace sans y laisser plus de traces que des étoiles filantes.
Qu’on en prenne son parti : lorsque tout se renouvelle dans la société, tout se transforme dans les arts. […] Cédant aux conseils d’un saint ermite, et d’ailleurs, l’effet du philtre étant épuisé, après avoir duré pendant les trois années fatales, Tristan se retire dans la Petite-Bretagne et prend le sage parti de se marier à la fille d’Hoël, roi du pays, qui porte aussi le nom d’Iseult.
Louis Guérin, apportant en dot à madame Lecoutellier son nom et son château de famille, devient donc, pour elle, un parti d’autant plus sortable que la dame est en procès avec son neveu, qui lui dispute la succession de son oncle. […] Les filles aiment les bandits, mais elles les lâchent quand ils se font prendre. « Passons à l’étranger, dit timidement d’Estrigaud ; — Passez-y seul, mon cher, réplique Navarette, vous n’êtes plus un parti pour moi. — Hein ?
Est-il maintenant son habitude de désigner les chapitres de ses livres, ses poèmes et ses recueils par les titres métaphoriques, qui ne donnent pas le contenu de l’œuvre ; son érudition qui comprend toutes les sciences verbales, la métaphysique, la théologie, la jurisprudence, la philologie, les nomenclatures, et aucune des sciences réalistes et naturelles ; sa réforme de la versification, qui a eu pour effet, par l’introduction de l’emjambement, de permettre d’exprimer une idée en plus de mots que n’en contient un vers ; le résultat même du romantisme qui, parti en guerre au nom de Shakespeare contre l’irréalisme classique, n’a abouti qu’à enrichir la langue française de nouveaux mots ; toute la vie du poète, la mission sacerdotale qu’il s’est assignée, son entrée en lice pour la « révolution » contre le « pape », sa haine des « tyrans » et sa philantropie générale ; tous ces traits résultent du verbalisme fondamental de son intelligence. […] Coutumier comme elle de ne point creuser les dessous des choses, de croire tout uniment qu’il y a des braves gens et des coquins, que tous les hommes sont frères et tous les prés fleuris, que les oiseaux chanteurs célèbrent l’Éternel, que les morts vont dans un monde meilleur, et que la Providence s’occupe de chacun, ralliant les disserteurs de politique par son adoration de quatre-vingt-neuf, les mères par son amour des enfants, les ouvriers par sa philanthropie et son humanitarisme, ne choquant en politique que les aristocrates, en littérature que les réalistes et en philosophie que les positivistes, trois partis peu nombreux, M.
Non pas de la polémique lourde, scolastique, pédante, doctorale, oratoire qui avait appesanti jusqu’à lui la discussion entre les sectes et entre les partis, mais de la polémique légère, badinage du bon sens, qui fait son métier gaiement, selon l’expression de Mirabeau. […] Ces délires très individuels de quelques sectaires sans sectateurs, parurent des partis menaçants quand ce n’était que des jeux d’esprit sans idée, des puérilités ou des débauches de chimères.
[NdA] Galant homme en effet, il l’est et me l’a bien prouvé depuis par son procédé personnel mêlé de bonne grâce et d’indulgence ; mais il est dans un camp, il est d’un parti, et dès lors il ne s’appartient pas tout entier.
Écrivain exquis et consommé, il s’est mêlé aux instincts, aux ironies, à la malice et aux émotions de tous, et, s’emparant de cette faculté chantante qui avait longtemps détonné, il en a tiré un parti plein d’à-propos, de finesse et de grandeur.
A propos d’un passage du poëme, il remarque que M. de La Fontaine aurait pu en tirer parti pour une fable, et sa manière de dire fait entendre assez clairement que M. de La Fontaine ne le connaissait pas.
En 1811, cet esprit original, appelé à professer au sein de la Faculté des Lettres, prit position sur une question très-particulière à l’école écossaise, et il en tira parti pour renouveler l’observation psychologique.
Le lendemain de cette culbute accablante du parti, M. de Chateaubriand comparaissait devant les assises, accusé au sujet de sa dernière brochure.
