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2823. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Il est étudiant en lettres à Saint-Pétersbourg, car tous ces êtres débilités appartiennent à l’élite intellectuelle ; il est également de l’élite morale.

2824. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Le Pere Bouhours sentit bien qu’il seroit critiqué & pour aller au-devant des censeurs, il se donna les plus grands éloges dans quatre Lettres anonymes à une Dame de Province, publiées en 1688.

2825. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Sismondi lui-même, malgré tout ce sang versé qui l’aveugle et le fait frémir, y voit clair encore, et à la page 412 du VIe volume de son Histoire, frappé du langage d’Innocent dans ses lettres après que les ambassadeurs d’Aragon lui eurent dévoilé la vérité, il avoue que ce Pape put être trompé par ses légats.

2826. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cette opinion devait être celle de la critique française au dix-huitième siècle, époque où les lettres grecques, cette grande source du génie, de la philosophie sublime et de la belle poésie, n’étaient étudiées, pour le fond des choses et pour la pensée, que de Montesquieu et de Rousseau, qui s’en trouvèrent bien.

2827. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Schiller écrivait avec profondeur, dans une lettre à Goethe : « Chez moi, le sentiment commence par n’avoir pas d’objet déterminé et précis. […] Dans les lettres de G. […] Hugo, comme Lebeau croyait parler celle de Virgile ; et en effet ils ont retrouvé la lettre, mais où est l’esprit ? […] Dans une lettre très intéressante qu’il nous a adressée au sujet d’une étude publiée par nous dans la Revue des Deux-Mondes (août 1881). […] Sully-Prudhomme, dans une lettre publiée par M. 

2828. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Et il n’est pas légitime de prendre à la lettre le déterminisme qui, pour un phénomène physique, n’admet d’autre cause qu’un autre phénomène également physique, puisque de tels phénomènes ne sont que des abstractions, et que l’action, si elle existe dans la nature, est quelque chose de bien autrement complexe. […] On a pris ce texte au pied de la lettre, et on a établi une solidarité entre l’irréductibilité des espèces et la doctrine de la création. […] L’association, prise à la lettre, c’est-à-dire une loi de tout point analogue aux lois physiques, doit expliquer tous les concepts et opérations pour lesquels on s’est cru obligé de recourir à la spontanéité de l’esprit, à savoir la causalité, les vérités premières, le raisonnement, la volonté, la moralité, l’extériorité, le corps et l’esprit. […] Ce qui présente des propriétés de ce genre, ce sont les mots et les lettres.

2829. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

L’application aux sciences, aux lettres, à la philosophie, qui l’avait distingué dans ses premières années, et qui lui avait mérité l’honneur d’être compté parmi les meilleurs disciples de Gassendi, fournit à son talent les moyens nécessaires à son illustration : devenu célèbre, il ne conçut nul orgueil de ses prompts succès, ne se livra pas à l’abattement dans les revers que lui prépara l’envie, et ne se vengea ni de ses ennemis acharnés, ni des critiques injustes qui l’assaillirent ; générosité d’autant plus grande, que son esprit avait des armes de bonne trempe contre leurs attaques. […] Je n’ai pu poser ce principe, dont on me prête généreusement l’absurdité, que la vieillesse ou la jeunesse puisse exclure des honneurs attachés à la culture des lettres ; car je sais, comme vous, que Cicéron couronna ses derniers jours par son beau Traité de l’Orateur, et que Voltaire avait fait son Œdipe avant sa vingtième année. […] Les productions de l’intelligence nous sont appréciables en leurs progrès, comme toutes les autres de la nature ; et vous n’ignorez pas, Messieurs, que les hommes, sincèrement épris de la gloire des lettres, ne sont pas moins affligés de voir, après le temps de la maturité, se tarir la sève et se dessécher la fécondité de l’esprit, qu’ils ne sont charmés de voir naître les fleurs hâtives et les fruits précoces sur les nouveaux rejetons, objets de leurs espérances. […] J’entre dans ces détails parce que les objections auxquelles je réplique ont été renouvelées lors de ma réception au sein du corps savant qui me, fit l’honneur de m’admettre parmi ses membres : il est, je pense, de la dignité des hommes de lettres d’observer toujours cette différence entre les opinions émanées d’une respectable société qui les juge, et les suggestions ennemies des libellistes qui les assaillissent, de laisser en silence tomber celles-ci, et de relever poliment celles-là, pour combattre le crédit qu’elles prêteraient à l’erreur et pour soutenir l’intérêt de l’art qui s’éclaire dans ces discussions. […] Sa critique n’avait pas besoin d’un pareil contrepoids à l’égard des écrivains dont il raillait les jalousies et les cabales, puisqu’il courait lui-même leur carrière, et que sa vie, consacrée aux travaux dramatiques, répondait toute entière par tant d’ouvrages aux gens qui l’auraient accusé d’avilir la profession des lettres.

