VI Son poème enfin terminé, en 1575, le poète résolut, avant de le livrer à l’impression, d’aller encore une fois le soumettre à Rome à la révision et à la critique des premiers littérateurs de l’Italie.
La musique a de plus, pour le musicien ou pour le chanteur, une autre séduction toute-puissante non-seulement sur les sens, mais sur l’âme même des femmes supérieures, c’est qu’elles attribuent naturellement à celui qu’elles écoutent les sentiments exprimés par la musique elle-même ; ces notes délicieuses, passionnées, héroïques de la voix ou de l’instrument leur paraissent contenir une âme ; à l’émission de ces sublimes ou touchants accords, elles ne peuvent séparer la musique du musicien, et la magie de l’air, de la voix ou de l’instrument se confond dans leur impression avec la magie de l’homme.
Ces vigoureux pamphlets firent une impression profonde : le Parlement de Provence les condamna, Rome les condamna (sept. 1657) : à Paris, en 1660, sur le rapport d’une commission ecclésiastique, le Conseil d’État fit brûler la traduction latine que Nicole, sous le pseudonyme de Wendrocke, avait donnée des Provinciales : il est vrai que l’arrêt visait surtout une note du traducteur, où l’on vit une offense à Louis XIII.
Elles se prolongent dans un état social qu’elles froissent comme de chères et pénibles impressions d’enfance dans une conscience d’homme.
En somme, l’impression d’ensemble a été celle d’un intérêt et d’un saisissement concentrés.
Dimanche 13 février En lisant, cette nuit, du Michelet, j’ai l’impression d’une littérature opiacée, capiteuse et trouble, surexcitante et énervante.
Ces deux parties ont été composées à deux époques distinctes de la vie de l’auteur et sous des impressions différentes.
— Impression qui demeure à un corps froissé.
Seulement, tout en se dévouant à cette tâche, tout en étant sûr de son courage, tout en étant certain des faits qu’il oppose à la calomnie, ce prêtre ne peut se défendre d’une impression de terreur encore tout en renversant l’odieux colosse, tant ç’a été longtemps une opiniâtre tradition de lâcheté et de bêtise que l’idée qu’il ne fallait pas y toucher !
Réunissez même ces deux hommes en un seul, faites que votre personnage hésite entre une franchise qui blesse et une politesse qui trompe, cette lutte de deux sentiments contraires ne sera pas encore comique, elle paraîtra sérieuse, si les deux sentiments arrivent à s’organiser par leur contrariété même, à progresser ensemble, à créer un état d’âme composite, enfin à adopter un modus vivendi qui nous donne purement et simplement l’impression complexe de la vie.
À le lire il donne cette impression, que c’est le premier homme réfléchi qui ait écrit en français, à excepter, si l’on veut, Villehardouin. […] » Comme on voit excellemment ce qu’aime un homme à bien voir ce qu’il déteste, il faut bien suivre les impression de Commynes pendant l’expédition de Charles VIII en Italie. […] Le mémorialiste a le droit de réfléchir, et d’exprimer ses réflexions, il raconte son voyage et les impressions que son voyage a faites sur lui. […] Il corrige des erreurs de copie ou d’impression, rétablit des textes, et est fier de ses restitutions. […] Ainsi pour vrai l’ai-je trouvé aux vieilles impressions et pis encore aux nouvelles.
Ces vérités auxquelles je donne présentement une forme à peu près dialectique, je les ai toujours possédées, non ainsi, non certes rédigées de cette manière, mais confusément peut-être et en tout cas intimement, à l’état d’impressions qui, pour n’être pas formulées, n’étaient pas moins vivantes au fond de ma conscience. […] Les objets sont décrits avec une surprenante prestesse : les objets eux-mêmes, et l’impression de qui les regarde, le sentiment furtif. […] Pour traduire tant d’impressions ténues et qui vont de la plus douloureuse mélancolie à la plus chaude allégresse, M. […] Renan, l’auteur de La Vieillesse d’Hélène l’a emprunté au premier tome des Impressions de théâtre. […] Il y a là un Corneille, un Molière, un Racine, un La Fontaine et un Bossuet dignes des Contemporains et des Impressions de théâtre : un Corneille devenu le vieux poète mécontent et que la renommée de M.