Enfin il prend un parti ; il va trouver, lui si altier, un vieux Juif auquel il a eu affaire plus d’une fois.
J’ai cité, dans les notes ajoutées à cet ouvrage, les autorités sur lesquelles j’ai fondé les opinions littéraires qu’on a attaquées1 : je me bornerai donc, dans cette préface, à quelques réflexions générales sur les deux manières de voir en littérature, qui forment aujourd’hui comme deux partis différents, et sur l’éloignement qu’inspire à quelques personnes le système de la perfectibilité de l’espèce humaine.
Les voici : Jacques Ferny, beaucoup plus spi rituel que Roqu’laure, Sait, avec art, tirer parti Des chroniqu’s de Roch’fore… Dreling, dreling, dreling, dreling… Marcel Legay s’enflamme, Et tendre ou fougueux, son refrain Fait un bruit d’grelots ou d’tocsin Mais c’est la fin.
Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites d’une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de s’adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour atteindre telle montagne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte de faculté limitante à priori ?
On nomme aussi parmi les disciples Thomas, ou Didyme 434, qui douta quelquefois, mais qui paraît avoir été un homme de cœur et de généreux entraînements 435 ; un Lebbée ou Taddée ; un Simon le Zélote 436, peut-être disciple de Juda le Gaulonite, appartenant à ce parti des Kenaïm, dès lors existant, et qui devait bientôt jouer un si grand rôle dans les mouvements du peuple juif ; enfin Judas fils de Simon, de la ville de Kerioth, qui fit exception dans l’essaim fidèle et s’attira un si épouvantable renom.
Aristote, s’il eût assisté aux débats de l’école, eût répudié cette doctrine étroite ; il eût été du parti de la science progressive contre la routine, qui se couvrait de son autorité ; il eût applaudi à ses contradicteurs.
Je crois l’entendre d’ici me répondre que cette pente où l’on va est une loi fatale pour toute littérature qui a beaucoup duré et qui a eu déjà plusieurs siècles de floraison et de renaissance ; qu'en attendant il faut tirer de chaque âge le meilleur parti possible, lui demander l’œuvre à laquelle il est le plus propre, et que, d’ailleurs, nous n’en serons pas de sitôt pour cela à l’école de Byzance, que nous n’en sommes qu’à celle d’Alexandrie.
Peut-être se récriera-t-il à ce mot : il s’en allait en guerre contre un parti d’athées, et le voici qui tombe dans une assemblée de poètes.
Il n’appartient qu’aux prédicateurs du premier ordre de sçavoir tirer parti de la fréquentation des spectacles & du jeu des grands comédiens ; témoin le P.
Celui-ci connaît le monde et a bien pris son parti.
Il faut en prendre son parti.
Cependant, pour acquérir le droit d’être plus sévère à l’avenir, elle a pris le parti, depuis quelques années, de laisser aux poètes le choix des sujets, mais elle voit avec peine que les auteurs semblent se négliger à proportion de la liberté qu’elle leur laisse, et de la rigueur qu’elle a résolu de mettre dans ses jugements.
J’ose à peine citer Burke, parce que son nom ressemble, pour la thèse que je défends, à un nom de parti : cependant il n’est pas hors de propos de remarquer que cet illustre antagoniste de la révolution française puisait aussi ses arguments dans un système opposé à celui de la réformation.
Le parti tragique et brûlant que Balzac a tiré de cette méprise, aurait dû épouvanter la mémoire de Mme de Chandeneux et arrêter sa plume dans les tremblements du respect, quand elle ose cette réminiscence.
Les partis sont les ogres de la pensée des hommes.
Il y a même de très grands écrivains, de très grands artistes, qui emploient leur talent et leur art à fausser l’histoire et à faire d’elle la servante ou d’un système ou d’un parti ; par cela seul se déshonorant de ce qu’ils l’ont déshonorée… Michelet est de ceux-là, par exemple, et la critique peut pleurer sur lui, parce qu’elle sait tout ce qu’en le perdant la vérité y a perdu.