2830. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Il devait m’importer peu de risquer mon amour-propre et ma personne ; mais le châtiment démon imprudence eût peut-être atteint les administrateurs qui m’avaient appelé dans ce sanctuaire des lettres et des sciences. […] d’ailleurs l’homme de lettres saurait-il s’astreindre à mesurer ses opinions sur les intérêts d’une politique journalière ? […] Celui qui leur fit subir de pareilles récompenses ne voulait-il pas punir les hommes de lettres d’un reste de courage en les avilissant ? […] C’est ce travail élémentaire déjà fait dans les sciences, qui exige son accomplissement dans les lettres. […] « À peine il a parlé, la Discorde inhumaine « Trace en lettres de sang ce décret odieux.

2831. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Montesquieu, dans les Lettres persanes, est plein de ces expressions neuves et vives, qui parlent à l’imagination, et qui se font applaudir et accepter.

2832. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Dans le monde, dans les lettres, depuis Fontenelle, La Motte, Marivaux, Duclos, Maupertuis, jusqu’à Voltaire lui-même ; depuis les Richelieu, les d’Ayen, les Duras, les Forcalquier, les Maurepas, jusqu’à M. de Choiseul, c’était un genre que la finesse, surtout la finesse caustique, l’épigramme continuelle, l’ironie, épouvantail du simple et du bien, ennemie mortelle du grand ; « et la politesse semblait ne réprimer toute violence extérieure que pour faire germer davantage la noirceur intérieure ».

2833. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy 27 Lundi, 2 février 1857.

2834. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

On ne le prend plus au pied de la lettre pour ce qu’il a été et pour ce qu’il est en tant qu’auteur : on le prend comme un de ces individus collectifs, le dernier venu et, en quelque sorte, le dernier mot d’une génération de satiriques oubliés, leur héritier le plus en vue et chef à son tour d’une postérité nouvelle, faisant lien et tradition entre Rutebeuf et Rabelais.

2835. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Plus tard, le roman ou la légende de Venise, avec l’accompagnement des Lettres d’un Voyageur, n’a certes pas nui au triomphe des Nuits.

2836. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Napoléon, irrité de la lettre de Ney, lui faisait signifier par Jomini son mécontentement en des termes fort durs qui nous ont été conservés : « Que signifiaient ces mouvements qu’il n’avait point ordonnés, qui fatiguaient les troupes et qui pourraient les compromettre ?

2837. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il fut ensuite à Paris, s’y laissa aller, bien qu’avec décence, à l’entraînement des amitiés et de la jeunesse, distrait de ses principes, obscurci dans ses croyances, jamais impie ni raisonneur systématique ; versifiant beaucoup dès lors, jusque dans ses lettres familières, songeant à la gloire poétique, à celle du théâtre en particulier ; d’ailleurs assez mécontent du sort et trouvant mal de quoi satisfaire à ses goûts innés de noble aisance et de grandeur.

2838. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

On se lasse, et si l’on aime véritablement les lettres, si une instruction solide n’a cessé de s’accroître et de se raffiner au milieu et au moyen même des épreuves, on est en mesure alors d’aborder ce que j’appelle, en un sens très-général, la critique, c’est-à-dire quelque branche de l’histoire littéraire ou de l’appréciation des œuvres.

2839. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

« Quanta potestas, quanta dignitas, quanta majestas, quantum denique numen sit historiæ… » a dit magnifiquement Pline (lettre 27, liv. 

2840. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

En 1315, à quatre-vingt-onze ans, il écrivit à Louis X une lettre qu’on a conservée ; il promet de rejoindre bientôt avec ses gens le roi qui marche contre les Flamands.

2841. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Une génération nouvelle venait de naître aux lettres, qui reconnaissait en ces deux poètes les devanciers de ses principaux désirs d’art.