Nous avons sacrifié un de ces animaux, et nous avons placé les deux autres, sans les mouiller, dans de la neige non fondante, de sorte qu’ils reçoivent actuellement l’impression du froid sans humidité ; on a eu soin de leur laisser une ouverture pour qu’ils puissent respirer.
Vraiment oui, il laisse voir çà ou là quelque chose qui ressemble à de la tendresse, et chez lui, premier peut-être, on peut trouver une certaine impression de la nature et comme un tout menu sens du paysage. […] Il crut d’abord de son devoir de se ruiner de fond en comble, et, cette besogne faite, il repartit pour sa province en laissant à ses amis stupéfaits l’impression du jeune homme le plus magnifiquement doué de sa génération. » Maintenant, après tant d’années de labeur et de misère, il est reparti pour un autre pays plus lointain, « celui d’où encore nul pèlerin n’est revenu ». […] Gustave Kahn s’y originalise surtout par l’abondance et l’imprévu dans la trouvaille des métaphores ; elles surgissent, sans effort, comme naturellement, comme, dirait-on, par la faculté même de l’esprit à concevoir les analogies, ou les différences, entre les êtres et entre les choses ; à vrai dire, — l’auteur peut-être les voulait ainsi, — elles ne sont pas marquées d’un trait fort, elles manquent de ferme contour, bientôt leurs rebords s’amollissant, elles s’estompent dans la mémoire, s’effacent tout à fait ; n’importe, un instant elles firent impression ; leur vague même, en sa fugacité, les rendait plus séduisantes.
Il ne lui en faut pas une plus violente ; moins unie et moins effacée, elle le bouleverserait ; les impressions qui sont petites pour nous sont grandes pour lui, et dans une chambre, dans un jardin, il trouve un monde. […] Telle est l’impression que laissent Lalla Rookh, Thalaba, Roderik, Kehama, et le reste de ces poëmes.
— Telle est l’impression qu’ont reçue généralement du style de Volupté tous ceux qui ont pu le juger avec quelque indépendance. […] Pour en secouer l’impression pénible, pour tromper un peu cette fuite précipitée de moi-même et de ma jeunesse, dans la plaine des environs, à plusieurs lieues à l’entour, ou par un ciel voilé d’avril, ayant à la face un petit vent doux et mûrissant, ou par ces jours non moins tièdes et doux d’une automne prolongée, jours immobiles, sans ardeur et sans brise, quand il semble que la menue saison n’ose bouger de peur d’éveiller l’hiver, — j’employais les heures d’après-midi à parcourir à pied de grands espaces ; et, m’enhardissant ainsi en liberté et en solitude, j’essayais de croire que je n’avais jamais été plus avide, plus inépuisable à tous les vœux et à tout l’infini de l’amour.
Sous l’impression lugubre, dans les groupes noirs, les femmes maudissent les Prussiens de Versailles ; des orateurs parlent, avec des cuirs et des larmes dans la voix, de l’exploitation de l’ouvrier ; et des ivrognes crient : À bas les voleurs ! […] » Sous ces diverses impressions de tristesse, d’inquiétude, je m’en vais, ce soir, à mon observatoire ordinaire : la place de la Concorde. […] Je remarque à propos de l’absinthe bue hier soir, — j’avais déjà fait la même observation à l’occasion du Porto, — je remarque quelle réalité aiguë ces liqueurs opiacées mettent aux créations fantaisistes du sommeil, et comme les bizarreries qu’elles enfantent, se passent au milieu d’impressions, d’émotions d’une vie presque plus vivante, d’une vie presque plus sensibilisée, que celles de la vie éveillée.
L’esprit foible reçoit les impressions sans les combattre, embrasse les opinions sans examen, s’effraye sans cause, tombe naturellement dans la superstition. […] Il y a deux sortes d’imagination, l’une qui consiste à retenir une simple impression des objets ; l’autre qui arrange ces images reçues, & les combine en mille manieres. […] C’est encore cette imagination passive des cerveaux aisés à ébranler, qui fait quelquefois passer dans les enfans les marques évidentes d’une impression qu’une mere a reçue ; les exemples en sont innombrables, & celui qui écrit cet article en a vû de si frappans, qu’il démentiroit ses yeux s’il en doutoit ; cet effet d’imagination n’est guere explicable, mais aucun autre effet ne l’est davantage.