Or, en supposant qu’il ne vint jamais, ce Cuvier de Shakespeare, ou qu’il fût simplement impossible, — par la raison que l’histoire humaine, faite avec des circonstances et du libre arbitre, déconcerte la logique de l’observateur et ne ressemble pas à l’histoire naturelle, faite avec de la pure organisation qui permet toujours de conclure, — il y aurait au moins les faits connus — si peu nombreux qu’ils soient et même si incertains qu’ils puissent être — pour intéresser l’imagination captive, cette imagination humaine qui n’est pas de l’avis d’Emerson non plus, et qui ne prendra jamais son parti de ne pas savoir l’histoire vraie et détaillée du tous les jours de Shakespeare, comme elle sait, par exemple, celle de Goethe et de lord Byron !
C’est à Lerminier qu’il faudrait appliquer ce mot, écrit par lui de Montesquieu « : Il a la passion de l’impartialité, mais c’est une passion contenue, surveillée, sûre de son désir et de son effort, moins une passion qu’un art réfléchi, calculateur et caché, qui va du rayonnement du Beau jusqu’au rayonnement, plus pur encore, de la Justice, par le fait de cette loi magnifique qui veut que toutes les vérités se rencontrent, à une certaine profondeur. » Nous avons dit qu’après avoir lu cette histoire il n’était plus possible de garder la moindre illusion sur la valeur morale et politique des Grecs, mais, en exprimant une telle opinion, nous n’avons point entendu parler des partis.
Si Thiers n’avait pas publié sous Louis-Philippe les premiers volumes de son histoire, on pourrait penser que l’homme de parti a étouffé en lui la voix du véritable homme d’État.
sans une philosophie de l’histoire ; l’histoire sans esprit de parti ou sans parti pris, sans prêchaillerie, sans thèse au fond, comme celle de Macaulay, par exemple, dont nous venons de parler, voilà ce qui doit venger une époque troublée comme la nôtre des impuissances de sa métaphysique et des démences de son orgueil !
Le voici : « Guizot est un homme tel que je le veux ; il est solide ; il possède de profondes connaissances qui s’allient à un libéralisme éclairé ; s’élevant au-dessus des partis, il poursuit sa propre route.
Toute sa vie à Yuste donne de tels démentis au parti qu’il avait embrassé, qu’on crut plus d’une fois qu’il se repentait et que le vieux lion, pour ne pas étouffer, allait sortir de son antre !
c’est bien léger pour Vacquerie, qui a du Hun ou plutôt du han dans la manière, et qui peut passer pour le cosaque indiscipliné et toujours présent de son parti dispersé.
Il le couvre de sa dignité personnelle, — de sa propre autorité morale, — et un prêtre, et un bon prêtre comme l’abbé Maynard, doit en avoir une immense… Il ne se ravale pas et ne ravale pas l’homme dont il a écrit la vie parce qu’il l’admire ; il ne le justifie pas des calomnies (qu’on ne fait d’ailleurs pas cesser en y répondant) ; il dédaigne les accusations des partis, dont tout homme d’action est victime dans ce monde infâme, et qui, pour les fortes épaules, sont toujours faciles à porter.
Il y a plus, il est peut-être, par le talent de l’expression, par l’élévation de son sentiment, par l’enthousiasme profond que lui inspire la cause de la démocratie, l’un des écrivains qui font le plus d’honneur à son parti.
Parti de la notion même de l’Église, de sa nécessité, de sa constitution, de son autorité, de rétablissement sur terre de son chef, de sa puissance coercitive, il a comparé la réalité à l’idéal ; et, devant le type décrit et complet d’une Église enseignante, il examine l’Église telle qu’elle est dans le monde, il en interroge la doctrine générale et ses sources.
Nous qui savons le prix du temps mieux que lui, nous n’en aurions pas tant parlé, si les lâchetés de l’amitié, des partis et de la camaraderie, n’étaient pas en train de lui arranger une gloire hypocrite et dont on ne pense pas un mot.
Et cependant on continuera de dire peut-être qu’il est immoral, — comme s’il consacrait une couronne de chêne, comme madame Sand, aux femmes qui ressemblent aux héroïnes de ses livres… Eh bien, qu’il prenne son parti de tout cela, Arsène Houssaye !