2842. (1890) L’avenir de la science « II »

Tous les membres de la Constituante, de la Législative et de la Convention étaient à la lettre et presque sans exception des disciples de Voltaire et de Rousseau.

2843. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

De tels rôles à la longue sont plus honorifiques qu’efficaces, et une lettre de M. de Broglie, publiée dans la Revue rétrospective (nº 7), a pu montrer que ces conseilse, au moment utile, étaient plus sincères qu’écoutés.

2844. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Écoutons encore Rhymer : « Othello est une farce sanglante et sans sel. » Jonhson ajoute : « Jules César, tragédie froide et peu faite pour émouvoir. » « J’estime, dit Warburton dans sa lettre au doyen de Saint-Asaph, que Swift a bien plus d’esprit que Shakespeare et que le comique de Shakespeare, tout à fait bas, est bien inférieur au comique de Shadwell. » Quant aux sorcières de Macbeth, « rien n’égale, dit ce critique du dix-septième siècle, Forbes, répété par un critique du dix-neuvième, le ridicule d’un pareil spectacle. » Samuel Foote, l’auteur du Jeune Hypocrite, fait cette déclaration : « Le comique de Shakespeare est trop gros et ne fait pas rire.

2845. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Il est très-instruit, il aime les sciences, les lettres et les arts.

2846. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Si on prend à la lettre ce qui se dit communément, que le caractère de notre langue est la clarté, on croira qu’il n’en est aucune plus favorable à l’orateur ; il ne faut pour se détromper qu’avoir écrit en français, ou interroger ceux qui ont pris cette peine.

2847. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Duruy, Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, tome XXIX, p. 250-260.

2848. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

C’est ici le pays de l’ambition stérile. — Les hommes de lettres ? […] leur sera abandonné. — Tel est le sens des Lettres d’un habitant de Genève à ses concitoyens, lequel ne laisse pas d’être obscur. […] L’esprit contenu dans la lettre se développe ; et la lettre est abolie. » Voilà le pas franchi. Ballanche admet qu’il peut y avoir un christianisme nouveau, un christianisme moderne, que de nouveaux interprètes peuvent abolir la lettre et dégager l’esprit, c’est-à-dire faire dire au christianisme tout ce qu’ils voudront ; et du moment qu’il l’admet, c’est naturellement qu’il le désire. […] A seize ans, sa vie passionnelle se partage entre la musique, les psaumes de David, et ses lettres à sa mère, qui sont trop belles, trop bien écrites pour cet âge.

2849. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Mais il a dû à cette nourriture première, si bien donnée et si bien reçue, son goût marqué pour les nobles sources de l’antiquité, sa connaissance approfondie de la plus belle et de la plus étendue des langues politiques, cet amour pour Cicéron qui est comme synonyme du pur amour des lettres elles-mêmes ; et, quelques années après (1821), il payait à M.  […] Quelle plus fine et plus piquante raillerie que celle qu’il fait de ces honnêtes bourgeois de la république des lettres, gens à idées rangées, bornés d’ambition et de désirs, satisfaits du fonds acquis, et trouvant d’avance téméraire qu’on prétende y rien ajouter : « Ce sont, dit-il en demandant pardon de l’expression, des esprits retirés, qui ne produisent et n’acquièrent plus ; mais ils ont cela de remarquable qu’ils ne peuvent souffrir que d’autres fassent fortune. » Relevant le besoin de nouveauté qui partout se faisait sourdement sentir, et qui s’annonçait par le dégoût du factice et du commun, ces deux grands défauts de notre scène  : « Qu’il paraisse, s’écriait-il, une imagination indépendante et féconde, dont la puissance corresponde à ce besoin et qui trouve en elle-même les moyens de le satisfaire, et les obstacles, les opinions, les habitudes ne pourront l’arrêter. » Bien des années se sont écoulées depuis, non pas sans toutes sortes de tentatives, et le génie, le génie complet, évoqué par la critique, n’a point répondu : de guerre lasse, un jour de loisir, M. de Rémusat s’est mis, vers 1836, à faire un drame d’Abélard, qui, lorsqu’il sera publié (car il le sera, nous l’espérons bien), paraîtra probablement ce que la tentative moderne, à la lecture, aura produit de plus considérable, de plus vrai et de plus attachant.