Si vous entrez dans un de ces docks, l’impression sera plus accablante encore ; chacun d’eux semble une ville ; toujours des navires, et encore des navires, alignés, montrant leur tête, leurs flancs évasés, leur poitrine de cuivre, comme de monstrueux poissons sous leur cuirasse d’écaille.
Il s’est mis à table à Rome ; il s’est assis à l’ombre de son buisson de lauriers à Ustica, au pied de ses oliviers à Tibur, au bord de sa source de Blandusie à Venouse ; et si un souffle d’air a frémi mélodieusement dans l’arbre, si un gazouillement de la source a ému son oreille, si un flacon du falerne écumeux a répandu l’ivresse à la fin du festin d’amis, si les cheveux dénoués de la jeune Napolitaine Leucothoé ont eu un pli gracieux sur ses épaules ou exhalé un parfum de Syrie dans l’air, il a écrit, le jour même ou le lendemain, en deux ou trois strophes négligées, mais accomplies, son impression du moment, sans autre ambition que de perpétuer son plaisir.
« Impression qui passa vite, mais qui dans l’instant fut irrésistible.
La résolution, enfin, ne peut pas ne point nous donner une impression de force personnelle portée au plus haut degré d’intensité.
Il suffit d’ailleurs, pour montrer combien de telles impressions sont peu durables, de rappeler que la plus grande découverte qui ait jamais été faite par l’homme a été attaquée par Leibniz lui-même « comme subversive de la religion naturelle, et par conséquent de la religion révélée. » Un théologien célèbre m’écrivait un jour « qu’il avait appris par degrés à reconnaître que c’est avoir une conception aussi juste et aussi grande de la Divinité, de croire qu’elle a créé seulement quelques formes originales, capables de se développer d’elles-mêmes en d’autres formes utiles, que de supposer qu’il faille un nouvel acte de création pour combler les vides causés par l’action de ses lois. » On peut se demander pourquoi presque tous les plus éminents naturalistes et géologues ont rejeté cette idée de la mutabilité des espèces.
Ce temple nu des dissidents, cet office et cette église simple des anglicans, les laissent tout entiers à l’impression de ce qu’ils lisent et de ce qu’ils entendent. […] C’est pourquoi, si un homme juge à propos de sembler bon, qu’il le soit effectivement, et alors sa bonté apparaîtra de façon à ce que personne n’en doute, de sorte que, tout compte fait, la sincérité est la vraie sagesse828. » On est tenté de croire un homme qui parle ainsi ; on se dit : « Cela est vrai, il a raison, il faut agir comme il le dit. » L’impression qu’on reçoit est morale, non littéraire ; le discours est efficace, non oratoire ; il ne donne point un plaisir, il conduit vers une action.
La sincérité, et, à ses fins, l’impression du moment, suivie à la lettre, sont ma règle préférée aujourd’hui. […] En revanche, avec quel tact infaillible dans l’éloge, il traite du Palais des Machines, ce presque chef-d’œuvre de force légère et de grâce sui generis : « Étudiez, écrit-il, la légèreté de la structure, le jet hardi et la courbe gracieuse des formes qui fendent l’espace, pareilles aux ailes déployées d’un oiseau dans son vol, et essayez de détailler votre impression : les idées éveillées en votre esprit sont celles déjà force, de la grandeur et de l’aisance ; l’harmonie des proportions, en dissimulant l’étendue de la surface couverte, donne à l’invention gigantesque le prestige de l’élégance et, ce qui retient et captive, c’est, sans contredit, la jouissance esthétique ».