2850. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

la même chose se passe dans la république des lettres : une cité nombreuse de poètes se contente d’exprimer un type inférieur, une idée abaissée de la comédie ; une cité de poètes d’élite cherche à réaliser le type absolu, l’idée normale de la comédie, et l’un d’eux a réussi. […] Prosaïques par l’imitation de la vie réelle, elles le sont aussi par le but pratique, positif et moral qu’elles se proposent, et quand je lis les préfaces satisfaites de ces comédies utiles qui ne sont que des tableaux de la vie domestique où s’inscrivent çà et là de solides préceptes, pareils à celui qu’Harpagon voulait faire graver sur sa cheminée en lettres d’or, je crois entendre Euripide s’écriant dans les Grenouilles d’Aristophane : Grâce à moi, grâce à la logique De mes drames judicieux, Et surtout à l’esprit pratique De mes héros sentencieux, Le bourgeois plus moral, plus sage, Apprend à mener sa maison ; Car il rencontre à chaque page Des maximes pour sa raison Et des conseils pour son ménage44 !

2851. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

C’est ainsi qu’en juxtaposant certaines lettres d’un alphabet commun à bien des langues on imitera tant bien que mal tel son caractéristique, propre à une langue déterminée ; mais aucune de ces lettres n’avait servi à composer le son lui-même.

2852. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Il a plongé son regard au fond de la folie, et sous les flots tumultueux de cette énigme terrible il a lu, en toutes lettres, les deux syllabes du mot orgueil. […] Je suis loin d’admirer comme une révélation de génie mathématique les équations inintelligibles où il représente la démocratie, la théocratie et la monarchie par des lettres algébriques. […] J’ignore si M. de Chateaubriand a reçu autrefois une lettre signée : George Gordon ; j’ignore s’il a négligé de répondre à celui qui plus tard devait s’appeler lord Byron. […] Il a fait sonner bien haut son admiration pour l’Assemblée constituante ; mais son admiration se démentait elle-même par son emphase, et n’avait guère plus de valeur que les formules dévouées d’une lettre. […] Lettre à M. 

2853. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

On peut aussi considérer don Quichotte comme une personnification de l’Espagne du xvie  siècle, sans avoir besoin de trop torturer la lettre de ce livre. […] Il y a un chevalier fou de bravoure, de magnanimité, de générosité, celui qui donne la prédominance aux armes sur les lettres par la bouche de don Quichotte, et un homme de génie qui sent avec irritation les dangers de cet héroïsme absurde. […] À partir de ce moment, don Quichotte s’est relevé dans l’estime de Cervantes, et il devient le fou éloquent qui prononce le discours sur les armes et les lettres, le fou courtois et bien appris qui donne de si sages conseils à Sancho partant pour son gouvernement. […] Nous devons donc nous arrêter, pour connaître Goethe, à ce qu’il nous apprend de lui-même dans ses lettres et dans ses mémoires, si judicieusement intitulés Poésie et vérité, et aux récits que nous ont faits de lui ceux qui l’ont approché. […] Quelques lettres écrites à de longs intervalles nous ont appris que ces toutes-puissantes divinités, sans se montrer trop prodigues, avaient été cependant compatissantes, et qu’il leur devait par reconnaissance, sinon un temple, au moins une chapelle.

2854. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

En combinant ces données on obtient les quatre sortes de propositions suivantes, que la scolastique désignait par les lettres A, E, I, O. […] Dans ses Lettres à une princesse d’Allemagne, Euler a exposé une théorie fort ingénieuse du syllogisme : il représente par un cercle l’extension de chacun des trois termes du syllogisme ; leur rapport de convenance ou de disconvenance est indiqué par le rapport de contenance ou d’extériorité de ces cercles. […] Mettez telles propositions qu’il vous plaira à la place des lettres des exemples précédents, le syllogisme en lui-même n’en sera pas moins rigoureux, quand bien même les prémisses seraient fausses, quand bien même elles n’auraient aucun sens. […] Or nous avons vu qu’il y avait quatre sortes de propositions à ce double point de vue, et avons vu qu’elles étaient désignées par les lettres A E I O.

2855. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Son beau livre des Rapports de la Religion avec l’Ordre civil et politique, celui des Progrès de la Révolution, ses Lettres à l’Archevêque de Paris, ne détrompaient qu’imparfaitement, parce qu’il n’y avait que les personnes déjà au fait de l’homme qui les lussent avec réflexion et avidité.