Cette immense pitié que Shakespeare remue jusqu’au fond de nos âmes, « cette pitié sans aucun mélange d’admiration pour celui qui souffre » et qui va tout droit à l’homme misérable, parce qu’il est misérable, et parce qu’il est homme ; et aussi cette présence perpétuelle de la mort, la sensation de ce voisinage et de cette imminence redoutable, qui est, en effet, dans tout le théâtre tragique de Shakespeare comme une impression physique, comme un froid ; tout cela est très fortement senti par elle, et c’est comme avec terreur qu’elle salue en quelques pages très fortes le roi des épouvantements. […] L’impression générale qu’on a en la quittant ne prend point, en notre esprit, la forme et le dessin d’un système. […] Je m’étonne et je regrette qu’il n’ait pas, avant l’impression, complété et avivé le portrait, qui eût fait avec Ellénore un piquant et sans doute un très savant contraste. […] Cette impression dure assez longtemps, et, du reste, il en faut garder. […] Et, cependant, de cette première impression, s’il faut retenir quelque chose, il ne faut pas tout garder.
De même que, dans un portrait, la nature de l’artiste se combine avec celle du modèle, de sorte qu’on y trouve à la fois quelque chose de l’un et de l’autre, et que, plus est vigoureux le génie ou le tempérament du peintre, plus intense est cette combinaison, cette complexité, ce mariage des deux natures, cette harmonie, — exemple, le Portrait de Charles Ier , par Van Dyck, — de même chaque génération survenante, involontairement et sans le savoir, mêle ses propres impressions aux œuvres de génie des siècles passés, soit en littérature, soit en peinture, soit en musique, et cela donne lieu à des effets nouveaux, que n’ont pas prévus les auteurs eux-mêmes. Vous entendez ce que je dis, pour l’avoir souvent éprouvé : l’écrivain, le peintre, le musicien, — celui que vous voudrez, — a mis dans une œuvre son esprit, son cœur, sa nature, son tempérament ; le public ensuite, et chaque nouveau public, de génération en génération, en présence de cette œuvre dont il reçoit l’effet, y mêle ses propres impressions, d’où se produit un effet en retour, qui jaillit de sa nature à lui. […] Vous verrez un de ces jours, son Cid assez mal-mené parles Sentiments de l’Académie ; l’impression en est déjà bien avancée ; et, si vous venez à Paris dans un mois, je vous l’enverrai. » Je laisse de côté les pièces ou pamphlets qui n’ont de remarquable que la grossièreté : car la bataille fut enragée ; mais je dois parler de la plus piquante de toutes les dissertations auxquelles le Cid donna naissance. […] Le public aussi conservait encore les impressions de la politique italienne et des mystères de la diplomatie espagnole, comme de quelque science occulte.
Il est enfin le seul lien entre les personnages épisodiques qui passent devant nos yeux ; et l’intérêt, la réalité sensible de ce merveilleux voyage à travers l’éternité, ce sont les impressions du voyageur qui le raconte. […] De la méditation des pensées d’autrui, de l’impression reçue, de ce que j’appellerai la consolation passive, qui vient à nous du dehors, par la voix de nos amis, de nos proches dans la vie spirituelle ; de ce premier degré d’acceptation philosophique de la douleur, où s’arrêtent la plupart des hommes, les plus doués s’élèvent encore à une région supérieure. […] Plus tard, les songes de l’adolescent se peuplaient de fantômes italiens ; plus tard encore, chez l’homme fait, chez l’artiste, la persuasion que son idéal poétique était en Italie ne fut que le développement des premières impressions et des premiers enseignements de la maison paternelle.
Sa mère lui avait raconté de certaines scènes boulonnaises, qui laissent toujours plus d’impression dans les souvenirs provinciaux qu’à Paris.
Pour nous, que ces invraisemblances choquent peu, et qui aimons de la Princesse de Clèves jusqu’à sa couleur un peu passée, ce qui nous charme encore, c’est la modération des peintures qui touchent si à point, c’est cette manière partout si discrète et qui donne à rêver : quelques saules le long d’un ruisseau quand l’amant s’y promène ; pour toute description de la beauté de l’amante, ses cheveux confusément rattachés ; plus loin, des yeux UN PEU grossis par des larmes, et pour dernier trait, cette vie qui fut assez courte, impression finale elle même ménagée.
Mais le type original se manifeste par des rapports fixes, par des retours subits, par mille traits incontestables, et l’idée de la feuille, dégagée de toutes les impressions sensibles, épurée, portée par l’abstraction énergique bien loin au-dessus de l’expérience vulgaire, n’est plus que l’idée presque géométrique d’un cycle d’éléments végétaux qui, à travers toutes les formes et tous les emplois imaginables, gardent leur ordre primordial. — Pareillement, chez les animaux, à travers toutes les diversités de structure et d’office, on trouve dans toute la classe des mammifères un même plan de squelette, dans toute la classe des crustacés, comme dans toute celle des insectes, un même plan des segments, de la bouche et des membres ; et ce plan est si tenace que, chez plusieurs espèces, on voit subsister ou apparaître, pour témoigner de sa présence, des dispositions ou des pièces inutiles ; une suture, une dentition, un ongle, un bourrelet osseux, des organes passagers ou rudimentaires le rendent visible en présentant son mémorial transitoire ou son reliquat survivant.
Jamais je n’oublierai l’impression qu’il faisait sur ses neveux et sur moi quand, dans l’ombre du crépuscule, après des journées d’été passées dans le silence de son cabinet de travail, il se promenait, entouré de ses charmantes filles, sous les platanes de la vallée de Servolex, qui l’avaient vu petit enfant et qui le revoyaient grand vieillard, revenu du Caucase aux Alpes pour se reposer et mourir.
Le Génie du Christianisme, dit-il, comme toutes les œuvres remarquables, fort loué, fort attaqué, produisait une impression profonde parce qu’il exprimait un sentiment vrai et très général alors dans la société française : c’était ce regret singulier, indéfinissable, de ce qui n’est plus, de ce qu’on a dédaigné ou détruit quand on l’avait, de ce qu’on désire avec tristesse quand on l’a perdu.
XXI Tout, dans cette solitude, était occasion de vers : un arbre qui s’écroulait à côté de lui sous un coup de vent et qui menaçait sa tête, un loup qui lui apparaissait au carrefour d’un bois, une fontaine qui lui versait la fraîcheur dans son cristal, le sommeil à l’ombre dans son murmure ; il jetait son impression fugitive dans le moule gracieux et poli de la strophe, et il n’y pensait plus ; ce n’est qu’après sa mort qu’on retrouva et qu’on recueillit le plus grand nombre de ses petites pièces.
XIX « Véritablement, dit-il en commençant le récit, ce spectacle fit sur moi une impression extraordinaire ; je n’éprouvai pas la compassion qu’il était naturel d’éprouver à la mort d’un ami.
Naïve et vraie, elle se laissait aller à sa nature angélique sans se défier ni de ses impressions ni de ses sentiments.
Un observateur clairvoyant l’eût prédit dès cette époque ; et je suis persuadé que ces premières impressions ont ébauché ma carrière et préparé mes travaux.
Toute conversation vaine, où l’on n’a d’autre objet que de plaire en parlant et de laisser à l’interlocuteur quelque impression de son mérite, est exclue de cette comédie.
Il faut donc lui attribuer une certaine spontanéité propre en vertu de laquelle il combine les impressions de nature hétérogène9 qui lui viennent de ces deux milieux, les coordonne, les unifie et les systématise.
Ils apprennent à parler au peuple avec les orateurs antiques, et Camille Desmoulins, sortant du collège, laisse voir l’impression qu’ils ont faite sur son âme ardente : J’entends plaider encor dans le barreau d’Athènes : Aujourd’hui, c’est Eschine et demain Démosthènes ; Combien de fois avec Plancius et Milon, Les yeux mouillés de pleurs, j’embrassai Cicéron159 !
Ce n’est plus là ni l’éloquence sacrée, ni l’éloquence parlementaire, c’est l’éloquence héroïque, l’éloquence d’action qui présente sa poitrine nue à ses auditeurs et qui offre son sang en gage de ses discours ; Le livre qui, par l’ingénieux procédé de l’écriture ou de l’impression, reproduit, pour tous et pour tous les temps, la pensée conçue et exprimée par un seul, et qui communique, sans autre intermédiaire qu’une feuille de papier, l’idée, le raisonnement, la passion, l’image, l’harmonie même empreinte sur la page ; Enfin le théâtre, scène artificielle sur laquelle le poète fait monter, aux yeux du peuple, ses personnages, pour les faire agir et parler dans des actions historiques ou imaginaires, imitation des actions tragiques ou comiques de la vie des hommes.