2856. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — À l’état normal, nous pensons tout bas par des mots mentalement entendus ou lus ou prononcés, et ce qui est en nous, c’est l’image de tels sons, de telles lettres ou de telles sensations musculaires et tactiles du gosier, de la langue et des lèvres. — Or il suffit que ces images, surtout les premières, viennent à s’exagérer, pour que le malade ait des hallucinations de l’ouïe et croie entendre des voix. — « Au milieu de ma fièvre, dit Mme C…8, j’aperçus une araignée, qui, au moyen de son fil, s’élançait du plafond sur mon lit.

2857. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

On appelle aussi âme, dans la langue des lettres, cette partie de notre être immatériel qui touche le plus près à l’organe de nos affections, le cœur, c’est-à-dire la partie pathétique, aimante, passionnée de l’intelligence.

2858. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Un saint et naïf ermite, ami du curé de Lignières, intercepte, par un zèle aveugle, les lettres qui arrivent de l’évêché : l’abbé Célestin apprend son interdiction avant d’avoir su l’accusation portée contre lui et tombe foudroyé.

2859. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Ses Lettres contre J.

2860. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Stobée raconte l’histoire d’un jeune homme qui, forcé par son père de se livrer aux travaux des champs, se pendit, laissant une lettre par laquelle il déclarait que l’agriculture était un métier par trop monotone, qu’il fallait sans cesse semer pour récolter, récolter pour semer encore, et que c’était là un cercle infini et insupportable.

2861. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Ainsi lorsque, petite bourgeoise qui se veut grande dame, elle style ainsi qu’une femme de chambre de grande maison là servante de campagne qu’elle a. prisé à son service, lorsque, éprise du moyen âge, le costumé étrange et incommode dont elle se vêt suffit à la transformer à sa vue en quelque Diana Vernon ou lorsqu’elle assouvit sa passion d’intrigue en achetant le papier à lettres sur lequel elle écrira des mots d’amour à l’amant qui n’est pas encore survenu.

2862. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Du reste, c’est un monsieur qui a des prétentions au style et aux lettres, qui est beau parleur ou croit l’être, qui récite au besoin un vers latin ou deux avant de conclure à la mort, qui cherche à faire de l’effet, qui intéresse son amour-propre, ô misère !

2863. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien.

2864. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Il tira les lettres de la barbarie, où elles étoient encore plongées dans le quatorzieme siécle ; il rétablit les bonnes études en Europe ; on lui doit la conservation de beaucoup d’auteurs qui seroient perdus, sans le soin qu’il prit de les rechercher & d’en faire faire des copies.

2865. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

il a été plus précis, plus explicite ; dans cette même lettre à Huet, l’évêque de Soissons, il nous dit ceci : Je chéris l’Arioste et j’estime le Tasse ; Plein de Machiavel, entêté de Boccace, J’en parle si souvent qu’on en est étourdi.

2866. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Bornons-nous à rappeler : 1° que cette théorie ne se dégage nullement des faits ; 2° qu’on en retrouve aisément les origines métaphysiques ; 3° que, prise à la lettre, elle serait contradictoire avec elle-même (sur ce dernier point, et sur l’oscillation que la théorie implique entre deux affirmations contraires, voir les pages 203-223 de L’Énergie spirituelle).

2867. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Non seulement l’érudition de cette époque affirmait, par des raisons qui subsistent toujours, l’antiquité comme la sublimité de nos livres saints ; mais elle y voyait l’origine presque unique et le type primordial des lettres profanes et du génie grec.

2868. (1899) Arabesques pp. 1-223

Mon seul tort, — et j’en suis fier, — a été de m’exprimer franchement, en mettant à l’écart ces réticences et ces phrases à double entente auxquelles se reconnaissent les Escobar de lettres et presque tous les échappés du poulailler normalien. […] S’il s’agit des Aspects, je mets au défi quiconque d’y découvrir une expression qui sorte du ton admis dans les lettres. […] Mais l’un et l’autre n’ont cure de ces geignements : ils savent comme moi que nous avons rendu service aux lettres françaises en détruisant le prestige de M.  […] » Et Nietzsche avouait, dans une lettre à sa sœur, datée de 1878, que le Surhomme n’était qu’un fruit de son imagination, nullement un être viable.