Il est presque impossible de faire concevoir cette composition et tout aussi malaisé d’en transmettre l’impression. à gauche, c’est une voûte éclairée dans sa partie supérieure par une lumière qui vient d’arcades soutenues sur des colonnes et chapiteaux corinthiens.
M. de Margency ne m’a écrit ni fait écrire ; je n’ai de ses nouvelles ni directement ni indirectement ; et quoique nos anciennes liaisons m’aient laissé de l’attachement pour lui, je n’ai eu nul égard à son intérêt dans ce que je viens de vous dire : mais moi, que vous laissâtes lire dans votre cœur, et qui en vis si bien la tendresse et l’honnêteté, moi, qui quelquefois vis couler vos larmes, je n’ai point oublié l’impression qu’elles m’ont faite, et je ne suis pas sans crainte sur celle qu’elles ont pu vous laisser.
De telles objections, qui nous avertissent nous-mêmes de ne nous avancer en tout ceci qu’avec prudence, me feraient encore plus d’impression, je l’avoue, s’il ne me semblait qu’elles supposent entre d’aussi estimables hommes d’étude plus de dissidences qu’il n’en subsistera après éclaircissement, et je ne doute pas que les esprits sévères auxquels elles s’adressent ne soient disposés à tenir compte de tout ce qu’il y aura de fondé dans une opinion qui se fait plus contraire qu’elle ne peut l’être : car enfin on ne dit pas, d’un côté, qu’il n’y a, du xie au xiii e siècle, qu’une seule langue française uniforme, de même que, de l’autre côté, on ne peut pas vouloir dire qu’il y a autant de langues françaises différentes qu’il y a de manuscrits ou de clochers.
Voici comment il la décrit lui-même dans une de ses lettres, ainsi que la vie ascétique dans laquelle il s’était recueilli pour prier, chanter, rêver et aimer encore : « Quand on trouve un antre creusé par la nature dans les flancs d’un rocher, dit Sénèque, l’âme est saisie d’un sentiment religieux, sans doute parce qu’on y sent l’impression directe de l’Ouvrier divin ; les sources des grands fleuves inspirent la vénération, l’apparition subite d’un fleuve mérite des autels ; j’en veux ériger un, ajoute-t-il, aussitôt que mes ressources pécuniaires me le permettront ; je l’élèverai dans mon petit jardin qui est sous les roches et au-dessus des eaux ; mais c’est à la Vierge, mère du Dieu qui a détruit tous les autres dieux, que je le dévouerai. » « Ici, dit-il après dix ans de séjour dans cet ermitage, ici je fais la guerre à mes sens et je les traite en ennemis : mes yeux, qui m’ont entraîné dans toutes sortes de précipices, ne voient maintenant que le ciel, l’eau, le rocher.
L’impression générale qu’on reçoit de ce portrait est celle de la vénération volontaire pour cette bonté belle et pour cette jeunesse mûre et pourtant éternellement jeune.
Il aurait fallu un autre cœur que le mien pour refuser une si agréable hospitalité, à une époque de première jeunesse et de première impression où l’on croit aimer tout ce qu’on admire.
Ses traits étaient sévères, nobles, purs, élégants, éclairés par l’intelligence intérieure qui les avait, pour ainsi dire, façonnés à son image ; le front, élevé, et poli comme une table de marbre destinée à recevoir et à effacer les mille impressions qui le traversaient ; le nez, aquilin, très resserré entre les yeux ; le regard, à la fois recueilli en lui-même, ferme et assuré sans provocation quand il s’ouvrait et se répandait sur la foule ; la bouche, fine, bien fendue des lèvres, sonore, passant aisément de la mélancolie des grandes préoccupations à la grâce détendue du sourire ; les joues, creuses, pâles, amaigries par les contentions de l’étude et par les fatigues de la tribune aux harangues.
Je suis le dernier qui lui serrai la main ; il me l’a laissée toute chaude encore de sa suprême et convulsive empreinte, et il a emporté toute chaude aussi dans le ciel l’impression de la mienne.
L’événement n’est rien : l’impression est tout.
Erckmann et Chatrian sont très-jeunes), c’est que ces jeunes gens, dis-je, aient pu avoir, à distance, une connaissance si vraie, si précise et si complète, et pour ainsi dire l’impression photographiée et toute vivante d’un souvenir personnel de ces événements.
Voilà, non plus un poëte, bel esprit, nourri des livres à la mode, mais un enfant du peuple, né poète, qui lit dans son cœur, et qui tire ses images des fortes impressions qu’il reçoit de son temps ; voilà un amant qui ne poursuit pas des maîtresses imaginaires, qui n’a rien à démêler avec Dangier et Faux-Semblant et qui sait faire ses affaires sans le secours de Bel-Accueil.
George Sand, à Genève, entendant Liszt jouer un rondo intitulé le Contrebandier, tâche de rendre les impressions qu’elle a éprouvées et compose un conte lyrico-fantastique qui porte le même titre126.
Le spectacle de cette lutte d’une minorité contre l’ignorance et la méchanceté presque générales m’inspira quelques impressions que je suis heureux de pouvoir dire en toute franchise.
Phémé exprimait mieux encore : le pressentiment soudain, l’impression unanime et irrésistible qui s’empare, au même instant, d’une armée ou d’une multitude ; l’élan qui emporte et le cri qui part sans mot d’ordre ; l’idée qui jaillit, rapide comme la lumière, de milliers d’âmes qui n’en font plus qu’une ; l’acte de foi qui éblouit les esprits d’une foule, comme un éclair d’évidence.
Telle est, du moins, l’impression qu’on tire de son livre Les Force, tumultueuses (1902), que je ne crains pas de déclarer, sinon le meilleurs du moins le plus significatif de tous ceux qu’il a donnés. » (John.
Le roi encensé, il allonge son coup de pied à « cette révolution, qui se plongeait dans tous les crimes et rampait sous tous les maîtres », il insulte Buonaparte, se pâme à la lecture de la proclamation à l’armée du Comte d’Artois, lieutenant-général du royaume, envoyé à Lyon pour arrêter la marche de Napoléon, et il la commente ainsi : « Plus le langage était noble et délicat, moins il était propre à faire impression sur des esprits qui ne semblaient accessibles, qu’à celui de la séduction.
Le tableau est étroit, la peinture est sobre de couleurs ; l’impression est éternelle !
Il faut donc que je me reporte à ce temps-là pour vous dater mes impressions de voyage, mon cher Monsieur, et pour vous parler de n’importe quoi, comme je vous l’ai promis. […] Dumas publiât, à propos de cette longue excursion, quelques nouvelles impressions de voyage, mais rien ne transpire de ses projets.
Je suis encore là, avec les sensations organiques qui m’arrivent de la périphérie et de l’intérieur de mon corps, avec les souvenirs que me laissent mes perceptions passées, avec l’impression même, bien positive et bien pleine, du vide que je viens de faire autour de moi. […] Si l’humidité est capable de venir s’enregistrer automatiquement, il en est de même, dira-t-on, de la non-humidité, car le sec peut, aussi bien que l’humide, donner des impressions à la sensibilité qui les transmettra comme des représentations plus ou moins distinctes à l’intelligence.
Et les portraits me donnaient une impression de vérité originale. « Tour à tour rêveurs mélancoliques et passionnés fougueux », ces gens-là agissaient en grands enfants généreux ; leurs gestes, nécessaires et inattendus, exprimaient, en brusques éclats, des sentiments de toujours. […] Et il y a des maximes que je signale au brave idiot qui découpe pour le supplément du Journal des Pensées et Impressions. […] Chaque objet était revêtu de riches couleurs et de formes enivrantes ; tout avait des mouvements plus suaves, des ondulations plus voluptueuses. » Et elle célèbre la nature « embellie, animée par un jeune cœur avide qui recevait de toutes les impressions un ébranlement profond de sensibilité ».