2869. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Je m’efforcerai de signaler, avec cette noble fierté qui nous sied en nos malheurs, que la solide gloire des lettres est une des plus hautes prérogatives de la France, qui, par ses lumières, son discernement, et son goût délicat, fut et restera l’institutrice de l’Europe, qu’elle a devancée et civilisée. […] Je ne sais d’ailleurs par quelle humble retenue on n’oserait, dans l’étude des lettres aussi bien que dans celle des sciences exactes, appuyer les principes que l’on émet des expériences et des découvertes qu’on peut avoir faites soi-même. […] On présume que les progrès des sciences exactes tendent à leur avancement perpétuel, tandis que les lettres font souvent des pas rétrogrades ; mais nous voyons, dans ces exemples, que la poésie hérite des découvertes antérieures, et marche de même au perfectionnement que lui procure l’imitation. […] Il s’attendrit à ses adversités : son esprit paraît le confident du sien, son cœur, l’ami de son cœur ; il recueille jusqu’à ses fragments d’écrits, jusqu’à ses moindres lettres où Camoëns, malade dans un hôpital, exprime son étonnement que la nature fasse du lit d’un pauvre le théâtre de tant de divers supplices. […] Ailleurs, il rend par le choc de la lettre R, à dessein multipliée, le bruit de la crécelle tirée de la sacristie par ses plaisants acteurs : « Ils sortent à l’instant, et par d’heureux efforts « Du lugubre instrument font crier les ressorts.

2870. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Il y en a un véritablement touchant, comme une légende de Juif-Errant de la science, c’est celui du vieil homme de lettres, amant passionné des livres, et dévoré par eux, qui mange sou à sou son mince patrimoine pour s’en procurer, qui finit par les vendre un à un pour vivre, et qui, lorsqu’il a vendu le dernier, meurt lui-même désespéré de sa passion du livre, d’abord résignée, puis changée en fureur !

2871. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

. ; 83, lettre du 31 août 1847) ; et, cependant, Lohengrin était destiné au théâtre moderne, et son succès était souhaité (IV, 370).

2872. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Son écusson porte pour emblème un Homme nu qui tient une torche enflammée, et cet homme crie, en lettres d’or : « Je brûlerai la ville ! 

2873. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

De cela seul, que trente millions de sujets se trouvèrent répartis sous un assez grand nombre de princes indépendants les uns des autres, et dont l’autorité, sans bornes en apparence, était limitée de fait par la petitesse de leurs possessions, il résulta pour ces trente millions d’hommes une existence ordinairement paisible, une assez grande sécurité, une liberté d’opinions presque complète, et la possibilité, pour la partie éclairée de cette société, de se livrer à la culture des lettres, au perfectionnement des arts, à la recherche de la vérité.

2874. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Louis Roche a retrouvé la lettre dans laquelle ils font ce récit.

2875. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres.

2876. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

De la part de la femme, non seulement très amoureuse, non seulement très généreuse, mais rendue très intelligente par l’amour et qui s’est tirée avec une diplomatie supérieure de l’affaire de la lettre anonyme dans la première partie du roman, cette démarche, faite pour ce motif, ne se comprend absolument pas. […] Une certaine solennité qu’il avait dans ses ouvrages et qu’on ne retrouve nullement dans ses lettres, lui a fait un peu de tort. […] Le paradoxe n’est qu’un jeu pour les simples hommes de lettres ; mais, dans le monde dont M. de Tocqueville était, il est fort mal porté et disqualifié. […] Sa correspondance est pleine de « lettres de direction ». […] On sait que les aimables plaisants du temps, connaissant cette respectable manie, inventèrent une Madeleine cherchant le salut, et lui écrivirent une « lettre de femme » pleine d’angoisse, d’aspiration au relèvement, et de confiance.

2877. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Ce vers de Racine, madame, j’ai reçû des lettres de l’armée, est noble, quoique simple, parce que ce qu’il exprime ne peut être rendu que de la même façon, qui que ce soit qui le dise. […] La république des lettres demanderoit une pareille police ; et il est vrai qu’alors les critiques seroient d’une grande utilité. […] Quand la reine ose l’accuser d’avoir armé Absalon contre son pere, elle ne lui répond qu’en remettant au roi une lettre, par laquelle il apprend et ce qu’on trame contre lui, et ce qu’on tente pour la tirer elle-même de ses mains : mais sa magnanimité n’est ni féroce ni hautaine ; elle y mêle tant de tendresse, tant de raison et tant d’égards, qu’elle n’en devient que plus chere et plus respectable pour son époux, au moment même qu’elle le fait trembler ; et que le spectateur sent à la fois le plaisir de la pitié et celui de l’admiration. […] Je ne comprens pas ce que ce peut être qu’unité d’intérêt et unité d’action, si les idées que je viens d’en donner ne sont pas les vrayes ; et n’allez pas dire que ce ne soit là qu’une question de mots ; c’est à la lettre une question d’idées.