Nous l’écouterions sans doute ; mais passivement, en témoin indifférent, en nation neutre, sans cette application soutenue, un peu anxieuse, que l’on apporte à une chose sur laquelle on veut avoir une opinion très personnelle, à une chose que, en trois heures, et pendant qu’elle se déroule, on veut comprendre un peu en son fond, de manière à en saisir le fort et le faible, à une chose en un mot, non seulement dont on veut recevoir l’impression, mais encore qu’on veut analyser. […] Nous sommes des critiques, c’est-à-dire des hommes qui reçoivent une impression, qui l’analysent et qui l’expriment. […] Quelque imperméable que je croie être et que l’on croie que je suis aux influences du public ambiant, je me rappelle très bien que j’étais un peu devenu peuple par communication et infiltration inévitable, et que j’en arrivai peu à peu à cette impression : « Elle est admirable cette pièce ; mais admirable et intéressante sont deux choses extrêmement différentes ; et pour ce qui est de l’intérêt dramatique, ils ont raison, ce n’est pas une pièce intéressante. » M. […] Jules Lemaître vient de publier un volume intitulé Théories et impressions. […] Je chercherais en vain à vous donner une idée des impressions profondes que M. de Voltaire grava dans mon âme par le ton sublime, imposant et passionné avec lequel il peignit les différentes nuances du rôle de Gengis-Khan.
Fata canit, foliisque notas et nomina mandat ; ………… Illa manent immota locis………… Virgil., Æn., lib. iii. Théâtre-Français Racine Andromaque I 10 messidor an 10 (29 juin 1802) Racine a des pièces plus parfaites qu’Andromaque, aucune où il y ait plus d’élan et de verve ; partout on reconnaît le jet d’un talent jeune et vigoureux : tout est en mouvement ; tout est en feu ; les intérêts se croisent, les passions se heurtent : deux amants furieux qui poursuivent des ingrates ; deux princesses désespérées, l’une de ce qu’on l’aime, l’autre de ce qu’on ne l’aime pas ; une mère tremblante pour les jours de son fils ; une veuve prête à s’immoler aux cendres d’un époux ; l’héroïsme de la tendresse maternelle, le sublime de la foi conjugale, parmi les fureurs et les vengeances, au milieu des crimes de l’amour. Où sont ces sophistes qui disaient que Racine n’était pas théâtral ?
Tous les faits sont si petits que le récit m’en sera ennuyeux à moi-même et l’impression est quelquefois si forte que je ne saurais la rendre : elle est trop confuse aussi pour la bien rendre.
. — On ne peut faire cent pas dans la ville sans y rencontrer un accessoire du palais : hôtel de l’état-major des gardes du corps, hôtel de l’état-major des chevau-légers, hôtel immense des gardes du corps, hôtel des gendarmes de la garde, hôtels du grand-louvetier, du grand-fauconnier, du grand-veneur, du grand-maître, du commandant du canal, du contrôleur général, du surintendant des bâtiments, hôtel de la chancellerie, bâtiments de la fauconnerie et du vol de cabinet, bâtiments du vautrait, grand chenil, chenil-dauphin, chenil dit des chiens verts, hôtel des voitures de la cour, magasin des bâtiments et menus-plaisirs, ateliers et magasins pour les menus-plaisirs, grande écurie, petite écurie, autres écuries dans la rue de Limoges, dans la rue Royale et dans l’avenue de Saint-Cloud, potager du roi comprenant vingt-neuf jardins et quatre terrasses, grand-commun habité par deux mille personnes, maisons et hôtels dits des Louis où le roi assigne des logements à temps ou à vie : avec des mots sur du papier, on ne rend point l’impression physique de l’énormité physique. — Aujourd’hui, de cet ancien Versailles mutilé et approprié à d’autres usages, il ne reste plus que des morceaux ; allez le voir pourtant.
Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.
Il faut avoir plus de courage, et dire que c’est mon corps que tu enterres ; et enterre-le comme il te plaira, et de la manière qui te paraîtra la plus conforme aux lois7. » Sous l’impression d’exemples si frappants, devant de si vives leçons, dont la vérité d’ailleurs pouvait être à tout instant contrôlée par l’observation même des faits, on comprend sans peine que la distinction de l’âme et du corps dut apparaître à Platon comme une sorte d’axiome incontestable.
Chateaubriand, Hugo et autres, lui faisaient peu d’impression ; toujours Mérimée, toujours Béranger.
S’il était vrai qu’à n’importe quelle époque, sous l’impression d’expériences désagréables, je me fusse laissé entraîner à insulter la nation française, j’en subirais les conséquences sans m’en préoccuper davantage, n’ayant pas l’intention d’entreprendre quoi que ce soit en France.