2878. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Au timbre de sa voix ferme dans sa langueur… À la fin des lettres de Jocelyn à sa sœur, après tous ces détails journaliers de prière, de travail, de charité, le curé de Valneige se représente, la nuit, veillant, agité encore, lisant tantôt l’Imitation, tantôt les poëtes : Dans mes veilles sans fin, je ressemble, ô ma sœur, À ce Faust enivré des philtres de l’école, etc., etc.

2879. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Permettez-moi donc de prêter à cette grande ombre la parole très pâle d’un de ses disciples : XXXIII « Déroulez-moi sur cette table la carte actuelle de l’Europe et de l’Asie, aurait-il dit à ses auditeurs, et suivez mon doigt sur ces continents, ces îles, ces mers, qui sont chacun une lettre de cet alphabet diplomatique de puissances, et qui forment en se combinant la langue politique et les systèmes de guerre ou de paix de tout l’univers.

2880. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Non seulement je le dispense de faire un inventaire légal, mais, pour éviter les frais voulus pour cela, je le lui défends ; il suffit qu’il dresse une simple liste des biens tant immeubles que meubles (quoique pourtant ces derniers doivent être aliénés et convertis en espèces, pour satisfaire aux charges indiquées au feuillet, lettre E, annexé à mon testament, ou dans mon testament même), liste qui, vu la probité reconnue dudit héritier fiduciaire, devra faire pleine foi.

2881. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi, Ô Père, ô Juge suprême, Ah !

2882. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Le premier numéro de la Revue de Bayreuth (1886) contient, sous le titre de l’œuvre de Bayreuth, une série de lettres et de documents de Richard Wagner se rapportant à l’établissement du théâtre de Bayreuth (1871-1876) ; la Revue Wagnérienne en fera dans un prochain numéro une étude spéciale.

2883. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Lettre à M. d’Esgrigny.

2884. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Cf. notre Introduction à la Sociologie de la famille, in Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, année 1889.

2885. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Au moment où le Pays publia mon premier article sur les Misérables, je reçus une lettre signée Omnès, où l’on me menaçait, si je continuais ma critique, d’écrire sur tous les murs de Paris : « Barbey d’Aurevilly, idiot » Et comme une telle menace ne m’arrêta pas, la chose fut faite immédiatement, — avec un ensemble et une rapidité électriques.

2886. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau a fait précéder sa seconde édition d’une lettre de M. 

2887. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Tandis que la culture d’esprit et la supériorité de nature révèlent à l’œil ou à l’oreille de l’artiste tant de grands ou charmants spectacles, tant de sublimes ou ravissantes harmonies, n’est-il pas vrai que tout cela est lettre close pour l’œil et l’oreille d’un idiot, d’un rustre, ou même d’un homme simplement vulgaire ?

2888. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

On est content d’observer les origines de ce généreux et puissant esprit, de découvrir quelles facultés ont nourri son talent, quelles recherches ont formé sa science, quelles opinions il s’est faites sur la philosophie, sur la religion, sur l’État, sur les lettres, ce qu’il était et ce qu’il est devenu, ce qu’il veut et ce qu’il croit. […] Pitt, dit-il, fit au collége des vers latins sur la mort de George Ier. « Dans cette pièce, les Muses sont priées de venir pleurer sur l’urne de César ; car César, dit le poëte, aimait les Muses, César qui n’était pas capable de lire un vers de Pope, et qui n’aimait rien que le punch et les femmes grasses. » — Ailleurs, dans la biographie de miss Burney, il raconte comment la pauvre jeune fille, devenue célèbre par ses deux premiers romans, reçut en récompense, et par grande faveur, une place de femme de chambre chez la reine Charlotte ; comment, épuisée de veilles, malade, presque mourante, elle demanda en grâce la permission de s’en aller ; comment « la douce reine » s’indigna de cette impertinence, ne pouvant comprendre qu’on refusât de mourir à son service et pour son service, ou qu’une femme de lettres préférât la santé, la vie et la gloire, à l’honneur de plier les robes de Sa Majesté.

2889. (1904) Zangwill pp. 7-90

Les différents feuillets se pénètrent réciproquement, et l’on rapporte à une page des lettres qui viennent de dix pages plus loin. […] Altier, entier, droit, Taine a eu cette audace ; il a commis cet excès ; il a eu ce courage ; il a fait cet outrepassement ; et c’est pour cela, c’est pour cet audacieux dépassement que c’est par lui, et non par son illustre contemporain, qu’enfin nous connaissons, dans le domaine de l’histoire, tout l’orgueil et toute la prétention de la pensée moderne ; avec Renan, il ne s’agissait encore, en un langage merveilleux de complaisance audacieuse, que de constituer une lointaine surhumanité en un Dieu tout connaissant par une totalisation de la mémoire historique ; avec Taine au contraire, ou plutôt au-delà, nous avons épuisé nettement des indéfinités, des infinités, et des infinités d’infinités du détail dans l’ordre de la connaissance, et de la connaissance présente ; désormais transportés dans l’ordre de l’action, et de l’action présente, nous épuisons toute l’infinité de la création même ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, toute sa foi et tout son zèle, — vraiment religieux, — toute sa passion de grand travailleur consciencieux, de grand abatteur de besogne, et de bourreau de travail, tout son passé, toute sa carrière, toute sa vie de labeur sans mesure, sans air, sans loisir, sans repos, sans rien de faiblesse heureuse, toute sa vie sans aisance et sans respiration, toute sa vie de science et la raideur de son esprit ferme et son caractère et la valeur de son âme et la droiture de sa conscience le portaient aux achèvements de la pensée, le contraignaient, avant la lettre, à dépasser la pensée de Renan, à vider le contenu de la pensée moderne, le poussaient aux outrances, et à ces couronnements de hardiesse qui seuls achèvent la satisfaction de ces consciences ; il devait avoir un système, bâti, comme Renan devait ne pas en avoir ; il devait avoir un système, comme Renan devait nous rapporter seulement des certitudes, des probabilités et des rêves ; mais, sachons-le, son système était le système même de Renan, étant le système de tout le monde moderne ; et ce commun système engage Renan au même titre que Taine ; il fallait que Taine ajoutât, au bâtiment, à l’édifice de son système ce faîte, ce surfaite orgueilleux, parce que ce que nous nommons orgueil était en lui un défi à l’infortune, à la paresse, aux mauvaises méthodes et au malheur, non une insulte à l’humilité, parce que ce que nous croyons être un sentiment de l’orgueil était pour lui le sentiment de la conscience même, du devoir le plus sévère, de la méthode la plus stricte ; et c’est pour cela que nous lui devons, à lui et non à son illustre compatriote, la révélation que nous avons enfin du dernier mot de la pensée moderne dans le domaine de l’histoire et de l’humanité.

2890. (1903) Le problème de l’avenir latin

Car cette dévotion au mot et à la lettre, cette hypertrophie de la parole, cet art exquis de voiler les choses sous les périodes, ce prestige des superficialités — alors qu’ailleurs on agit plus qu’on ne parle, que le fait silencieux prime la clameur oratoire — bien loin de disparaître avec le monde romain, devaient à travers les siècles et jusqu’à nos jours se maintenir intégraux et prépondérants. […] Lorsque nous envisageons l’état de la Gaule romanisée, spécialement l’état des esprits, des symptômes non équivoques font entrevoir la maladie intérieure : la primauté de la rhétorique, la dévotion aux lettres, l’abondance des artistes et des intellectuels, toute cette vie tellement policée, ces mille sentiments et pratiques artificiels, chez un peuple hier encore à l’abri dans ses huttes et ses cavernes, donnent l’impression d’un semblable flétrissement infantile, d’un réel empoisonnement aux sources mêmes de la vie physique et morale. […] Pour saisir toute la portée de ce fait immense, il faut constater que ce n’est pas seulement à la lettre, dans ses formes et ses apparences, que l’Eglise se substitue à l’Empire, mais également en esprit.‌ […] La race fameuse par ses larges épaules, ses bras musculeux, ses infatigables jarrets, sa vaste poitrine, son sang bouillant comme un jeune vin, s’est épuisée à détruire toutes les races antérieures, à façonner la terre conquise, à dompter la nature elle-même, à lui arracher ses secrets, et à chanter aussi en la divinisant par les religions, les lettres et les arts.

2891. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil.

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